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 Extension du domaine de la lutte [PV]
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  • Tim Mondshmetterling
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MessageSujet: Extension du domaine de la lutte [PV]   Extension du domaine de la lutte [PV] EmptyMar 19 Mai - 23:20:19

[suite de CA, bien évidemment PV Pénombre I love you ]

Les personnalités non magiques étaient régulièrement et pour leur plus grand malheur pris entre les feux des luttes intestines qui minaient le monde sorcier presque autant que le monde religieux. Ça n'était pas que tous les sorciers étaient des inconscients qui ne prenaient aucun soin pour éviter de toucher ceux qui n'avaient rien demandé – bien que certains furent dans ce cas – mais il fallait bien reconnaître que c'était ainsi, la fatalité, la maladresse des sorciers ou l'inconscience des moldus faisaient que ces derniers payaient bien souvent les pots cassés. Quand Voldemort avait besoin de mettre la pression sur le ministre de la magie, il faisait s'effondrer un pont suspendu. Quand les aurors étaient forcés de cacher une intervention, les témoins moldus se retrouvaient dans des situations invraisemblables la plupart du temps caractérisées par un inexplicable trou de mémoire. Et quand les sorciers se rendaient à des rendez-vous frappés du plus important sceau du secret, malheur à celui qui aurait l'impudence de se trouver sur le chemin d'un policier en mission, un brin stressé, voire mis sur les nerfs par une rencontre ne s'étant pas passé comme prévu.

Le moldu qui avait eu l'imprudence de traverser à cet instant les larges allées de Holland Park n'eut pas le temps de se rendre compte de quoi que ce soit qu'un éclair rouge le frappa au creux des reins. Certes, lancer un sort par derrière, et a fortiori sur un innocent passant, n'était pas ce qu'il y avait de plus glorieux. Mais en l'occurrence, nécessité faisait loi, et Tim ne pouvait pas se permettre de laisser le moindre témoin. Et puis il fallait bien reconnaître que ce sort avait été assez brillamment exécuté : le moldu devrait se réveiller d'ici quelques heures au pied d'un arbre, avec la sensation de s'être fait taper sur la tête par trois gamins issus d'un quelconque gang perdu dans les quartiers chics. Voilà qui donnerait du travail aux homologues non magiques de Tim, qui devraient courir après des skinheads inexistants, mais en cet instant, le rouge était bien loin d'éprouver la moindre compassion pour qui que ce fût. Intrigué, il était. Perturbé, même. Cette filature de Pénombre Craft ne s'était absolument pas déroulée tel que cela avait été prévu par le savant plan imaginé par ses supérieurs au sein de l'Ordre.

C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il n'était pas rentré au 12, square Grimmaurd, après le semi-échec de leur entrevue dans un bar miteux de l'Allée des Embrumes. A l'heure qu'il était, Maugrey et Lupin étaient probablement en train de se demander ce qu'il fichait, sans doute persuadés qu'il avait attrapé une piste qu'il était en train d'approfondir. Les deux anciens de l'Ordre devaient être partagés entre l'espérance de le voir revenir enfin avec des informations intéressantes et la crainte qu'il lui soit arrivé quelque chose ou qu'il ait commis une quelconque boulette. Rien de tout cela a priori, quoique les plus précautionneux auraient sans doute pu dire que Tim avait agi de façon complètement inconsciente dans ce troquet. Et le pire, c'est qu'ils auraient incontestablement raison. Le policier s'était mis en danger de façon bien trop évidente. Et par la même, il avait pris des risques qui ne concernaient pas que sa personne mais également l'organisation dans son ensemble. Il ne pouvait par conséquent plus faire demi-tour, et se devait de revenir au Quartier Général avec ce qu'il était venu chercher, à savoir une preuve formelle que Pénombre Craft était ou non sur le point d'être recrutée par les mangemorts.

C'est poussé par cette urgence qu'il avait accepté sans hésiter le rendez-vous fixé par la Serpentard et qui devait avoir lieu d'ici peu. Ses mains toujours posées sur sa taille, il n'avait même pas eu à verbaliser sa réponse, se contentant d'un sourire et d'un hochement de tête entendus. Il était persuadé que le jeu en valait la chandelle. Il était à deux doigts de découvrir quelque chose que la jeune fille avait désespérément tenté de lui cacher pendant toute leur conversation : son nom. S'il découvrait que son interlocutrice avait véritablement menti sur son identité, cela prouverait, sinon qu'elle appartenait aux mages noirs, au moins qu'elle avait des choses à se reprocher. Et ça pouvait toujours être un début de piste. En bon policier, Tim savait apprécier à sa juste valeur le moindre petit élément qui pouvait lui faire toucher la vérité du doigt. Il n'avait que trop d'habitude de ces enquêtes qui patinaient faute d'éléments à appréhender pour écarter la moindre petite information potentiellement intéressante.


« Vous ne serez pas déçue. »

Le soleil avait à présent fortement décliné et l'heure de leur rencontre approchait. Pénombre avait choisi un bâtiment dans les quartiers chics, conforme à l'image que Tim se faisait de la famille Craft. Si cela se confirmait, ce détail passerait presque pour un aveu que la jeune fille avait qui il avait discuté était bien la dernière de Lignée. Le rouge n'avait toutefois aucune idée de ce qu'était véritablement cet endroit, le rendez-vous pouvant tout autant avoir lieu dans un luxueux appartement que dans une ruelle ou une arrière-cour. Encore une fois il s'agirait d'agir avec discernement et efficacité. De percevoir le moindre détail, la moindre erreur, le moindre écart que Pénombre laisserait forcément échapper à un moment ou à un autre. Bref, de faire son boulot de membre de l'Ordre mais aussi de policier.

Un seul détail risquait de perturber l'entretien qu'ils allaient avoir, du moins du point de vue de Tim. La vert et argent ne lui avait proposé cette deuxième rencontre que dans l'idée qu'il allait lui apporter un objet qu'elle convoitait. Ce qui pouvait signifier deux choses : soit Pénombre attendait véritablement un messager dans ce bar et Tim s'était retrouvé pris dans des manœuvres imprévues entre les forces sombres et dont il serait bien difficile de se sortir ; soit elle avait compris qu'il n'était qu'un imposteur et espérait le piéger en lui demandant un gage. Tim ne savait pas encore bien ce qui était pire... Le problème était de toute façon le même, il n'avait rien à offrir. Il lui faudrait donc trouver quelque chose, inventer une histoire, se créer un personnage, n'importe quoi pour se ranger du côté des alliés de la Ténébreuse et gagner sa confiance. Pour cela, il avait un plan. A défaut de retourner vers son rapport à ses supérieurs, il avait mis à profit ses quelques heures de liberté depuis qu'il avait quitté l'Allée des Embrumes pour préparer tout cela. Il avait à présent une idée assez précise de ce qu'il allait dire. En espérant bien évidemment que Pénombre ne se mette une nouvelle fois dans la tête de prendre les devants et de tout bouleverser en emmenant la conversation sur des pentes glissantes.

Alors qu'il scrutait les lieux, sachant que l'heure du rendez-vous était imminente, il perçut le signal qu'il attendait. Une ombre féline et gracieuse sortit du parc puis traversa la route d'un pas rapide mais toujours élégant en direction d'une des maisons qui faisaient face au policier, dissimulé dans l'obscurité des arbres. Bien, elle était manifestement seule. Dès qu'elle eut refermé la porte derrière elle, Tim sortit à son tour de sa cachette, et se dirigea vers ce point d'une démarche qui mêlait prudence mesurée et impatience contenue. Il allait bientôt savoir... Parvenu devant la fameuse entrée, il leva sa main d'un air décidé, sans trembler le moins du monde, et frappa distinctement le panneau de bois.
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  • Pénombre Craft
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MessageSujet: Re: Extension du domaine de la lutte [PV]   Extension du domaine de la lutte [PV] EmptyJeu 4 Juin - 22:21:48

La nuit vint à Holland Park comme un loup affamé attiré par l’irrésistible odeur de sa proie : fatalement. Elle étala impartialement son éthéré manteau de brume froide sur les rues disciplinées et symétriques du quartier, les onéreuses tourelles privées aux inclinaisons pensives, les vastes jardins floraux, les fontaines arquées et gracieuses. D’une lente progression, la voix composite de la rue s’étaient désolidarisée de la cacophonie stridente du jour pour adopter un sombre grommellement mouvant, assourdi et rauque, plus en accord avec la nature taciturne de ces ténèbres envahissant qui l’engloutissaient davantage à chaque seconde. Disque aux teintes semblables à un sang maussade et délavé, le soleil s’était enfoui d’une nonchalance vaincue sous l’horizon régulier et fade d’un moutonnement de maisons chics, fières qui s’étirait derrière elles sur des kilomètres sans nombre. Longtemps avant que la clarté de l’astre ne lui fasse pitoyablement défaut, sa chaleur s’était épuisée dans le vide presque sans vie de ces somptueuses allées délaissées, désertées la nuit venue, si bien que durant sa dernière heure d’éclat, le soleil avait vainement brillé au dessus de Holland Park sans la moindre vigueur, nulle ardeur, pareille au reflet morne d’une lune insipide à son lever.

Ecarlate dans son ascension, la pleine lune semblait d’ailleurs caricaturer une pâle aurore factice, qui se moquait silencieusement de la misérable étoile solaire expirante, en arrivant de façon prématurée dans la voûte céleste, irrespectueuse comme un jeune héritier vorace allant et venant à grands pas, dévoré d’avidité et d’impatience, devant le lit de mort de son maitre. Pendant un moment, les cieux sans limites du crépuscule présentèrent alors deux globes couleur de rouille, bas sur l’horizon, comme le mirage qu’un long périple dans le désert aurait nourri, illusion d’un étrange univers crépusculaire où deux soleils vétustes couvraient au firmament.

Ici aussi, la guerre des ombres faisait rage. Ici aussi, la métaphore s’étendait en cette terreur devenue palpable pour les riches familles de Sang mêlés qui vivaient en ces lieux paisibles et surprotégés. Les ombres s’avançaient.

Pénombre transplana de nouveau, une fois encore hors des murs de ces bâtisses appartenant à la fortunée lignée des Craft dans lesquelles la Septième année s’était rendue par d’autres moyens, sitôt après avoir pris congés de Tim. Il était en effet proprement impossible d’y transplaner en leur intérieur tant la réflexion paranoïaque et méfiante de son défunt Géniteur s’était implacablement et démesurément employée à protéger chaque possession immobilière lui appartenant.

Sous les spectrales lueurs de désolation glacée qu’irradiaient les cieux, le quartier résidentiel pourtant familier ne lui semblait plus guère appartenir à ce monde tandis qu’une malsaine aura insondable flottait comme une ombre grise au dessus de chaque fastueuse demeure sur laquelle la Rusée posait la clarté lumineuse de son regard prudent.

Après s’être longuement assurée que personne ne l’avait suivie, que nulle âme ne guettait sa venue aux proches abords de son lieu de rendez-vous, la Serpentarde traversa l’avenue en hâte, prenant destination directe de l’appartement choisi, de sa première acquisition personnelle en tant que majeure de Lignée et dont toutes les sécurités magiques n’avaient pas encore été installées. Et tandis qu’elle relevait quelques puissants sortilèges de protections contre d’indésirables intrusions afin de pénétrer son antre, la Capitaine de Quidditch se souvint avec amusement des circonstances étranges qui l’avaient poussée à élire soudain l’endroit comme terrain propice à des négociations au sujet pour le moins mystérieux.

Un hasard incroyable qui avait consisté en la conjonction d’un temps, d’un évènement particulier et d’un emplacement singulier n’ayant offert à l’Animagus qu’une seule solution véritablement envisageable. Se sentant trop exposée à une situation aussi dangereuse qu’instable et dont les tenants et aboutissants se muraient mutiques, par-delà les frontières de sa connaissance des enjeux concernés, Pénombre avait rapidement épuisé toutes ressources réflexives ayant pu servir un dénouement favorable à ses intérêts lorsque la Sang Pur avait soudain pensé au fameux plan situant son nouvel achat immobilier dans les quartiers chics de Londres et dont elle avait conservé possession au corps. L’homme en avait-il conclu qu’elle l’attendait réellement ? Qu’ils devaient véritablement prendre contact en ces lieux sordides et de façon semblable afin qu’il ne lui expose quelconques modalités d’affaires ? Cela, la Ténébreuse en doutait. L’homme au patronyme complexe avait gardé certaines distances volontaires vis-à-vis de son interlocutrice, contrariant un simulé caprice de tutoiement destiné à effleurer la nature la moins voilée de ses intentions, il avait également maintenu à son égard une marge de manœuvre que la concernée avait jugée trop nette et trop distincte pour revêtir le moindre caractère mielleux, complaisant et séducteur, inhérent à tout commerçant efficace. A ses yeux, il n’avait pas totalement su se vendre, l’appâter, trop entêté et concentré sur des garanties de nom que la prudence défendait pourtant logiquement de révéler, au milieu de la lie de l’humanité. Une telle obstination, si envahissante aurait braqué n’importe quel individu ayant à cœur de protéger quelques petits secrets ignominieux entachant son histoire mais c’était sans compter sur la curiosité maladive de la jeune sorcière.

S’installant confortablement, l’héritière des Craft patienta son invité.

La sonorité mat d’une frappe distincte ne se fit guère attendre et intrépide en présence de ce qui dominait ses pensées depuis le début de l’après midi, l’Animagus éleva devant elle le bois sombre de sa baguette ensorcelée et déverrouilla magiquement la porte massive d’un geste indifférent. Le mur porteur dans lequel avait été taillée cette dernière appartenait au vaste pourtour unique d’une immense pièce de réception spacieuse et circulaire qui s’équilibrait autour d’une magnifique cheminée ancestrale, aux dimensions formidables et démesurées qui en marquait le centre. Le plafond de cette salle singulière culminait à une altitude renversante au dessus de leur tête et s’étirait grâce à la magie, bien au delà de ce qu’annonçait la logique d’une observation extérieure. Nul meuble, nul armure ancienne, nulle parure dans l’antre de pierre grisâtre, qui se distinguait davantage par la beauté de ce qui la composait, ses dimensions proprement stupéfiantes et son agencement peu ordinaire que par ce qu’elle contenait réellement. Le blason des Craft, fier et majestueux, s’offrait toutefois partiellement au regard des invités franchissant l’entrée du sanctuaire, encore inachevé dans une soigneuse gravure murale censée orner l’épais manteau de la cheminée colossale. Tout en ces lieux étranges détonnait avec les prétentions extérieures bourgeoises de la bâtisse et imposait au visiteur surpris sa suprématie de pierres froides, immobiles et solitaires.

Confortablement assise au creux d’un somptueux fauteuil aux fières boiseries sculptées et au velours d’un rouge éclatant qui faisait dos au foyer incandescent, Pénombre ne prit peine à relever les yeux sur la personne qui venait d’entrer, visiblement trop absorbée dans la lecture d’un épais registre à la couverture de cuir noir, qu’un unique blason argenté parait avec sobriété. Il n’y avait nul autre endroit où s’asseoir au creux intimidant de la vaste pièce, ce qui confinait fatalement tout hôte à la position debout : la condition propre du quémandeur.

Derrière l’homme, la porte se referma doucement, aimantée à son encadrure par un sortilège de protection préventive.

Puis, le silence, pesant, s’installa.

Lorsque la maitresse des lieux consentit enfin une moindre attention à son dangereux convive qu'elle avait rabaissé par orgueil et arrogance, ses pâles iris d’une limpidité lumineuse s’adressèrent à lui bien avant sa parole, lui trahissant un insondable éclat d’intérêt.

« Je sais que vous n’appartenez pas aux partisans noirs, Tim Mondshmetterling. »


Lâcha-t-elle froidement en guise de salut.

« Mais ce registre listant les noms de chacun des ennemis de mon Père, ramifiés de leur pseudonyme usuels se tient également muet à votre sujet. »

Ajouta la Ténébreuse, l’insatisfaction perlant dans la gravité ferme de sa voix. Elle claqua sèchement les pans du précieux livre en question et gratifia l’homme d’un air sévère et déterminé, ses longues jambes étreintes d’un sombre pantalon d’encre toujours croisées devant elle :

« Cependant, votre présence en ces lieux me suggère que vous n'êtes pas totalement dépourvu d’intentions à mon égard. Il aurait été plus simple pour vous de refuser de vous aventurer ici, là où je possède un inestimable avantage sur votre personne, sans garantie de survie de ma part. Votre audace mérite mon respect alors parlez franchement, mon attention vous est présentement acquise. »


Dernière édition par Pénombre Craft le Jeu 18 Juin - 9:57:48, édité 1 fois
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  • Tim Mondshmetterling
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MessageSujet: Re: Extension du domaine de la lutte [PV]   Extension du domaine de la lutte [PV] EmptyMer 10 Juin - 20:27:03

Avant même qu'il ait eu le temps de prendre conscience de sa propre audace, Tim se retrouva face à une porte ouverte sur une large pièce aux dimensions hallucinantes. Bien plus vaste que ne le laissait deviner la façade extérieure, la salle de réception au milieu de laquelle Pénombre Craft se tenait assise était un indéniable signe de richesse et d'ostentation, d'autant plus que le quartier dans lequel elle se trouvait n'était pas connu pour être un banlieue dortoir populaire. La jeune fille, par le simple acte de l'inviter en ces lieux, lui faisait indirectement l'aveu de son identité. Il leva les yeux vers la massive cheminée centrale, qui confirma cette impression en offrant à son regard une esquisse du blason de la famille Craft, que Tim avait aperçu quand il s'était renseigné sur la dernière descendante de la lignée. Esquissant un sourire satisfait, il reporta toute son attention sur celle qu'il était venu voir, et à qui il n'aurait désormais plus besoin de demander son nom. Tant de temps et d'effort pour parvenir à ce simple résultat, c'était peu, mais chaque victoire est bonne à prendre. Patient, il se contenta de s'avancer de quelques pas dans la pièce tandis que son interlocutrice était trop absorbée par la lecture d'un épais grimoire pour lui accorder son attention.

Constatant tout de même que son hôte, loin des standards les plus élémentaires de la politesse, ne lui avait offert aucun moyen de s'asseoir, Tim décida de prendre les devants et de faire comme chez lui. Il était de toute façon hors de question qu'il la laisse entièrement mener le jeu et la conversation. Elle était chez elle, soit, mais il n'en était pas pour autant réduit au rôle de faire-valoir. Sortant sa baguette, il fit apparaître un confortable fauteuil, certainement aussi luxueux que ce sur quoi Pénombre était assise, mais amplement suffisant pour l'occasion. Sans jamais quitter la jeune fille des yeux, il s'assit face à elle, attendant qu'elle daigne lui accorder la parole. Malgré sa volonté de ne pas se laisser marcher sur les pieds, il n'avait aucun intérêt à la bousculer ou à vouloir trop en faire. Croisant les mains sur ses genoux, il maintint son regard sur Pénombre, toujours plongée dans son registre.

Quand elle leva la tête pour lui parler, elle lui annonça quelque chose auquel il n'aurait pu s'attendre. Elle avait manifestement, pendant cet après-midi, mené sa petite enquête sur lui, et en avait découvert qu'il n'était pas mangemort. C'était bien observé, en fait il était tout le contraire. Tim se fit toutefois la remarque qu'il était surprenant qu'elle ait avant tout cherché à savoir s'il n'était pas mangemort, plutôt que de découvrir qu'il était flic. Avait-elle donc plus peur des partisans du Seigneur des Ténèbres que du ministère ? Si c'était le cas, c'était un élément de première importance dans sa petite enquête. Il était de plus toujours rassurant de constater qu'elle ne savait pas qu'il appartenait à la Brigade de Police magique. Moins elle en savait sur ce sujet, plus elle serait en confiance. Un autre point qui ne manquait pas de l'intriguer était son assurance quant au fait qu'il n'était pas mangemort. Comment pouvait-il disposer d'une telle information en si peu de temps ? A la connaissance de Tim, et il lui semblait que l'Ordre n'en savait pas plus, il n'existait pas de registre répertoriant tous les mages noirs. Gardant cette interrogation dans un coin de son esprit, il se promit d'y apporter une réponse plus tard.


« En effet, je ne suis pas mangemort et je pense que votre père ne me connaissait ni d'Ève ni d'Adam. »

Pénombre aborda ensuite frontalement la question de sa présence en ces lieux, celle à laquelle il s'était préparé et pour laquelle il avait imaginé des centaines de réponses avant de s'arrêter sur quelque chose de crédible. Il allait maintenant devoir se dévoiler, ou tout au moins dévoiler son personnage. Il n'avait plus le choix, à présent qu'il avait accepté le rendez-vous imposé par la Ténébreuse, il devait jouer la carte de la franchise et ne pouvait plus laisser planer le doute sur ses motivations. Il était toutefois hors de question de lui avouer qu'il la pistait pour le compte de l'Ordre. Il avait fini par décider d'une réponse qui lui semblait vraisemblable, et qui devait lui attirer la sympathie et l'attention de Pénombre. C'était risqué, mais maintenant qu'il était là, autant jouer le tout pour le tout. Maugrey allait le tuer.

« Et qu'est ce qui vous dit que je ne suis pas dénué de sombres intentions ? Pourquoi ne serais-je pas simplement un dragueur de bar qui vous aurait reconnu et qui aurait souhaité, précisément, être convié à un rendez-vous, chez vous ? »

Ça, ça n'était ni tout à fait prévu ni très intelligent. Jamais Pénombre ne croirait une chose pareille, pas après leurs échanges dans le troquet. Tim adopta donc un sourire de circonstance, lui indiquant que cette première réplique n'était qu'une boutade et que le temps était venu de sa véritable réponse.

« Plus sérieusement, mademoiselle Craft. Je suis tout sauf un ennemi de votre père. Au contraire, je suis là pour vous mettre en garde. Votre famille, et vous particulièrement, avez des ennemis que vous ne soupçonnez pas. »

Il négocia une pause tout à fait calculée en se renfonçant dans son fauteuil. Si elle y croyait et se montrait intéressée, elle poserait des questions. Le but de la manoeuvre était de susciter sa curiosité et d'obtenir sa confiance en se plaçant dans son camp. Il fallait gérer cet avantage au mieux.
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MessageSujet: Re: Extension du domaine de la lutte [PV]   Extension du domaine de la lutte [PV] EmptyVen 19 Juin - 16:07:02

La lumière suiffeuse de l’immense cheminée s’élevant au centre des lieux suintait sur le pavé grisâtre de la vaste pièce circulaire et nourrissait des nappes miroitantes d’un doré aussi enfumé qu’évanescent tandis que Pénombre Craft jaugeait l’homme froidement, l’obscurité dansante de son ombre projetée devant elle comme le reflet métaphorique de sa dualité intérieure. Loin de la foule grouillante de tout danger qui avait monopolisé sans relâche son attention, sa vigilance concentrée et sa méfiance, la Ténébreuse put observer plus soigneusement son interlocuteur, l’étudiant, le détaillant du regard sans la moindre pudeur, ni politesse raffinée ou courtoise de circonstances mais plutôt tout en indécence et en provocation, insolence et aplomb, à l’image du caractère peu conventionnel de l’héritière des Craft.

Tim Mondshmetterling était grand, bâti en finesse, d’une musculature aussi nerveuse qu’élancée et possédait des traits faciaux nets et séduisants, de sombres cheveux de jais contrastant avec les dangereux éclats de lumière qui jouaient dans son regard, lesquels attisaient plus encore autant la suspicion que le désir au sein de l’esprit de la Serpentarde. Quelque soit l’identité de l’étranger, quelques soient ses mystérieuses intentions, il était évident que l’homme l’avait intrigué dès les premiers mots qu’il lui avait adressé, dès les premiers artifices de manœuvres qu’elle avait décelé dans ses attitudes étranges et contradictoires, ses paroles entêtées, son propre esprit aux aguets captant avec certitude les signes indéniables d’une duplicité souterraine, d’un dessein autre qui lui échappait encore de comprendre.

La Capitaine de Quidditch ne put empêcher un air amusé de se peindre sur la pâleur ivoirine de son visage lorsque le sorcier assis en face d’elle répondit à ses invitations de paroles, dissimulant avec l’habilité de l’expérience l’inquiétude que suscita en elle sa première déclaration à son intention.

« Soyez attentif, je n’ai guère affirmé de la bienveillance de vos intentions, seulement de votre position extrinsèque au Clan des Partisans du Seigneur Noir. Cela ne fait pas pour autant de vous, un saint miséricordieux et vertueux, voyez-vous.

Un dragueur de bar ? »


Répéta-t-elle, incrédule et surprise en lui souriant plus franchement.

« Ce simple fait aurait été bien plus amusant, il est vrai. Je vous aurais certainement conduit dans un endroit infiniment plus enclin à s’y divertir que celui-ci et nous aurions pu faire plus amples connaissances en achevant ce que nous avions commencé dans cette sordide auberge. »

Flatta la sulfureuse Sang Pur en évoquant le baiser qu’elle lui avait infligé, la chair humide de sa langue glissant avec provocation sur l’une de ses canines exposée par le sourire qu’elle lui esquissait toujours, synthèse captivante de la lascivité et du charme féminins. Elle devinait qu’il cherchait par un humour dissuasif et intéressant à détourner son attention d’un sujet dangereux sans toutefois déchiffrer de quoi exactement il retournait. La seule vérité dont la Rédactrice en chef de la Gazette de Poudlard était désormais certaine était que sa noble famille n’avait encore jamais eu affaire à Tim de quelque sorte que ce soit car le caractère impertinent d’une pareille canaille aurait fatalement été consigné dans les notes de son cruel Géniteur, or il n’en était rien.

La dernière déclaration de ce dernier irrita avec nervosité la patience de la Rusée, déjà largement entamée par les procédés détournés et indirects de son interlocuteur qui ne cessait de contrer ouvertement chacune de ses préférences affichées : il s’entêtait avec bornes à la vouvoyer tandis qu’elle l’invitait à plus d’une proximité relationnelle aussi fausse que feinte et alors que l’Animagus le conviait finalement à une franchise claire, précise et concise sur les raisons qu’il l’avait amenée à elle, le brun plaisantait d’une légèreté inappropriée, posait des silences inopinés dans ses communications et jouait péniblement avec ses nerfs en évitant chacun de ses pièges stratégiques :

« Mon père était un grand homme et les individualités de sa trempe possèdent toujours de nombreux ennemis et autant de détraqueurs aussi jaloux qu’avides de sa puissance financière, de son influence sur le monde sorcier politique. Ils s’attirent également toutes sortes d’ennuis, vous ne m’apprenez rien Monsieur Mondshmetterling. »

A son tour, la Septième année marqua une pause verbale, de manière à conférer plus d’impact encore à ses paroles, à les ancrer d’une forte conviction aussi muette que déterminée dans l’esprit de son invité. Puis, sa voix grave et posée s’éleva à nouveau dans la vaste pièce circulaire totalement dénuée de meubles, à l’exception du majestueux fauteuil de Pénombre et de celui plus modeste de Tim :

« Et en quoi pouvez-vous donc m’être utile, je vous prie ? Que désirez-vous obtenir de moi en échange de vos précieuses informations ? Si tant est qu’il en soit réellement ainsi. Car je doute sincèrement que ce soit uniquement votre loyale fidélité à ma famille ou encore votre bonté d’âme qui vous ait incité à venir jusqu’ici, ce soir.

Mon attention vous est peut-être présentement acquise mais mon temps vous est également compté alors cessez de tourner autour des évidences et tâchez d’être direct, je vous prie. Qu’avez-vous précisément à offrir, quelles sont vos garanties et que demandez-vous en contrepartie ? »


L’ancienne Championne du Tournoi des quatre sorciers peinait effectivement à croire les maigres projets verbalement dévoilés par le sorcier en face d’elle car il y avait dans son aveu incomplet seulement le mirage trompeur d’un objet de convoitise, non le prix à payer pour l’obtenir, ni la preuve de sa réalité. La jeune Majeure s’interrogeait également sur les hypothétiques raisons plausibles qui l’avaient conduit préférentiellement à elle et non à sa mère qui détenait pourtant encore partiellement les rennes de l’ancestrale Lignée des Craft. Pas que cela ne la flattait guère dans son orgueil, bien au contraire, mais les faits étaient cependant assez singuliers et exceptionnels pour en éveiller d’autant plus la sourde méfiance paranoïaque de son esprit, directement héritée de son cruel Géniteur. Les adultes n’aimaient converser de ce genre de choses avec leurs cadets que dans certains cas bien précis, dont Pénombre ne souhaitait être la naïve petite victime. L’Anglaise se devinait donc la cible calculée de son hôte et avait également une conscience très exacerbée de ses risques aussi colossaux qu’inconsidérés qu’elle prenait en acceptant seulement de dévoiler l’un de ses repaires personnels à un homme qui pourrait tout à fait devenir son plus dangereux mais aussi son plus fervent ennemi.
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  • Tim Mondshmetterling
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MessageSujet: Re: Extension du domaine de la lutte [PV]   Extension du domaine de la lutte [PV] EmptyJeu 13 Aoû - 18:59:28

Avec le silence qui caractérisait cette heure et qui emplissait la pièce à intervalles réguliers, l'ambiance se faisait de plus en plus pesante entre les deux protagonistes de cette subtile partie d'échecs. Aucun des deux ne plaisantait vraiment, bien que Tim ait faussement avancé une semi tentative d'humour rapidement balayée par la dernière des Craft. Les enjeux étaient, ils le savaient tous les deux, fort importants, bien trop pour qu'ils se laissent aller à des légèretés qui auraient risqué de les éloigner leurs objectifs originels respectifs. Contrairement à ce dont il avait l'habitude, Tim n'arborait aucun sourire, se contentant de son expression la plus neutre, voire la plus grave quand il prenait la parole et évoquait la raison de sa présence en ces lieux. Ou plutôt, le prétexte qu'il avait inventé pour ne pas dévoiler ses réelles intentions et son but véritable dans cette entrevue. Il en savait déjà beaucoup, commençait à en deviner encore plus, et il était inutile que Pénombre en apprenne autant sur son compte.

Il ne pût cependant s'empêcher de remarquer deux choses qui rendaient l'attitude de l'héritière des Craft encore plus ambivalente et troublante. Tout d'abord, elle avait abandonné le tutoiement qu'elle avait tenté d'instaurer entre eux pour se plier au vouvoiement auquel s'était livré Tim depuis le début de la conversation malgré les appels de la jeune fille à plus de familiarité. Sans doute était-ce la conséquence de l'abandon définitif du jeu de rôle qu'ils s'étaient imposé dans un premier temps, et le signe qu'ils avaient désormais tous deux posé cartes sur table. De plus, le policier nota que son interlocutrice avait cédé pour un moment, elle aussi, à un écart qui pouvait sembler bien étrange en un moment pareil en répliquant à sa pointe d'humour sur ses motivations de dragueur de bar. Il n'aurait pas cru à première vue Pénombre encline à ce genre de légèreté, surtout quand des affaires d'importance étaient en jeu. Il poursuivit donc dans la brèche, persuadé qu'il pouvait y avoir là quelque avantage à tirer.


« Quel dommage alors, voilà qui aurait pu être fort intéressant... »

Voilà qui était fort peu subtil et absolument pas digne d'un membre de l'Ordre du Phénix en mission, mais après tout, c'était Pénombre qui avait commencé quand elle lui avait adressé un signe tout aussi peu discret en passant lascivement sa langue contre une canine dévoilée. A ce geste, Tim sentit comme un frisson lui parcourir l'échine, ainsi qu'un lourd poids tombant dans son estomac. Mais qu'auraient dit Maugrey ou Shacklebolt en le voyant dans une telle situation ? Peu importe, car pour une raison qui lui échappait quelque peu, Tim ne se voyait pas poursuivre sur une autre voie. Pénombre le provoquait, il était obligé de répondre. Était-ce uniquement parce que cela serait bénéfique à sa mission, ou encore parce qu'il n'avait pas l'habitude de laisser passer de telles provocations venues d'une jeune femme ? Là encore, peu importait.

Tim recouvra son sérieux, qu'aucun sourire n'avait trahi, mais il sentait lui-même qu'une lueur nouvelle s'était allumée au fond de son regard. Il commençait à avoir une idée de la marche à suivre, et il savait que toute son ardeur ne serait pas de trop pour parvenir à ses ambitieux objectifs. Il lui fallait cependant avant tout garder son calme et ne pas se laisser troubler par les provocations de Pénombre.


« Je pense effectivement pouvoir vous être utile. Je sais bien que votre famille a pris l'habitude de se rassurer en s'enfermant dans sa propre paranoïa, mais je reste persuadé que vous ne soupçonnez pas la moitié de ceux qui en veulent à votre père. »

Il n'avait pas l'habitude de peser à ce point chacun de ses mots et d'user d'un vocabulaire aussi soigné, dans lequel chaque expression était consciencieusement choisie pour parvenir à un but précis. Mais à défaut d'être véritablement respectueux des protocoles et de la prudence élémentaire, Tim voulait bien faire son boulot. Après tout, il n'était pas rentré dans l'Ordre pour faire le ménage au Square Grimmaurd. Ses affirmations n'en étaient pas moins risquées : bien que l'Ordre n'ait pas eu d'information à ce sujet, il n'était pas impossible que Pénombre soit au courant du danger que représentaient pour elle les mangemorts. Mais le jeu en valait la chandelle. Il fallait persister dans cette voie, tenir la ligne et continuer à travailler pour gagner la confiance de la demoiselle.

« Quant à savoir pourquoi je fais ça... Il se trouve que je passe le plus clair de mon temps à empêcher ceux qui vous en veulent de nuire, à vous ou à d'autres. Je n'aime pas qu'on fasse du mal aux gens... Je dois être de ces grands idéalistes trop bons et trop cons... »

Cette fois, un sourire tout calculé se dessina sur ses lèvres. Il commençait à comprendre mieux Pénombre, et dans son esprit, se dévaloriser de la sorte en se plaçant aux côtés de valeurs auxquelles il ne la voyait pas adhérer lui semblait une bonne façon de la mettre en confiance pour à terme s'attirer ses bonnes grâces. Ce raisonnement était potentiellement complètement stupide, mais après tout, Tim faisait ce qu'il pouvait.

« Ce que j'attends en retour ? Je vous l'ai dit, je ne suis qu'un modeste dragueur de bar... »

Disant cela, Tim se leva et fit un pas en direction de son interlocutrice, dont il était encore séparé par quelques mètres. C'était peut-être la partie la plus osée de son « plan ». Mais il tentait le coup, même si cela ne devait lui servir qu'à tester la réaction de Pénombre. De toute façon, il avait tellement agi à l'aveuglette depuis leur rencontre qu'il n'était plus à un risque inconsidéré près.


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MessageSujet: Re: Extension du domaine de la lutte [PV]   Extension du domaine de la lutte [PV] EmptyVen 30 Oct - 16:55:35

Pénombre resta stupéfaite, interdite, en se demandant si ses oreilles l’avaient abusée ou si l’homme se moquait délibérément d’elle. Mais son ouïe n’était pas en faute et la confirmation de ce fait résonna crument entre les murs froids de pierres grises lorsque son interlocuteur poursuivit son discours pour le moins inattendu.

La protéger ?

Par tous les Enfers, qu’était-ce donc encore que cette sombre démence verbale ? Avait-il décidé de l’offenser durement en lui adressant toute la bouffissure de cette ridicule et romanesque affirmation ? Mais de quelle dimension parallèle oubliée venait-il exactement ? Certains avaient jadis souffert mille maux d’avoir oser moindre insolence en se présentant à son défunt Géniteur. A quel moment, avait-on cessé de respecter et de craindre une illustre famille de Sang Pur aussi puissante que celle des Craft ?

Pensivement et ce malgré l’agacement ressenti, la Ténébreuse considéra un instant le visage de l’homme, partagée, perplexe et désorientée, en proie à une confusion encore inconnue qui lui oppressait le cœur et l’esprit dans un étau invisible.

Pourquoi ? Pour quelles raisons précises osait-il s’annoncer de la sorte ? Profaner de ses irrévérences abjectes, de ses avanies outrageantes, une demeure de Sang sacré dans laquelle il n’avait été introduit seulement qu’en tant qu’invité informel ? Ne craignait-il pas d’insinuer que les actuels gardes du corps de Pénombre n’étaient guère à la hauteur de leur devoir ? De remettre en question le jugement supérieur qui les avait justement élus à ce titre ? A savoir, l’esprit d’un Craft. N’était-il pas terrifié à l’idée de provoquer le courroux légitime de la Serpentarde en l’insultant de la sorte ? Et pourquoi elle, justement ? Pourquoi vouloir protéger la dernière héritière de cette ancestrale lignée quand sa mort semblait au contraire revêtir bien plus de valeur et d’importance au jugement de quantité de ses opposants, dont l’étranger insinuait d’ailleurs qu’elle en ignorait jusque l’identité d’un nombre conséquent d’entre eux ? Pourquoi cet homme lui offrait-il soudain et consciemment, une protection d’apparence précieuse qui se profilait pourtant meilleur moyen d’infiltration que censée dévotion ?

Escortait-il seulement la mort, dissimulé dans son immaculé manteau chevaleresque, auréolé de ses promesses rassurantes et bienveillantes ?

Le mystère demeurait impénétrable. Seul lui subsistait la réflexion soutenue que son interlocuteur n’était guère dépourvu de ruse. Se gardant de clarifier la nature précise de ses exigences en retour de ses loyaux services, l’étranger ne cessait en effet d’attiser la convoitise et la cupidité de la Septième année en variant subtilement la façon avec laquelle il présentait l’irrésistibilité de son offre, agitant sans répit les effluves grasses et saturées du pouvoir qu’il prétendait détenir sur la quiétude d’âme de l’Animagus. Il avait ainsi su laisser penser que sa passivité vis-à-vis des dangereux complots de l’ombre aurait vu aboutir plusieurs terribles nuisances dont la brune aux yeux clairs aurait, bien entendu, été la malheureuse et vulnérable victime. Cependant, loin de s’en réclamer mérites ou récompenses, loin de s’en glorifier l’acte devant une Sang pur affiliée à une famille d’influence colossale, il persistait à s’affirmer, inlassablement, simple dragueur de bar, sans nulle autre prétention que celles de demeurer au service de la belle.

Le mensonge était flagrant. Un primitif petit séducteur de comptoir ne possédait certainement pas l’étoffe que cet homme annonçait en affirmant avoir enrayé certaines graves nuisances que l’on destinait à la famille Craft. Cela demandait bien plus de capacités, de ressources et de pouvoir que ce que pouvait détenir un habitué d’auberges aussi mal famées que celles dans laquelle les deux sorciers s’étaient rencontrés. Elle ne pouvait décemment croire à son trop improbable désintérêt, ni penser aux atouts physiques de ses propres charmes comme seuls responsables de la divine dévotion de son prétendu protecteur, mais il lui fallait toutefois reconnaitre tout le délice de cette chimère qu’il lui avait inventé. L’Anglaise désirait comprendre, découvrir les failles de cette fausse logique qui incitait un homme de sa trempe à se fourvoyer de la sorte, prétendre se mettre en danger pour préserver et protéger la vie d’une autre personne, cela dans un dévouement et une loyauté dessinés utopiques, dans l’ombre et la plus totale ignorance de la principale concernée. Un tableau parfait, romantique et séduisant qui, aux yeux de la Ténébreuse, ne pouvait rien receler de réel. Comprendre l’aiderait certainement à tirer profits et avantages de la situation, lui éviterait également de bien désagréables surprises. Il devenait finalement évident que bien de peu de choses en réalité n’avaient dû été abandonnées au hasard dans le déroulement effectif de leur rencontre.

Perdue au sein d’un tumulte infernal de possibilités et d’hypothèses vraisemblables bien qu’invérifiables, Pénombre resta un long moment silencieuse, le regard rivé aux tréfonds insondables des prunelles de Tim. Ici, à l’abri de témoins regrettables, l’individu à la longue chevelure de jais pouvait éprouver sa chance à n’importe quel instant, attenter à la vie de la dernière descendante des Craft sans risquer la plus infime des entraves extérieures. Là, seul à seul, les deux mages n’étaient en effet, plus soumis qu’à l’élémentaire principe d’actions-réactions, l’un devenu tout le référentiel de l’autre, sans qu’aucune force parasite externe ne puisse interférer dans leurs échanges. L’idée, l’éventualité même était excitante, dangereuse mais ce n’était pas là, ce que l’étranger paraissait convoiter. Ni cela, ni d’être officialisé chien de garde à sa botte.

« Un chevalier blanc, voici bien ma fortune. Et peut-on savoir ce qui me vaut l’honneur d’une telle faveur de votre part ? Nourrissez-vous donc quelques dettes vis-à-vis de ma famille ? Quelques furieux désirs de carrière, peut-être ? Investir les plus hautes strates du Ministère de la magie vous plairait-il, Monsieur Mondshmetterling ? »

Mais sa réponse ne vint pas telle que la disciple de Salazar Serpentard l’avait anticipée. En lieu et place de la désirée, Tim rompit son immobilité apparente afin de s’aventurer plus en avant dans les distances qui le maintenaient encore séparées de son hôte. Aussitôt, le danger qu’il avait symbolisé jusqu’à présent pour la jeune femme perdit brutalement de ses frontières floues, obscures, indéfinies. Autant dans le mince intervalle temporel qui avait observé leur rencontre, n’avait-elle jamais craint de se rapprocher physiquement de lui, autant cette soudaine menace directe qu’il manifesta sur elle, en diminuant par sa progression son espace-temps de réaction, l’hurlait à se détacher de lui au plus vite. Au plus loin. Son premier réflexe mental fut donc de reculer immédiatement ses positions. Maintenir la distance salvatrice qui la conservait hors de son pouvoir. Mais de la sorte assise contre l’imposant dossier sculpté qui lui conférait l’instant d’avant encore, la domination sur son interlocuteur, ses élans de repli demeuraient limités. Fatalement, son talon buta contre le bois épais du récif en un bruit mat et distinct, horrible et honteuse traitrise du fait.

L’esprit et l’âme rebondirent en même temps que la botte de cuir, rejetés au large par une faiblesse incompréhensible. Tentant de dissiper son trouble ainsi que ses manifestations visibles, la Préfète en Chef se saisit rapidement du manche sombre et rassurant de sa baguette magique tout en révélant des plis de sa cape, l’or forgeant la clé des lieux :

« Duplicatos. »


Lâcha-t-elle, désinvolte en pointant l’arme contre le précieux métal. Un éclat violacé en surgit, l’halo de naissance d’un clone parfait. Puis ce fut à son tour de se défaire de son assise, enveloppée d’une confiance feinte et progressant sous sa seule volonté vers le sorcier qui lui faisait face, arme et invitation en main, une dualité tout à fait d’à propos.

« Premièrement, entendez ceci comme les fondements sains de toute relation entre vous et moi : un seul manquement à ses règles et je ne garantis plus de rien. Nous ne nous rencontrerons jamais volontairement autre part qu’en ces lieux. Sachez toutefois qu’il est impossible d’y transplaner et que l’utilisation du réseau de cheminée pour y parvenir serait suicidaire. Je suis également le Gardien du Secret de cette demeure, ce qui implique que vous n’êtes pas habilité à renseigner qui que ce soit sur son existence, ni même à l’y accompagner. »

La longueur arachnéenne de sa fine main pâle se déroula avec impatience devant le torse de Tim, ouvrant sa prise sur la clé d’or qu’elle lui destinait.

« Votre main, je vous prie. »


Elle reprit sans le quitter des yeux.

« Secondement, je désire que vous me fassiez parvenir dans les plus brefs délais et ce par écrit, l’ensemble des informations détaillées que vous détenez au sujet de mon Père, ainsi que toutes celles en rapport avec ses opposants, leurs familles, leurs réseaux de renseignements... Tout ce que vous prétendez posséder ou savoir. »


Son regard s’appuya plus longuement au sien, tandis que le silence calculé en fin de phrase conférait une importance toute particulière à cette requête pourtant présentée en deuxième partie d’énoncé.

« Enfin, je me dois de connaitre la nature exacte des paiements que vous demandez en retour. Exprimez clairement vos désirs et je les satisferais. Maintenant, dites-moi. Êtes-vous libre pour la nuit ? J’aimerais vous inviter à diner à ma table. »


Pouvait-il exister plus perfide sourire enjôleur destiné à le convaincre ?
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MessageSujet: Re: Extension du domaine de la lutte [PV]   Extension du domaine de la lutte [PV] EmptyJeu 5 Nov - 4:28:35

[post écrit majoritairement à des heures indécentes, et sous l'influence d'une écoute intensive de The Dead Weather I love you]

Par la simple action de se lever et de rompre la distance qu'ils s'étaient accordée mutuellement, Tim avait profondément transformé la nature même de leur entrevue, en en bouleversant l'ambiance, installant une tension d'un nouveau genre entre les deux protagonistes de ce jeu des ombres. Alors qu'ils s'acharnaient depuis des heures à s'observer, se jauger, sans jamais jouer franc jeu ni s'accorder la moindre once de confiance, ce simple rapprochement géographique semblait les avoir ramenés à la condition plus primitive d'un homme et d'une femme seuls dans une demeure à moitié abandonnée, avec tout ce qu'une telle situation pouvait comporter de noirceur et de mystère mais aussi de tentations et d'ambiguïtés. Il n'était à présent plus question d'Ordre du Phénix et de mangemorts, mais de la résolution d'une énigme encore bien plus compliquée encore que les rapports géopolitiques du monde sorcier, et caractérisée par ses composantes tout autant cérébrales que charnelles. Quand Pénombre se rendit compte qu'elle ne pouvait battre en retraite face à l'avancée physique de son opposant et qu'elle fut donc forcée à faire le choix de se lever elle aussi, un imperceptible sourire se dessina sur les lèvres de Tim. Il aurait été fort présomptueux de supposer dès cet instant que la partie était gagnée, mais il avait indéniablement effectué un remarquable progrès par cette simple manœuvre.

Pour un peu, Tim aurait gagé que la température de la pièce, glaciale malgré le feu qui brûlait froidement dans le foyer sombre de la cheminée, avait gagné quelques degrés, revenant à des valeurs plus humaines. N'était-ce pas là le principal changement survenu dans ces dernières secondes ? Les deux individus froids et machinaux qui s'étaient fait face depuis leur rencontre ne venaient-ils pas de redevenir des êtres humains, faits de sang, mais surtout de chair ? Alors que rien, dans leur attitude, n'avait laissé filtrer la moindre once de sentiment, de vie, de lumière, il semblait qu'enfin, ils venaient de se réveiller au monde, à leur monde, celui dans lequel n'existaient que deux sorciers face à face, pleins d'arrière-pensées mais aussi habités de puissantes tensions et d'effectives pulsions. Tim n'aurait rien su caractériser de ce qui lui traversait l'esprit, mais il percevait clairement ces impulsions électriques dans son cerveau, ce frissonnement dans son échine qu'il avait presque oublié mais qui le ramenait à sa condition d'homme.

Pénombre avait-elle réellement perçu ce changement d'atmosphère ? Son premier mouvement de recul, jusqu'à heurter le bois qui formait le pied de son fauteuil, ainsi que sa première réponse, bien loin des attentes du policier, semblaient indiquer qu'elle n'entendait rien à son changement d'attitude, persistant à s'enfermer dans une logique de conservation qui avait pourtant révélé son caractère auto-destructeur. Tim esquissa un sourire d'une froideur que personne ne lui connaissait.


« Le ministère de la magie ? Allons donc... »

Non, Tim n'avait aucune envie de gravir les échelons du ministère, si ce n'est pour quitter définitivement la police magique et tout ce qui pouvait le relier de près ou de loin à Vincent Virdian. Et même s'il l'avait voulu, il était sûr d'avoir des leviers bien plus efficaces qu'un mangemort renégat pour faire pression sur les autorités compétentes, ne serait-ce que parmi ses collègues de l'Ordre du Phénix. Alors, Pénombre Craft comme porte d'entrée au Ministère ? Ça ne pouvait pas être sérieux.

Comprenant cette impasse, sans doute acculée plus loin dans ses retranchements qu'elle ne l'aurait cru, la jeune fille rejoignit son aîné en se levant elle aussi. L'avancée décisive qu'il avait réalisée faisait qu'ils étaient maintenant très proches l'un de l'autre, Tim dominant son interlocutrice, partenaire et adversaire de sa haute stature. Dévoilant une pièce d'or que le rouge n'identifia pas tout de suite, Pénombre se saisit de sa baguette, prononçant une formule qui créa instantanément une copie parfaite de ce qui révélait être la clé des lieux, le rossignol donnant accès à cet appendice du royaume Craft, le passe pour lequel il avait travaillé verbalement et mentalement la Ténébreuse depuis qu'il était entré dans ce sordide troquet de l'Allée des Embrumes. Un instant, il laissa paraître un éclair de triomphe dans ses yeux et sur son sourire, l'effaçant bien vite au profit du retour de l'attitude neutre et prudente qui seyait à la situation. La jeune fille posa bien évidemment un certain nombre de conditions, auquel il ne pouvait que se résoudre tant l'avantage apporté par cette clef était évident et définitif. Qu'il soit incapable de renseigner l'Ordre de l'existence de cette demeure lui importait fort peu, tant cette affaire semblait désormais destinée à être réglée entre eux deux, sans aucun parasite qui aurait rompu le cycle qu'ils s'étaient imposé l'un à l'autre, d'humain à humain.


« Soyez bien assurée que je n'aurai aucune envie de faire partager à qui que ce soit le privilège que constitue cette clé, ma chère Pénombre. »

L'usage du prénom n'avait rien de prémédité ni de calculé, mais s'inscrivait parfaitement dans le mouvement général de rapprochement qui s'instaurait. Encore une fois, l'être humain Pénombre n'était pas le serpent froid et manipulateur qui s'était fait passer Joanna O'Donnell. Tim avait bien conscience de cela, ainsi que de tout ce qu'il avait à gagner dans l'affaire. Après tout, cette première rencontre n'avait-elle pour but, selon les termes même de Maugrey, de tisser un contact et de tout faire pour obtenir la confiance de l'élève de Serpentard ? Voilà qui méritait bien quelques concessions et quelques recherches subsidiaires.

« Vous les aurez. Je vous l'ai promis, vous ne serez pas déçue. »

Et quelle plus belle preuve de la confiance qu'il avait acquise qu'une invitation formelle à dîner ? La partie était gagnée.

« Une nuit... pour un dîner ? Avec plaisir. »

C'est un sourire d'une toute autre nature qui se forma sur les lèvres du policier tandis que sa main se refermait sur la clé d'or, mais aussi sur les doigts qui la tenaient. Jamais les deux jeunes gens n'avaient été aussi proches depuis que leur entrevue en cette demeure avait commencé. Gagné par la tension qui lui parcourait la nuque, Tim inclina la tête sans douceur et s'empara des lèvres de Pénombre, comme elle avait pu le faire quelques heures plus tôt dans le pub crasseux. À la guerre comme à la guerre, et dent pour dent.
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MessageSujet: Re: Extension du domaine de la lutte [PV]   Extension du domaine de la lutte [PV] EmptyJeu 28 Jan - 19:40:40

[On peut dire que ça t'a très bien réussi, j'ai beaucoup aimé .]


Tim au patronyme imprononçable. Combien de temps, leur ignorance respectueuse et mutuelle vis-à-vis de ce qu’ils ignoraient l’un de l’autre pourrait-elle encore maintenir cette trêve tendue, Pénombre ne tenait à le supputer. Mais qui que fut cet homme énigmatique, il possédait de ce point de vue là, d’indéniables avantages sur la Ténébreuse, ne fusse qu’en terme de renseignements sur le passif des protagonistes. Il semblait ainsi parfaitement au courant des tumultueuses affaires ayant impliqué la famille Craft, des années auparavant et s’il n’avait pas mordu à l’ambitieux hameçon qu’elle lui avait jeté, la froideur de son rictus en trahissait bien davantage que ses paroles ne le firent. Il déjouait ses pièges l’un après l’autre, envahissant l’espace de son inaccessibilité artificielle et réduisant dangereusement ses marges de manœuvres, il l’acculait. Comme cela ne lui arrivait guère souvent, l’individu éveillait chez l’ancienne Capitaine de Quidditch un fort sentiment dual, d’agacement et d’attirance à la fois, d’intérêt et de méfiance fusionnés. Il n’avait pas agi au hasard d’une intrépidité inconsciente, à la coïncidence chanceuse d’un détour, non. Il l’avait étudiée comme un chasseur sa proie, probablement en détails, connaissait le reflet théorique de sa personnalité présumée et ce, davantage qu’il ne voulait bien le lui admettre. Pénombre ne put s’empêcher de se demander depuis quand et jusqu’à quel point.

Que savait-il d’autre à son sujet ? De quoi était-il exactement sûr la concernant ? Etait-il au fait qu’une très large majorité des membres de sa famille étaient de fervents partisans du Lord Noir ? Que son défunt géniteur avait autant appartenu au clan assassin des Mangemorts que sa mère, une mortelle fanatique des arts obscurs ? S’il prenait seulement conscience du nombre condamnable d’objets, aussi illicites que meurtriers, anciens que terribles, qui dormaient dans les armureries du sous-sol labyrinthique du Manoir Craft, oserait-il encore agir de la sorte avec la descendante légitime de cette lignée ? S’il découvrait l’ignoble vérité concernant les dizaines et les dizaines d’actes de tortures odieux commis dans les années 70 par Sven Craft, lâchement dissimulé sous le masque de la terreur, les viols déchainés de sorcières au sang pur s’étant compromises avec des moldus, les assassinats d’enfants bâtards résultant de ces unions répugnantes, aurait-il autant insisté pour l’approcher ? Sans doute. Car Tim Mondshmetterling semblait trop en connaitre sur Pénombre pour n’avoir su envisager dignement ce genre d’hypothèses tout à fait plausibles, au vu et au su des quelques informations publiquement disponibles sur le sujet. Il pouvait s’agir de n’importe qui. Aussi bien d'un quelconque tueur commandité pour l’assassiner que de l’un des effrayants propriétaires de cette pierre rouge qu’elle venait d’acquérir dans la plus grande illégalité, prêtre d’elle ne savait plus quel terrible ordre qui avait trop tôt retrouvé sa trace. La paranoïa de son propre conditionnement la saisit à la gorge.

« J’aimerais le croire, en effet. »

Lui répondit la Sang pur d’un ton égal, surprise de percevoir une quelconque marque verbale de rapprochement dans la voix de celui qui s’était imposé dès le début, le vouvoiement. Son propre prénom dans sa bouche l’avait perturbée un instant, projetant dans son esprit confus d’autres sortes de situations très particulières, au cours desquelles il aurait fait un usage ravageur de sa façon singulière d’articuler son prénom. Il était décidément très habile et n’avait rien lâché de son obstination à s’avancer vers elle, malgré les multiples tentatives de la Belle pour conserver le contrôle exclusive de la distance, quelle soit physique ou mentale, les séparant. Pénombre regarda la main puissante de l’homme se refermer sur la sienne tandis qu’il se saisissait du double tendu et elle se sentit monter aux yeux, le feu de ce désir qui lui consumait l’âme.

« Oui… »

Son chuchotement tut ce qu’elle ne pouvait affirmer avec certitude, ses longs doigts diaphanes délaissant l’objet d’un geste évasif et nerveux dans la prise adverse, la perte terrifiante d’un contrôle conditionné depuis la naissance, au bord des lèvres :

« Un diner dont vous pourriez être, vous-même, le plat de résistance. »

Lui murmura-t-elle en tentant de retirer sa main de son piège musculeux tandis qu’un éclair de désir sauvage lui traversait le visage. L’armure se craquelait. Mais l’homme ne lui offrit guère l’opportunité de le défier plus amplement que déjà, il contraignait ses capacités de paroles, de la plus délicieuse façon qu’il soit. La surprise lui étouffa un gémissement rauque. Ses ongles effilés lui creusant dans la peau tendre de son poignet, l’intensité du plaisir infligé. Le désir fou de posséder cette dangereuse créature submergeait tous ses sens et les muscles de la Ténébreuse, perdus de tension lui en faisaient presque mal. Elle se retira un instant de lui et, avec une force surprenante pour une demoiselle de sa carrure, déchira d’un geste brutal le tissu de sa robe de sorcier, dénudant enfin la chair tant convoitée. Avide, la Serpentarde le contempla sans retenue, l’illusion de distance et de contrôle, de retenue éduquée, à présent totalement dissolue. L’âge de l’homme et son corps exercé, l’énigme opaque qu’il représentait et le violent danger émanant de lui, lui conféraient une virilité implacable et fascinante que la jeune femme n’avait encore jamais expérimenté, ni goûté. Ses pensées licencieuses lui donnaient le vertige. Elle pressa plus intimement encore son propre être contre le sien, en retrouvant ses lèvres d’un profond baiser, coulant ses courbes féminines contre le torse de Tim, se fondant avec force et provocation aux contours masculins.

Et c’est ainsi que Pénombre le poussa innocemment vers les pierres grises de l’imposante cheminée. La menace se confirma immédiatement dans l’espace de plus en plus faible qui séparait les deux sorciers de la fournaise infernale, sa chaleur diabolique expirant avec constance, ses relents calcinés sur leur corps enlacés. Mais les flammes incandescentes de l’âtre n’avaient nulle brûlure à offrir, nulle chaleur réelle à confier pour alimenter encore davantage la tension de plus en plus suffocante de la pièce, illusions convaincantes qui masquaient en fait, un astucieux passage dérobé. Passant au travers du rideau de feux, le mirage de l’âtre de pierre se dissolu progressivement, contours et couleurs, pour offrir un nouvel environnement à la vision distraite des amants. Une somptueuse pièce à coucher s’évasait derrière le foyer de la cheminée, large chambre ronde imbriquée par magie dans l’espace confiné du manteau de la cheminée. Et bien que Pénombre ait commencé à comprendre à quel destin elle se livrait en s’abandonnant de la sorte à son prédateur, elle ne put se retenir d’elle-même et c’est ainsi qu’elle invita Tim Mondshmetterling dans l’intimité de sa couche, pour bien d’autres sortes d’affrontements.


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