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 Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !]
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MessageSujet: Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !]   Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !] EmptyLun 1 Fév - 17:00:06

L’être impavide était tapi dans l’ombre morne de la muraille intérieure, couvrant la Citadelle léthargique d’une haine silencieuse. Le vent froid ébouriffait avec agitation son noir manteau d’hiver, glissait d’une caresse spectrale dans son interminable chevelure de jais détachée. Si le souffle long et régulier de la créature soulevait de fugaces petites bouffées de vapeur dans l’air polaire, elle ne semblait pourtant guère avoir conscience de son environnement glacial, confortablement emmitouflée dans d’épais vêtements chauds, seulement de la brûlante soif de vengeance qui exigeait en hurlant qu’on la rassasiât. De sa vision malveillante, elle considérait le rassemblement austère formé par certains élèves d’années supérieures s’avançant avec peine sur le sol neigeux du terrain d’entrainement de Quidditch, là où le cours de vol sur balai s’’était déroulé en cette fin de lundi hivernal. A l’intérieur de la vieille remise à matériel, qui avait été expressément mise à la disposition des nombreux contaminés par la rouquinite aigue, se tassaient en effet, le corps mou et pâle de ces décadents simiesques, répugnants et débiles, tranquillement affairés à leur quotidien scolaire alors qu’ils auraient dû être totalement isolés du reste de la population de Poudlard. Un instant, Pénombre renifla avec dédain à l’idée qu’elle allait devoir approcher une masse compacte de sales roux tandis qu’elle guettait patiemment la proie qu’elle était venu tirer de son calme apathique. Elle entendit au loin la voix inquiète du professeur leur recommander la plus grande prudence en regagnant le château et elle se sentit frémir d’une indicible anticipation, ses lèvres retroussées sur un dangereux sourire carnassier. Lorsque la Ténébreuse l’aperçut enfin dans la foule, quittant le local où il venait de ranger son matériel et reconnaissable entre tous, elle s’extirpa des ombres maussades qui la dissimulaient en partie à la considération des Autres et hâta son pas souple dans la neige.

« William Craig ! »


Le héla-t-elle, à bonne distance, par-dessus le brouhaha.

« Suis-moi, je te prie. »


Ordonna la Serpentarde, en désignant son rutilant badge de Préfète en Chef, d'un doigt ganté. Le prestigieux insigne avait été orgueilleusement épinglé sur le large col en V de son manteau, afin d’anticiper de probables objections, typiquement Gryffondor. En prévision de cette entrevue, elle avait également pris soin de vérifier le détail de son emploi du temps et savait ainsi qu’il n’avait aucun cours prévu à la suite de celui-ci. Il ne possédait donc nulle raison valable de lui refuser sa triste présence, surtout que Pénombre estimait avoir fait preuve d’une stricte courtoisie, certes intéressée, mais courtoisie tout de même... Il en valait de la survie de son petit plan et des précieux objectifs liés, qu’elle voulait absolument atteindre.

« Bonjour Mervin. »

Glissa-t-elle à l’intention de son confrère de maison, tout sucre et miel, lorsqu’ils passèrent à proximité du gallois. Mervin Caerwyn était l’un des seuls êtres roux à bénéficier d’une doucereuse politesse de la part de son ainée, ce qui ne manquait guère d’attirer sur lui, curiosités et jalousies, envies et désaveux de toutes sortes. L’héritière des Craft avait ainsi parfaitement conscience de briser l’indifférence générale qui régnait autour du garçon, mais dans son égoïsme narcissique et sa possessivité maladive, n’en avait réellement cure. Car le Cinquième année la révulsait autant qu’il l’attirait d’une folie nerveuse et tourmentée, son énigmatique personnalité l’enivrant à l’égal de ce qu’elle lui inspirait de laid, d’insupportable et d’immonde. L’impureté de son sang lui était tel l’acide sur sa peau, corrompant, rongeant tout ce qu'il touchait, s'attaquant avec brutalité à la surface des choses et des corps en y laissant de profondes marques indélébiles. Dans les heures les plus sombres de son désir, ses fantasmes licencieux se déversaient, se déchainaient furieusement dans son esprit torturé, semblables à une horde de loups sanguinaires et affamés, l’invitaient à effleureur des sens, une extase abominable qui lui donnait de terribles vertiges. Mais la culpabilité et le dégoût d’elle-même ressentis après l’assouvissement simulé de ses déraisons vomissaient la furie berserk d’une violence inouïe dans ses veines et elle peinait à contenir, à chaque fois, d’affreuses pulsions meurtrières. Dans cette démence, elle ne appartenait plus.

Pénétrant d’un pas félin le grand hall afin de pouvoir gagner les escaliers, William à ses côtés, Pénombre sentit toute l’ardeur de nombreux regards assassins sur sa personne, provenant d’un groupe de Gryffondors alliés à la cause de l’ancien membre des Brigades Rousses, qu’ils croisèrent en chemin. Le rouquin avait souffert, nul ne savait vraiment l’ignorer et s’il fut de mauvais présage pour lui-même de l’apercevoir ce jour là, en compagnie de la Préfète en chef de l’école, ce n’était pas la première fois qu’il suivait docilement quelques cruels représentants de l’autorité. La Ténébreuse n’était certainement pas la pire d’entre elles et elle comptait logiquement profiter de cet état de faits.

Elle avait donc décidé de le ramener sur les lieux de son crime présumé, afin de le mettre sur la voie du sujet dont elle désirait l’entretenir, tout en s’aménageant le plaisir mesquin de contempler sa mine déconfite et piégée lorsqu’il en viendrait à penser que son petit secret était découvert. L’Anglaise déverrouilla machinalement les deux nouveaux verrous que la direction avait fait apposer le mois dernier, sur le montant de la porte et l’invita d’un geste, à entrer dans le bureau octogonal de la Rédaction du journal. Derrière lui, elle se coula comme une ombre en cherchant l’odeur de la peur dans son sillage avant de refermer le passage sur eux. La Vipère se débarrassa ensuite de son épais par-dessus doublé, qu’elle posa d’une lenteur étudiée sur le porte manteau, à gauche de l’entrée. De nombreux pansements sur la pâleur blafarde de ses avant-bras dénudés par des manches blanches, remontées en plis réguliers révélaient toute la douleur de la catastrophe qui avait eu lieu ici, quelques semaines auparavant. Dans la pièce géométrique, les murs avaient été nettoyés et repeints, les cadres remplacés, les plus célèbres Une du journal de nouveau à leur place et l’atmosphère purifiée des derniers relents des boules puantes moldues. Mais il demeurait en ces lieux, quelque chose de vicié et de dérangeant, comme si au-delà des offensants actes de vandalisme accomplis dans la pièce demeurait encore l’écho des insultes qu’ils avaient proférés en toutes lettres. Elle lui désigna un siège en face de son bureau et s’assit à son tour de l’autre côté, croisant de longues jambes gainées dans un pantalon noir ajusté.

« Tu n’ignores guère les raisons pour lesquelles je t’ai fait venir ici, n’est-ce pas ? »

Sa voix n’affichait nulle condescendance mais son ton mentait derrière la courtoisie froide et ses yeux affichaient une soif certaine de sang.


Dernière édition par Pénombre Craft le Mer 17 Mar - 1:45:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !]   Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !] EmptyLun 1 Fév - 22:36:34

Le coup de sifflet de Bibine résonna comme une délivrance pour les élèves frigorifiés. Un vent glacial balayait le terrain de Quidditch, transperçait les robes et faisait venir les larmes aux yeux ; William avait du mal à serrer ses doigts gelés sur le manche de son balai, et il fut l'un des premiers à regagner le sol lorsque l'enseignante siffla la fin du cours. Sans avoir besoin d'instructions, les élèves se mirent aussitôt à ranger leur matériel, dans les deux remises prévues à cet effet. William alla déposer son balai dans la remise « bis », réservée aux victimes de la rouquinite, et y récupéra son sac ; il se faufila entre ses camarades, et quitta la remise en vitesse avec la ferme intention d'aller au châteauprendre une tasse de thé brûlant et se coller devant une cheminée.

Il n'eut guère le temps de savourer cette perspective, cependant ; à peine eut-il fait quelques pas qu'une voix autoritaire le héla, une voix qu'il ne connaissait, hélas, que trop bien. Pénombre Craft, la sympathique préfète-en-chef et premier chienchien de la meute des Carrow, l'attendait de pied ferme. Elle lui ordonna de le suivre, avec un « je te prie » qui sonnait étrangement (depuis quand faisait-on des politesses pour un né-moldu ?) et désigna inutilement son badge étincelant. Même sans cela, William l'aurait suivie ; à force, il commençait à savoir qu'elle était dépositaire de l'autorité, et qu'elle avait parfaitement le droit de le convoquer. Pas la peine de rouler les mécaniques ; depuis la rentrée, le rouquin n'avait guère envie de se faire remarquer, et il s'employait à faire profil bas, autant que possible. Il estimait qu'il avait pris assez de coups, pour un résultat nul, et il ne tenait pas à recommencer le cycle infernal du premier trimestre. Peu à peu, il devenait le né-moldu parfait, tel que les Carrow le voulaient : soumis, craintif, conscient de la grande bonté des purs qui le laissaient vivre.

Il ne laissa même pas échapper un soupir en emboîtant le pas de Pénombre – pourtant, elle n'était certainement pas venue le chercher pour lui offrir du thé et des petits gâteaux. Quelque chose lui disait même que ça sentait particulièrement mauvais pour son matricule, mais il s'efforça de garder un visage impassible. Dans le hall, un petit groupe de Gryffondor s'arrêta pour regarder passer les deux élèves ; les convois de ce genre étaient désormais monnaie courante à Poudlard, et l'on savait bien quel genre de sort attendait les élèves ainsi escortés. William essaya de rassurer ses camarades d'un sourire, mais il s'en sentit soudain incapable et préféra baisser les yeux.

La préfète-en-chef le mena jusqu'à son bureau, lequel avait été nettoyé et remis à neuf ; tandis qu'elle se débarrassait de son épais manteau, l'adolescent, resté debout, laissa tomber son sac à ses pieds en observant les alentours. La seule fois où il était venu dans cette pièce, il n'avait guère eu le loisir d'en apprécier la décoration, mais à y regarder de près, la pièce étalait un luxe de bon goût pas du tout vilain. En silence, le roux s'assit sur le siège que la maîtresse des lieux lui désignait, tâchant de dompter sa nervosité tandis qu'elle posait sur lui un regard conquérant. S'il savait pourquoi il était là ? Il y avait bien une bonne demi-douzaine de raisons possibles, aussi le garçon n'eut-il guère à se forcer pour répondre timidement :


-Euh... non, désolé, je ne vois pas...

Aucune provocation dans le ton de sa voix, simplement la surprise et la légère pointe d'embarras de celui qui ne veut pas d'ennuis.
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MessageSujet: Re: Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !]   Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !] EmptyMar 2 Fév - 17:15:48

A examiner plus en détail le pâle visage de son invité, la Ténébreuse ne le trouva pas spécialement charismatique, ni même beau et elle peinait à l’imaginer en guerrier rebelle, s’élevant avec convictions contre un pouvoir impitoyable mais légitime. Elle s’étonnait que le roux ait même pu croire un seul instant pouvoir se dresser sans dommages, associé à un nombre ridicule de partisans aliénés, face à des forces largement plus puissantes et plus cruelles que la sienne. Quel délire extrême et fervente volonté d’anarchie l’avait dont jeté corps et âme, sous le courroux d’une Justice impitoyable mais sectaire envers les hybrides dégénérés ? Quelle folie absurde avait bien pu lui faire miroiter la divagation démente et dangereuse, qu’il pourrait un jour, s’extraire de la place qui était la sienne pour prétendre ravir celle des Sang Pur ? William ne possédait pas à ce que la Serpentarde pensait trouver dans les abysses clairs de ses yeux, non. Il avait les traits tirés, l’air d’un chat errant, ses lèvres fines et pincées mimant l’expression confuse d’un sentiment contrit. Il ne lui inspirait nulle crainte, nulle inquiétude et la Belle en fut presque déçue.


« Dans ce cas, Gryffondor, laisse-moi donc t’exposer le situation. »

Répondit-elle, d’un ton égal.

« Nous détenons toutes les preuves nécessaires pour accuser Page McHenry du vandalisme de ce bureau. McHenry, et uniquement McHenry. »

Mentit-elle avec aplomb. En réalité, les jeunes sorciers chargés de l’enquête concernant ce saccage innommable, peinaient à trouver la moindre piste ne s’achevant trop tôt en impasse ou ne se perdant trop vite dans une foule disparate de suspects. Les premiers états des lieux avaient certes, fourni le fameux cheveu roux dont toute la presse étudiante s’était emparée pour ses ragots mais seules quelques rares personnes, Pénombre comprise, connaissaient le résultat complet de son analyse. Il ne s’agissait pas de follicules pileux humains et un sortilège complexe de reconstruction pileuse à partir d’un unique poil avait enfin livré une silhouette familière, au terme de plusieurs jours de labeur. Il avait alors fallut se rendre à l’évidence. Leur meilleur suspect demeurait Miss Teigne, frappée de rouquinite aigue et que l’on pouvait aisément replacer sur les lieux du crime grâce à ses régurgitations de boules de poils, aux alentours du moment où les méfaits avaient été commis. Le Directeur de Poudlard avait dû longuement convaincre le concierge Cracmol du bien fondé des preuves impliquant sa bête aimée à l’égal du meilleur des hommes, affronter ensuite ses cris et ses pleurs lorsqu’il fut décidé de l’hypnotiser, pour le plus grand malheur de son maitre. Puis, un célèbre spécialiste en légimencie animale était venu faire le sale boulot, avait fouillé et disséqué le moindre des recoins de sa mémoire rudimentaire. En vain. Les semaines d’hiver s’étiraient vers de plus beaux jours sans que l’enquête ne cesse désespérément de piétiner. Mais un soir, en croisant trop près Mervin Caerwyn dans l’exigüité d’un couloir sombre, une idée terrible s’était imposée dans l’esprit de la Septième année et elle avait soigneusement fomenté un plan d’une morale tout à fait discutable qui profiterait d’une manière intelligente des lacunes frustrantes de l’enquête. Les premières étapes avaient conduites William jusqu’ici.

Un pesant silence étudié s’était installé entre eux et elle soupçonna William de feindre d’être affecté par ses révélations mensongères.

« Mais mon instinct me soutient que tu n’es pas étranger à cette affaire. Au point où en est ton amie, ce sera le renvoi temporaire immédiat, agrémenté d’une demi-année de retenue en compagnie du Professeur Carrow et d’une lettre d’avertissement directement adressée à ses parents avec la sommation de remboursement pour les frais occasionnés par sa faute, s’il s’avérait que ces informations soient révélées à la direction. »

Pénombre s’interrompit un instant, un sourire malveillant s’étirant sur la pâleur diaphane de son visage.

« Alors voilà le marché. Il y a un service personnel que je souhaite que tu me rendes. Si tu t’en acquittes correctement et dans la plus grande discrétion qui soit, les preuves incriminant ton amie seront inexplicablement détruites et on accusera la rébellion. Nous trouverons un nouveau coupable à punir, quelqu’un au passif bien moins chargé que ta souillon d’acolyte et tu sauveras sa tête. A toi de choisir. »


L'intérêt individuel avant celui de la communauté.
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  • William J. Craig
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MessageSujet: Re: Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !]   Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !] EmptyMar 2 Fév - 21:52:42

Pénombre s'était confortablement installée sur son fauteuil, comme une reine sur un trône, dans une position d'abandon gracieux ; en face, William avait posé un quart de fesse sur le bord de sa chaise, et il attendait, très droit, la suite des réjouissances. Les attitudes des deux élèves en disaient long sur les rapports de force entre eux : d'un côté, un garçon tendu, une proie attendant de voir de quel côté allait arriver la tuile ; de l'autre, l'Autorité, très à l'aise, abattant ses cartes avec une lenteur méthodique. Le temps ne s'écoulait pas de la même façon pour ces deux-là ; temps d'observation et de jeu pour elle, temps d'appréhension et d'incertitude pour lui... La préfète-en-chef prenait donc tout son temps pour observer son hôte, et William se demanda soudain, la gorge nouée, si elle entendait les battements frénétiques de son coeur. Il cognait tellement fort qu'on devait l'entendre dans tout l'étage, et chaque pulsation devait se voir sur ses tempes, dans les veines de son cou...

Enfin, sans se presser, Pénombre informa William du motif de cette rencontre. Une sorte de brume passa devant les yeux de l'adolescent lorsqu'il apprit que Page était mise en cause. Ce cheveu roux retrouvé, c'était donc cela... Ils en avaient parlé discrètement lorsque la nouvelle était tombée, et Page avait affirmé qu'il s'agissait d'un mensonge pur et simple ; comment aurait-on pu retrouver un cheveu alors qu'ils portaient des bonnets noirs destinés à cacher leur tignasse par trop reconnaissable ? William s'était rangé à cette opinion, mais il était bien forcé d'admettre qu'il avait eu tort. Le ton tranquille de Pénombre n'autorisait pas le doute. Page était bel et bien sur la liste des suspects – son meilleur ami aussi, par ricochet, mais pour l'heure il ne s'en souciait guère ; l'important était que Page risquait le renvoi, et toutes sortes de sévices en prime.

Les yeux fixés sur le sol, le Gryffondor déglutit avec difficulté, passa une main nerveuse dans ses cheveux, tentant de digérer la nouvelle au plus vite. Page. Page. Il fallait quitter ce bureau au plus vite, courir l'avertir, lui trouver une cachette... Un doute fit lever le nez à William : si Page était identifiée, pourquoi Pénombre lui en parlait-elle à lui ? Elle n'avait aucune raison de le faire ; la personne à mettre au courant était Rogue, certainement pas un habitué des retenues, ami de la suspecte... D'ailleurs elle parlait d'avertir la direction... mais au conditionnel... étrange formulation. Peut-être voulait-elle qu'il se dénonce ? L'estomac retourné, la tête vide, le roux se disposa à revendiquer le crime, mais un sourire venait d'apparaître sur les lèvres fines de la préfète-en-chef.

Un marché ? Mal à l'aise, William s'agita un instant sur sa chaise. Quel genre de marché pouvait-il bien passer avec Pénombre Craft ? Quel genre de marché une souris pouvait-elle passer avec un chat ? D'autant que, sans savoir de quoi il s'agissait, le roux n'avait aucune envie de venir en aide, de quelque façon que ce soit, à cette pourriture. Sans la menace planant sur Page, il lui aurait probablement dit en quel endroit de son anatomie elle pouvait se coller son marché, mais il s'en serait voulu de laisser passer une chance, si maigre fût-elle, et il murmura
:

-Et... de quel genre de service personnel s'agit-il ?

Pourvu que ce ne soit pas un énième piège, que les Carrow ne soient pas planqués dans un tiroir en train d'écouter... pourvu aussi que la conscience du rouquin accepte de laisser punir quelqu'un d'autre pour sauver Page... Et, élément incertain entre tous : pourvu que Pénombre Craft soit une femme de parole !
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MessageSujet: Re: Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !]   Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !] EmptyDim 7 Fév - 15:33:11

Le Gryffondor hésitait, son esprit envisageant certainement une coopération résignée avec la Préfète en Chef d’un système scolaire haineux et ségrégationniste. Pas tout à fait docile cependant, car s’il demandait à la Serpentarde plus d’informations au sujet de la nature exacte du service personnel sur lequel reposait en partie le chantage, il s’était bien gardé d’accepter immédiatement toutes formes de contraintes qui auraient soit disant, pu sauver Page McHenry de son châtiment. Il connaissait pourtant personnellement la réalité des sévices encourus, pour l’avoir éprouvée maintes et maintes fois auparavant. Mais cela n’avait su le dispenser de rester évasif. Il n’était pas si aveuglément altruiste, finalement. A terme, allait-il peut-être lâchement décider de jeter sa pauvre amie en pâtures aux Carrow, simplement pour sauver sa conscience du pêché de complicité à l’ennemi. Jusqu’où accepterait-il de s’impliquer en dépit de la réputation raciste, cruelle et impitoyable de celle-là même qui avait élaboré le marché, cela faisait partie du jeu. De toutes façons, la Ténébreuse serait récompensée à tous les coups, quoiqu’il puisse décider car elle apporterait un coupable aux Carrow, avec ou sans son aide. Un jeune innocent sans doute, mais que la souillure de son propre sang, de sa propre condition de roux rendrait déjà coupable d’exister. C’était cependant un trophée différent et particulier que l’Anglaise cherchait à remporter en agissant de la sorte et il n’était dès lors, plus question d’agir à l’assouvissement d’une haine violente. La Septième se sourit à elle-même en invoquant ses pensées mais la pâleur livide de son visage muait ses lèvres pleines en une plaie rouge et malsaine. Avec insouciance, elle avança une pièce sur l’échiquier.

« Rien de moins qu’une toute petite entorse de confiance à l’un de tes amis. Mais rassure-toi, d’une insignifiance totalement sans conséquences pour ta tranquillité d’esprit. »

Ce disant, Pénombre le considéra avec une nuance ironique qui confinait à la pitié sur son visage froid. William n’en était pas à sa première intimidation de la part du pouvoir en place et il avait dû entendre bien d’autres sortes de menaces, amplement plus effroyables que celles qu’avait proférées son ainée. Il avait forcément cédé à un moment ou à un autre, puisqu’il demeurait en vie. Il avait forcément sacrifié quelque chose en retour.

La boucle blanche de sa main de la Vipère s’attacha quelque part dans les cavités secrètes de son bureau tandis que son bras se tendait sous le tissu blanc de sa chemise réglementaire. Un cliquetis net se fit entendre dans les entrailles mortes du bois sculpté avant que la Serpentarde n’en retire une petite fiole de cristal translucide, soigneusement scellée et enveloppée dans un filet maillé destiné à la protéger des chocs. A l’intérieur, les lumineuses couleurs ocre d’un liquide vaporeux s’ingéraient lentement en volutes entremêlées.


« Tu devras simplement glisser discrètement le contenu de ce flacon dans sa boisson et me l’amener, dans les deux heures suivantes jusqu’aux couloirs ouest du septième étage. »

Exactement là où se trouvaient les environs directs de la salle sur demande. A moins qu’il n’en connu lui-même l’existence, Pénombre ne prendrait pas la peine de détailler ce point.

« Juste après le cours de Botanique serait un moment tout à fait adéquat. Je récupérerais ensuite le colis et tu seras libéré de tes engagements envers moi. Les preuves seront détruites dès que j’aurais eu confirmation que mes consignes auront été respectées à la lettre et McHenry ne sera même pas inquiétée. Tu vois, rien de bien méchant. Mon offre est toute à fait honnête. »


Mentit-elle une nouvelle fois, en poussant doucement d’un air entendu, le récipient vers le Lion.
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MessageSujet: Re: Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !]   Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !] EmptyLun 8 Fév - 22:33:12

Rien à faire : la panique suscitée en William par les révélations de Pénombre ne voulait pas s'estomper. Il avait beau essayer de prendre des airs blasés, tâcher de ne pas donner de prises aux menaces de la préfète-en-chef, il sentait son coeur cogner à tout rompre dans sa poitrine tandis qu'il attendait la suite. Fixer la Serpentard était au-dessus de se forces ; il regardait sans la voir une page encadrée de la Gazette, sur laquelle il était question de drogue... Mais les lignes droites du cadre de bois devenaient floues à mesure que l'oeil du rouquin s'obstinait à les contempler, et tout finit par se fondre dans un mélange déconcertant de formes et de couleurs. L'adolescent dut alors détourner la tête pour retrouver une vision normale, et revenir à la pénible réalité.

Pénombre, très tranquille, le regardait sans mot dire, soucieuse, probablement, de le mettre mal à l'aise. Franchement, il voyait mal comment il aurait pu se sentir encore plus mal qu'il ne l'était déjà, mais la technique de la préfète-en-chef était efficace. William ne savait quelle contenance adopter, où poser son regard, que faire de ses mains... Dans la conversation, ces menus détails se réglaient d'eux-mêmes ; mais dans ce silence pesant, l'attention se portait sur chaque petit mouvement, et tout pouvait sembler suspect. Il ne m'a pas regardée ! Aveu de culpabilité à n'en pas douter, il avait peur... Il m'a regardée ! Aveu de culpabilité encore, il me narguait. Tout et son contraire pouvait être interprété au gré de ceux qui menaient la danse.

Enfin, elle parla, lâcha une petite phrase sur un ton badin, et William eut un instant de blocage. Trahir la confiance d'un ami ? Et elle disait cela aussi facilement qu'elle lui aurait demandé l'heure... Le Gryffondor bomba très légèrement le torse en songeant que si la trahison était naturelle à cette créature, lui la réprouvait au plus haut point. Trahir un ami, même pour sauver Page... et en gardant la conscience tranquille ? Comment était-ce donc possible ?


*Alors, tu accouches ? *

Le rouquin dut se retenir de lancer cette phrase à voix haute ; il ne voulait pas donner à Pénombre encore plus d'avantages qu'elle n'en avait déjà dans cette discussion, et exprimer son impatience de connaître les termes de l'échange aurait été un terrible aveu de faiblesse. À contrecoeur, il garda donc un silence farouche en attendant que la préfète-en-chef se décide, ce qui ne tarda guère. Elle leva une petite fiole de potion, que William ne put reconnaître, en donnant ses instructions d'une voix posée. Ne manquait qu'un élément à ce tableau...

-Et à qui je dois faire avaler ce poison, Craft ? demanda le roux en prenant la fiole sur le bureau pour la regarder à la lumière.

Il ne s'était pas donné la peine d'accepter la mission ; la réponse ne faisait guère de doute, avec Page dans la balance. La potion, vue de près, ressemblait assez à un philtre d'amour, et l'adolescent se demandait avec inquiétude qui, parmi ses amis, pourrait être victime de cette manipulation. Soucieux de ne rien brusquer, il reposa le flacon sur le bureau, entre eux deux, comme s'il avait encore le choix. À défaut de liberté, il voulait du moins en conserver l'apparence.
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MessageSujet: Re: Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !]   Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !] EmptyMar 9 Fév - 14:53:54

[Je te demande pardon d'avance pour le petit partage en cacahuètes aha ! C'est fini, tu voudras plus jamais rp avec moi aha ! C'est le grand délire du jour :dehors: ]


La question vint, telle qu’elle avait été attendue. Car il était amplement plus facile à l’esprit de projeter des actes moralement discutables sur une pauvre victime sans visage, que de calquer l’ignominie de ses faits sur une de celle que l’on connaissait très bien, avec laquelle on avait partagé un passif agréable. Imaginer l’expression accablée de ses traits sitôt la traitrise dévoilée, le regard découragé et déçu ou la colère. La violence, la haine.

La Ténébreuse avait sournoisement profité du choc qu’elle avait espéré lui causer grâce à ses révélations mensongères pour lui vendre son marché, ménageant l’identité de sa cible pour mieux tempérer les feux indignés de la conscience du roux. Le chantage lui paraitrait moins odieux ainsi, plus endurable. Et maintenant qu’il lui semblait vacillant sur ses positions, Pénombre pouvait porter le coup suivant :


« Poison, poison, toute de suite les grands mots ! C'est juste de l'amortenviagr* , on va pas en faire toute une rouquinite aigue quand même ! Au Gallois Caerwyn. »

A vrai dire, l’une des amitiés les plus curieuses du Gryffondor, probablement scellée avec hâte sur une reconnaissance commune et mutuelle de leur identité de dégénérescence de la nature, leur honteux statut de roux. Les faibles se rassemblaient souvent entre eux afin d’entretenir l’illusion de puissance qui caractérisait habituellement la meute. Leur binôme en botanique en avait surpris et choqué plus d’un mais personne n’avait osé relever ouvertement. Le comportement de William Craig, ancien membre rebelle des Brigades Rousses, avait achevé de soulever les passions capricieuses tant il était acquis qu’il n’était qu’un sang de bourbe sans importance, honnis et légitimement persécuté par les sains d’esprit, frappé de la tare de la rouquinuite permanente qui plus est. Faudrait pas que je le rajoute, mais en plus il est gay comme un phoque :sifle: . Quand à Mervin, s’il se fondait ordinairement dans l’indifférence de la foule, discret et secret, l’opinion publique n’avait pas l’habitude de le voir rejoindre le rang des sympathisants aux minorités exclues et pestiférées. Des interrogations puis des exclamations s’étaient élevées dans la population étudiante de Poudlard mais rien d’assez nocif pour justifier le fait de s’en prendre au nouveau favori du Professeur Bachelard. William J. Craig entretenait donc à la fois de fragiles liens avec Mervin Caerwyn, la cible de Pénombre, mais il avait également un handicap de poids dans son dossier scolaire, un passif de jeune délinquant très chargé. Cela l’avait façonné de la meilleure façon qui soit pour devenir le candidat parfait aux yeux de son Ainée, pour œuvrer en sa complicité, consentante ou forcée, à la perte du Gallois.

« Il se montre trop secret et trop méfiant pour être totalement étranger aux actes criminels de la rébellion. Je le soupçonne d’appartenir au clan détraqué de la Chronique de l’Ordre. Il respire le Roux Malin, je le sens bien. »

Acheva-t-elle, une conviction démente et furieuse s’embrasant soudainement au cœur sombre de ses prunelles d’obsidienne.


« Agit vite et ne sois prudent. Je nierais bien évidemment avoir eu conscience de tes agissements si tu venais à être pris ou découvert. Cet enregistrement s’autodétruira dans 5 secondes. »

Se levant de son confortable fauteuil, Pénombre marquait déjà les prémices de la fin de l’entretien, incommodé par la présence du Sang souillé dans ces précieux locaux qui clamaient la notoriété passagère de leur Rédactrice en Chef. D’un pas félin et silencieux, elle rompit la distance entre eux d’un bon mètre, en envahissant d’une façon toute à fait discourtoise et inconvenante, son espace personnel. Elle figea l’émeraude liquide de ses yeux inquisiteurs dans ceux du Gryffondor, comme si elle avait voulu, en vain, arracher la vérité à son esprit d’impur. L’intimidation résidait dans cette proximité asphyxiante et redoutable qu’elle lui imposait, comme pour lui signifier toute l’évidence de son pouvoir sur lui, qu’elle menait la danse, quoiqu’il puisse en penser :

« Encore une chose, Sang de Bourbe. Que tout soit bien clair entre nous. Tu serais très mal avisé de le prévenir, de quelques manières que ce soit, lui ou n’importe quelle autre personne d’ailleurs. Triche avec moi et rien ne sera épargné autour de toi car cette condition est la seule qui me retienne encore de participer aux réjouissances de l’inculpation de McHenry, sache le bien. Je n’aurais strictement aucun scrupule à agir contre elle si tu venais à me décevoir et pour tout t’avouer, j’en retirerais même une certaine satisfaction sadique. »

En témoignait le rictus particulièrement carnassier qu’elle lui adressa à ses paroles, venimeuses et corrosives.


« Pour l’instant, Caerwyn m’est le plus précieusex des deux et tu vas m’aider à l’acculer. Alors reste bien à ta place et tout ira bien. Tu pourrais même recevoir certaines nouvelles de ta famille, si je suis extrêmement contente de toi. »

Lâcha-t-elle, en tirant la dernière carte de la partie, petit parchemin plié et ficelé que les profondeurs sombres de sa poche avaient dissimulé à la vue du jeune sorcier.


« Elle est arrivée pour toi, ce matin. »

Mais pourquoi était-elle aussi méchante ?
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MessageSujet: Re: Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !]   Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !] EmptySam 13 Fév - 21:11:29

Curieusement, une fois les jalons de l'entretien posés, William se sentait un peu moins mal à l'aise. Il avait tellement pris l'habitude des sévices et brimades en tout genre qu'une simple conversation, certes menée de main de maître par Pénombre Craft et sans un soupçon d'humanité, lui semblait un moindre mal. À force, on s'accoutumait à la soumission, on ne relevait plus la tête devant plus puissant que soi, et les coups s'espaçaient comme par magie. Accepter sa condition, disait Alecto Carrow, connaître sa place, savoir qu'un chien doit marcher derrière son maître, jamais devant. Le Sang-de-Bourbe était voué à obéir aux Purs, à les servir, et il se devait de leur manifester une profonde gratitude pour leur clémence. Après tout, ils n'étaient pas obligés de lui laisser la vie sauve...

Le roux acceptait pleinement les conditions de la discussion, la domination sans partage de la préfète-en-chef, et il se bornait à apporter le peu de répliques qu'elle attendait. Ses scrupules attendraient un moment pour lui dicter sa conduite ; pour l'heure, seul son instinct de survie avait voix au chapitre. Lassé de recevoir des coups, l'adolescent laissait désormais ce précieux instinct le guider, et cela ne lui réussissait pas trop mal. Que d'autres tâtent des sorts de torture, que d'autres s'offrent en sacrifice sur l'autel des Carrow, lui avait sa dose. Il éclusait ses dernières retenues, bien déterminé à ne plus rien faire pour en récolter... Adopter avec Pénombre Craft une attitude humble faisait partie de cette politique, déplaisante mais efficace. Lorsqu'elle prononça sur un ton dédaigneux le nom de Mervin, William ne répondit rien ; d'un signe de tête, il indiqua qu'il avait compris, et écouta sans broncher les arguments de la Serpentard. Mervin, membre de la Chronique de l'Ordre ? Il fallait être joliment touché pour croire cela, ou ne pas le connaître. Lui qui prêchait constamment la soumission à l'autorité, le « pas de vagues », lui qui ne s'opposait jamais aux professeurs... Mais ce n'était pas à lui de détromper la préfète-en-chef ; il ne dirait rien, même si elle lui affirmait qu'Amycus Carrow lui-même appartenait à un groupuscule de résistance. Qu'elle se débrouille avec ses suspicions, qu'elle mène l'enquête, puisqu'elle semblait aimer jouer les détectives... Lui ne l'aiderait qu'autant qu'il y était contraint, pas une once de plus.

Enfin, l'entretien touchait à sa fin. Elle s'était levée, lui donnerait probablement congé dans sa prochaine phrase. Il pourrait enfin relâcher la pression qui lui contractait les épaules, boire son thé, et réfléchir à tout cela. Machinalement, il tendit la main vers son sac, au pied de son siège, mais la préfète-en-chef vint se pencher sur lui, interrompant son geste. Sa proximité avait quelque chose d'oppressant, comme si l'oxygène refusait de circuler entre eux. William se recula au maximum sur son siège, son regard immobile fixé sur le visage dur de Pénombre ; l'avertissement allait de soi, n'appelait aucune réponse, hormis un hochement de tête et une pénible déglutition. L'inculpation de McHenry... cette seule perspective suffisait à donner la nausée au rouquin. Oui, il obéirait, oui, il se tairait, oui, il promettait tout ce qu'on voulait, mais il ne voulait surtout pas d'ennuis supplémentaires... Qu'on le laisse simplement vivoter dans son coin, il jurait de ne plus mécontenter les maîtres du château !

Pénombre recula, laissant son invité respirer plus librement, et abattit sa dernière carte. Un parchemin. Des nouvelles de la famille. William se mit à suivre la lettre pliée d'un regard d'affamé ; il n'avait plus eu de nouvelles des siens depuis les vacances, et la seule vue de ce parchemin plié avait formidablement accéléré son pouls. Sans y penser, il prit le flacon de potion et le glissa avec précaution dans la poche de sa robe, sans quitter des yeux la lettre que la préfète-en-chef agitait nonchalamment, comme un éventail improvisé. Cette lettre contenait des nouvelles de son père, peut-être des choses très importantes... Sans avoir pu se retenir, le rouquin murmura, détachant avec peine son regard de la lettre pour le poser sur Pénombre :


-S'il te plaît...
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MessageSujet: Re: Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !]   Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !] EmptyLun 1 Mar - 0:50:49

Aurait-elle possédé un cœur qu’il ne fait aucun doute que la Préfète en Chef aurait été attendrie par la loyauté exemplaire et la dévotion à toutes épreuves avec laquelle William Craig sacrifiait ses propres valeurs morales sur l’autel sacré du chantage et de la traitrise, simplement pour protéger son amie. Pénombre se souvenait nettement avoir déjà éprouvé la puissante amitié liant les deux membres de la Brigade Rousse dans le temps, lors de sa participation à l’enquête qui se destinait à démasquer et confondre l’auteur téméraire qui avait audacieusement accusé le professeur Sybille Trelawney de trafic de drogues, l’année dernière à Poudlard. Précieuse s’était empressée de lui proposer que l’on oriente les soupçons vers Page McHenry, le suspect idéal et la Préfète en Chef avait ainsi falsifié l’article manuscrit original, source évidente du complot, pour qu’il corresponde parfaitement à l’écriture brouillonne de la Gryffondor. Mais si la ruse n’avait hélas, guère tenu ses illusions jusqu’au bout, face à l’inspection savante d’un connaisseur, du moins avait-elle permit le doute salvateur qui avait éloigné le spectre terrible de la sentence, du sablier de la maison Serpentard. Pénombre savait que William n’était pas resté inactif face au châtiment qui avait menacé d’abimer la petite rouquine et elle s’était longtemps demandé en quoi il avait bien pu contribuer, de près ou de loin, à démonter les efforts du camp adverse. Ce sentiment aux abords indestructibles qui liait les deux Gryffondors lui demeurait une entière énigme. Qu’est-ce qui pouvait bien les attacher autant l’un à l’autre qu’ils soient tellement capables de s’oublier eux-mêmes quand la seconde moitié de l’entité commune qu’ils formaient se trouvait tourmenter par quelque force agressive. Partageaient-ils le même sang ? L’aimait-il en secret ? La Ténébreuse était bien incapable de se figurer une relation désintéressée entre eux. Pas dans ces conditions. Pas à ce point. Si seulement, elle avait pu lire dans son pauvre esprit dégénéré pour trouver la réponse à ses questionnements car il ne faisait l’ombre d’un doute qu’il ne lui livrerait jamais la vérité des faits de son plein gré et elle ne pouvait dignement lui laisser entrevoir le moindre intérêt qu’elle pourrait leur porter, à ces Sang de Bourbes infâmes.

La soudaine supplique dans la voix du garçon la tira de ses considérations muettes et son froid regard de jade vient retrouver le visage souillé de tâches de son du Cinquième année. Le pâle sourire rassurant qui se mit à danser sur les lèvres de la sorcière ne valait rien et présageait au contraire du pire. D’une lenteur étudiée, elle posa sa cuisse sur le bois verni de son bureau, se positionnant volontairement à une hauteur plus équivalente à celle de son interlocuteur, douce et odieuse feinte destinée à servir son sournois petit jeu de persécution.

« Cela m’est si poliment demandé. J’accède à ta requête, William. »

Commença-t-elle d’une voix de miel, faussement complaisante. L’héritière des Craft porta le précieux parchemin ficelé juste devant elle, à mi-chemin entre eux, presque tendu vers lui en un miracle inespéré. Mais la longueur arachnéenne de ses doigts ne le lâchait pas et glissaient plutôt, synchronisés dans leur mascarade, vers ses extrémités jaunies, s’immobilisant enfin au deux tiers de sa largueur, éternisant le moment où le mirage de ses intentions allait enfin basculer vers leur cruelle réalité. D’un geste sec qu’elle amorça rapidement, Pénombre rompit la cohésion de la matière au bref soupir de sa chemise et la plainte du papier supplicié se répandit avec constance dans la pièce silencieuse tandis qu’elle déchirait la lettre en deux entités désunies et abimées.

« La moitié maintenant, l’autre quand tu auras achevé ton travail pour moi. »

Claqua-t-elle, satisfaite de la douleur qu’elle croyait lire dans ses yeux.

« Laquelle voudrais-tu ? »


Minauda avec malveillance la Serpentarde en tendant ses prises plus en avant, manuscrits tout à sa portée, chair soigneusement au delà. Tout, pour lui aujourd’hui, ne devait être que dilemme et tourment car elle en avait décidé ainsi. Il payerai sa condition inférieure au prix qu’elle trancherait à son bon vouloir.
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MessageSujet: Re: Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !]   Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !] EmptyLun 8 Mar - 20:11:38

Jusqu'à quel point pouvait-on faire monter la tension artérielle d'une personne avant l'explosion de ses vaisseaux sanguins ? Apparemment, Pénombre Craft avait décidé de tenter l'expérience sur William. Pas la moindre violence, tout juste quelques propos méprisants, mais des cartes abattues méthodiquement, avec une sadique lenteur ; le roux aurait préféré encaisser encore des coups, des mauvais sorts, que se sentir prisonnier des plans de la préfète-en-chef. Depuis le début, elle le menait comme un cheval en longe, et le faisait aller où elle voulait qu'il aille ; il ne pouvait qu'obéir, donner les réponses attendues, et espérer que rien de pire n'allait venir.

La menace sur Page l'avait déjà sérieusement miné, et la lettre de son père l'anéantissait. Dire qu'à quelques centimètres à peine, des nouvelles de sa famille l'attendaient, et qu'il ne pouvait pas les lire... Que pouvait bien lui raconter son père ? Les platitudes habituelles, sans doute ; tout va bien, ne t'inquiète pas, tu me manques. À moins que cette fois, il n'y ait quelque chose d'autre ? À bien y réfléchir, est-ce que c'était vraiment le genre d'Andrew d'écrire comme ça, sans raison ? Avec un pincement au coeur, William pensa à sa grand-mère. Aux dernières vacances, il l'avait trouvée affaiblie, comme si elle avait perdu, en quelques mois, la moitié de son poids ; et si la lettre de son père lui annonçait qu'elle était tombée gravement malade ? Ou peut-être même... morte ?

Il n'y avait qu'une solution pour lire cette lettre : remplir au plus vite la mission confiée par la préfète-en-chef, quoi que cela puisse avoir d'écoeurant. Approcher Mervin très vite, l'expédier au septième étage, et espérer que Craft tiendrait parole. La garce lui tendait la lettre, sans la lâcher ; par réflexe, William tendit la main pour prendre le parchemin, mais la brune avait son idée. Toujours avec cette lenteur calculée, elle déchira la lettre en deux morceaux, et le roux dut se retenir pour ne pas pousser un hurlement de rage. Et lui qui y avait cru ! Quel idiot il faisait... à croire que les brimades qu'il subissait depuis la rentrée ne lui apprenaient rien. Pourtant, il aurait dû savoir que ces gens poussaient toujours le sadisme plus loin qu'il ne pouvait l'imaginer...

Pénombre demanda, d'une voix mielleuse, quelle moitié de la lettre il voulait. La main de William retomba le long de son corps tandis qu'il répondait d'une voix blanche :


-Peu... peu importe...

De toute façon, elle lui donnerait le morceau qu'elle voudrait, quoi qu'il dise, et la lettre serait illisible... Tout au plus pourrait-il vérifier qu'elle était bien de la main de son père, et tenter d'en saisir le propos général. Une bouffée de désespoir s'empara de lui tandis qu'il attendait le bon plaisir de la préfète-en-chef, et il baissa les yeux dans un effort pour s'empêcher de pleurer. Il se montrait déjà dans toute sa faiblesse, et dans toute sa lâcheté, et il ne voulait pas qu'elle ait le plaisir de voir ses larmes. On avait les victoires qu'on pouvait, et aucun triomphe plus important n'était à la portée du rouquin.
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MessageSujet: Re: Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !]   Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !] EmptyMer 10 Mar - 22:45:18

La maigre réponse du garçon s’entrecoupait d’une faiblesse hésitante qui trahissait son malaise et les effets pernicieux que la vile manœuvre de la Serpentarde exerçait sur lui et dont Pénombre s’enivrait avec indécence. Il ne pleurait pas, ne couinait pas, ne suppliait guère et conservait un très maigre semblant de dignité totalement impropre aux gens de sa race, des impurs, des roux, des aberrations répugnantes de la nature. Ce simple fait agaçait la Ténébreuse et elle jugea qu’il était temps de lui porter le coup de grâce avant de le relâcher dans le labyrinthe des couloirs du Château afin qu’il puisse s’acquitter de la mission qu’elle lui avait confié, contraint et forcé. La menace avait été suffisamment claire et nette pour dissuader sa victime d’agir à l’encontre de son maitre chanteur mais il persistait tout de même dans le manque de capacité réflexive de son hôte, l’ombre infime d’un risque qu’il lui fallait anticiper. On ne pouvait pas manipuler sans précautions l’un des deux membres de la Brigade Rousse dont le caractère téméraire et destructeur ne pouvait être abordé de la même façon que le commun de la déchéance des Impurs. Car de la même façon que l’on ne les approchait que protégé et ganté, il fallait adapter la manière avec laquelle on s’essayait à manipuler le mental et les émotions corrompues de pareilles immondices.

« Les funérailles auront lieu dimanche prochain, je t’ai obtenu une autorisation de sortie exceptionnelle avec le Professeur Flitwick qui t’accompagnera hors de la ville si tu le désires. »

Lâcha-t-elle sur un ton aussi détaché qu’empli d’une froide désinvolte, un sourire macabre s'étirant sur la pâleur sauvage de son visage, telle une horrible plaie rougie. Mesquine petite amputation de la vérité, cette pathétique lettre ne rapportait que la mort inévitable de l’un des vieux voisins de la famille Craig, aucunement de l’un de ses membres mais Pénombre se devait d’entretenir l’effet dissuasif de sa personnalité qui consistait à la rendre aussi imprévisible que cruelle afin de conserver une emprise sur lui. Il ne devait jamais croire que la compassion ou la pitié existaient dans l’esprit ou le cœur de Pénombre, ne jamais oublier à qui il avait affaire et ce qu’elle était en mesure d’accomplir contre lui. Le Cinquième année lui offrit verbalement la faille qu’il lui fallait pour approfondir son mal et la Vipère s’y engouffra avec tout l’entrain sadisme qu’il seyait de lui accorder. Fidèle à elle-même, la Ténébreuse lui tendit donc la partie du précieux parchemin qui ne comportait pas le détail du décès qu’elle venait perfidement d’évoquer, glissant l’autre moitié dans les profondeurs obscures de la poche de sa veste. Le vil méfait accompli, la Préfète en chef lui fit signe qu’il pouvait à présent disposer :

« Si tu n’as d’autres questions à me soumettre au sujet de notre petit arrangement, tu peux partir, Craig. Nous nous reverrons très bientôt. »
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MessageSujet: Re: Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !]   Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !] EmptyDim 14 Mar - 22:19:03

Les secondes s'égrenaient à l'horloge massive, terriblement lentes, mais sans répit, rythmées par le mouvement obstiné du balancier. Tout était si bien ordonné, tout... Les secondes succédaient aux secondes, le balancier passait de droite à gauche, l'air entrait et sortait des poumons... Tout était parfaitement régulier. Tout, sauf les battements désordonnés du coeur de William, tantôt puissants et rapides – une charge de chevaux – tantôt plus faibles, plus calmes – le trot léger d'un animal sauvage... Au gré des émotions de son propriétaire, le coeur palpitait à des allures diverses, et ces variations subites donnaient au rouquin une sorte de vertige. Étrangement, il avait l'impression de planer au-dessus de lui-même, d'observer la scène de l'extérieur ; une sensation curieuse d'éloignement se mêlait à une perception étrangement lucide de la situation, tandis qu'il analysait cette soudaine schizophrénie de son esprit. Il se vit tendre la main, comme si un étranger avait ordonné ce geste à sa place ; en même temps qu'il sentait le contact du papier contre ses doigts, la voix de Pénombre Craft, lointaine elle aussi, lui assena le coup de grâce. Il ignorait de qui il s'agissait, mais il était question de funérailles... Machinalement, il jeta un regard sur la lettre ; elle était bien de la main de son père, ce n'était donc pas lui qui était mort. Qui, alors ? Susan ? Ce furieux d'Ultan Bower avait bien menacé de s'en prendre à elle... William essaya d'imaginer sa soeur aux prises avec le tortionnaire, mais tout son être refusait cette idée. Non, ce n'était pas possible. Susan... Grand-mère, alors ? Pour elle, même pas besoin de magie noire ou de mauvais sorts ; elle s'était tellement affaiblie que la mort avait fort bien pu venir la surprendre doucement, dans son sommeil...

Tout semblait se brouiller autour de William ; la pièce se fondait dans un amas de couleurs indistinctes, la voix de Pénombre lui semblait provenir de très loin tant elle était inaudible ; seuls les battements de son coeur étaient bien réels, eux qui venaient sans cesse réveiller l'angoisse qui lui nouait l'estomac. Chaque pulsation était douloureuse à force de tension ; l'adolescent eut soudain conscience d'avoir pris sa tête lourde entre ses mains, comme pour l'empêcher de tourner, tandis qu'il sentait flageoler ses jambes... Le fauteuil qu'il venait de quitter était là, tout près. Un pas, et il pourrait s'y asseoir, le temps de retouver l'équilibre. Dans la cohue de pensées informes qui occupait son esprit, seule l'idée de ce fauteuil, désormais, lui semblait cohérente... cela, et la certitude qu'un malheur avait frappé sa famille. Une terrible angoisse lui noua soudain les tripes, et il dut se retenir au bureau pour ne pas tomber et se guider jusqu'au fauteuil. Il se laissa tomber plus qu'il ne s'assit dans le siège, incapable de parler, fixant sans la voir la moitié de lettre que Pénombre lui avait octroyée. L'image de sa grand-mère se superposa à celle de Susan, la voix lointaine de la préfète-en-chef répéta que les funérailles auraient lieu dimanche prochain, et le rouquin réalisa, l'espace d'une demi-seconde, qu'il glissait du fauteuil.

Le sol qui le reçut était incroyablement moelleux et tiède, le genre d'endroit où l'on resterait toute sa vie dans un bien-être incomparable.
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MessageSujet: Re: Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !]   Echec au Roux par le Cavalier Noir [Pv] [Achevé !] EmptyMer 17 Mar - 1:44:38

Les gens croyaient trop aisément qu’il était facile d’être un rebelle, que c’était romantique d’avoir la loi à ses trousses. Ils ne connaissaient probablement pas le lourd prix qu’il fallait payer pour être libre de projeter, simplement de la pensée au verbe, ses opinions. C’était une somme dont il fallait s’acquitter au quotidien, parce qu’à chaque jour qui se levait venaient renaitre les mêmes préoccupations, des raisons qui vous trottaient constamment en tête, qui imposaient leur rythme fébrile à votre vie. Et vous ne pouviez faire autrement que de les suivre, les laisser harponner leur dard étouffant en vous. William irradiait ce sacrifice là et les failles béantes de sa psyché, qu’il affichait sous les yeux inquisiteurs de la Serpentarde appuyaient les pensées de cette dernière. Ce n’était pas un statut que l’on était en mesure de choisir de son plein gré, on le subissait forcément. Car comment pouvait-elle se figurer que l’on pouvait aimer et revendiquer la souillure définitive et irréversible que l’on représentait, accepter avec fierté d’être une pareille abomination de la nature ? Craig était l’âme limitée d’une bête captive, piégée dans une enveloppe satanique et ces yeux étranges hurlaient toute l’horreur de cette réalité que trop ne savaient déceler en les gens de sa race.

Sous son influence néfaste, il donnait des signes physiques de faiblesse qu’avec une grande attention, elle observait. Le sang se retirait progressivement de son visage et il était si blafard à présent que son épiderme semblait se translucidifier vers le spectral. Elle percevait les pulsations de plus en plus ralenties de son cœur sous la peau fine de son cou et sentait venir le point de rupture de ses résistances. Elle entendait presque le grincement de son cœur tandis qu’il cédait sous le poids accablant des hypothèses que son esprit persécuté élaborait. Sans préavis toutefois, il s’effondra d’un coup en emportant la surprise de la Ténébreuse.

L’instinct réagit plus vite que la raison et son bras se tendit en avant, antérieur à l’action contraire que la logique lui aurait préféré. La honte de Pénombre était toute entière dans ses mains, inerte et silencieuse. Sa peau brûlante, et tâchée de son irradiait une immondice qui semblait terriblement contagieuse. Le poids de son corps inanimé empêchait toutefois la Milicienne de se dégager sans risques et la fascination étrange que provoqua la proximité de Pénombre avec cette différence répugnante portée par le Lion la conserva immobile.

Sous l’odorat développé de l’Animagus, l’odeur qu’il se dégageait du roux lui était insupportable et infect, comme s’il était déjà entré dans un état de décomposition avancé. Sa bouche semblait tuméfiée et squameuse, sabrée au visage par une lame émoussée, de celle qui ne pouvait embrasser que l’horreur, susciter un dégout viscéral. Hésitante et indécise, Pénombre approcha doucement son visage du garçon et glissa sa langue avec prudence sur la longueur de ses lèvres. Haine chevillée au cœur, elle s’appliquait pourtant à tracer le sillon humide de sa salive sur la plénitude pâle de sa bouche. Le goût en était acre et acide, comme l’odeur du souffre. Est-ce que les lèvres de Mervin possédaient également de pareilles pestilences ?

Plus doucement qu’elle ne l’aurait voulu, elle déposa son corps inerte par terre avant de le pousser du pied vers la porte d’entrée, à l’extérieur du bureau dont elle referma l’accès d’un geste sec de la main.
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