Jupe plissée, collants et bottes ou pantalon taille-basse et bottines ? Dilemme cornélien s’il en est et devant lequel Lavande était bloquée depuis désormais une demi-heure. Elle avait déjà choisi le haut : chemisier blanc à fines rayures noires, gilet sans manche bleu marine à rayures noires également, sur lequel elle avait installé une broche achetée l’été précédent à Paris, cravate grise lâche et gavroche assortie mais pas moyen de se décider pour le bas. Si elle se laissait convaincre par la jupe, ça lui donnait un style school girl tendance qui lui plaisait bien mais avec le jean et les bottines, elle faisait plus détendue, or elle allait boire un verre entre potes pas à un rendez-vous avec Kael. Sauf qu’ils allaient chez Mme Pieddodu et que, même dans une ambiance amicale, ce lieu avait une aura particulière qui faisait qu’on n’y rentrait pas habillée n’importe quoi, question de standing ! Elle eut un bref flash-back de son premier rendez-vous en ce lieu en compagnie de Seamus qui lui tira un sourire nostalgique, mais le visage de l’Irlandais fut bien vite remplacé par celui d’un magnifique Celte aux yeux bleus. Pas la peine de se remémorer le bon temps alors que le présent était on ne peut mieux.

Elle perdit d’ailleurs encore quelques minutes à fantasmer sur Kael qu’elle avait pourtant quitté seulement quelques heures auparavant pour venir se préparer justement, lorsqu’une voix masculine se fit entendre derrière sa porte.

-Bon Lavande, t'es prête maintenant ? Vous les filles je vous jure, vous mettez trois mille ans à vous préparer... on va être à la bourre et je n'ai pas envie de faire attendre Tomas là-bas !

Raah les mecs et leur impatience chronique ! On ne brusque pas une jeune fille en pleine décision délicate et capitale de la tenue qu’elle va porter pour la soirée, merde quoi ! Elle lui cria donc de prendre son mal en patience le temps qu’elle finisse de se préparer. Elle n’en avait plus pour très longtemps. Pieux mensonge mais mieux valait ne pas effrayer le pauvre Alan en lui déclarant tout ce qu’il lui restait encore à faire. Enfin, elle finit tout de même par se décider pour l’option jupe, voulant profiter des derniers jours où la température le permettait encore, passa ensuite dans la salle de bains pour un coup de brosse rapide, la touche de maquillage nécessaire, puis, ramassant son sac à main, elle se dirigea vers la porte. Et c’est dans cette tenue qu’elle l’ouvrit sur un Alan toujours aussi bougon que d’habitude. Elle répondit d’ailleurs du tac au tac :

-Quand on a un minimum de goût et la garde-robe qui va avec si !

Et sur ces paroles pleines de sagesse, ils transplanèrent devant le salon de thé de Mme Pieddodu. Une vague de nostalgie de son adolescence envahit Lavande qui n’y avait pas remis les pieds depuis sa rupture avec Ron, mais elle se remit bien vite et entra la première, après avoir remercié Alan d’un signe de tête pour sa galanterie. Cependant, à peine furent-ils à l’intérieur qu’un évènement qu’aucun d’eux n’avait prévu eut lieu : la serveuse les prit pour un couple ! Et tandis qu’Alan s’étranglait et tentait -car il était loin de réussir, c'est le moins qu'on puisse dire- de la convaincre du contraire, Lavande observa leur couple d’un œil critique. Objectivement, ils étaient tous les deux pas mal du tout, ils étaient bien fringués et venaient d’entrer à deux dans le sanctuaire des couples, l’erreur de la serveuse était tout fait compréhensible. La situation aurait d'ailleurs pu être comique -Alan agacé l’était toujours- si elle n’avait pas été trop habituée à ce qu’on l’interroge sur la « véritable nature de sa relation avec Desoya » avant que son couple avec Kael ne soit officialisé. Il faut croire que les gens de l’UMA sans compter sa propre famille ne comprenaient pas qu’on puisse faire simplement ami-ami avec un BG quand on était soi-même plutôt canon. Les gens étaient tellement étroits d’esprit ! Et ceux présents ne dérogeaient pas à la règle. Des commentaires affligeants commencèrent à fuser de toutes parts, qu’elle aurait pu prendre comme des compliments si elle avait été en présence de Kael et surtout si la serveuse avait accepté l’explication d’Alan pour ce qu’elle était, à savoir la vérité. Mais non, les gens voulaient qu’on leur vende du rêve, de l’exotisme et c’était donc bien plus intéressant de penser qu’ils étaient juste un couple un peu timide de s’afficher devant tout le monde.

D’ailleurs, ça avait l’air d’énerver le père Desoya de plus en plus et ce qui devait arriver arriva, il perdit totalement les pédales, engueulant joyeusement la pauvre serveuse et brisant les rêves des personnes dans la salle. Too bad. Lavande ne réagit cependant pas, sachant qu’il valait mieux laisser son ami se calmer tout seul avant de faire une quelconque remarque. Néanmoins, lorsque la serveuse en rajouta encore une couche, elle considéra que trop c’était trop et tandis qu’Alan l’entrainait vers le fond et une table de son choix, elle se retourna vers la crétine de service pour laisser les choses bien claires.

-Lorsqu’un garçon avec un accent allemand viendra, indiquez-lui notre table, MERCI !

Un instant elle eut peur que quelqu’un s’imagine qu’ils se tapaient un plan à trois -surtout que lorsque Tomas se pointerait, bien sapé elle n’en doutait pas, et mignon également, il ne détonerait pas à leur table- puis elle se dit que si les gens avaient l’esprit suffisamment perverti pour inventer des conneries pareilles, c’était leur problème pas le sien. Après tout, les gens qui fantasmaient, c’était parce qu’ils n’avaient pas l’occasion de pratiquer, alors tant pis pour eux.

Elle s’assit donc tandis qu’Alan prenait une chaise d’une autre table pour l’installer à la leur en attendant qu’elle soit occupée par leur ami commun -instigateur de cette soirée qui commençait plutôt mal pour les deux jeunes gens déjà présents avouons-le- et lui répondit avec un sourire crispé, parce qu’elle aussi commençait à être légèrement sur les nerfs avec toute cette histoire de non-couple et surtout parce que si, habituellement, le caractère sanguin d’Alan l’amusait, là elle aurait préféré qu’il se contrôle un peu plus.

-Ecoute moi aussi ça me gonfle, pas la peine d’invoquer Kael pour me le rappeler, je sais me défendre seule, seulement tu ne m’as pas laissé en placer une je te rappelle. Et franchement ton attitude n’arrange rien. On s’en serait sûrement mieux sorti si tu avais gardé ton calme et qu’on avait simplement expliqué la situation tranquillement, mais non comme d’habitude, tu as sauté sur tes grands …
- Dis "souris" !

Elle fut coupée dans sa tirade moralisatrice par l’arrivée de Tomas et elle se retourna surprise mais heureuse de le voir. Suivant les directives, elle sourit et constata que Tomas venait de la prendre en photo. Bon bah définitivement elle avait bien fait d’opter la jupe si cette soirée allait être immortalisée. Alan en profita d'ailleurs pour couper court à leur discussion et dire bonjour à Tomas, sans oublier de bougonner encore un peu pour la forme. Lav’ lui lança un regard d’avertissement : il n’avait pas intérêt à gâcher cette soirée de retrouvailles ou il aurait affaire à elle. Il avait beau ne pas être extrêmement sociable, ils étaient entre bons amis, alors merde il pouvait faire un effort. Puis, elle se retourna à nouveau vers Tomas qui prenait place et lui adressa la parole :

-Contente de te revoir. Alors t’as pas eu trop de mal à passer la serveuse, elle nous a bien pris la tête personnellement. Nous prenant pour un couple, elle nous a pas lâché et Alan, calme et posé comme toujours, ça il l’avait bien cherché, a nettement amélioré la situation. Dommage que tu n’aies pas assisté au massacre, ça valait son pesant de cacahuètes.

Oui, elle pouvait être rancunière et vicieuse de temps à autres et, là, elle avait décidé de l’être. Après tout, être amis, c’était aussi pouvoir s’énerver de temps à autres sans gâcher durablement une relation non ?

Tandis qu’elle écoutait les projets de vacances de ses deux amis, Lavande se rendit compte à quel point chaque famille différait des autres. Si tous les trois envisageaient de passer les fêtes de fin d’année en famille, chacun avait un planning personnel. Elle allait rejoindre sa nombreuse cousinade côté maternel autant que paternel, Tomas lui prévoyait de profiter de sa jumelle à fond, le tout entre amis, tandis qu’Alan hésitait entre sa famille paternelle et maternelle. Trois versions similaires et pourtant bien différentes d’une même période.

Elle n’eut néanmoins pas l’occasion de s’attarder plus longtemps sur ses intenses réflexions internes car leur commande arriva et les scones se mirent à lui faire de l’œil. Sans attendre, elle en enfourna donc un et ne regretta pas son choix. La pâtisserie fondit doucement dans sa bouche tandis que le goût sucré se diffusait sur son palais. Ça faisait si longtemps qu’elle ne s’était pas fait plaisir ainsi. Il fallait dire que la cafétéria de l’université n’était pas le lieu approprié pour déguster des scones faits maison. Pour améliorer encore la situation, Tomas lui versa une tasse de thé et elle le remercia d’un sourire chaleureux. Elle traînait avec un gentleman, rien à redire là-dessus.

D’ailleurs lorsque les deux garçons se mirent à faire les idiots, elle ne put retenir un léger rire. Ça lui rappelait leur première rencontre à la piscine et leur jeu idiot de pseudos gay. Elle rajouta donc son grain de sel à l’histoire.

-Si je suis de trop, faites-le moi savoir, j’irais me consoler avec mes scones dans un coin.

Puis, la conversation revint sur le sujet des cadeaux de Noël et du réveillon.

-Comme je disais, moi le réveillon ce sera chez le cousin de mon père et ce sera chiant. Le seul bon point c’est que ma mère m’a acheté une super robe de soirée. Quitte à m’ennuyer, autant le faire tout en étant mignonne, ajouta-t-elle avec un clin d'oeil. Sinon pour les cadeaux, je dois avouer que je ne suis pas aussi prévoyante que toi Alan, je m’y suis à peine mise. Enfin, on a encore le temps, c’est le mois prochain après tout.

Oui, la procrastination était tout un art et Lavande était passée maître en la matière. En particulier lorsqu’il s’agissait de travail scolaire, mais même pour le reste elle n’était pas mauvaise du tout. Le pire c’est qu’elle aimait bien faire ses courses de Noël, seulement elle avait toujours vingt-cinq autres milles trucs à faire avant, ce n’était tout de même pas de sa faute non ? D’ailleurs, en parlant de choses à faire, elle tenait là une occasion en or de recruter ses deux amis pour l’aider dans la lourde tâche d’enchanter le tableau qu’elle voulait offrir à ses parents pour leur anniversaire de mariage. Elle se composa donc son air le plus adorable et se lança.

-Soi-dit en passant, en parlant de cadeaux, j’aurais une faveur à vous demander. Si ça ne vous dérange pas bien sûr. Mensonge éhonté mais ils n’avaient pas besoin de le savoir. Alan est déjà au courant mais dans deux semaines c’est l’anniversaire de mariage de mes parents et j’envisage de leur offrir un tableau enchanté. J’ai déjà fait peindre le motif par un peintre londonien et j’ai trouvé, l’autre jour à la bibliothèque, en compagnie de Mr Desoya ici présent, le sort qui me permettra de l’enchanter mais c’est un charme diablement compliqué et je ne serais pas contre un peu d’aide. Ou du moins de supervision. Alors si vous êtes libres après le thé …

Voilà, maintenant il restait à attendre leur réponse. Qu’elle espérait positive, après tout, c’était bien le job des amis de s’aider en cas de besoin non ?

[Hj : Un peu court désolée mais c'était pour ne pas vous faire attendre

Un jour le tact d’Alan finirait par le perdre. Non seulement môsieur déconnectait de la conversation pour revenir quand bon lui semblait mais, qui plus est, il remuait le couteau dans la plaie en précisant que si Lavande demandait désormais de l’aide alors qu’elle avait laissé très clair lors de la recherche du sort qu’elle voulait s’occuper de la partie pratique par ses propres moyens, cela signifiait forcément qu’elle avait échoué. Classe, Desoya, classe ! L’étudiante qui avait volontairement passé son cuisant échec sous silence jeta un regard furieux à son meilleur ami et ce ne furent pas les demi-excuses qu’il lui sortit après qui firent disparaître la moue vexée de son joli minois. Mais, peu après, la justice divine frappa en la personne d’un oiseau de brume venu délivrer un message à Alan. Ça lui apprendrait à humilier les demoiselles devant leurs amis à ce goujat !

Un sourire satisfait remplaça donc la moue vexée tandis que Lav’ observait son ami se débattre contre les attaques du messager ailé. Elle profita d’ailleurs du moment pendant lequel le garçon lut le message pour les remercier lui et Tomas d’avoir accepté de se joindre à elle après, mais le grondement que lança alors Alan l’amena à lancer un regard étonné au brun.

-Hey, si ça te déranges tant que ça ou que t’es occupé, t’es pas obligé de venir tu sais, Tomas et moi on se débrouillera. Pas vrai ?

Elle se tourna vers l’Allemand pour avoir confirmation mais, avant que celui ne réponde, Alan reprit la parole, et prit congé. Lavande lui lança un regard suspect. Si tout allait bien pourquoi il tirait une tronche de trois pieds de long lorsqu’il avait quitté la table ? Parfois, il prenait vraiment les gens pour des crétins. Enfin, ils étaient à Pré-au-Lard donc, même avec sa malchance légendaire, il ne risquait pas de s’attirer de gros ennuis dans le coin donc elle le laissa partir sans rien dire mais en se promettant que, s’il tardait trop à revenir, elle irait le chercher.

Elle se retourna donc vers Tomas et déclara avec un soupir exagéré :

-Il est définitivement irrécupérable ! Comme les gosses, incapable de rester assis deux minutes sauf si ce qu’il fait l’intéresse. Enfin, on a pas besoin de lui pour s’amuser non mais oh !, termina-t-elle avec un moue volontairement hautaine.

Ils passèrent ainsi la demi-heure suivante à se raconter respectivement leurs vies ou plutôt tout ce qu’ils avaient fait pendant la période où ils ne s’étaient pas vus. Travail, vacances, amis, tout y passa. Ils laissèrent juste de côté les amours car Lavande avait fini par comprendre qu’il s’agissait d’un sujet brûlant pour la plupart des garçons célibataires. Soit ils lançaient la discussion, soit on ne s’y attardait pas. Et puis ce n’était pas comme si elle risquait d’être à cours de sujets de discussion non plus, surtout que Tomas était un agréable compagnon de conversation, pas taciturne pour un sou donc le temps passa à une vitesse hallucinante. Et c’est seulement lorsqu’elle eut fini tous ses scones ainsi que son thé, alors que Tomas lui racontait comment sa sœur avait fait pour trouver l’argent pour lancer sa boutique de mode qu’elle jeta un coup d’œil à sa montre, légèrement inquiète de ne pas avoir vu Alan revenir.

-Holy crap ! Déjà presque trois-quarts d’heure qu’Alan est parti.

Se rendant alors compte qu’elle venait d’interrompre de façon fort impolie Tomas, elle rougit donc et s’excusa.

-Désolée, continues. C’est juste qu’avec l’aimant à ennuis Desoya je m’attends toujours au pire. D’ailleurs, si ça ne te dérange pas, quand t’as fini de m’expliquer, on peut sortir voir ce qu’il fait ?

Tomas semblait également inquiet et il considéra plus important de s'assurer qu'Alan allait bien. Il lui promit néanmoins la suite à un autre moment, tant il était clair qu'elle était passionnée par l'histoire -après tout un jour Parv' aurait aussi à chercher des financement pour ouvrir sa propre boutique donc mieux valait s'informer pour pouvoir aider son amie. Ainsi, ils payèrent -Tomas s'occupant de la part d'Alan- et se levèrent. Bon Alan n’avait pratiquement pas touché à son thé mais ils pouvaient difficilement quitter les lieux sans payer surtout sans savoir le temps qu’ils allaient être dehors. Ainsi, alors qu’elle poussait la porte pour sortir et la lui tenait, elle interrogea son ami :

-Et sinon, vu que je ne risque pas d’aller en Allemagne de sitôt, ta sœur fait des commandes sur-mesure par la poste ? Parce que sincèrement, j’économiserais bien pour pouvoir porter une robe de sa confection.

Mais alors qu’elle attendait sa réponse, elle vit Alan un peu plus loin en train de pointer sa baguette sur quelqu’un. Il était dans un état de rage fort mal contrôlée, un instant elle crut même qu’il allait se transformer en loup devant tout le monde, mais non, il s’apprêtait juste à attaquer la personne devant lui. Personne que Lavande et Tomas ne pouvaient voir d’où ils étaient puisqu’Alan leur cachait la vue.

La jeune femme ne comprenait pas toute la situation mais ce qu’elle comprit néanmoins bien vite c’était que son meilleur ami avait perdu le contrôle de ses nerfs et qu’il était sur le point de faire une erreur qu’il risquait de regretter amèrement après coup. Quiconque se baladât ouvertement dans les rues de Pré-au-Lard ne pouvait être suffisamment dangereux pour mériter un sort en pleine figure, en tout cas pas de la puissance que la rage d’Alan allait lui insuffler, ça pour sûr. Elle ne réfléchit donc pas une seconde de plus et, courant dans la direction de l’affrontement, cria, mettant toutes ses forces dans le sort -avec un Animagus on ne savait jamais :

-EXPELLIARMUS !!!!

La priorité était de retirer l’usage de sa baguette à Alan le reste viendrait après. Et il ne tarda pas à venir car lorsqu’elle arriva à sa hauteur, elle lui mit la claque du siècle.

-Non mais ça ne va pas ou bien ? Depuis quand tu perds les pédales comme ça ? Je te croyais au-dessus de ça merde !

Puis, après un dernier regard meurtrier -oui elle était franchement déçue par l’attitude de son ami, il s’était comporté comme un ado frustré et pas comme un adulte responsable- elle se tourna vers la personne qui avait causé l’accès de rage de son ami. Et lorsqu’elle vit le visage parfait de Mc Tansey, elle comprit. Ça ne justifiait pas les actions d’Alan mais ça les expliquait. Il la croyait morte, il était compréhensible qu’il réagisse avec humeur. Par contre lorsque la vipère considéra utile de rajouter son grain de sable, Lavande s’en prit à elle.

-Tu m'as bien menti, vous êtes le parfait petit couple marié vous deux dis donc, disputes incluses.
-Toi ta gueule. Un mot de plus et je te lances un sortilège de silence, compris ?
-Hey, c’est moi la victime dans l’histoire.
-Silen…
-OK, OK, on se calme, j’ai compris.
-Tu ferais mieux.

Toujours énervée, mais désormais bien plus contre Mc Tansey qu’Alan, elle choisit ensuite d’agir de manière responsable sinon elle n’allait faire qu’empirer la situation. Pourtant ce n’était pas l’envie qui lui manquait d’envoyer un sortilège de Pustules à la gueule de la Serpillière. Elle se tourna donc vers Tomas, tenant toujours sa baguette pointée vers Mc Tansey et lui dit :

-Tu es la seule personne impartiale dans cette histoire donc je crois qu’il vaut mieux que tu décides ce qu’on fait à partir de maintenant. Mais avant laisse-moi t’expliquer un peu la situation.

Elle désigna la blondasse du doigt.

-Je te présente Honor Mc Tansey, une ancienne amie d’Alan de l’époque de Poudlard. Cette sal… demoiselle lui a fait croire qu’elle était morte après la bataille de Poudlard, le laissant à sa peine et ses regrets et ensuite elle a eu le culot de jouer de nouveau avec ses sentiments et se souvenirs lorsqu’on l’a croisée il y a plusieurs mois de cela et qu’elle lui a lancé un sortilège d’Oubliettes pour qu'il ne se souvienne pas d'elle.
-Maintenant je comprends mieux pourquoi Desoya était au courant, tu lui as tout raconté. J'aurais dû savoir qu'on ne peut pas faire confiance à une Sang-de-Bour ...
-Silencio ! Je t'avais prévenue ! Et puis, je n'ai rien dit à Alan, rajouta-t-elle sans comprendre l'implication. D'ailleurs désolée Alan, je t’expliquerais plus tard mais je termine d’abord. Bref, je déduis que c’est cette langue de vipère qui a invité Alan dehors et ensuite les choses ont dû dégénérées jusqu'à ce qu'on arrive. Alors certes, je ne justifie NULLEMENT, elle lança un regard dur à son meilleur ami en prononçant ce mot, les actions d’Alan mais je considérais important que tu aies toutes les cartes en main pour pouvoir prendre une décision réfléchie.

Enfin, réfléchie, réfléchie ... Tomas venait de ligoter McTansey tandis qu'elle lui retirait le droit à la parole alors on avait un peu dépassé l'étape "comportons-nous comme des adultes responsables". Non pas que Lavande puisse lui en vouloir, il était clair que l'Allemand n'avait pas supporté que la vipérine blondasse l'insulte. Enfin, la balle restait dans son camp néanmoins, on verrait bien ce qu'il décidait de faire. Réfléchie ou pas, tant qu'il prenait une décision pour elle c'était suffisant. Elle voulait juste éviter d'étriper Mc tansey en public, or elle était à deux doigts de le faire.

[Hj : Voilà édité pour que ça colle à ce que t'as écris. D'ailleurs, je vous déteste ! Pourquoi vous répondez toujours dans les heures qui suivent mon pénible travail de postage ? Goujats ! ]

La réponse de Tomas lui tira un sourire malgré la situation. Elle était reconnaissante qu’il prenne ainsi sa défense. A vrai dire si toutes ses forces n’étaient pas concentrées sur contrôler son envie de se jeter au cou de Mac Tansey, elle lui aurait probablement lancé un clin d’œil complice, mais il fallait croire que mam’zelle l’aristo avait décidé de lui pourrir la vie jusqu’au bout.

Ce fut ensuite au tour d’Alan de jouer avec ses nerfs. Il fallait vraiment qu’il lui rappelle qu’elle avait perdu ses moyens ? Enfin, pas la peine de s’embourber dans une discussion vaine, elle poussa donc un soupir et fit un geste de la main signifiant qu’on passait à autre chose. Elle ne disait plus rien sur le comportement d’Alan et il faisait de même pour elle. Le deal fonctionna puisqu’il lui confia même sa baguette en signe de confiance. Elle se permit alors un véritable sourire en retour. Après tout, ils n’allaient pas laisser une Serpentarde bousiller leurs relations, non mais oh !

Elle tiqua néanmoins sérieusement lorsqu’Alan sortit une fiole de Véritasérum de sa sacoche. Là on entrait dans un monde qu’elle aurait préféré observer de loin. Utiliser une telle potion sur quelqu’un contre sa volonté n’était légal qu’à condition d’avoir l’autorisation des autorités, or aucun d’eux trois n’était un Auror patenté. Sauf qu’avant qu’elle ait le temps de dire quoique ce soit, Alan avait déjà forcé le liquide dans le gosier de son ex meilleure amie qui se mit immédiatement à parler.

Le récit était aussi passionnant qu’incroyable. A l’écoute de celui-ci, Lav’ ne savait même plus comment réagir : paniquer ? s’énerver ? rire ? pleurer ? Plus rien ne faisait sens. Raah mais pourquoi Alan se fourrait-il toujours dans des merdiers pareils à la fin ? Et le pire dans l’histoire c’est qu’elle ne pouvait pointer personne du doigt en lui rejetant la faute. Ce n’est jamais comme ça que ça se passe dans la vraie vie. Pas de gentils et de méchants, juste des gens prenant des décisions à un moment donné. Et même celles de Mac Tansey avaient une certaine logique. Car si Lav’ ne comprenait pas ce qui avait poussé l’ancienne Vert-et-Argent à bousiller sa vie ainsi, elle pouvait comprendre la frustration et la colère qu’elle avait pu ressentir après la bataille de Poudlard. Elle s’était retrouvée prise entre deux feux, obligée de choisir le mauvais camp. Quant à Alan, ce n’était pas non plus comme s’il se baladait avec un panneau : « je veux des emmerdes », il avait juste une malchance légendaire et un don pour compliquer les situations. Le seul qu’elle aurait volontiers étripé c’était Mc Alric ! Heureusement que cette année, il n’était plus prof à l’UMA sinon elle aurait boycotté son cours. Déjà qu’elle cauchemardait encore avec son premier cours, ce qu’elle venait d’apprendre n’arrangeait pas son opinion sur le type.

Alan l’interrompit ensuite lorsque les choses dérapèrent trop, car si le Véritasérum vous oblige à parler, il n’annule pas votre caractère pour autant et celui de Mac Tansey était vipérin au possible. Cependant, malgré la personnalité catastrophique de la jeune femme, Lavande fut rassurée lorsqu’Alan lui donna l’antidote au sérum de vérité. Si jamais ils se faisaient chopper à l’avoir utilisé, ils risquaient de finir l’année dans une cellule d’Azkaban. Or si les Détraqueurs avaient été remplacés par des Aurors, ce n’était pas une raison suffisante pour confondre la prison avec un hôtel cinq étoiles.

Elle réussit même à se détendre assez pour sourire face à la question rhétorique d’Alan. Elle se voyait en effet plutôt mal le traiter de « sale menteur Sang-de-Bourbe », née-Moldue elle-même, l’insulte risquait de perdre de sa saveur dirons-nous. Par contre, elle ne put retenir un léger rire quand il dit qu’il était encore sur les nerfs. Non vraiment ? On n’avait pas remarqué ! Si on le laissait faire, Merlin seul savait ce qu’il était capable de faire. Bien que ses propositions semblassent assez alléchantes, elles revenaient tout de même à s’abaisser au niveau de Mac Tansey et, ça, il en était hors de question. Mc Tansey était certes une raclure mais elle n’en restait pas moins une personne et la faire enfermer ou la renvoyer se faire tabasser n’était pas envisageable.

Mais quand il revint vers eux et posa sa main sur son épaule -outre se rendre compte à quel point elle était tendue- elle fut rassurée, il semblait avoir repris ses esprits. Quoique … non elle retirait tout ce qu’elle venait de penser. Les torgnoles qu’il balança à Honor firent frémir Lavande, en particulier la troisième, mais quelque chose en elle n’osait pas arrêter le garçon. Comme s’il avait besoin de ça pour laisser toute cette histoire, toute leur histoire, derrière lui. Et puis quelque part, elle avait également un peu peur, même si elle ne le reconnaîtrait jamais. Elle savait qu’Alan était un Animagus et cela lui donnait une force et une sauvagerie parfois mal contrôlées qui associées à son caractère des plus sanguins pouvait donner un cocktail hautement explosif. Or elle était sûre à 99,9% que son ami ne lèverait pas la main sur elle si elle s’interposait mais ce 0,01% fut suffisant pour qu’elle reste plantée à sa place. Elle avait eu assez d’une rencontre forcée avec un membre de la gente lupine, elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour éviter une seconde.

Heureusement l’attitude honteuse que l’étudiant démontra ensuite calma quelque peu ses inquiétudes. Son ami était de retour et Merlin ce qu’elle s’en réjouissait. Ce qu’elle avait vu de lui ce jour-là l’avait plus dérangée que prévu et elle ne tenait nullement à renouveler l’expérience. Elle était d’ailleurs bien heureuse de tenir la baguette de son ami dans la main, ça limitait les risques si jamais il venait à y en avoir.

Puis ce fut à son tour de s’exprimer, le regard d’Alan pesant sur elle, la suppliant de dire quelque chose. Le problème était quoi, car maintenant que la colère avait disparue, elle avait laissée place à des sentiments contradictoires qu’elle ne savait pas trop comment gérer. Elle commença donc par un léger sourire qui lui coûta plus que d’habitude.

-Well, je me demande aussi parfois.

Un rire quelque peu forcé lui échappa.

-Enfin, si tu promets de ne plus nous refaire un coup pareil, je pourrais vivre avec tout ce bordel. Mais, je le dis sérieusement, le regard qu’elle lui lança fit écho à ses paroles, ne recommences plus jamais un truc pareil. J’ai failli ne pas te reconnaître un instant et crois-moi c’est loin d’être agréable. On a tous une limite à ne pas franchir, souviens-t’en.

Elle savait parfaitement que ce n’était pas ce qu’il voulait entendre, qu’il aurait voulu une claque et un sourire, puis tout serait redevenu comme avant, sauf que ça ne l’était pas. Elle avait été honnête, elle n’était pas prête à revivre l’instant de peur panique que son ami lui avait inspirée. Elle lui avait promis de rester à ses côtés et elle tiendrait sa promesse, mais c’était Alan qu’elle aiderait, pas le type qu’il était devenu l’espace d’un instant. Elle ne voulait rien à voir avec ce type-là, il l’effrayait et elle avait déjà eu suffisamment peur lors des années noires pour le restant de ses jours. Néanmoins, pour l’instant c’était son meilleur ami qui se tenait en face d’elle. Elle lui adressa donc un sourire plus franc cette fois-ci et continua.

-Néanmoins, tant que ceci reste clair, je comprends qu’on ait tous nos moments de folie. Et puis mam’zelle ici présente ne t’a pas facilité la tâche je veux bien le reconnaître. Même si, franchement, le Véritasérum c’était un peu limite. D’ailleurs, ça ne sort pas d’ici, sinon on est dans de beaux draps. Faudrait également voir à faire quelque chose pour que Horror, le surnom était venu tout seul, la faute à Alan une fois de plus, ici présente n’en dise pas un mot non plus. Néanmoins, je suis contre le sortilège d’Oubliettes, je refuse d’user des mêmes moyens que ceux qu’on méprise. La dignité humaine, je ne sais pas pour vous mais personnellement ça veut dire quelque chose pour moi.

D’un regard, elle mit les deux autres au défi de la contredire là-dessus.

-Enfin, je suis loin d’avoir la solution miracle non plus, la seule chose qui me semble assez évidente, c’est que quoique qu’on fasse, on ferait mieux de le faire dans un endroit un peu moins fréquenté. On va finir par attirer l’attention, ils étaient en effet toujours devant la porte du salon de Mme Pieddodu, or je suis plutôt convaincue que ce ne serait bon pour personne, si vous voyez ce que je veux dire ?

Restait à forcer Mac Tansey à les suivre, même si dans l’état où elle était présentement ça ne risquait pas de s’avérer très compliqué.

[Hj : Tomas, si quoique ce soit ne te va pas, précise et j’édites ^^]

La proposition d’Alan la laissa sans voix. Un Serment Inviolable ? Ce n’était pas une décision qu’on prenait à la légère. Impossible de faire marche arrière sinon c’était la mort assurée. Alan tenait-il vraiment à éjecter Mac Tansey de sa vie de telle manière ? Mais les deux anciens amis avaient l’air de savoir parfaitement dans quoi ils s’engageaient car la belle Serpentarde n’hésita pas ne serait-ce qu’une seconde avant d’accepter la proposition d’un air de défi. Ce fut ensuite au tour de Tomas d’indiquer son accord en faisant disparaître les cordes qui retenaient l’ex Verte-et-Argent. Il ne restait plus qu’elle et le regard que Blondie lui lança finit de balayer ces dernières incertitudes. Elle ne voulait plus jamais revoir cet air méprisant.

Elle se surprit alors en prenant elle-même les choses en main. Elle fit signe aux deux jureurs de se placer de chaque côté d’elle, puis elle attendit qu’ils s’attrapent mutuellement le bras. Elle prit alors une inspiration, prenant tant bien que mal conscience de l’acte magique de haut vol qu’elle s’apprêtait à réaliser. Après pareil geste, elle pourrait faire définitivement une croix sur sa jeunesse et son adolescence, elle rentrerait à part entière dans le monde des adultes, dans ce monde où chaque action a des conséquences qu’il nous revient d’assumer. Impossible de se cacher dans les jupons de ses parents ou professeurs désormais, ils avaient grandi, qu’ils le veuillent ou non.

-Moi, Lavande Melinda Brown vous lie et oblige, Alan Desoya, Honor Mac Tansey, pour le restant de vos jours, à ne pas parler des évènements ayant eu lieu en ce samedi 21 novembre 1999 à des personnes n’y ayant pas assistés ainsi qu’à ne plus jamais chercher à vous revoir sauf nécessité absolue.

A peine eut-elle prononcé ces derniers mots que des fils d’argent s’entouraient autour de leurs avant-bras. Lavande avait d’ailleurs du mal à réaliser qu’elle était la cause d’une telle performance. Elle avait soi-dit en passant rajouté la dernière condition par sécurité, car si jamais quelque chose venait à arriver dans le futur et qu’ils étaient dans l’incapacité physique de se chercher à cause du serment, elle s’en voudrait éternellement. Elle espérait juste qu’un tel jour n’arriverait pas mais mieux valait prévenir que guérir comme disait le dicton.

Elle s’écarta ensuite tandis que les fils d’argent disparaissaient peu à peu, soudain très fatiguée. Elle n’avait pas compté que lancer ce sort demanderait tant de puissance magique et ses jambes lâchèrent sous elle. Heureusement Tomas la rattrapa avant qu’elle ne heurte le sol. Elle lui adressa un sourire gêné mais reconnaissant tandis qu’il l’aidait à s’assoir sur un muret pour reprendre des forces. Elle déclara alors avec une certaine dose d’autodérision :

-Bon bah je crois que pour le tableau pour mes parents, on s’en occupera un autre jour parce que là je suis vidée. Sortilège de renforcement magique ou pas, j’aurais jamais la force de tout faire, à moins que vous ne vous sentiez de le faire à ma place bien sûr.

Elle réalisa en cet instant que Mac Tansey était toujours présente et la regardait sans comprendre. Elle lui lança donc un regard froid et s’exclama :

-On ne te retient pas tu sais, tu es libre de partir quand bon te semble. Au plus vite si possible.

Oui, ses manières étaient loin d’être parfaites mais certaines personnes ne méritaient pas l’effort de s’adresser à eux avec politesse. Mac Tansey devait déjà s’estimer heureuse qu’ils ne lui lancent pas un dernier sort juste pour le plaisir, alors qu’elle ne s’attende pas à une haie d’honneur pour son départ. Qu’elle se casse et qu’on n’en parle plus !