Aïlin était devant son assiette, à la table des Serdaigles. C'était l'heure du diner, et un tas de plats apparaissaient sous le nez du troisième année. Le bruit des couverts couvrit un moment celui des bavardages, mais Aïlin, lui, n'avait pas suivit ses congénères dans leur geste. Il n'avait pas faim, et même la vue des plats bien chauds au contraire de ce qu'il avait pensé ne lui avait pas ouvert l'appétit.
Une Serdaigle le questionna sur son manque d'enthousiasme, et là aussi Aïlin se rendit compte que son état morose s'emplifiait alors qu'elle lui parlait. Passablement agacé, le Serdaigle quitta la table en s'excusant et s'éclipsa de la grande salle sur un pas pressé.

Lorsqu'il fut assez loin des bruits du repas, le jeune homme alla s'accouder contre un mur afin de respirer quelques instants. Habituellement, Aïlin était toujours avenant et savait toujours se forcer à le paraître, lorsque quelque chose n'allait pas. Cependant ce soir ça n'était pas le cas. Que lui arrivait-il donc, à être de si piètre humeur ?
Bien sûr, avec son frère qui le suivait presque à la trace la vie n'était toujours pas facile à Poudlard. Pourtant, il était tout de même parvenu à s'entretenir avec sa soeur il y avait peu de temps, cela aurait du alléger le poid qu'il portait. Vraiment, il ne savait pas ce qui n'allait pas.
Le jeune Bower passa sa main sur son visage et souffla. Il fallait qu'il réfléchisse à un moyen de se détendre, de passer sa mauvaise humeur... Et qu'est-ce qui détendait plus qu'un bon bain chaud, loin du bruit, loin des cris, dans le calme le plus parfait ?
C'est après cette réflexion qu'Aïlin s'était décidé à se rendre dans la salle de bain. A cette heure, il n'y aurait personne et il aurait tout le temps de se retrouver face à lui-même afin de réfléchir. Cela, c'était ce qu'il croyait.

Comme il s'y attendait, aucun bruit et aucune affaire ne traînait dans la salle de bain, lorsqu'il y entra. Le jeune homme se décida alors à s'approcher de la baignoire immense, puis jeta un coup d'oeil à la sirène. Elle dormait paisiblement et ses longs cheveux s'ondulaient au rythme de sa poitrine qui se soulevait et s'abaissait. Au moins, il n'aurait pas à subir ses papotages...
Sans un regard à la glace, le jeune homme retira sa robe de sorcier, puis son uniforme, avant de s'accroupir au bord de la baignoire.
Il passa sa main dans l'eau. Elle était chaude et fumait légèrement et lorsqu'il retira sa main, un peu de mousse s'était accrochée à sa paume. Aïlin en fut surprit, habituellement à cette heure, la baignoire était totalement vide et l'eau n'était plus aussi chaude. Peut-être quelqu'un était-il passé juste avant lui ?
Peu disposé à y réfléchir, il ne s'attarda pas sur cette idée, et laissa son corps svelte se glisser dans l'eau. La chaleur le picota un peu, mais ça n'était en rien désagréable. Un soupir s'en échappa même de ses lèvres, alors qu'il s'avançait vers un endroit plus profond car étant d'assez grande taille, l'eau ne lui parvenait encore qu'au milieu du ventre, à peine.

Le jeune homme entreprit de faire quelques brasses dans l'eau qui le recouvrit vite de mousse. Aïlin ferma les yeux, plongea la tête sous l'eau, puis remonta à la surface en plaquant ses cheveux bruns contre son crâne.
C'est à ce moment qu'il entendit un petit clapotement d'eau, plus loin de lui... Un doute s'empara de son esprit. Et si la personne qui avait remplit la baignoire était encore là ?
Aïlin tourna la tête en direction du bruit, mais ne parvint à voir que les robinets. Peut-être que l'un d'entre eux avaient simplement été mal fermé. Le jeune homme nagea jusqu'au robinet, et tendit la main vers l'un d'eux, mais quelque chose se heurta contre lui.
Totalement surprit, le jeune homme poussa une exclamation en se reculant, alors qu'il voyait émerger de la surface... Un nez !
Ce nez devait sûrement cacher quelque chose sous la mousse, et le jeune homme comprit d'où était venu le bruit, mais bizarrement, il aurait préféré que se soit d'un robinet. Surtout lorsqu'il vit une chevelure flamboyante alors que l'élève se redressait : une fille.
Incroyablement gêné, Aïlin pâlit.
- Dé... Désolé, je croyais qu'il n'y avait personne !

Aïlin venait de s'immiscer dans le bain solitaire d'une fille... Quel bêtat il faisait, il gagnait vraiment à réfléchir !

[Je t'ai fait un tout petit peu agir, mais je suppose que c'est justifié puisqu'Aïlin t'as foncé dedans ^^ J'espère que ça te conviendra !]

*“ A-amazi-ing grace, how sweet the-e sound,
Tha-at saved a-a wretch li-ike me....
I-i once wa-as lost but now a-am found,
Wa-as blind, bu-ut now, I see.

T'wa-as Grace tha-at taught...
my-y heart to-o fear.
A-and Grace, my-y fears relieved.
How precious did tha-at Grace appear...”*

_Plouf!

Clarisse avait la tête renversée en arrière, et seul son nez dépassait de l’eau, comme nous l’avons déjà dit. Les yeux fermés, elle se repassait mentalement un chant qu’elle avait appris lorsqu’elle allait à l’école moldue la plus proche. Ses pensées avaient été interrompues par ce qui semblait être le bruit d’un plongeon. La petite se demanda si quelqu’un avait réellement pénétré dans son bain. Puis, trouvant l’idée grotesque, elle l’oublia rapidement, et reprit ses songes.

*“O Flower of Scotland
When will we see
Your like again,
That fought and died for
Your wee bit Hill and Glen
And stood against him
Proud Edward's Army..”*

* Aïe... mais ça va pas? Vous voulez que je m’étouffe ou quoi ?! *

_ Keuf ! keuf ! keuf !

Une vague d’eau venait d’entrer dans les narines de la rouquine, provoquée par le mouvement d’un corps non identifié, lequel venait de percuter le la frêle élève. La serdaigle commença donc par manquer s’étrangler avec l’eau, qu’elle recracha quelques instants plus tard par la bouche, après s’être redressée. Le temps de reprendre ses esprits, et elle remarqua devant elle la silhouette athlétique d’un jeune homme. QUOI ? D’UN JEUNE HOMME ???? Eh oui, vous avez bien lu, et Clarisse aussi, elle avait bien devant elle un garçon. Sur le coup de la surprise, elle faillit reboire la tasse, et poussa finelement un petit cri aigu. Horriblement gênée, elle sentit le rouge monter le long de ses joues, mais surtout, son coeur s'emballer. Qui était-ce, que voulait-il, et que venait-il faire ici? Pour la dernrière question, la réponse était assez simple: comme elle, il devait avoir eu envie d'un bon bain, et voilà qu'il se retrouvait dans le même que la petite. Visiblement, le nouvel arrivant ne semblait pas plus à son aise, et s’excusa de son intrusion. C'était déjà ça!

La petite rousse ne savait pas quoi dire. Son cerveau se mit en marche à toute allure, cherchant les mots dont elle allait avoir besoin. Elle avait envie de lui crier de s'en aller, et de la laisser tranquille... elle ne le fit pas. Tout bien réfléchis, maintenant qu’il était là, le jeune homme pouvait bien rester. Le bassin était suffisamment grand pour héberger deux élèves, et la mousse qui recouvrait la surface ne lui permettait pas de voir autre chose que la tête orangée de la petite. Et puis… il n’avait pas l’air méchant, bien que plus âgé qu’elle. Elle espéra qu'au moins ça ne soit pa sun pervers. En cas de besoin, elle n’était donc pas vraiment en mesure de négocier. Elle aurait préféré qu’il s’en aille, ou partir elle-même, mais d’une la politesse voulait qu’elle l’invite à rester, et de deux, elle n’osait pas bouger. Toujours aussi gênée, elle lui adressa un timide sourire.

_ Oh, eh bien ce n’est pas grave, tu peux rester…

* Mais ne t’approche pas de moi !!! *

Clis’ reporta son attention sur le garçon, où plutôt sur la tête de ce dernier qui émergeait du bain. Elle avait comme l’impression de déjà l’avoir croisé quelque part, mais sans être capable de se souvenir à quelle occasion. Surement dans un couloir, dans le train, ou encore dans la grande salle, lieux ou l'on voit le plus osuvent d'autres élèves. La poursuiveuse rit intérieurement : ce n’était pas tous les jours que vous vous apercevez qu’un garçon squatte votre bain. Elle reprit son sérieux. Songeant ensuite qu’elle ne connaissait même pas son nom, elle se présenta, espérant qu’il en ferait tout autant.

_ Je m’appelle Clarisse McBrien, en deuxième année à Serdaigle…

Elle baissa les yeux. Elle doutait que le nom de ce jeune homme lui soit d'une grande utilité, mais au moins, ça lançait un début de conversation, et c'était toujours mieux que d'ignorer à qui elle avait affaire. Ne sachant trop quoi ajouter, et se mit à jouer distraitement avec la mousse, du bout de ses petits doigts blancs…

Apparemment aussi paniquée qu'Aïlin, la jeune fille rousse manqua de boire la tasse en poussant un cri, alors que le garçon s'excusait. Alors qu'Aïlin avait viré au blanc neige, la fille elle virait à la couleur tomate, ce qui gêna d'autant plus le garçon.
- Désolé, vraiment... Balbutia-t-il stupidement.
La jeune fille lui laissa finalement l'autorisation de rester, et le garçon hésita. Etre nu dans un bain avec une parfaite inconnue était la dernière chose qu'il aurait pu imaginer. Un garçon encore, mais une fille, c'était tout de même assez gênant pour le jeune Serdaigle ! Il voulut lui demander si elle était certaine qu'il puisse rester, mais le temps qu'il ouvre la bouche pour articuler, l'élève s'était déjà présentée sous le prénom de Clarisse, en deuxième année à Serdaigle. Et en plus, elle était de sa Maison...
- Je... Moi c'est Aïlin Bower, je suis en troisième année, dans, euh... la même Maison que toi.

Timide, Clarisse s'était mise à jouer avec la mousse du bain, et bien qu'Aïlin en tant normal paraissait être une personne sûre d'elle, il devait en réalité lutter pour ne pas adopter la même posture gênée.
- Je ne pensais vraiment pas que... Qu'il y aurait quelqu'un, à cette heure je veux dire, normalement, tout le monde est sensé être attablé...

Bêtat, totalement bêtat, c'est comme ça que se sentait le garçon en ce moment même, alors qu'il se forçait à reprendre contenance. D'un mouvement un peu maladroit, il alla s'adosser contre le rebord de l'immense baignoire et s'y cramponna, avant d'avoir un petit rire.
- Si je te gêne, je peux partir, ça ne me dérange pas, je ne voudrais pas t'imposer ma présence, tu étais la avant moi finalement.
Le ton de sa voix était encore malgré tout désolé, mais il avait enfin cessé de bégayé devant la deuxième sirène de la salle de bain. Il lui adressa un léger sourire, tout en espérant qu'elle ne le prendrait pas pour un pervers qui aurait aimé s'incruster dans le bain d'une demoiselle, mais n'osa pas lui faire part de cette pensée. C'était une bonne manière pour faire croire l'inverse de ce que l'on voulait dire, à son avis !


[Désolé, c'est court, je ferais mieux la prochaine fois é_è]

Lorsque le grand brun se fut présenté, la jeune rousse en face de lui arbora une mine pensive, qui lui donnait l'impression désagréable que sa présentation éveillait des souvenirs en elle. Croisant intérieurement les doigts, il pria pour que la jeune fille n'eut pas dans ses souvenirs, le visage d'Ultan Bower. Il n'avait aucune envie qu'elle ne lui parle de son frère, d'autant plus que, n'étant pas à Serpentard, elle aurait été ennuyée par le Serpent... Mais non, au bout d'un moment, sa petite voix retentit à nouveau, sans aucune trace d'animosité. Imperceptiblement, Aïlin souffla, vaguement soulagé.
- … Bower… Bower…. Tu ne serais pas de la famille de Lynn ?
Un sourire naquit sur les traits du jeune homme, qui se décrispa légèrement à la mention de la fille Bower.
- Oui, c'est ma soeur.

Ainsi, Clarisse connaissait sa soeur. Aïlin se demandait comment celle-ci réagirait si elle apprenait qu'il était en train de prendre un bain avec l'une de ses copines, et cette pensée le gêna quelque peu. Il ajouta qu'il ne s'attendait pas à ce quelqu'un prenne un bain à cette heure, ce qui retira un sourire à la demoiselle.
Elle lui expliqua alors la raison de sa présence, et Aïlin trouva cela tout à fait logique. Bien qu'il supportait habituellement la longueur des repas à Poudlard, il n'avait pas eu le courage, lui non plus, de rester à table alors qu'il n'avait aucun appétit.
- Oui, c'est logique. Moi non plus je n'avais pas envie de parler et je n'avais pas très faim... J'avais besoin de me détendre...
- On a de la chance, la sirène dort. Je ne sais pas pour toi, mais à chaque fois que je viens, si elle est éveillée, elle n’arrête pas de faire des remarques désagréables…
A ces mots, le garçon releva les yeux vers la sirène avec un léger sourire, vaguement amusé.
- Elle doit être jalouse de toi, sûrement. Personellement, je ne saurais te dire ce qu'elle me dit, car depuis qu'elle m'a insulté de maigrichon en première année je n'écoute plus ses babillages !

Aïlin reposa son regard sur Clarisse avec un sourire amusé. Ce qu'il s'était sentit vexé ce jour-là, de se faire insulter par une sirène dans son vitrail qu'il n'avait jusqu'alors jamais remarqué ! Agacé, il lui avait retourné le compliment en marmonnant dans sa barbe, et s'était glissé sous l'eau pour ne plus entendre ses remarques désobligeantes.
Lorsque le silence retomba et qu'Aïlin se rendit compte qu'il continuait la conversation avec détachement, il en fut soudain gêné. Il venait de réalisé que, peut-être, la demoiselle l'avait accepté simplement par politesse et ne lui avait alors adressé la parole qu'histoire de briser la gêne qui s'était installée entre eux. Il lui demanda alors si elle était certaine qu'il pouvait rester, mais celle-ci le rassura sur le fait que le bassin avait une taille largement raisonnable pour accueillir deux élèves.
C'était vrai, et après avoir jeté un coup d'oeil à l'horizon, Aïlin acquiéça.
Quand elle lui demanda si il était gêné, Aïlin reposa son regard sur elle, rougissant.
- Euh... Non bien sûr. Enfin, peut-être un peu tout de même, il faut dire que je ne m'attendais pas à trouver une deuxième sirène dans la salle de bain !
Dit-il en tentant de détendre l'atmosphère - ou de se détendre, plus précisément !
- Heureusement, tu ne m'as pas traité de maigrichon ! Ajouta-t-il après un léger rire. J'aurais été terriblement vexé.

Il fit un sourire à la jeune Serdaigle, et rabattit sur son crâne une mèche de cheveux noirs et humides qui lui glissait sur le visage. Il observa d'un oeil amical Clarisse, en se rendant soudain compte que son visage lui disait à lui aussi quelque chose... Il réfléchit un instant, puis se remémora ses paroles... "Après l'entraînement" lui avait-elle dit, alors qu'elle expliquait la raison de sa présence ici.
- Peut-être que je me trompe, mais tu n'occuperais pas la place de batteuse dans notre équipe de Quidditch ? Maintenant que j'y repense, et si ma mémoire est bonne, je me souviens avoir entendu Lee Jordan prononcer ton nom lors du dernier match, lorsqu'il présentait les poursuiveurs...
Aïlin appréciait le Quidditch, mais pas au point d'en être fan. Comme la plupart des élèves il suivait le tournois de l'école, mais une fois que le match était terminé, il ne se souciait plus de savoir qui avait marqué tel but ou avait attrapé le vif d'or. S'il se souvenait des noms des joueurs, c'était après qu'ils se soient présentés eux-même à lui !

Après que les compliments sous-entendus, bien que dit tout naturellement avaient enflammé les joues de Clarisse, Aïlin laissa le sujet dévier sur le Quidditch.
Là, la jeune fille semblait être dans son élément. Elle parla du fait qu'elle ne pensait pas être acceptée dans l'équipe, mais que sa capitaine devait bien avoir ses raisons, alors qu'Aïlin lui répondait qu'elle se débrouillait bien.
Le rouge lui montait à nouveau aux joues, mais cette fois elle plaisanta et lui fit un petit clin d'oeil charmant. Le jeune Bower eut un petit rire amusé. S'il fallait être rousse pour faire partie de l'équipe de Quidditch, Clarisse avait forcément toutes ses chances, mais bien entendu, c'était surtout pour son talent qu'elle avait été choisie comme poursuiveuse.

Quand elle lui eut demandé s'il aimait voler, Aïlin avait abordé le sujet de sa famille et s'était quelque peu renfermé sur lui même. Il répugnait tellement à parler ne serait-ce que d'un de ses frères... Alors de l'éducation qu'il avait reçut...
Heureusement, Clarisse ne semblait pas s'être rendu compte de l'air fermé qui avait assombrit son visage, et lui répondit tout naturellement, rêveuse.
La mélancolie du jeune homme se dissipa alors qu'il se concentrait sur ce qu'elle disait. Elle semblait passionée, et au fond, Aïlin pouvait bien l'envier. La passion était une chose si fascinante à observer chez les gens ! Mais tellement inconnue de lui.

- Les pieds sur terre…. Ça doit être triste de rester toujours sur terre… je.. je veux dire, je ne pourrais pas. C’est tellement agréable de s’envoler… c’est la liberté…. Tu peux aller ou tu veux…oublier tes petits soucis…
En l'écoutant dire cela, Aïlin ne put s'empêcher de se sentir visé. Il ne savait cependant pas vraiment pourquoi.
Il se mit à réfléchir, et son regard se perdit au loin. Garder les pieds sur terre... Bizarrement, Aïlin ne le prenait pas au sens propre du terme. Il s'était mit à penser à son attitude, à sa façon d'être.
C'était vrai qu'il n'aimait pas vraiment voler, qu'il avait un peu peur de voler... Et dans la vie de tous les jours, il adoptait à peu près le même comportement. Si tous ses gestes n'étaient pas forcément calculés, un bon trois quarts l'étaient. Il n'aimait pas rêver, de l'espoir, il en avait peu... Se morfondait-il dans ses soucis ?
Non, il les supportait car il le méritait, car il avait été lache et que cette lacheté à présent lui retombait sur les épaules. Il se devait de vivre avec, pour se rappeler les erreurs qu'il avait commises.
- La liberté... A dire vrai, rien que cette idée me paraît impossible...
Perdu dans ses pensées, entendre sa propre voix le réveilla, et il reposa les yeux sur Clarisse qui devait sûrement se demander pourquoi il avait marqué un si long silence.
Enfin en réalité, il voulut poser son regard sur elle, mais lorsqu'il voulut le faire, elle avait disparut.

Décontenancé, Aïlin regarda autour de lui sans l'apercevoir nulle part et le doute s'empara de son esprit. Il n'avait tout de même pas rêvé, il parlait bien à une jeune fille nommée Clarisse un instant auparavant ?
Etait-ce une fabulation de son esprit fatigué, ou s'était-elle simplement enfuit devant son silence prolongé ? Aïlin penchait plutôt vers la seconde hypotèse de peur d'avoir à remettre sa santé mentale en question, mais même celle-ci se révèla fausse.

Tout à coup, la jeune fille apparut juste en face de lui, mais il ne put l'apercevoir qu'un bref instant. Splash ! Il se prit une volée d'eau en plein visage et recula sur le coup.
Ca, au moins, on pouvait dire que cela réveillait ! Entendant un rire au loin, Aïlin cacha son sourire derrière sa main alors qu'il s'essuyait le visage.
- Tu devrais essayer le balais pour le plaisir, juste… pour toi… tu verras, au début ça fait un peu peur, mais ensuite, c’est … grisant !
- Oui, peut-être, répondit-il sur un ton tout à fait sérieux.
- Je préfère cependant l'eau au ciel... Au moins si l'on tombe dans l'eau, on se fait moins mal que si l'on tombe du ciel... Continua-t-il, la mine songeuse, en passant une main dans ses cheveux.
- Tu as l'air d'aimer nager, aussi. Et j'espère pour toi que tu es douée, car tu vas payer pour ton affront !

Et sans autre avertissement qu'un éclair dans le regard, Aïlin avait plongé vers Clarisse en frappant si fort l'eau qu'une vague deferla sur la demoiselle.
Lorsque sa tête reparut à la surface de l'eau, il riait à gorge déployée, fier de son coup.
Cela faisait tellement de temps qu'il n'avait pas rit ainsi ! D'ailleurs, avait-il déjà rit de la sorte ? Aïlin l'ignorait, mais celà lui faisait drôlement de bien. C'était défoulant, et tellement soulageant qu'il eut du mal à s'en remettre.
Lorsque son rire finit par s'adoucir, il jeta un regard malicieux à Clarisse avec un sourire qui découvrait ses dents blanches. Par Merlin, ce qu'il se sentait bien !

Le rire du jeune homme s’estompa peu à peu, lorsqu’il entendit parler la petite. Il devait sans doute être un peu dérouté, ce qui se comprenait parfaitement, étant donné que peu de gens osaient se moquer ainsi du très détesté maître des potions. Pour Clarisse, c’était d’ailleurs une première. Jamais elle n’avait même pensé à le faire. Décidément, en cette soirée si étrange, elle allait de surprises en surprises ! Lorsqu’elle eut terminé son petit discours, elle remarqua qu’Aïlin avait baissé les yeux, la mine penaude et la tête à moitié enfoncée dans la mousse du bain. Visiblement, il jouait le jeu. Le garçon s’excusa de son comportement, comme il l’aurait fait devant un professeur, puis, proposa de se faire pardonner. Il expliqua ensuite qu’il aimerait la revoir et qu’il espérait que sa conduite odieuse ne l’en priverait pas. La revoir ? Pourquoi pas en balai, comme suggéré précédemment.

Puis, le jeune aigle lui dit qu’il aurait aimé s’agenouiller devant elle, en signe de pardon, mais qu’il ne le faisait pas, parce que sinon, elle n’entendrait rien de ses paroles, sans compter qu’il risquerait de se noyer. Un fin sourire flottait sur ses lèvres, tandis qu’il achevait ses explications. La petite hésitait sur la conduite à suivre. Reprendre de façon sérieuse, ou tout simplement continuer en imitant Rogue, de sa moins belle voix ? Un rapide coup d’œil au frère de Lynn lui apprit que le garçon avait repris son sérieux et attendait, peut être avec impatience, un signe, une réponse de la rouquine. Cette dernière ne le fit pas attendre plus longtemps. Après un clin d’œil furtif et quasiment pas repérable, elle lui lança un regard dur, consolidant au possible la glace de ses yeux. Son regard devint presque hautain, je dis bien presque parce que quand on n’en a pas l’habitude, c’est plutôt raté. De nouveau, elle parla avec la voix la plus grave qu’il lui était possible de fournir.

_ Je pense, Monsieur Bower, qu’une retenue à vie ferait l’affaire.
Je vois sur votre visage que vous vous faîtes du soucis… mais… ne vous inquiétez pas, il y a toujours du travail. Vous devrez préparer les ingrédients pour vos camarades, récurer les chaudrons du château, sans aide de magie, cela va sans dire !

L’aiglonne eut de nouveau un petit rire. Elle n’avait jamais eut à entendre ce genre de refrain de la bouche de sombre professeur, mais, vous savez, dans les couloirs et surtout à l’heure de midi, dans la grande salle, on entend beaucoup de choses, dont les papotages de certains élèves peu discrets par exemple. Or, Clissy avait entendu à plusieurs reprises des élèves se plaindre du maître des potions, répétant ses paroles blessantes à leurs camarades. Elle n’avait pas fait exprès et ce n’était pas du tout son genre d’écouter les conversations des autres, mais il y a des fois ou l’on est obligé, bien malgré soi, quand nos voisins de derrière hurlent de toutes leurs forces, faisant tout leur possible pour qu’un maximum de personnes bénéficient de leurs commentaires, tout en disant qu’il s’ait là du plus grand secret que le monde ai jamais porté.

La bleue et bronze finit par se dire que ça ne ferait peut être pas rire le jeune homme. Aussi reprit-elle son sérieux. Dommage, rire lui faisait du bien et l’aidait à se détendre. Enfin là, elle était totalement détendue. Cette fois, elle parla de sa petite voix inaudible : Clarisse était redevenue Clarisse et ne jouait plus l’odieux rôle de son professeur de potion.

_ Je préférerais que tu ne te noies pas !

Petit sourire, accompagné d’un clin d’œil.

_ … comme ça, je n’aurais pas à t’emmener à l’infirmerie !

Elle rit. Bon ce n’était pas drôle, mais …enfin si… quand même un petit peu.

_ Plus sérieusement, je pense que ça ira comme ça ! Tu es pardonné !
…
Par contre, pour ce qui concerne le balai, je dois te prévenir que j’attire toutes les catastrophes ! Ce n’est donc pas une très bonne idée de venir avec moi… enfin, si tu tiens à revenir entier…

Clarisse avait préféré le prévenir. Bien évidemment, elle aurait été très déçue si Aïlin, à cette annonce changeait d’avis, parce qu’elle comptait bien le revoir. Mais elle ne pourrait lui en vouloir. Et puis, étant de la même maison, le revoir ne devait pas être si difficile. Enfin à la lui la décision. A lui de voir s’il voulait prendre ou non le risque de finir son escapade en balai à l’infirmerie ou non. Comme vous l’aurez remarqué, l’Ecossaise était de nature pessimiste, toujours à imaginer le pire. L’avantage, c’est qu’elle n’était jamais déçue. Et donc en l’occurrence, le jeune Bower n’allait pas forcément finir en pièces détachées. Elle ferait tout pour l’éviter en tous cas.

La jolie rousse souriait. Légèrement certes, mais elle souriait. Cela rassura quelque peu Aïlin, même si, après un clin d'oeil qu'il crut entrevoir, elle avait reprit un air dur, apparemment très attaché à sa petite comédie. Quand elle lui parla de retenue, Aïlin ne put s'empêcher de rire. Même Rogue n'avait jamais eu l'occasioin de lui en donner une, et voilà que c'était cette jeune fille de deuxième année qui voulait lui faire l'immense honneur d'en subir une !
Au fond, Aïlin en était amusé, même s'il ignorait sur quel pied danser face au petit jeu de Clarisse. Il attendit que son rire retentisse pour lui sourire pleinement pour faire part de son amusement.
Elle finit par lui faire un autre clin d'oeil, qu'il remarqua bel et bien cette fois, après lui avoir répondu de sa voix naturelle cette fois, qu'elle préfèrait qu'il ne se noie pas. C'était rassurant !
Quand elle rajouta qu'ainsi, elle n'aurait pas à avoir à l'amener à l'infirmerie, elle se mit à rire franchement de ses propres paroles. Le sourire d'Aïlin s'agrandit, mais disparut bien vite, derrière une mine faussement boudeuse qui ne lui ressemblait pas du tout. D'ailleurs, son jeu d'acteur était particulièrement médiocre. Ca n'était pas du tout son genre, et jamais il n'avait tenté de bouder, ni même de faire semblant et cela se voyait bien.
- Quoi ? Tu ne voudrais pas me sauver d'une mort certaine ? C'est pas gentil...
Dit-il sur un ton gamin, qui lui non plus ne lui allait pas.
- Tss... De toute façon, je crois que ce serait trop tard pour m'emmener à l'infirmerie...

Reprenant un air naturel, il lui adressa un sourire bientôt suivit d'un petit clin d'oeil, histoire de lui signifier qu'il n'avait rien prit de travers.
Elle finit par lui dire qu'il était pardonné, et le garçon en profita pour s'incliner légèrement (tout de même pas trop de peur de se retrouver la tête dans la mousse) devant tant de bonté. Elle ajouta cependant qu'elle attirait les catastrophes et qu'en lui demandant de l'aider, il risquait de ne pas revenir entier au château.
Aïlin ne put s'empêcher de rire. Il doutait du fait que cette jeune fille puisse lui attirer malheur.
Son rire ne dura qu'un instant avant qu'il ne reprenne un air sérieux. Les yeux dans les yeux, il lui répondit d'une voix calme.
- J'aimerais prendre le risque. Et puis, finalement... Ce n'est pas toi qui me disais que c'était le risque qui était le plus excitant ?

Doucement, un sourire charmeur se dressa au coin de ses lèvres.
Oui, il avait bien envie de prendre des risques, pour une fois, même s'il doutait sérieusement du fait que la jeune rousse lui porte le mauvais oeil. Et même si c'était vrai, la revoir prédominait sur une quelconque peur de se faire blesser.

Alors que le silence était retombé durant quelques secondes, une pensée lui vint...
- Ce n'est personne d'autre que je veux, c'est toi.
...Et elle s'était échappée de ses lèvres sans qu'il n'eut le temps de la formuler avec plus de finesse ! Son regard s'agrandit face au double sens qu'il venait de faire et son coeur s'emballa sans qu'il ne puisse en avoir le contrôle.
- Je veux dire... en tant que professeur de vol.
Ajouta-t-il d'une voix un peu rauque, une expression gênée sur le visage. Quel imbécile, voilà qu'il faisait des sous-entendus sans le vouloir ! Cela ne lui ressemblait vraiment pas, il n'était pas de ces garçons cherchant à charmer les filles. Il était certes très charmant, mais ne l'était que par naturel, rien de plus.
Décidant de se taire plutôt que de s'enfoncer dans sa stupidité, Aïlin passa une main nerveuse dans ses cheveux en détournant le regard. Pourquoi était-il si gêné, tout à coup ? Il réfléchit, repensa à ce qu'il venait de dire et à sa propre réaction, et... ne put s'empêcher d'en rire. D'un rire léger, à la fois nerveux et amusé, un rire qu'il dut contrôler pour le faire cesser, une main devant sa bouche.
- Désolé, finit-il par dire, je ne voudrais pas que tu interprète mal mes paroles, sinon tu vas vouloir me noyer pour de bon cette fois !

Il reposa des yeux brillants sous le coup de son amusement sur la jeune fille, tout en retirant la main de sa bouche pour lui adresser un sourire. Vraiment, il était rare qu'il se sente aussi bien pour se moquer de ses propres réactions ! Cela était totalement nouveau pour lui, et bien qu'un peu déstabilisant, plutôt à son goût.

Aïlin prit une mine boudeuse. Etrange, moins de deux secondes plus tôt, la rouquine aurait parié qu’il souriait de toutes ses dents. Puis, prenant une voix pour le moins bizarre et ne lui allant pas du tout, il s’offusqua de ce que Clarisse venait de dire. Alors comme ça elle ne le sauverai pas d’une morte certaine ? Eh non jeune homme, ce n’était pas gentil. Mais le monde est injuste et c’est comme ça. Le monde ? Oui mais pas Clarisse. Parce que je suis certaine, et là, c’est la fille derrière son clavier qui parle, que cette petite à bon fond, et que sauver un personne qui meurt devant elle serait une évidence. Mais d’un autre côté, Clis’ ne me raconte pas tout, donc, le doute est permis. Bref, revenons à nos élèves. Le jeune homme reprit une mimique faciale plus naturelle. Il avait juste continué la scène, jouant un rôle qui n’était pas le sien, comme l’avait fait précédemment la serdaigle.

Le troisième année la regardait à présent dans les yeux. L’impression que ressentit la petite fut alors des plus désagréables. C’était comme si son camarade de maison allait faire une déclaration fondamentale, comme une réponse impliquant la vie ou la mort de quelqu’un. Cachant habilement son malaise, elle attendit patiemment qu’il prenne la parole. Non parce que là, c’était n’importe quoi. Une question de vie ou de mort ? Non, non, non ! De la simple paranoïa. Et puis tiens, depuis quand Clarisse était parano ? Sans doute depuis un bout de temps, mais c’était seulement là qu’elle s’en rendait réellement compte, pour de vrai. A ce point, ça devenait grave. Finalement, après quelques secondes qui parurent des heures à la petite, le garçon annonça qu’il était prêt à prendre le risque de voler avec elle, même si elle attirait les catastrophes. Bon déjà ça de réglé. La tension de la petite disparut.

Le brun ajouta ensuite d’une façon un peu malicieuse que de toute façon, elle lui avait dit la première que le risque faisait parti du jeu et que c’était justement ça qui était excitant. Elle sourit. Encore un point pour lui. Clarisse avait abandonné le décompte des points, sachant pertinemment qu’elle perdait, et de loin. Alors un point de plus ou de moins, qu’est-ce que ça changeait ? Rien, absolument rien. Elle avoua.

_ Hum … il me semble bien me souvenir de ces paroles…

Elle eut bien envie d’ajouter qu’elle représentait un facteur aggravant, une sorte de troisième cognard si on veut. Elle ne le fit pas. A quoi bon ? Aïlin était prévenu et il avait choisit d’ignorer ça. Et puis, il aurait bien le temps de voir, le moment venu, de quoi il en ressortait. Pour elle, elle ne se faisait pas de soucis, elle arrivait toujours à s’en tirer au dernier moment, quasiment sans bobos. Je dis bien quasiment parce que des fois elle se faisait mal, sans que ça ne soit bien méchant. Par contre, c’était pour les autres que ça devenait dangereux. Bon stop ! Clarisse chassa le balai de ses pensées. Ça suffisait comme ça, inutile de se bourrer le crâne avec des « il risque d’arriver ceci ou cela », ou encore « et si ça se passe comme ça, qu’est-ce que je fais ? ». ça tombait bien, la voix du brun retentit, quoiqu’un peu lointaine.

« - Ce n'est personne d'autre que je veux, c'est toi. » Gné ? Il a dit quoi le monsieur ? La petite eut du mal à comprendre le sens de ses paroles. La phrase en elle même devait avoir un petit problème de construction, mais ça, c’était largement secondaire. Si elle avait tout suivit correctement, l’aigle venait de dire qu’il ne voulait qu’elle. Charmant et très gentil de sa part. Sauf que cela parut totalement impossible à la jeune rousse. Ne vous faîtes pas d’illusions, son esprit n’était pas assez tordu pour avoir imaginé qu’il parlait de sa séance de vol. Simplement, pourquoi « que elle » ? Il devait avoir tout un tas d’amis qui se feraient une joie d’y aller avec lui, ou au moins des gens de son âge, qu’importe leur maison. Oh, et de plus, l’écossaise considérait le sujet comme clos, alors pourquoi y revenir ?

Les yeux de glace de la fillette se posèrent avec stupéfaction sur le frère de Lynn. Apparemment, il avait l’air aussi étonné qu’elle, semblant se demander si les mots qu’il avait entendu avaient effectivement franchis ses propres lèvres. D’une voix rauque, il ajouta rapidement qu’il pensait bien évidemment au balai. Ben oui, à quoi d’autre pourrait-il faire référence, non d’un petit lutin ?! La petite se le demanda. Il rit et s’excusa de sa maladresse, expliquant qu’il avait eut peur qu’elle interprète mal ses propos. Qu’elle interprète mal ses propos ? Elle ne voyait pas comment. Enfin… Clarisse n’était pas certaine de comprendre. La première phrase du jeune homme repassa dans sa tête, jusqu’à ce que… QUOI ? Il avait bien dit « - Ce n'est personne d'autre que je veux, c'est toi. » ? A présent, le double sens était clair. Elle avait mis un peu de temps à comprendre. Bon d’accord, elle avait été carrément lente ! Elle rougit légèrement cette fois.

_ Mais pourquoi mal interpréter tes paroles ?
Mon esprit n’est pas aussi tordu que certains…

Phrase piètre qui aurait mérité un T comme Troll !!!

Elle baissa la tête. Ses cheveux mouillé tombèrent inévitablement devant se yeux, l’arrosant au passage son joli minois. Ça faisait déjà un bon moment qu’elle était dans son bain, pour preuve, la peau de ses doigts était toute fripée, comme si elle avait appartenue à une petite vieille. La bleue n’avait pas vu le temps passer. C’était agréable. Un petit sourire apparut au coin de ses lèvres. Seulement il n’eut pas le temps de s’épanouir pleinement et fut arrêté en plein milieu de sa fabuleuse action par une petite crampe d’estomac. L’aiglonne fit une petite grimace. Ça n’était pas agréable par contre.

_ Je crois que je ne vais pas tarder à y aller…