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*Une heure du matin, et je dors toujours pas*, se désespéra Skein. *Je n'y arrive pas, je n'y arrive pas. Aucune relaxation, l'esprit trop embrumé. C'est le bordel dans ma tête beuuuuuh*

Son entrée dans le monde des Mangemorts, sa vitalité devenue dépendante du mage noir le plus puissant de la planète... un mage noir d’humeur instable et impulsive, lui semblait-il...

*Ben ouais. Qu'espérer de plus dans la vie ??*

Depuis la nuit des temps, l'humanité cherchait à s'inventer des dieux inexistants, quêtant l'abonnement à un culte valorisant. Ceci, si ce n'était avant, a éventuellement débuté par de petites tribus dont le besoin éprouvé était celui de dénicher un sens à leur vie, si pauvre... l'idée d'intellectualité était elle imaginable en ces temps reculés ? Non, sûrement pas. Mais toutefois, le sentiment ne pouvait pas s'en défaire ; cela est inconcevable pour nous, hommes civilisés et soumis à la société, de vivre, perdus dans la nature, sans objectif. Alors oui, pour combler ce vide, il fallait se créer des caps. C'est ainsi que de purs barbares donnèrent naissance aux dieux. Depuis, ces derniers ainsi que leurs religions, se sont métamorphosés avec le monde, traversant le temps comme une rivière. Une rivière futile, et incessante.

Tout ça pour dire, que ce que les hommes cherchaient désespérément depuis si longtemps, Skein l'avait trouvé. Oui, Skein avait un dieu, un représentant de son idéalisme concepteur du monde, dont la puissance était inimaginable. Ce dieu, c'était Voldemort. Et il lui portait une admiration et une adoration sans limite.

Ainsi il fallait le comprendre. C'est pas marrant de se coucher quand on a une vie aussi animée que celle d'Adam. L'esprit du Mangemort impie était bien trop cataclysmique pour qu'il puisse trouver sommeil adéquat en contexte nocturne. Lorsque le charbonneux demeurait sous son enchevêtrement de couvertures, ses paupières tiquaient, diluant une orbite visqueuse plongée dans le chaos, ses jambes débattaient le pyjama, ses mains pétrissaient et retournaient l’oreiller encore frais. Et, au bout de plusieurs heures absentes de relaxation, le névrosé à court terme décidait de quitter sa maison, de partir loin, de s'aérer l'esprit.

Il souhaitait se rendre au cimetière. Oh, il n’avait personne à regretter. Skein avait, jusqu’à présent du moins, évolué dans un milieu peu propice à l’ascencion sociale, puisque les autres n'étaient pas comme lui... Et de toute façon, il n’était pas du genre à déplorer les pertes.

*Bah ouais, 'zef des autres quoi.*

Non, Skein allait au cimetière pour la simple et bonne raison que ce genre de lieu lui évoquait un bonheur simple.

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Il pleuvait. Le cimetière était fondé sur une colline décharnée, non loin d’une ancienne église d’apparence désaffectée. Le palais aux milles cadavres était encadré avec un enclos de ferraille, et en guise d’entrée d'un petit portillon noir mais fragile, qui luisait - je le rappelle : il pleuvait. Skein poussa le portail ridicule qui s’écarta en une élucubration gémissante. Les cheveux de l'intrus s’agitaient dans un vent chaud, et son visage était battu par la déflagration minérale saisonnière ; le Mangemort pénétra dans la secte spatiale.

Plusieurs kilomètres en hauteur, de lourds nuages ténébreux ; la barbapapa sinistre envahissait le globe des cieux.

L’atmosphère était macabre et mielleuse, rendue épique par des tornades de feuilles en liaison avec les quelques chênes postés sur la sombre colline. Le par terre, constitué de hautes herbes humides, était d’une verdure pessimiste qui dévorait largement les chaussures de Skein. Devant lui se trouvait une plage tombale de sinistres façades espacées. Des plateaux pierreux qui s’échappaient de la surface vivante, et prétendaient connaître la vérité au sujet de leurs progénitures, gardées dans les profondeurs terreuses. Les authenticités devaient se sentir sinistrement oppressées par l'enfermement qu'elles subissaient : un cercueil, et partout autour – au dessus, en bas, à gauche, à droite -, de la gadoue. La voiture pouvait se briser sous le poids de la masse musculaire des sols en parfait anonymat (à part si un scientifique moldu égaré passait par là, et décidait de tenter une expérience Frankeinsteinesque).

*Laissez moi rire.*

Oui, Skein connaissait bien les moldus ; à haïr une chose - c'était bien le mot -, autant en avoir la culture.

Il avança, circulant entre les rangées mortuaires. Il aurait pu ressembler à un spectre, si il n'était pas humain - logique imparable. Une humanité sombre et cruelle, certes, mais tout de même.

Quel était le rôle d’un cimetière ci ce n’était d’accueillir les psychopathes fous furieux dans son genre ? Celui de protéger les morts ? Non. Ils ne les protégeaient en rien. N’avez vous jamais imaginé, chers lecteurs, que le cadavre n’était autre que la forme d’une autre vie ? Que sous son état mort, la conscience subsistait dans un corps décédé ? C’est une possibilité à ne pas exclure. Imaginez alors tous les morts qui attendraient, sous terre, en ce moment même… ils seraient des milliards, et des milliards, subsistant depuis des millions d’années… Incohérent, n’est ce pas ? Rira bien qui rira le dernier. Nous considérons la patience comme une vertu, peut être que son rôle naturel est la torture ?

Et à ça, quel échappatoire ? L’installation de télévisions dans les cercueils ? Infaisable.

*Une sortie de secours : l’incinération. Mais que dire si le conscient subit tout de même la douleur… ?*

Skein en était là de sa réflexion plein d'optimisme, quand un bruit attira l'attention de son complexe auditif...

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Skein se retourna. Non, le bruit qu'il avait entendu n'était pas une quelconque hallucination grossière et commune chez nos cousins schizophrènes, due à la tension palpable et transcendante qui avait pris place depuis fort longtemps dans les neurones moteurs de son complexe cérébral. En effet : la répercussion sonore provenait tout simplement d’une jeune femme qui venait par mégarde de marcher sur une feuille qui avait craqué (mais ça, elle ne le saura probablement jamais !).

*Euh… ? Tiens donc ! Mais que fait une femme comme elle, de nuit et par pleine tempête, dans un cimetière ? Peut être est-ce une mangemorte qui vient de se mettre au service du maître ?*

...

*Certainement pas. Elle a l'air heureuse et ouverte d'esprit.*

Oui, l’un empêchait l’autre.

Elle était, toutefois, armée de sa baguette. Savait-elle qui il était ? Que nenni ! Ses traits faciaux lui rappelaient vaguement quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Peut être une énième personne appartenant à l'élucubration agorienne du ministère. Elle semblait dans tous les cas bien dans sa peau.

- Hey, bel endroit pour une promenade, n'est-ce pas ? Lumos.

Elle avait fumé ou quoi ? Elle débarquait de nulle part, dans un cimetière, de nuit et par tempête, et agissait comme si elle était au Club Med. Mais quand même, elle avait tout de même éclairé les lieux.

*Voici une belle preuve de sagacité !*

Pourquoi Skein ne l'avait-il pas fait de lui-même avant la rencontre ? Parce qu'il aimait l'obscurité. Et cette lumière bleue, ridicule car futile, le dérangeait quelque peu. Elle était parfaitement inadaptée à l'environnement et au réconfort authentique de l'automne pluvieux.

Toutefois, il était prêt à entretenir un dialogue avec cette fille, et à découvrir qui elle était. Après tout, Skein était très ouvert d'esprit lui aussi, dans les limites du raisonnable, bien sûr. A la fois méfiant et entrainé, il proféra d’une voix insane, les yeux plissés sous le vent :

- Laisse donc la magie hors d'ici... il n'est pas temps à la découverte. Peu importe ce que nous voyons, le plaisir réside dans la sensation. Éteins ta baguette, ferme les yeux et profite de la douceur de la nature. Il est rare de pouvoir la savourer d’une façon si exaltante. Pour te répondre, oui, cet endroit est un... fort bel endroit, pour une... jolie petite promenade nocturne. Tu vas peut être rire, mais… je ne m’attendais point à trouver une portion de gente féminine ici, ha ha ha ! Qui es tu, et que fais tu ici ?

Le vent faisait s'élever dans les airs les pans de sa cape de voyage qui s'agitaient derrière elle tels une bannière noire. Ses bottines de cuir dépassaient de son slim usé aux genoux tandis que sa tunique, plaquée sur son ventre plat, faisait ressortir sa maigreur. De là où elle se trouvait et cachée derrière le halo de lumière bleutée que produisait sa baguette, elle ne devait être que passablement impressionnante. C'était ce qui l'avait d'ailleurs pousser à déblatérer la première ineptie qui lui passait par l'esprit plutôt que d'invectiver l'inconnu de façon plus agressive. Cela lui permettait également de voir si la cible était d'humeur passive ou violente. L'instinct d'Auror, sûrement, l'empêchait de passer à côté d'un homme sans s'assurer qu'il n'était pas un terroriste prêt à tuer une deuxième fois des cadavres. Mais n'était-ce pas logique ? Part les temps qui couraient, il n'était pas anormal de se méfier dans un cimetière et en pleine nuit, car ces lieux étaient de plus en plus souvent fréquentés par des sbires du Lord Noir en quête d'Inferis plutôt que par quelques insomniaques aux moeurs un peu glauques. La raison n'était tout de même pas assez suffisante pour entamer un contrôle d'identité, d'ailleurs, elle n'était pas d'astreinte et n'espérait qu'une chose : rentrer chez elle, à l'abri du froid et du vent qui frappaient sa chair et sa peau.

La jeune femme fit tourner d'un mouvement de poignet le bois de sa baguette, l'air à la fois incrédule et pensif. Tiens, elle était tombée sur un poète encore épris du mouvement romantique ? Confiante dans sa capacité à discerner le monde bien plus aisément qu'un sorcier normal à une telle heure, la jeune femme se résolut à faire disparaître la maigre mais intense lueur qui éclairait jusqu'alors les alentours. Savourer la nature... Mouais, la jeune femme n'y avait jamais pensé, mais elle n'allait pas priver son interlocuteur de ce plaisir par pur désintérêt. S'il trouvait les cimetières mignons et charmants, après tout, c'était son affaire.

« Rire, rire... On ne s'attend généralement pas à ce qu'un lieu pareil renferme plus d'un corps animé de vie, surtout à cette heure. »

Quand Shevelin s'avança de quelques pas, sa démarche avait se on ne savait quoi qui rappelait un prédateur au retour de la chasse, ce côté, peut-être, à la fois conquérant et attentif, ou de l'animal qui flaire son vis-à-vis afin d'en mesurer la force ou la faiblesse. Sous les apparences, elle restait méfiante.
Arrivée à quelques pas du sorcier, l'Auror prit le temps de l'observer attentivement, plutôt que de répondre à sa question pour le moins gênante. Aussi étrange cela pouvait-il paraître, elle se voyait moyennement déclarer qu'elle s'appelait Natalee Shevelin, qu'elle était Auror et fan malgré elle de pleine lune, et qu'elle revenait d'une longue escapade où, faute de trouver une chair humaine à mordre, elle s'était occupée à s'auto-mutiler l'épaule à coup de griffe.

« Natalee Shevelin. » Finit-elle cependant par répondre à contrecoeur. « Comme toi, je profitais du mauvais temps et du caractère pittoresque des lieux. »

Doucement, la jeune femme abaissa la pointe de sa baguette qui s'était retrouvée rivée en direction de son torse. Malgré tout, elle ne la rangea pas.

« Et toi... Je crois t'avoir déjà vu rôder aux alentours du Département des Mystères au Ministère, je me trompe ? »

Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, c'était bel et bien le cas. Cependant, il lui était impossible de remettre un nom sur ce visage malgré ses efforts. Il fallait dire qu'elle avait d'autres chats à fouetter que de retenir de tête toutes les identités qui défilaient au Ministère. Jeunes employés, vieux de la vieille, stagiaires, représentants et ambassadeurs, des centaines d'hommes et de femmes y affluaient. Si elle connaissait quasi parfaitement les employés du Département de la Justice magique, aurors, policiers et oubliators compris, il n'en était pas autant pour le reste. Sa capacité à retenir les visages lui permettait cependant d'être certaine d'avoir déjà croisé le sorcier.

Skein passa sa main dans ses cheveux en soupirant. Son interlocutrice n'était de toute évidence pas très lucide, malgré l'air froid et réservé qu'elle se donnait. A quoi bon dire de la soupe en un temps si authentique ? A quoi bon s'adresser à lui d'une manière si festive et hasardeuse ? Pourquoi dénier le contexte épique en faveur de la puissance sociologique ? Il avait perdu son temps. Il roula des yeux. La femme abaissa sa baguette. Sage décision, mais sans caractère.

*Irrécupérable.*

« Rire, rire... On ne s'attend généralement pas à ce qu'un lieu pareil renferme plus d'un corps animé de vie, surtout à cette heure. »

Tiens, en fait elle n'était pas si stupide (ou pas, en fait quand on rigole on fait "hahaha", et pas "rire, rire !" XD hum bon je sors...). Skein préférait ce genre la. Il n'aimait pas ce qui était animé, joyeux et bouffon ; et encore moins quant c'était manifesté en un tel contexte. Mais là, elle se rattrapait. Elle se donnait un genre plus fondé. La situation sociale adhérait parfaitement au temps, et Skein adorait ça.

- En effet, dit il dans une sobriété déconcertante, et pourtant. Il faut croire que peu de personnes ont la lucidité de venir se promener par un temps si insane, quitte à ne pas dormir. A la grande satisfaction de ceux qui ont l'instinct pour ce genre d'épice... puisqu'au bout d'un certain nombre de présences, la saveur magistrale s'envole. La solitude et son espace dimensionnel font part entière du profit... La stupidité des autres nous est offrande...

Skein sourit mystérieusement. Oui, c'était vrai, il avait de quoi se réjouir du caractère anodin de la population, aussi bien moldue que sorcière – bien que de toute évidence, l’une était inférieure à l’autre. Il était là, à profiter du temps, et pas les autres. C'était jouissif. Il soupira de plaisir.

La femme s'avança vers lui, et Skein put mieux l'observer. Elle était mince, et c’était peu dire. Elle portait une tunique et des bottes en cuir, et semblait tirer la gueule. Skein aurait pu dire qu'elle était jolie, si il l'avait remarqué ; ce n'était pas le cas. D'ailleurs la "beauté" en général échappait totalement au mangemort, même si ça influait tout de même sur l'estime qu'il avait d'autrui. Malgré ça, jamais il n'en arriverait à son cerveau une reconnaissance. Peut être s'en privait il ?

En tout cas, l’adolescente professionnelle avait l’air méfiante. Et Skein aurait du l'être aussi, puisqu’il ne connaissait pas la cause à laquelle était liée. Mais non, en bon mangemort, il était loin d’avoir peur, et la femme était bien la dernière de ses méfiances, même si ça le taraudait de savoir quel était son parti… Il fallait tendre une perche.

*"Dis moi, ton sang est-il pur ?"*

Skein eût un rictus intérieure à cette plaisanterie... Non, il fallait tout de même être plus habile.

Alors, la fille sembla l'observer. Qu'allait elle voir ? Un jeune homme pâle, de corpulence normale, avec des cheveux d'ébène en bataille et un air offensif. Il fallait préciser qu'en règle générale, les gens fuyaient le regard de Skein. La peau blanche contrastant avec l'élucubration capilaire et les yeux pleins avaient tendance à faire ressortir en lui quelque chose d'inhumain. Toutefois, cette jeune femme allait sûrement faire exception à la règle, après tout, elle semblait plus sûre d’elle que la moyenne.

« Natalee Shevelin. »

Directe.

- Skein Knutsen.

*Pourquoi à chaque fois que je prononce mon nom de famille, j'ai l'impression d'être un écureuil... ?*

« Comme toi, je profitais du mauvais temps et du caractère pittoresque des lieux. »

Skein rit jaune. Sa camarade était d’une répartie vivace et d’un sarcasme intuitif. Toutefois, ou alors en étant particulièrement stressé ou fatigué, il était inconcevable de ne pas pouvoir admirer les lieux – ce qui était un symptôme affublant sûrement la dénommée Natalee, qui n’avait point l’air d’une gamine - sans trahir une certaine tendance à la banalisation matérielle, une non adhérence à ce qui ne respire pas la joie de vivre, ou encore une haine contre la nature. La deuxième option mettait en valeur un probable caractère traître à la non mangemortalité. Mais puisque le mystère demeurait, on ne pouvait rien en faire.

"Skein allait continuer à mener sa petite enquête." <= Ca, c’est ce qu’il aurait pu décider si il avait du tact, ce qui n’était pas le cas. Le mangemort était d’une nature plus barbare, et n’aimait pas tourner autour du pot. Il allait attraper le taureau par les cornes et…

« Et toi… Je crois t’avoir déjà vu rôder aux alentours du Département des Mystères au Ministère, je me trompe ? »

Oh ! Elle venait de tendre une perche.

- Non, je suis auror.

Pourquoi avait il répondu ça ? Sans doute un étrange instinct plein de malice…

*Jouons avec la proie.*

- Je sais, il n'est pas très prudent de se dévoiler au grand jour lorsque les temps sont à la persécussion... mais je ne me sens franchement pas en danger, ici. Supposons que tu es un mangemort... on se battra ? N'est-ce pas là mon but... ? Et toi Natalee, d'où viens tu ?