Syn se rendit compte que le bout de ficelle trouvé dans les poches de l’anonyme en robe noire s’était accroché à sa robe comme une sangsue. Elle le chassa d’un petit revers de main ennuyé. Elle n’était pas encore prête à jouer les charognards, fusse à son insu, même au fond de la misère la plus noire. Misère qui pesait sur sa famille, pas encore noire mais d’un gris bien foncé tout de même. Misère sans laquelle elle n’aurait certainement jamais été obligée de traiter avec de la racaille comme Margidius et aurait pu se contenter de rester une intrigante des hautes sphères comme elle avait commencée à l’être l’année de ses quinze ans. Seulement trois ans de cela et ce souvenir lui apparaissait comme datant de sa petite enfance bafouillante.

"Elle est célèbre ta boutique? Tu as beaucoup de clients?"

Absynthe qui avait ouvert la bouche pour annoncer son départ releva un sourcil et un air presque incrédule se peignit sur son visage. Drôle d’époque qui produisait des jeunes d’un genre curieux près à discuter de la couleur préférée d’une parfaite inconnue qui avait passé son temps à leur démontrer que leur petite vie comptait moins que deux secondes de la sienne. Et au beau milieu d’un cimetière, un soir de pleine lune après être passé d’attaque en agression pendant au moins une heure.

-En fait je viens d’arriver en Angleterre…Mais oui elle est célèbre seulement pas pour la raison que je voudrais. Il faut dire que la plupart des marchands de l’Allée des Embrumes sont des hommes, crasseux ou édentés, voir les deux entre parenthèse, et que je jure un peu dans cette concentration masculine. Mais ce que je propose est assez original alors j’ai la chance de ne pas avoir de concurrent. Nous verrons bien.

Absynthe ne comprenait pas vraiment où la gamine voulait en venir. S’intéressons on au monde des affaires à son âge ? Peut-être avait-elle l’intention de la dévaliser ? Oui elle avait réussie à en fidéliser quelques un qu’elle espérait voir devenir des habitués, mais son jeune âge ne jouait pas non plus en sa faveur. Au moins avait-elle dépassé le stade initial du "mépris amusé : retourne jouer à la poupée fillette" et était maintenant dans une période charnière entre celle dite du "fais tes preuves" et "ah mais ouais finalement elle plaisante pas la demoiselle !". Bref. Ashley revenait à la charge avec une question moins atypique dans sa bouche. Du moins du point de vu d’Absynthe. Entre le bécasse et la pie la jeune fille devait être à mi chemin pour voler un objet brillant et cancaner dessus. Un potentiel de futur mercenaire peut-être ?

*Si elle arrive à passer la barre de la quinzaine ce qui est peu probable étant donné ce qui est prévu.*

-Beau ? Evidemment. Et un tel bijou va immanquablement attirer l’attention sur toi. Ce n’est pas le genre de ta condition je dirais. Je suis sûre qu’il y en a qui vont crier au sacrilège en te le voyant porter. En temps normal je serais de leur avis mais moi je sais le cadeau empoisonné que tu t’es fait alors…

La sorcière fit un mouvement vague de la main. Le médaillon était remarquable par sa facture et elle s’était toujours fait la réflexion que le cou de brute de Margidius aurait plutôt mérité un licol à bœuf…Son changement temporaire de propriétaire était dans le fond une petite amélioration pour ce noble bijou…Et Absynthe allait faire de son mieux pour qu’au final il ceigne un cou princier digne de lui. ( re )
Au loin des aboiement de chiens se firent entendre et des voix commencèrent à résonner quelque part…mais pas très loin. Syn grimaça pour la énième fois de la soirée. Tout ce qu’elle voulait était qu’on la laisse en paix, rentrer chez elle tranquillement, prendre un bon bain chaud et se coucher dans un lit douillet pour passer une bonne fin de nuit. Elle jeta un regard amusé à la jeune fille. Une chance sur deux que ces hommes soient de purs psychopathes équarisseurs d’enfants et de jeunes demoiselles….Un risque qu’elle n’était certainement pas prête à prendre.

-Bien. Je crois que tu ferais mieux de rentrer chez toi si tu sais encore retrouver le chemin. Si tu y arrives en un seul morceaux ou au moins avec l’usage de la parole sans doute nous reverrons nous. Adieu dans le doute.

Pop ! ( ça c’est le bruit de quelqu’un qui transplane en vous laissant le bec dans l’eau )

Un éclair se serrait évanouit moins vite qu’Absynthe qui abandonnait la jeune fille à son destin pour aller ricaner de sa bonne blague profiter d’un repos honorablement mérité dans son siiii doux foyer.

[Valà je pense que c’est mon dernier post à moins qu’il n’y ait un autre problème. Je me suis bien amusée avec Ashley ]