Laetitia avait erré pendant plusieurs heures dans l'école, cherchant le fameux miroir dont les gouvernantes lui avaient parlé. "Un miroir très spécial, devant lequels tous tes désirs seront imagés. Mais attention, ne le regarde jamais, n'essaie même pas de le chercher, car le Miroir du Risèd ne matérialise pas tes rêves, il fait en sorte que tu sois totalement dépendante de lui pour te faire perdre la raison."

Laetitia avait plusieurs dizaines de fois essayé de chasser cet objet maléfique de ses pensées, en vain. Et elle avait compris le sens d'une expression assez connue: "Si tu refoule tes envies, elles reviennent encore plus puissantes." Un matin, elle s'était donc décidée à braver l'interdit, et la Poufsouffle était partie à la recherche de cette chose tant convoitée.

Elle se retrouva soudain devant une porte en bois de cerisier, de taille modeste, sans inscription ni blason, ce qui était plutôt rare. Laetitia poussa la porte d'une main décidée, et se retrouva evant un miroir extraordinaire, qui paraissait viellot, mais, la jeune fille le savait, représentait une valeur inestimable. Elle s'approcha d'un pas vacillant. Assise en tailleur à une cinquantaine de centimètres de l'objet, Laetitia attendit quelques secondes, puis une image apparut.

C'était un couple d'une trentaine d'années, debout côte à côte. Chacun des étrangers était enveloppé dans une cape sombre, et portait un chapeau long en forme de cornet.

Laetitia sursauta et se releva brusquement. Cherchant fébrilement un crayon et un morceau de parchemin, elle dessina l'image qui se reflétait dans le miroir. Soudain elle laissa tomber le tout par terre, à ses pieds. Quelqu'un approchait. La jeune Poufsouffle s'éloigna du miroir et du bout de papier tombé face visible, mais elle n'eut pas le temps de s'éloigner.
L'inconnu(e) approchait des affaires abandonnées et du miroir, et s'il arrivait à leur hauteur, il verrait forcément Laetitia... et le dessin...

[à vous!]

Ambika était arrivée là un peu par hasard. Elle avait encore un mal fou à se repérer dans le dédale de couloirs de ce château, même si elle s'habituait peu à peu à l'impression d'être au coeur d'une jungle d'escaliers maléfiques déguisés en école pour mieux se repaître de la frustration des élèves.

*Tant qu'à faire, je n'ai qu'à visiter un peu... On verra bien où j'arriverai !*

C'était cette pensée qui l'avait guidée jusqu'à la porte entrbaîllée qu'elle venait de pousser. Un bruit de pas parvint soudain à ses oreilles. Y avait-il déjà quelqu'un ? Elle s'avança dans la pièce et son regarda fut aussitôt attiré par un grand miroir posé contre le mur. Il s'en dégageait une impression d'ancienneté et de puissance magique impressionnante. Elle était encore trop loin pour pouvoir se regarder dedans, mais elle avait l'impression que si elle le faisait, l'image que lui renverrait le miroir ne serait pas celle à laquelle on s'attendait... Ou même, qu'un malédiction s'abattrait sur elle pour la punir d'avoir oser se regarder dans cet objet si puissant comme s'il s'agissait d'un banal miroir de toilette. Comme hypnotisée, elle mit un moment à se souvenir du bruit de pas qu'elle avait entendu quelques secondes plus tôt.

Clignant des yeux, elle se força à regarder autour d'elle et vit qu'elle n'était pas seule dans la pièce : une jeune fille de son âge se trouvait là, non loin du miroir et d'une feuille de papier tombée à terre sur laquelle s'étalait un dessin griffonné à la hâte.
Ambika posa d'abord ses yeux sur la feuille, puis sur la jeune Poufsouffle (elle l'avait reconnue à son blason).

Une Poufsouffle. C'était la première de cette maison qu'elle rencontrait depuis son arrivée. Sans même s'en rendre compte, la curiosité qui s'affichait sur son visage fit place à une expression distante à la limite du mépris. Elle observa la jeune fille de haut en bas, avec attention. Elle aussi l'observait, une lueur craintive dans les yeux. L'avait-elle surprise à un moment où elle ne voulait pas être vue ? Qu'était-elle en train de faire avec ce miroir ?

Sans dire un mot, Ambika s'avança vers la feuille tombée à terre et se pencha pour la ramasser. C'était sans doute cette Poufsouffle qui avait fait le dessin. Malgré son envie de se montrer hautaine et fière envers cette jeune fille à la mine si stupidement affolée, elle était intriguée par sa présence à côté du miroir. C'était sans aucun doute un objet de grande magie. En connaissait-elle le secret ?


(je précise : "elle se pencha pour la ramasser", mais elle ne l'a pas encore ramassée donc tu as le temps d'intervenir si tu veux )

Laetitia avait les yeux fixés sur la Serpentarde (elle aussi l'avait reconnue à son blason :bouletdujour: ). Son expression surprise s'était changée en un instant en une expression hautaine, celle qu'affichent ceux qui se croient supérieurs. Elle sentit la panique s'emparer d'elle. Si cette inconnue ramassait la feuille, elle reconnaîtrait aussitôt ce qu'elle avaient dessinés. Et une Poufsouffle qui dessine des Mangemorts, ce n'était pas bon du tout.

Oui, les deux personnes qu'elle avait vu dans le miroir étaient bien des mangemorts. Mais ses parents... Non, c'était trop dur à avaler. Une action horrifiante la ramena soudain à la réalité: l'inconnue se penchait vers ses affaires... Non, c'était la feuille de papier qu'elle regardait. Tétanisée, Laetitia ne savait plus quoi faire.

**Je m'enfuie? Je l'assome? Je fais croire à un dessin quelconque?**

Les pensées arrivaient dans sa tête et s'y installaient, l'embrouillant totalement.

La Poufsouffle les refoula avec force et fit quelques pas vers la porte... Non, elle n'aurait pas le temps! Mais à présent elle n'était pas sûre de pouvoir atteindre la Serpentarde assez vite pour l'empêcher de regarder. Elle s'avança alors, mais à chaque pas sa colère grandissait. Colère contre le monde, colère contre le miroir, colère contre tout. Elle cria alors en direction de l'inconnue hautaine:

Ne prends pas cette feuille!

"Ne prends pas cette feuille !"

Le ton était tellement autoritaire, et l'exclamation tellement innattendue, que la main d'Ambika tendue vers la feuille de papier s'immobilisa. Se relevant lentement, elle fixa la jeune Poufsouffle dans les yeux. Elle avait avancé de plusieurs pas vers elle, et était devenue rouge de colère... et d'affolement.

*Qu'as-tu à cacher ?* interrogea-t-elle intérieurement en la détaillant de nouveau du regard.

Au moment de prendre la feuille, elle avait juste eu le temps d'apercevoir deux silhouettes sombres dessinées au milieu de la page, avant que le cri de la jeune fille ne lui fasse relever les yeux. Ambika baissa de nouveau son regard vers le dessin mais avant qu'elle ait eu le temps de le regarder avec attention, une deuxième voix parvint à ses oreilles.
Il y avait quelqu'un d'autre ? Comment avait-elle pu ne pas la remarquer ? En fait, ce n'était pas si étonnant, obnibulée comme elle l'était par le miroir...
Avant qu'elle ait eu le temps de réagir, la jeune fille s'avança jusqu'à la feuille, la prit et la tendit à la Poufsouffle.

*Non mais de quoi je me mêle ?* pensa Ambika irritée.

La mystérieuse image échappait définitivement à son regard. Croisant les bras, elle se tourna vers l'inconnue qui avait ainsi surgi au milieu de la scène. Son visage était étrangement inexpressif, mais quand elle regarda en direction d'Ambika, ce fut avec un sourire plein de mépris.

"C'est très malpoli de se mêler des affaires des autres."

Sans la quitter des yeux, la jeune indienne redressa la tête, dans ce geste hautain qui la caractérisait si bien, et répondit d'une voix calme mais sèche :

"C'est pourtant exactement ce que tu viens de faire."

Laetitia avait détaillé la nouvelle appartition avec des yeux ronds. Depuis quand cette inconnue était t'elle là? L'avait- elle vu devant le miroir? La Poufsouffle espérait bien que non! Sa colère s'était évanouie aussi vite que la nouvelle venue était apparue, mais elle restait craintive, sur ses gardes, écoutant la conversation d'une oreille distraite, à moitié plongée dans ses pensées.

**Réfléchis! Réfléchis!** Pensa t'elle avec force.

Soudain la jeune inconnue lui tendit la feuille de papier griffonée. Laetitia faillit déchirer son dessin, mais elle fut arrêtée dans son geste. Elle devait le garder. Pour consulter les archives du ministère, il lui fallait une raison, et cette raison était représentée sur ce bout de parchemin. La jeune fille préféra donc la plier en deux et la fourrer dans sa poche, cachée des regards des autres.

Une fois cette dernière action terminée, elle s'intéressa de plus près à la conversation. Les deux inconnues semblaient se disputer devant elle, et, sûrement, à cause d'elle. Elle surprit les deux dernières répliques.

Bon, c'est bon, c'est pas grave... articula t'elle avec difficulté en direction des deux filles.

Emily se décida enfin à entrer. Elle allait à la Salle commune quand des voix -des hurlements, plutôt!- lui avaient fait faire un détour. Elle avait très légèrement entrebâillé la porte pour voir ce qu'il se passait. Une jeune Serpentard semblait suspendue en pleine action, prête à ramasser quelquechose par terre, tandis qu'une petite Poufsouffle lui vociférait de ne pas y toucher. Intéressant. Qu'y avait-il sur cette feuille?

Alors qu'elle était prête à intervenir, une troisième fille arriva par l'autre porte, à l'opposé de celle derrière laquelle Emily se tenait toujours cachée. De quelle Maison était-elle, celle-là? Cela commençait à devenir compliqué, cette histoire. Et intéressant, aussi. La jeune Serdaigle décida de rester un peu. Ah. Apparemment, la nouvelle venue prenait le parti de la petite Poufsouffle, elle n'était donc certainement pas à Serpentard. La jeune-fille-à-la-Maison-inconnue rendit la feuille de papier à sa protégée. Quand ce fut fait, elle s'excusa auprès de la Serpentard et sembla vouloir se lier d'amitié avec elle, avant de se résigner. Aucun doute possible, elle était à Serdaigle. Emily avait le même problème: même si les Poufsouffle étaient sympas, elle les trouvait un peu idiots; les Serpentard dégageaient quelquechose de particulier, mais en faisaient peut-être un peu trop et pouvaient être vraiment cruels.

La suite conforta Emily dans son hypothèse: la rousse se dirigea vers le grand miroir au fond de la pièce -tiens! perdue dans ses pensées, la jeune fille ne l'avait pas vu, celui-là!- et se présenta, avouant ainsi qu'elle était à Serdaigle. Emily plissa les yeux. La rouquine parlait à un miroir!? En tout cas, ça ne semblait pas choquer les deux autres.

Emily se décida enfin à entrer. Wouaw! L'ambiance était tendue, là-dedans! Elle regarda les trois filles qui se tenaient à une certaine distance les unes des autres.

"Hum!... Salut... Vous pourriez m'expliquer ce que c'est?" demanda-t-elle en pointant le miroir du doigt. "Je m'appelle Emily Brown et je suis à Serdaigle", ajouta-t-elle, espérant que la rouquine prendrait son parti.

Apparemment, les paroles de Laetitia n'avaient servi à rien. L'inconnue sans maison avait répliqué à la Serpentarde et s'était ensuite présentée aimablement, ce qui n'avait aucun sens. Une Serdaigle... La jeune Poufsouffle ne se présenta pas, car s'était à la Serpentarde que Zélie avait parlé.

Soudain, alors qu'elle essayait de comprendre ce qui s'était passé, une autre jeune fille apparut à la porte.

**Ils font tout pour m'embrouiller ou quoi?** Pensa t'elle avec une pointe d'agacement.

Elle écouta l'inconnue se présenter. Comme Emily n'était pour rien dans la dispute, Laetitia se tourna vers elle, s'approcha de quelques pas et tendit la main.

Salut! Moi je m'appelle Laetitia Marchall, je suis à Poufsouffle.

La jeune fille essaya de sourire mais n'y parvint pas. Elle venait de vivre l'un des pires moments de sa vie.

Laetitia préféra donc s'intéresser à la question posée par la Serdaigle.

C'est un miroir très spécial, tu ne connais pas? Le mioir du Risèd permet de visualiser, si on le fixe quelques secondes, la chose qu'on désire le plus au monde. Seulement de visualiser. Expliqua t'elle.

Mais c'était très difficile de l'expliquer par la parole, alors, abaissant sa main toujours tendue vers la nouvelle arrivée, elle la tira vers le miroir et lui fit regarder dedans.

Tu vois quelque chose? Demanda t'elle, pourtant certaine de la réponse.

Ambika vit la jeune fille qui, étrangement, ne portait pas d'uniforme, se rapprocher d'elle dans une attitude assez menaçante. Cependant, elle gardait son calme. Depuis le début de la scène, elle n'avait pas crié, n'avait montré aucun énervement ni aucune forme d'hystérie. Pas comme l'autre qui semblait être sur le point de s'évanouir !
Ambika ne voulait pas quitter l'inconnue des yeux, mais elle ne put s'empêcher de jeter un regard rapide à la Poufsouffle. Son trouble était-il dû à ce qui venait de se dérouler, ou à quelque chose qui était arrivé plus tôt ? Qu'avait-elle vu dans ce miroir ? Qu'avait-elle dessiné sur cette feuille ? Elle savait parfaitement que cela ne la regardait en rien, mais elle ne pouvait s'empêcher de se poser la question. Elle avait presque l'impression que c'était... Non, ridicule ! Comment pourrait-il y avoir de la magie noire à Poudlard ? Pourtant, la magie noire, elle la connaissait... Et ce miroir produisait un effet très semblable sur elle...

"Bon, c'est bon, c'est pas grave..."

La Poufsouffle essayait manifestement d'arranger la situation. Comme s'il y avait quoi que ce soit à arranger ! Sans décroiser ses bras, Ambika soutint le regard de la jeune fille qui plongeait ses yeux dans les siens.

"Je me mêle de tes affaires ? Tu m’excuseras, mais moi c’est pour une bonne chose."

Le ton n'était pas agressif. Ni provocant. Ni même méprisant. Même si elle serait morte d'orgueil (ou presque) plutôt que de l'avouer, Ambika ressentit soudain un certain respect pour cette fille qui s'était interposée aussi soudainement et aussi, même, un peu d'admiration.

Sa main se leva vers elle, comme pour lui demander de la serrer, puis se rabaissa aussitôt, et la jeune fille se détourna. Ambika se surprit à se demander si elle aurait accepté cette poignée de mains, si elle en avait eu le temps. Sans doute pas. Mais peut-être que si ? De toute façon, la question ne se posait plus...
L'élève à la maison inconnue se dirgeait vers le miroir, et Ambika retint son souffle. Elle n'avait pas encore osé le faire : que se passait-il lorsqu'on se regardait dedans ? Mais elle n'eut pas l'occasion de le savoir, car juste au moment où elle arrivait en face, la jeune fille se retourna de nouveau, cette fois vers les deux autres en même temps, et se présenta.

"Je suis Zélie Colien, Serdaigle ! Ravie de vous rencontrer."

Serdaigle. La maison qu'Ambika connaissait le moins.

*Je me demande si tous les Serdaigles sont comme elle...*

Comme pour répondre à sa question, une autre élève (décidément, il y avait du monde dans les parages !) fit irruption dans la pièce, vêtue de l'uniforme bleu et bronze et du blason représentant un aigle.

"Hum!... Salut... Vous pourriez m'expliquer ce que c'est ? Je m'appelle Emily Brown et je suis à Serdaigle"

Deuxième spécimen, donc. Celle-là fit moins bonne impression sur Ambika que la première, en particulier quand elle s'aperçut qu'elle semblait bien s'entendre avec la Poufsouffle.

*Si elles sont du même genre, j'imagine déjà le tableau...* pensa-t-elle ironiquement.

Elle même ne se serait jamais autorisée à avouer son ignorance, mais elle était pourtant ravie que cette Emily ait posé la question à sa place. Elle écouta les explications de la Poufsouffle - Laetitia, elle s'était présentée à son tour - avec le plus grand intérêt. La chose qu'on désire le plus au monde... C'était donc ce qu'elle avait dessiné ? Son plus grand désir, tel qu'elle l'avait vu dans le miroir ? Non, ça ne collait pas. Le dessin représentait deux silhouettes sombres : ce ne pouvait être un désir, si ? Mais si ce n'était pas ça, alors pourquoi être venue ici pour faire ce dessin ?
Mais en fait, la question ne l'intéressait plus. Savoir quel était le désir d'un Poufsouffle et quel rapport cela avait avec un gribouillage n'avait aucun intérêt. Ce qui comptait, maintenant... C'était ce miroir.
Ambika regarda en sa direction avec intensité. Elle n'était pas positionnée de façon à voir son refler, par contre, Laetitia venait d'entraîner Emily devant pour qu'elle puisse s'y regarder. Elle se demanda un instant ce que la Serdaigle pouvait être en train de voir, puis s'en désintéressa aussitôt. Ce qui lui importait, c'était ce qu'elle verrait, elle. Si toutefois elle avait le courage de regarder. Mais en tout cas, elle ne le ferait pas ici, pas aujourd'hui. Elle attendrait d'être seule pour revenir.
Laissant les deux jeunes filles à leur discussion, Ambika se tourna vers... Comment, déjà ? Ah, oui, Zélie. Cela lui rappela qu'elle était maintenant la seule à ne pas s'être présentée. Décroisant enfin ses bras, signe qu'elle baissait la garde, elle posa à la place ses mains sur ses hanches (car elle ne supportait pas de rester les bras ballants) et, s'adressant à la Serdaigle, se présenta à son tour.

"Je m'appelle Ambika. Tu dois t'en douter, je suis à Serpentard."

Elle jeta un regard en direction des deux autres et ajouta :

"Il ne manquerait plus qu'un Gryffondor pour que ce soit le rassemblement général..."

On pouvait percevoir une pointe d'ironie dans sa voix, sans doute due au fait que tellement d'élèves s'étaient retrouvés "par hasard" et au même moment dans cette pièce, qui n'était pourtant pas située à un endroit très fréquenté du château...