[ Carrément la photo ! ]

Ambre semblait autant apprécier la pluie que lui, et il en fut ravi. Ils avaient au moins ce point en commun, bien qu’un peu étrange. Il se laissa guider par la fillette dont les yeux s’étaient fermés et qui ne semblait plus avoir besoin de voir pour connaître le chemin. Il ne ressentait aucune appréhension et suivait les pas de la fillette, sans un mot, sans une interrogation.

Il fit bien car le lieu où elle le mena le ravit et le stupéfiât. Il ignorait beaucoup, beaucoup de chose de Poudlard et doutait de pouvoir tout en connaître un jour, mais il n’avait jamais imaginé que la forêt interdite s’arrêtait ainsi. Un champ de fleurs dorées qui s’étendait sur toute la pente ornait une bonne partie du paysage et n’était relayé que par quelques arbres, au loin. L’endroit était magnifique.

Le jeune garçon lâcha alors la main de la fillette et s’accroupit juste au bord de la pente raide, comme écrasé par la beauté du paysage. L’odeur acre de la terre mêlée aux odeurs des fleurs dorées et à celles qui étaient dans les cheveux d’Ambre se mélangeait en un parfum entêtant et enivrant. La pluie qui continuait de tomber donnait au ciel cette couleur sombre si caractéristique de l’orage, et c’était ce qui faisait ressortir la dorure du champ de fleur.

Comment connaissait-elle tous ces secrets ? Tous ces lieux ? Combien de temps avait elle dû passer pour découvrir ces endroit fantastiques ? Samael étendit sa main pour cueillir doucement une de ses plantes blondes et l’amena près de son nez pour pouvoir en sentir le parfum sucré. Il leva ensuite les yeux vers le ciel, comme pour remercier quelqu’un, là-haut, ou quelque chose, pour cette pluie qui le lavait de sa méfiance pour ces quelques instants de bonheur, pour ce paysage magnifique et pour cette rencontre qui allait peut-être lui offrir une amie.

« Crois-tu en un dieu ? »

Cette question pouvait paraître inconvenante à cet instant, mais Samael se l’était posé lorsqu’il avait compris qu’elle venait d’un pays étranger et le jeune garçon était passionné par la mythologie. Cette interrogation n’était en fait qu’une ouverture pour connaître un peu mieux la jeune fille et pour se faire découvrir un peu.

[Bah quoi ^^]

Ambre non plus ne l'aurait pas cru si elle ne l'avait pas vu de ses yeux, un jour, par un heureux hasard. Si elle n'était à Poudlard que depuis peu, elle avait eu le temps d'apprécier chaque instant, et de saisir à pleines mains les trésors que chacun d'eux lui tendait. C'est ainsi que sans réellement chercher, elle avait découvert une minuscule part des secrets que l'endroit renfermait.

Toute notion de temps et d'espace avait disparu, et Ambre ne savait pas vraiment s’ils étaient toujours dans l'enceinte de poudlard, mais pour tout dire, elle s'en moquait éperdument. Elle sentit la main du petit garçon glisser de la sienne, il ne lui vint même pas à l'esprit l'idée de faire quoi que ce fut pour la retenir, et avisant une grosse pierre non loin de là, elle s'y allongea. Cette position lui permit de savourer la pluie qui roulait sur son visage, et la caresse tendre du vent caractéristique qui précédait un orage terrible.

La fillette adorait les orages, elle trouvait cela magnifique à regarder, aussi, elle n'envisagea même pas de rentrer se mettre à l’abri. Depuis sa pierre, elle regarda Samael profiter du paysage. Si elle s'était quelques peu éloignée, c'était aussi pour ne pas le troubler. Puis, elle releva la tête, et ferma les yeux, inspirant profondément l'air frais et humide.
Lorsqu'elle entendit sa voix, au travers de la pluie, elle se releva: elle n'avait pas songé un seul instant à cela: comment lui répondre sous la pluie? Comment parler sans utiliser son carnet?

L'idée de tenter une conversation muette lui effleura l'esprit, mais se souvenant de la réaction de Mimi, elle l'oublia aussitôt, et tenta alors quelque chose:
La pierre sur laquelle elle était couchée était légèrement surélevée, aussi, elle abritait un tout petit espace de la pluie. Ambre y enfouit donc son carnet, et traça sans le voir, les mots suivants:

Je crois en plusieurs Dieux, mais je respecte les autres croyances. L'idée d'un seul Dieu rassemblant un pouvoir impossible à imaginer m'effraie... Et toi?

Puis, elle cueillit délicatement dans un arbre non loin de là, une large feuille. Celle-ci était suffisamment grande pour abriter son carnet en entier, aussi, elle se dirigea vers Samael, et lui présenta le tout. Ses joues se teintèrent joliment d'une couleur rosée lorsqu'elle réalisa le ridicule de la situation, mais elle ne pouvait malheureusement pas faire autrement.

Samael avait complètement oublié que la pluie diluvienne empêchait toute communication écrite, et il s’en voulut de faire aussi peu preuve de tact. Cependant, la fillette ne sembla lui en faire grief et réussir à écrire quelques mots. Lorsqu’elle lui tendit son carnet abrité par une feuille d’arbre, Samael sentit le rire monter dans sa gorge. Il se retint, par pudeur sans doute, mais le rose qui envahit les joues de la fillette fasse à l’étrangeté de la situation fut de trop et déclencha en lui un grand rire frais.

Il ne s’arrêta que pour lire les mots tracés à la va vite sur le carnet, et hocha doucement la tête avant de laisser son regard dérivé vers les collines, au loin. En quoi croyait-il ? Un fin sourire moqueur s’adressant à lui-même étira ses lèvres.

« Je n’ai pas de nom aux dieux dans lesquels je crois… Je pense qu’il en existe plusieurs, peut-être sont-ils les différentes facettes d’un seul. Dans certaines religions, il est dit que « l’homme fut crée à l’image de Dieu », et en y réfléchissant, les dieux et déesses des mythologies, bourrés de défauts, nous ressemble plus … »

Sa dernière phrase était pleine de rancœur, et le jeune homme n’était pas sur d’avoir su réellement cacher ce sentiment. Il était Samael, l’ange déchu qui devint le Diable… Son nom lui-même semblait définir ce qu’il était vraiment, au fond de lui. Semblait l’accuser d’actes qu’il avait pris soin de cacher à tous. Il haussa les épaules et d’un ton cynique prononça ces quelques mots qui ressemblaient bien à une accusation.

« Mon prénom à lui seul me décrit bien, je crois … Peut-être était-ce le Destin. »

Il avait plus craché que dit ce dernier mot, comme si il ne voulait pas y croire, comme si il aurait voulu le tenir pour responsable de son passé.

[ Désolé, j'ai un bon manque d'inspi là ... -_-' ]

Les quelques secondes qui précédèrent la réponse d’Ambre à sa main tendue furent pour Samael un supplice. Parce que c’était le genre de geste qu’il n’avait jamais fait, parce qu’il offrait quelque chose qui lui semblait précieux. Parce qu’il comprenait peut-être réellement ce qu’était l’amitié, enfin. Parce qu’il avait peur qu’Ambre refuse son cadeau.

Et la jeune fille posa sa paume chaude contre celle de Samael. Un sourire d’abord tremblant étira ses lèvres, alors que le jeune garçon réalisait pleinement ce qu’il venait de faire, et ce qu’elle venait d’accepter. Son sourire s’élargit alors, illuminant le visage d’un enfant heureux, aux yeux noirs qui rayonnaient de joie. Il avait trouvé une amie. Et il ferait tout pour mériter cette découverte. Il commençait à comprendre la sécurité que pouvait procurer une amitié, mais aussi les responsabilités.

Il acceptait tout cela avec ce qu’il lui restait de cette naïveté enfantine, sans poser de questions, sans chercher de réponse. Ses yeux noirs pailletés de bonheur ne quittaient plus ceux de la jeune fille, comme pour être sur qu’il ne s’agissait ni d’une vaste plaisanterie, comme pour s’assurer que ce n’était pas qu’un rêve.
Samael se rendit alors compte que la pluie s’était arrêtée et que les nuages noirs filaient vers l’horizon, laissant place au ciel clair. Un rayon de soleil tiède caressa le visage du garçon, et il sourit doucement, savourant cette caresse presque imperceptible mais qu’il appréciait à sa juste valeur.

[Pas grave! J'adore quand même ton style! et puis ça arrive à tout le monde.... En plus, on peut pas dire que je t'aide beaucoup... ^^]

La fillette ne le quittait pas non plus des yeux, scrutant la moindre expression, le moindre rictus, qui pourrait traduire l’un ou l’autre des sentiments qu’il pouvait ressentir. Elle vit avec plaisir ce sourire naître sur les lèvres de son ami, ce qui eut le don de l’enchanter. Ce cadeau qu’il venait de lui faire avait plus de valeur à ses yeux que n’importe quelle autre chose qu’elle aurait pu recevoir.
L’euphorie qui l’envahit alors brutalement, sous forme d’une vague de bonheur émise par son cœur, la fit frissonner violemment.

Elle réalisa alors à son tour que le temps avait radicalement changé. Malheureusement, la petite Indienne n’était pas habituée à cela, ou tout du moins, dans son pays, lorsque la mousson balayait les cieux, il faisait chaud, aussi, on n’avait jamais froid. Cependant, ici, la température était nettement différente, et la fillette le ressentait violemment, même si cela ne lui déplaisait pas. Les deux enfants étaient trempés, et il était vrai que la petite fille fut prise de légers frissonnements, de froid cette fois-ci. Cependant, elle les ignora royalement, préférant apprécier ce moment à sa juste valeur.

Si la petite quitta un instant le regard de Samael, ce fut pour les fermer et goûter avec plaisir la caresse des rayons du soleil sur sa fine peau couleur café-au-lait. Le changement de climat semblait saluer cette nouvelle amitié, ou en tous les cas, c’est ainsi que la fillette le voyait. Si elle ne savait pas ce que le temps réservait à ce lien précieux, elle ne se posait pas réellement de questions, cependant, elle était certaine d’une chose : que jamais elle n’oublierait cet instant, qu’il resterait à jamais gravé dans son esprit, où qu’elle aille.

[ Un peu de rebondissement ?! 'Mael le maladroit est lààà ... ^^ ]

Samael souriait, et son sourire, au lieu de disparaitre aussi rapidement que les autres, resta sur son visage, éclairant ses yeux. Il était heureux et ne pensait à rien d’autre qu’à savourer l’instant présent. Il regarda la jeune fille qui ferma les yeux et tendit son visage vers le soleil pour gouter la tiédeur qu’il leur offrait. Il surprit sur la peau d’Ambre des frissons de froids, et regretta de n’avoir que sa chemise ; il lui aurait volontiers cédé sa cape, si il l’avait prise.

C’était un moment magique, où le temps s’était arrêté. Il aurait put durer longtemps si Samael, en reculant d’un pas, n’avait pas heurté cette racine noueuse. Il se sentit glisser en arrière, et sans pouvoir esquisser le moindre geste, il commença à dévaler la pente glissante d’humidité, en roulant sur lui-même. Il se retrouva rapidement en bas, un peu sonné, assis.

La chute n’avait pas été dangereuse, et le jeune garçon ne mis que quelques secondes à reprendre ses esprits. Lorsqu’il bougea enfin, ce fut pour relever la tête vers Ambre, plus haut, en grimaçant. Si il n’avait rien de cassé, il en serait quitte pour des bleus et des bosses, c’était sur… Il passa sa main sur sa nuque endolorie, et grogna.

Il était vraiment ridicule… Se casser la figure de la sorte était idiot, mais réussir à dévaler la pente comme ça relevait de la stupidité… Il haussa les yeux au ciel, rougissant de honte, et se tourna à nouveau vers Ambre, qui était encore en haut de la pente. Baissant le regard, il surprit quelques petites taches vertes pommes qui constellaient son pantalon.
** Aie, aie, aie …** pensa’ il en regardant l’entaille qui traçait sa main une ligne pourpre.

Il souffrait bien plus pour son ego que pour ces insignifiantes blessures. Cependant, il leva la main vers Ambre pour la rassurer, lui dire que tout allait bien. Il resta assis, n’osant pas remonter tout de suite pour supporter le regard moqueur que pourrait avoir son amie.
** Mais quel idiot…**

[ Désolé pour le retard ... ]

La jeune indienne dévala la pente pour le rejoindre, et le jeune homme lui adressa un sourire gêné. Il n’aimait pas cette situation, où il était à terre par maladresse. Et part jouer la comédie pour une fine blessure, il ne voyait pas comment s’en sortir sans qu’elle puisse voir sa honte. Il haussa alors les épaules, et leva les yeux au ciel, d’un air faussement excédé.

« Tout ça à cause d’une stupide racine… »

Et de sa maladresse, mais Samael ne le rajouta pas, c’était trop évident de toute façon. Ambre s’agenouilla alors près de lui et, à l’aide d’un mouchoir immaculé, lui essuya le sang qui coulait à petites gouttes de sa main. Elle fit cela avec tant de douceur que le jeune homme ne put s’empêcher d’être touché par cette attention, et il lui adressa un sourire simple et lumineux. Quand elle eut fini, il se releva, jeta un œil sur la fine plaie qui zébrait sa main, puis se tourna vers la jeune fille.

« Merci. »

Il ne dit que cela, mais dans ses yeux brillait de la reconnaissance. Reconnaissance pour s’être occupé de lui avec tant de douceur et de patience, bien sur, mais aussi pour sa discrétion sur sa maladresse, et le fait qu’elle ne se soit pas moqué de lui. Sur le coup, ‘Mael savait bien qu’il l’aurait mal pris, même si maintenant, il était prêt à en rire. Il jeta un coup d’œil sur la pente qu’il venait de dévaler sur les fesses, et un sourire moqueur étira ses lèvres.

« Plutôt bien réussie, pour une cascade improvisée… »

Le sourire qu’il réserva ensuite à Ambre lui fit comprendre qu’elle pouvait bien rire de sa chute si elle le voulait, car lui-même essayait de la tourner en dérision. Le ridicule ne tue pas, disait un précepte.

** Heureusement…** pensa le jeune garçon, se moquant de lui.

Il essuya son pantalon, décollant les brins d’herbes qui s’étaient attachés à son jean en le constellant de tâches émeraude. Ici, en plein milieu des fleurs jaunes, le parfum était encore plus fort, plus obsédant, et le jeune homme ferma les yeux pendant quelques instants pour se laisser enivrer par cette odeur. Quelques gouttes de sang recommençaient à perler sur sa main, et instinctivement, sans y réfléchir, il la porta a sa bouche pour sucer le sang et la nettoyer, comme il l’avait toujours fait, plus jeune.
Il se rendit soudainement compte que cela pouvait paraître incommodant pour Ambre, qui pourrait être étonné, sinon choqué ,de ce geste, et il lui adressa un semi sourire d’excuse en haussant les épaules.

[Boh c'est pas bien grave comparé au mien de retard.... Je suis vraiment navrée, je viens de revenir d'Inde...]

L'idée que Samaël pouvait avoir été vexé par cette situation n'avait même pas effleuré l'esprit de la fillette. Cependant, elle le sentit dans l'expression de son ami, lorsqu'il accusa la racine. Cela l'amusa, et elle haussa un sourcil, dans une expression qui aurait aisément pu signifier :

* Et de ta maladresse...*

Mais Ambre n'était ni méchante, ni moqueuse, alors elle lui souria. Lorsqu'il la remercia, elle secoua la tête, pour signifier qu'il n'y avait absolument pas de quoi, en effet la petite Bleue et Bronze avait fait cela machinalement, pas pour s'attirer les faveurs du garçon, mais plutôt comme elle l'aurait fait pour n'importe qui. Son attention naturelle la poussait à faire de son mieux pour rendre service autour d'elle.

Cependant, le regard empreint de reconnaissance que son ami lui lança la réchauffa, il lui semblait qu'il l'enveloppait toute entière dans ce regard. Cette sensation, elle ne la connaissait pas, et elle ne savait pas vraiment si elle l'aimait. Elle ferma les yeux et s'en imprégna.
Puis, elle les rouvrit lorsqu'elle entendit la voix si rare de son ami, qui tentait de tourner en dérision sa chute.

Elle sourit alors, amusée par sa réplique. Elle le vit ensuite sucer les petites gouttes de sang qui s'échappaient de sa blessure, et aussi étrange que cela puisse paraître, elle n'en fut absolument pas choquée. Pourquoi? Parce que dans son pays, elle côtoyait quotidiennement des horreurs bien plus normales que ce que faisait le petit garçon. Aussi, lorsqu'il s'excusa, elle secoua la tête pour signifier que ce n'était rien.

Il devait être l'heure du repas depuis un sacré moment déjà, mais Ambre s'en fichait. Végétarienne pure souche, elle avait du mal à trouver son bonheur dans les menus Européens, bien pauvres en légumes. Cependant, elle savait qu'il n'en était pas de même pour son ami, et elle s'attendait à tout instant à l'entendre réclamer de rentrer manger.
Curieusement, la petite Indienne se surprit à espérer que cet instant ne vienne pas tout de suite, elle se savait faire le maximum pour repousser ce moment. Mais elle réalisa alors que c'était très égoïste de sa part, et son regard s'éteignit l'espace d'un instant.