Kael avait entendu à plusieurs reprises depuis qu'il était arrivé à Poudlard, cela faisait maintenant deux ans, que se cachait quelque part dans le château un miroir aux propriétés particulières... Il n'y était jamais allé et bizarrement ne s'était jamais montré curieux au point d'aller le trouver. Mais cette curiosité qui l'habitait si souvent avait fini par se pointer et par rester... Il avait réentendu dans une conversation en passant dans le couloir quelques élèves d'années supérieures parler du miroir...

Un beau matin, un samedi, week-end oblige, il se leva donc à dix heures... Après une bonne douche pour se réveiller, il descendit dans la Grande Salle pour prendre un rapide petit déjeuner. Fin du petit déjeuner, retour dans la salle commune, encore un douche... Ben oui, quand c'est le week-end, tu en profites. Il était bien onze heures et demi quand le Celte se décida à rechercher cette fameuse pièce où ce trouvait le mystérieux objet...

Il fallut bien une vingtaine de minutes pour qu'il la trouve ! Poussant au hasard la quatre-vingt-quatrième porte de la matinée, il le vit enfin. Vous ne pouvez imaginer quel soulagement et quelle joie il éprouva. Refermant derrière lui le lourd panneau de bois, il s'avança vers la glace et put lire à son sommet, gravée sur le bois dorée, cette inscription :

"Miroir du Risèd."

*Risèd ? C'est quoi Risèd ?*

Pas le temps de vraiment se demander ce que cela signifiait, il baissa les yeux et tomba sur son reflet. Là, devant lui, Kaelir Gammach se voyait dans un superbe bureau qui ressemblait à celui d'un homme haut placé, comme un Ministre... Et sur le bureau, à l'arrière-plan, la photo d'un couple bougeait... Et ce couple, c'était... Kael et... Lavande ? Oui, cela y ressemblait...

Le Poufsouffle n'en revenait pas... Que pouvait donc lui montrer ce miroir ? Son regard revint sur l'inscription : 'Risèd'...

*Risèd... mais... c'est...*

"Désir à l'envers !" s'exclama-t-il tout fort.

Le Miroir du Risèd montrait donc quel était le plus cher désir de celui qui se regardait dedans... Lui, donc, se voyait plus tard occuper des fonctions élevées... Et toujours avec Lavande... Même si leur histoire s'arrêtait, il savait donc là à quel point il tenait à elle... Au point de vivre avec elle plus tard...

Derrière lui, la porte grinça, quelqu'un entrait... Il se retourna et fixa l'ouverture... De toute façon, il était préfet, il ne craignait rien en étant ici...

[Je ne sais pas si c'ets ce à quoi tu t'attendais ...]

Lou, c’était le genre de fille réaliste, pragmatique, heureuse. La jeune femme avait beau être jalouse, un peu narcissique, un peu hautaine parfois, elle n’en était pas moins pleine de bonne humeur et de joie de vivre. Ça ne lui était pas venue un beau matin, en se levant, d’un coup comme ça, mais petit à petit, et Lou avait pris conscience que la vie était belle. Si si ! On disait toujours les ados étaient dépressifs, râleurs, jamais contents : c’était totalement faux. Lou aimait la vie, elle était heureuse, elle se plaignait parfois de ses cours mais elle aimait ce qu’elle faisait, elle aimait ses amies, elle aimait peut-être Christopher, voire même, elle s’aimait bien elle-même.

La jeune femme n’était pas retournée devant le fameux miroir du Risèd depuis un bon moment. A vrai dire, elle n’y était allée qu’une seule fois, et c’était un si mauvais souvenir qu’elle préférait considérer ce miroir comme profondément inexistant. Après tout, la seule fois où elle s’était vue dans, elle s’était ensuite disputée avec Arya, et leur conflit avait dégénéré pendant des mois. Et même si elles étaient réconciliées, il restait des séquelles. Aussi Lou n’avait-elle aucune intention de retourner dans la pièce. Pour quoi faire ? Elle n’avait pas de plus grand désir. Elle désirait des petites choses, bien souvent futiles, et elle le savait. Aucun intérêt donc. Que souhaitait-elle en seconde année ? Atteindre les 15 ans, être guérie de sa maladie. Elle était parfaitement guérie, elle atteindrait ses 15 ans. Aucun problème de ce côté-là.

Mais ce matin là, la jeune fille avait besoin de s’entraîner au sortilège de métamorphose, puisqu‘elle venait de recevoir sa nouvelle baguette magique en bouleau, et qu‘elle voulait un peu l‘avoir en main avant les cours. Il lui fallait donc une salle de classe vide dans laquelle elle pourrait s’exercer en toute liberté à faire pousser des pattes à son dictionnaire. Après avoir quitter sa salle commune, Lou descendit un étage, et obliqua dans le couloir du miroir qui, elle le savait, était plein de salles inutilisées. Elle porta son choix vers une des premières salles, entrouvrit la porte, et s’arrêta sur le seuil.

Il y avait non seulement déjà un élève, mais en plus, le miroir était debout devant elle. Lou serrait bien ressortit aussitôt, mais le garçon s’était déjà tourné vers elle, et il serait ridicule qu’elle s’enfuit en courant. Aussi la jeune femme resta-t-elle plantée sur place et fixa de ses grands yeux bleus le garçon blond déjà présent. Qu’est-ce qu’il foutait là celui-là ?

[Je n'attendais rien ni personne en particulier, c'est très bien que ce soit toi ! ]

Dans l'ouverture était apparue une jeune fille... De Serdaigle. Kael eut le vague souvenir de l'avoir vue en cours. Mais il ne se rappelait pas de son nom... Elle devait être une amie de Neoki, la préfète des Aigles... Le Celte ne lui avait jamais parlé, c'était là l'occasion, même si au premier abord elle semblait surprise, voire agacée de trouver un Poufsouffle dans cette pièce... Evidemment, il n'avait pas de mauvaises intentions, et probablement qu'elle non plus... Après tout, elle n'était pas à Serpentard... Et le Choixpeau ne se trompait jamais, n'est-ce pas ? Donc, le préfet démarra la conversation, quand même, parce que les deux Quatrième Année n'allaient pas restés plantés là à se regarder sans rien dire...

"Salut... On s'est déjà vu en cours... Moi c'est Kaelir, ou Kael..." dit-il un peu hésitant, mais sans trop le montrer...

Et puis, le naturel reprenant le dessus, il sourit à la Bleue et Bronze tout en faisant quelques pas vers elle, tout en espérant qu'elle ne partirait pas en courant... Après tout il n'avait jamais fait de mal à personne, n'en avait pas l'intention, ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais, et il n'avait pas une apparence à faire fuir les jeunes filles... D'autant plus qu'il était déjà pris... Quand on est beau gosse, il faut savoir en profiter !

"Peut-être que tu cherchais un endroit tranquille... Si tu veux, je peux partir et te laisser..."

Sans se sentir mal à l'aise, il essayait de savoir ce qui avait poussé la Serdaigle à entrer ici... Soit elle était entrée par hasard, soit elle était venue voir le Miroir... Comme lui... Lui qui ne connaissait pas vraiment son plus cher désir... Peut-être était-elle dans le même cas que lui ? Mais il ne pousserait pas la curiosité plus loin au risque de paraître mal-poli... Mais il conserva tout de même son sourire et ses yeux bleus posés sur le visage de l'Aiglonne, qui elle aussi avait les yeux bleus... D'ailleurs, elle était plutôt jolie, mais le Celte chassa cette pensée, car Lavande n'apprécierait sûrement pas qu'il sorte avec une autre personne, même en pensée... Lui non plus, d'ailleurs, jugeait que ça n'était pas terrible comme idée...

Ainsi elle n'avait rien vu de spécial dans le Miroir... Dire cela, et de cette façon, signifiait clairement que quoi que Lou ait pu y voir, Kael ne le saurait pas... Lui qui était, de nature, très curieux, le comprit mais pourtant se demandait si elle changerait à un moment d'avis... Il devait bien y avoir des moyens que cela se produise... Peut-être avait-elle honte de ce reflet ? Peut-être était-elle trop fière pour en parler à quelqu'un ? Ou simplement le fait que ce quelqu'un était le petit copain de son 'ennemie' lui déconseillait de raconter la vérité... Toutes ces questions tournaient dans la tête du Celte lorsque la solution pour qu'elle lui dise après, il y avait des chances, quoique, mais sa nature est aussi optimiste, quel était son désir : dire lui-même ce que lui avait dévoilé le Miroir...

Sans être directement demandé, la question était habilement dissimulée derrière une vérité générale... En disant ce que les Serdaigle pensaient de l'objet et en évoquant le fait que les Poufsouffle pouvaient en penser autre chose, c'était une façon de demander ce que ce Poufsouffle là, c'est-à-dire Kael, pouvait en penser, lui... Pas mal...

"Ben ça doit être ça, une histoire de désir... C'est écrit dessus... (il pointa l'inscription au-dessus de la vitre) mais à l'envers... Ce que les autres de ma maison en pensent, j'en sais rien, j'ai pas demandé... J'en ai jamais parlé avec eux, ni avec personne, d'ailleurs..."

Il n'avait pas répondu à la question... Allait-il le faire ? S'il le faisait, obtiendrait-il en retour le désir de Lou ? Il n'en avait aucune idée... Désir... Son désir était de réussir, et il voyait sa réussite partagée avec Lavande... Dire cela à la Serdaigle, était-ce une bonne chose pour le couple ?

"Tu crois la même chose que les autres Serdaigle, toi ?"

Il n'avait toujours pas répondu... Avant de savoir s'il pouvait le faire, il allait attendre si elle lui offrait assez de garanties... Si la confiance s'installait complètement, il parlerait. Pour le moment, c'était encore un peu léger... Alors la question que lui-même avait posée était un moyen de s'en assurer... Si elle lui parlait franchement, il le sentirait, et ce serait à son tour d'être franc... Il l'était toujours, en général, mais cela pouvait mettre du temps à venir... Et évidemment, il n'avait pas abandonné son sourire...

Comme ce fut soudain ! Un coup elle était là, l’autre elle n’y était plus. Et Lou fut d’autant paniquée qu’elle tomba maladroitement sur son derrière, tandis que le mur se refermait derrière elle dans un grincement qui semblait venir de très loin. C’était le genre de grincement grave, par opposition au grincement aigu. Je ne sais pas si vous voyez le genre. Le son traîna en longueur, et Lou sentit les cheveux à l’arrière de sa nuque qui se dressaient. Elle frissonna, et écarquilla grands les yeux pour voir quelque chose dans l’obscurité qui l’environnait maintenant. Elle ne put s’y habituer, et tâtonna maladroitement dans ses poches, à la recherche de sa baguette neuve.

« Lumos ! »

Dit-elle à voix haute, peut-être pour se sentir rassurée. Elle se trouvait dans une espèce de cavité, à peu près aussi grande qu’une salle de classe, mais beaucoup moins haute de plafond. Le sol, les murs et le plafond était en pierre, et le mur du fond était si sombre que Lou ne pouvait pas savoir si oui on nous on pouvait continuer par là et sortir de cette endroit. D’ailleurs, elle ne voyait même pas par où elle était entrée.

En se rendant compte que des os de petits rongeurs jonchaient le sol en pierre, et qu’elle avait justement posé sa main droite dessus pour s’appuyer, la Serdaigle poussa un petit gémissement qui fut bientôt recouvert par le bruit du mur qui se rouvrait apparemment. Ah ! Elle allait pouvoir sortir d’ici ! La silhouette du Poufsouffle se découpa dans l’ouverture, et Lou comprit à peu près le mécanisme du mur. Mais au lieu de l’empêcher de se refermer pour permettre à Lou de se sortir de là, Kael laissa le mur se refermer dans son dos. Lou avait eu le temps de bondir sur ses pieds, mais pas de repasser de l’autre coté.

« Mais qu’est-ce que tu fous ! Maintenant on est coincés tous les deux ! »

Cria-t-elle à l’intention du préfet. Mais quel pas doué ! Ah, il était beau le chevalier qui allait au secours de sa princesse ! Il n’avait donc vraiment aucun sens pratique ? Il n’avait pas pensé une seule minute à comment ils ressortiraient d’ici ! C’était bien le copain de Lavande, tiens. Non, c’était sur et certain, Lou en avait la preuve, les Poufsouffles étaient tous des crétins finis.

La Serdaigle passa nerveusement ses mains dans ses cheveux blonds, comme si elles allaient se els arracher. Elle avait envie de secouer Kael. De lui dire qu’il n’était qu’un abruti. Mais à la place, la jeune femme respira un grand coup, écarta les mains, et déclara fatalement :

« Bah voila, c’est malin. Je suppose que, tout occupé que tu étais à penser à ton brillaaaaaant avenir avec ta Lavande d’amour, tu n’as pas regardé si le miroir ne montrait pas comment sortir d’ici. Parce que, je te signale que maintenant c’est MON plus grand désir. Mais merci Kaelir ! Merci ! On est coincés, et bien coincés maintenant. A moins que tu ne saches par où il faut sortir ? Mhm ? »

Ironique, Lou baissa les bras et secoua la tête. Elle perdait les pédales. Elle avait très envie de pleurer, et très envie que quelqu’un la prenne dans ses bras, mais il n’y avait personne d’autre que le blondinet et il était hors de question que cette andouille ne la touche. Et pourtant … la jeune femme secoua encore une fois la tête et se laissa un peu aller à pleurnicher sur son sort, au pas longtemps, juste quelques secondes, avant de soupirer à nouveau, bien profondément. Mais rien à faire … Elle s’assit de nouveau sur le sol, leva ses yeux pleins de larmes vers le Poufsouffle. Ils étaient dans le même pétrin de toute façon.

« On va trouver un moyen pour sortir, hein ? »

Lui demanda-t-elle, enfin calmée, d’une toute petite voix …

Les quelques premières minutes passées par Lou et Kael derrière ce mur, dans cette espèce de salle étrange, furent plutôt étranges à vivre. Laissez-moi vous conter cela.

Se relevant péniblement, et en se frottant le derrière endolori par la chute, le Celte se retrouva face à la Serdaigle qui ne trouva rien de mieux que lui crier dessus... Il fit un pas en arrière... C'est qu'elle peut faire peur, cette fille-là... Faire gaffe... Mais heureusement, elle parut se calmer, retrouver un rythme de respiration normal... L'orage devait être passé...

*Faut que j'fasse attention maint'nant... Elle est capable de m'frapper...* pensa le blondinet tout en essayant également de paraître le plus détendu possible...

En fait, non, l'orage n'était pas passé... C'était certes un petit orage, mais tout de même assez gros pour déverser des reproches sur le malheureux Poufsouffle... Il y avait des incohérences dans ces reproches, par exemple il n'aurait jamais pu voir comment sortir de là dans le Miroir, parce que 1) Il n'était pas dedans encore et 2) Il ne pouvait pas voir le désir de Lou... Mais il préféra ne pas le signaler, de peur qu'elle ne se le fasse réellement... Mais elle était quand même bien contrariée... Lui ne répondit rien, parce que la question n'était pa vraiment le genre qui appelait une réponse... Et parce qu'une éventuelle réponse aurait probablement été la goutte qui fait déborder le vase...

Puis elle changea totalement... Respirer, soupirer, c'était un moyen de retenir les larmes... Elle y parvint, une, deux, mais pas trois fois... Assise, elle se laissa aller... Et elle leva ses yeux pleins de larmes vers le Poufsouffle... Ce qui réussit à l'attendrir ! Ben oui, il a un coeur gros comme ça le Kael...

"Mais oui, on va trouver." répondit-il en s'accroupissant à côté de l'Aiglonne et en posant sa main sur son épaule...

Après ce qu'il s'était passé juste avant, il valait mieux se contenter de cette main, parce qu'elle aurait été capable de sortir de ses gonds et de le coller contre le mur... Le mur ? Sans rien dire, le Celte se leva et, baguette levée, observa le mur par lequel ils étaient arrivés... Puis il passa sa main sur les pierres... Peut-être y avait-il un mécanisme de ce côté aussi ? Après quelques secondes, il se rendit compte que non, ils ne sortiraient pas comme ils étaient entrés... Il fallait trouver autre chose...

Il revint vers Lou et, après s'être de nouveau accroupi, lui dit :

"Peut-être qu'il y a un système aussi quelque part, sur un autre mur... Je vais voir... Tu viens aussi ?"

La situation était facheuse, certes, mais pas désespérée. La solution allait forcément être trouvée, ils étaient deux et aucun n'avait l'air d'être dans un état tel qu'il ne pourrait y parvenir. C'était la première fois que Kael était confronté à ce genre de situation... Et pour l'instant, il n'avait pas tellement envie que cela se reproduise... D'ailleurs, comment pouvez-vous avoir envie de vous retrouver enfermé dans un endroit duquel vous ne savez pas sortir ? Tout en n'étant en plus pas encore sorti de la première pièce dans laquelle il s'est malencontreusement trouvé envoyé ? Non. Et c'est normal... Bref.

Les événements s'enchaînèrent. Lou se leva et se dirigea vers l'endroit où ne ne distinguait pas le mur... Le Celte était à la suite, et se rendit compte, alors qu'il tenait sa baguette levée, que la Serdaigle accélérait le pas. Puis le sol s'inclina, les deux Quatrième Année descendaient à présent...

*Ben dis-donc... On pourrait faire un jeu de télé-réalité là-dedans... *

Les pensées du Poufsouffle étaient étranges, c'est vrai, mais quand on est dans un endroit inconnu qui filerait les jetons à n'importe qui, il est quand même bien mieux d'entretenir de joyeuses idées dans sa tête... Ne pas désespérer. De toute façon, comme déjà dit plus haut, la situation n'était pas désespérée... Mais elle pouvait en prendre une étrange ressemblance...

Dans cette espèce de passage qu'ils avaient emprunté, on ne voyait pas grand chose. S'avançant toujours, le Préfet vit que l'Aiglonne s'était arrêtée. Elle poussa soudain un cri, faisant sursauter le pauvre Kael, et se retourna avant de foncer brusquement vers lui... Il croyait qu'elle allait le renverser et se barrer en courant, mais en fait elle vint juste se serrer contre lui, se blotir, pour se rassurer... Là, il n'avait pas compris grand chose et se demandait vraiment ce qu'il avait pu se passer, ce qui avait à ce point effrayé Lou...

Toujours collée contre lui, elle expliqua ce qu'elle avait vu... Mais le Blaireau ne fut absolument pas convaincu... Si c'était juste un mur, comment se fait-il qu'elle ait pu avoir à ce point la frousse ?

"Ben... J'vais voir... Après on pourra aller dans l'autre sens..."

En même temps, l'autre sens, ils en venaient... Si la sortie était de l'autre côté, ils auraient pu la trouver... Donc, se décollant lentement de la Bleue et Bronze, le Jaune et Noir s'avança lentement, baguette orientée vers le sol... Et à son tour, il vit la ligne... rouge... Se redressant brusquement, il éclaira le passage, loin...

"Lumos maxima..." murmura-t-il, de façon à ce que pendant quelques secondes le rayon aille plus loin encore...

Mais il n'y avait rien, pas de cadavre, pas de corps, personne... Le Celte éclaira alors la ligne... Apparemment, le sang sortait d'une fente dans le mur de droite... Une fente entre deux pierres... Que pouvait-il y avoir derrière ? Mieux valait ne pas le savoir... Il se retourna vers Lou...

"On continue par-là... ou on revient en arrière ? Où que tu ailles, je te suis..."

Au moins, elle savait qu'elle pouvait compter sur lui, même si ce qu'il venait de faire était une sorte de trahison... Il ne lui avait pas fait confiance... Et en même temps, elle lui avait menti... Un point partout, balle au centre...

[Désolée de t'avoir tant fait attendre >< ]

C’était vrai que la situation n’était pas désespérée. Lou et Kael étaient juste coincés derrière un miroir que peu de gens connaissaient, dans un souterrain qui semblait peu fréquenté, avec des ossements partout, du sang sur le sol, probablement un cadavre un peu plus loin. Ils n’avaient aucun moyen de communication, et leurs baguettes ne leur étaient d’aucune utilité. Ils n’avaient pas de nourriture, pas d’eau. Haut les cœurs ! Ce n’était pas si dramatique. Au pire, quand Lou aurait trop faim, elle pourrait toujours se reconvertir dans le cannibalisme et manger Kaelir ... Pfff. C’était incroyable ce que les garçons étaient insouciants et optimistes. En plus, ils n’avaient pas confiance.

La preuve avec Kaelir, qui n’écouta pas le conseil pourtant judicieux de Lou. Peut-être l’excuse du mur n’était-elle pas crédible, mais de là à se jeter dans la gueule du loup … Il était vrai que la Serdaigle aurait pu trouver une meilleure raison de ne pas avancer qu’un mur. Elle aurait du dire qu’il y avait un trou. Et que si elle avait eu aussi peur, c’était parce qu’elle avait le vertige. … Mais Kael savait parfaitement que la jeune femme jouait dans l’équipe de Quidditch, et qu’elle n’avait pas du tout le vertige.

En tout, cas, quand le Poufsouffle annonça qu’il allait voir, Lou aurait donné pas mal de choses pour le retenir. Elle agrippa sa manche, mais sans vraiment de poigne, et le préfet s’éloigna. Lou resta paralysée sur place. Elle s’attendait à entendre le cri d’horreur du Poufsouffle quand il se retrouverait face au(x) mort(s), car il y en avait sûrement au moins un pour qu’une telle quantité de sang se trouve dans la grotte. D’autant plus que ça ne devait pas être un mort propre, tiré à quatre épingles, dans un costard cravate … non, il avait du être au moins décapiter. Lou essaya de se débarrasser de l’image d’un corps sans tête, mais elle n’y parvint pas, et au fur et à mesure, elle était de plus en plus bouleversée.

Il n’y eu pas de cri. Au bout d’un moment qui avait semblé une éternité à la Serdaigle, le Jaune et Noir revint vers elle. Il n’avait pas l’air retourné du tout. Comment cela se faisait-il ? Lou n’avait pourtant pas été victime d’une hallucination : il y avait bien du sang sur le sol ! Et pas qu’un peu ! Pourquoi Kael faisait-il comme si de rien n’était ? Si ça se trouve …

Lou blêmit. Si ça se trouve, c’était lui le psychopathe tueur qui avait décapité le mec. Cela expliquait le calme apparent du préfet. Même qu’il connaissait els lieux par cœur. Et Lou était dans un piège, une affreuse manigance. Et si Lavande, dans sa haine aveugle pour la Serdaigle, avait persuadé son petit ami de tuer la Serdaigle ? Elle en était bien capable, cette Gryffondor. Elle avait l’air idiote, mais Lou ne doutait pas que Lavande est envie de la voir mourir.

Le préfet proposa de suivre Lou où qu’elle aille. Il devait croire que cela la réconforterait de se sentir épaulée, mais ce fut tout le contraire, étant donné qu’elle le prenait pour un tueur. D’ailleurs, si ce n’était pour lui faire du mal, pourquoi Kael aurait-il voulu rester avec Lou ? Hein ? Elle venait de lui mentir. Il ne s’en offusquait même pas. Certes, elle avait menti pour son bien à la base, mais même. Tout à l’heure, elle l’avait insulté aussi, et il n’avait pas réagit. Cette docilité, cette gentillesse devait cacher quelque chose, c’était obligé.

A la première occasion, Lou se débarrasserait du garçon. Elle aurait bien décidé qu’ils se séparent maintenant, mais il n’y avait aucune raison de le faire. Elle ne voulait pas rester toute seule dans la grande pièce où ils avaient atterris au début, pendant que Kael irait de l’avant, et elle ne voulait pas non plus que lui reste et qu’elle-même aille explorer, car il pouvait la suivre, et elle pouvait rencontrer le cadavre.

« Okay, on reste ensemble, et on va voir plus loin. T’es sur que y a rien hein ? De toute façon ça sert à rien de rester ici. »

Décida Lou, en adressant un sourire très crispé au garçon, histoire d’avoir l’air normale et naturelle, et qu’il ne se doute pas qu’elle l’avait démasqué. Ils avancèrent quelques instants, Lou gardant les yeux fixés sur le sol pour suivre la ligne rouge. Elle fut un peu contrariée de se rendre compte que le sang venait d’une fente dans le mur, car cela contrariait un peu sa théorie sur Kael, mais d’un autre côté, il avait très bien pu mettre le type décapité dans le mur. La jeune femme détourna le regard, et les deux adolescents firent encore quelques pas.

Jusqu’à un croisement. Le passage se séparait en deux. Hourraaa ! C’était l’occasion qu’il lui manquait pour quitter Kael. Lou se retourna d’ailleurs vers le blondinet, essayant de ne pas avoir l’air trop heureuse.

« Bon, on va être obligé de se séparer. Je vais à gauche, tu vas à droite. »

Elle lui lança son fameux regard qui n’admettait aucun refus, ni même aucune négociation, et s’engouffra dans le chemin qui partait à gauche sans plus attendre.

Gauche ? Droite ? Se séparer ? Le temps que la proposition de Lou ait fait le tour, elle était déjà partie... En définitive, ça n'était pas vraiment une proposition... Parce que, et d'une, elle était partie sans attendre de réponse, et de deux, elle lui avait jeté un regard qui signifiait clairement "si-tu-refuses-je-t'étrippe-et-personne-ne-te-retrouveras-jamais"... ou un truc dans le même genre... Pour le moment, il était seul, à la croisée de trois chemins... Celui derrière lui, il n'y retournerait pas... Parce qu'il en venait et qu'il n'y avait pas de sortie de ce côté-là, et aussi parce qu'il aurait été débile d'avoir fait tout ce chemin, arriver à cette bifurcation et repartir en arrière... A gauche, on ne voyait déjà plus la lumière émise par la baguette de la Serdaigle... Et aller de ce côté réduisait -non, rendait inexistentes- les chances de trouver une voie à droite...

"Lou..." souffla, dans une ultime tentative de revenir à la réalité, de se persuader que c'était un rêve, le pauvre Kael abandonné...

Ce serait donc le chemin sur sa droite... Prenant son courage à deux mains, une grande inspiration et toutes les pensées heureuses qu'il pouvait, le Celte s'engouffra dans le sombre couloir... S'il sortait, il reverrait Lavande... Il pourrait de nouveau être à ses côtés, lui dire ce qu'il avait vu dans le Miroir... Il pourrait...

*Je veux sortir...*

Malgré sa baguette, le Préfet n'arrivait pas à éclairer assez loin devant lui... Il avait bien marché depuis dix bonnes minutes lorsqu'il tomba sur un escalier... Des marches qui descendaient... Seulement une douzaine de marches... Peut-être y avait-il une sortie, quelque part en bas ? Prudemment, il se mit sur la pointe des pieds à prendre les escaliers, pour ne pas réveiller l'éventuel locataire des lieux...

*Ouah... c'est mouillé...*

En effet, c'était mouillé... Arrivé sur l'avant-dernière marche, le Poufsouffle glissa, partit à la renverse et se fracasse dos et postérieur contre les angles des marches supérieures...

"Aaaaaaaaououououuch !!" s'écria-t-il, en signe de douleur...

Evidemment, personne ne viendrait... Lou devait être loin, et personne à part elle ne savait que lui était là... Kael resta allongé pendant cinq bonnes minutes, le souffle court, les larmes aux yeux, tentant de retrouver son calme et attendant que la souffrance s'atténue... Enfin, il se leva...

"Aïe... Ouille..."

Il avait mal partout... Il frotta énergiquement les parties endolories de son corps... Il en avait marre de se retrouver par terre... Et à chaque fois, c'était son fondement qui prenait...

"Aïe... Ca me gonfle... Pourquoi j'tombe toujours sur le cul ?"

Quand il s'exprimait, cela pouvait être clair. Là, cela en avait le mérite... Levant les yeux et la baguette, le Jaune et Noir constata qu'il y avait un mur, face à lui, et ce qui ressemblait à une porte se dessinait à la surface... Oubliant toute douleur, intrigué, il s'en approcha et passa sa main dessus...

*Pierre... bois... Une porte !*

"Une porte !"

Oui, il y avait une porte... Mais !! Mais, car il y avait un mais... Pas de poignée... Juste une serrure... Celui qui avait fabriqué cette porte était intelligent... Une porte sans poignée... En même temps, il fallait une clé, et Kael ne l'avait pas... Il devait bien y avoir un moyen... Le Celte passa deux minutes à faire le tour de ce qui était une assez petite pièce, avec pour seules issues l'escalier et cette porte close... Rien pour la fracasser... Ah ! Si seulement il avait eu une baguette...

*Baguette ? Mais...*

"J'en ai une ! Quel con, des fois..."

Depuis le début, elle lui avait servi de lampe... Sans perdre plus de temps, le Poufsouffle se plaça face à la serrure, et prononça, à la suite :

"Nox ! Alohomora !"

Le lieu fut plongé dans l'obscurité, puis un déclic se fit entendre...

"Lumos !"

De nouveau de la lumière, et la porte qui s'était entrouverte, de quelques millimètres... Le Celte glissa ses doigts et ouvrit... La porte devait être vieille, elle grinçait, elle était moisie par endroits et...

"Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!"

Une nouvelle fois, à croire qu'il le fait exprès, le Préfet tomba en arrière, submergé par la chute d'une bonne quinzaine de... balais...

"..."

*Des balais ? Un placard à balais ?*

Là, c'était à n'y rien comprendre... Un placard à balais dans ce lieu que personne ne connaît ? Après un rapide examen des objets de nettoyage, le Celte constata qu'ils étaient en parfait état de fonctionnement... Quelqu'un venait donc ici ? Se levant, il regarda dans le placard... Celui-ci n'était pas bien grand... Et sur le mur d'en face, il y avait... une porte !!!

Et là, tilt ! Le placard à balais de Rusard ! Il devait y avoir une porte secrète dans le fond du placard, et le Celte venait de la découvrir, du coup elle n'était plus secrète, en passant par l'autre côté ! Il fallait prévenir Lou !

"Louououououououououououou !!!" cria Kael, tout en se précipitant vers les escaliers, qu'il monta trois par trois.

Il se mit à courir comme un dératé à travers le couloir par lequel il était venu... Il fallait qu'il retrouve la Serdaigle... Il avait trouvé une sortie...

"Lououououououououou !" cria-t-il de nouveau alors qu'il atteignait l'endroit où ils s'étaient quittés...

Être poursuivie par un psychopathe, qu'il soit pédophile ou juste serial killer, c’était l’activité préférée de Lou. Elle en avait fait un hobby passionnant, un sport national palpitant. Peut-être plus tard la Serdaigle pourrait même faire breveté ce sport inédit … C’était mieux que les montagnes russes. Mieux que la drogue. Mieux que l’alcool. Mieux que de se jeter du haut du toit d’un immeuble. Pour fuir Kael, Lou aurait pu courir un marathon s’il l’avait fallut. Elle ne le savait pas, mais cette expérience avec le Poufsouffle ferait un fameux entraînement pour une expérience toute aussi éprouvante qui aurait lieu à Paris. Mais ne parlons pas de l’avenir, parlons du présent. D’ailleurs, Lou n’était pas sure d’avoir encore un avenir.

Pour le moment la jeune femme n’avait pas tellement bougé. De toute façon, Lou n’était pas du genre à courir partout, en s’arrachant à moitié les cheveux et en hurlant comme une hystérique, en lançant des tas de sorts. Non, non … Lou était une Serdaigle. Avant d’agir, elle faisait quelque chose que les gens en général faisaient de moins en moins : elle réfléchissait. Avant de parler, elle tournait sept fois sa langue dans sa bouche. Et avant de prendre une décision, elle pesait le pour et le contre. Ses raisonnements étaient toujours fondés et bien construits. Ce qui ne voulait pas dire que Lou avait la science infuse et qu’elle avait toujours raison … Elle aurait bien aimé, mais Kael en était la preuve vivante.

Voila pourquoi la Quatrième année avait fait une vingtaine de pas avant de s’arrêter net, et d’attendre d’entendre les pas de Kael qui s’éloignaient. Mais elle n’avait rien entendu du tout. D’abord, Lou commença par se cacher. Elle longea le mur sur une dizaine de mètres avant de trouver un espèce de renfoncement, et elle se blottie dedans, sa baguette éteinte à la main après avoir murmurer un « Nox » bref. Elle était persuadée que Kael allait revenir pour lui faire du mal. Lou comptait donc l’attendre ici. Quand il se présenterait, elle lui jetterait un sort qui lui ferait perdre la mauvaise habitude qu’il avait prise de vouloir la tuer, sur les ordres de Lavande.

Mais tout en y réfléchissant, Lou se disait que finalement, non. Kael était trop gentil pour lui faire autant de mal. Alors peut-être était-ce juste Lavande qui l’avait drogué pour le faire agir ainsi. Ou bien, il était carrément sous l’emprise d’un Imperium ! Lavande était assez diabolique pour ça !!! … mais beaucoup trop stupide, en revanche. Cette théorie ne collait pas non plus.

La Serdaigle avait pris la sage décision de faire marche arrière, de retrouver Kael et de sortir avec lui de tout ça. Elle se redressa et arrêta de respirer. La Serdaigle venait de sentir quelque chose tout contre elle. Quelque chose de chose de chaud, de vivant, mais de poilu aussi. Quelque chose qui s’agitait.

« Aaaah ! »

Dit-elle, mais sans crier, juste par dégoût. Lou commença à s’agiter, à secouer sa robe, mais la chose dans ses vêtements poussaient des petits cris en la griffant. Ce devait être un rongeur, et Lou voulait absolument s’en débarrasser.

« Va-t-en, va-t-en ! »

Glapit la Serdaigle comme une enfant capricieuse qui ordonne à son père de retirer la minuscule araignée qui se trouve à 10 mètres d’elle, sauf que la petite fille elle dit « Enlève là ! Enlève là ! ». Il était bon de savoir que Lou était un peu plus dégourdie que la petite fille, puisqu’à force de se rouler par terre en s’agitant pour faire partir le petit animal, elle finit par sentir le rongeur qui courrait en long de con jusqu’à son menton. Par réflexe, Lou ferma les yeux et la bouche. C’était la vieille phobie qu’on a tous, de sentir un animal ou un autre nous « rentrer » dedans … Dans un film d’horreur qui se respecte, il y a toujours au moins une scène où une bestiole essaye de rentrer dans la bouche de la victime. Là c’était pareil. Sauf que ce n’était pas une bestiole genre un insecte, mais bel et bien un petit rat qui se débattait maintenant dans la chevelure de Lou. Il finit par se dégager et filer en courant, pendant que Lou, qui avait rallumé sa baguette, se relevait.

Comme décidé, elle repris le chemin dans l’autre sens, parvint de nouveau au croisement où le Poufsouffle et elle s’était séparés, et puis elle prit le chemin qu’avait du prendre Kael. Elle était donc sur les traces du Poufsouffle, couverte de poussière pou s’être roulée par terre, et elle voyait des marches se dessiner devant elle quand …

"Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!"

Vous savez que dans les situations extrêmes, nous réagissons de façon extrême, et donc nous ne sommes pas vraiment nous-même, contrairement à ce que certaines personnes voudraient démontrer. Par exemple, Lou, en temps normal, avait parfaitement la notion des distances … mais en situation extrême …

Quand le cri retentit, le sang de Lou ne fit qu’un tour, et comme pour mieux illustrer cette expression, la Serdaigle, dans un nouveau réflexe des plus stupides (les réflexes sont pour la plupart stupides) fit également volte-face. Mais comme le mur qu’elle se prit dans la tête ne voulait pas bouger, se fut le nez de la Serdaigle qui dut faire de la place, et la jeune femme eut l’étrange impression qu’on lui arrachait le nez, et qu’il se décalait d’au moins 5 centimètres sur la droite.

Il n’y a rien de plus douloureux qu’un nez cassé. Je n’ai personnellement jamais eut le nez cassé m’enfin bon … Du sang commença à couler à flot par les narines de Lou, qui tomba à genoux, en pleurant. Plus elle pleurait, plus elle avait mal, et elle essayait désespérément de retenir le flot du sang avec ses doigts quand Kael arriva enfin en beuglant son nom …

*Il a bien calculé son coup …*

Reprenons l'intrigue où nous l'avons laissée. Kael était en train de courir, hurlant le nom de sa camarade de Serdaigle, dans le but de la retrouver pour lui annoncer qu'il avait trouvé une issue. Je tiens à préciser qu'il était certain que c'était une sortie, même s'il n'était pas allé vérifié, afin de pouvoir l'assurer à Lou. Bref, on peut pas penser à tout, surtout dans une telle situation... Elle n'était plus si despérée, d'ailleurs, la situation, car le Celte entretenait depuis quelques minutes un grand espoir de sortir rapidement et surtout vivant de cette sacrée aventure... Pas intact, car il devait avoir plusieurs bleus dans le dos et plus bas, et puis, même s'il ne l'avait pas encore lui-même constaté, Lou n'avait plus ce qu'on aurait avant appelé un nez.

Reprenons donc. Criant le prénom de l'Aiglonne, Kael passa en trombe devant le couloir d'où les deux Quatrième Année étaient venus et s'engouffra dans celui qu'elle avait pris seule. Baguette levée et allumée, il entrevit une silhouette agenouillée, mais lancé, il ne s'arrêta pas. Oui, il passa devant la fille qu'il cherchait. Sans faire attention. Mais ne vous inquiétez pas, il faut que cela fasse 'tilt'. Justement, le 'tilt' attendu survint après une quinzaine de seconde, et se manifesta ainsi :

"Mais... Lou !"

Kael s'exprima tout haut, au moment où l'image qu'il avait enregistrée en passant devant la Serdaigle fut correctement analysée afin qu'il la reconnaisse. Sur ce, il effectua un acrobatique demi-tour, tellement acrobatique qu'il tomba pour la troisième fois... Mais contrairement aux deux premières, celle-ci fut différente. En effet, le Poufsouffle tomba en avant, lâchant sa baguette pour se rattraper avec ses deux mains. Au passage, il se les écorcha. Quand on n'a pas de bol, on va jusqu'au bout. Mais en ne conservant sa seule source de lumière, celle-ci s'éteignit...

"Oh non... J'en ai marre là..." se plaignit le Breton, qui sentait que tout s'acharnait contre lui...

Il alla donc à tâtons dans le but de sentir sous ses doigts ensanglantés le contact rassurant du bois de sa baguette. Il fallut près de trois minutes avant que cela ne se produise... Debout, avec de nouveau sa baguette en main, allumée, le Jaune et Noir repartit dans la direction opposée à celle qui l'avait malencontreusement amené ici.
"Lou !" s'exclama-t-il lorsqu'enfin il parvint aux côtés de la Serdaigle.

Il accourut et s'agenouilla auprès d'elle, posant sa main libre et toujours rouge de sang sur son épaule... Il constata d'abord qu'elle n'était pas très propre... et qu'un flot de sang s'écoulait...

"Lou ! Qu'est-ce qui t'es arrivé ?" demanda soudain paniqué Kael...

Si elle avait le nez cassé, le Celte ne connaissait aucun sort pour y remédier, même pas pour interrompre la coulée du liquide rouge... Il était donc temps de lui annoncer ce qu'il espèrait lui dire depuis plusieurs minutes maintenant...

"J'ai trouvé une sortie, là-bas... On dirait un placard à balais de Rusard... Y a une porte... Peut-être qu'on peut passer par-là..."

Le blond se redressa, prêt à aider sa camarade à se relever et à la conduire directement à la sortie qu'il avait trouvée...

Coup de chance pour Lou, le Poufsouffle ne semblait pas l’avoir remarqué. En effet, il la dépassa sans la voir en courant comme un malade. Mais Lou non plus ne le voyait pas, elle l’avait juste entendit. A vrai dire, Lou ne voyait rien, parce qu’avec le sang qui lui dégoulinait du nez, elle voyait rouge : au sens propre malheureusement. Mais cela ne l’empêcha pas de trembler encore plus quand, quelques minutes plus tard, le préfet la rejoignit. Elle ne savait plus tellement si elle avait peur de lui ou pas, ou si elle lui faisait confiance, si elle avait besoin de son aide, si elle n’en voulait pas, et comme tout se bousculait dans sa tête, Lou songea que le mieux était encore de mettre les choses au point. C'est pourquoi la Serdaigle ne répondit pas à la question première de Kael, mais partit dans son délire.

« Ecoude Kael, je combrends que Lavande d’ait dit de be faire je ne zais quoi, bais je zuis brêde à dout bour régler zedde hizdoire à l’abiable. Je … je ferai ze que du voudras, z’est brobis. » *

On pouvait largement applaudir Lou pour l’effort incommensurable qu’elle venait de produire. Parvenir à s’exprimer comme cela, avec un nez cassé, une main devant la bouche, une douleur lancinante qui lui donnait l’impression qu’elle allait s’évanouir d’une minute à l’autre, vraiment, c’était remarquable. Mais comme on dit, la peur donne des ailes ! Et Lou avait tellement la trouille qu’elle aurait pu voler jusqu’au Mont Blanc.

« En dout cas, z’il de blait, ne be fait bas de bal … » **

Implora la jeune femme, lançant un regard de chien battu au préfet qui se dressait devant elle. Le pauvre devait croire qu’elle délirait, alors qu’elle était parfaitement sérieuse. Mais c’est bien connu, els Poufsouffles ne sont pas futés …

« Ze d‘aibe bien du zais ! » ***

Elle tentait le charme maintenant. Mais Lou dut couper court à son petit numéro. En effet Kael venait de lui annoncer qu’il avait trouvé une sortie ! Hourra ! Ils allaient sortir ! Lou avait oublié sa théorie, oublié qu’elle n’avait pas confiance en Kael. Pour le moment, elle ne pensait plus qu’à sortir de cet endroit qui, décidément, lui aurait laissé un souvenir mémorable.

C’est avec nombre de difficultés qu’elle finit par se redresser, la tête lui tournant au fur et à mesure qu’elle se vidait de son sang. C’était dingue comme un nez pouvait en contenir … on n’aurait pas dit, au premier regard. Mais comme pour tout, il ne fallait pas se fier aux apparences, ni à la première impression. Lou marcha en rasant les murs, une main toujours appuyer pour qu’elle ne s’effondre pas. Elle n’osait pas s’appuyer sur le Poufsouffle, pour s’aider à marcher, alors elle devait bien trouver un substituant. Enfin, ils arrivèrent devant une porte ouverte. Des balais jonchaient le sol, changeant agréablement des ossements de rongeurs. Lou s’approcha de la paroi qui les séparait probablement du bureau de Rusard. Elle aussi avait eu vent de cette rumeur, et n’avait pas mis longtemps à faire le rapprochement. Elle colla son oreille contre la paroi, attendit 30 secondes, empêchant toujours le sang qui coulait abondamment de son nez de tacher sa robe, et puis, certaine qu’il n’y avait personne de l’autre coté de la paroi en bois, elle s’écarta pour que Kael passe devant elle.

« Hoddeur à doi. » ****

Déclara la Serdaigle, avec un signe de tête à Kael.


Traduction :
* Écoute Kael, je comprends que Lavande t’ait dit de me faire je ne sais quoi, mais je suis prête à tout pour régler cette histoire à l’amiable. Je … je ferai ce que tu voudras, c’est promis.
** En tout cas, s’il te plait, ne me fait pas de mal …
*** Je t’aime bien tu sais !
**** Honneur à toi.

Lou tenta de s'adresser à Kael, et le Celte à vrai dire ne comprit pas un traître mot de ce qu'elle disait. Le sang l'empêchait de parler normalement, ce qui était tout à fait normal... Du coup, il ne saisit pas vraiment le sens de toutes ces paroles, ne sachant pas vraiment que le Serdaigle le prenait pour un tueur... Alors qu'elle s'était relevée, il se repassait en boucle les phrases qu'elles lui avait bredouillées...

*Lavande, Brad, doux, brebis... ça veut rien dire... doux encore, bal... deb-bien duzet...*

Alors que les deux Quatrième Année marchaient vers la sortie, Kael ne fit pas attention au fait que l'Aiglonne ne s'appuyait pas sur lui... Il était plongé dans une reconstitution de tous ces bout de phrases...

*Lavande... C'est qui Brad ? Ah...*

Il lui semblait avoir reconstitué quelque chose, mais en fait son histoire était totalement tirée par les cheveux... En gros, cela donnait à peu près cela :

*Lavande veut sortir avec Brad parce qu'il est doux comme une brebis... On dit pas un agneau normalement... ?? Du coup, Lou veut m'inviter au bal, parce que je suis doux aussi... et puis elle a compris que du coup je suis libre...*

Tiré par les cheveux... Le terme est peut-être un peu faible... S'en rendant vraiment compte, le Poufsouffle décida de ne pas s'attarder sur cette version et de l'oublier rapidement... Et pendant toute cette profonde réflexion trop profonde d'ailleurs les deux élèves avaient eu le temps d'arriver à la porte... Lou colla son oreille contre le bois avant de s'écarter...

Citation :

Hoddeur à doi.

*Odeur à doigt ?*

En effet, si vous le prononcez tout haut, cela fait bien penser à cela... Et cela ne veut pas vraiment dire quelque chose, si ce n'est rien du tout... D'ailleurs, on peut dire que c'est rien du tout...

*Si elle s'écarte, c'est qu'elle veut que je passe avant... Aaaah...*

"Honneur à moi ! D'accooooord !" s'exclama le Jaune et Noir dans la tête duquel ça avait fait 'tilt'...

Kael se plaça donc devant la porte et poussa... Rien... Levant sa baguette, il chercha une poignée... Pas de poignée... Aucun sort pour démolir la porte ne lui vint... Il utiliserait donc une méthode purement moldue, le défonçage de porte à coups de pied...

"Ecarte-toi..."

Et vlan ! Vlan ! Vlan ! Vlan ! Crac !!! Le bois usé de la porte se fissura... Et re-vlan !! Des pièces de ce même bois volèrent et s'éparpillèrent dans le... bureau de Rusard...

"Heureusement qu'il est pas, il nous aurait pendu par les pieds pour nous fouetter... le saligaud..."

Pénétrant par ce qui n'était pas l'entrée dans la pièce, le Celte fut pris par une énorme envie de regarder dans la vieille armoire...

"Bon... On peut peut-être sortir..." dit-il en s'avançant vers la porte... qui s'ouvrit...

Après un regard dans le couloir, il se tourna vers Lou...

"Bah... C'est le moment de se séparer... je crois... Sauf si tu veux que je t'accompagne à l'infirmerie, t'en as besoin... Mais c'était sympa de faire ta connaissance..."

La curiosité, finalement, se barra aussi vite qu'elle était arrivée... Mieux valait ne pas traîner ici... Sortant du bureau, le Préfet se tourna vers la Serdaigle et attendit sa réponse... Si elle voulait bien, il l'accompagnerait, sinon il passerait son chemin...

- En retard, en retard, je suis en retaaaaaaaaard !

Non, ce n’était pas Lou qui venait de dire ça. C’est juste moi, sa narratrice. J’ai toujours rêvé de dire ça. L’écrire c’t’un commencement non … ? Tu imagines, si je t’avais répondu plus vite, je n’aurais pas pu réaliser mon rêve d’enfance ! Ça valait le coup d’attendre alors, non ? Bon attends j’ai une autre excuse si celle-là va pas. :sifle: Figure toi Kael, oui tiens toi bien, que j’ai commencé à avoir une vie. Je veux dire le truc qui consiste à regarder autre chose qu'un écran LCD ou à tubes cathodiques (ou protestants), de voir des gens, de leur parler en vrai en utilisant ces ... choses, là ... ces trucs qui servent à dire des mots ... Oui : les cordes vocales. Et non, tu ne rêves pas, je suis devenue une yes-life.

*C’était la minute excuses bidons. Et maintenant, place au RP.*

Soit Kael n’avait pas comprit un seul traître mot de ce que venait de dire Lou, option fort probable car elle-même avait parfois du mal à comprendre ce qu’elle venait de dire, soit c’était qu’il était très poli et faisait bien semblant de ne pas avoir comprit ce que disait Lou pour ne pas la gêner. Mais non, c’était déjà un assassin, il ne pouvait pas être non plus bien élevé. On n’a jamais vu un assassin gentleman. Namého ! Ce serait le monde à l’envers. Pourquoi pas des assassins gentils, attentionnés, serviables ? Qui aident les grand-mères à traverser la route ? Donnent des pièces aux SDF ? Ça ne tenait pas debout. Un assassin ça tuait des gens, un point c’est tout. Or, maintenant qu’elle y pensait, Lou se rendait compte qu’elle ne pouvait pas qualifier Kael aussi légèrement d’assassin : en effet, il n’avait pas encore commis de meurtre, et la Serdaigle préférait que tant qu’à faire, il n’en commette pas. Il avait eut l’occasion de le faire de nombreuses fois durant cette mésaventure, et il avait toujours été gentil. Trop de gentillesse tue la gentillesse. Lou, persuadée que ça cachait quelque chose, dut quand même bien avouer que ce n’était pas une carrière de meurtrier. Alors peut-être Kael était-il un joueur de poker invétéré, qui avait organisé un casino clandestin dans ces souterrains obscurs, d’où sa connaissance exacte des lieux, et qu’en fait il était gentil avec Lou parce qu’il s’était monstrueusement endetté et comptait lui emprunter de l’argent ?

« Je zuis à zec en ze bobent du zais. Je n’ai bas un gallion. » *

Lui déclara-t-elle alors que le blondinet lui demandait de s’écarter afin de d’enfoncer la porte, tout en douceur, par à-coup. On aurait dit qu’il avait fait ça toute sa vie ! Voila comment Lou passa de la théorie de l’accro au jeu, à celle du cambrioleur expert en la matière. Ça faisait beaucoup de théories dans un topic, et beaucoup d’imagination dans une tête blonde.

- Crac !!!

La porte vola en morceaux, découvrant le bureau du concierge. Lou avait souvent eut des problèmes avec lui, mais n’avait jamais écopé de la moindre sanction. Comme quoi …elle avait de la chance en fait. La Serdaigle examina les lieux, poussée par la curiosité. Elle mourrait d’envie de fouiner partout, de farfouiller dans les dossiers, mais elle ne savait pas ce qu’il en était pour Kael. En plus, elle n’allait pas faire ça devant un préfet. On ne savait jamais. Certains étaient drôlement rabats-joie, comme l’ancien préfet en chef de Gryffondor, Percy Machin, qui saoulait tout le monde. Le Pouffy ne semblait visiblement pas aussi curieux que la jeune femme, mais il lui proposa de l’accompagner à l’infirmerie. Invitation qu’elle déclina immédiatement, non parce qu’elle n’appréciait pas Kael, mais pour plein d’autres raisons comme : le fait qu’elle ne voulu pas se montrer en compagnie d’un Poufsouffle, le fait qu’elle se sentait comme une cruche d’avoir tant douté de lui alors qu’il ne semblait vouloir que son bien, le fait qu’il soit le petit ammi de sa pire ennemie, le fait qu’ils viennent de saccager le bureau du concierge, et qu’il valait mieux se séparer dans ses cas là, ça ferait plus crédible pour l’alibi, le fait qu’elle avait très mal au nez et qu’elle se retenait de pleurer depuis un bon moment, donc elle était inévitablement impatiente de pouvoir se lâcher, etc. …

« Z’est drès gendil Kael, bais je penze que je bais be débrouiller doude zeule. Boi auzzi j’ai édé condende de de rencondrer. » **

Lui assura-t-elle, ne mentant qu’à moitié. Honnêtement, elle devait reconnaître qu’elle avait détesté cette rencontre (en tout cas c’était le sentiment qui ressortait le plus pour le moment, avec son nez en sang et la frayeur de toute une vie) mais peut-être en rirait-elle dans quelques semaines, avant de finir par trouver le moment très agréable et la rencontre parfaitement réussie. Peut-être même que les Télétubbies cesseraient un jour d’être totalement mièvres, que la population deviendrait moins stupide et que Coluche ressusciterait, en même temps que Christopher Correa s’achèterait un cerveau. Peut-être …

Et Lou s’éloigna dans le couloir, d’abor à petits pas, en faisant signe de sa main libre au gentil blaireau, puis en courant une fois qu’elle eut tourné à l’angle du couloir, afin d’arriver très vite à l’infirmerie.


Traduction :
* Je suis à sec en ce moment tu sais. Je n’ai pas un gallion.
** C’est très gentil Kael, mais je pense que je vais me débrouiller toute seule. Moi aussi j’ai été contente de te rencontrer.

[HJ : Terminé ?]