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 Domaine O'Riordan
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MessageSujet: Domaine O'Riordan   Domaine O'Riordan EmptyJeu 7 Fév - 15:49:20

Ici, le domaine semble faire partie de la terre, et la terre, c'est l'Irlande éternelle. Ici, la magie imprègne tant les lieux que même les Moldus l'ont ressentie et appris à vivre avec. Les Mangemorts ont donné naissance à la fée Banshee, le Peuple de la Forêt et celui de l'Eau se montre parfois par certaines nuits. L'herbe toujours verte a bu beaucoup de sang, et des guerriers oubliés dorment en son sein.
Sur cette terre, en des temps plus heureux, les enfants des sorciers jouaient avec les licornes, dansaient avec les fées, éternuant dans la poussière dorée qu'elles laissent sur leur passage. Leurs parents, à la veillée, leurs contaient des récits pas très différents de ceux qu'entendaient au même moment les enfants Moldus dans une ferme voisine. Aujourd'hui encore, la "sorcière du mois d'avril" est toujours bien présente dans le coeur de ceux qui n'ont pas encore appris à douter.
Ici, la musique de la harpe celtique rappelle les sources qui coulent, discrètes, tandis que l'uillean pipe déchire les brumes de sa plainte. Ici, les Acromentulae sont appelées "fileuses du diable". On dit qu'elles tissent patiemment leur robe de noces, comme leur Grande Mère le fit jadis, avant de lancer son voile dans le ciel. Il y est toujours, et les étrangers l'appelent "la Voie Lactée".

Le domaine O'Riordan se dresse sur une petite colline. Il a été autrefois entouré de remparts en bois, puis en pierre, et ses fondations sont trop vieilles pour témoigner des mains qui les ont bâties. Un corps de bâtiment principal, quelques dépendances, un terrain qui se perd dans la nature souveraine, sans qu'on puisse dire où commence l'un et où s'arrète l'autre.
Anne Maulieu-O'Riordan y a fait mentir la vieille chanson Française Moldue qui dit qu'on ne verra jamais un oranger sur ce sol. Elle y crée chaque année des roses nouvelles, dont l'une porte le prénom de sa fille. Padraic O'Riordan est le souverain d'une riche serre à orchidées. Tous deux parcourent souvent les environs à la recherche d'animaux, magiques ou non, et qui, malades ou blessés, ont besoin de leurs soins.

Dans le cocon des vastes pièces chaleureuses, ils ont veillé pendant onze années sur leur trésor, tenté sans succès de corriger le goût de Canelle pour les escapades, essayé d'attacher leur fille à sa demeure par tous les moyens. Dans la cuisine, Anne a préparé des crèpes succulentes, que Canelle déchirait de ses dents comme des lambeaux de peau brûlante. Dans les enclos, Padraic a semé poules, lapins, oiseaux que la petite avait charge de nourrir, et jusqu'à un petit âne, trésor de malice et de patience. Et ils auraient pu réussir, si le gentil animal n'était pas mort prématurément. Le chagrin de la gamine fut si profond et si déchirant qu'effrayés, ils ne tentèrent plus de peupler la maison que de chats, par nature sujets à l'indépendance, allant et venant à leur gré.

Il vivait dans le domaine quelqu'un d'encore plus farouche que les petits félins de passage. Si Canelle n'avait pu connaître son grand-père, sa grand-mère était toujours solide. A la mort de son mari, Calendula O'Riordan avait préféré laisser la maison à son fils, et s'était retirée dans une des dépendances, confortablement aménagée pour l'occasion. Elle tenait à sa tranquillité, disait-elle. En réalité, elle avait passé la main à sa bru. Anne avait eu des difficultés avec la douairière, dans les premiers temps. Calendula avait été belle, elle restait vive et têtue, et donnait encore son avis sur tout en parcourant la propriété. Elle était très fière de sa petite fille, et clamait à qui voulait l'entendre, et même à qui ne voulait pas, que la petite tenait tout d'elle, et que çà se verrait un jour. Padraic et Anne haussaient les épaules, mais ils voyaient bien qu'au fil du temps, leurs caractères assez réservés s'estompaient de plus en plus en Canelle. Lorsque l'ancêtre, échauffée par un verre d'absinthe, racontait ses frasques de jeunesse, ils échangeait un regard inquiet, espérant que Poudlard mettrait assez de plomb dans la tête de leur évanescente progéniture.


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