**Vingt-trois ! **

Miracle. Fini. Amen !

Un craquement sonore retentit derrière elle, et la jeune fille qui était persuadée d’être seule un instant plus tôt, sursauta violement, renversant ainsi une goutte de plus dans sa potion. Cybèle, bien plus préoccupée par le sort de son chaudron que par le craquement de derrière, regarda le liquide qui bouillonnait tranquillement. Ouf ! Soit elle s’était trompée dans ses calculs, soit ca ne changeait rien. Tout allait bien. Quelle idiote tout de même de sursauter pour un rien. Elle le savait bien pourtant que dans cette pièce, les lattes de bois grinçaient pour rien. La jeune fille, qui ne s’était donc toujours pas retournée poussa un soupir de soulagement, la fiole pleine de sang toujours au dessus de son chaudron.

Citation :

« On ne bouge plus Miss! »

Cybèle se retourna vivement pour voir qui était là, oubliant par la même occasion la fiole suspendue au dessus de sa précieuse potion qui n’attendait que ce moment pour tomber dedans. Plouf ! Quoi plouf ?! Cybèle refit face à son chaudron lentement, alors que son cerveau refusait de comprendre ce qui avait bien pu se passer. Un coup d’œil vers le liquide qui avait pris une étrange teinte verdâtre lui fit comprendre l’étendue des dégâts. Elle était foutue. La jeune étudiante allait hurler contre l’hurluberlu qui avait osé lui faire ça quand la potion, comme si était soudain animée d’une identité entière, explosa à l’intérieur de son chaudron et se projeta sur les deux jeunes gens.

En un instant, ils furent immergés par une substance gluante et collante qui, Merlin merci, ne sentait rien. La jeune fille hésita un instant entre le rire et les larmes, puis opta pour une toute autre solution. Elle se tourna vers le jeune homme, tout aussi aspergé de cette potion ratée, et, les mains sur les hanches, s’apprêtait à lui faire comprendre gentiment sa frustration.

« Espèce d’imbécile ! Veracrasse ! Bouse de dragon ! Foie de Morue ! Vous êtes complètement atrophié du bulbe ou quoi ? A cause de vous ma potion est fichue, perdue, ratée… Bouse ! Mufle ! Cancre ! »

Cybèle s’arrêtât soudain dans son flot d’injures, se rendant compte du comique situation. Le jeune homme qui lui faisait fac était aussi taché qu’elle, et ses cheveux qui avaient dû être blond si on croyait les quelques mèches qui restaient indemne, avait pris la belle couleur kaki. Un fou rire nerveux s’empara de la jeune étudiante, qui se laissa tomber sur le sol, incapable de se calmer. Il lui fallut bien quelques minutes pour réussir à prendre son souffle, essuyer les larmes de rire qui perlaient de ses yeux. Enfin, elle se releva, tout à fait maitresse d’elle-même, et sortit sa baguette.

« En garde, bouse d’idiot ! »Lança-t-elle placidement.

Cet affront, cette tentative de meurtre ne pouvait être laissée ainsi. Il devait payer ! Pour sa potion, son après-midi et ses vêtements. Et puis pour soulager un peu ses nerfs aussi…

La jeune étudiante avait pointé sur le garçon sa baguette, une expression menaçante sur le visage qui était néanmoins gâché par la potion verdâtre qui maculait sa peau. Non mais pouvait bien être cet imbécile ? La jeune femme y réfléchissait alors que l’homme qui lui faisait face lança un sortilège de désarmement. Cybèle s’attendait à voir sa baguette lui glisser des mains, mais ce fut un jet d’eau qui sortit du bout de bois de son adversaire, l’aspergeant au passage.

La jeune femme lui lança un regard méprisant et étonné. Comment ?! Il ne savait même pas lancer un sortilège aussi simple ? Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres, alors qu’elle hésitait à lui faire subir le même sort, en réussit cette fois. Mais comme il ne semblait vraiment pas dangereux – Non, mais vous vous rendez compte, ne pas savoir lancer « Expelliamus » … !- elle s’abstint. Le jeune homme prit à nouveau la parole, s’attardant sur le langage qu’elle avait utilisé et insistant sur le fait que ce gâchis n’était que de sa faute.
La jeune femme hésita à se mettre une fois de plus en colère, mais, imaginant que cela lui ferait trop plaisir, elle s’appliqua à prendre un ton froid et cinglant pour lui répondre, un air ennuyé sur le visage.

« Ecoutez mon pauvre garçon, si mon langage vous choque, sachez que je m’en tamponne le coquillage avec le pinceau de l’indifférence, et que je ne l’aurais très certainement pas employé si vous aviez eu l’amabilité de toquer à la porte avant d’entrez ou de faire une entrée plus correcte. Ce gâchis résulte de votre manque de savoir vivre, je refuse donc d’en prendre la responsabilité ! Essayer d’assumer vos actes, au nom de Merlin ! »

Le jeune homme essaya à nouveau quelque chose avec son bout de bois, et cette fois-ci encore, ce fut de l’eau qui en sortit. Le sourire moqueur réapparut sur les lèvres de la jeune étudiante.

« Et quand on ne sait pas manipuler une baguette, on s’abstint, jeune homme. »

Cybèle avait reprit l’expression du garçon avec amusement, pour se moquer de lui et ses jets d’eau. La jeune femme regarda ensuite l’état de ses vêtements, et se demanda si un simple sort pourrait les rendre à nouveau mettable. D’un geste souple de la main que procurait l’habitude, la jeune étudiante lança un « récurvite ! » qui rendit à son visage, sa peau et ses vêtements un effet bien plus présentable. S’il restait quelques taches qui avaient pris une étrange couleur noire sur ses vêtements, et Cybèle craignait qu’elles ne partent jamais, ses cheveux et le reste de son corps étaient impeccables. Un sourire satisfait éclaira son visage, alors que son interlocuteur était toujours taché. Elle se sentirait presque supérieur à cet imbécile…

« Bien, puisque vous semblez désirer vous faire pardonner, j’aimerais beaucoup que vous recommenciez ma potion, sans vous tromper bien entendu… »Lança-t-elle, d’un ton plus amusé que moqueur.

Le garçon qui lui faisait face sembla s’indigner qu’elle ose l’appeler jeune homme, et il le lui dit avec ferveur. Son indignation la fit sourire, se souciant peu de ce que pensait le « jeune homme ». Il la questionna ensuite son âge, âge qu’il semblait avoir oublié… La jeune femme, stupéfaite, lui lança un regard étonné, faisant disparaitre son sourire amusé. Comment pouvait-on ignorer son âge ? Avait-elle affaire à un fou ? Sans doute. Ou alors à un débile mental profond… L’un ou l’autre, au choix, et Cybèle penchait plutôt pour la deuxième solution.

« En effet, faut-il être très très vieux pour avoir oublié son âge… »Se moqua-t-elle, sans plus de respect.

L’homme lui fit ensuite part de ses projets, comme quoi il était là sans aucune autorisation et dans un but secret. Et qu’il comptait faire d’elle une prisonnière qui oublierait bientôt tout de cette étrange rencontre. La jeune fille ne put s’empêcher d’hausser un sourcil, de façon presque comique, alors qu’un sourire incrédule passa furtivement sur ses lèvres. Tout cela confirmait bien son hypothèse, il avait certainement des capacités mentales fortement atrophiée.

« Etre en infraction ne vous empêche pas forcément d’être poli… Etre un imbécile non plus d’ailleurs. »Répondit-elle, dans la ferme intention de ne pas lui laisser le dernier mot.

Ce n’était peut-être pas prudent, on ne peut jamais prévoir les réactions d’un idiot profond, mais Cybèle était butée et suffisamment en colère pour répondre avec cette insolence qui lui était propre. Griffondor dans l’âme, elle appliquait avec ferveur, et sans s’en rendre compte, l’adage « Agir pour mieux réfléchir après ».

Cependant, s’il avait essayé d’être menaçant quelques instants plus tôt, son interlocuteur se força à être rassurant, prétextant que le sort de l’oubli ne pouvait lui faire du mal. Lunatique ce type, typique des fous… Il lui dit ensuite que de nombreuses femmes désiraient avoir une relation avec un oubliator et ne plus s’en souvenir après. Il était donc oubliator. Il travaillait donc au ministère. Etait-ce pour le ministère qu’il été ici ? Il s’excusa ensuite de ne pas avoir le temps de la séduire, mais qu’il était pressé dans ses projets.

« Je vous en prie, je crois que je m’en remettrais. De toute façon, l’Homme de Boue n’a jamais vraiment été mon genre… »Dit-elle, alors qu’elle le dévisagea des pieds à la tête, toujours couverts de cette potion visqueuse. « Donc vous travaillez au ministère… »

La jeune femme, curieuse, aurait certainement aimé en savoir plus, bien qu’elle fut consciente que l’homme ne lui dévoilerait pas ses projets, ou du moins dans les détails puisqu’elle en savait le plus gros. Il essaya ensuite le sort de nettoyage qui s’avéra être un réel désastre. Un jet d’eau se projeta sur lui, l’inondant de la tête aux pieds. La suite se passa sous le regard stupéfait de Cybèle. Ouvrant la bouche pour lancer un sort ou râler, l’eau entra dedans pour ressortir par ses oreilles. Ainsi, deux fontaines lui sortaient des deux cotés de la tête, lui donnant un air comique. La jeune fille ne put s’empêcher d’éclater de rire, sans chercher à se retenir. L’inconnu lui lança un regard mauvais, comme si tout était de sa faite, et elle s’apprêtait à protester quand il se boucha énergiquement les oreilles.

Le résultat fut surprenant. Un grand jet d’eau atteignit Cybèle de plein fouet qui fut projetée à un mètre, dégoulinante d’eau. Ce n’était sans doute pas voulu car l’homme devint rouge de confusion, mais la Cybèle était trop en colère pour ne pas se permettre de commentaires. Elle se releva, trempée et le regard mauvais.

« Non, mais vous êtes un pur imbécile ! Quand on ne sait pas se servir d’une baguette…. »

La jeune femme s’arrêta en pleine phrase, trop furieuse pour continuer, et arracha à son interlocuteur ce qui lui servait de baguette.

« Confisquée ! » Lui lança-telle avec condescendance, comme si elle parlait à un gamin, avant de repointer sa baguette vers l'inconnu.

Le jeune homme s’approcha d’elle, lui demanda ses gout sur les fleurs, question à laquelle Cy’ ne pris pas le temps de répondre, et dans un tour de magie, en frôlant sa baguette, l’homme la transforma en une magnifique rose rouge. Cybèle eut l’ait étonnée, puis haussa les épaules en rangeant la rose dans sa poche. Elle ne pouvait rien y faire, et cet homme n’était peut-être pas le débile profond qu’elle avait imaginé. Aussi, elle décida d’écouter ce qu’il avait à dire, autant en finir rapidement.

Il lui avoua ensuite être du ministère, et à son sourire satisfait, elle comprit qu’il pensait que ce titre forcerait le respect. Malheureusement pour lui, Cybèle n’était pas le genre de personne à s’incliner devant un titre ou un métier, et son sourire moqueur le lui prouvait bien.

« Votre métier et votre lieu de travail ne m’intéresse et ne m’impressionne en rien. On voit au ministère des gens qui ne mériteraient pas d’y travailler…. »

La jeune femme n’incluait pas l’oubliator en disant cela, et pensait plutôt à des gens fortement soupçonnés d’être mangemorts. Puis, le jeune homme fit quelque chose d’étrange avec ses yeux. Elle cru voir ses pupilles transformé, et alors qu’il la fixait, elle se sentie hypnotisée, incapable de faire un geste, ne serais-ce que détourné le regard pour ce soustraire à cette inquisition. Des images défilèrent devant ses yeux, trop rapidement pour qu’elle puisse les comprendre. Seul lui restait des impressions, des émotions qu’elle ne comprenait pas car elles s’enchainaient bien trop vite.

Enfin, l’homme brisa le contact, et Cybèle put enfin reprendre le contrôle de son corps, à son grand soulagement. Elle se demandait ce qu’il avait fait, ce qu’il avait vu, ce qu’il voulait, et n’eut pas à attendre bien longtemps. L’inconnu lui déballa en effet son nom et son prénom, sa passion pour le vol. Il lui prédit aussi un accident de vol, prédiction à laquelle elle répondit par un haussement d’épaule incrédule, et quelque chose qu’elle ne comprit pas contre des gobelins. Cybèle cacha tant bien que mal son étonnement sous un masque d’indifférence. Elle détestait le fait que quelqu’un puisse lire dans ses souvenirs sans prendre la peine de le lui demander. C’était son intimité. Ce fut donc un regard mauvais qu’elle lui adressa.

L’homme passa ensuite sa main derrière son dos, et lorsqu’il la ramena devant lui, elle tenait un gros livre. Il lui avoua vouloir lui faire du chantage, lui proposant de l’aider contre le respect complet de sa mémoire. La jeune fille lui adressa un regard peu aimable accompagné d’un haussement de sourcil. Un sourire moqueur passa néanmoins sur son visage lorsqu’elle lui répondit.

« Vous allez peut-être trouver ça étrange, mais agréable n’est vraiment pas le mot qui me serais venu à l’esprit si j’avais à parler de vous… Quant à la bienséance dont vous parlez, pour la respecter, la moindre des choses serait tout de même de se présenter.»

Le reste était clair. Il voulait qu’elle lui fasse sa potion, en échange de quoi elle garderait sa mémoire intact. Une autre étudiante, Aude Dansange apparemment, - Ben tiens, elle avait hate de la rencontrer celle là...- , l’avait aidé dans ses projets et ses délits puisqu’il avait volé ce document à la bibliothèque de l’UMA. Il lui dit ensuite avoir été à Serpentard, bien que Cybèle s’en ficha complètement, expliquant ainsi leur soi disant rivalité.

« Je sollicite… »Singea-t-elle avec talent. « Je crois que de toute façon, vous ne me laissez pas vraiment le choix. Quand à notre compétition Serpent/Lion, franchement, elle est inexistante. Ce n’est pas de la rivalité, mais bien de l’hostilité… »

Le jeune homme lui tendit alors une page du livre avec dessus la potion à réaliser. Il lui fit quelques recommandations, comme s’il se préoccupait de sa santé, puis lui parla un peu de sa vie privée. Oh, il en était fier de pouvoir lire dans ses souvenirs. Il fallait le voir se pavaner comme un coq en déballant ce qu’il avait lu dans sa tête. Il lui parla ensuite de sa scolarité, de ses différents avec le professeur Rogue… La jeune fille haussa les épaules d’un air ennuyé.

« Alors, soyons clair, je n’ai besoin ni de vos conseils, ni de vos recommandations, ni de vos prédictions, ni de savoir ce que vous avez lu dans mes souvenirs, ni de votre passé. Tout ça ne m’intéresse absolument pas. »Dit-elle d’un ton glacial. « Votre chantage est odieux, d’accord, admettons. Sachez que je refuse de faire votre potion tant que vous ne m’aurez pas dit quelles sont ses effets et ce pour quoi elle va servir. Je ne veux pas être complice d’actes d’un dégénéré… »

Bon, elle ne comptait pas vraiment finir comme ça, mais l’idée y était. Et Cy’ était bien assez têtue pour refuser de faire cette potion malgré les menaces s’il refusait de lui donner des explications. Quitte à en perdre la mémoire….

L’homme qui lui faisait face sortit de sa poche une pipe qu’il bourra de tabac avant de l’allumer. Un sourire sarcastique apparut sur le visage de Cybèle. C’était vraiment un truc de vieux croulant ça… C’était du moins l’image qui lui en était resté. L’inconnu lui fit remarquer son mauvais caractère et Cybèle était bien trop habitué à ce qu’on le lui dise pour qu’elle s’en indigne ou qu’elle y prête attention. Elle haussa alors les épaules, d’un air presque ennuyé.

Il lui envoya ensuite un petit dragon de fumé qui vint se poser sur son épaule. La jeune étudiante le regarda avec amusement alors que celui-ci se nichait contre son cou. Elle le trouva beaucoup moins mignon lorsque celui-ci mit le feu à une mèche de ses cheveux… D’un geste de la main, elle étouffa la petite flammèche et dissipa le petit être de fumée.

L’homme commença ensuite à lui répondre, sur un tout autre sujet. La réflexion de l’inconnu provoqua chez elle un haussement d’épaule blasé.

« Je n’ai besoin de personne pour veiller sur moi, et si j’avais besoin d’autorité, ce ne serais certainement pas vers vous que je tournerais. »Dit-elle, dans un ton farouche.

Il daigna enfin se présenter, répandant ses titres comme une nuée d’insectes nuisibles. Que disait le précepte moldu déjà ?! Ah oui, elle se souvenait.

« La science, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale… Cela marche aussi pour vos titres… »

Il commença ensuite à essayer de la convaincre qu’elle devait faire la potion car il avait vu qu’elle le ferait. Comme si cet argument suffisait pour la convaincre. Peu lui importait sa conception de libre-arbitre, seule la sienne lui importait. Et de toute façon, Cybèle reniait l’idée que tout était écrit. C’était bien trop facile. Elle voulait avoir le choix, quoiqu’il en soit. Elle lui adressa alors un regard sarcastique alors qu’il lui demandait quel arguments pouvait plus la convaincre que celui-ci.

« Votre argument n’en est pas un pour moi. Et si j’ai fait cette potion de mon plein grès, si je crois ce que vous dites, » Et son ton laissait largement planer le doute. « C’est certainement parce que vous m’avez donné des raisons. »

Il continua son monologue en insistant sur le fait que sa vie était compliquée, difficile à supporter puisqu’il ne connaissait plus la surprise, l’attente. Essayait-il de l’apitoyer ? Ce n’était vraiment pas de cette façon qu’il réussirait à la convaincre. Cybèle ne ressentait pour cet homme aucune compassion.

« Sans vouloir vous offenser, vous ne pouvez en vouloir qu’à vous-même. Personne ne vous a forcé à choisir ce métier. »

C’était sans doute un peu injuste, la communauté des sorciers avait besoin des oubliator, et Cy’ le savait parfaitement. Mais elle n’aimait pas la façon arrogante qu’il avait toujours, et surtout, elle gardait pour lui une certaine méfiance farouche. Ainsi, elle se plaisait à le pousser dans ses retranchements avec cynisme pour voir qui il était vraiment. C’était souvent dans la colère qu’on découvrait la personnalité de l’autre, ou du moins une partie. Cependant, la dernière phrase qu’il ne prononça qu’à moitié fut celle qui commença à faire pencher la balance de son coté.

Si c’était contre le sorcier noir, Cybèle accepterait certainement de l’aider. Elle était d’ailleurs bien plus disposée à l’aider, et cela se voyait sur son visage un peu plus détendu. Cependant, cette envie de collaboration fut bien vite étouffée par les menaces que Canaan se permettait de lui transmettre. Ministère et Mémoire. Son regard se durcit.

« Ce n’est certainement pas avec des menaces que vous aurez ma confiance, dont, soit dit en passant, vous n’avez rien fait pour mériter. Cependant, si votre cause est destinée à défier le Sorcier Noir comme vous l’avez laissé supposer à l’instant, je vous aiderez certainement. »

Soudain, l’expression de Canaan changea, et sa voix se fit profonde et grave. Une prédiction menaçante qu’elle prit d’abord pour un coup de théâtre destiné à la convaincre. Pourtant, et à moins d’être un grand comédien, cela semblait trop vrai pour que Cybèle n’écoute pas attentivement ce qu’il disait. Sa pipe tomba dans l’eau, et Canaan ne réagit pas. La jeune femme s’approcha de l’homme et posa doucement sa main sur son épaule, comme pour le faire revenir à la réalité. Ou du moins à la réalité qui était la sienne.

« Est-ce que ça va ? »

La jeune étudiante était retournée par la sombre prédiction de Canaan. Elle s’assit sur une chaise, bouleversée. Elle se tourna vers l’homme.

« Qu’avez-vous voulu dire ? »Demanda-t-elle d’un ton beaucoup plus calme que son état le laissait prévoir.

La jeune femme n’entendit que de très loin la réflexion de l’homme sur la cruauté du destin, ses pensées étant trop accaparées par la prédiction qu’il venait de faire. Cybèle ne se pensait pas si facilement impressionnable, et prit sur elle pour reprendre une figure plus neutre. Elle releva le regard vers Canaan alors que celui-ci posait sa main sur son épaule.

Ce qu’il lui dit sur sa prophétie ne la rassura guère, Cy’ se connaissait bien assez pour savoir qu’elle se jetait dans les ennuis la tête la première sans même s’en rendre compte, par son caractère borné et farouche. Cependant, l’anecdote sur le sort de dédoublement et de soupirants imaginaires la fit rire. Ce type était tellement en décalé par rapport aux évènements, et ce, inexorablement. Ce fut donc un sourire amusé qui s’affichait maintenant sur le visage de Cybèle. Sourire accentué alors qu’il faisait calmement remarquer que le niveau de l’eau montait.

Canaan assura ensuite qu’elle était sous sa protection. Sans doute voulait-il la rassurer, et la jeune étudiante apprécia le geste, mais jusque là, il ne lui avait pas prouvé une grande force magique. Elle se surprit même à se demander comment cet homme avait fait pour survivre jusqu’aujourd’hui en vivant avec autant de décalage… Pourtant, sa réflexion la fit sourire et Cybèle récupéra son état habituel, à savoir moqueur et enjoué.

Ils allèrent donc sortir, pour aller elle ne savait où, lorsque Canaan se mit à frapper sur la porte apparemment magiquement fermée. Il pestait devant ce qui leur barrait le chemin, et la jeune femme crut qu’il plaisantait, ne sortant pas sa baguette. Le sortilège qui débloquait les verrous était de ceux qu’on apprenait en première année à Pouldard. Rien de bien sorcier, si je puis me permettre. L’homme donna un violent coup de pied qui l’envoya à terre, dans l’eau. Cybèle explosa de rire en le voyant ressortir de la flotte, absolument trempée. Ce type était vraiment un cas à part. Ils en faisaient des bizarres au ministère tout de même….

Son éclat de rire eut un écho provenant de l’autre coté de la porte, et la jeune étudiante calma difficilement son fou rire pour entendre le bruit. Canaan devait l’avait surprit aussi puisqu’il écouta attentivement avant d’accuser d’un air sur les gobelins. Il parla vaguement d’un objet qu’il leur avait dérobé, et Cy’ haussa un sourcil en signe d’intérêt.

« Un Globe Rouge ? Qu’est-ce ? Et pourquoi leur avez-vous soi disant emprunté ? »

Canaan lui expliqua ensuite que les sorts lancé par les Gobelins étaient très complexes, et la jeune femme comprit qu’un simple sort de première année ne suffirait sans doute pas. Mais, têtue, elle essaya tout de même. Elle s’avança près de la porte, se plaça face à la serrure et lança d’un ton assuré son sortilège.

« Alohomora ! »

Rien ne se passa, pas même le moindre petit déclic. Cybèle haussa les épaules. Elle s’en était douté, elle en avait maintenant la confirmation. Il fallait trouver autre chose. D’un air malicieux, il accusa la jeune étudiante d’avoir trop discuté, et celle-ci lui lança un air faussement réprobateur.

« Vous auriez du me faire le coup de la prophétie avant aussi…. »

Il lui assura ensuite qu’il avait la situation bien en main, puis lui demanda une idée griffondorienne. Elle haussa les épaules, et inspecta la salle. Pas d’échappatoire à part la porte. D’un ton un peu lointain, alors qu’elle réfléchissait à une solution, elle répondit néanmoins à la pique de Canaan , réagissant toujours au quart de tour.

« Les Griff’ ne sont pas les héros mais les téméraires. Ceux qui ne prennent pas toujours le temps de réfléchir quoi… »

Qu’avaient-ils dans cette salle qui puisse les aider à en sortir ?! Pas grand-chose. Une table comme bélier ? La porte était épaisse et solide… Un chaudron ? Pour quoi faire… Ou bien…

« Vous n’auriez pas une recette explosive dans votre super livre de potions ? »

Cybèle avait bel et bien tête de faire exploser le verrou de la porte. Pas la porte en elle-même, cela lui couterait trop cher au niveau de ses étude, mais simplement la serrure. Cela dit, le niveau montait, et il fallait vraiment se dépêcher.

Alors que Canaan lui demandait qi elle savait lire l’Allemand et si elle avait des Chocogrenouille, elle secoua la tête négativement, en haussant les épaules. L’allemand lui était tout à fait inconnu, et si du chocolat trainait dans ses poches, elle l’aurait mangé depuis longtemps… Il lui expliqua ensuite ce qu’était un Globe Rouge, puis recommença à lui parler de sa vie, de ses études à Serpentard où il ne s’était pas senti chez lui.

Le fait qu’ils allient manquer la cérémonie du thé semblait l’énerver, et cela rappela à Cybèle sa grand-mère qui excellait dans ce domaine, ne ratant cette cérémonie quasi religieuse sous aucun prétexte. Canaan lui reprocha ensuite son idée de chaudron explosif, et une fois encore, elle haussa les épaules d’un air nonchalant, repoussant une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux.

« J’ai eu le mérite d’avoir une idée, moi…. »Insinua-t-elle placidement.

Puis, il y eu de nombreuses explosions qui provenaient de l’autre coté de la porte. Cybèle darda son regard émeraude sur la serrure d’où jaillissaient de nombreuses étincelles, méfiante. Si c’était les gobelins qui revenaient, la jeune étudiante comptait bien se défendre. Elle en venait presque à espérer qu’il s’agisse de leurs agresseurs, histoire de pouvoir se battre un peu. Cybèle avait un caractère borné, à légère tendance belliqueuse…

La porte céda enfin, libérant Canaan et elle de l’emprise de l’eau. Celle-ci se déversa avec force sur l’arrivant, qui s’avérait en faite être une arrivante, qui, sous la vitesse du courant, se retrouva à terre, trempée de la tête aux pieds. La jeune fille, que Cybèle reconnue rapidement comme une étudiante de son dortoir qui suivait la même formation qu’elle, hoquetait l’eau qu’elle avait avalé, comme un poisson qu’on tirait hors de l’eau.

A cette vue cocasse, une crise de fou rire commençait à agiter la jeune étudiante aux cheveux roses. Tous les trois trempés par la faute de Canaan, celui-ci gardait encore des trace de potion verdâtre dans les cheveux, ils formaient un tableau étrange et décalé qui l’amusait. Tout cela était tellement ridicule, et si étonnant. Ce fut donc en se retenant de rire, le sourire malicieux accroché aux lèvres, qu’elle tendit la main vers leur sauveuse pour l’aider à se relever.

« Hum… Merci de nous avoir ouvert… »Dit-elle, en riant encore à moitié.

L’eau s’écoulait maintenant dans le couloir, provoquant une petite mare où flottaient des résidus kaki de sa potion, entrainant avec elle quelques objets qui avaient été dans le labo, à savoir quelques ingrédients de potion, son sac de cours, des feuilles de parchemins… Cybèle rattrapa son sac qui dégoulinait, jetant un regard accusateur au fauteur de trouble. Après tout, il était encore le seul responsable de tous les évènements, bien que ceux-ci prenaient maintenant un aspect nettement plus ludiques et comiques. Au moins, avec Canaan, on ne s’ennuyait pas.

« Bon quel est la suite des évènements alors ? » Demanda-t-elle avec un sourire enthousiaste aux lèvres, comme si elle assistait un spectacle où Canaan était l’acteur-clown principal, en se tournant vers l’homme de main du ministère.

Ce faisant, elle avait presque oublié la présence de la jeune fille qui était arrivée et les avaient sortit du labo. Soudain, Cybèle se souvint soudain d’un détail que Canaan lui avait avoué, quelques instants plus tôt, et qui lui revint en un éclair.

« Mais.. ! Donovan ! Lucy Ann Donovan, c’est ça ?!»

Cybèle eut l’air étonné, un vague instant, avant de se reprendre. La jeune femme faisait donc bel et bien partie du « commando Raven », dans elle ne savait quel but. Etait-ce une simple coïncidence si elle était arrivée à cet instant ?! La jeune femme commençait à se poser question.

La jeune fille s’aida de la main de Cybèle pour se relever et s’appuya sur le mur, comme si elle était trop perturbée pour tenir sur ses jambes. La jeune femme aux cheveux roses ne pouvait pas lui en vouloir, il fallait dire qu’ils avaient fait une entrée aussi spectaculaire que dévastatrice. Lucy Ann était elle aussi trempée, et son tee-shirt blanc laissait transparaitre ses sous-vêtements en dessous.

Canaan lui ordonna de ne pas essayer de deviner l’avenir, chose dont elle était bien incapable et elle le savait, et il l’accusa de créer des catastrophes avec son chaudron. Là, les yeux de la jeune étudiante lancèrent des éclairs brulants. La bonne blague … ! Qui enchainait ennuis sur ennuis, catastrophes sur catastrophes ? Certainement pas elle ! Sur un ton doucereusement mauvais, elle lui dit ainsi ce qu’elle en pensait.

« Ma potion aurait été tout à fait réussie si un abruti ne s’était pas glissé dans mon dos pour me la faire gâcher. Et j’aurais certainement réussi à la recommencer et à la finir avant le soir si ce même imbécile n’avait pas essayé de me noyer ensuite. Mais passons…. »Finit-elle, avec un certain dédain.

Alors que Cybèle fit l’annonce de son nom et prénom, l’autre étudiante eut l’air un peu étonnée et lui avoua qu’il lui faudrait un peu de temps pour qu’elle se souvienne du sien. La jeune femme ne lui laissa pas le besoin d’y réfléchir et se présenta rapidement.

« Cybèle Boëman, en première année de médicomage. »

Cybèle avait crut que Lucy Ann avait un bon caractère puisqu’elle n’avait ni pesté, ni hurlé, ni frappé Canaan suite aux évènements, mais la suite lui démontra rapidement le contraire. Alors que l’oubliator jouait de ses tours de magie, faisant apparaitre une serviette immonde de derrière l’oreille de la nouvelle venue, celle-ci se mit en colère contre l’homme. Cybèle ne retint pas son souvenir amusé car cette scène ne lui rappelait que trop celle qu’ils avaient pu donner, Canaan et elle, quelques instants plutôt.

L’Oubliator lui tendit ensuite la serviette trempée, lui consignant de ne pas la tacher comme elle l’avait fait avec ses cheveux, et un sourire grimaçant passa sur le visage de la jeune femme, furtivement. Elle posa calmement le bout de tissu qui dégoulinait d’eau sur ce qui restait de la poignée de la porte car il ne pouvait plus lui servir, si ce n’est à se mouiller encore plus.

« Au grand risque de vous décevoir, je ne vois ici personne qui pourrait faire office d’admiratrice, et votre réputation, de mon point de vue, ne peut tomber plus bas qu’elle ne l’est déjà. Vous n’avez donc aucun souci à vous faire pour vos cheveux. »

Le tout dit sur un ton calme et glacial. Cybèle sortit de sa poche la rose qui était en fait sa baguette et l’agita sous le nez de Canaan.

« Maintenant, si vous pouviez avoir l’obligeance de rendre à ma baguette son apparence et ses pouvoirs… Dépêchez-vous où je vous colle sur un balai et vous envoie très très loin ! »Menaça-t-elle.

Canaan reprocha ensuite à Lucy Ann sa tenue, et Cyb’ leva les yeux au ciel, dans un signe d’exaspération amusé. Cet homme était à la fois étrange, drôle et insupportable…L’étudiante répliqua immédiatement, mettant en cause les bonnes mœurs de l’oubliator qui ne l’avait pas aidé, dans un ton emporté qui lui faisait très légèrement penser au sien.

Canaan la remercia néanmoins de les avoir sauvés, en insistant bien sur que seule Cybèle avait eu besoin d’aide, ce à quoi elle répondit par un long soupir exaspéré, et il leur lança dans un ton suspicieux qu’une menace planait au-dessus d’eux. Cette fois, c’était un air clairement amusé qui éclaira le visage de la jeune étudiante aux cheveux roses. Les prédictions de Canaan… Lucy Ann leur demanda ensuite ce qu’ils avaient bien pu faire dans ce laboratoire pour avoir faire jaillir autant d’eau, et Cyb’ haussa les épaules, comme si elle ne comprenait pas elle-même.

« Monsieur Raven a eu la bonne idée de jouer avec une baguette de sourcier… »

Dans une moue qui conseillait à Lucy Ann de ne pas chercher à comprendre, elle lui jeta un coup d’œil ainsi qu’à l’oubliator. Ils formaient un trio étrange et burlesque, trempés comme ils l’étaient, elle avec les cheveux roses, lui avec les cheveux verts…. Elle se tourna ensuite vers Canaan, et avec un sourire ironique, lui parla à nouveau.

« Si Mr Canaan n’a plus besoin de mes compétences chaudronesques, je peux sans doute m’en aller… »