*Ah mais pourquoi est-ce que ce putain d'hiver a choisi de nous envoyer de la flotte sous forme liquide dans laggle à la place des flocons ? On est plus que trempés, c'est super pas confortable, et ça fait un entraînement pourri...*

Telles étaient, en substance, les pensées de Kael alors qu'il rentrait au château. Un entraînement de Quidditch de Poufsouffle venait d'avoir lieu. En tant que Capitaine, il l'avait dirigé, et trouvait que son équipe se débrouillait très bien, il ne manquait plus qu'à confirmer tout ça lors du premier match, contre Serpentard, si toutefois il avait lieu un jour... A moins qu'on ne passe directement au deuxième. Enfin, bref, quel que soit l'adversaire, le Celte était sûr des siens, certain de leur forme et de leur efficacité. Le seul truc, c'était ce temps.

Lundi soir d'hiver, il faisait déjà nuit, les projecteurs n'avaient cessé pendant deux heures d'éclairer le terrain à travers un rideau d'eau plutôt épais, presque opaque. Conditions idéales pour se tester, bien sûr. Même si le Septième Année aurait préféré qu'il neige, plutôt qu'il pleuve. Tous étaient passés par les vestiaires, certains pour se doucher, d'autres pour se changer, mais lui. Non, Kael avait simplement félicité ses joueurs avant de se diriger directement vers le château, son balai sur l'épaule.

*Ah, la salle de bain des Préfets... le bonheur que ça s'ra quand j'y s'rai... pas l'droit, mais m'en fous, personne s'est jamais privé...*

Il traversa d'un pas rapide le hall, descendit les escaliers vers sa salle commune, traversa ladite salle jusqu'à son dortoir, y laissa son balai et ses protections de quidditch, attrapa sa serviette, un boxer, un t-shirt et un jean, ainsi que sa paire de claquettes, et repartit dans l'autre sens. Les couloirs étaient déserts, tout le monde se trouvait dans la grande salle. Mais lui n'avait pas faim, il avait juste envie d'aller tremper dans l'eau chaude.

Ses pas le menèrent presque naturellement jusqu'au Cinquième Etage, devant la porte des Salles de bain des Préfets... Là, il se dit que... le mot de passe ne marcherait peut-être pas. Il devait avoir changé... Il essaya, et comme il l'avait senti, ce fut sans succès. Un regard d'un côté, un regard de l'autre, personne dans le couloir.

"Hum, alors, voyons..." commença-t-il, à haute voix, pour lui-même.

Ca serait vraiment dommage qu'il ait fait tout ce trajet jusque là pour rien ! Il n'allait quand même pas retourner dans son dortoir et prendre une douche là-bas ? Non, c'était là qu'il voulait entrer. Parce qu'ailleurs, c'est moins bien. Et de loin. Ainsi, donc, il eut une idée. Un tableau représentant une petite sorcière à l'air sympathique était accroché juste à côté de la porte.

"Le bonsoir, chère dame !" la salua-t-il, après avoir déposé ses affaires, et en effectuant une courbette.

D'abord surprise, la femme gloussa.

"Oh, vous alors. Vous n'êtes plus Préfet, il me semble..."

Hein, comment... ah ! Elle savait, c'était normal. Tous les tableaux du château devaient se passer le mot dès qu'une décision était prise.

"Et bien, en effet, oui. Vous savez, c'est dur de perdre ses privilèges... On s'y fait, naturellement, mais il y a toujours quelque chose qui manque..."

Un air de nostalgie passa sur son visage, air qu'il pensa très convaincant.

"La Salle de Bain, par exemple ?"

Un petit sourire apparut sur les lèvres de Kael. Un petit sourire entendu.

"Le mot de passe est..."

Elle lui fit signe d'approcher, ce que fit le Poufsouffle, excité. Son plan avait réussi. Lorsqu'elle eut murmuré la formule à ses oreilles, le Celte se recula, un large sourire aux lèvres.

"Merci, merci ! Je vous promets que j'le répèt'rai pas !"

Pour faire bonne figure, il effectua une nouvelle révérence. Et prononça le mot de passe. Le cliquetis caractéristique d'une porte qui se déverrouille retentit à ses oreilles, ce qui élargit son sourire, si toutefois c'était possible. Après avoir regardé encore une fois de chaque côté, pour s'assurer qu'il n'y avait personne, le Jaune et Noir récupéra ses affaires et entra dans la fameuse pièce...

Il était déjà venu plusieurs fois, aussi ne fut-il pas émerveillé devant la splendeur des lieux. Pas du genre à redécouvrir à chaque fois... Immédiatement, il ôta chaussures, chaussettes et robe trempée avant de courir, vêtu d'un boxer blanc -mouillé, donc hum...- jusqu'aux robinets qu'il ouvrit tous les uns après les autres. Le bassin commença à se remplir de couleurs et de mousses. Les bulles volaient dans la pièce et les doux parfums se répandaient.

"Ah ! Ca fait tellement longtemps !" s'exclama-t-il, bras écartés, en Français.

Le remplissage ne prit pas plus de trois minutes, et tout s'arrêta avant que l'immense piscine ne déborde. Ni une, ni deux, le Poufsouffle ôta le dernier vêtement qui lui restait, l'expédia avec ses autres affaires, et effectua un plongeon parfait. Le contact entre sa peau et l'onde chaude fut réconfortante et presque aussitôt reposante... Se laissant aller, le Celte s'étendit sur le dos, parfaitement détendu, alors que la mousse le recouvrait.

Détendu. Détendu, détendu, détendu. Qui c'est qui est détendu ? C'est Kael qui est détendu. Il est détendu, détendu, détenduuuuuu. C'était en gros l'état dans lequel l'ami Celte se trouvait. Toujours sur le dos, il avait fermé les yeux, respirant les douces effluves qui parfumaient le bain. A un moment, cependant, il se mit à toussoter. Pourquoi ? Parce que sa bouche entrouverte avait soudain été recouverte de mousse. Oui, la mousse l'avait lentement recouvert, et ce jusqu'à la tête. Et un peu de ces bulles agglutinées s'était infiltré entre ses lèvres. Et donc, il toussota. Normal, logique, logique, normal. Ouvrant les yeux, il put voir quelle était la cause de son étouffement. Et donc, d'un large geste du bras, il balaya la légère couverture, créant un cercle autour de sa tête, suffisamment dégagé pour lui laisser de la marge.

Lorsque ce fut fait, il replongea dans sa méditation silencieuse. Par méditation silencieuse, je n'entends rien de particulier. C'est juste une belle façon de dire qu'il somnolait. "Méditation silencieuse", ça fait intello. Non ? Bon. Et il finit par piquer du nez. Façon de parler, là encore, parce qu'étant sur le dos, il ne pouvait pas littéralement piquer du nez. Ainsi, son visage glissa lentement sous la surface de l'onde colorée jusqu'à ce que l'eau ne glisse dans sa bouche et ses narines.

"Ouarg ! Kof kof kof..."

Ayant repris une position verticale, Kael recracha le vicieux liquide qui venait de s'introduire par effraction dans son système respiratoire. Une fois qu'il fut parfaitement remis, il décida de ne pas renouveler l'expérience, et se mit donc à faire des longueurs. Jusqu'à ce que la porte ne s'ouvre. Le Poufsouffle nagea jusqu'au bord du bassin, à l'opposé du côté où se trouvait l'entrée de la salle de bains, et rassembla de la mousse devant lui, de façon à pouvoir se dissimuler à la vue de la personne qui entrait.

Et là, il put constater qu'il n'y avait rien à craindre de l'élève qui entrait. Bien au contraire, puisque c'était son cousin ! Un large sourire se dessina sur les lèvres du Jaune et Noir. Mais il semblait que le Deuxième Année ne l'avait pas remarqué. Il avait l'air plutôt pas content, le Gogo, et ne parut même pas se demander pourquoi le bassin était rempli. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le Serdaigle se retrouva en tenue d'Adam, ce qui fit renaître un petit sourire amusé chez Kael, le large sourire étant retombé alors qu'il s'apercevait qu'il n'avait pas été remarqué.

Et sans plus de cérémonie, le Bleu et Bronze plongea dans la chaleur du bain. Les remous atteignirent à peine le blond alors que le brun disparaissait avant de reparaître dans la mousse. Là, il était peut-être temps de se manifester, quand même. Kael hésita. Lui faire peur ? Faire ça en douceur ? Finalement, vu que Gauvain avait l'air d'avoir besoin de se détendre, le Septième Année décida de faire ça simplement.

"Gauvain ?"

Malgré la douceur, la réaction du cousin fut surprenante. Comme si... il s'était attendu à voir quelqu'un d'autre ! En effet, Gogo... soupira ! De soulagement ! Avait-il cru qu'une personne en particulier serait là ? Ou bien avait-il eu peur d'être surpris ? Un voile de mystère enveloppait cette histoire, mais Kael en aurait le fin mot.

"Ah c'est toi. Tu m'as fait peur, j'ai cru que c'était encore... Bref, peu importe. Qu'est-ce que tu fais ici ?"

Ah ! Ca c'était une question stupide ! Donc, ça appelait une réponse... stupide. Comptez sur l'ami Poufsouffle pour ça, évidemment.

"Oh, pas grand chose, une petite ballade. L'air est vivifiant, tu ne trouves pas ? Tant que je ne me perds pas..."

Et bien sûr, il avait répondu en Français. Car oui, quand ils étaient ensemble, c'était la langue de ce cher Jean-Baptiste qui était utilisée.

"T'as cru qu'j'étais quelqu'un d'autre ? T'as eu peur que c'soit un prof ou un préfet ?"

Tout en parlant, en quelques brasses, il s'était rapproché.

"Qu'est-ce qui t'arrive ?" ajouta-t-il, un peu plus soucieux.

Ben oui, il s'inquiétait, quand même !

- Ouais, si c’est en se prenant des râteaux qu’on devient un homme, ça explique que tu sois un homme, un vrai jardinier !

Le Celte, sorti de ses pensées, tourna la tête vers son cousin. Il n'avait pas le moins du monde été touché par cette réplique. Il était juste... surpris. Côté coeur, il n'avait jamais rien dit à son cousin... Alors cette remarque là n'avait pas lieu d'être en fait. Mais il ne pouvait pas lui en vouloir. Kael n'avait jamais pris de râteau. Il n'en avait jamais même donné. Ca s'était toujours très bien passé lorsqu'il avait commencé des histoires d'amour. Tout comme ça s'était passé... en douceur, lorsqu'elles avaient dû s'achever.

"Y a d'autres façon de dev'nir un homme, heureus'ment. Les râteaux, c'pas mon truc. J'espère que ça restera comme ça..."

Le Poufsouffle, à la suite de cette petite précision, jeta donc un oeil vers la porte. N'importe quel Préfet, ou même, Préfet-en-Chef, pouvait débarquer, là, maintenant, pour venir profiter de l'eau chaude. Le Poufsouffle était plutôt partageur, mais là, il préférait que ça reste entre son cousin et lui. Et là, il ne vit pas venir l'attaque. Un objet volant non identifié vint entrer en contact avec son visage. Aucune douleur, puisque c'était une éponge, mais sous le coup de la surprise, il bascula en arrière.

- Attention, éponge volaaaaante ! avait crié le Serdaigle, alors que l'éponge atteignait sa cible.

Le Jaune et Noir se releva immédiatement. Il avait récupéré la fameuse éponge et cherchait l'auteur de cet attentat contre sa personne. Peu lui importait d'être aussi vêtu qu'Adam. Gauvain pouvait admirer à loisir le magnifique corps de son cousin, quitte à se brûler les yeux. Repérant dans le nuage de mousse la tête brune du Bleu et Bronze, Kael s'écria :

"Contre-attaaaaaaaaaque !"

Puis le geste suivit la parole, et le projectile fut expédié. Sans plus attendre, l'aîné fit deux grands pas et effectua un plongeon parfait, crevant sans faire de vague la surface colorée, pour en émerger un peu plus loin. Il n'avait trouvé qu'une seule autre éponge, et il ne se posa pas de question, il la lança directement. Désormais sans munition, il opta pour une nouvelle tactique.

"Wouhou ! J'suis là !" lança-t-il, avant de disparaître sous l'eau.

Il ouvrit les yeux, cherchant du regard où était Gauvain, et il repéra ses jambes, à quelques mètres de lui. Il nagea sur sa droite, pour à nouveau se manifester :

"Hep ! Par ici !"

Puis il alla tout à gauche, et recommença :

"Hep ! Je... oh !"

Là, il y avait trois éponges ! Tout sourire, il les prit toutes les trois. Maintenant armé, il n'avait plus qu'à se défendre, puisqu'il en avait les moyens.

"Je suis prêt ! Aha !"

Le retour rapide du projectile surprit légèrement Gauvain, qui ne put esquiver. L’éponge rebondit sur sa tête avec un gros « splotch » humide, qui fut cependant couvert par le bruit du plongeon de Kaelir, qui progressait sous l’eau à la recherche de munitions. Récupérant les deux obus mous, aqueux et indolores, un dans chaque main, il se planta sur ses deux jambes et tenta d’ajuster sa cible qui ne cessait de s’immerger afin d’éviter les tirs. Combat intéressant.
 
"Je suis prêt ! Aha !"
 
Et en plus, il y avait de la provocation ! Cela ne pouvait rester impuni. Le Serdaigle faillit renoncer à toute prudente et se précipiter vers son adversaire quand il vit que le cousin était tombé sur un arsenal. Une retraite stratégique s’imposait. Plongeant dans la mousse qui s’accumulait sur la moitié de la baignoire gigantesque, Gogo disparut du champ de vision. Inconvénient : il ne voyait plus sa cible non plus. Voir et être vu, tel était le dilemme qui se posait à l’ado. Un affrontement frontal ne donnerait qu’un match nul, voire une défaite car Kaelir était loin d’être un manche à ce genre de sport.

Le petit brun phosphorait à toutes berzingues. Comment détourner l'attention de son cousin afin de procéder à une attaque éclair? Cette situation de statu quo ne pouvait perdurer jusqu'à ce que l'eau soit froide, si tant était qu'elle refroidissait jamais dans cette baignoire-piscine magique. Bon, il y avait bien ce vieux truc, un peu éculé, mais c'étaient parfois les tactiques les plus simples les plus payantes. D'une voix forte et aussi apeurée qu'il le pouvait, Gogo dit:

- Oh, bonjour professeur Carrow...

Et dans l'espoir que ce subterfuge tromperait Kaelir, l'aiglon surgit du bain de mousse et lança une salve de deux éponges en direction de son cousin...

La tactique du Celte eut un seul effet : celui de perturber son cousin qui décida de ne pas attaquer. Peut-être le Serdaigle sentait-il que s'il sortait de sa cachette, il s'en prendrait juste plein la tête. La guerre de mouvement devint donc une guerre de position. Chacun des deux belligérants demeurait dans sa tranchée de mousse, des munitions à portée de main en cas d'attaque impromptue de la part de l'ennemi.

- Oh, bonjour professeur Carrow...

Kael était à l'affut. Professeur Carrow, ha ha, prof... quoi ? Fronçant les sourcils, le Poufsouffle eut un moment d'hésitation. Etait-ce une ruse ? Si ça avait été vrai, Gogo aurait certainement dit autre chose. A moins d'être sûr qu'il allait être puni, et dans ce cas se contenter de saluer le professeur était applicable, même en le faisant fort. Mais si Carrow était vraiment là, le Jaune et Noir l'aurait entendu entrer. Sauf si... d'ailleurs, de quel Carrow pouvait-il s'agir ? Le grand dadais ou la grosse moche ? L'ancien Préfet et Préfet-en-Chef prit la décision de risquer un coup d'oeil. S'y attendant un peu, il évita l'éponge lancée par le cousin.

Mais ce qu'il n'avait pas attendu, c'était le deuxième projectile. Aussi se le prit-il en pleine poire, partant la renverse. Il émergea et se saisit des trois objets volants identifiés qu'il avait trouvés. Plus de quartier. Au passage, il prit même celles qu'il venait de recevoir. Cinq, c'était parfait.

"Maintenant, à nous deux !"

Il localisa sa cible en sautant un peu dans l'eau, et envoya un premier missile. Puis il s'approcha, avant d'en lancer un deuxième. Puis il eut une idée. La mousse formait un obstacle dans son champ de vision, il fallait donc prendre de la hauteur. Donc, à nouveau, il s'extirpa du bassin. De là où il était, la tête brune de son cousin apparaissait parfaitement.

"Attrape ça, et ça et ça !" s'exclama-t-il, en jetant l'une après l'autre chacune des éponges qui lui restaient.

Puis il décida d'enchaîner, en plongeant à nouveau. Sauf que cette fois, il ne reparut pas à la surface. Il se dirigea en effet directement vers les jambes de Gauvain. Il lui attrapa les pieds et tira vers le bas. Enfin, sa chevelure blonde creva la surface alors qu'il éclatait de rire. Ca faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas amusé comme ça.

"T'as failli m'avoir avec Carrow, mais j'm'attendais à un coup tordu d'ta part !"

L’attaque éclair que Gauvain asséna à son cousin, profitant de la diversion si subtilement créée (NDLA : hum…) fut couronnée de succès au second essai, l’éponge s’écrasant avant un gros « splotch » humide et visqueux en plein sur la tête de Kaelir. Levant les bras au ciel, il laissa s’exprimer sa satisfaction toute enfantine par un grand « Ahaaa ! ». Coup double ! Si seulement il avait eu pied, il aurait bien volontiers entamé la danse sioux de la victoire, ou en tout cas ce qui devait en tenir lieu dans son esprit.

Mais le cri de victoire s’éteignit dans la gorge du Serdaigle quand il constata que son assaut impétueux l’avait amené en terrain presque découvert, si ce n’était un brouillard mousseux trop peu abondant que pour le masquer complètement. Et non seulement il constituait une cible rêvée, mais en plus il était désarmé, n’ayant même pas conservé de munitions de dissuasion stratégique. Prudence est mère de sûreté. Pour le compte, Gogo était bien dans la mouise tiens…

Et évidemment, la contre-attaque pouffysienne ne se fit pas attendre. Les deux premiers projectiles furent évités, mais pas la triple attaque en piqué provenant du bord du bassin, chaque éponge s’écrasant sur la tête brune dans une gerbe d’eau et de mousse qui emplit les yeux du jeune adolescent. Aveuglé par tant de fourberie, il ne put discerner la manœuvre sous-marine de Kaelir et sentit juste un strangulot lui saisir les membres inférieurs et l’entraîner vers les abysses infernaux, ce qui lui fit boire la tasse.

"T'as failli m'avoir avec Carrow, mais j'm'attendais à un coup tordu d'ta part !"

Une fois de retour à la surface, toussant et crachant, Gauvain se frotta les yeux afin de récupérer une vision plus ou moins normale. Sa stratégie s’était avérée un échec cuisant même s’il avait enregistré quelques victoires au début. Bon joueur, il admit :

- Bon, je reconnais ma défaite, mais ma vengeance sera terrible !

Riant et pleurant à la fois, à cause de la mousse, il alla s’adosser à la baignoire olympique, les bras posant sur le bord de celle-ci. Reprenant doucement son souffle, il profitait du moment, simplement. Un instant d’évasion et de joies dans la grisaille du quotidien, qui se rappelait malheureusement trop vite à lui.

- Qu’est-ce que ça fait du bien… A ton avis, ça va durer encore longtemps les Carrownerries ?

- Oh, entre l’intention et l’action, il y a de la marge…

Le Celte ne posa pas de question suite à cette réplique un peu énigmatique. Si son cousin avait l'intention de faire quelque chose, pourrait-il l'en empêcher ? Le déconseiller ne suffirait sans doute pas. Certes, il n'était pas un bon exemple, mais lui était majeur et en Septième Année. Gauvain, lui, n'était qu'en Deuxième Année, et Kael avait une certaine responsabilité. Alors qu'il séchait ses affaires, le Serdaigle s'extasia. Avec une petite pique derrière. Ce qui n'eut aucun effet sur le Poufsouffle. Ou en tout cas, il ne se vexa pas.

"Bien sûr, je peux t'apprendre ! Enfin, le sort, du moins, parce que les sortilèges informulés, c'est pas pour tout de suite..."

Et sur ce, il... retira son boxer, qu'il posa avec ses autres vêtements qu'il avait déjà séchés.

"Bien vu, je pense que c'est mieux pour accueillir une Préfète." fit-il, avec un sourire entendu, en désignant la porte.

Puis il attrapa son pantalon, qu'il n'avait pas encore séché.

"On ne peut pas dire que tu sois dans une tenue bien plus approprié..." glissa-t-il, avant de pointer sa baguette magique sur le vêtement.

Tel un professeur -à l'exception de la tenue, il expliqua :

"La formule est simple. Il faut un minimum de concentration, bien sûr, pour plus d'efficacité. C'est 'Caldoventis'. Tu peux contrôler l'intensité du jet d'air chaud selon ce que tu veux."

Et sans prévenir, il dirigea sa baguette vers son cousin, avec une certaine intensité. L'équivalent d'une petite bourrasque. Il avait beau avoir presque 18 ans, c'était encore un grand gamin dans sa tête. Surtout quand il était avec son cousin et qu'il se remémorait les étés en famille, en Bretagne. Ensuite, il dirigea à nouveau le courant d'air vers son pantalon, pour finir de le sécher.

"Après, ça peut aussi servir pour d'autres choses... Par exemple, pour faire fondre de la neige ou de la glace..."

Comme ce jour où il avait retrouvé William à la lisière de la Forêt et l'avait aidé à dégager la neige pour trouver il ne savait plus trop quelle fleur...

"Bref, c'est bien pratique." conclut-t-il, en reposant son pantalon.

Et il constata qu'une de ses chaussettes traînait dans une flaque d'eau... Et c'était reparti pour le sortilège de séchage.

Kael croisa les bras, alors que son cousin, baguette à la main, s'apprêtait à lancer ce sortilège nouvellement appris. La cible choisie fut... la mousse du bain. A mesure que les tentatives s'égrainaient, le sourire de l'aîné s'élargissait malgré lui. Mais il n'avait pas envie de se moquer, ça n'était pas de la faute du Serdaigle s'il n'y arrivait pas. Le niveau magique était encore un peu faible. Mais avec le temps, il le réussirait du premier coup ! De ça, Kael était sûr. Mais Gogo, dans sa fierté toute celte, trouva tout de même une excuse :

- Je suis sûr que ma baguette ne supporte pas l’humidité. Spour ça.

Le Jaune et Noir soupira en levant le bras, qu'il fit retomber le long de son corps, dans un geste exagéré d'impuissance. Sans dire un mot. Ca ne lui ressemblait pas, mais il avait envie de voir Gauvain réussir. Aussi, il regarda la dernière tentative, qui fut une réussite. La mousse fut soufflée hors du bassin et alla s'étaler contre le mur, le long duquel elle dégoulina.

- Oups. Faudra que je travaille l’intensité maintenant. Mais outre la fonte de la neige ou de la glace, c’est pratique aussi si des préfètes se baignent ici . Besoin d ‘un coup de main pour le séchage ?

Kael rit à la remarque sur le Préfètes. Il n'y avait pas pensé... De toute façon, il n'avait pas besoin de ça... mais il découvrait que son cousin était aussi un petit pervers.

"Pas mal du tout, pour un début. C'est un sort dont on a plus souvent besoin que l'on croit. Pas sûr que l'utiliser avec les Préfètes soit vraiment un besoin, mais bon... Ca, ça devient ton problème !"

Si Gogo se prenait une claque par une fille, Kael n'en serait en aucun cas responsable. Par contre, il serait ravi d'entendre l'histoire. On ne se refaisait pas.

"Pour le séchage ? Et puis quoi, on va se faire ça mutuellement ?"

Ah, les idées du cousin...

"Tiens, au fait, tu devrais faire un peu de muscu. Ca t'aidera dans nos joutes, et les filles aiment bien les mecs avec un minimum de musculature..."

Et, sans prévenir, il lui planta un doigt dans les abdos. Avant d'enchaîner avec... une tape sur le cul .

"... je veux pas d'un cousin qui n'a pas de succès auprès des filles." conclut-il, en attrapant sa chemise.

Qu'il entreprit de sécher à son tour. Après ça, il pourrait se rhabiller et quitter les lieux. C'est fou ce que ça faisait du bien de venir ici. Il se promit d'y revenir vite. Même si c'était interdit. Surtout parce que c'était interdit.