[HJ : pardon, maintenant que j'ai fini, je me rends compte que j'ai écrit une tartine pour la mise en place. Promis, les prochains seront vachement plus courts ]

Pffff. Elle avait beau être habituée, depuis le temps, ce n'était pour autant toujours pas plus plaisant.

Les McHenry n'avaient pas un rond.

Et même si cela ne les empêchait pas d'être heureux en tant que famille, cela avait tendance à parfois peser sur le quotidien de la jeune fille. Oh bien sûr, elle ne demandait pas à boire du champasorcier tous les jours, à changer de chaussures toutes les semaines et à être gâtée de cadeaux à ne plus savoir quoi en faire, de bijoux à ne plus avoir assez d'oreilles ou de doigts pour les porter. Elle laissait cela à ces pimbêches de sang pur (oui, Page avait le cliché un peu facile sur certaines personnes).

Mais lorsqu'on en venait à avoir du mal à faire des cadeaux de Noël à sa famille ou ses amis chers, alors oui, cela lui pesait. Elle en avait reçu, elle, des cadeaux de ses amis, et elle n'était pas capable de le leur rendre. Même en se mettant au tricot, pas sûr qu'elle arrive à joindre les deux bouts pour leur offrir d'horribles cache-nez multicolores... Nerveusement, ce n'était pas facile. Que Toaster fasse des plaisanteries pourries sur ses chaussettes trouées, c'était une chose, mais qu'elle ne soit pas capable d'acheter une petite babiole pour Helen ou William, ça l'énervait vraiment. Ou même Aed, tiens. Le gamin avait été adorable au bal et elle voulait lui offrir un petit quelque chose en retour de son présent.

Fourrant un coup de poing dans le montant de son lit, la rouquine rumina. Berdol, en plus le bricolage et tout ça, ce n'était pas vraiment son truc. Et allez cueillir des fleurs en hiver, hein. En plus, un bouquet pour William, merci quoi.
Et puis elle voulait des cadeaux sorciers ! Ben oui, les cadeaux moldus, depuis qu'elle avait découvert le monde magique, ça avait tellement perdu de son charme ! C'était tellement plus excitant d'ouvrir le paquet en se disant que l'intéressé n'aurait pas la moindre idée de ce qu'il y avait à l'intérieur ! Mais elle n'en avait clairement pas les moyens. Elle avait entendu parler de la boutique des frères Weasley, qui la tentait bien mais, au vu de ses maigres économies, ce n'était pas la peine de rêver. Déjà que les parents luttaient pour donner un peu d'argent de poche aux jumelles !

Et puis, soudain, l'illumination !
Chez les moldus, il existait des magasins pas cher, au rabais. Des grands bazars, avec souvent plein de biens d'importation, qui donnaient souvent super bien le change pour une bouchée de pain. Allez, c'était sûr qu'il y avait un truc du genre aussi chez les sorciers !
Ragaillardie, la rouquine bondit du lit qu'elle peinait à quitter depuis ce matin. Elle s'habilla rapidement et, après avoir salué sa soeur et posé une bise sur la joue de sa mère, fila sans demander son reste.

- J'vais faire une course ! avait lancé à la volée la rouquine pour ne pas inquiéter sa mère.
- Prends du pain en rentrant !

La lionne avait détalé en acquiesçant vaguement.
Bon. Direction le Chemin de Traverse. Il lui faudrait marcher un peu mais, par chance, le quartier où se situait le Clover's jouxtait le centre ville, ce ne serait l'affaire que d'une petite demi-heure, et ce n'était pas ça qui allait la décourager.

L'irlandaise finit par arriver au fameux pub donnant accès à la rue magique. Elle le traversa sans jeter le moindre regard aux habitués - il était vraiment glauque, ce bar, en fait - et arriva devant le mur de brique si... spécial.

Quelques instants plus tard, elle déambulait sur le Chemin de Traverse, parmi une foule de sorciers multicolores et inconnus. Elle était habillée en moldue puisqu'elle avait dû traverser une bonne partie de Londres, mais le contact de sa baguette calée dans la manche de son sweat la rassurait. Elle était une sorcière, et le premier qui en douterait goûterait la fougue de la jeune McHenry.
Enfin ce n'était pas tout ça, mais pour l'instant, elle ne passait que devant des boutiques supers chères. Les quelques pièces sorcières qu'elle avait en poche ne suffiraient pas ici, et encore moins l'argent moldu qui occupait son autre poche pour l'achat du pain au retour.

Au bout d'une heure de déambulations, la préfète commençait à perdre espoir. Elle ne trouvait rien qui rentre dans son budget. Et puis elle aperçut, derrière les devantures chamarrées des boutiques, plusieurs accès vers des ruelles annexes. Tiens donc, qu'est-ce que c'était que ça ? Les arrière cours ? Page ne savait pas de quoi il s'agissait mais, si le monde sorcier fonctionnait comme chez les moldus, les boutiques qu'elle recherchait ne se trouveraient pas dans la principale allée commerçante : elle aurait plus de chance d'en trouver dans des quartiers moins... bling-bling.

Alors, la jeune fille prit son courage à deux mains. Ce n'était pas très reluisant, là dedans. Ca lui rappelait les "closes" d'Édimbourg, qu'elle avait visité avec sa classe avant d'arriver à Poudlard. Elle avait beaucoup aimé et y avait trouvé de chouettes boutiques de souvenirs, justement. Et puis... Elle préférait se raccrocher à ce souvenir là qu'à celui des sombres ruelles de Pré-au-Lard. Elle frémit à l'évocation de cette triste soirée et se raccrocha à son objectif : trouver une boutique pas chère pour acheter plein de cadeaux cool.

Mais elle ne trouvait pas grand chose. Et les silhouettes qu'elle apercevait de temps à autres ne l'inspiraient guère. Elle sentait la tension monter et sortit sa baguette, pour se sentir plus forte. Et puis, au détour d'une ruelle, elle rentra tout simplement dans quelqu'un. Manquant de tomber au sol, elle fit quelques pas en arrière pour retrouver son équilibre et, baguette pointée devant elle, lâcha d'une voix blanche :

- Qui... Euh désolée je... Ben ça. Ruppert ?

L'irlandaise venait de reconnaitre son co-disciple. Et elle était rudement contente de retrouver un visage familier dans ces sombres allées.

- Qu'est-ce que tu fiches ici ?

- Petrif..
- Protego !

Page n'eut pas le temps d'être surprise par la rapidité et la compétence de son cadet - elle-même ne savait lancer un sortilège de bouclier que depuis peu - car Rupert la prit de court, coupant son sort de pétrification et l'attrapant par la main pour l'entraîner loin de l'ombre. L'irlandaise ne se fit pas prier. Elle n'avait aucune envie de se dresser face à la "chose". Si jamais ils pouvaient atteindre le chemin de traverse, sans doute seraient-ils sortis d'affaire !
Rupert courait comme un fou, et Page, bien qu'elle fut sportive, peinait à le suivre. La peur lui donnait-elle des ailes ? En tous cas, il ne perdait pas le nord et continuait à lancer des sortilèges pour couvrir leur fuite. L'irlandaise se joignit à lui, mais l'ombre ne semblait pas faire grand cas de leurs tentatives. Sans compter que la course saccadait la respiration de la lionne et diminuait l'efficacité de ses sortilèges. L'adrénaline pulsait dans les veines de la préfète, faisant battre son coeur à toute vitesse. Il fallait qu'ils y arrivent. La lueur du salut apparut au détour de la ruelle qu'ils empruntèrent à toute vitesse. Mais ç'eut été trop simple. Bien trop simple. Il ne serait pas dit que les deux Gryffondors ne paieraient pas leur témérité : on ne se promenait pas impunément dans l'Allée des Embrumes.

Alors que Page tournait rapidement la tête pour estimer la distance qu'ils maintenaient avec la chose qui les poursuivaient, elle s'aperçut avec effroi que la traînée sombre avait changé de forme en un clin d'oeil et que le fil noir s'était séparé en une multitude de brins, chacun ondulant à la manière de serpents en chasse.

- Merde !

Les traînées d'ombre, comme si elles n'avaient attendu qu'une parole pour déclencher leur attaque, se cabrèrent et fusèrent vers les deux élèves, à une vitesse impossible à contrer. Page tourna la tête pour esquiver l'une d'entre elles mais plusieurs la touchèrent, griffant peau et vêtements, tout ce qu'elles rencontraient. Vu la densité de l'attaque, Rupert avait sans doute dû en encaisser plusieurs aussi, mais il tenait toujours fermement la main de la lionne. Une deuxième salve déséquilibra la préfète, qui trébucha et tomba au sol, manquant d'entraîner son cadet. La rouquine s'écrasa dans un tas de détritus en poussant un juron. Elle ne sentait pour ainsi dire pas les griffures infligées, trop boostée par l'adrénaline, mais cette erreur pouvait leur coûter cher, très cher.

- LUMOS ! cria-t-elle pour essayer de limiter les dégâts, espérant que l'ombre - si c'en était une vraie - aurait "peur" de la lumière.
Un puissant halo se dégagea de la tige de noisetier, semblant effectivement ralentir un instant les traînées d'ombre.

- Rupert tu... Non !

L'un des filaments avait franchi la zone de lumière et venait de s'enrouler autour de la cheville de la rouquine. Une secousse. Une force incroyable, et voilà l'irlandaise entraînée bien malgré elle dans l'autre sens. Vers l'ombre. L'inconnu. Le danger.

- Ruuuup' !

[Je laisse en suspend. Si un vilain mage noir veut poster, ou si tu veux décider de l'efficacité de ma rage berserk, Page, libre à toi ^^]