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 On continue encore et encore... [Mervin]
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  • Clarisse McBrien
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    Clarisse McBrien
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MessageSujet: On continue encore et encore... [Mervin]   On continue encore et encore... [Mervin] EmptyLun 25 Avr - 23:42:00

« Merci à tous, vous pouvez y aller. McBrien! Passez à l'infirmerie avant d'aller déjeuner. »

Clarisse hocha la tête et s'interdit de répondre quoi que ce soit. Gobe-Planche lui avait demandé en début d'année pourquoi elle s'obstinait à suivre les cours de cette option sachant que ça se passait souvent mal et qu'elle avait décroché sa BUSE l'année précédente. Elle n'avait obtenu qu'une réponse vague donnée à contre cœur. Depuis, elle avait démissionné. L'enseignante s'était résignée à envoyer son élève à l'infirmerie à intervalles réguliers et ne cherchait plus à discuter avec la rousse. C'était de toute façon inutile, il n'y avait rien à en tirer. L'écossaise quant à elle rangea ses affaires en quatrième vitesse et quitta ce lieu de torture en grommelant.

Des cocatrix! Voilà la dernière invention de cette tarée de Gobe-Planche. C'était soit disant une chance de pouvoir étudier de près ces animaux hors du commun. Une opportunité exceptionnelle selon les propres paroles du professeur. De loin, c'est sûr, ils étaient très joli. Les cocatrix avaient un plumage aux couleurs chatoyantes et leurs écailles brillaient tandis qu'ils ondulaient paresseusement sous le timide soleil de cette fin mars. Parfois il leur prenait l'envie de se dégourdir les ailes, alors ils voletaient jusqu'à un rocher plus élevé et s'appliquaient à recommencer leur sieste. Quelques fois ils se mettaient à chanter et leur voix à mis-chemin entre un cri de volaille et un sifflement de serpent n'était pas si désagréable à l'oreille qu'on aurait pu penser. On s'y habituait même très facilement. Ces animaux étaient tout à fait passionnants et la jeune fille aurait adoré étudier leur comportement de façon très détaillée, pourvu qu'elle se trouve au sommet de la tour d'astronomie, l'œil collé à une longue vue. Elle était d'accord de passer tout le temps qu'on voudrait à les observer du moment que ce n'était pas elle qui leur donnait à manger, qui nettoyait l'enclos, qui les pansait ou était désignée volontaire pour voir ce que ça faisait si on essayait de les caresser. Malheureusement, Gobe-Planche n'était pas de cet avis. Elle trouvait bien plus drôle d'envoyer ces innocents élèves dans la cage au lion. Quoi qu'un lion bien nourri devait sûrement être moins dangereux pour l'être humain.

Le résultat de cette excursion en terrain hostile n'était pas glorieux. La Serdaigle avait écopé de multiples petites blessures sans gravité, mais qu'il faudrait désinfecter. Le spécimen dont elle avait du s'occuper s'était rebellé contre toute forme d'approche. Paisible sur son bout de rocher il ne payait pourtant pas de mine. Il n'inspirait pas la méfiance et pourtant, il s'était mit à siffler et à s'agiter dangereusement dès que la sorcière avait tendu la main dans sa direction. Déjà, c'était mal parti. La suite n'avait fait qu'empirer. Naturellement. Résultat des courses, son chandail était complètement lacéré et les griffes du monstre avaient traversé l'épaisseur du tissu pour aller se ficher dans sa peau. Elle avait également reçu quelques coups de bec et esquivé de peu un petit jet de flammes. Rien de bien grave si ce n'est que le col de son chemisier avait roussi et une mèche de cheveux s'était consumée. L'aiglonne avait eu de la chance, à quelques centimètres près, c'était son visage qui y passait. Gobe-Planche aurait pu prévenir que ces adorables bestioles crachaient du feu, et surtout qu'elles étaient aussi agressives. La chose étrange c'est que les autres élèves s'en sortaient toujours beaucoup mieux qu'elle et ne se blessaient qu'à de rares occasions. Comme si une malédiction planait sur sa tête. En réalité, les choses avaient empiré depuis que Clarisse était devenue animagus. Les animaux devaient sentir cette partie cachée que les humains ne décelaient pas. Où alors ça n'avait rien à voir.

Quoi qu'il en soit, le résultat était le même: un aller simple vers l'infirmerie. Elle aurait du prendre un abonnement en début d'année. Le même genre de carte qu'on donne aux moldus à chaque fois qu'ils achètent une pizza avec le fameux slogan « Dix achetées et la onzième offerte! ». Eh bien pour elle il suffisait de transposer: « Dix visites et à la onzième vous pouvez passer la nuit. » Cool non?! Clarisse soupira. Et Pomfresh qui n'était pas là! Elle l'avait prévenue la semaine précédente qu'elle irait en séminaire à Londres ce mardi et qu'elle devrait faire attention. De toute façon elle lui disait toujours la même chose. Elle commençait par râler que c'était encore elle, puis elle lui demandait ce qu'elle avait fabriqué cette fois. Elle la soignait et la renvoyait en lui disant qu'elle ne voulait plus la voir à l'infirmerie. Une façon comme une autre de manifester sa sympathie. Enfin ça c'était ce que la bleue et bronze en avait déduit après plusieurs années de pratique.

Dédaignant le chemin qui menait au château, l'écossaise prit la direction du lac. Elle avait les nerfs trop à vif pour supporter le brouhaha de la grande salle à l'heure du repas ainsi que les remarques exaspérantes de Siraya. La pauvre était bien gentille, mais ses commentaires sur les nouvelles éraflures de Clarisse avaient de don d'agacer cette dernière. De mauvaise humeur rien que d'y penser, la jeune fille shoota dans un caillou. Elle le regarda rouler loin, jusqu'à buter au pied d'un arbre, pauvre petite chose ballotée par des forces supérieures. Elle était un peu masochiste sur les bords, mais un jour elle arrêterait tout ça. Elle cesserait de croire que c'était important, qu'elle devait le faire, pour lui, pour elle: pour eux. Un jour elle abandonnerait la SACM... Mais... pas encore. D'abord il devait être fier d'elle et elle aussi devait le lui dire. La féliciter. Parce qu'elle faisait de son mieux, même si ce n'était pas assez, même si tout ce qu'elle récoltait c'était une cicatrice de plus. Un jour elle y arriverait et alors elle pourrait arrêter. Quand elle leur aurait prouvé. Prouvé quoi? C'était ridicule et elle le savait bien. Les morts ne peuvent pas vous féliciter. Les vivants le pourraient eux. Si seulement ils regardaient. Si seulement ils voyaient. Si seulement ils cessaient d'être aveuglés par des questions existentielles auxquelles nul ne pouvait répondre. Lui il l'aurait vu s'il avait été là. Mais s'il avait été là, elle n'aurait pas eu besoin de continuer. C'était là toute l'ironie de la situation.

La rousse arriva au bord du lac. Il n'y avait personne à cette heure de la journée et c'était beau. Tout simplement. Il lui suffisait de s'asseoir ici quelques minutes,et, bercée par le clapotis régulier de l'eau, elle retrouvait un peu de sérénité. Elle marcha jusqu'au gros rocher rond pas loin du vieux saule. Elle laissa tomber son sac de cours par terre et quitta sa cape en laine. Elle la plia pour s'en faire un coussin et s'assit dessus, puis elle ramena à elle sa jambe droite et ôta sa chaussure. Elle fit de même avec la jambe gauche et laissa tremper le bout de ses orteils dans l'eau froide du lac noir. Clarisse fut parcourue d'un frisson, mais qu'est-ce que ça faisait du bien...
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  • Mervin Caerwyn
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    Mervin Caerwyn
MessageSujet: Re: On continue encore et encore... [Mervin]   On continue encore et encore... [Mervin] EmptyVen 29 Avr - 15:46:45

- Je te dis que j’ai une blessure grave au bras, je suis sûre que ça s’est infecté et que j’ai de la fièvre, pourquoi devrais-je te suivre dehors ? Tu sais que le poison se répand plus vite quand on marche ? Je devrais être couchée ! Pas en train de marcher pour trouver je ne sais quelle plante miraculeuse, et puis pourquoi Pomfresh n’est pas là d’abord ?
Cette fille l’épuisait, les années n’y changeaient rien. Margaret s’accrochait à lui comme une sangsue et aucune vexation ne pouvait l’éloigner de lui plus d’une semaine. La grande brune revenait toujours à la charge, avec ses problèmes, ses malheurs, ses disputes familiales et ses peines de cœur. Les Serpentard de septième année se la traînaient comme un boulet. Ils se l’échangeaient d’une semaine à l’autre, mais le pauvre gallois la récupérait un peu plus souvent que les autres. Après le cours de soin aux créatures magiques, elle avait fondu sur lui comme une harpie. Ses ongles manucurés lui avaient labouré l’épaule avec plus de vigueur que n’importe quel cocatrix et elle lui avait montré la terrible blessure – deux griffures emperlées de sang sous le poignet – en gémissant que l’infirmière était absente. Pour une raison inconnue, elle se voyait déjà mourante et le suppliait de lui apporter les premiers soins. Il savait forcément, puisqu’il avait les meilleures notes de la classe dans cette matière. Avec patience, Mervin lui avait expliqué en nouant un bandage inutile autour de son bras que les créatures du jour n’étaient pas venimeuses. Leur pouvoir de pétrification se trouvait dans leur regard et non dans leurs pattes. Elle n’avait rien voulu savoir. Trente minutes plus tard, alors que le déjeuner venait de commencer, la jeune fille s’était mise à paniquer : son bras lui brûlait toujours, c’était sans doute un début de gangrène. Evidemment, elle avait désormais un argument de poids pour le forcer à la « sauver », il était préfet-en-chef, il devait veiller sur ses camarades… Alors, exaspéré, il lui avait demandé de la suivre jusqu’au lac.

- Je suis sûre que c’est un coup de Lydia, pesta-t-elle en arrivant sur la berge. J’ai bien vu son regard quand le cocatrix m’a attaquée !
- Ces créatures sont naturellement agressives, personne n’est à l’abri de leurs griffures, j’en ai reçu un tas dans ma vie et je n’en suis pas mort…, expliqua-t-il calmement en sortant un petit chaudron de son sac.
- Oui mais toi tu… Tu fais quoi ?
- Un pansement. C’est ce que tu voulais non ?
Il n’attendit pas sa réponse et se releva pour ramasser des algues, des fleurs aquatiques et un peu de glaise. C’était une recette très rudimentaire qu’il avait apprise dans son enfance et qui permettait de désinfecter et cautériser les blessures les plus bénignes. Il s’était souvent soigné de cette manière lors de ses escapades en forêt. Le remède avait prouvé toute son efficacité le jour où il s’était ouvert un mollet sur un rocher en essayant de s’aventurer dans une zone interdite du domaine Caerwyn. Son père n’y avait vu que du feu. A Poudlard, il pansait toutes ses plaies de manière artisanales afin d’éviter les questions dérangeantes de Pomfresh, car il aimait explorer en secret la forêt du château.

- Mais… C’est quoi tout ça ? demanda la Serpentard peu rassurée en le voyant revenir avec une gerbe de plantes humides.
Il ne répondit rien et écrasa les végétaux dans son chaudron à l’aide d’un pilon, afin de préparer une pâte aux vertus curatives. Margaret l’observait avec curiosité. Elle pâlit lorsqu’il lui demanda de desserrer son précieux bandage.

- Attend, tu vas pas me mettre ce truc tout gluant sur la peau ?
- C’est un désinfectant, tu n’auras qu’à le garder dix minutes sur toi et…
- Non, c’est dégoutant ! Tu me prends pour qui ? Tu m’as bien regardée ? Tu crois que je suis le genre de fille qu’on peut initier aux pratiques primitives du Pays de Galles ??
- Si tu préfères avoir mal…
- Je préfère encore avoir le bras coupé que m’étaler cette chose immonde su le bras !!!


Et, se drapant de dignité à la manière d’une tragédienne ratée, la jeune fille s’éloigna d’un pas vif en s’assurant bien d’avoir été vue et entendue par les quelques étudiants qui pique-niquaient tranquillement dans l’herbe. Mervin poussa un soupire las. Il aurait dû prévoir cet éclat irraisonné mais les coquetteries de cette pimbêche le dépassaient. Au moins, il en était débarrassé pour la journée. Au final, pour guérir une écervelée, il suffisait de lui présenter une pommade assez écœurante pour lui faire passer l’envie de se faire soigner. C’était ridicule. Il pris d’un air résigné le pilon et le chaudron pour aller les laver au bord de l’eau et c’est à ce moment qu’il s’aperçut que la scène ne s’était malheureusement pas passé sans témoin. Et quel témoin ! Clarisse McBrien, sa cavalière du bal de Noël. Bien que cette soirée se fût très bien passée, il ne lui avait pas vraiment reparlée depuis, soit par timidité, soit parce qu’il n’avait rien trouvé de très pertinent à lui dire… En effet, la Serdaigle n’était pas très bavarde, contrairement à Margaret, hélas. Un peu gêné d’avoir été surpris dans une scène aussi stupide, il la salua d’un sourire faussement enthousiaste et s’approcha doucement d’elle. L’écossaise avait été la plus amochée par la séance de soins aux créatures magiques, elle faisait partie de ceux qui rencontraient le plus de difficultés et l’espèce que leur avait présenté Gobe-Planche comptait parmi les créatures les moins dociles du bestiaire. Il était proprement impossible de domestiquer un cocatrix.

- Elle est toujours comme ça…
, murmura-t-il en haussant les épaules à propos de l’infernale Margaret. Cependant, l’absence de madame Pomfresh est ennuyeuse, tes blessures ne te font pas trop mal ?

Bon, ce n’était pas l’entrée en matière du siècle à moins de se destiner à la médicomagie mais il avait au moins essayé de se montrer aimable. Et, d’une certaine manière, il se sentait responsable des élèves en l’absence de l’infirmière. Margaret ne s’y était pas trompée en se ruant sur lui, lorsqu’il pouvait aider et que cela n’impliquait rien, il le faisait tout naturellement. Il gardait aussi les traces d’une éducation machiste ou chevaleresque – au choix – qui voulait qu’on ne se comportât pas en rustre devant une fille blessée… Enfin, sérieusement blessée, pas comme Margaret qui pouvait pleurer pour un ongle cassé.

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  • Clarisse McBrien
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    Clarisse McBrien
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MessageSujet: Re: On continue encore et encore... [Mervin]   On continue encore et encore... [Mervin] EmptyMar 3 Mai - 9:45:10

La tête rejetée en arrière et les mains prenant appui sur la surface rugueuse du rocher, Clarisse avait fermé les yeux, oubliant les désagréments de cette journée mal commencée. Il était parfois agréable de prendre du temps pour ne rien faire. Profiter du magnifique paysage écossais, de la légère brise qui agitait faiblement la surface du lac et du soleil qui dardait ses timides rayons sur cette terre emplie de magie. La fraicheur de l'eau contre ses orteils gagnait progressivement le reste de son corps et anesthésiait les picotement de ses coupures. Le silence des lieux permettait de mieux apprécier la douceur du chant des oiseaux et la Serdaigle aurait pu rester là des heures, sans bouger. C'est d'ailleurs très certainement ce qui ce serait passé si une voix haut perché n'était venue troubler la quiétude des lieux et lui percer les tympans de la plus désagréable des manières.

-Je suis sûre que c'est un coup de Lydia. J'ai bien vu son regard quand le cocatrix m'a attaquée!

Ouvrant les yeux trop tôt à son goût, Clarisse s'apprêtait à rabrouer vertement l'importune lorsqu'elle reconnut celui qui l'accompagnait: Mervin Caerwyn, Serpentard de septième année, mais surtout préfet-en-chef. Et accessoirement son cavalier au bal de Noël. La grande fille brune qui ne cessait de geindre était la fameuse Margaret dont il lui avait parlé, une fille au physique banal qui s'était rapidement imposée parmi les serpents, fréquentant tous ceux de sa maison avec plus ou moins d'assiduité. Visiblement elle s'accrochait au gallois avec plus d'assiduité que les autres. Clairement amusée par le manège de la sorcière, l'écossaise suivit la scène avec grand intérêt. C'était mieux que d'aller au théâtre moldu parce qu'ici elle connaissait les protagonistes pour les avoir côtoyés depuis ses onze ans. En plus, la verte faisait un tel cinéma qu'elle se tournait en ridicule sans s'en apercevoir, persuadée qu'elle était victime d'un complot. Idiot, naturellement, mais le spectacle était très divertissant et donnait des idées à la Serdaigle. Le moment lui semblait tout à fait approprié pour sortir R.B. du placard. Elle voyait bien un petit article sans prétention dans la gazette relatant le scoop de l'année: « Une élève échappe de peu à la gangrène: mais que fait Pomfresh?! » Bien sûr, ce serait comme pour Applepy: mi-figue, mi-raisin. Elle avait d'ailleurs été agréablement surprise de l'accueil réservé à l'interview. Et voir le préfet enrager à la parution avait été la cerise sur le gâteau. Lui qui s'attendait à un éloge à sa chère petite personne avait été très déçu, ce qui avait beaucoup fait rire Clarisse. Ah mauvais esprit quand tu nous tiens! Mais il fallait bien que quelqu'un se charge de remettre à sa place ce petit prétentieux. Margaret finit par s'éloigner en direction du château, plantant là le pauvre Mervin qui s'était donné de la peine pour rien.

Prenant soudain conscience qu'il n'était pas seul, le septième année s'approcha de sa camarade et lui offrit un sourire gêné auquel elle répondit
.
-Elle est toujours comme ça... Cependant, l'absence de madame Pomfresh est ennuyeuse, tes blessures ne te font pas trop mal?
- Elle est plutôt amusante. Sourit-elle. Mais j'imagine qu'au quotidien ce n'est pas un cadeau.
Comme Siraya. Une fois de temps en temps elle était supportable, mais à la longue elle devenait usante. Quoi que... Clarisse avait développé une technique infaillible qui consistait à ne plus l'écouter lorsque la conversation l'ennuyait. Elle se contentait d'acquiescer de temps à autre pour donner le change, relevant une phrase au hasard. Bien sûr son amie avait fini par découvrir le pot au roses, mais curieusement elle n'avait rien dit et continuait ses monologues sans se vexer. Une chance! Il fallait dire aussi que la bavarde n'aimait pas être contredite. Ainsi, chacune trouvait son compte. Enfin bref...

Clarisse remonta sa manche droite pour regarder l'étendue des dégâts. Trois entailles rouges, mais peu profondes, remontaient de son poignet en direction de son coude. Elles n'étaient heureusement pas très profondes. Les mêmes ou presque marbraient très certainement la peau blanche de son ventre et de son épaule. Elle soupira.
- Comme tu vois, c'est très superficiel. Ça pique un peu, rien de plus. Et puis... j'ai l'habitude. J'aurais bien dû me douter que ces bestioles étaient agressives. Comme à peu près toutes les sales bêtes dont ils devaient « prendre soin ». Heureusement qu'il n'y avait pas qu'elle pour s'en occuper, sinon il y aurait belle lurette que le bestiaire de Poudlard serait mort de faim.

La bleue et bronze ne savait pas quoi dire de plus à Mervin. Tous deux savaient à quel point elle était désastreuse dès qu'il était question de SACM ou de botanique. Après six années de cours en commun, on ne comptait plus les explosions et divers incidents qu'avait bien involontairement provoqués la rousse. Même s'ils avaient passé un agréable moment lors du bal, ils n'avaient rien partagé de plus que quelques danses. Depuis la soirée, chacun était retourné à son train-train sans s'occuper de l'autre. L'invitation du jeune homme n'avait été ni le fruit d'une amitié naissante, ni celui d'une attirance particulière, du moins c'est ce que Clarisse pensait. Leurs comportements respectifs étaient donc parfaitement logiques. Il n'empêche que pour une fois, elle avait passé une bonne soirée en compagnie d'une autre personne, fait assez rare pour être noté. Il n'y avait pas eu de dispute, pas de sortilège ni de jus de citrouille balancé. Si ce n'était cette ridicule élection de Miss Poudlard à laquelle un plaisantin avait cru bon d'ajouter son nom, on pouvait dire que tout s'était déroulé sans incident. (Et encore, Mervin n'était en rien responsable) Ce qui ne la dispensait pas de se sentir gênée. Elle n'avait pas l'habitude de ce genre de situation...


-Pomfresh est allée à un séminaire à Londres. Elle ne sera de retour que demain. Une conférence sur les vertus médicinales nouvellement découvertes de certaines plantes... quelque chose dans ce goût-là il me semble... C'était une tentative minable pour lancer la discussion, mais au moins avait-elle eu le mérite de tenter quelque chose. On pouvait d'ailleurs saluer les gros efforts de communication dont elle faisait preuvet ces derniers temps.
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  • Mervin Caerwyn
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    Mervin Caerwyn
MessageSujet: Re: On continue encore et encore... [Mervin]   On continue encore et encore... [Mervin] EmptyDim 8 Mai - 12:26:57

Le fléau des vert et argent s’en était allé et il se retrouvait seul face à l’inconnue avec qui il avait pourtant partagé une soirée. Clarisse ne lui avait pas beaucoup parlé d’elle. Il n’avait vu qu’une fille réservée, mal à l’aise en société, et peu disposée à se dévoiler, charmante, mais peu accessible. Pourtant, elle l’intriguait. S’il reconnaissait l’avoir invitée au bal pour sa beauté tranquille il se sentait désormais attiré par le mystère qu’elle dégageait. Elle n’était pas comme les autres. Sa discrétion pouvait passer pour de la timidité, mais elle renfermait aussi quelque chose de plus profond, de plus sombre. Mervin n’avait jamais cherché à découvrir les secrets de ses camarades, et il n’avait pas l’intention d’obtenir des révélations. Qu’en ferait-il ? Non. Il avait simplement l’impression que cette âme lui résistait, ce qui était à la fois fascinant et contrariant pour un manipulateur comme lui. D’ordinaire, il arrivait à anticiper les réactions de ses compagnons. Il était parfois capable de sonder l’esprit d’un regard, de savoir que s’il claquait des doigts à gauche, l’autre partirait à droite. Margaret, par exemple, était un cas souvent imprévisible mais très facile à contrer. Qu’en était-il de la Serdaigle ? Il hésitait entre la force brute et l’indifférence qui, à un stade très développé, rendait les Hommes hermétiques à toutes les ruses du monde. Car il ne suffisait pas d’être malin. Fabula, par exemple, avait un certain talent pour la tromperie, mais sa fierté lui nuisait beaucoup. Toute la question était donc de savoir si la jolie rousse était intéressante ou creuse. Il savait cependant qu’il serait contraint d’adopter une attitude inédite s’il voulait obtenir une discussion suivie avec elle, il devait agir avec naturel. Seulement, il se sentait toujours terriblement faux en sa présence. Les relations sociales n’étaient pas son fort et il avait besoin d’être guidé pour avancer, à moins d’avoir un plan très précis en tête. Là, il avait plutôt le sentiment désagréable de jeter des mots à l’aveuglette, bien que son sourire accueillant n’en laissât rien paraître.

Clarisse s’efforçait d’être aimable ce qui le rassura un peu. Elle avait même l’air un peu plus ouvertes que le soir de Noël. Une saison entière avait passé depuis et ils se retrouvaient en tête à tête, loin de l’agitation d’une salle des fêtes et des regards inquisiteurs de Margaret. La Serpentard était difficile à supporter mais, comme le soulignait la sixième année, elle avait un côté attachant qui l’empêchait de l’exclure définitivement de son cercle de relation. Ce n’était qu’une enfant gâtée. Son exubérance dissimulait sans doute une solitude encore plus profonde que la sienne et sa bêtise l’excluait du monde, puisqu’elle ne le comprenait pas. Incapable de considérer ses actes avec recul, elle vivait chaque reproche comme une attaque personnelle, avec une violence qui tombait sous le sens. Il n’enviait pas du tout la vie qui battait dans ce corps là.


- C’est difficile
, concéda-t-il. Mais elle n’est pas méchante, je crois qu’elle souffre beaucoup, en réalité…

Mais éprouva-t-il vraiment de la compassion ? Il n’avait jamais trouvé de réponse à cette question. Tant que Margaret était là, il se gardait de lui faire du mal. Cependant, si elle venait à disparaître ou à tomber dans une grande dépression, il savait que ses malheurs ne l’affligeraient pas et qu’il ne serait pas là pour la soutenir. Alors pourquoi continuait-il à subir une personne avec laquelle il ne se sentirait jamais impliqué ? Il l’ignorait. Mais il avait souvent l’impression que ce sentiment était aussi valable pour tous les autres et que son indifférence générale s’aggravait avec le temps.
Sans s’attarder sur le cas de Margaret, Clarisse lui montra son bras pour qu’il puisse évaluer l’état de ses blessures. Ce n’était pas très inquiétant, et le sang ne coulait plus. La Serdaigle insista elle-même sur le caractère bénin de ses éraflures. Il lui tourna un sourire vaguement amusé et s’installa à ses côtés.

- Je n’aime pas beaucoup les cocatrix
, souffla-t-il. Ils sont mauvais par nature, on ne peut pas les dresser. Ceux que Gobe-Planche nous a montrés étaient jeunes. Les adultes sont quasiment impossibles à approcher… Pour amadouer un animal, le regard joue souvent un rôle très important, or, on ne peut pas les regarder sans risquer la pétrification…

Au moins, lorsque le sujet de la conversation se portait vers les créatures magiques, il n’avait aucune difficulté à s’exprimer, c’était un thème sans conséquence qu’il maîtrisait parfaitement. Mais, il fallait être passionné pour avoir envie de l’écouter, et Mervin n’avait pas du tout envie d’ennuyer Clarisse avec ses histoires de cocatrix. Ils voulait simplement la rassurer sur le fait que, malgré ses nombreuses mésaventures en cours de soins et botanique, elle n’y étaient pas pour grand-chose cette fois… Ou presque… Mais les coqs de feu n’étaient rien d’autre que des bêtes créées pour la destruction. Leur naissance elle-même n’avait, à l’origine, rien de naturel.
Un court silence retomba, sitôt rompu par une nouvelle intervention de la Serdaigle. Agréablement surpris de la trouver aussi « bavarde », Mervin écouta ses explications à propos de l’absence de Pomfresh mais on ne pouvait pas dire qu’elles fussent un idéales pour relancer la discussion… Il aimait la botanique bien sûr, mais, ce sujet, comme le précédent, ne pouvait intéresser que des initiés comme lui.


- ça m’a l’air intéressant. Les plantes sont étonnantes, il n’est aussi arrivé de leur découvrir des propriétés que je ne soupçonnais absolument pas… mais je manquais peut-être tout simplement de connaissances
, ajouta-t-il avec modestie. J’espère en tout cas que ses découvertes seront profitables aux élèves, même si certains semblent très farouchement opposés à la médicomagie traditionnelle.

Il eut un rire léger et posa un regard complice sur la Serdaigle, en référence, bien évidemment, à la scène que Margaret venait de lui jouer.


- Enfin, si tu veux que la douleur passe plus vite je peux toujours t’aider… Mais dit-moi
, lança-t-il soudain, n’es-tu pas l’une des seule élèves de Poudlard à t’être inscrite au tournois de duel ? J’ai entendu dire que tu avais remporté ton premier combat avec un certain panache...

Et cette nouvelle semblait un peu plus palpitante que les aventures de madame Pomfresh en conférence. Il se souvenait avoir hésité à assister au duel la semaine précédente en apprenant que Clarisse y participait. Mais, finalement, il s’était défilé au dernier moment, sans trop savoir pourquoi. Ce temps-ci, ses retours au domaine Caerwyn étaient de plus en plus fréquents les week-ends. Il n’aimait pas s’éloigner deux semaines d’affilées, il avait besoin de garder le contrôle, au cas ou… Son père ignorait tout de ce qui se tramait dans l’ombre, et les relations avec les Tewdwr restaient tendues malgré la réussite de sa dernière opération.

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  • Clarisse McBrien
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MessageSujet: Re: On continue encore et encore... [Mervin]   On continue encore et encore... [Mervin] EmptyMar 24 Mai - 19:56:09

Mervin s'installa à côté de la Serdaigle et s'appliqua à répondre à ses piètres tentatives de discussion. En vérité, il avait l'air aussi malhabile qu'elle dans le domaine de la conversation, ce qui ne facilitait pas la communication. Il eut tout de même le bon goût de ne pas approfondir le sujet hautement sensible des cocatrix. Si on lui parlait encore de ces terribles bestioles, Clarisse ne répondrait plus de rien, et risquerait fort de se retrouver à Azkaban pour meurtre. Heureusement, le jeune homme sembla réaliser qu'il était déconseillé de poursuivre sur cette voix et leur épargna à tous les deux une fin funeste. Pour ce qui était de Pomfresh et de son séminaire à Londres... même résultat. La rousse avait bien conscience que disserter sur les pérégrinations de leur infirmière n'était pas des plus intéressant, mais sur le moment, ça lui avait semblé tout à fait correct. Et surtout, c'était la seule chose qui lui était passée par la tête. Échec. Encore. C'était en vérité assez étrange. Les deux élèves avaient passés une excellente soirée voilà plus de trois mois, mais c'était comme si, depuis, la barrière qui les avait jusqu'alors séparés, s'était à nouveau érigée entre eux. L'écossaise n'agissait jamais spontanément en présence d'inconnus, par crainte de leurs réactions. Elle traînait ça depuis l'enfance, un vieux réflexe qui peu à peu se changeait inconsciemment en stratégie défensive. Salutaire en présence de Pénombre Craft, un peu trop efficace sur Kilian Doyle et... inutile avec Mervin, puisqu'ils étaient en paix.

Ce n'était pas en parlant de la pluie et du beau temps qu'ils feraient plus ample connaissance. Elle serait forcément amenée à livrer un peu d'elle-même (le moins possible!), si elle souhaitait en apprendre plus sur le serpentard. Mais en avait-elle envie? Clarisse avait trop tendance à considérer les autres comme des objets purement décoratifs et presque totalement inutiles. Rares étaient ceux qui parvenaient à capter suffisamment son attention pour obtenir le statut d'être humain à part entière. Par chance, Mervin était l'une de ces exceptions, ne serait-ce que par le souvenir de cette sensation étrange de bien-être qui avait envahit la jeune fille en sa présence au bal de Noël. Après des débuts hésitants, tout avait semblé simple. Ses éternelles questions avaient progressivement quitté son esprit, l'aidant à profiter de l'instant présent. Alors... oui, elle avait envie de mieux connaître ce garçon, et peut-être retrouver cette facilité, cette aisance en société, qui d'habitude lui manquait cruellement. Et pour y parvenir il faudrait de nouveau abattre ces maudites barrières. C'était loin d'être une mince affaire et surtout elle ignorait comment s'y prendre... d'autant que son cerveau fonctionnait à cent à l'heure et trouvait soudain un intérêt accru à la potion visqueuse que Mervin avait confectionné pour son amie. C'était plus fort qu'elle, Clarisse n'arrivait pas à enclencher le mode « veille prolongée » et cherchait malgré elle tout le profit qu'elle pourrait tirer de cette substance curative. Enfin... ce n'était pas le sujet pour le moment...


-Mais dit-moi, n'es-tu pas l'une des seule élèves de Poudlard à t'être inscrite au tournois de duel? J'ai entendu dire que tu avais remporté ton premier combat avec un certain panache...

La jeune fille sourit. Ah... le duel! C'était une excellente expérience et elle ne regrettait pas du tout de s'y être inscrite, même s'il fallait bien avouer qu'elle avait dégusté. Elle en gardait même une fine cicatrice blanche à peine visible au niveau de l'arcade sourcilière, résultat malheureux de sa rencontre un peu brutale avec un morceau de granit. Pendant le match, elle n'avait pas eu conscience des centaines de paires d'yeux fixés sur elle, et c'était tant mieux. Elle s'en rendait compte seulement maintenant et une pareille exposition avait quelque chose de gênant. M'enfin elle n'avait pas à rougir de sa prestation, même si son adversaire s'était révélé … étonnant. Ça ne l'empêchait pas d'être assez fière d'avoir gagné, bien qu'elle ne l'avouerait jamais en public. Après tout, l'autre duelliste était censé être plus avancé qu'elle en magie...

- Oh euh ... on dirait que tu es bien renseigné. C'est vrai que j'ai ouvert le championnat contre un étudiant de l'UMA. Mais... j'ai eu de la chance.. et... j'ignore si les prochains matchs se dérouleront aussi bien. Et elle le pensait. On dit que des aurors se sont inscrits, et même McCarter, le professeur de duels. Contre ce genre d'adversaire... je pense que revenir en un seul morceau sera déjà difficile.

Imaginez... se battre contre un sorcier formé spécialement pour être en mesure d'arrêter des criminels, et de lutter contre des mages noirs. Quelqu'un qui a une grande expérience en matière de sortilèges offensifs, défensifs et qui connait toutes les ficelles du métier. Autant dire qu'elle partait avec des chances... au score négatif. Mieux valait directement se casser un bras, ça ferait moins mal. Mais même si ça lui faisait un peu peur, l'esprit tenace de la Serdaigle n'envisageait pas une seconde de déclarer forfait. C'était une occasion en or pour apprendre ce qu'aucun enseignant ne serait en mesure de lui inculquer. Parce que même s'ils s'affrontaient en classe, ils restaient dans le cadre sécurisant de Poudlard et surtout, ils avaient tous plus ou moins le même niveau. C'était bien pour acquérir les bases, mais insuffisant pour devenir un prédateur accompli. N'était-il pas préférable en effet d'être le chasseur plutôt que la proie? Plus utile en tous cas si elle se retrouvait face à face avec l'assassin de son père... Cette pourriture qu'elle enverrait rôtir au pays de Lucifer, même si elle devait l'y emmener par la main. Il y resterait, elle s'en assurerait personnellement. Et pour ça...

- Enfin... c'est un bon moyen de rencontrer d'autres gens qu'au château et de voir le monde en dehors de Poudlard.Elle s'interrompit un instant. Et toi … tu ne t'es pas inscrit?

Il ne lui semblait pas avoir vu le nom de Mervin sur la liste des élèves participants à l'évènement, mais il fallait avouer qu'elle n'avait pas prêté grande attention à ladite liste pour les raisons que l'on connait.
La fraicheur de l'eau s'était répandue dans l'organisme de l'aiglonne, anesthésiant certes les picotements de ses griffures de cocatrix, mais la gelant aussi jusqu'aux os. Et c'était seulement maintenant, avec ce petit vent qui se levait sur le lac, qu'elle s'en apercevait. Clarisse fut parcourue d'un long frisson. Elle était frigorifiée. Ils n'étaient qu'en mars et à cette époque, il était bien imprudent de se découvrir, et d'autant plus de faire trempette dans l'eau glacée d'un loch écossais. Malgré une plus grande résistance au froid que la moyenne, elle en serait quitte pour un bon rhume et ce sirop sucré contre le mal de gorge. Probablement un des seuls remèdes au monde qui ne vous donnait pas une affreuse envie de vomir sans en perdre de son efficacité. Une invention remarquable. Dommage que son inventeur soit mort avant de mettre au point d'autres médicaments si appétissants. D'ailleurs... en parlant de soins... sans doute devrait-elle songer à ne pas laisser ses coupures s'infecter.


- Au fait … euh... sans vouloir être indiscrète...c'était pour quoi la potion que tu as faite pour ton amie Serpentarde? Demanda-t-elle curieuse, tout en remettant ses chaussures et sa cape.
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MessageSujet: Re: On continue encore et encore... [Mervin]   On continue encore et encore... [Mervin] EmptySam 4 Juin - 16:21:32

Des cocatrix aux plantes médicinales la discussion suivait un fil unilatéral assez déprimant, et Mervin se savait en partie responsable de ce blocage. Pour lier connaissance avec les adolescents, il fallait savoir parler de soi ou s’encombrer de personnes qui ne demandaient qu’à être écoutées. Le reste ne lui servait qu’à passer pour un puits de savoir auprès des élèves les plus paresseux. Lorsque ses camarades séchaient sur un exercice, la même phrase revenait toujours : « Demande à Mervin ». Il réexpliquait chaque cours avec patience puisqu’il n’avait aucune raison de leur refuser son aide. Les Serpentard les plus respectueux attendaient qu’il soit disponible, ce qu’il leur demandait toujours avec le sourire, mais d’autre n’hésitaient pas à s’imposer en repoussant les parchemins de son pupitre pour l’obliger à étudier leur problème. Aujourd’hui, il revoyait ces années avec amertume. Toutes étaient semblables et presque rien n’avait changé si ce n’était que plus personne n’arrivait à obtenir quelque chose de lui en l’agressant. D’expérience, les Serpentard les moins idiots savaient que le miel de son regard dissimulait souvent des pensées incisives. S’il pardonnait à Margaret sa sottise, il n’excusait pas toujours la présomption des autres. A Poudlard, son cercle de proches en avait fait leur conseiller particulier. Son statut était même particulièrement avantageux depuis la chute du Lord. Les héritiers des lignées Pures en difficulté s’attendaient à ce qu’il leur donnât une solution pour s’en tirer. Et il en trouvait, si le parti l’intéressait et l’assurait de sa fidélité. En vérité, il adorait cette période de crise. Mais quand avait-il eu une conversation sincère avec un étudiant de son âge ? Il songea vaguement à sa cousine lointaine, à Fabula, mais ces instants, d’une rareté extrême, n’avaient jamais donné de suite. Epona avait aussi cherché à le sonder, cependant, même ses aveux étaient calculés. Il ne savait pas discuter dans un contexte simple qui l’impliquait seul. Il se sentait aussi gauche qu’un pantin aux fils trop lâches. Saurait-il jamais y remédier vraiment ?

L’évocation du tournoi de duel le sauva in extremis du vide. Clarisse retrouva la parole en s’étonnant légèrement de la précision de ses informations. Un sourire espiègle se forma sur ses lèvres. Elle ne pensait pas si bien dire. Si une personne avait le malheur d’attirer son attention un jour, plus aucun de ses faits et gestes ne lui étaient inconnus dans le grand monde. Il aurait pu lui dire également que son adversaire était Alan Desoya, un ancien poufsouffle dont la petite sœur étudiait toujours à Poudlard et lui citer son curruculum vitae dans les moindre détails mais il ne voulait pas l’effrayer. L’important était que la jeune fille avait gagné et il la trouvait bien modeste de parler d’un coup de chance. Son adversaire ne lui semblait pas des plus redoutable. En revanche, il était vrai que ce tournoi se jouait à forces inégales. Les jeunes sorciers n’avaient aucune chance face aux duellistes confirmés qu’étaient les aurors ou McCarter. Certaines rencontres laissaient d’avance peu de soupçons quand à l’identité du vainqueur. Il acquiesça doucement.


- Je te souhaite de tomber sur un sorcier à ta mesure pour le second tour. Cependant, certains tournoi ont mené à la victoire des duellistes très inattendus, et parfois aussi jeunes que nous. Ce sont de grandes exceptions dans l’Histoire, mais elles sont la preuve que la puissance magique ne fait pas toujours tout.


Il ne disait néanmoins pas cher du sort de Lavande Brown qui se retrouverait face à McCarter la semaine suivante. Puis, la question de la Serdaigle le désarma complètement. S’il s’était inscrit ? L’idée ne lui avait pas même effleurée l’esprit. Il la regarda un instant comme si elle venait de lui demander quelque chose de particulièrement insensée puis se repris en se recomposant un sourire amusé. Il suffisait de le menacer avec une baguette pour lui faire perdre ses moyens. Les sors offensifs étaient ceux qui lui réussissaient le moins. Dans ces moments désagréables, il avait toujours l’impression de perdre le contrôle des éléments. C’était un sentiment qu’il détestait. Si la violence le surprenait, alors c’était le signe que ses ennemis le tenaient à leur merci, qu’il n’y avait plus d’échappatoire possible. Un rêve aux allures de souvenirs le surprenait souvent dans son sommeil. Une baguette était pointée sur sa poitrine, et il ne pouvait pas bouger, il savait qu’il allait mourir, pourtant, quand la lumière verte éclatait, que le noir se faisait et qu’on corps s’effondrait lourdement sur le sol, il avait juste envie de pleurer. Cette mémoire morcelée, floue et scellée le glaçait. Soudain plus mal à l’aise face à cette interrogation très personnelle, il murmura prudemment :


- Non ce serait inutile je… j’ai de l’admiration pour ceux qui participent mais je suis très mauvais en sortilèges offensifs. Je n’arrive pas à attaquer, je dois déjà me forcer pour les exercices en cours, alors situation réelle, ça ne donnerait rien de très bon…

Même s’il n’avait aucune honte à être un piètre duelliste et à fuir les combats, c’était quelque chose qu’il n’aimait pas beaucoup exprimer. Beaucoup d’élèves trouveraient parfaitement ridicule d’être incapable de réussir un simple expéliarmus. Et, cependant, il était redoutable dans d’autres domaines, et maîtrisait à merveille tous les sortilèges de confusion mentale… Tant que sa cible n’avait aucune idée de ce qui l’attendait. Il ne pouvait décemment pas se vanter d’exceller dans le registre des attaques en traitre.
- La concurrence est stimulante, concéda-t-il, mais je n’oserais pas m’engager dans un événement dont je peux prédire par avance l’échec cuisant.

Il envoya un sourire plus amusé à Clarisse, comme s’il trouvait soudain très drôle d’imaginer la situation peu glorieuse dans laquelle il aurait pu se retrouver. Et, après tout, il n’avait pas été envoyé à Serpentard pour rien. Les verts et argents aiment le défi à condition d’avoir un minimum l’assurance de gagner. Il n’était pas du genre à s’engager dans des causes perdues, très loin de là même.
La Serdaigle retira ses pieds de l’eau. Ils étaient rougis par le froid et son corps fut traversé d’un tremblement. Il était vrai que le temps s’était adoucit depuis quelques jours, mais le ciel demeurait couvert et il n’était guère raisonnable de jouer avec sa santé au bord du lac. Ce constat l’amusa plus qu’il ne l’inquiéta. Il avait l’habitude de défier le mordant de l’hiver. Petit, il éprouvait même une grande fierté à résister au froid lorsque ses parents lui criaient de mettre une cape tandis qu’il s’élançait vivre il ne savait quelles aventures avec son chien dans la forêt. Plus raisonnable que lui, l’écossaise se rhabilla et le questionna sur la potion qu’il avait préparée pour Margaret.

- Oh, ce n’est une espèce de pâte à base de plantes aquatiques. Margaret se plaignait de ses blessures, alors je lui ai préparé de quoi l’aider à cicatriser, mais il semblerait que la présentation du remède importe plus que ses effets… Pourtant, avec ça, la sensation de brûlure se dissipe en quelques minutes… Tu veux essayer ?
demanda-t-il après une hésitation. Au moins, ça ne sera pas tout à fait gaspillé…

Il prit le chaudron entre ses mains et trempa le bout de son indexe dedans pour prouver que le produit n’avait rien de dangereux. Mais, après avoir essuyé la colère de sa comparse vert et argent, il craignait la réaction de Clarisse. A Serpentard, beaucoup se moquaient de sa culture rurale. Majoritairement anglais, ils aimaient lui rappeler qu’il n’était au fond qu’un pauvre gallois attardé.

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