[HJ : Pas de problèmes, justement j'espérais trouver quelqu'un :) ]

Łukasz continuait de jouer, découvrant avec plaisir qu'il ne s'était pas tant rouillé que ça. Une ou deux notes manquées provoquaient de temps en temps un froncement de sourcils, mais son sourire était toujours présent. Tout à coup, une quinte de toux discrète le fit tressaillir, et il tourna la tête. L'accord suivant se fit attendre légèrement. Effet d'interprétation ou arrêt momentané de sa part, une chose était certaine, les yeux émeraudes qui le fixaient étaient magnifiques, et Łukasz y plongea son regard un court instant, qui pourtant lui sembla durer une éternité. La fille lui sourit gentiment et s'assit sur le fauteuil à côté. Le slave eut un sourire en coin, et se reconcentra sur son clavier. Et bien, voilà qu'il se retrouvait avec un public plutôt agréable. Il continua de jouer, s'appliquant beaucoup plus, conscient déjà des dissonances du à l'instrument. Au moins cela camouflait quelque peu ses quelques fausses notes. Il ralentit, se rapprochant de la fin, laissant les dernières notes se laisser désirer. Il ferma les yeux, laissa le dernier son s'éteindre et, affichant toujours son sourire, se tourna vers la nouvelle venue. Elle était avachie dans le fauteuil, mais dégageait malgré cela une prestance irrésistible.

- "Pardon, mais s'était si bien joué comme pièce que je n'ai pu m'empêcher d'entrer. Je me présente, Izlaya Cummings. Et quel est le nom du pianiste si doué que j'ai devant moi ? "

- "Ravi de vous rencontrer, Miss Izlaya." Le polonais lui serra délicatement la main, l'air amusé. "Le modeste pianiste en question se nomme Łukasz Pajzderski." Le léger accent polonais qu'il avait encore ne laissait aucun doute sur les origines slaves de son nom. "Et il est extrêmement heureux de pouvoir vous faire partager ses talents."

Ce qui n'était pas totalement vrai, la présence d'une autre personne le stressait quelque peu. Mais l'auditrice en était excusée. Il se reconcentra un instant sur le piano, et commença un autre morceau de Beethoven, la Sonate au Clair de Lune. Beaucoup plus simple et plus calme, cela lui permettrait de discuter en même temps. Il tourna la tête de nouveau vers Izlaya, surveillant par à coup ses mains. La mélodie mélancolique s'installa doucement.

- "Cela ne te dérange pas si je parle pendant que je joue ?" La langue anglaise ne différenciait pas le tutoiement et le vouvoiement, et cela avait souvent aidé Łukasz.

- Grand dieu, Non ! De plus la Sonate au Clair de Lune est mon morceau favori de Beethoven.

Lukasz eut un sourire en coin, tandis que la fille s'approchait doucement. C'était également sa pièce préférée du compositeur. Mélancolique et apaisante, la musique avait tout pour plaire, et il adorait la jouer. Peu difficile, elle lui permettait également de se remettre facilement en confiance.

" Je ne peux qu'approuver le choix ! " Dit-il d'un air amusé. "Cela me fait plaisir, c'est rare de rencontrer encore des personnes qui s'intéressent à la musique classique. Même si je n'ai rien contre les musiques modernes hein, au contraire, mais c'est dommage que ce..." Le polonais chercha un instant le mot qui convenait en anglais, sans le trouver. "patrimoine se perde."

Bon. Ce n'était pas le bon mot, mais avec le contexte, cela devrait être compréhensible.

- Par contre, je vais arranger le problème de ce piano si tu veux bien.

Intrigué, il se demanda ce qu'elle comptait faire. Elle dut lancer un sort car d'un coup, les sons se métamorphosèrent. Plus de désaccords, de notes étouffées, le piano semblait parfaitement accordé. Il la regarda, admiratif, et eut un sourire large.

" Alors là, il faut absolument que tu m'apprenne ce sort ! Je ne sais même pas comment j'ai fait pour vivre jusque là sans ! "

Il exagérait bien sur, mais c'est vrai qu'il s'en voulait d'être passé à côté d'une telle possibilité. Il avait passé tellement de temps à jouer du piano chez des moldus qu'il n'avait jamais pensé à utiliser la magie pour cela. Izlaya s'assit près de lui, et leurs bras se frôlèrent. Elle le regarda avec attention, et ce fut cela plus que le mouvement qui le mit mal à l'aise, même s'il le cacha bien. C'était toujours quelque chose de déstabilisant pour lui, le regard d'une fille lorsqu'il jouait du piano. Soudain elle lui laissa un peu plus de place, et s'exclama :

- Pardon Lukasz ! J'espère ne pas trop te gêner en étant assise ici, je peux retourner à ma place si tu le désire.

Finalement, il n'avait pas du si bien le cacher. Il se tourna vers elle, un sourire toujours au lèvres.

" Non t'inquiète pas, c'est juste que... ça fait un petit moment que je n'avais pas joué devant quelqu'un." Il eut un léger rire. " Je sais que ça peut paraitre bizarre, mais je manque parfois de confiance sur un piano."

Izlaya sourit, puis un silence s'installa, pendant lequel seule la douce mélodie se faisait entendre. Il remarqua alors une odeur de tabac, différent du sien. Une fumeuse également, donc... Il s'étonna de ne pas encore l'avoir croisé dehors, aux heures de pause.

- Tu dois être polonais si je ne m'abuse non? Tu dois être dépaysé vu que l'Angleterre est assez différente de la Pologne, en tout cas pour ce que j'en sais, n'étant pas restée là-bas longtemps.

Il se tourna de nouveau vers elle, intéressé. Elle avait du rester là-bas quand même un petit moment, pour reconnaitre aussi facilement son accent. Le sien était léger, et difficilement différentiable d'un autre accent de l'est, voire du sud. Enfin... Il se rappela également qu'il lui avait dit son nom. Un nom typiquement polonais.

"En effet, je suis polonais.Dépaysé ? Un peu..." Son regard se vit légèrement vague, tandis qu'il se rappelait de toutes ses années... "Même beaucoup, en fait. Mais j'y retourne quand je peux, même pour quelques jours. L'ambiance, le décor, tout est différent, et cela fait toujours plaisir de le revivre..." Il eut un sourire amusé. "Mais ce n'est pas pour autant que je ne me plais pas ici, c'est juste que... ce n'est pas la même chose." Lukasz espérait qu'elle comprenait. Ce n'était jamais facile d'être séparé de son pays, de ses origines, de ses habitudes et de ses coutumes. " Tu es donc allé en Pologne ? Pour quelle occasion ?"

En tout cas, son voyage semblait lié à beaucoup de souvenirs également. Elle regarda le clavier, et Lukasz fit de même. Il se concentra sur la fin du morceau et, fermant ses yeux bleus, y mit toute l'émotion qu'il put, mise en valeur par la sonorité nouvelle de l'instrument. Les notes graves se perdirent doucement dans l'accord de fin, et il retira lentement ses mains. Surpris, il sentit alors Izlaya les saisir, et il tourna la tête. Ses yeux le fixaient gentiment, deux émeraudes dont il était difficile de détacher le regard.

- À mon tour de jouer mon cher. Tu m'en as donné l'envie malgré que je sois un peu rouillée.

Sourire en coin, l'air étonné, il lui fit de la place. Décidément, Izlaya était pleines de surprises. Pianiste, connaissant la Pologne, fumeuse, mignonne, avec des yeux magnifiques, elle avait tout pour plaire, pensa-t-il avec humour. Il écouta les premières notes envahir la salle, reconnaissant l'air mais ne parvenant pas à y mettre un nom. Il était sûr que c'était du Debussy, mais le titre du morceau...

Il regarda alors l'étudiante, remarquant un léger changement dans son expression. Elle semblait tout à coup plus heureuse, plus épanouïe. Lukasz eut un sourire franc, surement le plus naturel depuis longtemps. Jouer du piano était une des choses les plus reposantes et apaisantes qu'il connaissait, et cela semblait être la même chose pour elle. Il se laissa envoûter par la musique, légère et magique. Il hésita un instant à briser ce moment, puis se décida à parler.

"Et bien, je vois que je ne suis pas le seul pianiste talentueux ici ! C'est du Debussy, non ? Je n'arrive plus à me souvenir lequel de ses morceaux..."

- Hé bien, c'est Clair de lune. L'une de mes favoris tous compositeurs confondus.

" Ah oui, exact. Un très joli morceau, même si je le trouve un peu... léger. Enfin, manquant de profondeur.

Lukasz eut un sourire gêné. Ses tentatives d'explication en anglais n'étaient pas très réussies, mais sait-on jamais, peut-être avait-elle compris ce qu'il cherchait à dire. Il recula légèrement, lui laissant un peu plus de place pour évoluer. C'est qu'elle jouait vraiment bien, pour quelqu'un soit-disant rouillé. Avec grâce et assurance, qui plus est. Elle se tourna vers lui, et il en profita pour plonger de nouveau son regard dans ses magnifiques yeux verts.

- Pour répondre au sort quant au piano, je l’ai appris de l’oncle de mon…ami, qui sont sorciers et fabricants de piano depuis belle lurette. Cet homme était gentil, mais je ne l’ai plus revu depuis un sacré bout maintenant. Je peux te l'apprendre si tu veux. Ça me ferait plaisir.

" Ce sera avec plaisir, préviens moi quand tu as un moment à me consacrer pour ça. C'est avec lui que tu as appris le piano ?"

Il continua à écouter la musique, la regardant jouer avec plaisir.

- Pour la Pologne, c’est simple, avec mon jumeau, nous avons fait une année sabbatique et somme passés par là. Mais comme nous ne somme pas riche, on restait dans les quartiers normaux, parfois pauvres et on vivait comme des polonais. Nous y sommes restés trois semaines et demie.

" Trois semaines, c'est déjà pas mal en effet. Vivre dans des quartiers pauvres - même si c'est loin d'être agréable -" rajouta-t-il avec un sourire "ça a l'avantage de ne pas se faire leurrer par ce qu'on peut voir en extérieur. Et tu en as pensé quoi, alors ?"

Il se souvint du regard qu'elle avait eu lorsqu'elle en avait parlé, et il se demanda et espéra qu'elle en avait gardé de bons souvenirs. Avec un bon guide et en allant aux bons endroits, la Pologne était un pays magnifique, avec un charme fou. Mais à l'inverse, aller aux mauvais endroits pouvait aboutir à certains... ennuis. Et c'était un euphémisme. Lukasz se souvenait d'un soir où il était passé par la mauvaise ruelle, au mauvais moment, sans baguette. Il savait se défendre et avait cru pouvoir s'en sortir, et c'est ce qui avait failli lui coûter la vie. Son regard se durcit un instant. Il avait eu beaucoup de chance, ce soir là. Il fut tiré de ses pensées lorsqu'elle finit son morceau, et commença ce qui semblait être une mélodie d'improvisation.

- Vous êtes fumeur non? En tout cas, l'odeur de ce tabac m'était encore inconnu et diantre, il sent bon. Ou sinon n'est-ce que moi qui manque de Nicotine et qui rend toute odeur de cigarette alléchantes à mon odorat.

Le polonais eut un sourire amusé.

" En effet, je fume, peut-être un peu trop même. Ce sont des cigarettes que s'amuse à fabriquer un ami, en Pologne. Elles sont assez fortes et parfumées à la cannelle, ça doit être pour ça." Sourire en coin, il sortit son paquet, et fit remonter deux cigarettes d'une chiquenaude. " Mais bon, j'aurais beau les décrire, le mieux reste tout de même de les essayer."

Il se leva, et rajusta élégamment son manteau. Il n'avait senti aucune odeur de tabac à l'intérieur de l'UMA, et au cas où cela dérangerait certains, il sortait à l'extérieur pour fumer. D'autant plus qu'il préférait cela, et qu'il ne faisait pas si froid.

- Je me demande... Pourquoi avez vous quitté la Pologne ? Sans offense aucune, ça n'est que curiosité et vous n'êtes pas obligé de me répondre.

"Ah, pourquoi j'ai quitté la Pologne, une grande question...", dit-il d'un air faussement théatral. Et plus naturellement : " Pour mes études, pour changer d'air, parce que j'avais quelques... différends là-bas, ou tout simplement pour voyager... Toutes ces raisons sont bonnes, je suppose. Et aussi le fait que de toute façon j'aurais du partir, car il n'y a pas d'université de magie là-bas." rajouta-t-il avec humour. "Et toi, d'où viens-tu ?"