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 Le dernier bastion imprenable [PV]
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  • Pénombre Craft
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MessageSujet: Le dernier bastion imprenable [PV]   Le dernier bastion imprenable [PV] EmptyMar 23 Fév - 21:36:30

[C'est sans grandes prétentions, hein ]


De suaves courbes laiteuses s’étiraient longuement sur la ténébreuse toile vibrante d’une obscurité palpable, se devinaient pleinement lascives, coruscantes d’humidité, sous le trouble turbulent des ombres aqueuses. Tour à tour, elles s’extirpaient gracieusement quoique sans pudeur de leur soie liquoreuse, sensuellement suintantes de mousses colorées, éthérées et vaporeuses, puis se dissimulaient aussitôt jalousement, au cœur agité des flots impétueux. Une interminable et orgueilleuse chevelure de jais ondulait lentement, passive, sensiblement entrainée par la subtilité d’un courant délicat - invisible caresse duveteuse d’une affluence fluide qui enlaçait tièdement son corps livré à la plus entière des nudités -. La partition invisible d’une muette mélodie palpitante, s’entremêlant aléatoirement en un délicieux chaos d’encre noire diffuse. Pénombre Craft savourait silencieusement une nocturne solitude bien méritée, au sein humide des bains isolés du cinquième étage. L’esprit vaguement suspendu quelque part parmi les brumeuses émanations savonneuses, douces exhalaisons nébuleuses qui envahissaient progressivement l’immense salle d’eau déserte à son exception, s’engouffrant goulument en d’innombrables volutes agitées, multitudes d’arabesques de fumées enluminés, agréablement entremêlées jusqu’au dôme élevé du plafond altier. L’heure était pourtant anormalement tardive pour effectuer quelconque prélassant acte de toilettes ou pour copieusement se détendre au cœur rassurant d’une matrice aqueuse. Sans également omettre que le rigide couvre feu destiné aux élèves de la célèbre Citadelle était largement dépassé et cela depuis longtemps. Et s’il n’y avait néanmoins aucune indérogeable raison à l’inhabituelle présence de la Serpentarde en ces lieux d’ablutions, à un instant si avancé de la nuit alors que bien nombres de ses camarades et confrères de maison avaient déjà, volontairement ou pas d’ailleurs, cédé aux enchanteresses étreintes de Morphée, elle estimait légitimement pouvoir se le permettre. Réconfort bien mérité après une longue soirée de rondes interminables.

Mais une sourde perturbation sonore extérieure à la pièce la tira soudain de sa douce léthargie. Elle s’immobilisa aussitôt dans son bain, aux aguets. Mais rien qu’un silence lisse et soyeux lui parvint aux oreilles. Elle aurait pourtant juré qu’une porte s’était refermée un peu trop violemment dans le couloir de l’étage. Pénombre soupira en accentuant la mine boudeuse de son visage.

Les sombres entrelacs de ses tatouages tribaux, aux obscures carnations mates de la nuit, se mouvèrent aussi lascivement que capricieusement sous la neige opaque de son enveloppe charnelle tandis que la consistance relativement similaire à l’huile, pourtant mate et sans aucune jonction apparente de ces tatouages conférait un aspect profondément sinistre et inquiétant à sa silhouette dénudée lorsque celle-ci s’arracha sans hâte des eaux encore brûlantes. Tourmentant sa pâle gorge en serpentant jusqu’aux liserais de son menton, de ses tempes dissimulées sous des mèches de ténèbres détrempées, la substance semblait curieusement autant de manifestations d’une présence étrangère qu’une ombre portée. Effrayante vision encore davantage densifiée par les translucides filets aqueux qui s’écoulaient du corps de la brune aux yeux clairs tandis qu’elle gravissait les dernières marches des thermes et qui conférant aux noirs lacis, le miroitant éclat d’écailles reptiliennes.

Ses longs doigts diaphanes encore moites d’humidité se posèrent, aériens papillons opalescents animés d’une légèreté désinvolte et souple, sur l’immaculé tissu froissé, un rien maltraité, d’une longue chemise d’uniforme masculine que l’Ombreuse passa calmement par-dessus les sobres sous-vêtements foncés qu’elle venait tout juste de revêtir. Il y avait déjà plusieurs semaines que l’ancienne Championne du Tournoi des Quatre Maison avait pris l’habitude de subtiliser discrètement les blouses réglementaires de Narcisse Anasar pour son propre usage personnel, comme une façon aussi inavouée que détournée, inavouable que passionnée, de marquer clairement son territoire, portant à même le satin glabre de sa peau laiteuse, l’odeur singulière émanant du parfum porté par le bel éphèbe, qu’elle conjuguait outragement du sien. Et bien que la septième année ait toujours été plus grande en taille que son ancien compagnon d’arme, la fine carrure agile et athlétique de celui-ci, sa solide stature notamment dépourvue de lourdeur et sa musculature joliment déliée, offrait plus d’une aisance de mensurations à la brune qui s’apparait aussi clandestinement que sans la moindre difficulté, des élégantes chemises ou précieux chandails de Narcisse. Leur riche étoffe s’élançait généralement jusqu’à tiers-hauteur de ses cuisses, enveloppait très approximativement ses minces bras de leur tissulaire enlacement trop généreux, accentuant présentement son allure de sylphide négligée, déjà transcendée par son interminable crinière ébène imbibant d’eau le coton blanc.

Enfin, elle tira l’ébène noire de sa baguette magique, appréhensive tandis que son autre main exerçait une pression progressive sur la poignée cuivrée de la porte de la salle de bain des Préfets…
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: Le dernier bastion imprenable [PV]   Le dernier bastion imprenable [PV] EmptyMer 24 Fév - 14:14:46

Le noir et le vide. La quiétude du silence le plus absolu. L'esprit d'Aïlin Bower s'était refermé sur lui même, comme les pétales d'une fleur qui se rétractent à la tombée de la nuit. Aucun bruit extérieur ne pouvait faire éclater la bulle de néant qui entourait le jeune homme, ses sens étaient déconnectés du monde matériel. Il n'était plus qu'une entité encagée dans son propre corps, qui lui même n'était plus qu'un rempart contre la réalité, contre un nouvel afflux de pensées. Mais la vague dévastatrice n'emporterait pas la paix ce soir là, Aïlin maîtrisait trop bien la méditation, à présent. Il entendait son propre coeur battre au fond de sa poitrine, le sang affluer par pulsions puissantes à travers chaque veine de son être, couler comme une rivière déchaînée pour préserver la vie qu'un charme miraculeux avait insufflé dans cette carcasse de chair et d'eau. L'air frais pénétrait et s'extirpait de ses narines telle une brise légère et rare, en seule preuve de la bonne santé du préfet des Aigles. En effet, ce dernier était allongé sur le dos, mains posées sur la poitrine tel un mort dans sa dernière demeure, sur la table qui se trouvait dans la salle des préfets. L'inconfort avait été une épreuve supplémentaire pour la concentration nécessaire à la méditation. Ou plutôt la déconcentration. Il devait oublier tout son corps, toute douleur susceptible, comme si son enveloppe charnelle s'était éclipsée, pour n'écouter plus que le raffut intérieur de son être, le tambour de son coeur et son orchestre.

Il n'y eut bientôt plus rien. Son corps était lointain, très lointain. Il eut-même l'impression de flotter quelque part au dessus de ce dernier, d'apercevoir le feu crépitant qui réchauffait la pièce humide, le plafond ou courait une araignée noire et velue, et le sol propre et lisse, qui scintillait sous les reflets rouges des flammes. Quelque part, ses yeux étaient clos, mais il voyait tout. Comme il n'avait jamais vu. Les chuchotements du château l'entouraient de toutes parts, et leur mélodie timide l'emplit d'une sensation de bien être insoupçonné. Il captait même un murmure cristallin, loin derrière une des portes du cinquième étage, comme de légers clapotis d'eau.
Mais où était son corps ? Que faisait-il là, flottant dans l'espace vide tel un être désincarné ? Au bien-être succéda la peur, et dans un souffle déroutant, il fut aspiré en lui-même.
La sensation de ses membres engourdis fut son premier ressenti. Le Serdaigle ouvrit les yeux. Son crâne semblait trembler de l'intérieur et il ne pouvait plus bouger. Jamais un phénomène de ce genre ne s'était produit lorsqu'il s'essayait à cette forme d'occlumencie. Le jeune homme ferma à nouveau les yeux et se concentra sur sa respiration, afin de calmer ce sentiment d'alerte et d'angoisse qui l'avaient submergé.

Lorsqu'il put enfin se redresser, il se sentit faible, vidé. Ses pensées n'étaient plus cohérentes. Il avait le souvenir des patrouilles dans les couloirs de Poudlard, mais ne se rappelait plus précisément de la raison qui l'avait poussé à abandonner son devoir pour s'isoler. Assit sur le rebord de la table, le jeune homme glissa ses mains sur son visage et laissa s'échapper d'entre ses lèvres un long soupir. Il se concentra, se remémora le cours de sa journée et sa raison, enfin, lui revint. C'était une habitude qu'il avait prise. La salle des préfets était très peu fréquentée et il connaissait les tranches d'heure où il était certain de n'y trouver personne. L'endroit était tout trouvé pour s'exercer à l'occlumencie, car il n'aimait s'y prêter dans son dortoir, à la vue de tous les autres occupants. Ce soir là en particulier, il avait voulut s'essayer à un exercice plus particulier. Après avoir vidé son esprit, il avait voulut l'explorer, trier les informations pour éloigner les plus noires et les plus récurrentes de son esprit. Il avait voulut ranger le manoir, Ultan, Torin et sa soeur quelque part au fond de son cerveau pour ne les laisser réapparaître que seulement s'il le désirait. Mais il ne se contrôlait pas encore assez bien, et s'était laissé aller vers d'autres phénomènes qu'il n'aurait jamais imaginé vivre. Il s'était défait de son propre corps. L'expérience avait été épuisante, il ne se sentait plus vivant comme au terme de chaque scéance de méditation, mais vide et stressé. Son corps réagissait à l'abandon subit de son âme. À présent, il avait besoin de se détendre.

Le couvre-feu était déjà dépassé, mais peu importait. Il y avait bien peu de risque de rencontrer qui que se soit à cette heure et si un professeur l'interceptait, son statut de préfet l'immunisait. Il n'aurait qu'à dire qu'il ne s'était pas rendu compte de l'heure tandis qu'il patrouillait. Pour le moment, son seul soucis était de se prélasser quelques temps dans la salle de bain des préfets, enveloppé de bulles multicolores et d'eau douce et claire afin de se laisser aller vers un état propice au sommeil. La porte claqua un peu fort derrière-lui et il s'y appuya quelques secondes alors qu'il se rendait compte que le sol tanguait sous ses pieds. Quelque chose, aussi, chatouillait sa lèvre supérieure. Quand il y porta sa main, il sentit un liquide épais glisser sous ses doigts. C'était du sang, un regard sur ses doigts permit de le confirmer ; son enveloppe avait décidément souffert de l'envol de son corps étherique.
Aïlin glissa ses doigts arachnéens dans une des poches de sa cape frappée du blason des Aigles, afin d'en extirper sa baguette incrustée d'ambre jaune qu'il porta lentement jusqu'à son visage.


« Curo... »

Le préfet de Serdaigle ne maîtrisait pas particulièrement ce sortilège, mais assez pour stopper l'écoulement sanguinolent. Attrapant un mouchoir de coton blanc de sa main libre, il tapota son visage afin de faire disparaître les traces de son malaise soudain, puis s'avança avec lenteur dans le profond couloir de pierre. Ses pas résonnaient à peine contre les murs gris alors qu'il s'approchait de la porte convoitée. Tout en chiffonnant nerveusement le mouchoir écarlate, il tendit la main vers la poignée. Mais avant qu'il n'ait put faire le moindre nouveau geste, la porte s'ouvrit d'elle même sur une silhouette élancée, féminine. Néanmoins, dans la pénombre la sombre forme lui apparut comme une menace et il tendit aussitôt sa baguette magique face à lui, pour se protéger d'une éventuelle attaque. Les lueurs émanantes de la salle de bain ne lui permettaient que de discerner les courbes gracieuse d'une femme qui se tenait là, juste devant lui, tenant elle aussi son arme dans une main.

Ses yeux ne mirent qu'un instant à s'habituer à l'éclat blanc de la lumière, mais ne virent en premier qu'une main laiteuse, contrastant avec l'ébène du bois qu'elle tenait fermement entre ses doigts serrés, et d'étranges symboles mouvants qui serpentaient sur son poignet. Il releva doucement le regard et celui-ci se retrouva à contempler une vision à laquelle il ne s'attendait pas. Pénombre se tenait devant lui, très légèrement vêtue, son corps fait de courbes finement ciselées, provocantes, auréolé de la blanche lumière qui émanait du clair de lune filtrant à travers les vitraux de la salle de bain, puis entrecoupé par celles plus violentes, sanguines, des flammes des chandeliers. Une âme plus émotive se serait demandée si elle avait à faire à un ange ou à Lilith, mais celle froide et raisonnée du jeune homme lui épargna de telles considérations. Cependant, il ne put s'empêcher de rester interdit quelques secondes, tandis que son esprit analysait la situation et se demandait s'il s'agissait encore d'un songe, ou de la plus stricte réalité. Il eut cependant la décence de n'observer que dans les yeux sa vis-à-vis tandis qu'il se laissait aller à ces spéculations, malgré les substances noires qui se mouvaient derrière les parcelles de peau nue et attiraient son regard, à l'instar de la chevelure de jais encore humide, parcourue de gouttes d'eau qui tombaient sur la chemise blanche, masculine, de la Serpentard.

La sensation du bois lisse entre ses doigts lui affirma qu'il était bel et bien sortit de sa transe et il baissa lentement le bras, non sans méfiance, de crainte qu'un geste trop brusque n'éveille un réflexe malheureux chez l'intrigante Préfète en chef. Si Aïlin n'avait jamais eu l'occasion d'un tête à tête avec l'ancienne petite amie de son frère Ultan, il était de notoriété publique que le caractère taciturne et ténébreux de Pénombre demandait un minimum de précautions lorsqu'un coup du destin faisait se retrouver face à elle. Nul ne savait ce qui se passait derrière ce visage fier et ces yeux d'un vert pur, presque translucide. Certainement pas lui, qui ne s'en était jamais soucié.


« Navré de t'avoir surprise, je ne pensais pas déranger qui que se soit à une heure si tardive. »

Murmura le brun à l'intention de la créature qu'il dépassait pratiquement d'une dizaine de centimètres. La première idée qui lui vint en tête fut de faire demi-tour et de s'en aller, mais, outre la nudité partielle de la brune reptilienne, elle semblait en avoir terminé avec ses ablutions nocturnes. Aussi tout espoir de s'extirper enfin de ce cocon de stress et d'épuisement mental n'était pas révolu. Sûrement allait-elle s'en aller, elle, c'était la seule chose qu'espérait Aïlin, peu désireux de se retrouver confronté à l'entourage d'un frère qu'il abhorrait, aussi plaisant à regarder était-il.
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  • Pénombre Craft
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MessageSujet: Re: Le dernier bastion imprenable [PV]   Le dernier bastion imprenable [PV] EmptyMar 9 Mar - 19:52:25

[Wala, chose promise, chose due, même loin, je me décarcasse pour toi Yeux . Je suis désolée, du coup j'ai écrit ça très très très vite aha .]


L’odeur du sang, salée, métallique, puissante malgré les effluves acidulés de la mousse environnante satura les sens aiguisés de l’Animagus en réveillant quelques sauvageries instinctives, enfouies dans l’inconscient partagé de la sorcière. Il s’agissait d’une saveur familière sous son flair, aux notes olfactives distinctives, auquel elle avait déjà goûté auparavant, maintes fois dans l’intimité intense de la fusion des corps. Le sang des Bower. Instinctivement, l’esprit de Pénombre se projeta vers Ultan, son ancien amant de Serpentard, avec qui elle avait partagé une folle quantité de nuits décadentes qui avait dans l’action, couverts de griffures sanguinolentes le corps musculeux d’Ultan. Aux dernières nouvelles, il avait pourtant rejoint les rangs du Ministère de la Magie, se pouvait-il alors qu’une présence ponctuelle du brun puisse se confirmer dans la Citadelle ? N’aurait-il pas manqué d’avertir l’une de ses maitresses favorites, en ce cas ? Pour quelles obscures raisons se manifesterait-il soudain ? A des heures si avancées de la soirée ? A mesure que la Ténébreuse se penchait sur l’hypothèse, celle-ci se révélait de plus en plus absurde et improbable. Pourtant, cette odeur, cette exhalaison à peine distincte dans le chaos d’aromates de la salle de bain ne savait la tromper…

Vers l’intérieur, la porte se déroba soudain à la volée pour lui imposer l’infime délai de surprise qui laisserait à l’Anglaise le temps de prendre l’avantage sur lui. Aussi fût-elle étonnée de constater que son visiteur nocturne portait déjà sa baguette magique au poing, fermement tenue en avant, dans une prise offensive. S’était-il embusqué pour l’attaquer ? Ou avait-il déjà été confronté à une difficulté antérieure l’ayant soumis à une prudence armée ? La question demeurait encore en suspens jusqu’à ce que la sorcière remarque la passivité réservée avec laquelle son invité conservait ses positions, ce qui dissuada finalement Pénombre de l’attaquer dans l’immédiat. Remontant le fil solide de la baguette jusque l’individu qui la tenait, le regard limpide de la Vipère s’engouffra dans le néant sombre du couloir. Les nébulosités noires, omniprésentes du boyau enveloppaient son hôte comme un suaire de ténèbres et découpait sa silhouette d’une façon floue, troublante qui incitait l’esprit à penser qu’il s’agissait d’une aura personnelle plus que d’un simple décor. On l’aurait juré telle une créature recrachée des enfers, pâle et sublime dans le frappant contraste de lumière qui conférait à son visage les accents irréels d’un songe macabre. Dans ces circonstances, elle mit quelques secondes à reconnaitre les traits monacaux d’Aïlin, le jeune cadet des Bower. Imperturbable, sublime, inatteignable, comme figé dans le marbre de l’immuable, il paraissait dépourvu d’expression comme de cœur, exactement tel que le décrivaient les légendes secrètes qui courraient à son sujet. Un véritable gâchis si l’on considérait la délicatesse avec laquelle s’ourlaient ses lèvres, une merveille ravissante qui n’appelait que douceur et baisers ; la régularité séduisante de ses traits et l’autorité naturelle qu’il s’en dégageait ; son regard impérial, brillant d’intelligence mais qui mentait sur la chaleur de son âme. Ce que l’on devinait sous ses vêtements ajustés n’avait rien à envier à la contemplation de son visage et Pénombre soupira mentalement à l’idée que ces terres tendres puissent rester inexplorées. Comme le dernier bastion imprenable de la forteresse Bower.

« Bonsoir Aïlin. Navrée de t’avoir accueilli de la sorte mais les temps actuels incitent à une méfiance permanente, toi mieux que quiconque ne saurait l’ignorer. »

Reprit l’ancienne Capitaine de Quidditch, en calquant volontairement ses mots d’excuse sur les siens pour marquer la réciprocité de la surprise qu’ils s’étaient mutuellement infligée. Avec un homme de la trempe d’Ultan dans sa fratrie, qui collaborait ouvertement à la traque et au recensement des nés moldus aux côtés de Dolores Ombrage, un homme qu’elle devinait porter la marque des ténèbres sous le délice de sa peau hâlée, Aïlin ne pouvait mésestimer le danger rampant, menaçant qui planait avec omniprésence. Jusqu’à quel point et de quelle manière l’acceptait-il et y réagissait-il, cela ne restait qu’un demi-mystère pour la Préfète-en-chef qui avait accès à un grand nombre d’informations de part ses positions au pouvoir. Le jeune Serdaigle avait fréquenté de trop près et trop longtemps une certaine Clarisse McBrien, une rousse dont l’état de sang était connu comme mêlé, pour assumer entièrement la radicalité extrême des opinions de son frère. L’autre point qui méritait la considération de la Serpentarde sur le sujet était que malgré l’identité et le caractère répressif qu’il seyait d’accorder aux maitres actuels du Château, Aïlin avait conservé ses états de préfet tandis que d’autres, moins fidèles aux exigences de pensées en vigueur avait été congédié sans le moindre scrupule. Fallait-il y déceler les signes d’une conviction, certes plus mesurée, mais tout de même orientée ? Rien n’était moins sûr car le garçon était réputé aussi cérébral que sous contrôle, prudent qu’avisé et quiconque l’ayant déjà approché convenait de l’imperméabilité presque parfaite de ses objectifs comme de ses sentiments. Aussi béni par la nature que son être de chair l’était, il ne demeurait toutefois un jeune homme qui se laissait détourner aisément de son chemin par une corruption du genre, ce domaine d’excellence où régnait sans partage, Pénombre Craft.

Satisfaite de l’aveu de pacifisme que constitua l’abaissement de baguette magique d’Aïlin, Pénombre rengaina à son tour l’ébène noire de la sienne en la glissant avec provocation dans l’élastique souple de son sous vêtement inférieur. Puis elle contourna lentement le Serdaigle, humant profondément l’air qui environnait son corps en le frôlant à peine, avant de clore et de verrouiller la porte derrière lui. Aux premiers abords, il n’avait pas l’air mal en point, ni blessé, ni souffrant et ses vêtements ne présentaient aucune souillure d’hémoglobine décelable. Pourtant l’odeur suave de son sang persistait près de lui, enivrait la moitié d’âme animal de la Milicienne et elle ne put retenir la question qui lui brûlait l’esprit depuis quelques minutes à présent :

« Est-ce que tu saignes ? »

Ses prunelles obscures le scrutèrent avec plus d’attention et finirent par découvrir sur sa figure, la trace qu’elles cherchaient avec tant de détermination. Humectant à peine son index de salive, l’Animagus tendit la main vers le visage austère de l’Aigle et essuya soigneusement d’une caresse avide, les résidus de sang oubliés sur le repli boudeur de sa lèvre supérieure. Elle porta ensuite la pulpe tachée de son doigt à sa bouche et goûta le nectar vital d’Aïlin avec gourmandise. Des accents plus épicés, plus boisés et piquants que l’élixir carmin d’Ultan, égayèrent son palais d’une nouvelle convoitise. Deux frères, deux identités propres et distinctes, un sang de lignée en commun aux saveurs pourtant bien différentes selon le membre de la fraternité que l’on considérait. Etonnant également comme l’odeur semblait si similaire à l’odorat tandis que le goût ne l’était sous la langue.

« Si tu en as encore sur toi, en d’autres quantités moins infimes, je désirerais que tu t’en défasses. Pour ta propre sécurité. »

Ce n’était pas un ordre, ni une menace, non. Plutôt une sorte d’avertissement poli et précautionneux que la réputation sauvage et cruelle, imprévisible et impulsive de la Sang pur invitait à prendre au sérieux. Elle lui adressa un sourire aussi malicieux qu’ambigu, mi-invitation, mi-intimidation puis se détourna de lui pour se défaire à nouveau de la chemise masculine que son corps et sa chevelure humide avaient rendue collante et transparente.

« Mais je t’en prie. Viens prendre tes aises. L’eau est à parfaite température. »

Seulement pourvue de ses sous-vêtements noirs et d’un sobre élégant, la Féline se glissa ensuite avec langueur dans les eaux opaques du bassin, pas suaves et provocants qui immergeaient progressivement la lividité diaphane de son corps comme si les flots colorés s’étaient eux-mêmes animés de vie pour la dévorer d’une gloutonnerie à peine maitrisée. Il aurait été trop hasardeux et maladroit de jouer sur la maigre sensibilité au charnel d’Aïlin mais le goût délicieux de son sang qui lui emplissait encore le palais avait exacerbé les ardeurs de la belle. Le jeune Serdaigle était de ces personnalités sentimentalement spartiates et ascétiques que seuls l’intérêt intellectuel et l’intrigue permettaient de flairer. En témoignaient les couleurs arborées par son blason. Jouer avec lui un quelconque jeu physique de la séduction aurait été vain et dissuasif mais la batteuse ne pouvait manquer l’occasion offerte par la coïncidence inattendue de sa compagnie et risquer de gâcher ainsi l’opportunité d’approfondir ses connaissances sur lui en s’interdisant de le tester. Engloutie jusqu’à la naissance livide de ses clavicules, elle s’interrompit un instant avant de porter son regard sur son invité, aussi faussement offusqué que peu dénué d’intentions :

« Ne me dis pas que tu crains ma compagnie Aïlin ? Tu ne risques pas le moindre mal à mes côtés, ni le moindre ennui. »

Mentit-elle avec effronterie. La Rusée savait incontestablement que son interlocuteur serait loin d’être dupe à cette convaincante affirmation qui engageait pourtant avec habilité l’intégralité de son corps à la supercherie, l’expression de son visage à une véracité plus que feinte tandis que toute son attitude communiquait les exactes désarrois de la sincérité. Aurait-il le courage de braver la sulfureuse réputation de l’héritière des Craft en partageant un bain en sa présence ? Ou oserait-il au contraire faire acte de lâcheté en se dérobant à son invitation ? Possédait-il les volcaniques élans de son ainé, dissimulés sous la surface de son armure d’impassibilité rigide et glaciale ? Elle ne pouvait croire que le feu avait totalement déserté le sanctuaire marbré de ses chairs mais encore fallait-il en avoir le cœur net et Pénombre se hâtait de savoir ce que valait réellement le dernier des frères Bower.
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