[C'est court, et je m'en excuse ]

De son éternelle démarche hautaine et ferme, Xenophius McGregor longeait d'un pas pressé la longue allée qui menait jusqu'au manoir de sa vénérable et illustre famille. Il avait quitté un peu plus tôt qu'à l'habitude le ministère, ayant relégué sa pile de passeports à valider, à sa jeune secrétaire, qui s'était presque mise à pleurer en voyant l'épaisseur du tas arriver sur son bureau. La malheureuse n'était que stagiaire, et le vieil homme était désormais prêt à mettre sa main à couper, qu'elle allait rendre son tablier dès le soir-même. D'ailleurs, le départ du directeur de la coopération magique n'était pas passé inaperçu, puisqu'il aurait du en principe, présider une réunion où la plupart des ambassadeurs du continent Africain devaient être présents. Mais, des affaires plus urgentes imposaient sa présence chez lui. Ce qui concernait à ses affaires personnelles passaient toujours avant son travail pour l'état. Etre directeur de département ne lui apportait que le titre, et quelques renseignements. L'argent, sa puissance, il ne se l'appropriait qu'avec ses activités personnelles, légales ou non. Ses mines, son entreprise de mode, et toutes ses autres affaires à Bogota et en Russie, faisaient de lui l'homme riche qu'il était. La mafia lui apportait un plus, l'enrichissait davantage, et quant à la Triade, elle le rendait puissant.

Lorsqu'il arriva devant l'énorme et épaisse porte en bois d'ébène, elle s'ouvrit pour lui, et le laissa pénétrer dans sa luxueuse demeure. Se précipitant vers lui, Disty, l'elfe principale de la famille, se jeta à ses pieds, dans un respect irréprochable, et tellement habituel, que le maître des lieux n'y prêta qu'une attention limitée. Il traversa le hall, se dirigeant comme tous les jours, directement vers son bureau. Il agissait tout le temps ainsi, et personne n'avait jamais le temps de le voir arriver, et pourtant, tout le monde savait... Ils savaient tous que le maître était de retour. Comment ? Une personne normale n'aurait su l'expliquer. Mais bien tous les membres de la famille McGregor possédaient une sorte de sixième sens, ou bien était-ce lui qui dégageait un aura tellement palpable dans l'air, que tous savaient lorsqu'il était au manoir.

Il déposa sa veste sur le bras du fauteuil qui reposait dans un coin du vaste bureau, prêt de la cheminée, et de la petite table ronde, qui portait le whisky tant aimé du vieil homme. Il s'en servit d'ailleurs un verre, et alla s’asseoir derrière son bureau, tout en dégustant pleinement son alcool favori. Après y avoir prestement trempé les lèvres, il reposa le verre sur la surface brillante de son bureau. Vint ensuite le moment où le cigare était nécessaire. Dans des moments où les affaires allaient commencé comme dans le cas actuel, Xenophius devait être parfaitement détendu pour être à l'aise lors des éventuelles négociations. Il ouvrit donc un tiroir de son bureau, et prit un des cigares directement importé de sa petite entreprise à Bogota. Même si la Colombie n'était pas le pays directement lié à la fabrication de ces merveilles, le gérant que Xenophius avait placé là-bas, s'occupait de se faire fournir la cape de ses cigares par le gérant d'une même entreprise placée à la Havane. Ceux que le chef de clan affectionnait plus particulièrement étaient les boisés, bien qu'il les fume presque tous. Il alluma donc son précieux cigare à l'aide de l'extrémité de sa baguette, et jeta un coup d’œil à des documents tout récents qui reposaient juste face à lui. Certainement les rapports de missions des jumeaux maléfiques, Brad et Coleen, qu'il avait envoyé faire le ménage en Colombie. Il lirait les dossiers plus tard, car pour le moment, il attendait patiemment que son convive arrive. Il espérait d'ailleurs que ce dernier arriverait à l'heure pile, et ne le ferait pas attendre. L'horloge sonna les sept heures, et désormais, Xenophius s'attendait à voir Dmitriev poussait la porte de son bureau, d'un moment à l'autre.

[Je ne fais pas beaucoup avancer les choses, désolé x) ]



Alors même que l'horloge sonnait les sept heures dans un tintement régulier, la porte s'ouvrit pour dévoiler le mafieux Russe, dans toute sa prestance naturelle. Le représentant de l'Est s'avança pour venir cordialement serrer la main de son hôte, qui lui répondit par un vague sourire avant de l'inviter à prendre place sur le siège, d'un geste désinvolte de la main. Xenophius observa un instant son invité, d'un air inquisiteur qui ne le quittait que rarement, scrutant chacun de se traits, chacune de ses mimiques, analysant jusqu'à la profondeur de ses sombres iris. Le personnage que Mikhail Dmitriev était, était le genre d'hommes qui imposaient le respect rien que par un raclement de gorge, il dégageait une certaine froideur, et le directeur de la coopération magique appréciait son caractère. C'était tout à fait le style de personnes dont il s'entourait, mais il était pour le moment, hors de question de témoignait de la sympathie qu'il pouvait avoir à son égard, il devait le cerner bien davantage, et voir si le mafieux était un homme capable de lui faire un mauvais coup, ou s'il serait un homme de parole.

Le vieil homme fut ensuite assez surprit en voyant le bouquet de fleurs que lui tendait son convive, même s'il n'en laissa rien paraître, puis son étonnement s'envola lorsque le Russe lui expliqua que c'était un présent pour Symétrix de la part de son épouse à lui. Un sourire franc se glissa sur le visage de Xenophius, qui reçut le présent en notant le bon savoir vivre de cette famille, ce qui ne faisait que remonter leur prestige dans son estime. Enfin, les bons points étaient faciles à avoir avec McGregor, il était toutefois bien plus difficile de les garder.

- Et bien je suis persuadé que Symétrix sera ravie. Vous transmettrez à votre épouse les remerciements de la mienne.

Comme toujours, Xenophius parlait au nom de sa femme, qui de toute façon, n'avait jamais vraiment son mot à dire. Aux yeux du vieil homme, elle servait tout autant que la tapisserie du couloir, elle était d'une utilité semblable, elle était belle, ne parlait pratiquement pas, et faisait office de décoration. Elle vivait constamment dans l'ombre de son époux, bien que l'entreprise qu'il lui avait en quelque sorte laissé, la Wizard's Paradise, l'avait libéré un peu, même si les plus grosses décisions étaient encore prises par le chef de clan. Mais n'allez pas croire que Xenophius McGregor n'aimait pas sa femme, loin de là, il l'affectionnait réellement, et se chargeait de son bien-être quotidiennement, par des petits présents. Le rôle d'une épouse selon lui, avait simplement cette définition là ; elles devaient être belles et se taire.

Il écouta distraitement Dmitriev, tandis qu'il tirait toujours de profondes bouffées de son cigare. Celui-ci lui parla d'un fils fictif, dont il n'avait jamais entendu parlé jusqu'à présent, mais comprit bien vite qu'il s'agissait de Dereck. Il sourit avec amusement, puis son sourire s'agrandit davantage lorsque l'ambassadeur russe parla de sa petite-fille. Celle-ci avait donc fait connaissance avec son fils ? Intéressant. Megan avait donc de bonnes fréquentations, c'était une excellente chose.

- Vous parlez certainement de Dereck ? C'est mon neveu éloigné. C'est une bonne chose qu'il ait été nommé professeur.

Oui. Il fallait redonner du neuf à cette école, et chasser les idées absurdes dont les enseignants tenaient d'imprégner les enfants à propos des moldus. Ils les faisaient passer pour des saints. Inepties ! Xenophius comptait sur son neveu pour remédier dicrètement à ceci.

- Ah ? Votre fils a donc rencontré Megan ? C'est une bonne chose qu'elle ait de bonnes fréquentations. Nous les marierons peut être qui sait ? plaisanta-t-il

Il prit ensuite ses qualités d'hôte en main, et proposa courtoisement à son convive :

-Que puis-je vous servir qui soit susceptible de vous plaire ? J'ai de très bons whisky, ou bien une excellente vodka qui me vient des réserves personnelles, d'un de mes plus vieil ami Russe.

Après tout, autant partager cette boisson d'exception avec un homme de qualité, qui saurait juger à sa juste valeur un breuvage aussi exquis. Xenophius tendit ensuite sa boîte de cigares à Dmitriev :

- Je vous en prie, servez-vous. Ce sont les meilleurs qui se fabriquent en Amérique latine, je puis vous l'assurer.

Les affaires avec les grands hommes de son milieu, suscitaient toujours beaucoup d'intérêt chez le vieil homme, qui avait toujours été qualifié de requin dans le monde des négociations. Il aimait posait des contraintes, marchander, mettre en jeu des millions... Il était né pour être un homme d'affaire, de même qu'il était né pour commander. Dès son plus jeune âge il avait su s'imposer en chef, maniant ses frères -pourtant plus âgés- à sa guise. La seule personne qui avait un jour commandé Xenophius McGregor, était Erich, son regretté géniteur. Désormais, il était seul maître, et régnait impitoyablement, semant le respect dans tout son entourage. Il n'aurait su vivre autrement, et cette pensée lui rappela à quel point il était fier de ses œuvres. Il jeta un coup d’œil autour de lui ; tout, sans exception, du mobilier à la vaisselle était hors de prix. Sa famille vivait dans l'aisance qui lui revenait, et le chef de clan se portait garant de son bien-être.

Laissant de côté ses réflexions, il adopta un sourire bienveillant lorsque Mikhail lui exprima sa satisfaction et sa joie quant à sa proposition de baisser les prix douaniers. C'était tout à fait compréhensible, les prix étant particulièrement élevés en Angleterre. Pour un homme dont la principale activité était de faire entrer et sortir des produits, il devrait en effet se sentir soulagé, la prochaine fois qu'il recevrait sa facture. Xenophius nota dans un coin de sa mémoire qu'il faudrait qu'il s'occupe de cette affaire de pot-de-vin le lendemain même. Plus vite sa part du marché était remplie, mieux ce serait. Il n'aimait pas faire traîner ce genre d'affaires, d'autant plus qu'il avait à faire à un homme agréable. Le vieil homme aimait bien Dmitriev (chose rare), et il sentait qu'il ne serait pas déçu avec lui. Sa pensée fut d'ailleurs confirmée, lorsque le Russe lui déclara qu'il pourrait à son tour lui baisser le prix pour certains ingrédients rares, pour le trafic de Potions dont Dereck et James s'occupaient désormais. C'était une très bonne chose. Satisfait, le directeur de la coopération magique internationale termina son verre d'un trait.

« Il me semble que nous avons trouver là, un accord tout à fait équitable. Pour ma part, je ne vais pas faire traîner votre cas, je vais m'en occuper demain matin, ainsi, je pense que vous pourrez jouir de ces prix avantageux dès votre prochaine cargaison. »

Le maître des lieux adressa un franc sourire à son convive, puis croisa ses mains sur le bureau, s'apprêtant désormais à congédier poliment son nouvel allié, mais celui-ci rouvrit la conversation, sur un tout nouveau sujet. Xenophius eut un sourire amusé en guettant l'attitude de Mikhail. Celui-ci remuait depuis déjà un bon moment -depuis qu'il avait goûté la vodka plus précisément- et son étrange impatience n'avait pas échappé à l'oeil avisé de son hôte.

« Vous êtes tout pardonné, Mikhail. C'est en effet une vodka Kosloff ; vous avez un bien fin palet ! Mon vieil ami Vlad me fait envoyer régulièrement des bouteilles. C'est un très bon ami », insista-t-il.

En effet, Vlad n'était pas très partageur avec sa boisson fétiche, et il ne la marchandait pas, ni même la donnait aisément. Seul son entourage en bénéficiait régulièrement, sinon, il la sortait toujours lorsqu'il recevait du monde, mais n'avait jamais dévoilé le secret de sa recette, et refusait depuis toujours de la commercialiser. Sa vodka était un véritable trésor, autant en Russie que dans le monde. Si Xenophius avait toujours connu cette renommée, il ne s'était cependant jamais imaginé qu'elle éveillait un intérêt si grand, au point même qu'un homme tel que Dmitriev interrompt une entrevue de cette importance.

« Mais si j'ai bien comprit, vous connaissez donc Vlad ? Le monde est bien petit. »

Il eut de nouveau un sourire franchement amusé. De toute façon, que Mikhail connaisse Vlad n'était même pas étonnant, les grands hommes se connaissaient forcément.