A l’abri derrière ses rideaux, Calypso préparait ses affaires pour sa virée nocturne d’une main légèrement tremblante. C’était quelque chose qu’elle avait pourtant fait très souvent l’année passée, sortir en douce pour explorer le château ou pour faire quelques expériences de potions, mais depuis que cette infernale année avait commencé, elle n’avait pas osé. La peur de se faire attraper l’avait retenue, ce qui était compréhensible après tout. C’était déjà insupportable comme ça avec le graisseux Rogue qui patrouillait sans arrêt – à croire qu’il était un vampire d’ailleurs, il ne semblait jamais dormir –, l’horrible Rusard et l’insupportable Peeves. Et l’aiglonne en savait quelque chose, vu qu’elle avait déjà eu le malheur de rencontrer les deux derniers dans les couloirs alors que le couvre-feu était en action. Heureusement, la rouquine avait eu de la chance puisque le concierge l’avait gentiment amenée jusqu’à son Directeur de Maison. Du reste, elle n’en revenait toujours pas d’être sortie de ses griffes aussi facilement. Remarque à soi-même, toujours se plaindre de Peeves quand on a affaire à Rusard, ça marche ! Ainsi, il était déjà risqué de s’aventurer dehors avec ces énergumènes mais maintenant c’était quasiment du suicide ! Rencontrer un Carrow la nuit équivalait immédiatement en une terrible retenue, chose que la fillette priait ardemment de ne jamais connaître. Les rumeurs allaient bon train sur ce qui s’y passait et, à voir l’état de ces élèves une fois la colle finie, c’était clair comme de l’eau de roche. C’était de la torture pure et simple.

Calypso était horrifiée et scandalisée par tout ce qui se passait désormais à Poudlard, mais que pouvait-elle y faire ? Elle n’était qu’une enfant ! Qu’est-ce qu’une gosse de 12 ans pourrait bien faire pour stopper la tyrannie dont ils faisaient l’objet ? Rien ou pas grand chose... Aussi, la fillette assistait impuissante à des cours où les sorts volaient à tout va dès que quelqu’un osait émettre son opinion, entendait sans arrêt des insultes contre les moldus où elle enrageait de ne pouvoir rien faire pour défendre l’honneur de son père. Il y avait même certains élèves, fort du "pouvoir" de leur sang, qui ne se gênaient pas pour s’en prendre aux autres. La rousse avait été bousculée maintes fois pour aucune raison. Restant forte devant eux, elle s’écroulait souvent en larmes ensuite dans son lit.

Aussi, ce qu’elle s’apprêtait à faire était insensé. Elle n’était pas une Gryffondor pourtant ! Si Calypso se faisait attraper, les conséquences ne seraient pas jolies... Mais en même temps, la bleue et bronze ne pouvait plus rester sans rien faire et elle allait tenter de faire quelque chose par ses maigres moyens. La jeune Tealsdale avait en effet l’intention de concocter une potion pour s’en servir contre les Carrow. Quand, comment et où étaient encore de grands inconnus mais peu importait, elle allait agir. La seconde année n’était pas encore fixée sur la potion, mais le livre qu’elle avait emprunté était très prometteur, surtout qu’il y en avait qui n’avaient même pas besoin d’être ingérées, le contact suffisait ! La rouquine enfourna un petit chaudron dans son sac sans fond qui bien que pratique ne réduisait malheureusement pas le poids, cette dernière option ayant été trop onéreuse. Fin prête, la gamine tira prudemment les rideaux et quitta le dortoir à pas feutrés.

Le coeur battant à tout rompre, Calypso brava ensuite l’interdit et sortit de sa salle commune. Les couloirs déserts et le sinistre silence ne faisaient rien pour la rassurer, mais la Serdaigle agrippa fortement la bandoulière de son sac et avança sur des jambes quelque peu flageolantes. De toute façon, c’était le premier pas qui était difficile, le reste venait tout seul. La rousse connaissait en effet le chemin par coeur, l’ayant emprunté à de nombreuses reprises en première année. Longer le couloir, puis deux fois à droite, prendre l’escalier, s’arrêter trois étages plus bas, puis à gauche, droite et droite à nouveau. Facile... Durant ses fouilles, l’anglaise avait remarqué que le cinquième étage était le plus tranquille et nettement moins passant que les autres. Et surtout, il y avait plein de salles abandonnées. La rouquine s’en était attribuée une, qui était parfaite pour elle, et elle était carrément de l’autre côté de la classe de Runes, donc idéale pour quelqu’un qui voulait rester inaperçu. Le seul problème était qu’il fallait passer devant la Salle de Bains des Préfets, l’endroit le plus délicat et où Calypso se faisait toujours des frayeurs. Mais une fois passé ce cap, tout allait bien, puisque la salle qu’elle visait était placé plus loin dans un couloir où personne n’allait jamais.

Jusqu’ici tout allait bien. Se fondant contre les murs, la rousse essayait de se rendre invisible et n’avait rencontré personne. Pour l’instant... Après l’avant-dernier virage, Calypso s’arrêta net, son cœur faisant un soubresaut inquiétant et ses yeux s'écarquillant d’appréhension. Il y avait quelqu’un, là. Une fille... Pourvu qu’elle ne soit pas préfète...

- Heu...salut... commença la fillette en crispant ses doigts dans sa jupe, essayant de réfléchir à toute vitesse à un prétexte plausible. J'étais juste en train de repérer mon chemin. Ces escaliers m'ont encore amenée à l'autre bout du château...

*Ouais bravo Caly, et tu crois qu'elle va gober ça...*

La rouquine ne voyait pas de badge de préfet sur la tenue de la brune mais ça ne voulait rien dire, et puis on ne pouvait pas dire que les torches éclairaient si bien que ça ! Désirant tout de même être fixée le plus vite possible, elle demanda,

- Toi aussi, t'es perdue ?

Aussi bravement que possible, Calypso s’avança près de l’autre fille. La règle d’or pour que cette dernière croit à son piteux mensonge était de se montrer confiante et de ne pas montrer qu’elle savait parfaitement qu’on n’avait aucun droit de traîner dans les couloirs la nuit. Et ce même si la fillette redoutait fort les conséquences de cette petite escapade si la brune était ce qu’elle croyait être. Bon nombre avait été envoyé en retenue pour moins que ça. Au pire, la rousse pourrait prier pour que ce soit Rusard qui s’occupe de son cas... Mieux valait le Cracmol aux Mangemorts !

- Oh ne te fatigue pas. Moi aussi je suis là sans permission... Par contre... Je te conseille de trouver une meilleure excuse, c'est vraiment peu crédible.

A ces mots, Calypso aurait pu crier de soulagement. Elle s’était fait des frayeurs pour rien. La fille à la longue chevelure brune qui ne lui disait absolument rien était dans la même situation qu’elle. Enfin, peut-être pas pour faire la même chose avec la même motivation, mais elle aussi avait enfreint le couvre-feu. D’ailleurs, c’était fort possible qu’elle soit venue là pour utiliser la Salle de Bains des Préfets, et ce même si elle n’en était pas une. Il arrivait très souvent que les mots de passe circulent... Bien sûr, la Bleue et Bronze n’avait jamais eu la primeur d’y entrer et encore moins de l’utiliser, mais d’après les échos qu’elle avait entendus, cela n’avait absolument rien à voir avec les salles de bains des dortoirs !

- Tu m’as fais peur ! J’ai cru que tu étais une préfète ! déclara la seconde année avec un petit sourire rassuré.

Par contre, Calypso ne souleva pas sa remarque sur son excuse qui, elle le savait très bien, n’avait pas été très convaincante, possible certes mais pas quand le couvre-feu était dépassé d’au moins une heure et demi...

- Je...

Un miaulement des plus sinistres l’interrompit alors soudainement. Miss Teigne ! Les yeux grands ouverts, l’aiglonne se retourna et aperçut non pas le chat, mais Peeves ! Non, mais c’était quoi ça ? Un rendez-vous des affreux rôdeurs du château ! Comme si Rusard ne suffisait pas, il y avait aussi ce satané Poltergeist qui adorait lancer des choses dégoûtantes aux élèves. Elle était fichu ! Oubliant la présence de l’autre fille qui allait certainement partager le même destin d’horrible retenue, Calypso jeta des regards affolés autour d’elle. Où se cacher ?!

- La salle de bain! Vite! Je connais le mot de passe

Sauvée ! La brune l’attrapa vivement par la main et l’entraîna aussitôt dans la jusqu’ici secrète et inconnue Salle de Bains des Préfets. Malheureusement, Calypso n’avait pas le temps de faire du tourisme et d’admirer le grand bassin ni les somptueuses statues de naïades et autres créatures marines.

- Dans l'eau. Ven ven, en el agua!

Hein ? La rouquine ne comprenait pas les quelques mots étrangers que l’inconnue avait prononcé mais ce n’était pas ça le problème. La fillette n’avait retenu que les premiers mots et il était hors de question qu’elle aille dans l’eau comme ça toute habillée et avec ses chaussures ! Et puis, c’était pas comme si Rusard allait entrer lui aussi dans la pièce...

- Ecoute, c’est pas la peine de...

Sous les yeux médusés de la Serdaigle, la brune plongea sans plus attendre dans l’eau avec un plouf assez bruyant dans le silence nocturne. Calypso était certaine que la fille avait de bonnes intentions mais il n’y avait aucun besoin d’aller à de telles extrémités ! Opinion qui changea brutalement quand elle entendit des miaulements et des coups de griffes tout contre la porte... Le coeur battant, l’anglaise tendit l’oreille et ce qu’elle redoutait arriva, la voix du concierge ! Il n’allait quand même pas... Dans le doute, la rouquine s’approcha rapidement du bassin avant de se rendre compte qu’elle ne pouvait décemment pas aller dans l’eau avec son sac. Non seulement il allait être abîmé, mais tout le reste à l’intérieur serait fichu. Son livre et ses ingrédients ne résisteraient pas à une immersion prolongée. Se décidant à toute vitesse, la gamine planqua son sac derrière une sirène, espérant que le Cracmol ne le repère pas. Puis, prenant sa respiration, elle sauta dans l’eau.

Juste à temps...

S’accrochant au bras de sa partenaire aquatique, Calypso entendit des pas résonner au-dessus d’elle, l’eau rendant le son à la fois sourd et bruyant. L’aiglonne se pinçait le nez, tentant de retenir son souffle le plus longtemps possible, tout en restant le plus immobile possible. Elle savait nager bien sûr, mais elle n’avait jamais testé si elle était suffisamment bonne en apnée pour passer inaperçue aux yeux d’un Cracmol en chasse. Heureusement pour eux, Miss Teigne ne semblait pas être présente, répugnant certainement de s’approcher trop près de l’eau.

Finalement, au bout d’une éternité pour la rouquine, les pas s’éloignèrent et le bruit d’une porte qui se referme se fit entendre. Soulagée, la bleue et bronze surgit aussitôt à la surface, recrachant de l’eau.

- C’était moins une... annonça-t-elle, une fois qu’elle fût en pleine possession de ses moyens.

C’était d’un inconfortable... Ses chaussures gonflées d’eau tiraient sur ses pieds, donnant l’impression à la fillette d’avoir des pierres au bout de ses chevilles. Quant au reste, ce n’était pas mieux. Tout était mouillé, ce qui en soi était tout à fait normal quand on saute dans une baignoire de la taille d’une piscine alors que l’on est toute habillée. Les mouvements de l’eau avait soulevé sa jupe, qui formait à présent une sorte de corolle autour d’elle, sa pudeur heureusement préservée par ses collants de laine désormais trempes et collants autour de ses jambes. Et bien sûr, il ne fallait pas oublier ses cheveux... Raides et dégoulinant, plaqués contre son crâne et s’obstinant malgré tout à aller dans ses yeux. Calypso détestait ça... Elle avait l’impression de ressembler à un rat mouillé...

Sa seule consolation était qu’avec ce sacrifice, elle avait échappé à une catastrophe certaine et qu’elle n’était pas la seule à se retrouver dans cet état-là. Portant ses prunelles bleues sur sa compagne de bassin, la rouquine la détailla plus attentivement, chose qu’elle n’avait pas vraiment eu le temps de faire auparavant, et admira sa longue chevelure, légèrement envieuse. Un fait était certain, l’inconnue était nettement plus à l’aise dans cette situation, ne semblant à l’évidence pas du tout perturbée par le poids de ses vêtements et l’horrible et désagréable impression que cela causait. En tout cas, même si son visage lui disait vaguement quelque chose, l’aiglonne n’arrivait pas mettre un nom sur la brune. Bien sûr, cela n’avait rien d’étonnant. Vu le nombre d’élèves dans Poudlard, on ne pouvait pas connaître tout le monde. Tout au plus, on se croisait de temps en temps dans les couloirs.

- Tu t'appelles Calypso non? J'adore ton prénom

Surprise, la rousse regarda l’autre fille bizarrement. Elle la connaissait ? La Serdaigle avait beau cherché dans ses souvenirs, il ne lui semblait pas lui avoir jamais adressé la parole.

- Euh... merci. Et toi, tu t’appelles comment ? Désolée, mais je me rappelle pas de toi...

Oops, l’anglaise espérait qu’elle ne prenne pas ça mal mais en même temps c’était la vérité. Il n’empêchait que la situation était quelque peu surréaliste. Deux filles entièrement habillées en train de faire trempette et converser tranquillement, tâchant de faire connaissance. Heureusement, la température était tout à fait agréable, et la lumière tamisée de la pièce mêlée au clapotis de l’eau donnaient une ambiance zen et sereine. Rien de tel pour déstresser après la presque capture par Rusard.

- Tu trouves vraiment que j'ai la tête d'un préfet... ...Te

Non, ce n’était pas une erreur... La rouquine avait beau avoir de l’eau dans les oreilles, elle avait bien entendu préfet... Préfet comme le masculin de préfète... Horrifiée, Calypso vit alors les cheveux d’"Alice" se rétracter avant de reprendre leur longueur. C’était un garçon ! Il y avait un garçon dans la baignoire avec elle ! Toutes les mises en garde de son père contre les personnes peu recommandables défilèrent alors à toute vitesse dans la tête de la gamine. C’était un travesti ! Ou peut-être un gars machiavélique qui s’habillait en fille pour pouvoir attirer d’autres filles et qui voulait... Se méfiant à présent, l’aiglonne s’écarta et nagea vers le bord du bassin, prête à bondir dehors s’il le fallait.

- Je suis métamorphomage, mais CHUT! C'est un secret...... Je ne suis pas un travesti pervers ou je ne sais quoi hein!

Bon, déjà ce n’était pas un travesti pervers... Quoique si c’en était vraiment un, il n’allait pas le reconnaître et donc forcément nierait, ce qui voudrait dire en toute logique que si quelqu’un affirme qu’il n’est pas un travesti pervers, cela signifiait qu’il en était un Toutefois, la fillette finit par réagir sur un des mots que le garçon/fille avait prononcé. Metamorphomage... Etrangement, elle avait vu ça dans un bouquin de potions...

- Oh, je me rappelle, j’ai lu un passage sur la Metamorphomagie il y a un moment. J’avais trouvé ça fascinant ! Comment on pouvait changer son apparence comme ça pour ressembler à n’importe qui ! Encore mieux que le polynectar !

Potion compliquée qu’il tardait d’ailleurs à la fillette de pouvoir réaliser. Pouvoir ressembler à qui on voulait, même si ça ne durait qu’une heure, avait un attrait tout à fait compréhensible. Mais pouvoir faire ça sans potion, et à volonté ! C’était un don extraordinaire ! Intriguée qu’elle était par le talent inattendu de sa nouvelle rencontre, Calypso ne se préoccupa plus que c’était une fille dans le corps d’un garçon et se rapprocha d’elle.

- Mais comment tu fais pour maintenir une autre apparence ? Je veux dire, il faut que tu penses à une image globale de la personne ou est-ce que t’es obligé de te concentrer sur chaque petit détail ?

Dans ce cas-là, cela devait prendre une éternité pour se "transformer" ainsi... La réflexion de sa voisine aquatique s’interposa alors et mit fin à sa comparaison théorique entre le polynectar et la métamorphomagie.

- Quoi... ? commença Calypso, tournant alors la tête pour assister au spectacle d’Alice qui se lavait tranquillement les cheveux, comme si de rien n’était. Fronçant légèrement le front, elle poursuivit, Je savais même pas qu’il y avait un passage secret dans le coin, mais c’est pas étonnant, il y en pas mal dans le château.

Ses chaussures étaient en train de la tuer... Prenant appui sur le rebord, Calypso enleva d’abord la gauche, grimaçant quand elle vida l’eau qu’elle contenait et la posa en dehors du bassin. Procédant de la même manière sur l’autre, la rousse se demandait si elles allaient être récupérables. Certes, il y avait des sorts de séchages – sort qui entre parenthèses elle ne connaissait pas encore – mais est-ce que ça serait suffisant...

- Dis, tu ne trouves pas le cours d'études de moldus un peu ennuyeux? Spécial? Non mais je ne dis pas ça du tout par rapport à l'enseignante hein! Juste comme ça, pas méchamment hein... Je parle de la matière en soi même quoi.

Qu’est-ce que c’était que ce genre de question... Cela semblait être une remarque tout à fait anodine et pourtant il/elle avait quand même l’air de se plaindre de la Carrow, ce qui serait très mal vu si c’était entendu par quelqu’un à sa botte. Mais qui savait vraiment de quel côté Alice était... Sa question pouvait en effet très bien avoir été un piège.

- Oui... c’est spécial... et pénible que ça soit obligatoire maintenant... Surtout pour ceux qui connaissent déjà le monde moldu. Ils savent déjà ce qu’il y a savoir et c’est inutile pour eux, enfin je pense... Et puis, disons que les Carrow ont une méthode d’enseignement très particulière...

C’était le moins que l’on puisse dire... Rien qu’à la manière qu’ils distribuaient les sorts en classe... En attendant, Calypso espérait qu’elle ne s’était pas trop trahie si la brune était une pro-Carrow. Après tout, elle avait quitté son dortoir dans le but même de fabriquer une potion pour utiliser contre un de ces horribles tortionnaires. Cela ne le ferait pas si Alice la dénonçait. Son instinct lui disait que non, mais sait-on jamais.

- Au fait, je te connais ? Sous ta vraie forme, je veux dire...

Se maintenant à flot dans le grand bassin, Calypso n’avait qu’une envie, sortir de là et se sécher le plus possible même si elle savait que ça serait impossible. Pas quand c’était comme ça et qu’on ne savait pas les sorts nécessaires. Mais au mieux, elle pourrait limiter l’étendue des dégâts. L’anglaise avait horreur d’avoir ses vêtements mouillés. D’accord, l’eau était chaude et elle ne risquait pas d’avoir un rhume mais ce n’était pas du tout confortable. Ça collait de trop. La fillette ne savait vraiment pas comment Alice – ou quelque soit son véritable prénom – faisait pour se laver aussi sereinement les cheveux alors qu’elle était vêtue. Cela ne la dérangeait pas ? A croire que la seconde année était la seule censée pour trouver ça vraiment bizarre.

Cependant, la rousse était bien obligée de rester dans l’eau car la menace Rusard n’était pas terminée. Il était déjà entré dans la salle de bains et rien ne l’empêchait d’y revenir une deuxième fois car malheureusement il était toujours là. Vu les bruits qui filtraient à travers la porte, le Cracmol rôdait toujours dans le couloir et c’était certainement à cause de Miss Teigne. Même si la chatte n’avait pas daignée – ou osée – pénétrer dans la pièce de peur de mouiller ses précieuses pattes, il n’en restait pas moins qu’elle savait qu’il y avait des intrus et cherchait à le faire savoir à son maître. Il n’y avait plus qu’à espérer que le concierge se lasse de faire les cent pas ou, encore mieux, que Peeves fasse des siennes pour qu’il déguerpisse.

Prenant son mal en patience, l’aiglonne observait les traits du métamorphomage, essayant d’identifier qui cela pouvait bien être. Au moins, cette sortie lui aura appris plein de choses sur ce don qu’elle ne connaissait que très vaguement. Elle avait su l’effet général mais n’avait eu aucune idée des spécifiques. Cependant, à entendre Alice, c’était quelque chose d’extrêmement dur à maîtriser et demandait beaucoup de concentration. D’un côté, c’était moins pratique que le polynectar qui lui permettait de prendre l’apparence de quelqu’un de réel – vraiment utile quand on voulait faire quelque chose d’interdit - , mais de l’autre c’était plus fiable car au moins il n’y avait pas de limite de temps. De toute façon, la comparaison était un peu inutile finalement puisqu’il fallait naître avec ce don pour pouvoir l’utiliser et c’était très rare.

- Tiens, tu en veux? Il sent la vanille! J'adore ce parfum

Calypso regarda la bouteille de shampooing que lui tendait sa compagne de bain d’un air bizarre, comme si c’était un spécimen d’une autre planète, avant de secouer la tête.

- Non merci, j’ai pas envie d’avoir plein de mousse dans mes vêtements...

La bleue et bronze ne pouvait rien faire pour l’eau et les bulles, mais elle n’allait pas en rajouter non plus. Elle se contenta de regarder Alice, se demanda pourquoi elle n’avait pas repris sa vraie apparence. Après tout, elle était maintenant au courant et elle n’allait pas s’enfuir en hurlant, avertissant ainsi à tout le monde qu’il y avait un travesti dans les salles de bain. A moins que elle/lui aussi craignait le retour du Cracmol... Néanmoins, la fillette était très curieuse de sa vraie identité et ne put s’empêcher de lui demander si elle le connaissait déjà.

- Oui je pense... Mais on ne s'est jamais parlé! Je te montre si tu me dis ce que tu fais ici à cette heure là... Et aussi ce que tu penses vraiment de la Carrow.

Ah ! Elle savait bien que ses traits lui disaient quelque chose ! L’aiglonne l’avait donc déjà rencontré mais ne devait pas le connaître suffisamment pour pouvoir mettre un nom dessus. En même temps, c’était un peu normal vu que le garçon/fille était plus âgé qu’elle. Cependant, la rouquine n’eut pas le temps de trop cogiter là-dessus. Maintenant qu’ils n’étaient plus dans l’urgence et que le danger Rusard avait été un peu écarté, le temps des explications était venu. D’après ses dires, l’adolescent(e) était dans le coin dans le même but qu’elle. Coïncidence ou pas, elle n’en savait rien mais s’en fichait. L’essentiel était qu’il/elle était contre la tyrannie qu’il y avait à l’école et qu’il/elle voulait combattre contre les Carrow. C’était donc un possible allié.

Aussi, Calypso ne réagit même pas à la menace d’Alice. De toute façon, c’était moins crédible quand la personne avait la tête recouverte de mousse. A vrai dire, la rouquine réfléchissait plutôt à ce qu’elle/il avait dit. Le métamorphomage avait été agressé par la Carrow et avait survécu contre elle, et pour preuve lui montra son poignet handicapé. Il/elle n’avait pas précisé le pourquoi du comment, mais il/elle avait l’air persuadé de ce qu’elle était.

- Tu es vraiment sûr qu’elle l’est... ? Mangemort, je veux dire... J’ai déjà entendu des rumeurs et tout ça mais entre le croire et être sûr... Mais si c'est vrai... C’est horrible de savoir qu’ils laissent des Mangemorts nous enseigner...

... et nous torturer... Même si Calypso avait échappé à ça, elle en connaissait qui n’avait pas eu cette chance et voir leur état après ces "retenues" lui faisait mal au coeur. S’ils travaillaient vraiment pour Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Dire-Le-Nom, qu’est-ce qui les empêchait alors de tuer ?

- Je... je n’ai pas été attaquée comme toi et je n’ai pas été collée non plus mais... Je supporte pas ce qu’ils font, c’est répugnant ! Ils envoient des sorts pour un rien en classe, torturent ceux qui osent parler contre eux... ! Et toutes les insultes qu’ils disent ! Tu sais... mon père est moldu et ça fait mal de les entendre dire que c’est qu’un animal... et de pas pouvoir le défendre...

C’était vraiment pas facile... La torture morale était toute aussi efficace que la torture physique. Sa seule consolation était que son père n’était au courant de rien. Il ne s’était jamais caché qu’il ne voulait absolument rien savoir sur le monde sorcier et Calypso s’était donc bien gardé de lui faire part des nouveaux changements politiques. L’air sombre, la Serdaigle s’agrippa au rebord du bassin et poursuivit d’une voix douce.

- Je sais que je peux pas faire grand chose, j’ai que 12 ans... ! Et je connais pas encore assez de magie. Mais si chacun fait quelque chose, même si c’est pas grand chose, alors peut-être que ça fera une différence ! Puis, poussant un grand soupir, elle avoua, J’étais venu ici pour faire une potion, pour l’utiliser contre les Carrow.

Voilà, c’était dit. Malgré sa crainte qu’il se moque d’elle et de ses ambitions bien trop grandes pour la gamine qu’elle était, Calypso lui avait dit ce qu’elle pensait. A vrai dire, à part Chris, c’était le seul à qui elle avait confié ce qu’elle pensait vraiment de la situation. Il valait mieux du reste. On ne savait jamais qui pouvait entendre ce genre de choses.

Sans faire attention, la fillette recula et appuya par mégarde sur un robinet. De celui-ci se déversa alors une multitude de bulles multicolores qui éclataient toutes les quelques secondes avec un petit pop. En soi, c’était vraiment une addition géniale digne de la salle de bains des préfets où elles se trouvaient. A chaque couleur correspondait une odeur propre, et les deux naïades étaient à présent entourées d’arômes divers et variés ; mangue, jasmin, pomme, réglisse, citrouille, santal, curry... Tant de senteurs différentes qu’il était difficile de toutes les reconnaître.

- Et toi ? Qu’est-ce que tu voulais faire exactement contre eux ? demanda-t-elle, avant de frotter son nez où une bulle à la lavande venait de s’écraser.

C’était à la fois réconfortant et terrifiant de se confier ainsi, de mettre son cœur à nu sans savoir ce que l’autre allait faire. D’autant plus, qu’en temps normal, c’était quelque chose que Calypso avait du mal à faire. Fille unique, elle avait toujours caché les tourments que lui avait causé l’absence de sa mère, même à ses meilleures amies, et même – et surtout – à son père. La rouquine avait ainsi la fâcheuse manie de tout garder pour elle, ce qui du haut de ses douze ans l’amenait à déjà accumuler un bon nombre de petits secrets qu’elle gardait précieusement pour elle. L’aiglonne n’était pas du genre à déblatérer à tout le monde tous ses états d’âmes, même si quelques bribes lui échappaient parfois. Comme aujourd’hui. Certes, Alice semblait inoffensive, malgré ses quelques airs menaçants qu’elle prenait de temps en temps, mais on ne savait jamais vraiment en qui avoir confiance. Et cette année plus que jamais.

Pourtant, les quelques doutes qu’elle pouvait encore avoir s’étaient très vite envolés. Il s’avérait que le métamorphomage semblait vraiment persuadé que c’était des Mangemorts et, à vrai dire, Calypso en avait été pratiquement convaincue. Seulement, c’était difficile de se rendre à l’évidence et de constater que ces gens avaient quasiment le contrôle de Poudlard, une école où ils étaient censés être protégés et à l’abri des horreurs du monde extérieur. La mort – le meurtre – de Dumbledore avait vraiment été une catastrophe... Maintenant, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Surtout-Pas-Prononcer-Le-Nom-Si-On-Tient-A-Sa-Vie avait libre règne que ce soit à l’école ou ailleurs...

Qu’est-ce que l’avenir leur réservait maintenant ? Même s’il n’était jamais entré en contact avec le monde sorcier, son père courrait un grave danger. Après tout, les moldus faisaient parties des premières cibles. Et quant à elle... La rouquine avait été relativement protégée jusqu’ici par son statut de sang-mêlé, mais le problème était qu’elle ne pouvait pas le prouver. L’aiglonne était au courant des recensements lancés par le Ministère et cela l’inquiétait de plus en plus. Elle ne savait rien sur sa mère et encore moins sur son véritable statut de sang. Tout ce que la fillette savait c’était qu’elle était une sorcière, mais à part ça... Aucun papier ni rien, alors comment prouver qu’elle était bien une sang-mêlé ? Elle n’avait aucun document le certifiant... Calypso était donc certaine qu’elle allait être cataloguée comme une née moldue et elle avait peur des conséquences.

- Ma mère c'est un peu pareil. C'est une Cracmol. Comme Rusard... Et ton père ? Que pense-t-il de tout cela ? Il n'a pas trop peur ? Vous vivez dans quel monde ?

Une Cracmol... ? C’était presque aussi pire que son cas aux yeux de ces racistes du sang et du pouvoir.

- Ben mon père... il sait pas du tout ce qui se passe. Je lui ai rien dis. Il... il a du mal avec la magie et il veut pas en entendre parler alors... dit-elle en haussant les épaules. En fait, j’ai toujours vécu dans le monde moldu et je savais pas que ma mère était une sorcière... ni moi d’ailleurs... Je l’ai su que quand j’ai reçu ma lettre pour Poudlard.

Une sacrée surprise et le moment où la fissure entre son père et elle avait eu lieu. Jadis complices et inséparables, leur relation avait nettement changée depuis. L’amour était toujours là évidemment mais plus rien n’était comme avant.

- Moi j'en ai 14... Mais j'ai une santé très fragile alors pour James Bond on repassera hein. Mais... Si on y met tous du sien, on pourrait réussir ! Et si on s'entraidait hein ? C'est quoi la potion que tu veux faire ?

C’était exactement ce qu’elle pensait, tout seul c’était très difficile. Même si la rouquine s’en sortait très bien sur le plan académique et était même en avance dans certains sujets, elle n’était encore qu’une deuxième année ! Et Alice était limitée elle aussi, mais sur le plan de la santé... Cependant, ils avaient quand même un avantage... Qui pourrait les soupçonner de quoi que ce soit ?

- Je sais pas trop quoi encore, il y en a plusieurs qui ont l’air intéressantes mais je m’étais pas encore décidée.

Calypso ne savait même pas si les potions étaient une bonne piste mais vu que c’était son point fort... Elle s’était dit que cela pouvait quand même aider, surtout les potions qui nécessitent le contact et non l’ingestion. Si la Serdaigle pouvait trouver ensuite le moyen de les appliquer sur des choses qui appartenaient aux Carrow, ou même aux portes de leurs quartiers... Quoique, il fallait encore trouver où étaient situés ces derniers... D’un autre côté, elle pourrait simplifier les choses et leur envoyer une lettre imbibée de ce genre de potions...

- J’avais juste pensé à des potions qui réagissent au toucher. Qu’avec un simple contact, la personne change de couleur de peau ou a plein de pustules. Ce genre de choses...

C’est sûr, dit comme ça, cela ne paraissait pas très utile pour lutter contre des Mangemorts. Mais, au moins, cela pourrait leur mettre quelques bâtons dans les roues et montrer que pas tout le monde n’était soumis à leur régime. Et puis, elle était certaine qu’il y avait des effets plus intéressants. Alice, quant à elle, proposait des petits coups pour les bloquer ou les retarder dans leurs projets. En attendant, c’était une très bonne idée. S’ils pouvaient trouver quelque chose pour les empêcher de faire leurs retenues, colles qui étaient plus des séances de torture qu’autre chose....

Pendant ce temps, le métamorphomage avait jugé qu’il n’y avait plus de risque du côté de Rusard et était sorti de l’eau. La fillette l’imita immédiatement, pressée de se retrouver au sec. Quoique... Vu que Calypso ne savait pas encore les sorts de séchage, elle se retrouvait debout, ses vêtements trempes et collant au corps. Impression très désagréable, surtout en voyant qu’Alice s’était déjà séchée... La bleue et bronze commençait à tordre son pull et sa jupe pour les essorer quand la voix d’un garçon lui fit lever la tête.

- Je m'appelle Alix en vrai. Je suis en quatrième année à Serpentard

Clignant des yeux, la gamine resta muette, observant à la place la véritable apparence de sa rencontre de la soirée. C'était vraiment un garçon... Même si elle avait su, ça faisait quand même bizarre de se retrouver devant un garçon alors qu'il y avait tout juste quelques minutes elle était en train de barboter avec une fille... Ce ne fut qu'après que Calypso réalisa ce qu'il avait dit. Un Serpentard qui se rebelle et qui veut attaquer les Carrow ? Après tout, pourquoi pas... Même si la maison était largement favorisée par la nouvelle Direction, la rousse avait quand même entendu des échos sur Deniel, l’ex-préfet des Verts et Argents. Alors, ce n’était pas si étonnant que ça que d’autres soient aussi en désaccord. Ils n’étaient pas tous pro-sang pur. De toute manière, cela ne dérangeait pas outre-mesure à la Serdaigle de se retrouver toute seule et en pleine nuit avec un disciple de Salazar. Calypso avait en général de bons rapports avec eux et, même si elle ne connaissait pas vraiment Alix, elle l’avait suffisamment vu de loin pour se rendre compte qu’il ne faisait pas partie de ces élitistes qui se croyaient tout permis.

- Ça te dit si on s'allie ?

Fascinée, l’aiglonne vit les traits d’Alix changer peu à peu pour laisser place au visage d’Alice. Ce don allait certainement leur être utile, ne serait-ce que pour effacer leurs traces.

- Bien sûr déclara la fillette avec un sourire. C’est une super idée ! On sera plus efficaces à deux, et ça sera moins risqué. Je sais pas trop encore comment on pourrait faire mais tu as raison, il faudrait les empêcher de faire leurs retenues. C’est là qu’ils font le plus de mal... Je connais quelques passages secrets mais je sais pas trop si ça servira. Ils sont loin de leurs bureaux...

Plus elle y pensait, plus elle était enthousiaste. Elle en oubliait même son état déplorable de chat mouillé. Calypso n’avait pas trop su où aller, elle avait juste un vague plan en tête mais n’aurait pas su quoi faire après. Elle avait de bonnes intentions mais faire ce genre de choses toute seule c’était terrifiant. D’autant plus que si elle était prise, ce n’était pas simplement une perte de points et des classiques retenues. Non, les conséquences seraient beaucoup plus graves. Mais avec un complice... Ils s’aideraient et l’un pourrait faire le guet pour l’autre. Tout paraissait maintenant à portée de main, tout avait l’air plus facile. Ils allaient changer les choses !

- Mais ça sera difficile je pense... A mon avis, ils protègent bien leurs bureaux... On pourrait peut-être commencer par quelque chose de plus simple mais qui les gêneront tout autant. Tu aurais des idées ?

Maintenant que le danger immédiat de Rusard était passé, l’esprit de Calypso fourmillait de toutes les possibilités qui s’offraient à présent qu’elle n’était plus seule. Se rebeller était une bonne chose mais quand on était seule, c’était difficile et ça n’allait jamais bien loin. Par contre, une révolte à deux était bien mieux, plus de chance de faire quelque chose de percutant et moins de risque de se faire attraper. D’autant plus que le don d’Alix était comme un cadeau du ciel. Comment pourrait-on coincer et punir une fille qui n’existait pas réellement ? Tant que le métamorphomage avait le contrôle sur son pouvoir, il ne pourrait rien lui arriver. Quant à elle... qui penserait à la soupçonner d’appartenir à un quelconque mouvement terroriste ? Sa discrétion et son sérieux parlaient en sa faveur vu que personne n’avait connaissance de ses quelques entorses au règlement... Sans compter son âge... Franchement, qui se méfierait d’une gamine de douze ans ? Plus la rouquine y pensait, plus elle songeait qu’Alice et elle ferait une bonne équipe. Il ne restait plus qu’à se décider sur quoi faire exactement.

- Oui! Pendant un repas... Ou un cours... Ou l'une de ses fameuses prises de paroles; quand elle fait le point dans la grande salle pendant au moins 15 minutes et que l'on doit tous l'écouter là. D'ailleurs je crois qu'elle a dit qu'elle parlerait bientôt; pour remettre les choses à leur place paraît-il. Mais je ne sais pas pour les pustules. Elle pourrait facilement éliminer ça d'un coup de baguette; tu ne penses pas ?

Il était vrai que la Carrow aimait s’entendre parler. Calypso ne comptait plus ses longs monologues qui ne se résumaient en fait qu’à une seule chose : l’apologie des Sangs Purs. Tous les autres étaient considérés comme des déchets, des moins que riens qui ne méritaient pas de vivre. Malheureusement, ils n’avaient pas d’autre choix que d’écouter sans réagir. Ceux qui le faisaient ayant une invitation immédiate dans son bureau... Aussi, la proposition d’Alice plaisait beaucoup à la rouquine. S’ils parvenaient à trouver un moyen de la faire taire, non seulement ça la ridiculiserait mais en plus cela leur épargnerait un énième discours raciste. Le seul problème étant qu’un simple Silencio ne suffirait certainement pas. Et la Serdaigle ignorait s’il existait une potion qui avait le même effet. Ce qui était dommage vu les avantages que ça présentait comme elle rappela à sa future complice.

- Ben non, c’est justement ce qui est bien avec les potions par rapport aux sortilèges. On peut pas enlever l’effet avec un simple contresort. Il faut un antidote ou attendre que ça passe. Et je pense pas que les Carrow se baladent avec ce genre de chose.

Quoique Rogue lui pourrait très bien... L’ex Maître des Potions était un expert de ce genre de choses et s’il était suffisamment paranoïaque, il pourrait avoir ce qu’il fallait sous la main. La seule solution serait de faire leur coup quand le Directeur n’était pas dans les parages.

- Ce qui serait extra, c'est qu'en plus d'être couverte de pustules, elle soit muette... Pour pas qu'elle enlève les effets deux secondes après. Tu crois qu'elle connait les sorts informulés ? Ou que quelqu'un viendra l'aider? Moi je me méfie de Bachelard. Il est tout bizarre avec elle, tu verrais comment il la dévore du regard... Beurk !

Calypso grimaça soudain à cette remarque. La fillette avait encore du mal à digérer la grande trahison d’un de ses professeurs préférés et le voir en plus faire les yeux doux à cette femme... Cela lui donnait vraiment envie de vomir. Mais au moins, cela donnait une envie de plus de recouvrir son corps d’horribles pustules nauséabondes et bien dégoûtantes. L’aiglonne avait pensé au prime abord que cela serait une vengeance un peu infantile mais finalement si on ajoutait ça avec autre chose, ça serait encore plus génial.

- Oui, ça serait super de la faire taire pour une fois. De ne plus entendre toutes ses insultes et ses mensonges... Oh merci ! ajouta soudainement Calypso quand le métamorphomage la sécha. Mais même si on arrive à lui lancer un silencio, ça servira à rien. C’est pas une incapable, surtout si elle est une Mangemort, alors les sorts informulés elle doit connaître...

Soulagée de ne plus patauger dans ses vêtements trempes, bien qu’ils étaient encore un peu raidis par la mousse du bain, la rouquine attrapa ses chaussures et s’installa sur un des bancs pour les enfiler. Eerk ! Elles n’étaient pas complètement sèches elles par contre, et c’était vraiment désagréable. Sans compter les splouch et autres bruits bizarres qu’elle allait faire en marchant. L’aiglonne espérait que le passage sera dégagé jusqu’à sa Tour...

- Et j'oubliais... Il faudrait signer, revendiquer notre action non ?

Pour une inexplicable raison, l’esprit de la rousse bondit sur l’image de Zorro qui signait à chaque fois ses coups d’éclat de la pointe de son épée. Et elle ne pouvait pas s’empêcher de sourire à cette image. Pour la fillette qui était une grande amatrice de romans d’aventures, cela avait évidemment un attrait tout particulier. Alors bien sûr, ils ne pourraient pas faire l’équivalent – quoique – mais outre le fait de faire quelque chose d’utile, cela serait bien en effet de montrer qu’ils étaient un groupe bien décidé à continuer leurs actions. Même s’ils n’étaient que des gamins et qu’ils étaient plutôt effrayés de ce qu’ils allaient faire.

- Oui, t’as raison. Il nous faudrait un nom de code. Et puis, avant de commencer quoi que ce soit, il faut s’organiser. Trouver des cachettes comme tu as dis, ça sera utile pour cacher les trucs qu’on a besoin pour nos coups. Et aussi, trouver un endroit discret où on peut se retrouver pour discuter de ce qu’on veut faire. Je ne connais pas vraiment de salle secrète mais il y a plein de classes inutilisées où personne ne va jamais qu’on pourrait utiliser. Il faudra juste faire attention aux rondes des préfets.