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 Mervin Caerwin (Serpentard)
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  • Mervin Caerwyn
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    • Date d'inscription : 19/08/2008
    Mervin Caerwyn
MessageSujet: Mervin Caerwin (Serpentard)   Mervin Caerwin (Serpentard) EmptyMer 20 Aoû - 21:24:26

- Nom : Caerwyn
- Prénom : Mervin
- Age en HJ : 19 ans
- Age du personnage : 15 ans
- Comment avez vous connu le forum? Je me suis dédoublé... niarkhéhé

Au cœur d’une épaisse forêt galloise, un chêne, dont le diamètre égalait l’étendue de son règne, connaissait pour la première fois l’entaille précise et profonde d’une antique lame d’argent. L’écorce s’effritait doucement, jonchait un sol couvert de campanules. La main pâle d’un enfant traçait des lettres de plus en plus hésitantes. Son ouvrage, commencé avec l’ardeur de la rage et du chagrin, s’effilochait. Ses doigts glissaient, la force lui manquait, comme toujours. Mais aujourd’hui, son corps n’aurait pas le dernier mot. Rien ne lui empêcherait de graver le prénom de sa mère sur cet arbre, sous cet arbre où tout avait commencé, là où sa mère jouait, malgré ses origines moldues, avec une créature enchantée lorsque son père l’avait rencontrée, là où elle aimait l’attendre pendant qu’il explorait le domaine naturel légué par sa famille, Aedd, son épagneul, sur ses talons, là où le monde se peuplait des contes et légendes celtiques, où les oiseaux se taisaient pour écouter ses mélodies galloises. Le havre de rêves n’était plus qu’un berceau de souvenirs, un cercle de vie, de mort, dont les couleurs éclataient et larmoyaient inlassablement devant ses yeux creusés, endeuillés. Sous ses pieds, les racines de son ami végétal enlaçaient le corps d’une femme rousse, qui jadis avait été belle. EILW… La stèle naturelle se dressait, un prénom timide paraissait. Ce ne serait pas aussi beau qu’il l’aurait souhaité. Les lettres se tordaient sous ses efforts malhabiles. Il en pleurait presque de frustration lorsqu’une main longue et brune, enlacée de plantes grimpantes, rencontra le manche noircit de son poignard. Il sursauta, lâcha son arme et recula d’un pas.
- D… Désolé ! Je ne voulais pas lui faire de mal… je voulais… Je voulais…
Mais comment expliquer à une créature ces curieuses traditions humaines qui le poussaient à blesser ce qui vivait pour le marquer du nom d’un mort ? Il espérait qu’elle ne viendrait pas. Même s’il savait qu’elle ne lui ferait jamais de mal, il ne voulait pas affronter son regard, sa désapprobation. Il l’avait trompée, parce qu’il ne voulait pas que son refus l’arrêtât. C’était tellement plus facile ainsi, d’agir sciemment contre la volonté d’un autre, en se cachant derrière une ignorance feinte. Il avait honte. Pourtant, la dryade, dont la nudité se dissimulait avec peine derrière des rondes de plantes qui semblaient pousser sur elle, ne perdait pas son sourire malicieux. Elle l’avait vu grandir, et connaissait les rouages trop glissants de sa pensée. Combien de fois avait-elle réfuté ses mensonges pour lui faire avouer ses petits délits ? Elle ne l’avait jamais grondé, même le jour où il avait essayé de remplacer son lapin préféré, broyé sous les dents d’Aedd, en sachant très bien que sa supercherie serait découverte.
- Merwin…, murmura-t-elle d’une voix d’Echo.
L’enfant leva sur elle des yeux coupables. Ses paupières tombaient tristement sur ses iris d’émeraude, éteintes par le chagrin. Il semblait que son visage exsangue était encore plus émacié qu’avant, trop, pour un garçon de onze ans.

- Eilwen…, souffla-t-elle ensuite en posant une main sur la terre.
Il ressentit alors un oppressant besoin de se justifier.

- Elle aimait tellement cet endroit… et… et mon père dit qu’on ne peut pas…
Sa voix tremblait. La dryade lui intima le silence en posant un index orné de petites fleurs blanches sur ses lèvres diaphanes.
Elle savait. Elle savait qu’Eilwen avait tout abandonné pour le monde des sorciers, qu’il n’y avait plus que son époux et son fils pour la pleurer et qu’il n’était pas question de lui accorder le caveau familial, de charrier des siècles de pureté. Son père, Aelhaearn Caerwyn, avait déjà trop payé pour s’y risquer. Il avait peur à présent. Sa force diminuait de jour en jour. Il maigrissait, les sens en alerte, comme un animal traqué que rien ne peut apaiser. Mervin avait choisi le tombeau de sa mère à sa place, et le pauvre homme n’était plus revenu sous le chêne depuis l’enterrement de fortune. L’enfant veillait pour lui, chaque jour, depuis le début du printemps. Mais ce rituel devait s’interrompre à la fin de l’été. Poudlard l’attendait, et il n’était pas certain de revenir. Qui sait ce qui pouvait se passer pendant son absence pour son père, pour son monde qui agonisait sous le joug du seigneur des ténèbres… Sa mère, elle, n’avait pas survécu.
La dryade soupira doucement, prit le poignard et le lui tendit en secouant négativement la tête. Des larmes brûlantes montèrent aux yeux du jeune sorcier. Alors même ça, elle n’y aurait pas droit ? Les herbes folles la noieraient dans l’oubli. Comme la mer engloutissait un marin, la terre se nourrissait de ceux qui avaient préféré fuir la civilisation pour mieux l’adorer. La sépulture respectait sa dernière volonté, elle n’aurait pas souhaité plus, mais son empreinte manquait. La mort de sa mère se couvrait d’un sentiment d’inachevé. Sous ses pieds, la terre avait séché, la végétation reprenait ses droits, un corps anonyme reposait, celui d’une femme qui, aux yeux d’un enfant, était immortelle. Un nom… Un simple nom… Le cœur lourd, il laissa la dryade s’approcher du tronc, recouvrir de sa paume les lettres abimées. Elle allait tout effacer.

- S'il te plait... , gémit-il, impuissant, pitoyable.
Un autre se serait peut-être jeté sur elle, gagné par la furie propre au désespoir, mais pas lui. Il était faible. Il n’avait ni la force, ni le courage de lutter. La nymphe lui sourit, puis s’écarta du chêne. Le prénom de sa mère s’enfonçait dans le bois. L’esquisse était parfaite, luisante et ambrée, loin de sa minable tentative. Il contempla cette épitaphe qui n’était pas la sienne, et il se laissa tomber à genoux, épuisé, éploré. L’épine s’enfonçait entière dans son cœur. Il pouvait enfin verser ses derniers sanglots, le temps que la cicatrice se fasse, pour le laisser d’apparence indemne. Comme un homme frappé à la jambe ne boitait pas tant qu’il gardait sa place, le cœur n’irriguait plus les paupières tant que les drames qui l’avaient meurtri restaient enfouis.

- J’aurais pu le faire…

Le murmure salé domina ses inspirations saccadées. Ce n’était pas ce qu’il aurait voulu dire. Tout le dépassait. La nymphe l’attira doucement contre lui.
- Je sais…, souffla-t-elle dans un gallois parfait en lui tendant une petite branche de chêne.
Mervin se calma, considéra son présent sans comprendre.

- Prend-la, insista-t-elle.
Sa petite main se referma sur le bâton et son amie de la forêt lui fit ensuite don d’une fleur, cueillie sur son corps. La lumière se fit alors dans son esprit troublé. Elle lui offrait le matériel nécessaire à la fabrication de sa baguette. Un bout de bois trouvé sur le sol, selon la tradition la plus pure, et un élément magique, sa magie à elle.

- Mais… Pourquoi…, bégaya-t-il.
Avare de paroles, elle se contenta de sourire. Parce que ça lui faisait plaisir ? Parce qu’elle aimait sa mère ? Parce qu’elle voulait le protéger ? Lui apporter le soutient que son père ne saurait lui donner ? Parce qu’ils ne se reverraient plus ? Il refoula des larmes naissantes, déglutit péniblement. Tout vacillait et s’écroulait.

- Je m’en montrerai digne… Je te le pro…
Elle posa à nouveau un doigt sur ses lèvres. La conviction lui manquait et elle se sentait. Il n’était pas sûr que la magie pût trouver un noble usage chez lui. La crainte retenait ses projets vengeurs, il ne pourrait jamais donner sa vie pour des idées. Ce serait un beau sacrifice pourtant. Mais son esprit, malléable par excès de prudence, s’imprégnait toujours des idées les moins risquées en surface. Sa mère était morte et l’admonition cruelle était suffisamment convaincante pour écraser dans l’œuf les pensées plus personnelles qu’il avait développé. Comme son père il avait peur et préférait ramper plutôt que menacer la vie d’un autre proche. De son père surtout. L’existence d’un traitre à son sang avait peu de valeur…
Un baiser léger réchauffa sa joue constellée de tâches de sons, et le dernier lien qui existait entre son enfance et sa mère s’évanouit dans les fourrés. Il se redressa, héla son chien, et quitta la clairière, l’ère du jeu et du rêve.


Dernière édition par Mervin Caerwyn le Mer 20 Aoû - 21:33:33, édité 1 fois
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  • Mervin Caerwyn
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    Mervin Caerwyn
MessageSujet: Re: Mervin Caerwin (Serpentard)   Mervin Caerwin (Serpentard) EmptyMer 20 Aoû - 21:28:19

Une baguette polie, laquée, tordue, reposait fièrement sur une malle aux bords élimés dans une chambre des plus rudimentaires, tout droit sortie d’un décor médiéval. Rien n’avait bougé depuis, et la magie prévenait l’affaissement des coffres grossièrement ouvragés. Les murs, polis à la chaux, ne portaient qu’une tenture élimée à l’effigie d’un dragon rouge, les fenêtres hautes et étroites, des trous creusés dans la pierre, laissaient filtrer peu de lumière. Au milieu de la pièce, un lit à baldaquin solide, puis une peau d’ours sur laquelle dormait Aedd l’épagneul, un pupitre, quelques grimoires écrits en gallois et un coffre ouvert mais à moitié vide depuis que le futur écolier avait préparé ses affaires. La famille Caerwyn ne s’était jamais détachée de son domaine depuis des générations, et le confort intérieur n’était pas leur préoccupation première. Ils filaient leur longue dynastie sans éclats, coincés sur leur Galle natale. Tous purs, tous gallois, tous consanguins, songea amèrement l’enfant en se remémorant les sombres histoires de famille qu’on avait pu lui conter. Avant son père, personne n’avait jugé utile d’apprendre l’anglais, et s’il le comprenait, Mervin n’avait jamais tenu de véritables conversations dans la langue officielle de son pays… Comment suivrait-il le rythme de Poudlard ? La vie au château saurait-elle lui plaire ? Rien ne l’obligeait à partir. Il pouvait rester ici, essayer de se faire oublier comme avant, passer ses journées dans la forêt, débusquer des lapins ou chercher la piste d’une licorne avec Aedd, aider son père aux travaux de la ferme, souffler dans des roseaux coupés au bord du petit lac, partir en randonnée avec le vieil âne Berwyn… Il n’y avait pas de place pour l’ennui ici. On ne lui avait pas appris à enfermer ses journées, entouré d’une foule dont l’importance défiait l’imagination d’un jeune garçon qui ne connaissait que les fêtes de village.
Cependant, cette époque était révolue. Il le sentait. Son bonheur bucolique avait été rompu par un assassinat, une vengeance entre Sang Purs, et tout n’était pas terminé. Son incroyable lignée devait peut-être même s’éteindre avec lui. Mais il préférait ne pas y penser, emprunter des escaliers de pierres écrasés comme de la cire fondue, descendre sa valise dans une entrée ornée de tapisseries passées et de trophées de chasse. Les murs étaient trop épais et irréguliers pour que l’on pût y accrocher des tableaux.

- Je suis allé au village pour appeler un taxi, annonça Aelhaearn Caerwyn, un homme pâle et grisonnant, en l’apercevant.Apparemment, on ne risque rien là-dedans.
Mervin gardait un air méfiant.
- Leurs carrioles ne me disent rien…
- J’y suis monté une fois, ça se passera bien tu verras, beaucoup de sorciers les utilisent pour se déplacer maintenant, et je préfère éviter de prendre la poudre de cheminette jusqu’au Chaudron Baveur. Ça revient à cher mais…
- Enfin Papa, nous n’avons pas les moyens, je peux y aller seul…
La voix d’Aelhaearn, se fit plus grave.
- Il est hors de question que je te laisse aller seul à Londres Mervin. Tu ne connais pas la ville, tu n’imagines pas à quel point une capitale peut-être grande, et la vie différente de celle du village. J’ai apporté des bricoles à un antiquaire moldu, et il m’a parlé d’un château touristique en quête de mobilier qui pourrait en donner un très bon prix. Ne t’inquiète pas pour ça.
Les explications de son père le glacèrent. Etait-il tombé si bas ? S’il n’avait plus la force de reprendre son travail, il avait continué pour lui et approvisionné leur réserve de secours en récoltant, entre autre, du crin de licorne retenus par la résine des arbres et les buissons épineux. Leur forêt était riche en créatures magiques, ils pouvaient convertir en gallions les fruits de leurs terres si la situation l’exigeait. Toutes les valeurs qu’il lui avait inculquées se noyaient dans la peur. Aelhaearn refusait obstinément d’entrer en contact avec la société sorcière.
- Mais ils sont à la famille depuis des générations, tu ne vas pas les laisser à des…
- Je crois que ça n’a plus d’importance, coupa-t-il. Et il répéta, le regard perdu dans le vague. Plus d’importance…
Mervin acquiesça, résigné. Son père était un homme brisé. Il ne pouvait lui demander de s’attacher à un mobilier ancestral. Tout devenait éphémère et dérisoire. Qu’ils le veuillent ou non, ils étaient des parias. Des traitres. Son père avait rompu un contrat, transmis de génération en génération entre familles galloises, piétiné une longue amitié, rayé l’une des dernières ‘grandes famille’ de Galles. Ils étaient des marginaux. Le premier coup leur avait enfin été porté. Que pouvaient-ils espérer pour l’avenir ? Seule sa jeunesse lui permettait de s’accrocher avec conviction au patrimoine que son père délaissait. Sa vie entière tournait autour du noyau familial. On lui avait appris à chérir un héritage vieux d’un millénaire, à n’être qu’un nom de plus, aujourd’hui devant une ligne infinie de personnages, et demain, peut-être, derrière d’autres visages, bientôt anonyme. Il n’était qu’une pierre posée sur un monument qui devait toujours s’élever, pour garder la mémoire de tous ceux qui avaient participé à la construction, partagé le même sang, filé la même histoire. Un tel monument ne devait pas s’effondrer. Il partirait, apprendrait à survivre, prierait pour retrouver son père en état à son retour.
Son attention s’était fixée dans les mailles jaunies d’un étendard de Serpentard, pendu sous la glorieuse tête tranchée d’un dragon.

- Je ne sais pas pourquoi notre famille s’est autant isolée ces siècles derniers, commenta alors Aelhaearn Caerwyn en considérant la tapisserie. Ceux qui, il y a très longtemps sont allés à Poudlard étaient dans cette maison. Le choixpeau m’a envoyé là-bas moi aussi. J’avais beaucoup de projets à l’époque, je m’étais dit qu’il était temps de réaffirmer notre nom. Mais tes grands-parents m’ont quitté trop tôt, et j’ai rencontré ta mère… Finalement, ce fut une bien malheureuse union…[/color]
- Vous vous aimiez… ça n’avait rien de triste…, répondit son fils, atone, prêt à entendre l’éternelle litanie.
- Non… Et elle n’aurait pas dû mourir pour ça. C’est ma faute. Sorciers et Moldus ne sont pas faits pour vivre ensemble et pour s’unir. Je le savais, et je me suis entêté. S’approcher de trop près des moldus sera toujours source de malheur. Et avec une femme moldue, que pouvais-je construire d’autre qu’une famille ? Peu m’importait à l’époque, et je pensais que ce serait la plus belle chose au monde. Ça le serait resté, si elle était née sorcière. J’ai charrié un sang parfaitement préservé depuis des siècles, et pour quoi ? Vois ce que je te laisse Mervin. Ne fais jamais la même erreur que moi…
Mervin hocha à nouveau la tête. Son père avait posé un caillou dans un vieil engrenage parfaitement huilé, et lui, il était l’erreur au système qui en résultait. Le sang mêlé, l’hybride. Il ne lui en voulait pas de le lui faire comprendre. Cela n’atteignait pas l’affection profonde qu’ils se portaient. Elle était indéfectible. Non, c’était la vérité. Il était un enfant que la naissance condamnait. Une sorte de batard, qui, bien qu’il fût un fruit de l’amour, n’aurait jamais droit à la considération qui aurait pu lui être due. C’était une vérité, une fatalité qui l’avait frappée quelques mois plus tôt. Il l’acceptait, parce qu’il n’avait pas le choix. Il devrait vivre dans l’ombre des autres, et tirer au maximum profit de cette situation. Son charisme discret et sa faible condition physique lui avaient ôté depuis longtemps l’idée de tenir les foules en respect. Il fallait donc apprendre à manier les armes du faible, à encaisser beaucoup de coups avant de se creuser une place. Le monde de Poudlard lui serait ouvertement hostile, il ne l’ignorait pas, et redoutait déjà ses premiers contacts.
- Si nous ne poursuivons pas la tradition par le sang Papa, nous rendrons hommage à nos ancêtres à travers notre blason, dit-il avec une naïveté feinte pour tracer l’épure d’un sourire sur les lèvres de son géniteur en préférant ne pas songer à l’éventualité de se retrouver dans une autre maison.
- N’essaye pas de forcer la décision du choixpeau Mervin. Je veux que tu sois dans la maison qui te conviendra le mieux à toi, pour que ton intégration se passe bien.
Et il savait ce que cette dernière phrase impliquait. Les sang purs connaissaient son histoire ‘honteuse’, sa vie rustique, et tous se moqueraient très vite de ses maladresses d’expression, de son accent en r roulés, de sa culture moderne limitée. On ne l’accueillerait pas à bras ouverts mais à poings fermés. Mervin n’espérait pas une bonne intégration. Priait-on pour une brebis lâchée au milieu d’une meute de loups ? Se disait-on « puisse-t-elle recevoir le moins de morsures possible ? ». Non, ce serait trop dérisoire, elle devrait les subir par centaine. Et son père en était conscient, il était passé par là, à une époque meilleure, avec un sang meilleur… Il haussa les épaules.
- Je ne vais pas à Poudlard pour me faire des amis. Cette maison m’ira très bien, tu verras.
C’était ce qu’Aelhaearn Caerwyn voulait entendre. De toute façon, échouer dans une autre maison signait son arrêt de mort. Un désaveu définitif. A Serpentard, au milieu des ennemis, il serait en sécurité, et il aurait une petite chance de faire valoir son droit d’existence. Ses racines étaient là bas, il devait les retrouver pour garder la mémoire des siens, légitimer son héritage, apaiser la conscience inquiète de son père. C’était important pour un enfant qui n’avait jamais vécu qu’à travers sa famille, qui était, en quelque sorte, né pour la poursuivre.
- Il reste peu de temps, déclara son père après une étreinte humide et silencieuse, va dire au revoir à Tante Deryn.
Mervin acquiesça, et quitta la vieille bâtisse de pierre, qui affichait au-dessus de la porte une date à demi effacée, mille cent et des poussières, pour gagner une chaumière biscornue, construite un peu plus tard, pour répondre aux besoins de la famille. Un songe emprunt de nostalgie lui renvoya l’image d’une cour agitée de trois générations. Enfants, parents, grands-parents, frères, tantes, oncles, … Ils étaient nombreux autrefois à partager la vie de ce domaine isolé, aujourd’hui animé par les poules, les oies et les gnomes qui fuyaient sous son passage. Deryn Caerwyn n’était jamais allée à Poudlard, n’avait jamais pris d’époux. Elle filait des jours seuls, installée dans un fauteuil à bascule, ses yeux ternes rivés sur l’âtre éteinte d’une grande cheminée. Quelques années plus tôt, un sens du devoir la poussait encore à nourrir les animaux, mais, ses crises fréquentes avaient eu raison de son esprit. Plus rien ne semblait exister autour d’elle. Elle ne parlait plus, ne les reconnaissait plus. Le baiser qu’il déposa sur sa joue sèche ne la fit même pas frémir. Seules les cendres froides de l’âtre l’intéressaient. Et il ne s’en affligeait pas. Le drame était survenu trop tôt, et la folie couvait cette pauvre femme depuis sa naissance. Mais une pensée lui glaçait parfois le sang, elle n’avait pas quarante ans.

La gare était immense, grouillante, bruyante. Mervin ne lâchait pas la main de son père, choqué par le rythme sauvage et désordonné des lieux civilisés. L’angoisse envahissait sa poitrine. Il fallait trouver la voie 9 ¾ et vite.

- Par ici, dépêche-toi ! cria son père pour dominer la rumeur ambiante.
Il le tira vers une arcade, qu’une petite fille évaluait avec ses parents d’un regard hésitant. Des moldus.

- C’est là. Derrière la barrière. Il te suffit de passer au travers. Je ne t’accompagnerai pas sur…
- Excusez-moi, interrompit poliment la mère de la fillette, Mary doit aller dans une école de sorcellerie mais nous ne trouvons pas la voie…
Ils ne s’exprimaient pas en anglais, mais elle avait pu comprendre à leurs gestes et leurs vêtements passés de mode qu’elle n’avait pas affaire à des gens ‘normaux’. Mervin jeta un regard à son père et décida d’écarter le problème, rompant une pointe de culpabilité naissante au service d’une action plus sûre, plus rentable.
- Mae’n flin gen i, dw i ddim yn deall*, répondit-il avec une expression tellement ahurie que la femme n’insista pas.
C’était mieux ainsi. On ne devait pas les voir frayer avec des moldus. Et si ses propos échappaient à son entourage, ses intentions étaient évidentes pour un sorcier avisé.

- Alors ça c’était drôle ! s’exclama un garçon plus âgé derrière lui.
Il riait, mais Mervin ne souriait pas. Les présentations furent faites, son nom marqué d’une pause éloquente, qui ne retint cependant pas une cordiale poignée de main. Il devenait pour le temps du voyage une bête curieuse, et ça lui convenait bien, puisque cette condition ingrate aurait l’avantage de lui présenter les figures importantes de l’école. Après avoir écouté les dernières recommandations de son père, serré de toutes ses forces contre sa poitrine, il suivit donc le grand garçon altier, qui trop heureux de trouver un ‘paysan’ à impressionner, épandait sur lui tout beau vocabulaire. Etranger aux principes de fierté, partisan d’une stratégie patiente et sans risques, Mervin entra sans mal dans son jeu, assimila ses idées pour les approuver dans ses propres mots, accepta toutes ses moqueries sans broncher, et put garder son intérêt ‘exotique’ jusqu’à la fin du voyage. Un hibou malade lui permit même de prouver à une jeune fille de bonne famille que la vie au milieu des animaux avait son utilité, et son fier compagnon en profita évidemment pour rappeler qu’il avait été le premier à dénicher ce ‘petit sauvageon’. On ne chercherait pas pour autant à le retrouver à Poudlard, il le savait, mais l’occasion d’approcher les grands de sa future maison était trop belle. Il devait apprendre à connaître ces héritiers gâtés que ses mœurs ne lui avaient pas permis d’évaluer, même s’il n’en tirait qu’un mépris muet, afin de se glisser progressivement dans leur cercle sécuritaire. Sa place serait avec eux. Il s’en était définitivement convaincu tandis qu’il avançait, mâchoire serrée, vers le tabouret de la Grande Salle, où devait s’accomplir sa destinée.


Notes :
* Désolé, je ne comprend pas.

[Au cas ou certains auraient des doutes, ne vous inquiétez pas pour la maison, je sais ce que je fais.]
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MessageSujet: Re: Mervin Caerwin (Serpentard)   Mervin Caerwin (Serpentard) EmptyMer 20 Aoû - 23:01:09

Hummm...





Je dirais ...





SERPENTARD !!




[Très belle fiche I love you Une belle plume et un personnage complexe qui promet d'être très intéressant Very Happy ]
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MessageSujet: Re: Mervin Caerwin (Serpentard)   Mervin Caerwin (Serpentard) Empty

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