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 Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]
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  • Pénombre Craft
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MessageSujet: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyDim 27 Juil - 23:29:18


Comme un vif éclair dans la douce lueur des flammes, le poignard traversa la salle en tournoyant vivement sur lui-même et planta son croc vibrant au creux d’une table renversée, solidement calée contre le mur d’en face. La pointe de la lame s’enfonça vigoureusement dans l’exigu cercle le plus au centre des trois petits anneaux regroupés autour de celui-ci. La longue silhouette athlétique d’une jeune fille de 17 ans se dressait, fière et nette, dans la salle commune des Serpentards. Son arrogante crinière de jais, libre, lui tombait élégamment jusqu’au milieu des reins et ondulait subtilement dans son dos, au grès de ses mouvements fluides et silencieux. Pénombre Craft tira, pensive, une autre lame de son précieux étui, cuir obscur fermement attaché à sa cuisse par une solide lanière soigneusement travaillée par un artisan anonyme pourtant plus que doué. Ses vêtements étaient d'ailleurs très atypiques pour une jeune mage, ce soir là, mais qu’importait puisque la rentrée n’était que dans quelques jours et que le peu d’élèves déjà présents dans l’enceinte du Château de Poudlard étaient de ceux qui préféraient éviter de croiser son chemin ou ne serait ce que croiser son regard hautain, profondément translucide. Un sombre pantalon ajusté, savamment taillé dans une matière guerrière semblable au cuir de la sangle qui maintenait encore un duo de poignards acérés sur le côté de sa jambe gauche, enserrait ses longues jambes finement musclées tandis qu’une délicate ceinture ombreuse s’attachait par un entrelacs compliqués, métalliques et argentés, achevant de relever sa fine taille. De gracieuses hautes bottes ébène, à demi-talons se devinaient sous l’épaisseur du tissu, aux niveaux des chevilles de l’ancienne poursuiveuse. Enfin, une superbe chemise verte émeraude en coton rendait honneur à son tout récent charme de jeune femme. Son épiderme était visible à nombres d’endroits où quelques boutons n’avaient, négligemment, pas été noués mais, à bien y regarder, sa peau n’était pas aussi pâle que dans le passé. En effet, celle-ci était recouverte d’une sorte de fine pellicule aussi sombre que la nuit, de consistance relativement comparable à l’huile, pourtant mate et sans aucune jointure apparente. S’insinuant jusque sous le tissu teinté de son joli haut fluide, dévorant son cou en serpentant à l’orée de son menton, de ses tempes dissimulées sous des mèches de ténèbres, la matière semblait étrangement autant signe d’une présence étrangère qu’une ombre portée. Une sorte de tatouage vivant, mouvant, tribal.

L’héritière des Craft ne ressemblait plus guère à la jeune sorcière de quatrième année, audacieuse et intrépide, qui avait jadis quitté l’ancestrale Ecole de Poudlard en hâte et dans l’inquiétude la plus accablante, contrainte de laisser à l’abandon total autant que chaotique le fruit, les progrès de projets ayant demandé des mois entiers de travail et de préparation. Contrainte de laisser, livré à lui-même, son élève et ami, Narcisse Anasar. Son apparence physique même, trahissait les évolutions brutales, radicales de son esprit, tranchait profondément avec l’insouciance qui avait pu persister en elle auparavant, malgré l’inflexible et cruelle éducation paternelle, malgré un vécu qui lui avait férocement défendu les joies les plus fondamentales de l’enfance. Les vestiges d’innocence et de maigre candeur ayant jadis pu adoucir les traits de son visage d’adolescente avaient été complètement, impitoyablement altérés par une froide résignation indicible et obstinée, elle avait mûri, brutalement, irréversiblement. Et puis, il y avait aussi cette fierté déterminée, intimidante, imprégnant sa gestuelle épurée, souple, bridant effrontément la posture autrefois plus discrète de son corps, une attitude particulière, frappante qui différenciait sans conteste le passé du présent. Tant d’affres, de souffrances, de douleurs mêlées intimement à une si rêche combattivité, une volonté décidée aux allures inflexibles imprégnaient son regard de jade, que peu de personne n’osaient le croiser et qu’un nombre encore moindre ne parvenaient à le soutenir. La jeune fille paraissait à présent plus que son âge et tout son être semblait témoigner avec certitude de la majorité bien acquise alors que dix sept ans la séparaient tout juste du jour qui l’avait vu naître. Quelque chose d’amplement rebelle, de très affirmé, indéniablement volontaire se dégageait de chacun de ses gestes, de son aisance maitrisée à se mouvoir dans l’espace, les maques d’un pouvoir durement acquis…

Calculant son lancer avec une nonchalance feinte, la sorcière secoua lentement ses épaules afin de chasser la tension de ses muscles bien entrainés et arma une nouvelle fois, levant devant elle son ténébreux poignard, courte lame fade, traitée aux couleurs de la nuit afin de limiter le reflet de son métal. En dépit du vin, son bras montra une coordination fluide quand Pénombre le ramena lentement en arrière et le détendit avec une vive puissance déliée. L’arme fila de nouveau, à toute allure, vers sa cible improvisée avec une précision déconcertante et entama de plus belle le tendre bois vernis de la table.

Il n’était pas vraiment tard ce soir là mais l’immense salle commune des verts et argents était pourtant totalement déserte, vide, silencieuse. Propre, inhabituellement en ordre et vierge d’une multitude d’affaires oubliées, de vestes d’uniforme tachées, négligemment roulées en boule dans un coin, de reste de chocogrenouilles périmés, de brouillons de parchemins ou autres… Comme elle ne l’était jamais que durant ces quelques semaines qui précédaient, chaque année, la rentrée des classes du mois automnal de Septembre et qui permettaient à certains élèves, dans des situations familiales ou sociales particulières, d’habiter l’Ecole de Poudlard le temps que les autres pensionnaires ne l’investissent à leur tour. La Serpentarde de septième année attrapa de sa fine main pâle, un joli verre de cristal à demi rempli d’un liquide légèrement ambré et le porta doucement à ses lèvres rougies par la chaleur du feu crépitant dans la cheminée. L’anglaise aimait beaucoup ce calme serein qui étendait toute sa quiétude entre les épais murs de l’ancestrale Citadelle et tandis qu’elle reposait prudemment l’éclatant récipient sur le superbe manteau œuvré de la cheminée d’où la Rusée s’en était emparée, une série de faibles bruits sourds et distincts lui parvint du couloir d’entrée, troublant sa profonde concentration, quand, décidée, elle s’était emparée, une nouvelle fois, d’un de ses cruels poignards…L’adolescente resta pourtant obstinément de dos à l’endroit d’où semblait provenir cette soudaine et inattendue perturbation sonore, ses sens tendus, aux aguets...


Dernière édition par Pénombre Craft le Lun 27 Oct - 18:43:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyLun 28 Juil - 14:25:23

La porte dérobée, invisible aux yeux d’élèves non initiés, tourna sur ses gonds dans un silence mortuaire et il s’engouffra dans l’obscur corridor sans un regard en arrière.

L’adolescent qui, d’un pas flegmatique, pénétrait dans l’antre des Serpentards était toujours l'être narcissique, égoïste, ambitieux et froidement génial qui était arrivé à Poudlard trois ans auparavant. Il avait pourtant bien grandi…
Devenu un jeune homme, Narcisse, qui allait entamer dans quelques mois sa seizième année, ne s’était départi ni de sa beauté, ni de son charme bien qu’il eût revêtu depuis un peu plus d’un an désormais un masque de froideur à l’égal de sa blessure. Davantage que le calme, une certaine léthargie s’était emparée du jeune anglais qui était passé maître dans le contrôle de ses sentiments, de ses passions, jusqu’à pouvoir en manquer. Depuis le départ de Pénombre, la seule amie qu’il eût jamais eu, son entourage se heurtait à une réserve qui pouvait aller jusqu’à l’hostilité dans les mauvais jours, fruit d’une souffrance qu’avaient engendré deux cruels abandons. Il avait légèrement grandi et avoisinait le mètre soixante-cinq, sans pour autant avoir perdu sa svelte et athlétique carrure. On devinait d’ailleurs sous le riche tissus de sa chemise blanche, au col déboutonné, une puissante mais fine musculature le garçon esseulé ayant sculpté son corps avec un soin tout particulier. A contempler le reste de sa parure, on comprenait aisément que l’adolescent attachait beaucoup d’importance à son apparence physique. Inconsciemment ce travail sur son aspect extérieur était la traduction de son malaise intérieur, la solution par laquelle il souhaitait mettre un terme à la série d’abandon dont il avait été victime. Il portait ce soir, en sus de sa chemise, un pantalon noir parfaitement coupé, probablement issu d’un coûteux trois pièces, ainsi que des chaussures de cuir brun, lesquels, classiques, contrastaient avec sa cravate noir dont le noeud lâche, dénoué avec une audacieuse impertinence, couronnait l’élégance naturelle du bel anglais d’un charme désinvolte.
Ses cheveux blonds cuivrés étaient figés en une bataille désordonnée, à moins qu’ils n’eussent justement été coiffés ainsi. Les traits délicats de son visage n'avaient pas perdu de leur noblesse mais la finesse du visage d'enfant avait définitivement été gommée, en même temps que son innocence, par la force des années. Ses yeux gris, en revanche, étaient toujours aussi profonds et mélancoliques, peut-être davantage…
Il se dégageait de Narcisse, en dépit d’un air légèrement hautain, une assurance à toute épreuve, une étrange sérénité et une prestance royale.

Se complaisant dans l’ombre le prématuré pensionnaire de Poudlard avait abandonné la salle commune, qu’il ne partageait avec guère plus de deux personnes, dans une obscurité que seules troublait les braises rutilantes d’un feu languissant dans son âtre. Il n’avait pas encore remarqué l’intruse lorsqu’il jeta d’un geste routinier sa veste sur le fauteuil le plus proche, se congratulant d’un geste plein de fougue lorsque celle-ci, après avoir dangereusement glissé vers le sol, s’était immobilisée le long de l’accoudoir. Narcisse avait prétexté une migraine pour quitter décemment ses camarades, ainsi que les rares professeurs qui déjà étaient revenus occupé leurs appartements. Ces repas si conviviaux, lors desquels au mépris des maisons, des affinités et des statuts de chacun, élèves de tout âge et personnels de Poudlard se réunissaient, ulcéraient le jeune sorcier qui ne pouvait supporter ce simulacre hypocrite de famille, en dépit des efforts sincères de ses professeurs. Tournant le dos à l’immobile statue d’ébène qui se dressait derrière lui il retira de sa poche une pomme et jongla quelques instants avec, avant qu’elle ne lui échappât au cours d’une périlleuse figure aérienne. S’accroupissant pour tenter de déterminer où le rusé fruit avait bien pu filer, l’adolescent fut soudainement parcouru d’un frisson.

Tous les muscles de son corps s’étaient tendus lorsque son regard, irrésistiblement attiré par l’éclat terne des deux lames figés dans le bois, avait finalement rencontré les sombres couteaux. Sa main gauche ayant instinctivement trouvé sa fidèle baguette le Serpentard se retourna lentement, puis se redressa, adoptant immédiatement une garde défensive. C’est alors que ses gris iris rencontrèrent l’agréable silhouette d’une jeune fille, à la fois lointaine et étrangement familière. Une vive douleur, ayant sommeillé depuis longtemps, se réveilla soudainement dans sa main gauche, faisant se resserrer les doigts du Vert et Argent sur l’ébène. D’un bref coup d’œil, il foudroya les deux pâles cicatrices qui le lançaient sur le dos de sa main, deux points concentriques, parfaitement semblables et espacés comme les canines du fauve qui, trois ans auparavant, lui avait perforé la main. Il s’agissait des seuls séquelles physiques que les soins magiques n’avaient su effacer au lendemain de leur mémorable duel, du seul souvenir tangible que lui avait laissé l’héritière des Craft, forgeant un lien mystérieusement indicible et inavoué entre les deux sorciers.


"Pénombre ? " murmura Narcisse, incrédule, comme étourdi par la foule de sentiments qui envahissait son esprit soudainement bouillonnant, qui faisait se comprimer son cœur d’une liesse explosive et qui étranglait sa voix d’une émotion trop longtemps étouffée.
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyMar 29 Juil - 22:03:53

[HPR : Je n'en suis pas très satisfaite, excuse moi, j'espère que ça te plaira quand même un peu ^^.]

La sulfureuse brune resta un instant interdite. Cette voix là, ce timbre singulier, même éteinte, même abimée, elle l’entendait jusque dans ses plus obscurs songes, l’oublier ou renier son existence lui était purement inconcevable, absurde. Toujours dos au sombre corridor d’entrée qui menait au sein de la salle commune des Vert et Argent, dos à l’origine, au point de naissance de l’élément perturbateur qui avait osé troubler impétueusement son entrainement aux couteaux, la pétillante créature en demeurait immobile, silencieuse et concentrée comme si elle cherchait à combattre les habituels délires d’une raison gravement désorientée par d’inavouables évènements, malsaines épreuves où l’avaient insidieusement conduite de sinistres, de folles ambitions. La mystérieuse demoiselle se reprit pourtant avec une remarquable adresse :

« Elle-même... »

Répondit la descendante des Craft, en faisant doucement volte face, d’une voix suave, grave sur un ton charmeur, ambigu, mi-intimidation, mi-invitation avant que son regard translucide ne surprenne la nature de l’objet magique qu’enserrait fortement la main pâle de son inestimable ami. Un délicieux sourire se dessina, mutin, sur son visage serein lorsqu’elle replongea avec un immense plaisir ses prunelles de jais dans celles du Serpentard :

« Est-ce ainsi que je t’ai enseigné à te comporter en présence d’une demoiselle, Narcisse Anasar ? »

Le toisa-t-elle avec un amusement espiègle, piquant, un art consumé d’une juste élégance. Ses longs doigts fuselés, d’une fragilité trompeuse, n’en jouaient que de plus belle, impatients, avec la dernière lame qu’elle avait déjà retiré discrètement de sa prison de cuir. Cette soudaine rencontre inattendue, ces espérées retrouvailles, contrariantes de part la fatalité de cet hasard malvenu, fruits d’un Destin plus que facétieux, lui faisaient à la fois l’effet d’une ivresse captivante et d’un trouble amer. Son cœur fougueux battait plus fort dans sa poitrine et les ébènes tatouages mouvant sous sa peau s’anamorphosaient lascivement, s'arrondissaient en entrelacs encrés sous ce changement d’humeur imperceptible.

Détaillant, enjouée et appréciative, les évolutions frappantes autant que plaisantes qui s’étaient opérées sur le corps délicieusement sculpté de cet éphèbe diaphane, sur son adorable visage qui témoignait joliment de sa maturité naissante, Pénombre prenait conscience de la réalité de ces longs mois d’absence qui l’avait tenue imperméablement éloigner de Poudlard. Le Vert et Argent était plus beau encore que dans ses souvenirs les plus mémorables, vêtu avec une soigneuse sophistication distinguée, naturellement sûr de lui et élégant, son aura magnétique et désinvolte avait certainement dû en égarer plus d’une au sein de cet Ecole de renommée internationale et la septième année esquissa un léger sourire à cette simple pensée. Peut être même avait-il déjà offert son affection à une jeune sorcière de la Citadelle, remplaçant leurs révolus entrainements nocturnes au Duel magique par de mielleux rendez vous romantiques au clair de lune… Les potentiels altérations de leur passé commun déteignaient désagréablement sur ses précieux souvenirs et elle les balaya énergiquement d’une pensée tranchante, reportant son attention sur l'adolescent.

D’une démarche indéniablement souple et féline qui laissait transparaitre une nouvelle et solide harmonie entre la belle et la bête qu’elle avait appris à être, Pénombre s’avançait lentement à sa rencontre, attirée à lui par elle ne savait quelles complexes tyrannies, intenses puissances indomptables. Ses iris semblables à deux jades lumineux pénétraient le regard gris orageux du jeune homme sans aucune retenue, paraissant vouloir sonder son âme jusque dans ses plus intimes profondeurs, parvenir à atteindre ses plus indiscibles secrets. La furie recrachée des enfers prolongea ses sensuels gestes d’approche jusqu’à ce qu’elle puisse sentir le délicat parfum du blondinet sans jamais décider de rompre le contact visuel qui s’était établi entre les deux sorciers. Ses facultés animales, dédoublement bestiale de ses propres perceptions humaines, discernaient allégrement les battements sourds du cœur de Narcisse sous sa peau, la chaleur de ces exquises veines auxquelles l'animagus avait déjà goûté trois années auparavant... Leurs corps respectifs n’étaient plus qu’à une dizaine de misérables centimètres l’un de l’autre quand elle lui murmura doucement à l’oreille, d’une manière étrangement sérieuse, insolente :

« Tu viens encore me hanter, n’est ce pas ? »

Mais il n’était guère une de ces froides illusions qui venaient souvent torturer sa conscience coupable, pas cette fois ci non et au fond d’elle-même, la Ténébreuse le savait déjà. Elle pencha doucement sa tête en avant, puis posa son ardent regard sur le cou livide de Narcisse, ses longs cheveux d’encre coulant distraitement sur ses propres épaules, entrainés par la désinvolture du mouvement jusque sur les clavicules nues de son ancien compagnon d’arme.

Que les nuits passées lui semblaient maintenant interminables et glaciales loin de lui et la soudaine proximité de sa présence le lui faisait violement comprendre, elle ne s’était pas réellement préparée à le revoir si tôt, si brusquement et quelque chose que l’adolescente avait vainement tenté de soumettre au silence, d’oublier et d’anéantir manifesta brutalement sa désapprobation, son aversion. Toute cette humanité à laquelle la septième année avait intentionnellement décidée de renoncer, de sacrifier à de lugubres, d’infréquentables et exigeants mentors pour s’enivrer davantage de précieuses connaissances, de dangereux savoirs perdus autant que de pouvoirs défiant l’imagination ou d’obscures puissances jadis inatteignables, ne lui avait jamais autant pesé que ce soir là où le mélancolique regard de Narcisse avait enfin retrouvé le sien. L’élan de ce qu’il restait de l’enfant, vestige nécrosé ineffaçable, ruines de son ancienne personnalité spontanée, ardente et passionnée mourrait d’envie de l’étreindre, de lui dire…

Mais quoi exactement ? Quelles lumineuses explications pourraient bien éclairer de vérité les noirs attraits qu’elle lui avait préférés, quelles justes paroles pour combler dix huit mois de silence, d'abandon ? Quels arguments, justifications adéquates pourraient bien, ne serait ce qu’apaiser, le mal qu’elle savait lui avoir fait ? Plus que tout autre chose, Pénombre craignait d’affronter le jugement, le châtiment de cette seule personne en qui elle avait, secrètement, une confiance absolue, aveugle et totale alors elle se tut, se retira subtilement de lui, tentant vainement de chassa la confusion naissante de son esprit, de son corps en regagnant une distance moins dangereuse.

Se souvenir… Raviver des émotions éteintes, des sentiments interdits, corrosifs, amers. Son considérablement lourd secret révélé, ses sanglants, honteux actes pourtant entièrement involontaires, impitoyablement sanctionnés, ne plus pouvoir vivre avec l’acide fardeau destructeur du bourreau, chaque jour davantage plus insoutenable de par l’identité même de cette victime que l’amitié avait rendue vraiment irremplaçable. L’ancienne Championne du Tournoi des Quatre Sorciers avait été obligé d’avouer la vérité sur la réelle origine des nombreuses blessures que sa nature animale avait infligée au jeune garçon car sans cela il n’aurait sans doute pas pu recevoir les soins appropriés à ses maux et en aurait gardé de plus importantes séquelles que celles qui le meurtrissaient déjà.

Elle n’avait pas envie de se souvenir, non. Une volonté de s’éloigner de ses racines, de ce qu’elle avait été embrasait ardemment tout son être.

Se déplaçant légèrement sur le côté gauche du jeune homme, la main de son ainée s’accrocha, délicate étreinte affectueuse, sur son poignet et repoussa distraitement sa baguette d’ébène, détournant la pointe menaçante de celle-ci hors de la trajectoire directe qui faisait de Pénombre une cible évidente.

« Je n’attendais plus ta venue... »

Mentit-elle.

La Rusée savait incontestablement que son interlocuteur serait loin d’être dupe à cette pourtant tellement convaincante affirmation qui engageait si habilement l’intégralité de son corps à la supercherie, l’expression de son visage à une véracité plus que feinte tandis que son attitude communiquait les exactes désarrois de la sincérité. Les deux élus de Salazar Serpentard s’étaient bien trop connus dans le passé pour que Narcisse ne se montre si naïf à cet égard et il n’avait, de toutes façons, jamais été de ceux que l’on manipule sans grands efforts, que l’on guide aisément où l’on le souhaite.

« ...Mais il m'est très plaisant de te revoir… »

S’embusqua-t-elle avec une envie évidente de retrouver cette si forte complicité que les deux jeunes gens avaient partagé durant presque deux trop courtes années...
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyJeu 31 Juil - 19:58:47

Alors qu’elle s’approchait de lui, irrésistible aimant, en ondulant telles les plus délicieuses vélanes le jeune homme qu’était devenu Narcisse ne put s’empêcher de dévorer de ces gris iris son ancien mentor. Son aînée n’avait pas tardé à séduire le garçon candide en amour qu’il était au soir de leur première rencontre, jouant de son élève avec complaisance. Pas une séance d’entraînement ne s’était déroulé sans qu’il eût ôté sa chemise, offrant sans réserve son torse de jeune éphèbe au regard avide de sa ténébreuse partenaire. S’il avait tardé à s’en rendre compte, il avait fini par comprendre en grandissant que cette exigence de Pénombre n’avait rien d’anodin, qu’elle prenait un plaisir éhonté à embrasser de ses yeux fauves le grain clair de sa peau, à apprécier sa naissante musculature et à se délecter du jeu fascinant de ses biceps en proie à l’effort. Elle s’était nourri de sa lente métamorphose, abreuvé de son adolescente puberté: elle avait dégusté Narcisse, corps et âme, et y avait définitivement pris goût…
Très vite une innocence feinte avait déguisé le moindre élan de l’apprenti duelliste, qu’il eût s’agi d’un regard, d’un sourire ou d’un geste; il s’adonnait à l’entraînement lascif de la belle avec une amoureuse docilité, jouant de son charme comme de ses sortilèges. A travers le prisme infantile de ses jeunes années il contemplait Pénombre avec admiration et respect, comme une créature magnifique et inaccessible, un être fondamentalement meilleur que lui, le parangon de l’amie qu’il avait toujours attendue.

Le regard que le beau Serpentard posait sur Pénombre ce soir n’avait plus rien de celui d’un petit enfant et si un écran diaphane de larmes n’avait voilé l’éclat de ses yeux, la sombre jeune fille aurait pu y voir s’animer un désir jusqu’alors latent. Caressant de la vue les longues jambes de son amie, judicieusement mises en valeur par le cuir brun et moulant de son pantalon, Narcisse découvrait avec un attrait relativement nouveau les courbes de femme qu’avait épousé son corps gracile, s’attardant malgré lui avec un trouble enivrant sur sa poitrine. Sa peau hâlée semblait parcourue par d’étranges motifs dont la danse sensuelle, presque licencieuse, fascina Narcisse, achevant de l’envoûter: il ferma les yeux. Durant quelques secondes il avait quitté le froid château de Poudlard pour la brûlante Vénus, sans esquisser le moindre sourire, conservant le masque de la froide colère qu’une trop longue absence avait inspiré.
Retrouvant contenance, le jeune anglais avait posé ses yeux sur le visage malicieux de Pénombre, s’efforçant de considérer la splendide créature qu’elle était devenue avec la dignité et la décence qu’elle méritait. Au fond de lui, il était persuadé que son ancienne camarade de duel prenait un malin plaisir à jouer de ses charmes, tout comme elle devait se complaire à accentuer son trouble, à détailler le moindre des effets qu’elle provoquait, effusive, en lui.

Presque au corps à corps les deux amis, que dix-huit mois d’éloignement avaient séparés, douloureusement longs, d’un silence glaciale, insupportable, incompréhensible aussi, étaient désormais réunis. Pénombre, malgré une formidable poussée de croissance, était toujours plus grande que lui et c’était à contrecoeur que le Vert et Argent avait levé les yeux pour croiser leurs regards, ou le fer tant l’acier de ses yeux semblait avoir durci. Pas un seul mot n’aurait pu mieux renseigner l’infidèle et traîtresse amie sur les sentiments qu’elle inspirait à ce moment précis à Narcisse que les gris iris de l’adolescent: immensément tristes sous l’infime voile diaphane de larmes refoulées, profondément mélancoliques, en proie à une rancunière tourmente, à une révolte haineuse, à une solitude désespérée mais en dépit de tout, inconditionnellement, indéfectiblement amoureux. Soutenant son regard de braise, la défiant, l’agressant avec toute l’impétuosité qui le caractérisait, il opposait aux prunelles rieuses de son amie, dérisoires atours, le miroir de son âme, espérant lui infliger de profondes blessures de cet indicible et muet aveu.
Alors les lèvres de la belle s’approchèrent de l’oreille du jeune sorcier, lui chuchotant dans un souffle délicieusement tiède quelques mots, une mèche folâtre de sa brune crinière effleurant alors son doux visage dans une électrisante caresse.


"Culotté, pour un fantôme," lâcha Narcisse d’un ton aussi tranchant, froid et acerbe que devait l’être le tranchant du poignard qui jouait dans les doigts d’ébène de son ancienne compagne d’arme. Sa voix était plus grave que lorsqu’elle l’avait abandonné, fort heureusement pour lui et son susceptible ego, elle avait échappé à sa mue.

Elle s’écarta. Il ne connaissait que trop bien son aînée pour savoir qu’une telle pique n’avait fait que glisser sur son corps d’obsidienne, bien loin d’effriter l’indestructible roc, l’invincible fauve qui sommeillait en elle.

Lorsque d’une douce caresse Pénombre désarma son ancien élève, faisant ployer son poignet d’un contact électrique, le jeune homme fut parcouru d’un frisson, la sourde douleur qui était née quelques minutes auparavant dans sa main le lançant à nouveau. Il faudrait du temps…
Sans pour autant ranger sa baguette il adopta une posture plus décontractée, se drapant de son éternel assurance, de son orgueilleuse confiance en lui pour conserver toute la distance que ses retrouvailles, qu’ils avaient pourtant tant espérées et ce jusqu’à en rêver, exigeaient.


"Tu m’ôtes les mots de la bouche, Craft…" répondit-il à la confidence à la fois hypocrite et sincère de son amie, sans se départir de sa froideur, mais combattant l’envie lancinante de se jeter au cou de la ténébreuse sorcière, de l’étreindre langoureusement, à l’instar de ces amants qu’un train va séparer d’un instant à l’autre sur le quais d’une gare.
Il l'avait appelée par son nom de famille, comme il en avait pris l'habitude lorsqu'il avait quelque chose à lui reprocher, ayant remarqué que toute allusion, proche ou lointaine, à sa famille l'agaçait.

Tout mot lui paraissait superfétatoire, imprécis, inapproprié.

Il laissa à nouveau son regard se perdre dans la danse aléatoire et lascive des tatouages de la Vert et Argent, essayant de percer les mystères de cette esthétique symbiose, d’en deviner l’insoupçonnable histoire. En vain…

Un silence pesant s'était installé dans l'antre désert des Serpentards, une quiétude néanmoins orageuse que l'explosion menaçait à chaque instant.
En apparence confiant, s'auréolant de l'illusion d'une maîtrise parfaite de soi le jeune anglais était en proie au désarroi des plus totals: pour une rare fois dans sa jeune vie, il ne savait pas comment agir, comment affronter la situation. Il releva alors avec lenteur la tête vers Pénombre, ses fines lèvres dessinèrent un timide sourire, celui-là même qui avait éclairé son visage d'enfant au premier soir de leur rencontre.
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyLun 4 Aoû - 1:59:29

Depuis l’aube des siècles de son existence, l’ancestrale lignée matriarche des Craft avait toujours eu une ramification très pauvre, une filiation très directe. Chaque couple de raison et d’intérêt ne mettant, en général, qu’un seul héritier au monde et de préférence une fille, les accidentels enfantements masculins étant perçus comme une épouvantable malédiction, néfaste et angoissant signe d’une menace sur la pérennité du Clan, une dramatique punition du ciel. Trop impétueux et assoiffés de batailles, trop irréfléchis et bagarreurs, les hommes n’avaient, à l’époque de la constitution du Clan, pas été jugés dignes de transmettre le sang des Craft, le précieux don transmis par sa pureté qui offrait la prestigieuse capacité d’une communion sacrée entre la partie humaine d’une âme et son antagoniste animal, totem gardien, vigoureuse essence palpitante en chaque être vivant. Mais plus déterminantes même que les navrantes conséquences de la testostérone dans leur organisme et sur leur immature caractère trop inapte à diriger une lignée vers sa prospérité, l’inestimable don d’animagus n’avait été observé que sur un spécimen masculin sur quatre tandis que chacun des membres féminins de la tribu en était immanquablement pourvu et savait naturellement l’exploiter. Une ferme politique d’enfant unique était alors née de ce scientifique constat, un ensemble de préceptes à valeur de lois, réellement emprunts d’un profond favoritisme féminin justifié par la présence certaine de la rare aptitude lorsque le chromosome X se trouvait être double. Une cruelle politique défendant littéralement à ses malheureux indésirables, par la force magique ou physique, de procréer et cela afin de protéger la descendante de l’altération possible des gènes responsables de cette étonnante prédisposition, d’assurer l’évidence légitime du lègue, véritable protection au fratricide de règne et donc de certifier le passage exclusif du pouvoir, authentique garant de la stabilité du lignage.

En conséquences, depuis la naissance à travers les Ages du Clan d’animagus, seules les héritières de cette lignée visionnaire de féministes transmettaient la pureté du Sang Craft à leur fille et, de droit, également leur nom de famille grâce à cette précieuse contribution à la vie et au pouvoir qu’elles seules pouvaient offrir, assurer et ce malgré de vieilles lois patriarches obligeant l’enfant à honorer celui de son Père, à porter son patronyme. Mais des années de malchance génétique n’offrant systématiquement que des mâles de descendance à la famille Craft, aggravée par le désir de plus en plus écrasant des femmes maniant le pouvoir décisionnaire de rompre avec l’exil d’originalité et de sexisme de ces pratiques, furent autant d’évènements déterminants pour l’avenir du Clan que la violente rébellion des hommes de la lignée, protestataires animés par une vorace avidité de s’accaparer le précieux pouvoir, d’être accepté à part entière dans la noble lignée. Au fil des batailles, ils obtinrent finalement, coup d’état aidant, bien plus de pouvoirs, de considération et de reconnaissance qu’ils n’en avaient jamais eu jusque là.

Sven Craft et de son frère jumeau naquirent ainsi sous ce nouveau jouc et pour la première fois depuis des décennies d’antiques coutumes et d’enfant sans aucun frère ni sœur, deux héritiers, deux successeurs directs virent le jour quasiment en même temps, prétendants simultanément frères et rivaux. Devant l’ampleur de cette dangereuse mutation, cette évolution imprévue, il fut décidé par le Conseil des Vénérables que seul l’ainé des fils hériterait du très convoité droit de règne, mais que son tout jeune frère ne serait pas pour autant privé de ses fonctions reproductrices comme ce fut bien souvent le cas dans de pareilles circonstances. Les deux fils furent donc autoriser à concevoir une descendance, étant cependant parfaitement entendu que la famille du second serait considérée comme asservie à celle de son ainé, Sven, pour l’injuste mais indiscutable raison qu’il naquit chanceusement quelques maigres minutes avant son cadet. Mais malheureusement pour son immense orgueil et sa fierté démesurée, dignes de la pureté de son sang, sa jeune et mystérieuse femme, Destinée se trouva rapidement dans l’incapacité insurmontable d’engendrer un héritier mâle et après deux traumatisantes fausses couches que ponctuèrent la naissance de Pénombre, elle se mura irrémédiablement dans le silence et l’abstinence.

La fillette aux longs cheveux d’encre et au regard d’un émeraude opalescent fut inévitablement élevée comme un fils, brutalement traitée comme tel d’aussi loin que remontaient ses implacables, ses monstrueux souvenirs, entravée trop tôt dans son douloureux rôle d’un fils unique chimérique, fantôme, d’héritier d’une grande lignée. Privée à outrances des douceurs innocentes de l’enfance, de la tendresse d’une mère dévorée de mutisme et des jeux futiles autant que des réconforts puérils qui auraient dû jalonner son éveil jusqu’à sa construction adulte, l’enfant sage devint, en quelques rudes années, la guerrière aguerrie et douée, expérimentée et endurante qu’aurait dû être le descendant des Craft. Puissante, intelligente et instinctive, la fillette s’était révélée incroyable duelliste, audacieuse adversaire, volontaire combattante. Pourtant à l’intérieur, il ne demeurait rien de plus en son sein que les ruines délabrées de ces innombrables champs de batailles, irréversiblement blessée, stérile en son cœur, enragée et révoltée contre l’univers tout entier, Pénombre avait grandit dans une infinie détresse émotionnelle… La petite sorcière avait souffert trop tôt, saigner précocement, découvrant le brutal calvaire de l’existence à travers la sueur et les larmes, le mordant tourment d’un enfer sans fin et la frustrante incompréhension de ce qui l’avait conduite à tant d’humiliations et de sacrifices mais le pire demeurait fervemment la torture d’une constante désinvolture paternelle, l’éternelle insatisfaction d’un cruel géniteur, bourreau bienveillant dans son impitoyable œuvre, sa folle création du parfait combattant. Le merveilleux monde des vivants s’était offert à elle totalement mutilé, comme les abimes d’une succession d’interminables épreuves qui la laissaient, martyrisée, vide de sens et de fatigue, au supplice d’un corps déchiré par l’effort et d’un esprit à l’agonie. Elle avait pleuré si souvent que ses yeux en étaient restés secs de rage, elle avait haït son père jusqu’à l’aliénation, se jurant intérieurement de lui faire amèrement regretter le mal qu’il lui infligeait, chaque jour davantage.

En murissant, Pénombre était pourtant parvenue à comprendre les réelles raisons qui avaient conduit son infect géniteur à l’élever rudement de la sorte, arrivant péniblement à discerner l’affection paternelle de la profonde rancœur qu’il avait envers la chair de sa chair, ce prix qu’il exigeait sans cesse d’elle pour n’avoir pas su être l’homme qu’il attendait et cela malgré tout les vains efforts de sa fille. Et plaie plus profondément ouverte que la décadence névrosée de sa femme, il en voulait hostilement à sa progéniture de la nature même de son genre qui rendait maladivement précaire la place et l’influence de Sven au sein de la majestueuse lignée devenue patriarche…

Mais Sven était mort. L’ancienne poursuiveuse était alors en quatrième année et cette bouleversante nouvelle, qu’elle avait conservée dans le secret, avait précipité son départ de Poudlard, comme un déclic à son déterminant projet.

Son éclatant regard se troubla un instant à ce morbide souvenir ravivé par l’évocation soudaine et âpre de son nom de famille jadis tant hait, réminiscence qui rompait vivement la continuité temporel dans son esprit et ranimait de sombres sensations abyssales et destructrices. Narcisse lui faisait mal, démesurément mal mais elle ne pouvait lui en vouloir. Elle l’avait mérité.

Les invisibles chaines qui faisaient d’elle la propriété inconditionnelle et soumise des siens devenaient désagréablement éclatantes de servitude et de contraintes à ces franches sonorités, comme le claquement d’un fouet sur sa peau pâle, les dernières consonnes de son patronyme résonnèrent abominablement dans sa tête. Ses profonds ressentiments à l’égard de tous liens familiaux, l’inévitable écœurement causé par la simple suggestion, par quelques allusions que ce soit, de ce bonheur familial à l’illusoire foyer bienheureux et aimant dans lequel il faisait bon de se réfugier, de vivre et le malaise qu’elle avait continuellement éprouvé lorsque lui parvenait la consonance maudite de son patronyme n’avaient étrangement rien perdu de leur animosité. Au fond, les espérait-elle réellement affadis par le décès de son Père, le temps passé à se consacrer à de plus importantes causes ? Non… Mais sans doute davantage par ses vitales retrouvailles avec cet attirant blondinet qui n’avait cessé d’occuper ses pensées, de tourmenter sa conscience condamnable... La féline demoiselle esquissa un faible sourire distrait plus dans un souci de dissimuler le violent supplice causé par le coup que par réelle sincérité. A bien y
réfléchir, la corrosive colère de son ami était tellement prévisible après son brusque départ précipité, presque improvisé et il devait, à l’évidence, terriblement lui en vouloir. Elle savait pertinemment que le jeune sorcier risquait fort de recourir à cet inesquivable stratagème qui, jadis, l’irritait au plus haut point et dont il se servait habilement pour lui reprocher sans équivoque, désapprouver explicitement quelques unes de ses paroles ou certains de ses actes La sulfureuse brune peinait à étouffer les manifestations physiques de son mal mais parvint tout de même à lui répondre sur un ton distinctement provocateur, de nouveau mi-invitation, mi-intimidation :

« Prends garde à ton imprudence, Narcisse, je pourrais t’enlever bien davantage que quelques mots de la bouche... »

L’ancienne Championne des Serpentards lui adressa un ardent regard sans se défaire de cette expression sérieuse et grave qui caractérisait l’ensemble de ses gestes depuis qu’il l’avait appelée par son nom de famille. Malgré toute la puissance de sa volonté surentrainée, la créature recrachée des Enfers échouait lamentablement à contenir la douleur que de si froides retrouvailles engendraient, la blessure, attisée par cette appellation, d’un deuil encore inachevé. La septième année ne parvenait plus à faire semblant de n’avoir rien ressenti lorsque ‘Craft’ avait sournoisement sifflé comme une intolérable insulte dans les airs, son livide bras s’arma en un éclair et se délia gracieusement avec toute l’énergie d’une rage arrogante car après tout n’avait elle pas légitimement mérité de subir son orageux courroux ? L’obscure lame mate percuta avec une fureur destructrice le bois de la table dans un sonore craquement malsain.

« Il y a tant dont je pourrais m’emparer … »

Et tant dont la Serpentarde souhaitait prendre possession. L’offensif geste, emporté par des émotions auxquelles elle s’était pourtant jurée de ne plus succomber, l’avait un peu calmée et la ténébreuse sorcière, pensive, retrouvait lentement contenance. Elle se devait de lui pardonner ce douloureux écart au vu et su des propres chefs d’accusations que Narcisse n’aurait aucun mal à lui incomber, des erreurs qui étaient les siennes et du fou désir qu’elle avait de retrouver la solide confiance de son ami, son inestimable complicité, leur passé commun lui manquait épouvantablement. Sans compter que la descendante des Craft était davantage fautive que son compagnon de veillée et qu’il ignorait probablement la mort du Père de Pénombre.

Au bout de quelques minutes d’un étouffant silence, celle-ci se détourna sans hâte de sa cible improvisée et s’assit gracieusement sur le confortable fauteuil capitonné qui faisait directement face au charmant sorcier sans pour autant le quitter de ses prunelles brûlantes, passant sensuellement l’une de ses longues jambes sur l’autre et laissant ses pâles mains longer doucement le velours des riches accoudoirs dans une invitation muette à la tentation, l’évocation inconsciente d’une langoureuse caresse qui lui était destinée. Car durant ces douces années que l’apprentie sorcière avait passées en sa tendre compagnie, la sombre adolescente n’avait pas fait que s’abreuver à outrances, s’enivrer du délicieux physique changeant de son ancien compagnon d’arme, savourant la puissante beauté masculine de son admirable corps d’apollon, la suavité de ses solides courbes gagnant jours après jours en fermeté, en ravissement. Pénombre avait également découvert, soigneusement dissimulé bien au delà des apparences, de la volupté angélique du visage de Narcisse, une fascinante personnalité, un fort caractère ambitieux et conquérant aussi inflexible que l’acier de ses somptueuses iris, et avait effleuré, non sans surprise, l’inconcevable envers fragile d’une façade d’aplomb, la tangible vulnérabilité dérobée d’un aspect volontaire, agréablement pétillant parfois pourtant emprunt d’une froideur déconcertante, une confiance infaillible en ses capacités personnelles qui laissait efficacement douter du contraire. Derrière cet éloquent masque d’assurance et malgré les vaillants efforts que le sorcier fournissait pour en convaincre son entourage et son ainée, celle-ci avait bien décelé en son cœur d’adolescent une touchante candeur et une innocence angélique aussi pure et immaculée que les premières neiges de l’hiver. Il lui plaisait, c’était indéniable. Mais la jeune fille s’interdisait encore d’explorer l’étendu de son fiévreux attrait pour lui, qui menaçait parfois de l’engloutir entièrement...



Dernière édition par Pénombre Craft le Lun 4 Aoû - 11:02:01, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyLun 4 Aoû - 2:02:59

Perdue dans ses songes révolus, le passé tentait une nouvelle fois de s’interposer dans le présent et l’ancienne Championne des Verts et Argents se souvint avec accablement de la nuit sans lune qui la vit succomber aux irrésistibles chimères du pouvoir, à l’insistant, l’entêtant appel des ténèbres. Silencieuse et discrète, la Vert et Argent s’était introduite en douce au cœur des quartiers masculins de sa maison, fin prête à quitter le célèbre Château de Poudlard, enveloppée dans son obscure cape de voyage autant que dans une désespérante tristesse. Entreprenant de rejoindre la tiède couche de la seule personne pour qui elle ressentait l’invincible nécessité de faire ses adieux, la brune aux yeux verts avait d’abord fait un détour par les escaliers de pierres grisâtres qui conduisaient à la salle sur demande, aux entrailles de laquelle les deux amis avaient pris l’habitude de se retrouver tardivement pour les entrainements de Duel Magique, d’y entreposer tout ce qui constituaient leurs secrets complices. Elle souhaitait, en effet, y récupérer le nécessaire que celle-ci emporterait dans sa propre quête, les rares affaires assemblées et entreposées en dessein de son départ et la pièce, vide et maussade, déplorablement morne sans la cohabitation de leurs effets personnels, n'avait fait qu'accentuer le lourdeur de son fardeau, de sa décourageante culpabilité, son profond abattement.

La nuit était particulièrement impénétrable ce soir là et l’heure très avancée offrait pourtant de curieux jeux d’ombres et de lumière engendrés par les veilleuses extérieures du Château qui diffusaient variablement leurs maigres halos dorés, déformés par le vent nocturne, sur les murs de la chambrée. Dans la quiétude omniprésente, l’ancienne poursuiveuse avait donc aisément trouvé son chemin parmi les nombreux lits de la pièce jusqu’au baldaquin reculé où le séduisant blondinet semblait dormir profondément, ses vêtements réglementaires soigneusement pliés au pied de son lit sentant son doux parfum. Là, étendu sous une fine épaisseur de chauds tissus finement brodés des écussons de Salazar Serpentard, sublime, son inestimable ami respirait sereinement, profondément, ne paraissant pas avoir perçu sa présence féminine pourtant noyée dans un antre de mâles existences. Pénombre, déchirée par le chagrin de la séparation à venir, avait néanmoins longtemps hésité à s’enfuir sans déviation, craignant que la vision de son compagnon, ignorant de ses intentions, ne perturbe, culpabilité aidant, ses désirs d’exil, son infamie naissante. Elle redoutait malaisément de se confronter à ce à quoi elle allait devoir renoncer durant son exil, ce qu’elle devrait sacrifier à ses sombres ambitions, ses obscures aspirations... Mais malgré tout, l’anglaise ne pouvait définitivement pas se résoudre à se dérober comme une voleuse, partir affronter les périlleuses épreuves qui l’attendaient sans un maigre moment de répit, un instant de rémission si court soit il, l’espoir d’un pardon futur... Alors, lentement, délicatement, la Rusée décida de prendre une dernière fois place à ses côtés, s’allongeant avec précaution pour ne pas troubler son profond sommeil, sur les douillettes couvertures émeraude du jeune Anasar, totalement muette de regrets à venir. La Vipère n’avait jamais été physiquement si près de lui aussi longtemps et elle avait une peine immense, sépulcrale à penser que ce fut en de pareilles amères circonstances. Elle avait patiemment veillé l’aube auprès de lui, glissant affectueusement ses pâles doigts dans la soyeuse chevelure dorée du bel éphèbe, caressant, égarée, la peau diaphane de son magnifique visage peint d’innocence, l’avait observé, charmée, durant de longues heures tandis que Morphée l’étreignait tendrement de ses bras…

Narcisse avait offert, sans le savoir, un sens profond à la vie de la jeune Serpentarde car pour la première fois de son existence, Pénombre avait quelqu’un de qui prendre soin, quelqu’un qui, en retour, se souciait d’elle, de son humeur et de ses doutes. Les perfides démons qui hantaient sans répit son âme, les blessures béantes de son esprit ne parvenaient à supporter, tolérer la sublime candeur troublante que dégageait son superbe sourire et l’incandescente brune ressentait un chagrin poignant à s’éloigner de lui. Le pilier inébranlable de pétillant et d’énergie, de jovialité et d’un orgueil rafraichissant qui lui manquait tant, le soutien sincère et dévoué qu’elle n’osait imaginer, rien que sa présence avait le dément pouvoir de repousser n’importe laquelle de ses douleurs, n’importe laquelle de ses glaciales angoisses, illuminer de sa confiance ses plus noirs cauchemars…

Et quand la brune aux yeux clairs ne put retarder davantage l’heure de son départ, elle avait suivi une dernière fois du bout des doigts les bien aimées courbes de son ravissant visage puis déposé un faible baiser sur son front et enfin, délivré de sa fluette main un talisman d’argent sur les draps tièdes de sa couche. Une fine chainette d’argent aux mailles de forçat, lien enserrant l’inestimable amulette que la ténébreuse avait confié, comme une immanquable promesse de retour à celui qui comptait pour elle, un ultime présent avant de partir spontanément s’offrir aux ténèbres, en quête de son Destin...

Son regard de jade s’extrayait progressivement de ses souvenirs quand il retrouva l’argent de son ancien compagnon de Duel et surprenant son léger sourire, le lui rendit avec toute la sincérité d’un bonheur exprimé. Là, il était vraiment craquant et elle n’avait plus envie de perturber le silence de vains mots :

« Approches, s’il te plait… »
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyMar 5 Aoû - 17:16:59

C'était une ennemie peu commode que Pénombre, et cette doucereuse était passée maîtresse dans l‘art de la menace. Comparée à un adversaire brusque et franc, mais sans fiel, elle était plus corrosive, caustique même, plus malicieuse, davantage capable de piquer jusqu'au sang et d'enfoncer l'aiguille avec lenteur… Et plaisir peut-être…

Le regard de la ténébreuse jeune fille s’était comme voilé l’espace d’un instant, témoignant d’une douloureuse remémoration, d’une insupportable émergence du souvenir. Les étranges motifs qui lézardaient la poitrine de le belle, étranglaient sa délicate gorge et serpentaient le long de ses bras d’ébène s’étaient soudain échauffés, s’entremêlant en un effervescent chaos de signes et de symboles. Le bois ancestral de la table contre laquelle s’appuyait distraitement Narcisse avait à nouveau gémi, ses fines nervures, éteintes depuis des décennies, laissant s’échapper en de sinistres craquements une complainte au souffle entrecoupé, tel un râle, une discrète et rauque agonie, alors que l’incisif métal de la lame pénétrait ses chairs inanimées. Peu à peu les tatouages avaient repris leur lascive étreinte, retrouvant le rythme lent de la danse sensuelle qu’ils avaient mené jusqu’alors, à fleur de peau de la descendante des Craft.
Lorsque dans un sinistre sifflement le poignard, aussi finement ciselé qu’aiguisé, avait fendu les airs à quelques dizaines de centimètres de lui, Narcisse n’avait pu réprimer l’élan naturel de son corps et avait tressailli, toute la tension qu’il retenait s’animant vivement. Il n’avait jamais cessé de craindre la Vert et Argent depuis ce fameux soir, depuis ce terrible réveil, depuis qu’il avait affronté le monstre enragé qui se terrait dans les plus vils et noirs méandres de l’esprit torturé de son amie. Il porterait les stigmates de ce meurtre miraculeusement avorté encore longtemps, et peut-être à jamais, car si quelques philtres et onguents avaient effacé les blessures qui avaient ravagé sa peau et labouré ses chairs, celles-ci n’étaient pas les plus profondes. Le temps seul ne suffirait pas à guérir les meurtrissures du cœur, de l’esprit et de l’âme…

Pénombre s’était assise dans un fauteuil, en face de lui, faisant valoir d’une savante posture sa magnifique paire de jambes. Le Serpentard commençait à réaliser que bien plus que ses ternes armes, la mystérieuse et désormais comme exotique beauté de Pénombre était son arme la plus redoutable. A nouveau il se surprit à laisser courir un regard libidineux, presque indécent, sur le corps plein de défi et d’impétuosité de la sombre tentatrice. Combattant ses pubères pulsions, l’adolescent leva les yeux vers son ancienne compagne d’arme, ressentant l’appel des émeraudes prunelles. Toute animosité semblait avoir quitté la sorcière, son regard s’était fait plus serein, les traits de son visage plus lisses et ses lèvres avaient dessiné un de leur plus rare sourire, spontané, sincère. Les deux amis, dans un silence éloquent, venaient de tacitement en conclure à un match nul, respectivement trop faibles, ou trop pressés, pour laisser un vain mais pernicieux combat les entredéchirer.
Narcisse glissa son arme d’ébène dans sa poche droite, se demandant immanquablement s’il faisait bien. Aucune hésitation, bien qu’il fût prêt à tout de la part de son ancien mentor, n’avait accompagné cette inavouable et abhorrée reddition.

De toute évidence il s’était montré judicieux, la malicieuse jeune fille l’invitant à approcher. Tirant nerveusement sur le bout de ses manches, il joignit ses mains dans son dos et avança d’un pas lent, mais résolu, vers l’ancienne Championne des Serpentard.
La glace n’était cependant pas encore tout à fait brisée entre eux et le rancunier apollon ne pouvait se résoudre à effacer si vite toute distance entre eux, comme il lui était impossible de faire abstraction de ces mois d’absence. S’il adoptait un air plus détendu et le dialogue une forme moins incisive la situation restait dans le fond inchangée pour Narcisse qui avait une soif maladive de réponses. Il contourna donc Pénombre, mais ne put s’empêcher de la frôler au passage, comme pour s’assurer de sa présence et s’en rassasier avant l’heure, pour aller s’asseoir dans le fauteuil le plus proche, après l’avoir tourné de façon à lui faire face.

Il adopta alors un air grave, une soudaine inquiétude se mêlant à la tristesse naturelle de ses gris iris alors qu’il demandait, presque sur le ton du reproche, l’impensable à sa camarade.


"Tu l’as rejoins, n’est-ce pas ?"

Son regard à nouveau perdu sur les mystérieux et inquiétants tatouages de la belle, le jeune anglais se mordait anxieusement la lèvre supérieure. Manifestement impatient il guettait la tardive réponse de son amie, ses yeux perçant soudainement, foudroyants, les émeraudes prunelles de l’accusée.

Il avait peur…
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyMer 6 Aoû - 2:10:33

Davantage l’intonation offensive, impérieuse de l’étrange interrogation formulée par le séduisant éphèbe que son réel contenu pour le moins vague et flou frappa de surprise l’ancienne poursuiveuse de Quidditch. A quoi pouvait-il bien faire évocation de la sorte, avec tant d’émotions empruntes dans la voix, trahies par l’expression suppliciée de son doux regard ? Quelle dévorante crainte était-il présentement en train de lui livrer par la confession plus silencieuse et subjective de ses magnifiques iris d’acier que celle, explicite, de ses paroles ? Ses prunelles de jais encore entrelacées avec celles de son jeune cadet, Pénombre s’était concentrée, sondant méticuleusement les méandres de sa propre mémoire en quête d’évènements susceptibles d’être la cause pertinente de cette singulière énigme. Pourtant, la ténébreuse incriminée ne pouvait immanquablement se demander si le manque évident de détails offerts par son interlocuteur et concernant cette soudaine requête ne dissimulait pas, en fait, une gène flagrante à révéler la réalité des faits. Mais pour quelles inavouables raisons procéder de la sorte ? Ou bien n’était ce juste que la colère envers ses impardonnables actes, la profonde amertume de son absence qui expliquaient la notable concision de ses implacables dires ?

Quoiqu’il en fût, la descendante des Craft ne trouva qu’une seule pensée appartenant au passé, adéquatement reliable à la problématique situation présente, hypothétiquement la plus appropriée à devenir la réponse à l’éthérée, l’approximative question de Narcisse aussi abrupte que nébuleuse.

Elle se souvenait avec une fine précision des particulières caractéristiques physiques de cet étrange mage noir dont elle avait, un des premiers jours de sa cinquième années à Poudlard, croisé le chemin par le plus grand des hasards alors que la Serpentarde arpentait prudemment l’infréquentable Allée des Embrumes à la recherche d’un ingrédient aussi rare que dangereux mais qui lui permettrait enfin d’achever la si convoitée potion d’oubli qu’elle destinait secrètement à son cruel géniteur. Celui-ci avait en effet commis la fatale erreur d’informer brièvement sa fille, qu’en tant que maillon essentiel de perduration de la lignée Craft, son futur mari allait lui être choisi par le conseil des Anciens au printemps prochain et qu’il lui serait, bien entendu, exigé de prononcer ses vœux d’engagements devant la famille de l’élu, sa majorité venue… Le plus insolite dans ce formel aveu paternel c’est que Sven avait, confronté aux très indociles interrogations de son unique progéniture, négligemment évoqué plusieurs potentiels héritiers de noble ou riche descendance et que le nom des Anasar avait été prononcé… A ces inattendues paroles, la sulfureuse demoiselle avait violement réalisé que certains détails importants concernant le passé de son précieux ami et des origines de sa lignée lui avaient malencontreusement échappé... Sa fervente curiosité s’en trouva ardemment piquer et elle s’était faite la tenace promesse intérieure d’obtenir du concerné les réponses à ses toutes nouvelles interrogations.

L’esprit tendrement troublé par l’extravagante projection mentale d’un proche avenir commun, d’une vie conjugale partagée avec le charmant Narcisse, qu’elle côtoyait depuis déjà plus d’un an, la brune aux yeux clairs n’avait guère prêté attention à la sombre silhouette massive qui se profilait nettement sur la trajectoire de l’animagus et elle esquiva tout juste la brutale confrontation physique avec le menaçant inconnu, qui semblait, lui aussi, déconnecté psychologiquement de la réalité. Une alarmante, effrayante ombre noire de colosse, enveloppée dans un vieux manteau brun totalement décrépi, baissa de sombres yeux noirs pensifs sur l’adolescente, de trois têtes plus petite que lui. Sa beige chemise moulante et son séculaire pantalon de cuirs obscurs portaient encore de fraîches et larges tâches de sueur et de sang alors que sa manche droite était hautement retroussée sur un dense pansement zébré de rouge entourant un bras épais aux muscles noueux. L’homme terrifiant qui allait, six mois plus tard, devenir son dangereux et crucial mentor, l’instruire soigneusement aux anciens pouvoirs oubliés autant qu’aux sciences interdites ouvrant à ses disciples d’autres univers de perceptions et d’évolutions magiques, l’avait détaillé d’une façon tellement sinistre et perçante, comme une monstrueuse dissection inquisitrice de sa conscience accomplie d’un seul regard, que la Vert et Argent en avait confié ses glacials ressentiments et l’infini malaise induit par cette rencontre à son compagnon d’arme, outrée à l’égard des abjectes sensations d’indiscrétions perçues. Se pouvait il que Narcisse voulusse aborder ce sujet là ? Il aurait, en tout cas, été parfaitement adapté dans la formulation de l'explication demandée puisque l'animagus était effectivement partie le rejoindre...

La jeune sorcière souleva un sourcil interrogateur et sa voix, grave, rompit le silence qui s’était installé entre eux et qui exprimait déjà ses doutes tangibles quand aux réelles étendues de la question du blondinet :

« Je ne suis guère certaine de saisir tes allusions Narcisse… Pourrais-tu préciser ta pensée ? »

C’était soudainement si étrange de se retrouver là, confortablement assis au coin d’un chaleureux feu de bois, en sa compagnie et dans un calme déloyalement apparent alors qu’encore l’instant d’avant, la tension était plus que palpable, électrique, orageuse et menaçante. Cela lui rappela inévitablement les innombrables moments que les deux élus de Salazar Serpentard avaient passés à discuter sans fin dans la salle commune des Vert et Argent, la manière accablante avec laquelle le bel adolescent s’était montré coriace et incroyablement doué aux échecs sorciers… Et maintenant qu’un semblant d'authentique conversation avait débuté, certes maladroitement, au creux de cet antre reptilien, Pénombre décida de manœuvrer prudemment pour n’en briser la fragilité, tentant d'éviter un faux pas, elle mettait temporairement de côté ses propres préoccupations quant aux activités de son ancien partenaire de Duel durant ces dix huit d’absence, acceptant finalement d’affronter ses questionnements sans se dérober...
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyVen 8 Aoû - 19:54:30

Il n’avait jamais cessé d’emplir les cœurs de crainte et de désespoir, de séparer les êtres qui étaient chers les uns aux autres, de semer la haine et la destruction.

Lui, dont les terribles pouvoirs avaient fait trembler les plus puissant mages et dont les serviteurs déchus avaient arraché dans la souffrance tant de vies, lui, qui était probablement lié à l’incarcération de ses parents, lui, dont le nom maudit avait coulé comme une chape de plomb sur les langues des sorciers depuis des années…

Il était de retour.


"Tu-Sais-Qui…" lâcha Narcisse d’un ton acerbe. Une crainte langoureuse perçait dans sa voix alors que les traits de son visage se tordaient dans une grimace d’agacement.

L’adolescent, anxieux, se saisit de sa baguette et convoqua d’une incantation basique l’objet qu’il désirait. Un cahier à la couverture rigide et sombre, de petit format, apparut en bas des escaliers qui menaient au dortoir des garçons, puis, irrésistiblement attiré par l’appel magique de son maître, vola dans la main tendue de celui-ci. Il n’avait jamais été donné à Pénombre de voir le recueil des secrets de Narcisse, même s’il avait pu quelques fois l’évoquer au cours d’une conversation. Dans ces pages étaient prétendument enfermées les pensées les plus intimes du Serpentard, or, lorsqu’il ouvrit le livret sans aucune réserve devant son amie elle put aisément remarquer que la première page était parfaitement vierge, de même, les coins n’étaient pas cornés, ni la couverture usée.
Il retira de celui-ci, après une brève sélection, trois articles de journaux de taille diverse, minutieusement découpés, qu’il présenta, muet, à sa camarade.


Citation :
L'ENVOL DES CORBEAUX

La vision d'un corbeau solitaire est de bon augure.
En revanche, on parle d'oiseaux de malheur lorsque l'obscur volatile n'est pas seul...


Alors que penser de l'étrange phénomène qui a marqué cette froide journée du 12 Août dernier ?
Ce noir crépuscule, bien avant l'heure, qui vit le ciel de Londres se peindre d'ombres décharnées et ténues, s'animer de cris stridents et du fracas de milliers d'ailes fouettant l'air à l'unisson, étouffer jusqu'à la lumière du soleil, ne serait-il pas le signe évident d'une nouvelle ère. Le chaos ? La mort ? Le néant ?

Plusieurs faits alarmant semblent confirmer les craintes de nos devins et expert en astrologie et divination.
Quelques heures après l'envol des corbeaux la compagne du grand maître Stonburn, éminent membre de l'élite intellectuelle de notre communauté, découvrait sous le regard amusé du crâne à la langue vipérine, que certains osent déjà nommer marque des ténèbres, le corps gisant de son malheureux mari.
Dans la nuit sans lune qui suivit, une zizanie sans précédent s'empara d'Azkaban. Le Ministère déclare de manière officielle l'évasion de treize détenus, un hasard déplorable en vue de la portée significative du chiffre maudit, évasion qui aurait pour cause la soudaine rébellion et disparition d'une partie du personnel instable du pénitencier, les redoutables détraqueurs.
Tout porte à croire que Vous-Savez-Qui atteint des sommets dans son règne de terreur et de destruction, les aurors se voient dépassés par l'obscure magie des noirs Mangemorts, les morts se comptant par dizaine au Ministère, par centaines dans le monde civil sorcier et par milliers chez les moldus...

Mais alors qui, ou quoi pourrait mettre fin à cette inexorable ascension ?
Tous les regards se portent sur Albus Dumbledore qui n'a de cesse de protéger sa chère école, niant presque la vie, ou plutôt la mort qui règne à l'extérieur de Poudlard ! Le vieil homme aurait-il déjà entendu sonner le glas de notre ère sorcière marquée par la paix ? Ou prépare-t-il les défenseurs de la liberté de demain ?

Un seul mot d'ordre, espérer...


Citation :
MYSTERIEUSE EVASION A AZKABAN

Oragie et Alaster ANASAR épouse la fille de l'air...

Une faille dans l'étroite surveillance des maussades pensionnaires de notre prison ? Une brèche dans les murs enchantés du légendaire pénitencier ? Une erreur de confiance face aux terribles détraqueurs ? Le mystère reste entier !

Il y a à peine quelques heures deux prisonniers, condamnés à vie, se sont volatilisés de leurs cellules pourtant dites inviolables. Comment, avec le concours de qui, de quoi... nul ne le sait, les hauts responsables du ministères restent dubitatifs et inquiets, le silence est pour le moment leur seule réponse.
Nous n'avons aujourd'hui que les faits à vous présenter, des explications viendront sûrement renseigner le monde sorcier dans quelques jours, le temps de faire naître la lumière sur ce ténébreux évènement.

Pour ceux qui n'auraient pas suivi l'affaire il y a maintenant dix ans de ça, voici un court résumé des circonstances dans lesquelles furent proclamées les condamnations de Mr et Mme Anasar :

Nous sommes le 11 Novembre 1973, dix heures sonnent à Big-Ben, un terrible maléfice va frapper un innocent. Le service de détection des sortilèges interdits décèlent dans le manoir Anasar l'usage du sortilège Endoloris. Quelques minutes plus tard un représentant de l'ordre, jeune auror en période d'essai, transplane dans le salon de l'illustre famille. Il découvre avec horreur un petit garçon de 5 ans, en larmes, les traits déchirés par la douleur. Son nez saignait abondamment, ses lèvres étaient éclatées et il semblait paralysé à même le sol. En face le couple Anasar et la mère d'Oragie, doyenne de la famille.
La surprise, l'horreur, la crainte...la mort.
Le lendemain Oragie et Alaster avaient été jugé puis condamnés pour maltraitance sur leur enfant et, surtout, pour le meurtre du jeune auror dont l'histoire n'aura pas connu le nom, Fred Thips.

Le procès fut très agité et mystérieux, en effet on découvrit que le sortilège d'Endoloris avait été jeté par Mr Anasar mais qu'aucun des membres de la famille n'avait eu recours à l'Avada Kedavra, cause du décès de Thips. Il y aurait eu donc une tierce personne qui aurait abattu le jeune auror... Et pourtant les plus savants et puissants enchantements n'ont su révéler aucun éléments de plus à ce jour...
Sous le choc il fut décidé de ne pas interroger le garçonnet afin de ne pas le troubler davantage, en revanche il n'est pas à l'abri, aujourd'hui adolescent, d'être soumis à une visite du Ministère. Un pas vers la vérité ?

Revenons désormais à l'évasion en elle même.
Il est certain que le couple Anasar a bénéficié d'une aide extérieure, et pourtant aucun sort n'a été lancé dans l'enceinte de la prison. La personne qui aurait aidé le couple serait donc d'une telle puissance qu'elle commanderait aux détraqueurs : une seule et unique personne en est de nos jours capable, le seigneur des ténèbres...
Bien entendu ce n'est là qu'une supposition mais elle demeure la plus plausible : aucun mort dans le personnel de la prison, les détraqueurs n'ont pas fuit, le bâtiment n'a été victime d’aucun sort de destruction, les barreaux des cellules eux-mêmes ne présentent aucune trace d'infraction.

Un lien entre l'assassin de Thips et le libérateur des Anasar a déjà été fait par les enquêteurs les plus courageux, autant rappeler, à l’instar du ministère, qu’une telle hypothèse reste des plus fantaisistes.

Citation :
BRULANT PROCES AU MINISTERE

Quand l'audace appelle les flammes.

Souvenez-vous, le mystère était resté entier...
Les époux Anasar s'étaient volatilisés d'Azkaban sans explication aucune, semant le trouble le plus obscur dans notre brillant Ministère de la magie.

Une enquête a été conduite par le département des aurors, aurors qui ont arraché le jeune Narcisse Anasar à son cossu manoir familial durant plusieurs jours pour l'avoir à disposition lors de leur investigation. Investigation ou séquestration, interrogatoire ou torture ?
A sa sortie du Ministère le jeune garçon regagne Poudlard, traumatisé. Agathe Anasar, grand mère du jeune sorcier, son tuteur légal, attaque en justice le Ministère clamant que son petit-fils y fut la malheureuse victime de mauvais traitements pour ne pas parler de sévices...

Hier, jeudi 24 Août, avait lieu le dit procès , j'y ai assisté pour vous et ai même eu le privilège de mener une interview exclusive de Narcisse Anasar.
De celle ci ne ressort rien de rassurant, le jeune homme fait preuve d'un silence éloquent, témoignant de sa grande souffrance. A travers ses yeux gris d'une tristesse infinie, miroir de son âme déchirée, se lisent colère et impuissance, les rares réponses recueillies laissent entendre que les aurors auraient eu recours au service d'un occlumancien pour l'interroger et qu'il n'avait pas le droit de sortir de sa cellule en soirée.

En ce qui concerne le procès, on ne retiendra qu'une inversion des rôles grotesque, la famille Anasar fut victime d'une odieuse machination. On ne fit pas le procès des accusés mais des victimes, remettant sur la table l'évasion d'Oragie et d'Alaster et tourmentant de questions les membres de leur famille.
Assaillie de toute part, victime des quolibets et insultes plus ou moins implicites du juge et de l'audience, Agathe craque et noie la justice dans un déluge de flamme. Un sortilège puissant et dévastateur, invoqué en dépit de la confiscation de sa baguette. Autant dire que la cour se rappellera du nom Anasar, à de trop nombreuses reprises bafoués ces dernières années, nom qui fera réfléchir à deux fois avant de s'y attaquer même si les brûlés ne se comptent que sur les doigts de la main, leurs blessures demeurant pour la plupart légères.

Une chose est néanmoins certaine , vous entendrez parler à nouveau de la noble famille Anasar. On prétend en effet qu'une étrange malédiction plane sur quiconque viendrait à se dresser à nouveau contre eux, plusieurs sorciers chargés de l'enquête étant atteints de cécité ou de surdité encore incurables à ce jour...


De toute évidence, les articles n’avaient pas été rédigés avec le même sérieux et ne devaient pas être issus des mêmes journaux. Ces derniers, s’ils répondaient à quelques questions que s’était probablement posé à de nombreuses reprises Pénombre, en suscitaient encore davantage.
Le mystère qui entourait le jeune anglais s’était fait un peu plus dense alors qu’il demeurait silencieux, fixant son amie du même regard vindicatif et accusateur, mais inquiet et aimant, que précédemment. Déterminer quels étaient ses sentiments, à la lumière des ces nouvelles informations, demeurait impossible. Cependant, il semblait étrangement dans l'attente...
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyDim 10 Aoû - 3:12:28

Ce n’était pas vraiment à tant de gravité que s’était attendue la brune aux yeux clairs lorsqu’elle avait souvent songé au déroulement espéré de leurs retrouvailles et celle-ci n’appréciait guère la façon dont son jeune cadet s’adressait à son ainée, l’irritation agacée, l’exaspération flagrante qui transparaissait distinctement dans sa voix masculine. Le limpide regard émeraude de la septième année se glaça de cet irrespect manifeste et l’expression de son pâle visage se durcit sensiblement à son écoute, davantage aux contenus offensants, vexants et déplacés de ses paroles, se scellant dans une distance véritablement impersonnelle. Comment pouvait-il, un seul instant, se figurer que Pénombre ait pu, ne serait ce qu’imaginer, rejoindre les rangs du certes plus grand mage noir de tout les temps mais qui ne pouvait définitivement s’entourer que d’âmes asservies ? Elle, éternelle et farouche rebelle, qui insupportait littéralement toute notion ou concept de dépendance, de contrainte et d’asservissement. Elle, follement éprise de liberté et d’élévation, qui avait été, trop jeune, gravement marquée par un cruel assujettissement paternel, soumise à une ferme volonté profondément dissociée de la sienne… Comment Narcisse, qui avait été si proche de la Serpentarde, était-il capable de présumer que son ancienne alliée ait pu endurer, même à court terme, de servir docilement un maître, de s’astreindre à une tyrannie volontairement ? Evidemment, Celui dont on tait le nom aurait sans doute représenté une incommensurable et inestimable source d’apprentissage, de part sa prodigieuse puissance et la démente audace qui le poussa sans cesse vers davantage d’expérimentation et de recherches magiques, mais si et seulement si Voldemort était enclin à partager, à enseigner ces incroyables trouvailles, ce qui n’était absolument pas le cas. Le préjugé même d’avoir abandonné son ancien compagnon d’arme pour rejoindre les rangs du Lord Noir était indéniablement inconcevable, invraisemblable, Pénombre n’aurait jamais plus de maître maintenant que son Père était passé de vie à trépas... Narcisse délirait avec fantaisie, divaguait complètement dans une frasque décalée et il n’y avait, aux yeux de la Serpentarde, que cette malheureuse explication pour élucider le drame d’une pareille négligence, une si cruelle erreur de jugement. Les gracieux entrelacements nuit noire qui rampaient langoureusement sous sa peau laiteuse prirent inexorablement la forme de tumultes agressifs, barbelés tribaux trahissant à merveille les ressentiments que ces insinuations blessantes avaient éveillées.

Sa voix, rendue cassante par cette extravagance déplaisante et absurde, cette dégradante méprise, s’était apprêtée à trancher froidement le silence morbidement dense, qui s’était édifié entre les deux Vert et Argent quand ses sombres prunelles de jais, aux aguets, surprirent un rapide mouvement de la main du sorcier en direction de cette poche où la Rusée savait pertinemment que se dissimulait le précieux objet magique qui l’avait menacé, l’instant d’avant. Dans un pur réflexe irréfléchi, l’animagus entrainé avait, à son tour, esquissé un geste furtif vers l’ébène enchanté de sa baguette dans un souci méfiant de pouvoir soutenir un déloyal affront. Mais brusquement Pénombre se ravisa dans son élan, impulsion avortée lorsqu’elle réalisa l’atteinte à la confiance que la dégaine de son arme aurait provoquée, sans compter que le sortilège d’attraction qui fut ensuite prononcé à voix haute par le jeune garçon n’avait absolument rien d’agressif…

Tandis que l’incantation du blondinet faisait son petit effet, la créature des ténèbres, un rien curieuse, se questionnait mentalement sur la nature du mystérieux objet qu’avait convié Narcisse et sur les éventuels liens qui pouvaient relier le tangible ustensile à la situation présente, espérant que celui-ci serait en mesure de raccorder plus étroitement la soudaine réalité des faits au sujet délicat que les deux reptiles venaient d’aborder… Car Pénombre n’avait pas vraiment l’impression d’avoir pertinemment identifié les origines, les intimes rouages qui avaient fatalement entrainé l’étrange transition faite par son camarade de maison, passant durement d’une atmosphère douce amère, pourtant supposée chaleureuse de retrouvailles, au mordant menaçant que suscitaient toujours les allusions au retour de Voldemort.

Les iris d’un vert opalescent de l’adolescente se posèrent enfin sur ce qui semblait être un petit carnet de notes, à première vue neuf étant donné son parfait état de conservation mais rapidement, l’animagus se surprit à penser qu’il s’agissait sans doute de ce fameux journal intime et secret dont l’éphèbe avait déjà fait, quelques rares fois, mention devant elle. Et c’est avec une singulière appréhension que la féline reçut des mains de Narcisse une intriguant partie de son ignoré contenu, sentiment d’autant plus appuyé que l’adonis en restait muet d’explication. Un instant, son regard d’émeraude croisa les douces nuances de gris orageux de celui-ci dans une interrogation sourde et implicite, mais de toute évidence les réponses qu’elle souhaitait obtenir de lui ne semblaient pas destinées à être prononcées à haute voix, incapables de trouver plus juste valeur que sur le fin papier tendu par son camarade où s’étiraient d’animés écrits magiques en diverses polices.

Pénombre identifia d’abord le plus ancien des trois articles, chronologiquement parlant, et en parcourut les premières lignes sans grande surprise. Même si extrêmement isolée du monde que la descendante des Craft l’avait été durant son illicite initiation, elle avait nettement perçue les distinctes rumeurs de recrudescence de ces néfastes actes qu’elle attribuait aisément, toujours plus téméraires et nombreux, aux Mangemorts. Le lointain tumulte grandissant, crucial présage de changements s’opérant inexorablement, insidieux avertissement accentué par l’incohérence maladroite des abondantes rassurances ministérielles, la riche propagande vantant sans modestie une parfaite politique de contrôle furent autant de signes révélateurs que le croissant désordre chaotique et malfaisant des infréquentables rues de Londres où elle vécut durant ses dernières années. Le Lord était de retour, c’était aussi terrifiant qu’irrécusable.

Pénombre avait, bien avant son départ, déjà eu l’occasion de parcourir de semblables comptes rendus d’indices avant-gardistes de cette résurrection crainte de tous mais alors que ses prunelles de jais progressaient davantage dans leur soigneuse lecture, l’expression de la belle sembla se ternir quelque peu. Une évasion d’Azkaban… Laissant négligemment tomber le feuillet entièrement exploré sur son accoudoir de velours, la demoiselle entama, anxieuse, la lecture du second parchemin. Rien que le titre captiva instantanément toute sa concentration et Pénombre dû lutter contre l’envie drastique de le survoler une première fois en diagonale afin d’en dégager la trame principale avant d’en étudier les moindres détails, elle ne voulait rien en perdre. Mais le début de l’histoire, la septième année le connaissait déjà sans pourtant n’en avoir jamais osé discuter avec le fils des Anasar, elle en avait, en effet, pris indignement connaissance par un pur hasard lorsqu’elle partit, l’année de ses quinze ans, en quête de ses propres origines dans le recueil des articles de la Gazette du Sorcier, disponible au cœur des archives de la bibliothèque de Poudlard. C’était de cette inavouable façon que la Vipère avait compris les douloureuses raisons qui avaient fait d’Agathe Anasar la tutrice légale du garçon, qu’elle avait percé à jour quelques uns des lourds secrets de son passé. De cette manière, la Serpentarde avait su s’abstenir d’évoquer la vie familiale de son camarade de maison, contenir ses questionnements relatifs à son enfance passée et à la curieuse façon qu’il avait de continuellement esquiver le moindre rapport avec ses géniteurs, elle s’évita ainsi de le mettre sottement mal à l’aise en ravivant de profondes cicatrices. Alors ses chers parents s’étaient évadés d’Azkaban, décidément, cette célèbre prison avait été un vrai gruyère durant son absence. Mais pourquoi ? Et puis quelle était donc l’identité de ce mystérieux allié qui leur avait soudainement offert la liberté ? Il était clair que l’apparente logique de la théorie proposée par l’auteur de l’article était plutôt séduisante d’un point de vue populaire car partiellement basée sur des éléments concrets et vérifiables mais malheureusement complétés par une extrapolation purement subjective. En effet, d’un point de vue plus rationnel, il n’y avait certainement que dans l’intérêt de très rares individualités que Voldemort se serait personnellement déplacé jusqu’à Azkaban, l’homme étant davantage connu pour déléguer ce genre de tâches ingrates, voyantes et dangereuses à ses nombreux partisans. Sans compter que l’endroit est très hautement surveillé de jour comme de nuit et que le Lord a tout avantage à rester discret si on considère que son plus important atout est sans conteste qu’une large majorité de sorciers refusent tout net de croire à son retour.

Infiniment moins médiatique et surtout cruellement moins vendeur, il aurait tout aussi bien pu s’agir d’un complice extérieur qui aurait mis pas moins de dix ans pour fignolé parfaitement son complexe plan d’évasion. Peut être même un groupe entier d’acolytes ayant généreusement soudoyé quelques hauts responsables du gouvernement afin d’effacer totalement les traces des sortilèges lancés dans l’enceinte des geôles, d’obtenir illégalement le double des clés des cellules, libérant sans endommager les grilles les deux détenus ; une fine équipe capable de créer un nombre suffisant de Patronus enclin à repousser assez longtemps les Détraqueurs pour mener à bien la délicate opération. Des hypothèses qui, de la même manière que celles du journaliste, validaient chacun des éléments communiqués de l’enquête, à savoir pas de traces visibles d’infraction, aucun mort et plus aucune preuves que des enchantements ont été utilisés à Azkaban. La septième année prit également en compte que certains fragments de cette sombre affaire étaient probablement tenus hors de portée des journalistes les plus fouineurs, des particularités éloquentes qui pourraient éventuellement désigner un autre coupable bien moins médiatique que le Lord Noir. Pénombre restait donc sceptique devant ce coupable subtilement désigné et se demandait si le réel responsable n’était pas tout autant à craindre que son prétendu maitre… Quelque chose de profondément terrifiant se ressentait rien qu’à s’imaginer de quels implacables avantages disposaient le camp adverse et quels infâmes dégâts ceux-ci seraient bientôt en mesure de leur infliger car même si les Mangemorts n’avaient rien à voir dans cette histoire ci, l’évasion des treize captifs relatée dans la première coupure que Pénombre avait lu était certainement de leur fait… L’odeur accablante d’une imminente guerre flottait maintenant dans l’air confinée de la salle commune.

Une foule d’autres questions se confondaient à présent dans l’esprit de l’ancienne poursuiveuse de Quidditch et la plus importante de toute était bien évidemment celle qui concernait les énigmatiques arguments pour lesquelles on avait libéré les époux Anasar. L’idée qu’ils étaient, tout deux, secrètement des Serviteurs des Ténèbres était pratiquement devenue une certitude pour l’adolescente et il y avait de toute évidence un lien vraisemblable entre la fulgurante montée en puissance des partisans de Voldemort et cette double délivrance inopinée. L’article ne précisait pas que les deux adultes aient été emmenés avec leur consentement volontaire, il pourrait tout aussi bien s’agir d’un enlèvement… Mais dans quels buts ? Deux alternatives s’offrirent alors dans l’esprit de Pénombre, soit Alaster et Oragie étaient des fidèles du Lord Noir et avaient été conviés à rejoindre les rangs de son armée en vue de son futur coup d’état, soit les deux sorciers détenaient précisément quelque chose que convoitait avidement le lugubre personnage et qui serait l’authentique raison pour laquelle ils auraient été amené à lui. La Serpentarde penchait clairement pour l’initiale option mais elle souhaitait se montrer prudente en comparant toutes les hypothèses possibles les unes aux autres. Si les parents de Narcisse étaient bel et bien des adeptes des ombres, auraient ils l’ambition de revenir chercher leur enfant ? De rétablir leur autorité sur lui et de l’attirer jusque dans l’obscurité où il recevra à son tour la marque des ténèbres après une présupposée macabre initiation? Ce funèbre synopsis était à envisager car le séduisant adolescent était leur fils unique et s’il bénéficiait effectivement des enviables talents de sa noble famille, il était très plausible que ses géniteurs ne tirent une folle fierté à le voir s’aligner auprès de Voldemort, combattre à leurs côtés, mettant sa baguette et sa vie dans les mains de ce lugubre mage. Peut être que la grand-mère du garçon avait d’ailleurs déjà été contactée par sa fille et son gendre afin de concrétiser leur plan de retrouvailles ? Après tout, rien n’avait jamais précisé l’opinion d’Agathe concernant les inhumaines méthodes d’éducation de son gendre.
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyDim 10 Aoû - 3:13:48

Sa voix brisa à peine le silence qui avait suivit sa reprise de contact avec le monde aberrant qu’elle avait abandonné durant un an et demi lorsque la féline murmura doucement :

« Il semble que tu ne sois plus en sécurité hors de Poudlard… »


Et comme un déclic, Pénombre venait subitement de comprendre les causes immatérielles de la surprenante présence de l’éphèbe en ces murs alors que la rentrée du mois de septembre n’était que dans une semaine. Sans doute n’avait il pas eu le choix car sa grand-mère, soucieuse de le mettre à l’abri, était parvenue à cette même déduction bien avant la septième année. L’hypothèse pouvait tenir la route. La descendante des Craft avait la désagréable sensation d’avoir le cerveau engourdi de lenteur et elle regrettait que tant de graves évènements ne se soient déroulés durant son absence, d’en prendre connaissance de cette incommode façon. Le simple fait que Narcisse habite Poudlard prématurément en lieu et place de son confortable manoir donnait de plus en plus de réalité à la thèse de son ainée, quelqu’un était probablement sur les traces de son ancien compagnon d’arme.

Repoussant légèrement ses pensées et les déductions conséquentes de ses réflexions, la demoiselle s’enquit finalement de ce que relatait le dernier document que ses fins doigts ivoirins conservaient encore sous leur emprise. Après ce qu’elle venait de découvrir, pouvait-il encore l’étonner ?

Il était bien étrange de constater avec quelle promptitude les réponses aux nombreuses interrogations avec laquelle la Rusée était arrivée, qu’elle avait ensuite mise de côté devant le flot des toutes récentes informations qu’elle avait dû analyser et qui en avaient suscité, à leur tour, de nouvelles, trouvaient présentement une esquisse d’éclaircissement au milieu de ses arcs encrés, de ces pointes animés constituant l’anonyme fine écriture droite. Durant leur séparation, Pénombre s’était souvent demandé ce que son ancien complice avait pu choisir de faire du temps hâtivement laissé vacant par son départ et que les deux amis partageaient habituellement à leur entière convenance. Elle s’était parfois imaginé toute sorte de passionnants hobbies et de prenantes activités extrascolaires avec une candeur inaccoutumée pour un esprit gravement torturé comme le sien. Compensant la rudesse et l’agressivité de sa propre existence par les tendres chimères colorées d’une vie exceptionnellement heureuse, naïve et innocente qu’elle inventait de toutes pièces pour ce jeune garçon au physique angélique, l’espoir insensé que dans son parfait bonheur, il parvienne aussi à oublier son abandon et qu’il puisse ainsi lui pardonner. Mais la féroce réalité était bien différente de ces aberrations, de ces mirages pathétiquement utopiques, Narcisse avait souffert bien plus que la majorité des adolescents de son âge et ces maigres notes ne parvenaient suffisamment pas à en exprimer toute l’horreur.

L’animagus acheva de relire la présente et un léger sourire se dessina sur son visage lorsque ses sombres prunelles rencontrèrent à nouveaux la multitude d’adjectifs qui détaillaient avec ferveur le sortilège enflammé que la grand-mère du blondinet avait jeté à une salle d’audience pleine, la brune aux yeux clairs se surprit à espérer que ce trait distinctif soit génétique et que son ancien adversaire de Duel ne trouve rapidement le mécanisme permettant de s’en servir en combat afin qu’elle puisse en apprécier toute la puissance. C’était hélas le seul point positif car la Vipère n’osait se représenter l’enfer de l’épreuve qu’avait pu être la pénétration mentale d’un légimens dans son propre esprit, sondant sans ménagement sa conscience et ses souvenirs, s’immisçant grossièrement dans des pensées qui n’étaient pas les siennes avec une violence caractérisée…

Son regard se posa une nouvelle fois sur la conclusion de la dépêche. Cette malédiction qui frappait immanquablement les opposants et ennemis de la famille Anasar était elle aussi des plus intrigantes car, aux dires de l’investigateur, elle s’abattrait également sur les enquêteurs de cette mystérieuse affaire, ce qui tendrait à prouver que quelqu’un ne souhaitait absolument pas que l’on ne découvre la vérité sur les évènements qui s'étaient déroulés ce soir là, où un jeune auror avait été assassiné. Se pourrait il que l’énigmatique complice de ce meurtre soit aussi derrière tout cela ? Où est ce juste un habile stratagème des parents de Narcisse afin qu’on laisse enfin leur enfant en paix et surtout qu’il reste éloigné de la présence de détectives sorciers qui les empêcheraient de l’approcher ? La tête de l’animagus menaçait d’imploser devant tant d’incertitudes et d’éléments manquants…

La jeune demoiselle se leva lentement de son fauteuil, pensive, fit quelques pas jusqu’à l’ancestrale cheminée de la salle commune et perdit son regard agressif de limpidité dans les chaudes flammes aux douces auras tièdes. Elle resta un long moment silencieuse, perdue dans ses pensées.

« Non, ce n’est pas lui que j’ai rejoint... »

Finit-elle par lui souffler, à demi-voix.

« Te souviens tu de la nuit où cet auror a été tué ? ...Tes parents sont-ils des Mangemorts ? »

Demanda-t-elle avec inquiétude, intrépidité sachant pertinemment que cela pouvait être légitimement interprété comme une insulte mais tant pis, de toute façon, au point où ils en étaient, cela ne pouvait pas être pire au niveau humain que l’atmosphère glaciale dans laquelle baignait leur rencontre. Et puis, il fallait qu'elle sache pour avancer dans ses conclusions :

« Vont-ils venir te chercher ? »
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyJeu 14 Aoû - 20:32:46

Alors que Pénombre lisait, avec toute la mesure nécessaire à une bonne compréhension du texte et de ses implications, les articles que lui avaient soumis son camarade, le regard de ce dernier s’était comme endormi dans les braises mordorées qui gisaient dans l’âtre.

S’il n’était plus en sécurité à l’extérieur de Poudlard…
Il était évident que la plume sympathisante quoiqu’un un peu trop versée dans le pathos qui avait rédigé son interview avait exagéré la puissance de la prétendue malédiction qui s’abattait sur les ennemis de sa famille. Il n'y avait là que de quoi décourager les plus couards des sorciers et l’enquête ne s’en arrêterait pas à ce tumultueux procès, c’était certain.
A l’heure qu’il était, le couple évadé d’Azkaban devait être traqué avec la même ténacité et autant de férocité que le vif d’or au cours d’un match opposant Serpentards et Gryffondors, si ce n’était davantage. Allaster et Oragie n’avaient pas tenté de le contacter, du moins pas encore, ou si c’était le cas il n’avait pas reçu le message qui lui était destiné. De même, sa grand-mère Agathe était probablement harcelée par les enquêteurs du Ministère et défendait à n'en pas douter corps et âme, au quotidien, son antique et secret manoir d’une fouille par de trop nombreux aspects indiscrète. Quant à lui, pour autant qu’il avait pu en juger jusqu‘alors, il n’avait rien à craindre entre les murs de Poudlard, forteresse qu‘il ne souhaitait pas quitter pour l'heure. Dehors, un inconnu des plus hasardeux le guettait et le jeune sorcier ne savait pas s’il devait craindre davantage les agents du Ministère ou ses propres parents, hautement suspectés d’être des fidèles de Celui dont on ne prononçait le nom et par conséquent, des assassins.

Une noire pensée en appelant une autre, l’esprit torturé de Narcisse était en proie à une déliquescence semblable à celle qui s’était emparé de sa vie au départ de ses parents, une dizaine d’année auparavant. Plus douloureuse et terrifiante que n’importe lequel des sentiments qu’il avait pu affronter auparavant, la sensation que son destin lui échappait, à mesure qu’il rassemblait les morceaux épars de son passé, tourmentait l’orgueilleux sorcier. Aujourd'hui il était agi par la peur, par le doute, par l'espoir et ne savait comment retrouver cette froide maîtrise qui tant de fois avait su le tirer du gouffre vers lequel il semblait prédestiné.
D’une braise soudainement incandescente jaillit une timide flammèche, laquelle, par la tiède lumière qu’elle dégageait, ramena le Serpentard à la raison. Pénombre avait apparemment terminé sa lecture et affichait une moue pensive, légèrement préoccupée alors qu’elle parcourait une nouvelle fois des yeux les lignes les plus importantes des articles.

Dans l’âtre dansaient désormais de nombreuses flammes, mais celles-ci ne pouvaient chasser les profondes et pernicieuses ténèbres qui avaient obscurci le jeune garçon. Sa camarade, dans un angoissant silence, s’était levé pour rejoindre la douce et rassurante clarté qui émanait du brûlant foyer, s’approchant symboliquement de la lumineuse vérité.
Elle avait éludé sa question avec adresse, se contentant de lui donner une réponse qui n’en était pas une pour plus vite enchaîner sur ce qui prenait fâcheusement les airs d’un interrogatoire. Les rôles s’étaient soudainement inversés, pour inlassablement se répéter… Pénombre, un membre du ministère, une journaliste curieuse: il semblait au triste Vert et Argent qu’il ne cesserait jamais de démêler l’épineux enchevêtrement de ronces que formait sa vie.


« Non, je ne me souviens pas bien de cette nuit, quelques images isolées, des visages, des cris. Je n’avais jamais eu à en parler auparavant… » commença-t-il, accordant intuitivement sa confiance à son amie, sans réfléchir aux possibles conséquences des confidences qu’il s’apprêtait à faire.

« Mes parents ne sont pas des mangemorts, » se défendit-il avec une profonde indignation, bien qu’il ne fût pas du tout convaincu de la véracité de sa réponse. Il ne connaissait de ses parents que ce que sa grand-mère avait bien voulu lui raconter, dans ses jeunes années, dans la mesure où il avait très rapidement décidé de ne pas accorder la moindre place dans son cœur ou sa mémoire à ses traîtres géniteurs.

« Et je ne crois pas qu’ils se donneront la peine de me chercher… » finit-il d’un ton amer, ses tristes iris exprimant toute la douleur du souvenir des conditions dans lesquelles il avait été abandonné, gisant sur le sol, le visage ensanglanté, et que Pénombre connaissait désormais.
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyVen 15 Aoû - 1:16:18


Les facultés mémorielles d’un enfant de 5 ans étaient normalement déjà capables de retenir des brides d’images, des parcelles de sons, des éclats d’actions ou les notes de cœur de certaines odeurs, parfums, surtout dans des contextes particulièrement marquants et très violents comme ceux qu’évoquaient à demi-mots les deux Serpents. Mais interpréter le sens complexe de ces perceptions sensitives était parfois délicat, ardu et il était souvent difficile de faire précisément resurgir ce qui avait été aussi profondément qu’inconsciemment enfoui, cela Pénombre le savait pertinemment. Et après ce qu’elle venait de lire concernant l’immorale brutalité et l’inhumanité avec laquelle son camarade de maison avait été interrogé par les cerbères du Ministère de la Magie, la Ténébreuse trouvait plutôt inadéquat de le solliciter de nouveau sur cette pernicieuse affaire, de le questionner davantage sur le macabre drame qui avait irrémédiablement mutilé son enfance, malgré la très fervente curiosité qui lui brûlait ardemment les lèvres. Cette situation l’agaçait.

Elle avait envie de connaitre jusqu’ ‘aux moindres de ces détails qui lui échappaient encore cruellement, autant de pièces manquantes du puzzle de ce passé que la brune aux yeux clairs tentait de recomposer…

Sans compter que l’intégralité de ces infimes indices orienteraient sûrement mieux et plus précisément ses propres réflexions et raisonnements qu’ils ne l’étaient déjà et qu’en recomposant avec soin les faits du point de vue narrateur de Narcisse, l’adolescente pourrait aussi progresser plus efficacement aux côtés de son ancien ami, unissant activement leurs capacités intellectuelles et déductives afin d’élucider, ensemble, un maximum de mystères concernant les sombres évènements relatés.

Pénombre avait envie de savoir, d’apprendre de sa bouche le déroulement exact du procès et sa réelle issue, ses éventuelles prolongations et les futurs complications à venir, d’écouter attentivement l’incomplet mais authentique récit d’un des très rares témoins oculaires de ce meurtre, un besoin aussi insoluble qu’inavouable de partager le fardeau et la peine de son ancien compagnon de veillée. L’écorchante solution s’offrit d’elle-même dans l’esprit tourmenté de la Rusée et après une longue hésitation sourde, elle murmura d’une voix rauque et éteinte, comme si cet étrange timbre anamorphosé de résignation et de tristesse, semblable à un son d’outre tombe, provenait d’une tierce personne, d’une conscience antagoniste, abyssalement amère et absolument dévouée à la haine :

« Mon Père est mort… Et parfois j’aurais souhaité qu’il soit légalement tenu loin de moi… »

Elle marqua un temps avant que la situation ne menace d’échapper à son contrôle :

« Toi au moins, tu as connu un semblant d’amour. »

Pénombre avait volontairement tenter de partager sa propre lancinante douleur avec lui, comme une inestimable et coûteuse marque de confiance, comme une décevante justification à cette rancœur inarticulée qu’elle ne cessait de lire sur son visage, une sorte d’échange de bons procédés, destinés à désenclaver le dialogue. Mais le deuil à peine consommé de son Père avait brutalement perverti l’effet désiré et lorsque ses éthérés iris émeraude se posèrent, rageuses, sur le bel éphèbe, elles démentaient radicalement les sentiments pourtant spontanément trahis par l’intonation de ses mots, présentement plus enclins à exprimer sauvagement une arrogante colère sous jacente, pleine de venins, un effervescent tumulte sans fin, qu’une faiblesse.


" Les miens non plus ne sont pas des serviteurs de la Mort..."

Se moqua-t-elle, taquine, touchée par l’émouvante naïveté avec laquelle il défendait quasi aveuglément ses parents. Par habitude, Pénombre avait employé le présent comme si la Grande Faucheuse n’avait pas encore emporté son géniteur...


En vérité, la jeune héritière du Clan Craft n’était guère sûre que la grand-mère de son interlocuteur n’ait été une tutrice exemple d’amour et de tendresse, pleine d’affection et de bienveillance, une de ces adorables mamies gâteau très sucrée, habile cordon bleu spécialiste dans la concoctée de délicieuses tartes au chocolat à base de chocogrenouilles, mais il était grandement vraisemblable que la doyenne des Anasar ait été une figure considérablement plus aimante et respectueuse que les deux géniteurs de Pénombre. Et quelque part au fond d’elle-même, la septième année en voulait indirectement au bel adonis de cette convoitée seconde chance qui lui avait été, à elle, injustement refusée, la possibilité d’une douce reconstruction au sein d’une puissante protection familiale, d’un paradis artificiel offert en compensation d’un grave traumatisme à l’origine, abondamment emplis des petites choses futiles, innocentes et candides de l’enfance.

Il était d’ailleurs d’une clarté somptueusement malveillante que Sven Craft n’aurait jamais été prendre la défense de son unique fille en s’attirant indissociablement les foudres des hauts fonctionnaires du Ministère de la Magie s’il s’était avéré que Pénombre ait été à la place de Narcisse, qu'elle ait subi d’identiques sévices. Le patriarche ne se serait certainement déplacé que pour conserver intact l’honneur, la fierté ou la gloire de son Clan, de son nom, les quelconques maltraitances ou hypothétiques blessures infligées à un enfant de la lignée n’avaient et ne seraient jamais un éventuel sujet de discordes entre le gouvernement magique et le Clan guerriers des Craft car ceux-ci n’étant pas encore des adultes, il avait jadis été décidé par les Anciens que toutes formes d’apprentissage à la douleur ne pouvait que leur être des plus bénéfiques.

Si différente de l’histoire de Narcisse mais pourtant tellement proche, l’indomptable demoiselle discernait à présent comme une tangible dualité se manifester en elle, une fissure se confesser entre eux, une rupture d’autant plus tranchante que l’espace temps y trouvait son incisive responsabilité, à la fois semblable et opposée au délicieux garçon qui lui faisait face et dans lequel elle plongeait, avec une dévorante intensité, son regard, Pénombre n’avait cesser d’être. S’en apercevant seulement à cet instant, la créature recrachée des Enfers concéda, désinvolte, la délicate explication à son attitude étrangement lunatique depuis ses retrouvailles avec Narcisse, l’interprétation de ce faste flot entremêlé de sentiments indistincts de folle joie et de palpable rancœur, de blessantes déceptions et d’espérances, de tant d’autres choses qui avaient fidèlement jalonnés chaque seconde récemment passées auprès de cet adolescent fier et sûre de lui qui lui rappelait ce jeune garçon qu’elle avait passionnément aimé côtoyer dans le passé… Il avait changé, indéniablement et une belle et précieuse harmonie révolue, une solide et profonde entente complice avait été rompue, le cruel châtiment à des actes que l’animagus ne parvenait à regretter. Pénombre n’avait impitoyablement plus sa place auprès du jeune sorcier et elle échouait aussi bien à donner une cohérence stable à ses actes qu'à s’approcher du fils des Anasar, à assouvir son insatiable faim de lui...

Quelque chose avait été brisé et cela l’énervait.

La sombre Serpentarde s’était finalement lassée de ce petit jeu et elle en avait assez de ne faire qu’effleurer la consistance de ce passé marqué de son absence, il fallait entrer dans le vif du sujet et aucun des deux Vert et Argent ne parvenait à mettre de mots réellement communicatifs sur la douleur de leurs expériences, n’arrivait à en partager l’essence avec l’autre.

Il fallait agir.

Un sourire carnassier se dessina lentement sur son visage de jeune femme, une expression de révolte froide et de mutinerie rendue menaçante par les halos orangés, rougeâtres dansants sur la peau laiteuse de la sorcière, lorsqu’elle s’empara rapidement de l’ébène obscur de sa baguette et qu’elle la pointa sans sédition sur son ancien ami, prononçant distinctement l’incantation :

« Rimemoram ! »

Il ne lui pardonnerait certainement pas ce vilain sortilège qui permettait de mettre immédiatement en commun et sans aucune transition consentante quelques uns de leurs respectifs souvenirs, de créer magiquement un étroit et intime espace astral dans lequel deux êtres vivants pouvaient être amenés à confondre partiellement, fusionnellement leurs deux mémoires en une seule. Sensiblement comparable à la plongée dans une pensine étrangère, à la notable différence que puisqu’il ne s’agissait pas de pures pensées, la continuité du souvenir revécue risquait d’être très endommagée, les images déformées ou dépourvues de sensations, de sons ou de lumières car la plupart du temps, ces rappels de réalités physiques, d’actes déjà accomplis étaient retraversés par ‘l’invité’ non pas tels qu’ils avaient été expérimentés et vécus mais tel que l’hôte s’en souvenait…


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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyLun 18 Aoû - 20:36:41

Les attaques répétées de Pénombre n’avaient en rien ébranlé l’orgueilleux jeune homme, du moins en apparence. Loin d’être dupe il avait conservé un sang froid admirable, retrouvant cette froide maîtrise de son visage, cette capacité à composer ses traits en divers masques et ce sourire faussement amusé, où perçait cependant une once de mépris ce soir, qui le caractérisaient certainement dans les souvenirs de son amie.

Pour la première fois sa camarade lui parlait de son père, sans même qu’il n’eût à le demander, alors qu’il avait essuyé de nombreux refus, souvent houleux, par le passé. Elle n’avait cependant pas fait appel à la référence paternelle sans le dessein particulier d’éveiller en lui une certain colère, de le pousser à la confrontation, à se révéler davantage sous l’empire dictatorial et insensé des émotions. Comme elle le ferait à deux reprises par la suite elle avait appuyé, en tout conscience, sur une des plus vieilles et douloureuses blessures de Narcisse, celle-là même dont le reflet insupportablement amer, affreusement âcre, se reflétait dans ses gris iris qui étaient alors devenus plus tristes et froids encore. Cette terrible plaie, aussi béante que le gouffre qui se cachait derrière l’apparence souhaitée irréprochable du sorcier, n’avait jamais cessé de le torturer et la remuer avait toujours été le moyen le plus efficace qu’avait trouvé son mentor pour le pousser à se dépasser, à canaliser sa force, à puiser dans sa part la plus sombre pour donner le meilleur de lui-même ; mais il était également le plus pervers et c’était pour cette raison que la cruelle jeune fille n’était jamais allée aussi loin jusqu’alors…
Alors qu’elle lui jetait à la face, d’un ton doucereux des plus éhontés, qu’il avait au moins connu l’amour dans son enfance elle jouait avec le feu, à s’en brûler les doigts, ou pire. Le serpentard, sachant pertinemment qu’elle cherchait à obtenir de lui des réponses, qu’elle voulait peut-être même lui venir en aide, à sa manière, ne pouvait néanmoins comprendre la méthode qu’elle avait choisie. Imperceptiblement, inconsciemment peut-être, ses doigts s’étaient resserrés sur le chaleureux ébène de sa baguette, qu’il n’avait pas quittée depuis qu’il avait usé du sortilège d’attraction quelques minutes auparavant. Loin de vouloir gâcher leurs si belles retrouvailles, mille fois souhaitées, mais ayant mesuré avec amertume toute l’ironie de la situation, le duelliste désormais confirmé était à deux doigts de faire goûter l’étendue de ses progrès à sa compagne d’armes. Les nobles traits de son visage s’étaient durcis, quelque peu, son sourire comme amusé, s’il avait d’abord exprimé une certaine indifférence, tirait désormais davantage sur le mépris et son regard se voulait aussi tranchant et glacé que l’acier ; mais l’expression qui s’était peinte sur son visage ne rendait qu’à peine toute la rage qui bouillait derrière ses tempes et jusque dans ses tripes.
Lorsque sur le ton du défi, tel un coup de grâce, elle contredit ses dires, affirmant implicitement que ses parents étaient des mangemorts, le sang du Vert et Argent ne fit qu’un tour. Il avait beau ne pas en connaître beaucoup sur Oragie et Allaster, ce couple qui lui avait donné la vie et dont il portait le nom ne pouvait être l’union de deux assassins, il ne pouvait, lui, être le fils de meurtriers. C’était insulter sa famille, l’attaquer personnellement que d’accuser ainsi ses parents et sans la moindre preuves de surcroît, ni même la plus infime once de connaissances les concernant.
Il n’était pas habituel chez Pénombre de tirer de si hâtives conclusions et Narcisse comptait bien signaler à celle-ci que le poids de quelques années supplémentaires ne l’interdisait pas de peser ses mots, comme elle le faisait de coutume.

Vif comme l’éclair il tendit son bras gauche en avant, menaçant de sa baguette sa culottée amie. Il n’eut pas le temps de formuler un sortilège néanmoins, son mentor ayant comme naturellement anticipé son attaque et achevé son incantation quelques secondes avant lui. Il n’avait pourtant pas hésité, preuve que le maître connaissait encore très bien son ancien élève… A moins que sa colère ne l’eût détourné des vraies manœuvres de la belle, qui à défaut d’être orales, dans une habile diversion s’étaient avérées être magiques et vicieusement offensives.

L’image de son adversaire, se découpant délicieusement dans le brasier derrière elle, se fondait peu à peu dans une ronde enivrante de tons jaunes, orangés et grenats. Le regard de l’apprenti sorcier se voila alors qu’il sentait son corps s’écrouler avec la mollesse d’une poupée de chiffon dans le fauteuil sur lequel il se tenait jusqu’alors avec raideur. Sa conscience s’était effondrée à son tour, sans un cri, sans un heurt, sans la moindre once de résistance. La féline jeune fille, jugeant de l’effet assommant, mais surtout immédiat de son sortilège put conclure que la résistance psychique de son cadet avait lourdement été réduite lors de ces derniers jours. Il était tout à elle, incommensurablement vulnérable, sa beauté figée dans une expression de surprise rageuse.

La vision d’abord flou, sans couleur aucune mais dans des nuances de blanc, de gris et de noir, de deux personnes s’imposa à l’esprit intrusif de Pénombre: un homme à l'air froidement hautain, d'une prestance qui n'avait d'égal que sa ténébreuse beauté et une femme aux cheveux d'argents dont le charisme évident était simplement électrisant.
Allaster Anasar, le portrait craché de son fils, était vêtu d'une robe de sorcier luxueuse mais sans fioritures et tenait par la taille sa femme Oragie, qui elle, en revanche, portait la parure d'une véritable reine, une robe pourpre au décolleté plutôt aguicheur, fendue au niveau des jambes, mettant en valeur sa parfaite silhouette. Tous deux souriaient froidement et dévisageaient l’héritière des Craft, qui avait alors adopté le point de vue de son ami, d'un sourire sans amour.
Une voix retentit alors, insupportablement traînante, lancinante même, dans l’univers sombre et sans décor du souvenir de l’enfant.


« Je ne te demande pas si tu as envie, Anasar. Tu le fais. Lui n’aurait pas répété, estime-toi… chanceux ! Je m‘occuperai personnellement d‘Oragie en ton absence, ne t‘en fais pas. Une si jolie plante a besoin qu‘un homme… l‘arrose pour ne pas dépérir, je serai bon jardinier…»

Un rire moqueur avait suivi ces paroles atrocement violentes aux oreilles du jeune Narcisse, dont la vue s’était soudainement braquée sur la chemise blanche, immaculée, qui recouvrait le torse plutôt maigre d’un homme. L’enfant, qui n’avait probablement pas entièrement compris tout l’implicite de ce qui venait d’être dit, avait fait quelques pas puis avait lancé un violent coup de pied sur l’individu en question, ne mesurant pas un instant les terribles conséquences qui découleraient de son impulsive attaque.

« C’est pas toi qui commande ! »

Tout devint alors très confus. Oragie s’était précipitée sur son fils, dérobant la suite des événements à sa vue. L’inconnu avait crié. Allaster avait hurlé. Des bruits de pas précipités avaient retenti. Agathe avait fait une brève apparition. Du verre avait été brisé. Une sorte de compromis avait été trouvé. Oragie fut vivement écartée, poussant une plainte stridente. Des larmes perlaient dans ses yeux alors qu’elle détournait ses grands yeux bleus du garçonnet. Allaster se dressa de toute sa hauteur devant Narcisse. Son visage, pareil à un pâle masque de cire, insipide, n’exprimait pas le moindre sentiment. Il pointa sa baguette, d’un bois très pâle, sur Pénombre.

« Endoloris. »

Elle s’effondra, en proie à une douleur d’une violence insoupçonnable. Le rire sec et sadique du vengé envahit l'espace, véritable torture. Ses yeux étaient douloureux, sa vision laborieuse. A en juger les tressautements de sa vue, elle tremblait, ou convulsait peut-être. Le noir.

Quelques secondes plus tard, des minutes peut-être, le bruit caractéristique d’un sorcier qui transplane résonna.


« Avada Kedavra » rugit le sinistre mage à le voix sépulcrale. Une lumière verte si forte qu’elle transperça les paupières de l’enfant et la grisaille du souvenir éclaira le meurtre.
Ce douloureux souvenir s’achevait.
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyMar 2 Sep - 21:50:24

Une tristesse indicible et obstinée transcendait intensément le magnifique regard d’acier de Narcisse en deux immenses abysses impitoyablement ouvertes sur son âme tandis que s’abimait autour d’eux le décor ambiant, que le passé engloutissait lentement le présent à travers le flot de souvenirs de son ami dans lequel l’esprit de Pénombre venait de s’immerger. Quelle étrange et exaltante sensation naissait progressivement en elle, alors que la Rusée prenait spirituellement place dans les méandres astraux de cet être qui comptait tant à ses yeux, surprendre l’enivrement de son corps lentement devenir celui qui n’était pas le sien et sentir distinctement son mental fusionner partiellement avec cet esprit qu’elle admirait secrètement. Pénombre ferma les yeux un instant, abandonnée aux passionnantes sensations de l’expérience tandis qu’elle se surprenait se questionnant simultanément sur l’audace qui avait commandé son geste et sur l’insolite fait qu’elle ait pu attendre si longtemps avant de s’immiscer dans l’univers psychique de son ami…

C’est ainsi que survint le choc brutal entre la doucereuse transition initiée par le sortilège de la Serpentarde et la réalité aussi glaciale qu’hostile qui s’ouvrit soudainement à sa vision.

Deux humains prirent consistance au sein de cet endroit qui n’existait pas dans la mémoire de la jeune fille, un couple dont le haut rang était d’une évidence frappante. Tout était si froid et indistinct au cœur de ce qui composait l’environnement offert et pourtant le sculptural visage de ses deux parents, leur fière expression respective, leurs gestes avait été parfaitement conservés dans ce souvenir intemporel. Pour l’insolente adolescente, il y avait dans cette singularité le reflet troublant des profonds sentiments de Narcisse pour ses géniteurs.

Il les aimait encore, aussi fort que douloureusement.

Pour la première et sans doute la dernière fois de son existence, Pénombre se trouvait dans le manoir des Anasar, chez lui, chez Narcisse...

Des paroles résonnèrent précipitamment dans la méconnaissable pièce sombre et la jeune fille mit un temps à comprendre de quoi il s’agissait, reliant péniblement le sens des mots qu’elle percevait à son esprit du présent, tenu éloigné des actes représentés, par les sensations omniprésentes du petit Narcisse.

Le ‘Lui’ évoquait probablement le Seigneur Noir dans la lucidité de la Rusée et le fameux avis du père de son ami était peut être en relation avec une mission souterraine, relative à l’essor qu’allait prendre le Lord Noir des années plus tard. Peut être refusait il seulement une offre d’appartenance aux partisans de Voldemort introduite par l’inconnu à la chemise blême ? Pénombre éprouva un certain malaise devant ces indices volés qui la mettaient incontestablement sur la piste du Mal. Ses parents avaient probablement un rapport avec Celui-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom, qu’ils aient lutté contre lui en refusant toute forme d’alliance ou bien qu’ils aient refusé une mission qu’Il aurait confié au père du Serpentard, cette scène coupée de tout contexte ne permettait pas à l’intruse d’avoir la moindre certitude sur ce point là. Pénombre peinait à réfléchir si loin de sa réalité, projetée dans celle du quatrième année.

La beauté de ses ascendants la captivait avec une étrange facilité tandis qu’elle mesurait les cruelles séquelles que ce tourment allait laisser dans la vie de son compagnon. Tout fut si rapide, si éreintant et elle se sentit si impuissante à revivre ce cauchemar qui devait hanter Narcisse comme un poison se distillerait perpétuellement dans ses veines.

Un frisson de regret se propagea dans sa gorge.

Et sans réellement comprendre comment, elle se sentit foudroyée au sol par le violent Endoloris revécu par procuration. Littéralement muette de douleur, Pénombre s’attendait, accablée par la ferveur de l’atroce souvenir, à retrouver le présent, l’espérait de toutes ses forces tandis qu’au fond d’elle, la septième année avait lucidement conscience que son esprit allait à son tour inviter celui de son bel éphèbe à partager le dernier souvenir corrosif qui habitait encore douloureusement sa conscience. Elle sourit avec un triomphe froid lorsqu’une nouvelle fois le décor alentour s’anamorphosa en une scène péniblement familière.

« Tu peux faire terriblement mieux Pénombre… »

La voix cinglante brisa les ténèbres avec un odieux mépris tranchant, condescendant, un dédain injurieux et impitoyable, claquant sournoisement sur le prénom de l’héritière des Craft comme un fouet dans l’air déjà électriquement chargé. Le sombre auteur des ces maigres paroles, en retrait et dévoré par des ombres omniprésentes, restait entièrement dérobé au regard de la jeune sorcière, hors de portée de la rage frustrée qui battait ardemment dans ses veines rendues saillantes par l’effort et la tension. Visibles au-delà du noir tissu peu étendu qui constituait l’unique bandeau de son haut, les tatouages de la belle anglaise s’agençaient lentement sous l’effet encore incontrôlé de sa concentration, s’arquant, se tordant péniblement dans la tentative d’esquisse d’un sceau sacré dont la magie sous jacente crépitait par saccades à même la laiteuse peau de la brune aux yeux clairs. Les sourcils froncés par la pression qu’exerçait toute cette énergie sur ses membres endoloris mais qu’elle s’évertuait pourtant à canaliser et les yeux clos sous l’effort et l’abstraction, Pénombre imposait à grand peine sa volonté à son corps.

Des formes brumeuses, grisâtres comme la fumée d’un feu semblaient s’arracher avec souffrance des ombres, répondre lointainement à l’appel de magie du sceau incomplet, méconnu du blondinet qui rampait malignement sur le corps de la sorcière, récompenser enfin ses laborieux efforts. Des aspects éthérés aux disproportions humaines…

Puis le souvenir s’évapora aussi promptement qu’il avait pris forme, chassé par la volonté réelle de la Pénombre du présent, la tentative désespérée d’éloigner l’adonis de la découverte de cette vérité qu’elle ne craignait l’effrayer définitivement.

Le sortilège aurait d’ailleurs normalement dû prendre fin à cet instant précis si seulement sa victime avait eu l’exacte résistance psychique préalablement calculée par son ainée… Mais il n’en avait malheureusement pas été le cas et la puissance investit par son auteur qui n’avait pas été dispersée à vaincre l’opposition supposée de Narcisse perdurait inexorablement les effets du pernicieux sort… Pénombre s’était fait prendre à son propre piège et ce fut sur cette amère réflexion qu’une nouvelle perspective du passé attira irrésistiblement l’esprit du fils des Anasar dans celui de la brune aux yeux clairs.

Cette fois, Narcisse, à travers les opalescentes émeraudes du regard de Pénombre, arpentait silencieusement mais avec une palpable, une lourde lassitude au cœur, une immense chambre à coucher, trop richement, trop écœurement décorée dont il ne pouvait pourtant distinguer la précision des abondants détails qui n’avaient pas marqués la mémoire de l’ancienne poursuiveuse. Écartant violemment les soyeux rideaux de velours brodés qui défendaient à la pâle lueur du jour naissant d’investir cette prison de pierre qui bridait outrageusement sa liberté, la jeune sorcière s’étendit, rageuse, sur le large lit de son dangereux mentor, ses sombres bottes profondément enfoncées sous les opulentes pelisses, le dos légèrement cambré sur l’empilement aléatoire d’épais coussins. Elle n’avait guère dormi, en dépit de la douloureuse fatigue de ces dernières terribles journées d’entrainements car malgré l’épuisement qui la rongeait de l’intérieur, l’héritière des Craft était trop soucieuse des menaces pesant sur son proche avenir, avait les nerfs trop tendus et sa présente situation était bien trop indécise pour qu’elle ne s’autorise un quelconque relâchement. Elle pouvait aisément percevoir le danger, toujours plus oppressant, qui la menaçait si elle ne se décidait pas rapidement à quitter ses lieux aussi obscurs que maudits mais qui lui concédaient pourtant l’opportunité inestimable d’acquérir enfin le pouvoir qu’elle s’était mise à convoiter…
Car l’animagus avait précisément remarqué que son guide spirituel avait sensiblement diminué, sans l’ombre d’une raison apparente, l’intérêt de ses précieux enseignements et précisément en termes de théorie mais aussi presque imperceptiblement appauvrit l’intensité de ses entrainements à la pratique. Comme un indéniable présage du moment où il allait enfin lui demander la contre partie exigée lorsqu’il avait offert à la jeune fille de l’initier aux sciences magiques oubliées.

Cette nuit, Pénombre méditait déjà son évasion.

Le corps de Narcisse, transcendé dans le souvenir de son ami, fut assis par la volonté de sa camarade désarmée et ses prunelles se posèrent froidement sur les deux jeunes hommes qui avaient soigneusement été choisi pour assurer la pérennité de sa détention. L’un des deux jouvenceaux venait de se laisser brutalement choir sur un confortable sofa aux motifs dépassés tandis que l’autre, plus nerveux, restait assis tout droit sur sa chaise, enserrant fermement sa baguette. Pénombre en déduit qu’il devait prendre le premier tour de garde et elle décida de jouer sournoisement avec les nerfs de son geôlier, espérant créer la brèche qui lui manquait pour se tirer de cette irritante position de prisonnière. Mais des voix filtrant à travers la porte interrompirent subitement le fil de ses pensées. Des pas furtifs, des voix murmurantes à la porte. Ressentant un frisson d’inquiétude, Pénombre se leva du lit, alerte. La porte trembla sur ses gonds et s’ouvrit brusquement. La sorcière retint son souffle.
Une silhouette familière pénétra la lumière de la pièce, s’extirpa félinement des ombres du couloir que l’obscurité dissolvait avidement derrière lui. Un visage d’une beauté troublante, des traits qui auraient aisément pu être apaisants, angéliques si deux iris d’acier froids et pénétrants ne les relevaient pas de puissance singulière. Une chevelure délicieusement en bataille, dorée comme les blés, une admirable musculature fine, athlétique qu’elle discernait par delà les vêtements du jeune garçon qui venait de s’avancer vers elle. Physiquement, c’était exactement Narcisse, Narcisse Anasar à s’y méprendre…

Mais la Rusée connaissait bien trop son ancien compagnon d’entrainement pour se laisser leurrée de la sorte. L’avait observé si souvent torse nu dans l’entrainement, dans de si nombreuses scènes de la vie quotidienne à Poudlard que les moindres fragments de son apparence lui étaient aussi profondément familière que son propre corps. Elle savait la position exacte de ses tendons, avait le souvenir parfait de la fragrance précise de son parfum, la connaissance du détail singulier de ses paumes de mains, le ton particulier de sa voix, l’immense profondeur de son regard... Et bien que son cœur ait inavouablement voulu le croire, ce n’était pas lui qui lui faisait actuellement face.

Encore partiellement dévoré par les ombres, le sosie de Narcisse ne semblait pas armé mais la vigilance habile de la demoiselle détermina qu’il n’y a avait que d’infimes probabilités que ce fut effectivement le cas et un instant passa avant que ces prunelles de jais ne remarque enfin son sourire torve aussi malveillant que le fouet, sûrement ensorcelé, négligemment enroulé sur son épaule. Comment ce que la Ténébreuse identifia être un métamorphomage exercé avait pu commettre l’impensable erreur de porter sa propre arme de prédilection au risque de compromettre son précieux camouflage ? Il devenait de plus en plus évident pour l’incandescente brune que cet incompétent n’était pas au service de son maître mais, dans ce cas, qui était-il et pourquoi se trouvait-il en ces lieux précisément le soir où Pénombre y avait été enfermée ? Que lui voulait-il ?

Suggérant un serpent, autant que le fouet qu’il déroulait, il traversa la chambre, morose, et se dirigea doucement vers elle mais la Serpentarde devança la prise de parole qu’il amorça d’un geste de la bouche, ulcérée par ce déguisement qui réveillait en elle une vieille blessure encore béante de douleur :

« Tu fais un bien piètre stratège, aussi pitoyable que ton médiocre talent de métamorphomage. »

Cracha-t-elle, haineuse.

Avec paresse, la mèche du fouet fit mine de lécher les bottes de Pénombre.

« Tu vas constater que mon fouet est aussi coupant que ta langue, sale petite garce. »

La mit-il en garde sans émotion, d’une voix grave.

« Le Maitre a de bien sombres projets pour toi mais je ne le laisserais pas faire, je ne laisserais pas une chienne de ta race me démunir de ce qui me reviens. »

Il avait le visage blême de colère, de répugnance et d’une répulsion à peine contenue. Sans crier gare, le fouet frappa comme un reptile, entoura fermement la fine taille de la captive. La mèche n’entama pas le justaucorps de cuir aux renforcements tressés, même si le souffle de la descendante des Craft tressauta sous sa force. En riant, le bourreau libéra la mèche du fouet enchanté en un sursaut brutal et le regard farouche de Pénombre l’avertit explicitement tandis que les entrelacs obscurs de la belle s’agençaient à nouveau en ce qui ressemblait à un sceau de plus petite ampleur que celui du souvenir passé. Les prémices indéniable d’une furieuse attaque qui fit rire malhabilement le blondinet d’un éclat craintif qu’il dissimulait au mieux dans un dédain sur joué :

« Oh je sais bien ce que tu es capable de me faire si je revêtais mon apparence ordinaire mais tant que je suis lui, tu ne peux rien contre moi. »

Grinça-t-il.

« Le Maitre dit qu’il est ta faiblesse la plus puissante. Il dit aussi qu’il provoquera ta perte ma chère Pénombre. Qu’en dis-tu ? Il est de la lignée des Anasar ma belle, es tu seulement consciente de ce que ses membres savent faire ? »



Dernière édition par Pénombre Craft le Mar 2 Sep - 22:31:16, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyMar 2 Sep - 21:57:31

« Tu l’aimes n’est ce pas ? »

Une nouvelle fois, le fouet magique claqua lâchement en direction de l’animagus. Elle réprima l’incontrôlable réflexe de se protéger le visage de ses bras, sentit le lit pressé contre ses mollets. Sa fureur combattit sa terreur car même capable de lui tenir tête sans l’ombre d’un doute, sa ressemblance avec son tendre complice de Poudlard l’empêchait assurément de recourir au sort de destruction qu’elle maitrisait pourtant le mieux. C’était au-delà de ses forces et elle réévalua sinistrement l’efficacité du perfide stratagème de son adversaire. Nerveuse, la demoiselle tenta vainement de réfléchir.
Le factice Narcisse s’avançait encore et tira la lanière de son arme en arrière. Pénombre resta immobile, fière tandis qu’il semblait sourire plus large encore de l’entêtement de son adversaire. Il la plaquant soudainement contre son torse, serrant toujours fermement la poignée de son fouet. Elle sentit le martèlement du cœur de l’adolescent, son souffle rauque perdu dans ses sombres cheveux de jais.

« Tu as si facilement perdu le combat, vraiment ? »

Les ans n’avaient instillé aucune trace de graisse qui gâchât le physique de duelliste du mage, mais n’était pas seulement dû qu’à ses dons de métamorphomage ?

« Un sorcier de ton rang n’a pas à avoir besoin d’arme pour faire tomber les vêtements d’une dame… D’ordinaire. »

Murmura-t-elle avec rage.

Il déchaussa ses bottes et la repoussa, soudainement en proie au doute :

« Ma Pénombre a rangé ses griffes ? A moins que, plus vraisemblablement, elle ne rêve de ruse ! »

Le fil du temps sauta brusquement et déjà le reflet vivant de Narcisse regardait avec convoitise se révéler le sillon du ventre de la Ténébreuse, se penchait maladroitement en avant, s’accroupissant presque, gauchement, tandis qu’il arrachait sans un regard le pantalon qui l’emprisonnait, obstinément empêtré autour de ses bottes. Sans oser songer aux conséquences, Pénombre lança violemment son genou vers le haut et il percuta de plein fouet le visage tendu vers l’avant de son rival, enfonçant profondément les dents brisées dans la chair. Avec un cri étranglé, trop abasourdi pour articuler sa douleur et sa fureur, l’homme manqua de perdre le maintien de son pouvoir et son apparence oscilla avec la nature de ce qu’elle avait toujours été et la douce physionomie de l’adonis de Pénombre. Il chavira en arrière, les jambes prisonnières de ses vêtements, s’écroulant pesamment sur le dos et sa tête cogna le sol. Mais avant qu’il ne puisse se remettre de la désorientation de l’impact, Pénombre lui bondit dessus et elle s’empara malignement du précieux fouet. Une écume écarlate gicla des lèvres abimées de l’homme quand elle lui enfonça la poitrine des genoux, puis la Féline lui noua étroitement la lanière autour du cou afin d’étouffer son immonde beuglement de colère. L’imposteur se tordit désespérément pour tenter de la désarçonner mais Pénombre avait une vigueur des plus tenace dans sa forme souple et elle était plus que rompue aux subtilités du corps à corps depuis longtemps. Elle lutta résolument pour maintenir sa prise, en un étranglement que renforçait chaque étincelle d’humiliation et de rage. Le fouet entra profondément dans la gorge marbrée du jumeau maléfique de Narcisse et elle voyait ces traits bien aimés se tordre maladivement dans la douleur avec une souffrance désabusée tandis que l’ancienne vert et argent tordait sans pitié la lanière tressée qui l’asphyxiait.

Avec ses genoux, elle acheva de clouer au sol les solides épaules du blondinet tandis que lui montait aux yeux des larmes brûlantes.
Le traitre se débattait désespérément, frappant des jambes, toujours empêtrées dans ses affaires et cela amortissait faiblement le martèlement de ses talons contre le plancher.

Leur staccato fébrile cessa enfin.

Le lien se brisa subitement avant que ne s’achève le souvenir de cette effroyable nuit là et le sortilège se rompit aussi voluptueusement qu’un rêve duquel l’on s’éveille.

Ses prunelles aux profonds reflets onyx se posèrent doucement sur le séduisant visage de Narcisse qui paraissait déjà avoir repris conscience et Pénombre se sentit obligée de prendre la parole :

« Je suis désolée, Narcisse… »

Mais pour quoi exactement demeurait un mystère... Etait ce des excuses pour le sortilège qu’elle avait osé déloyalement lui infliger ou bien était ce pour avoir violé sans scrupules ses souvenirs les plus intimes, peut être pour l’avoir juste symboliquement assassiné ? Aussitôt, l’amère nécessité d’expliquer ce qu’il avait pu voir dans son passé se fit pesante, craignait par-dessus tout qu’il ne la juge tel le monstre qu’elle était devenue :

« Je n’ai jamais considéré cela que comme un habile moyen de m’élever immensément au dessus de cette répugnante banalité qui osait me menacer, telle une arme de conquête, un outil tranchant dont l’essence principale serait précisément l’émanation d’une précieuse science d’outre-monde plutôt que l’habituelle sorcellerie ancienne qui intrigue tant de savants, en entrainent tant d’autres dans la folie. Et pour soldat ces créatures de ténèbres en lieu et place de guerriers humains... Tu sais, les humains ont déjà combattu pour de puissants sorciers et d’audacieux conquérants dans le passé, des mages se sont même mis directement au service d’autres plus ambitieux comme Celui-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom… »


Pénombre s’interrompit un instant à cette évocation particulière, l’instant d’avant, encore sujet de discordes entre les deux jeunes Serpentards.

« J’ai supposé qu’une fois mon pouvoir reconnu, des hommes combattraient aussi volontiers sous ma bannière. Mais à présent l’horreur dans laquelle je me suis plongée s’insinue à travers l’intense controverse que tu fais naitre dans mon esprit si bien que, même moi, je peux percevoir distinctement le pouvoir terrible qu’il émane de toi, le danger que tu représentes pour mes desseins… »

Ses longs doigts fins frôlèrent la joue de Narcisse avec une tendresse prononcée, une hésitation palpable.

« Se peut il que, cette fois, je sois allée trop loin, que la révulsion que les autres ressentiront devant ma puissance ne soit plus forte que l’envie de prendre leurs parts du butin des conquêtes ? Vais-je me retrouver plus seule qu’avant, face à toute mon espèce, armée contre moi et maudissant le nom de Craft ? Mais serait ce alors vraiment différent de mon sort actuel ? »


Une nouvelle fois, la septième année s’interrompit, pensive.

" La seule façon dont j’ai réellement pu échapper à ma propre malédiction a été d’errer sans cesse, de ne jamais m’attacher viscéralement à rien, à personne… »

Elle s’irrita de voir ses mains, soudain, légèrement trembler et elle serra les dents avec détermination :

« Sinon à toi. »
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyDim 14 Sep - 12:46:16

Le jeune homme s’extirpa de la rêverie dans laquelle il avait plongé comme il serait sorti d’une trop longue apnée: totalement désorienté, les oreilles sifflante et les tympans douloureux, le souffle court, si court que sa respiration en était douloureusement précipitée, les muscles aussi lourds qu‘endoloris, l’esprit lent et embrumé, bouillant de pensées et de souvenirs étrangers imprimés au fer rouge dans sa mémoire.

Alors que peu à peu son corps se remettait des pernicieux effets du sortilège dont il avait été victime, le cerveau du sorcier tissait en urgence les invisibles liens qui allaient désormais emprisonner les souvenirs craftiens dans son intellect. Le travail n’était pas des plus évidents, l’exercice consistant à intégrer des idées qui lui étaient résolument inconnues, une histoire qui lui était intrinsèquement étrangère, comme s’il avait s’agi de terminer un puzzle avec les pièces d’un autre. L’emboîtement de ces dites pièces était en théorie impossible: la magie l’avait forcé, au mépris de toute géométrie ou compatibilité, de toute pudeur ou respect. Il serait longtemps étrange, presque dérangeant, jusqu’à ce qu’il s’y familiarise entièrement et qu’il l’intégrât comme une des propres composantes de son identité personnelle psychologique.
Ses yeux encore un peu hagards se posèrent sur la silhouette brune de Pénombre, laquelle se découpait dans l’aveuglante lumière qu’irradiaient les gourmandes flammes ronflant dans la cheminée. Dans le flou évanescent des images et des couleurs il sembla à Narcisse que les lèvres de son amie remuaient, mais il ne pouvait pas encore entendre, du moins de manière intelligible, le discours qu’elle lui tenait. Chacun avait fait partager à l’autre son intimité la plus indicible, que pouvait-elle bien ajouter ?

Demeurant silencieux, le Vert et Argent écoutait sa camarade lui parler de soldats et de combats, sur un ton étrangement empressé, presque coupable. Alors qu’elle s’approchait de lui d’un pas hésitant, il se surprit à percevoir une crainte jusqu’alors méconnue dans la voix de la belle, une peur qui rendait ses gestes soudainement maladroits, dépourvus de la grâce qui les caractérisait de coutume. La voix de la jeune fille se fit quelques peu tremblante, flirtant dangereusement avec une cassure que lui imposait l’épanchement brutal de ses émotions, l’aveu honnête de ses sentiments, lorsque ses doigts brûlants rencontrèrent la joue glacée de Narcisse.
Ce dernier, comme électrisé par ce doucereux contact, foudroyé par les étranges accusations dont le frappait Pénombre, réalisa soudainement ce qu’il se jouait alors sous ses yeux, ce qui motivait l’incompréhensible tirade qui lui était servie. Comme survenues d’un néant profond et insoupçonné les récents souvenirs que la magie avait enchaîné à sa mémoire prenaient enfin un sens, se révélant pleinement sous le filtre des mots. Ainsi elle revenait de loin, très loin: la force seule de son souvenir l’avait ramené à la raison, à moins que ce ne fût, comme il n’allait pas tarder à le découvrir, à la puissance de l’amour qu’elle lui portait qu’il fallait imputer ce miraculeux sauvetage….

La main de la jeune femme tremblait légèrement désormais, un silence éloquent écrasant les lieux de toute son intangible pesanteur. Narcisse, de ses yeux gris et pleins de la tristesse nouvelle qui l’avait envahie depuis que les souffrances de Pénombre étaient siennes, cherchait en vain le regard émeraude qu’elle n’osait, probablement par orgueil, ou par honte, lui dévoiler. Encore en état de choc, comme abruti par le flot d’informations et de sentiments qui l’avait soudainement submergé, le jeune anglais n’avait pu encore juger les actes de Pénombre, ni méditer ses paroles. Pour l’heure, il était comme frappé de compassion par la faiblesse et la détresse de celle-ci ; l’horreur qu’auraient dû provoquer pareilles révélations, l’effroi et la répulsion qu’elles auraient dû faire naître en lui en levant le voile sur la véritable héritière des Craft, cette vénale, diabolique et dégoûtante personne, ne viendrait qu’ensuite. Peut-être…
La baguette qu’il serrait jusqu’alors de manière inconsciente dans sa main tomba sur le sol, accident symbolique, l’ultime aveu de Pénombre ayant brisé les plus puissantes défenses de l’adolescent pour heurter de plein fouet son cœur. Une douce chaleur avait soudainement explosé du muscle amoureux et blessé, propulsant avec la force d’un volcan sa sève brûlante dans les veines en liesse du jeune homme, réchauffant son être du corps jusqu’à son âme, pour finalement faire fondre, pour la première fois, le masque de froideur et d’indifférence derrière lequel se murait Narcisse. L’éternelle mélancolie qui hibernait dans l’acier de ses iris fut même éclipsée par une lueur d’une joie primaire et candide, celle d’un bonheur dont il semblait promis qu’il n’aurait pas de fin, comme son sourire…

Cueillant avec délicatesse, à sa propre joue, la main de Pénombre l’adolescent se leva pour attirer tendrement son corps frêle et tremblant contre lui, l’enlaçant dans une tiède étreinte, le pressant affectueusement contre son cœur qui, certes incapable de parler, tenait pourtant en cet instant un discours amoureusement rythmé.


"Tu n’es plus seule, Pénombre" ,lui chuchota-t-il à l’oreille, la voix légèrement brisée.

Implicitement, il venait de promettre à son amie qu’il combattrait la malédiction qui l’accablait, qu’il la délivrerait de ses démons pour l’arracher au gouffre ténébreux dans lequel elle s’était perdue, qu’il la préserverait de l’être fondamentalement pernicieux qui sommeillait en elle, de ce félin monstrueux sur lequel il se devait de prendre sa revanche. Mais la sombre jeune fille souhaitait-elle être sauvée ? Et n’était-ce pas davantage Narcisse qui se sauvait en se raccrochant à Pénombre ? Aurait-il les épaules pour porter leur double fardeau ? Saurait-il la protéger, se protéger ?
Abandonnées à la langueur d’une passion amoureuse enfin assouvie ses mains caressaient avec douceur le dos nu de son amie, sans craindre le jeu turbulent des tatouages qui serpentaient à fleur de sa peau. S’arrachant à regret de leur étreinte le Vert et Argent contempla Pénombre, essayant de percer les secrets que renfermait son silence, tentant de deviner son état d’esprit après ce qu’elle pouvait après tout, pour de multiples mais mauvaises raisons, considérer comme une terrible erreur. Une candide sérénité se lisait sur le visage du jeune anglais, bien loin de pouvoir imaginer qu’elle pouvait ne pas apprécier l’instant présent autant que lui.


"Je serai à la fois ton armée et ton butin, plus puissant et précieux que tout ce dont tu as pu rêver. Ce lien qui t’attache à moi, qui constamment me ramène à toi, que tu déplores, sera cette force qui t’élèvera au dessus du commun des sorciers, cette arme par laquelle tu triompheras. Je serai la source de ton pouvoir, Pénombre, la source d’un pouvoir unique, insolite, qu’il nous appartient de construire ensemble."

Levant avec délicatesse le menton de la sorcière afin que leur regard se confondissent, il poursuivit, ses yeux gris, à l’éclat sincère, brûlant de faire fléchir l’émeraude en sa faveur.

"Une toute autre voie t’es offerte, une voie où la fatalité même ne pourra nous atteindre."
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyJeu 9 Oct - 22:58:06

Jusqu’à quel point pouvait-elle encore se mentir ? Nier véritablement l’évidence qui tentait de s’imposer avec monstruosité à son esprit et faire semblant... Jusqu’à quelles extrémités sauvages, encore vierges et inconquises pouvait-elle encore présumer de ses forces et mener cette danse improbable, dominer une situation qui s’entêtait désespérément à échapper à son plus strict contrôle ? Pénombre était pourtant plus que douée en matière de rhétorique, habile et rapide à trouver et développer une argumentation convaincante, logique et parfaitement cohérente à servir ses desseins, elle avait acquit avec le temps, l’entrainement et au fil de ses propres erreurs, une belle expérience en terme de manipulation au sein de relations humaines complexes, une excellente connaissance du tortueux esprit humain, ses indicibles vices et ses désirs les plus inavoués. La Serpentarde avait rapidement appris à discerner et identifier sans peine les chagrins insurmontables des blessures restées à vif, les douleurs prisonnières du passé qui entachaient les âmes perdues, abimées qui croisaient son chemin aux dérives infinies de leurs maux existentiels. La brune aux yeux clairs parvenait aisément à déchiffrer aux delà de leurs défenses mentales affaiblies par leur condition soumise aux aléas du Destin, les traits profonds d’un caractère complexe et noueux, égaré dans un tumulte orageux d’émotions trop intenses, pour mieux répondre aux attentes de celui-ci et elle savait écouter avec attention, puisant des armes même, offertes dans ses dons verbaux de ces êtres qui ne demandaient qu’à déverser leurs peines à ses pieds.

Mais malgré tout ces précieux avantages relationnels qu’elle maniait pourtant avec dextérité, la ténébreuse sorcière se sentait injustement dépossédée de ses plus élémentaires moyens de survie, de ses plus fidèles outils de persuasion et de la plus intime de ses armures mentales, totalement à nue et fragile entre les mains et les mots singulièrement appropriés de ce bel éphèbe, qui maniait avec une redoutable supériorité l’art de la lucidité.

Puis soudain, détourné de ce vain monologue oral que l’ancienne Championne des Reptiles avait entamé avec déraison dans une erreur de précipitation aussi aveu coupable qu’inhabituelle faute stratégique pour l’aguerrie orateur qu’elle croyait être, prit vie cette puissante brûlure qui consuma subitement tout son être dans un violent tourment exultant, aussi asservissant qu’accoutumant, aussi profond que profane et l’impétuosité douloureuse de cette caresse exaltée, éminemment plus extatique que l’inaccessible mirage de désir fomenté, le fantasme inavoué qu’elle avait toujours suscité, bouleversa la jeune femme.

Quand déjà était-ce la dernière fois qu’elle avait perçu la douce présence, la chaleur d’un autre corps contre le sien ? La proximité de la vie battante contre sa propre chair amèrement résolue à la rudesse de l’entrainement ?

Narcisse Anasar…

Le seul être dont la glorieuse destinée antagoniste allait sans nul doute provoquer la destruction de la sienne, et peut être même pire si l’animagus acceptait de se fier aux limpides visions prophétiques de son Maître, réduisant sa foi en lui en la croyance d’un réel avertissement et non d’ignobles mensonges dissuasifs.

Mais le seul être qui avait également une facilité évidente, absolument déconcertante à l’atteindre profondément jusqu’à son essence même, jouant d’ingénieuses tirades mélodieuses sur les cordes sensibles de son âme écorchée, laissant vibrer son entité entière à une harmonie terrifiante d’un bonheur interdit, des notes salvatrices et pures qu’elle n’osait prendre le risque d’écouter aux périls d’en voir la dépendance s’installer. Pour la première dois de son existence, l’incandescente anglaise se sentait étrangement égarée dans les solides bras de son compagnon, pleinement déphasée de la blessante réalité au creux de cette sublime étreinte. Une sensation impensable de sécurité l’envahissait lentement avec un délice redouté et ce malgré la pénible perte de contrôle évidente que son irrésistible abandon constituait. L’émoi troublant, tenace d’être en vie battait violemment la chamade dans sa poitrine jusque dans ses tempes, un affolement paradoxalement serein, une apocalypse magistrale d’une joie insoupçonnée, d’une plénitude mirifique, magnifique, un apaisement effrayant qui n’était témoin que d’un chaos d’émotions des plus fantastiques avait conquit la guerrière au cœur aride.

Les sombres langues mates qui façonnaient les tatouages de la belle coulaient avidement sur le corps de l’héritière des Craft, s’affolaient fébrilement en une myriade d’arcs obscurs turbulents, agités par les émotions puissantes et incontrôlables qui dévoraient leur hôte en un enlacement sensuel et supplicié, témoins si éclatants, si cartésiens d’une influence sentimentale, amoureuse affranchie de son silence physique. Pénombre rendit fougueusement l’étreinte de son compagnon avec une tendresse emprunte d’une délicate force aux nuances fragiles, attachant voluptueusement l’une de ses fines mains pâles à sa nuque masculine tandis que l’autre s’enfonçait affectueusement dans la soyeuse chevelure aux reflets dorés de l’adonis. Elle le serra dans une concession de contrôle, de pouvoir, une résignation de maitrise remarquable.

Mais celui-ci brisa soudainement le silence de cet exquis, de cet inconcevable instant d’éternité aux allures de chimères par des paroles irréelles qui la transpercèrent immédiatement aussi violement et efficacement qu’une lame aurait pu le faire. L’ainé des deux Vert et Argent fut bien aisé que son ancien ami ne puisse distinguer l’expression incontestable de son visage envahit par une émotion démesurée qui trahissait indéniablement la portée que cette simple phrase avait eu sur elle et dont le sens profondément significatif incitait ses yeux à briller sous le ballet de lumière mordorée du feu agonisant dans la cheminée.

Confondue par cet heureux aveu partagé, elle éprouvait néanmoins distinctement un mystérieux plaisir étrangement inexpérimenté, pour une révolue croqueuse d’homme, sous la caresse suave des doigts délicats de Narcisse alors qu’ils frôlaient, tendres stimuli du corps et de l’esprit, la peau laiteuse de son dos, faisant naitre dans leurs sillages une multitude de plaisants frissons qui serpentaient langoureusement le long de sa colonne vertébrale, se propageant d’une lente fièvre sur l’arrondi féminin de ses épaules jusqu’à frémir, effervescents, au creux de son cou. Un sourire timide se dessina sur les lèvres rougies par l’émotion de l’animagus tandis que son charmant cadet se détachait d’elle et que la sorcière percevait avec une inquiétude nouvelle, le soudain manque aussi cruel que glacial qu’entraina involontairement la rupture de cette embrassade mutuelle… La pièce lui parut s’être brutalement refroidie, avoir rétréci et c’est cet air psychologiquement gelé, saturé d’obscurité qui revint alors prendre la place du doux corps tiède de son bel éphèbe et arracha une plainte silencieuse à sa chair carencée de lui.

La Rusée de septième année plongea avec une appréhension craintive, singulièrement opposée à l’essence volcanique de son caractère fougueux, ses iris limpides dans le regard aux resplendissances argentées de Narcisse, une inhabituelle timidité, aussi inaccoutumée et profonde qu’accidentelle, rendait leur éclat émeraude plus translucide encore, davantage perçant que d’ordinaire. Ecoutant sans y croire ce que la voix grave de son ami lui adressait doucement de rédemption et d’espoir de pardon, des mots que son esprit ne parvenait décidément pas à admettre comme appartenant à la réalité, et non aux délire de son âme torturée, Pénombre resta un long instant interdite. Silencieuse et immobile comme une ombre morte.

Le « nous » qu’il avait osé employer après l’ignoble confession de ses crimes, résonnait vigoureusement en son cœur comme une magnifique utopie impensable, un fabuleux songe chimérique que le blondinet paraissait sincèrement lui offrir de concrétiser sans sembler prendre en compte le sang noir qui souillait ses opalines mains pâles, l’âme meurtrière et assassine qu’elle abritait.

Puis, sans pouvoir formuler la moindre réponse verbale, la jeune fille glissa délicatement le dos de sa main tremblante contre la joue tiède de l’adonis et s’avança courageusement vers lui, laissant son nez caresser tendrement l’aile du sien tandis que son autre main se faufilait, mutine et espiègle, dans l’embrassure tentante de la chemise blanche du jeune homme :

« Je voudrais construire ce pouvoir avec toi, Narcisse… Mais plus il sera fort et plus je craindrais qu’il ne me détruise car tu es ma seule faiblesse et le talon d’Achille par lequel périras ma propre puissance. Car ce pouvoir est tien, il t’appartient comme une inhérence à ton Sang, ta Lignée, le nom que tu portes, et puisqu’il est l’unique faille de mon armure et que tu en possèdes l’ultime contrôle, il est aisé de conclure que tu seras la lame qui me terrassera quelque soit l’énergie à ma disposition... »

Son regard humide trahissait la tristesse aux semblants résignés de cette confidence murmurée à demi-voix, comme si l’exprimer normalement aurait pu davantage lui conférer de réalité.

" Mais je préfère savoir de quelle main je mourrais."

Acheva-t-elle de lui souffler comme une réponse positive à sa requête sous-jacente.

Pénombre accentua sensiblement la proximité de ses lèvres avec la peau du visage du sorcier et déposa un baiser des plus amoureux sur sa joue :

« Tu es bien plus qu'une incroyable source de pouvoir, Narcisse, sans toi, je ne suis plus sûre d’être en vie… »

Sa main coquine, aux infidèles allures frêles, qui glissait innocemment contre la musculature exquise du torse du Serpentard s’arracha, râleuse, à son délicieux met pour se glissa amoureusement dans celle de Narcisse :

« J’aimerais te montrer quelque chose, s’il te plait... »

Lui adressa-t-elle en tirant doucement sur ce lien physique symbolique qui les unissait.
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyMer 15 Oct - 20:13:27

Invasive, traître et éphémère timidité dans son regard, l’inédite éclipse avait éclairé Pénombre d’une aube nouvelle, insoupçonnée même… Le mythe s’était éteint d’une mort sans tristesse, à vrai dire, c‘était déjà une naissance. Ainsi l’héritière des Craft pouvait se révéler fragile ! L’éclat du miracle qui, comme le plus pur des diamants, avait lui l’espace de fugaces secondes au cœur de l’attendrissant émeraude de ses yeux avait plongé Narcisse dans une profonde béatitude.

*Elle m’aime…*

Ces quelques mots s’étaient imposés à son esprit avec plus de force que celle dont son cœur, qui battait pourtant à lui en fendre le torse, ne pourrait jamais en témoigner; c’était dire la certitude avec laquelle ils venaient de s’enraciner dans le crâne en ébullition de l’adolescent.
Si ce sentiment avait d’abord pu paraître chimérique, purement fantasmé, l’attitude de son aînée avait délicieusement chassé la moindre once de doute qui aurait pu s’immiscer entre les hormones et les neurones du jeune garçon et ainsi briser, cruelle, les promesses ivres de plaisir que semblaient lui réserver ces premières caresses. Une proximité presque intolérable, tant le désir, comme à fleur de peau, en était devenu lancinant unissait désormais les deux êtres qui, aussitôt qu’ils s’étaient séparées, s’étaient déjà rappelaient.
Dans leur tête à tête langoureux, Narcisse s’enivrait du souffle brûlant de son amie comme s‘il avait bu à la source même de l‘ivresse. Son parfum exotique, la danse lascive, obscurément hypnotique de ses tatouages, ses caresses, tièdes, doucereuses, délicieusement audacieuses, avaient fait perdre l’esprit à l’apprenti sorcier.

Sensuel, presque licencieux parfois, le rêve s’épanchait peu à peu dans la réalité de l’amoureux alors que les mains de Pénombre parcouraient avec une féline tendresse les muscles de son torse, faisant se déchaîner son cœur qui, prisonnier à l’instar d’un damné, supplicié, hurlait le désespoir de ne pouvoir être lui-même caressé. Les paroles feutrées qu’elle lui susurrait à l’oreille lui parvenaient seulement comme une lointaine mélopée, une suite de sons merveilleux dont le sens, voilé de l’implacable désir que suscitaient les lèvres de la belle alors qu’elles effleuraient presque les siennes, avait fui dans un ailleurs perdu. Quelques mots lui parvenaient, au grès de la ponctuation des phrases, ou de l’intonation de la voix, plus nettement que d’autres; ils s’efforçaient de les reléguer dans l’oubli. Le langage du corps de son interlocutrice se montrait suffisamment persuasif, tout autre signe était superflu, désagréable même.
Aussi, lorsqu’elle déposa un affectueux baiser sur sa joue, le jeune anglais fut-il d’autant plus transporté qu’il entendait en ce geste les trois mots qu’il n’avait cessé de ressasser depuis quelques minutes bientôt. Une réponse s’imposait, elle se voulait tout aussi charnelle, sincère et légitime mais…

Les mains de Pénombre se retiraient lentement de ses pectoraux, glissant pour la dernière fois sur ses chairs d’ores et déjà nostalgiques de leurs caresses, souffrant du manque vertigineux dans lequel une trop brève rupture les avait insensiblement plongés. L’amour était une conduite à risque, précipitant ses victimes dans une dépendance à la mesure de leur candeur : il n’y avait pas plus extatique, ni plus pernicieuse drogue… Et si Narcisse avait commencé à en faire la douloureuse expérience après le départ de sa camarade, plusieurs mois auparavant, il l’avait déjà oublié. Il ne l’avait jamais vraiment su, trop abîmé, ou naïf, pour en vouloir au plus noble sentiment qu’il lui avait été donné d’éprouver. La ténébreuse jeune fille, elle, n’en était pas à son premier amant; elle saurait se prévenir des blessures que pourrait infliger leur passion. Lui, en revanche, n’avait pas vraiment achevé de faire ses armes (avait-il seulement déjà aimé ?); son cœur, si endurci pouvait-il être, n’avait pas revêtu la moindre armure, il s’était lancé dans la bataille à corps perdu, comme une offrande d’une sincérité désespérément aveugle.
Il apprendrait plus tôt qu’il ne le pensait à s’aguerrir…

La réalité avait à présent rattrapé l’adolescent qui, arraché à ses chimères, avait été contraint d’ouvrir les yeux à nouveau. L’image qui s’était présentée à sa vue n’en était pas moins douce. Pénombre…
Ne remarquant pas les reflets perlés des larmes qu’elle refoulait, Narcisse serra légèrement l’étreinte de sa main sur les doigts de son amie pour en retenir la fuite.


"Attends."

Levant ses yeux gris, dépourvus de leur sempiternelle souffrance et néanmoins déjà nostalgiques de l’être aimé, vers le visage de son aînée, il lui adressa un sourire quelque peu coupable.
Il sortit alors de sa poche l’amulette qu’elle lui avait abandonnée à son départ. Il n’avait jamais pu se résoudre à porter la relique argentée, ni à s’en séparer cependant, de même qu’il n’était jamais parvenu à s’expliquer pourquoi… Mais désormais, ces quelques maillons d’argent avaient un sens !
A la faveur de la lumière versatile que projetaient les flammes, il découvrit à Pénombre son ancien bijou, le laissant se dérouler au bout de ses doigts, puis entreprit, non sans qu’une certaine solennité investît son geste symbolique, de passer la chaîne autour de son cou.
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MessageSujet: Re: Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé]   Passé recomposé (PV Narcisse)[Achevé] EmptyLun 27 Oct - 18:42:18

Ses prunelles de jais s’attachèrent instantanément à l’argenté métal qui sublimait à outrance la superbe peau du jeune éphèbe, exerçant obstinément sa fascination jusqu’au plus profond de son être tourmenté. Pénombre se sentit instinctivement défaillir, complètement avalé par la beauté enivrante du blondinet, subjuguée par l’irréel de ses gestes lents, éthérés, sincères. Un appel fou qui résonnait terriblement dans ses entrailles, absorba substantiellement toutes pensées et rien n’existait plus en son univers que la magnificence de ce regard d’acier, l’écho incroyable de ces teintes métalliques qui scintillaient faiblement contre son exquis torse. Mais il semblait néanmoins à la jeune sorcière de septième année que son compagnon la tenait également d’une indéniable entrave, un incontestable lien invisible qui l’assujettissait viscéralement de convoitise, bien plus puissant encore que celui de l’insensé attrait physique qui la tenaillait étroitement. Cette entité nouvelle qui émanait de lui, cette impensable aura écrasante de pouvoir, de force pourtant d’une incommensurable innocence et sublime sincérité, à laquelle Pénombre ne pouvait se soustraire, tordait toutefois ses entrailles de son obsédant message de danger… Car la Serpentarde perçut distinctement monter en elle, un fulgurant appétit pour ce noble jeune homme, une abyssale pulsion dévorante, passion définitivement plus intense que rien de ce qu’elle avait jamais pu ressentir pour ce singulier adolescent, qui perdait chaque seconde davantage un peu plus de son armure mentale et elle comprit alors que son bûcher personnel était bien loin encore d’être éteint.

L’espace d’un instant, leurs mains se frôlèrent et ce simple délit pourtant déjà souvent commis dans un passé commun, incita cette fois-ci un violent frisson étourdissant à parcourir électriquement l’échine de la Ténébreuse. Ses longs doigts d’albâtres impatients, néanmoins emprunt d’une tangible assurance contrôlée, se faufilèrent alors tout contre le col blanc de la masculine chemise, épousant avec gourmandise la courbure ferme de ses épaules, la voûte sensuellement cambrée de sa nuque, coulant enfin, emportés par une adoration enflammée, jusque l’étendue parfaite de son dos. Son laiteux visage s’en trouva ainsi agencé d’une indécente proximité au sien et la Mutine se laissa même aller à l’irrésistible tentation d’incliner légèrement la tête sur sa gauche afin de s’avancer encore davantage sur son si désirable compagnon. Rapidement, elle perçu avec délire, les notes légères et entêtantes de son parfum, son souffle tiède sur sa joue, la satinée caresse chatouilleuse de ses mèches blondes sur son propre front comme de trop éternisant prémices à une explosion de saveurs sous-jacente, préludes volcaniques à cette ensorcelante satisfaction inconsciemment promise par l’ourlet délicat de ses lèvres pâles. Ses fines mains effilées, aériens papillons diaphanes, voletaient à présent tendrement sur son poitrail, déboutonnant langoureusement les premières attaches de sa précieuse chemise, puis s’engouffrèrent de nouveau dans la brèche à peine entrouverte, ne cessant alors plus de s’accaparer sa peau veloutée dans une fièvre furieuse. Ils s’arquaient avidement, intenses, à l’intérieur du vêtement tiraillé, insistant de plus en plus puissamment sur les fragiles ligatures de tissu qui scellaient encore, frustrantes, l’accès au reste de son sculptural buste.

L’ancienne poursuiveuse de Quidditch avait l'horrible et tourmentante impression que son cœur saturé de stimuli amoureux exploserait immédiatement si Narcisse venait seulement à l'effleurer lui aussi de sa chair, aussi dévastateur et déchainé que s’il n'envisageait finalement pas d’approcher d’elle à son tour et ces troublantes incertitudes s’entremêlaient chaotiquement dans sa tête en une sarabande infernale. Tout en lui, sembla, aussi soudainement qu’effrénément l’implorer à l’abandon, au soyeux plaisir de son étreinte et à la déstabilisante sensualité de ses courbes soutenues sans qu’il ne dévêtît jamais, ne serait ce que de la plus infime parcelle d’innocence qui irradiait son être entier.

L’enfer n’était jamais aussi excitant que lorsqu’il se cachait derrière un visage d’ange.

La descendante des Craft était littéralement brisée entre sa fierté de sang-pur et son caprice de transgresser les ancestrales règles, son envie de lui, car chacun de ses sens restaient totalement ensevelis sous le plaisir intense que lui procurait la grisante sensation de ses paumes brûlantes courant sans limites sur le torse de l’Adonis, sa fragile gorge lactescente. Enroulant doucement ses bras autour de son buste, juste au dessus des côtes du jeune homme, elle approcha subtilement ses lèvres rougies de l’oreille de Narcisse, son corps du sien. L’odeur réconfortante de ses cheveux dorés l’envahit dans un curieux sentiment de plénitude entrainant, de sécurité et d’absolution indescriptible. Il sentait quelque chose d’indéfinissable, de profondément familier comme la fidèle retranscription odorante de l’ivresse d’une complicité passée, le vertige du jeu piquant de la séduction qu’ils avaient jadis inconsciemment mystifié.

C’était devenu effrayamment limpide sous les éclats miroitant du métal épris dans la lueur dorée des flammes de la cheminée. Narcisse avait su se rendre infiniment désirable, susciter tendrement son amour, fougueusement sa passion et elle avait présentement besoin de goûter à lui, de se perdre intégralement dans les méandres éblouissant de cette belle âme dont elle entrevoyait la lumière à travers l’expression touchante de son beau visage. L’anglaise dérivait ainsi sans y croire dans un vaporeux brouillard, un rêve éthéré de sensations et de sentiments, sentant l’étincelle au creux de son ventre s’enflammer jusqu’à devenir un véritable brasier car désir et volonté de possession déversaient toujours plus leurs toxines dans ses veines en un cocktail explosif.

Pourtant, contre toutes attentes, Pénombre se recula légèrement de lui, d’apparence étrangement calme si l’on excluait l’aveu de ses yeux pétillants et dans un sensuel regard exalté, referma lentement ses poings veinés sur la pâleur simple du vêtement. Ses lèvres empourprées par le désir et l’audace s’entrouvrirent alors imperceptiblement dans un profond soupir avant que ses mains n’arrachèrent violement l’immaculée chemise du bel éphèbe dans un délicieux craquement qui la fit sincèrement rire. D’une tendre saccade s’éternisant en une savoureuse caresse, la septième année débarrassa ensuite le torse finement musclé de ces lambeaux déchirés avec une hâte fébrile, faussement contenue. Comme une fatalité, les doigts minces de l’adolescente retrouvèrent inexorablement leur place... Peau contre peau…

« Narcisse… »

Susurra-t-elle d'un ton aussi étourdissant que du vin chaud et bien que l’ainée des Craft aurait préféré se faire brûler vive que de l’admettre, elle avait bel et bien sentit son estomac intérieurement se nouer, son cœur se serrer et elle conservait désormais l’impression de n’être plus qu’une munificence béante, une onde de désir et de torture mentale. Car elle se l’exigeait, le convoitait à en mourir, possédée par cette démente envie de lui appartenir et Pénombre devina une nouvelle bouffée de désir la submerger, et d’avance, sut qu’elle ne pourrait lutter contre. Unissant doucement ses lèvres rendues brûlantes par l’affolant désir qu’il lui inspirait, l’anglaise s’abandonna lascivement dans un délice déraisonnable au plaisir absolu que ce baiser naissant lui offrait. Une étrange langueur de satisfaction s’empara puissamment d’elle et Pénombre soupira plus explicitement en sentant une prodigieuse chaleur inattendue se diffuser au plus profond de son être, une chaleur effervescente qui semblait presque anéantir la peur…

Un son grave et profond retentit soudain dans la salle commune déserte des Verts et Argents comme un odieux rappel à l’ordre, sonnant implacablement ses dix neuf heures d’une succession régulière de retentissements cruels. Un sentiment de malaise envahit conséquemment l’incandescente brune en réalisant qu’elle avait déjà acquis un impardonnable retard pour se rendre à son entrevue de réinsertion avec le Directeur de l’école et son Responsable de maison, qui devait se tenir dans la tour la plus éloignée des cachots. L’anglaise rompit donc à son âme défendant le baiser enchanteur qu’elle avait dérobé au bel éphèbe, pour se détacher aussi péniblement que tristement de son corps à demi dénudé, les yeux encore gravement assombris de désir. Un sourire joua sur les lèvres pleines de Pénombre pour toutes excuses alors qu’elle reculait sans le perdre du regard puis elle s’élança enfin d’une foulée vers la sortie de la fosse aux Serpents…
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