La veille dans la salle commune des Serpentards.
Nikolaï était tranquillement en train de bouquiner dans son dortoir, trop heureux de pouvoir enfin retrouver les formes amies des lettres cyrilliques plutôt que de devoir s’acharner à donner du sens à la syntaxe anglaise : non mais franchement c’était quoi cette idée de mettre les adjectifs avant les noms ? Soudain la porte s’ouvrit, il ne prit même pas la peine de lever les yeux de son roman, à ce stade de l’année, il avait instauré un pacte silencieux d’ignorance mutuelle avec ses camarades de chambrée : il ne s’occupait pas de leurs affaires et ils lui fichaient la paix. Cependant quelle ne fut pas sa surprise quand une voix qu’il ne reconnut pas la voix qui appela son nom :

-Dmitriev ! Eh oh le mioche j’te cause !

C’était un mec plus âgé, au moins en quatrième ou cinquième année qui le fixait d’un air mauvais, la question était pourquoi ? Qu’avait-il bien pu faire pour énerver cet individu en particulier, il ne se souvenait même pas lui avoir jamais adressé la parole, enfin avec les mecs de sa maison il fallait s’attendre à tout, parfois ils venaient vous chercher des noises juste parce qu’ils s’emmerdaient. Il posa donc précautionneusement son bouquin sur sa table de chevet et demanda :

-Euh qu’est-ce que je peux faire pour toi ?
-Ton frère te demande dans la salle commune, bouge tes fesses.
-Tu sais pourquoi ?
-Non et j’men fous, t’y vas et tu la fermes, j’ai pas envie que ça retombe sur moi toute cette histoire.

Ouh la fallait qu’il se calme celui-là ! Nikolaï avait une forte envie de lui dire d’aller voir ailleurs s’il y était, mais il se retint à temps pour deux raisons : 1) autant se débarrasser au plus vite de la corvée qu’Alekseï n’allait pas manquer de lui donner, 2) mieux valait éviter d’énerver un mec deux à trois fois plus corpulent que lui et qui ne rêvait clairement que de passer ses nerfs sur quelqu'un de plus petit que lui. En même temps c’était compréhensible, il était probablement une victime d’Alekseï qui avait dû le choisir au pif pour faire sa commission et le mec n’avait pas eu son mot à dire car il était relativement déconseillé de se mettre l’aîné des Dmitriev à dos : il était fort physiquement et mine de rien six années à Durmstrang lui avait donné un pannel de sorts peu ... conventionnels. Niko se leva donc et suivit l’autre garçon jusqu’à la salle commune. Là Alekseï lui avait expliqué qu’il avait un devoir d’Astronomie à rendre pour dans trois jours mais qu’il n’avait aucune envie de perdre du temps à chercher des infos alors qu’un match de Quidd’ s’approchait : il préférait s’entraîner avec ses amis. Autrement dit, c’était à Nikolaï de faire toute la partie chiante de recherche avant de fournir le résultat de son travail à Alekseï qui n’aurait plus qu’à rédiger ça de façon correcte.

Le jour même à la Bibliothèque.
Nikolaï s’était donc rendu à la Biblio dès la fin des cours pour faire ce qui lui avait été demandé, motivé par la perspective des coups qu’il ne manquerait pas de recevoir si Alekseï n’était pas satisfait. Si au moins, il pouvait recevoir ne serait-ce qu’un merci de temps en temps, mais non c’était beaucoup trop demander ! Il était donc totalement plongé dans un manuel avancé d’Astronomie, tentant vainement de comprendre les mots complexes utilisés par l’auteur. Le reste du monde lui était complètement égal et une dispute aurait pu éclater à côté de lui qu’il n’aurait même pas haussé les sourcils, bien trop concentré sur sa tâche. Il ne remarqua donc pas du tout qu’il n’était désormais plus seul à sa table, jusqu’à ce qu’il se sente brutalement secoué tandis que quelqu’un, clairement une fille vu les aigus dans lesquels elle montait lui criait :

-Dis, tu pourrai pas un peu décaler ton énorme popotin, que je puisse y poser le mien ? Parce que déjà je suis gentille, t’as eu de la chance que je ne pète pas un câble et que je te vire direct de MA place PIVEE !

Une fois qu’elle l’eut lâché, il resta quelques instants silencieux, cherchant à comprendre ce qui venait d’avoir lieu. Il en profita pour observer sa nouvelle compagne : ça alors, la Gryffy qui par son caractère de cochon avait réussi à faire perdre des points à sa propre maison alors qu'elle était la victime initiale en cours de Duel ! Son nom, il ne s’en souvenait pas et à vrai dire il n’en avait rien à faire. Par contre, il n’allait pas non plus se laisser maltraiter de la sorte sans rien faire, pour une fois que la personne qui s’en prenait à lui n’avait pas un avantage physique flagrant, il comptait bien en profiter.

-T’as une drôle de définition de « ne pas péter un câble » toi dis donc ! J’aimerais bien voir ce que ça donne quand t’es réellement énervée, dit-il avec un sourire narquois. Et puis franchement en ce qui concerne la place, si t’es pas fichue de t’asseoir dans l’espace qu’il reste ce serait plutôt à toi de te préoccuper de ta masse corporelle.

Il déplaça néanmoins légèrement son bouquin pour qu’elle puisse s’asseoir, se disant que s’être assis à un table contre un mur où l’on ne pouvait s’asseoir que côte à côté et pas face à face n’était finalement pas une si brillante idée que ça. Il jeta ensuite un bref regard à la salle pour vérifier qu’il n’y avait pas d’autres tables vides, il se contrefichait qu’elle pense avoir gagné s’il se levait, il avait besoin de calme et de concentration pour ce qu’il était en train de faire et entre son orgueil et la colère d’Alekseï le choix était vite fait. Mais évidemment il n’eut pas cette chance. Il se replongea donc dans la lecture de la description des différents cycles de Saturne, bien décidé à ignorer la Gryffondor, ou plutôt Bouffondor, car pour une fois il comprenait d’où venait ce fameux surnom.

Pour une fois Nikolaï bénit le caractère exécrable de Mrs Pince et son amour inconditionnel du silence absolu (brisé régulièrement par ses cris sur tel ou tel élève bien évidemment ), car elle réussit à fermer le clapet de sa nouvelle voisine avant que celle-ci n’entame une joute verbale qui n’aurait mené à rien et l’aurait retardé dans son boulot (ou plutôt dans celui d’Alekseï). Apparemment Deprunay -car c’était son nom comme il le savait après le cri de la Pince- devait faire partie de la liste noire de la bibliothécaire puisque cette dernière considéra même utile de patrouiller entre les rangées pour s’assurer que la Gryffondor restât tranquille. Ainsi, dès qu’il conclut qu’il ne risquait plus d’être interrompu, il arrêta d’utiliser une partie de son cerveau à guetter les réactions de la fille et se plongea totalement dans l’étude des particularités des anneaux saturniens. Seulement il aurait dû se douter qu’après une entrée aussi fracassante, la Rouge-et-Or n’allait sûrement pas en rester là, ne serait-ce que parce qu’il était inconcevable qu’elle puisse se taire pendant plus de 15 minutes de suite, en tous les cas c’était l’impression qu’il avait au d’elle en cours de Duel. Par conséquent, alors qu’il l’avait déjà complètement oublié, elle l’apostropha de nouveau :

-Tu lis quoi?

Il leva les yeux de son bouquin mi exaspéré, mi amusé. Il était clair qu’avec Deprunay à ses côtés, il pouvait faire une croix sur la recherche d’infos. D’un côté, il aurait bien envoyé paître la griffonne mais de l’autre, il avait encore deux jours pour finir ce travail, il avait déjà bien avancé et il commençait à sentir les premiers signes d’une migraine carabinée à force de tenter de comprendre des données qui n’étaient pas de son niveau. Il ferma donc le livre, le poussa vers la jeune fille et souligna le titre du doigt tandis qu’il le lisait :

-Saturne, Jupiter et Neptune, trois géantes pleines de mystère. C’est FAS-CI-NANT si tu veux mon avis.

Il espéra qu’elle capterait son ton cynique, enfin si elle n’en était pas capable au moins son dilemme serait bien vite réglé elle ne vaudrait pas la peine de perdre son temps à parler avec elle et il se remettrait à bosser. Il ne considéra pas utile de lui expliquer pourquoi il lisait un tel livre alors que leur programme d’astronomie portait actuellement sur les différentes formes des galaxies, après tout ils n’avaient pas élevé les hippogriffes ensemble non plus ! Déjà qu’il était drôlement conciliant de lui accorder une partie de son temps après son comportement déplorable de tantôt. Enfin à vrai dire il ne dirait pas non à discuter avec quelqu’un de son âge mais il était hors de question de montrer qu’il était à la recherche désespéré d’une personne avec qui parler ! Il accepta tout de même de faire avancer un peu la conversation ayant compris que Deprunay avait dû tout de même faire un gros effort sur elle-même pour lui adresser la parole cordialement, alors qu’il arborait un magnifique serpent sur son blason et qu’il était de notoriété publique qu’elle avait comme passe-temps d’embêter le plus de Serpentards possible. Quoique de son humble avis certains le méritaient bien, mais il se gardait bien de le faire savoir.

-Et toi, à part dégrader ce pauvre parchemin qui ne t’a rien fait, qu’est-ce que tu fais dans ce lieu de savoir et de silence ?

Et voilà une fois de plus son cynisme avait refait surface ! Cela en devenait presque inquiétant, depuis son arrivée à Poudlard, comme il se sentait enfin un peu plus libre qu’à Durmstrang où le carcan familial était toujours présent (son père connaissait la moitié des profs personnellement), il se laissait aller à dire ce qu’il pensait beaucoup plus librement, mettant de côté sa méfiance naturelle. S’il ne faisait pas gaffe ça allait finir par lui attirer des ennuis un de ces jours.

Comme prévu, la griffonne constata l’incongruité de sa lecture et l’interrogea sur l’utilité d’étudier un programme qui ne serait pas le leur avant bien des années. Cependant ce qui retint l’attention de Nikolaï, ce fut la petite erreur qu’elle commit : elle pensait qu’il s’agissait du programme des sixièmes années, quand en réalité il s’agissait de celui des dernières années. Il fut alors sur le point de la reprendre de façon brusque, mais le ton qu’elle employa pour expliquer la raison de sa présence à la Bibliothèque l’arrêta avant qu’il ne commence. Son ton se radoucit nettement, elle bafouillait presque, comme si elle cherchait les mots exacts à prononcer. S’il était encore le naïf invétéré que son père et son frère lui reprochaient tout le temps d’être, il aurait juré que la fille était nerveuse à cause de ses réactions à lui. Seulement, une réputation repose rarement sur du vent et si Deprunay était célèbre pour chercher des poux aux gens de sa maison c’était qu’elle devait être douée à ce petit jeu, par conséquent il refusa de baisser immédiatement toutes ses défenses, pensant qu’il pouvait très bien s’agir d’une ruse pour l’amener à être moins sur ses gardes et pouvoir mieux se jouer de lui après coup. Néanmoins, il ne se braqua pas pour autant complètement, les quelques mois au château ayant bien fait leur travail : même si sa méfiance sempiternelle était toujours une barrière quasi impénétrable pour se protéger, il commençait à accepter l’idée que tout le monde ne lui voulait pas forcément du mal et que certaines personnes sont simplement intéressées par le malheur des autres non pour s’en réjouir mais pour tenter de les aider à la surmonter. Bon, il n’aurait pas rangé Deprunay dans cette catégorie de personnes au premier abord, mais il pouvait tout de même lui accorder le bénéfice du doute. Il choisit donc de lui divulguer une demi-vérité ou un demi-mensonge selon le point de vue :

-C’est pas moi qui te contredirait sur la quantité de travail qu’on a, mais là si je me fascine pour Saturne et ses copines c’est à cause d’un pari avec mon frère. On avait fait un pari débile selon lequel celui qui perdait devait faire le prochain devoir du gagnant et j’avais accepté en pensant que je gagnerais mais comme tu peux le constater c’est pas le cas.

Bon c’était un peu tiré par les cheveux comme excuse, mais ça pouvait passer. Après tous, dans les familles normales les frères faisaient bien des paris débiles tout le temps et il n’était pas inconcevable que lui, en tant que plus jeune, ait perdu. Enfin, il valait mieux que la Rouge-et-Or ne cherche pas à en savoir plus sur ce fameux pari ou les incohérences de sa petite histoire risquaient d’affleurer à la surface très rapidement. Alors, pour s’assurer que cela ne se produise pas, il enchaîna directement sur le devoir de Défense Contre les Forces du Mal qui lui permettait d’orienter la conversation vers elle et non plus vers lui.

-T’as pas encore fini ? Mais c’est pour demain matin !

A vrai dire, l’idée même de travailler dans l’urgence lui était étrangère : dans l’urgence, on est stressé et donc on travaille moins efficacement. Bon, le fait qu’il n’avait pas vraiment d’amis et donc pas d’activités autres que les devoirs à faire expliquait certainement en grande partie cette façon de penser, mais pas uniquement. Cependant, il se rendit bien compte que sa phrase sonnait drôlement comme une accusation, donc ne voulant pas non plus froisser la demoiselle tant que ce n’était pas nécessaire, il reprit :

-Euh ... tu veux peut-être de l’aide ? Je ... j’ai déjà fait le mien donc ... voilà ! Enfin ... seulement si tu veux hein sinon je retourne à mes planètes, moi !

Il se redressa avec une lueur d'orgueil dans les yeux, comme pour la mettre au défi de se moquer de sa piètre tentative de lui proposer son aide, à vrai dire c’était la première fois de sa vie qu’il faisait une chose pareille et il ne savait vraiment mais alors vraiment pas s’y prendre. Mais, bizarrement, la présence de Deprunay ne lui était pas si désagréable que ça, au contraire, les réactions imprévisibles de la Sang-et-Or lui plaisaient bien et il s’était donc tout naturellement trouvé à lui proposé son aide. Restait maintenant à voir comment elle allait réagir.

Son changement de conversation eut l’effet escompté : Deprunay lui répondit d’abord un peu vertement, mais bizarrement au lieu de le vexer ça l’attrista quelque peu, il aurait bien voulu lui aussi avoir suffisamment d’amis pour sortir avec eux au lieu de s’enfermer des heures à la Bibliothèque. Enfin, il refusa de se morfondre alors que justement, à ce moment précis, il était en compagnie de quelqu’un de son âge. Ainsi lorsque la griffonne accepta joyeusement son aide, il se permit de lui sourire franchement, peu habitué à côtoyer des gens aussi directs qu’elle (il avait encore en tête les réprimandes d’Angélina quelques semaines auparavant quand il lui avait fait part de son avis sur ses camarades de dortoir).

-Oui je comprends, faut dire que les profs sont très doués pour les tournures de phrases tara ... tarara ... tarasco ... Tain’ foutu angliskyï ! Disons qu’ils aiment bien faire des phrases super compliquées.

Enervé de s’être ridiculisé devant la jeune fille, à cause de sa maîtrise parfois encore un peu chancelante de la prononciation anglaise, il choisit l’approche de l'humour pour éviter qu’elle ne moque trop méchamment de lui :

-Peut-être que c’est une des conditions pour être prof ? Quand ils passent l’entretien McGo leur donne une phrase toute simple et ils doivent la rendre absolument incompréhensible ! Tiens par exemple là notre fameuse question 8, je lis : « Décrivez de la façon la plus exhaustive possible les principales spécificités des tanières de prédilection de l’épouvantard ». Trois gallions que la phrase de base, c’était « Décrivez les endroits où vivent les épouvantards », mais non ça faisait pas assez grandiloquent !

Il adressa un clin d’œil complice à la Gryffondor tandis qu’il agitait les bras de façon théâtrale pour mimer la grandiloquence. Puis il se rendit compte qu’il s’était drôlement laisser aller, c’était Deprunay à côté de lui, pas n’importe qui ! Il reprit donc de façon plus posée :

-Peut-être que votre directrice veut impressionner ses collègues, après tout elle est plutôt jeune pour avoir été nommée à un poste à responsabilités comme ça. Enfin, en tous les cas, ce qu’on te demande c’est juste de blablater sur l’amour inconditionnel de ces ****** d’épouvantards pour les endroits sombres, humides, sales, et j'en passe et des meilleures.

[Hj : Au fait, le mot que Niko voulait prononcer c’était « tarabiscoté » ]

Son petit cirque avait eu l’effet escompté, même s’il faut dire qu’il ne s’était pas attendu à un fou rire aussi démonstratif. Plusieurs élèves se retournèrent pour comprendre l’origine de tout ce boucan mais Deprunay avait déjà plaqué ses mains sur sa bouche pour étouffer son rire. Elle lui adressa ensuite un sourire sincère qui lui fit l’effet d’un baume au cœur, toute sa vie il avait cherché quelqu’un capable de démontrer ce genre d’authenticité lorsqu’il souriait, au lieu du sempiternel masque de fausseté que les personnes qu’il était habitué à côtoyer portaient en permanence. Il fallait vraiment avouer que ce déménagement s’était avéré une aubaine à nulle autre pareille pour lui : ici à Poudlard son père ne connaissait pas la moitié de l’équipe enseignante et les parents des étudiants n’étaient pas tous plus ou moins liés à sa famille par un lien du sang ou professionnel. Il jouissait d’une tranquillité et d’une liberté qu’il n’avait jamais éprouvé jusqu’alors. Bien évidemment tout n’était pas rose, loin de là, certains de ses camarades de classe étaient des brutes sans cervelle ou pire des sadiques intelligents tandis que la plupart des élèves des autres maisons semblaient écarter ne serait-ce que la possibilité de chercher à voir plus loin que le serpent sur son blason. Mais tout cela était largement contrebalancé par des rencontres impromptues avec des personnes comme Deprunay, capables, à sa grande surprise dans le cas présent, de voir au-delà des apparences et de lui donner une chance.

La phrase toute banale qu’elle chuchota par exemple, où elle lui demandait son aide pour déchiffrer une fois de plus le charabia des profs dans un avenir proche représentait plus à ses yeux que n’importe quelle somme d’argent. Il ne put s’empêcher de sentir un sourire inconscient étirer ses lèvres et il répondit avec entrain :

-Ce sera avec plaisir.

Jamais oh grand jamais il n’avait prononcé ses mots sans ironie ou bien sans rajouter une condition du style « à condition d’être payé en retour ». En effet, à Durmstrang les quelques amitiés qu’il s’était faites reposaient plus sur son nom ou sa langue de vipère que sur des sentiments véritables. Ce n’était pas non plus qu’il soit en train d’envisager de devenir la meilleure copine de la Gryffondor mais la façon qu’elle avait de parler sans détour et sans arrière-pensée était extrêmement rafraichissante. Il ne put donc s’empêcher de sourire ironiquement lorsqu’elle s’exclama que son nom était suffisant pour prévenir les profs qu’ils allaient avoir affaire à une copie bâclée. La jeune fille savait user de l’autodérision, encore un bon point pour elle.

-Tu veux sortir? Fin, jveux dire, si tu veux continuer à lire tout seul, jpeux aussi m'ballader... enfin sortir dans le parc toute seule...

La proposition le prit totalement de court. Il en resta pantois, se repassant les mots de la Rouge-et-Or au ralenti dans sa tête. Oui, oui c’était bien une proposition pour traîner dehors ensemble et c’était bien à lui qu’elle s’adressait. Elle lui aurait annoncé que son père était un vampire qu’il n’aurait pas été plus surpris. Il resta sans voix quelques instants, puis à la vue de son sourire suppliant (suppliant et puis quoi encore ? Il se faisait des films elle n’avait nullement besoin de sa présence, elle s’efforçait probablement d’être sympa après qu’il l’ait aidé à finir son devoir), il tenta une réponse :

-Je .. euh ... bah ... bien sûr. Je veux dire que ça me paraît une bonne idée, je commençais à en avoir ma claque de l’astronomie.

Ouf, le début était assez bancal mais il s’était plutôt bien rattrapé. Il rangea rapidement ses affaires, de peur qu’elle ne change brutalement d’avis et se dirigea vers la sortie. Et puis soudain une pensée le frappa net, il envisageait d’aller se détendre dehors avec elle et il ne connaissait même pas son prénom !

-Euh et sinon, j’me demandais ton prénom c’est quoi ? Parce que t’appeler Deprunay c’est un peu limite, non ?

Whah question tact, on fait mieux mec, enfin il n’était pas très doué pour les conversations dès qu’on le sortait du cadre réglé dans lequel il avait grandi .

-Moi c’est Nikolaï soi-dit en passant, Nikolaï Mikhaïlovitch Dmitriev.

[Hj : le plus simple c’est que tu crée directement un nouveau topic au Parc et que tu réponde là-bas histoire de faire le lien entre les deux sujets, mais sinon tu peux répondre ici et j’ouvrirais le nouveau topic (because va y en avoir un, non, je me fais pas des films hein ? )]