Soledad était accroupie au pied de l'un des chênes centenaires du parc de Poudlard. Le lieu était presque désert, si ce n'est une jeune fille que l'Aiglonne pouvait apercevoir à quelques pas d'elle malgré le rideau de neige brouillant sa perception visuelle. Cependant, la petite fille jugea plus sage de ne pas s'en approcher, croyant distinguer les couleurs vertes et argentées de son blason. Soledad n'appréciait déjà aucunement les gens de manière générale, mais les Serpentards symbolisaient pour elle le summum du dégoût qu'un être humain peut inspirer. La jeune sorcière s'exerçait au sortilège de Wingardium Leviosa. Elle ne pouvait d'ailleurs pas se permettre de faire autrement, ayant préféré à la plupart des heures de cours de sortilèges quelques petites escapades clandestines à la bibliothèque, et plus particulièrement dans la réserve de cette même bibliothèque. La fait d'avoir manqué de peu de se faire choper par Rusard en train de faire léviter Miss Teigne avait également refroidi ses ardeurs pour ce qui était de pratiquer en intérieur. Ainsi, Soledad pointait sa baguette sur une touffe d'herbe dépassant de la couche de neige ornant le sol, et murmurait l'incantation, tout en esquissant un bref mouvement de poignet. Ses premiers essais s'étaient avérés tristement infructueux, cependant, au bout d'un bon quart d'heure d'entraînement, elle parvenait à exécuter le sort sans difficulté aucune. Qui plus est, elle trouvait que cette méthode d'enseignement était bien plus adaptée à l'apprentissage du sortilège que les cours du professeur, car l'enracinement des plantes rendait l'exercice plus difficile. Dans son insupportable absence d'humilité, Soledad se dit:

**J'avoue, sans modestie aucune, être plutôt douée. Moi qui pensais me retrouver avec les vipères à deux neurones se battant en duel, je comprends mieux désormais pourquoi j'ai été envoyée à Serdaigle.**

-Wingardium Leviosa.

Cette fois-ci, la touffe d'herbe refusa obstinément de léviter. Soledad en était verte de rage, car la jeune sorcière se remettait que difficilement d'échecs aussi cuisants. Cependant, cette tentative lui semblait bien différente de ses autres essais infructueux ; en effet, alors que lors de ses premiers essais, elle ne sentait tout bonnement aucune énergie magique au bout de sa baguette, elle en ressentait ici la puissance, cependant, la touffe végétale semblait peser extrêmement lourd. Par réflexe, l'Aiglonne tira sa baguette magique en arrière d'un coup sec du poignet. A son grand soulagement, l'herbe se souleva, cependant, son triomphe fut de courte durée. Suspendu en l'air comme au bout d'un filin invisible sortant de sa baguette magique, un gnome de jardin agitait ses petits membres joufflus, l'air passablement furieux. Ses cheveux, d'une couleur verte et sale, se dressaient sur sa tête à la rondeur cabossée, ce qui avait fait penser à Soledad qu'il était une touffe d'herbe enfouie sous la neige. La petite fille, née de parents moldus, n'avait jamais auparavant été en contact quelconque avec une créature magique, et prise de panique, elle esquissa un mouvement large et brusque de sa baguette magique, visant à envoyer le gnome le plus loin possible de sa personne. La créature vola, décrivant un arc de cercle parfait, et alla s'écraser avec un bruit mat sur les genoux de la Serpentarde qui avait pris place à une dizaine de mètres de Soledad, sans, semblait-il, se rendre compte de sa présence.

**-Oh mon Dieu, elle va me bouffer toute crue ! **