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 [Domaine Caerwyn] Hen Gymru fynyddig, paradwys y bardd [Nià]
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  • Mervin Caerwyn
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    Mervin Caerwyn
MessageSujet: [Domaine Caerwyn] Hen Gymru fynyddig, paradwys y bardd [Nià]   [Domaine Caerwyn] Hen Gymru fynyddig, paradwys y bardd [Nià] EmptyDim 12 Juil - 23:39:43

- Monsieeeeur ! Monsieur ! Lord Merwyn, Monsieur !
La voix mélodieuse de l’elfe Taffy troubla le silence matinal du château Caerywn. Sous la brume glacée de l’aurore, la nature s’éveillait. Dehors, un coq chantait, les oiseaux pétillaient, le petit esclave heurtait la lourde porte de bois d’une chambre encore nimbée de sommeil. Sur le lit, un jeune homme dormait paisible, la tête entre ses bras croisés. Les cris perçants du petit esclave agitaient doucement sa conscience. Ses paupières, ourlées de cils clairs, frémissaient, alourdies par la profondeur de nuit.
- Lord Merwyn ! C’est la jument du moldu Monsieur… Oh Taffy s’est dit qu’il devait vous prévenir… Le petit, il…
, articula la créature essoufflée et toute excitée.
Les éléments se recomposèrent très vite. Bien décidé à redonner vie au domaine, Mervin préparait son retour depuis plusieurs mois. A force d’arrangements, une famille sorcière lui avait confié un elfe de maison jeune et très enthousiaste. Descendant d’une lignée écossaise, Taffy n’entendait rien au gallois, mais sa bonne humeur et sa nature volontaire, parfois un peu trop, satisfaisaient pleinement son maître. Avant son retour, l’elfe s’était occupé de son père. Il lui tenait compagnie, et programmait ses journées en suivant les consignes de ses courriers. Le jeune homme lui écrivait deux fois par semaine. Il s’informait de l’avancée des travaux, de l’état de son père, de la santé des animaux, et n’oubliait pas d’adresser quelques mots plus personnels au petit elfe. Les Caerwyn avaient toujours traités leurs elfes avec le plus grand respect. Ils aidaient la famille, vivaient sur leurs terres, faisaient partis du clan. Il était normal de leur parler en toute amitié, et Mervin suivait la tradition. Ses lettres s’accompagnaient d’anecdotes plaisantes, souvent très simple. Un rien enchantait les elfes de maison. Taffy apprenait ses phrases par cœur. Un jour, il lui avait même servi un plat qu’il avait mentionné au dîner, en lui rappelant fièrement qu’il était plus épicé que celui qu’il avait mangé à Poudlard le 24 mai. La dévotion de la créature l’amusait autant qu’elle le gênait. Le petit elfe ne cessait de l’étonner. D’abord attendri par la naïveté de sa prose, il s’était vite laissé gagner par sa joie communicative. Même son père retrouvait le sourire. Il parlait beaucoup de Taffy, et de ses dernières lubies. La curiosité de l’elfe l’avait tiré hors des murs du château. Aelheaern Caerwyn quittait sa morosité, ravi de présenter à son nouveau compagnon la forêt de la famille. Il l’avait formé aux travaux de la ferme, lui enseignait tout ce qu’il savait. Le petit esclave était comme un second fils. Sa présence redonnait du sens à son existence.

Tout se passait selon les prévisions de Mervin. Son père redressait l’échine, prêt à affronter le monde, il était temps d’animer la ferme. Depuis la mort de sa mère, les animaux dépérissaient. Les écuries s’étaient vidées, les gnomes régnaient sur la basse cour au milieu de quelques poules déplumées. Alors que le retour du Seigneur des ténèbres s’officialisait, ils devaient absolument redorer leur blason, profiter des avantages accordés aux Sangs purs pour retrouver les honneurs dus à leur nom. S’ils échouaient, ils courraient droit au désastre. Aelheaern Caerwyn était un traître à son sang. Mais son image serait bientôt lavée. Mervin y travaillait. L’achat de l’elfe, la restructuration du domaine n’était qu’un début. Les éléments s’imbriquaient tour à tour. Tous avaient leur importance. Aujourd’hui, la famille accueillait un nouveau membre. La jument qu’un moldu lui avait vendu deux semaines plutôt allait mettre bas. Cette pensée le frappa enfin. Il se leva d’un bond.

- Sut ? Rŵan ??*
- Monsieur… Vous vous êtes fait mal ? murmura une voix inquiète derrière la paroi.
Le rouquin enfila un pantalon à la hâte, plongea ses mains dans une bassine d’eau fraîche, se mouilla le visage et ouvrit la porte d’un grand coup. Taffy tomba à genou.

- Oh Maître ! Taffy s’excuse, il ne voulait pas vous réveiller si tôt…

La pendule de sa chambre affichait cinq heures et demie du matin. Ce n’était pas très grave. Il ne se levait jamais tard, et la jument avait besoin de lui. Ceinwen, de son joli nom, était un cheval fragile. Le moldu la lui avait cédé pour presque rien. Il ne pensait pas qu’elle survivrait à son poulain et n’avait pas envie de lui offrir le luxe d’un vétérinaire. En l’adoptant, Mervin avait décidé de la sauver.

- Merci Taffy, j’y vais tout de suite. Va réveiller mon père, et rejoins moi.
Le cœur anxieux, il quitta la pièce et s’élança dans les escaliers irréguliers. La naissance du poulain n’était pas prévue cette semaine, il craignait des complications, et priait pour que ce ne fût pas une fausse couche. Mervin comptait sur la science de son père. Ses connaissances en la matière se limitaient à la théorie. Cette fois, Aelheaern devrait reprendre son rôle auprès de lui. C’était tout l’intérêt d’acheter une jument prête à recevoir un petit. Mais le jour tombait mal. Niallàn arrivait aujourd’hui, en début de matinée. Elle pouvait transplaner à tout moment.

**

Ceinwen avait survécu de justesse. La jument blanche, affaiblie, léchait la robe humide du poulain. Epuisé, le torse et les mains couverts de sang, Mervin les observait, allongé sur un monticule de paille. Taffy souriait à ses côtés. Rouge de la tête aux pieds, il rayonnait de fierté. Aelheaern était parti se changer au château. Malgré ses longs mois d’abandon, son père avait retrouvé tous ses réflexes de jeunesse. Il s’était montré d’une grande efficacité. Véritable directeur d’opération, il avait réparti les tâches, improvisé sur le moment lorsque la pauvre Ceinwen donnait des signes de fatigue alarmants. Docile, son fils suivait toutes les consignes. Il se fiait à lui, à la confiance aveugle et toute neuve qui se dégageait à nouveau de lui. Une barrière de plus était brisée. Son père oublierait la mort de sa femme. Il vivrait. A trente cinq ans, l’homme avait encore de belles années devant lui. Mervin ne permettrait pas qu’elles soient gâchées. Une tante réduite à demi folle, réduite à l’état d’un légume, lui suffisait amplement. La consanguinité avait affaibli les siens. Il refusait de voir son père sombrer de la même façon.

La tension se dissipait lourdement dans l’atmosphère confinée de l’écurie. La sérénité les enveloppait. Les yeux à demi-clos, le jeune gallois somnolait paresseusement. Une chaleur rassurante se dégageait des bêtes. Il oubliait le passage du temps. Le sang séchait sur sa peau, lui causait de vagues démangeaisons, mais il n’y faisait pas attention. Parfois, Taffy lui lançait un regard en biais. Très bavard, l’elfe guettait une occasion de parler, mais il ne lui renvoyait que des sourires. Le silence de cet instant était trop beau pour être rompu. Cependant, la voix de son père le tira de sa torpeur.

- Lord Caerwyn vous appelle Monsieur…
, murmura inutilement Taffy.
Il se redressa sur les coudes et se laissa glisser sur la terre battue. Les fétus de paille imprimés sur son dos traçaient une série de traits rougis. Il quitta les chevaux à regret. Que lui voulait donc son père ? Il n’avait pas l’habitude de se faire appeler. Très ponctuel, il ne ratait pas les repas et s’occupait le reste du temps du domaine, vagabondait en forêt ou étudiait tranquillement les archives de ses ancêtres. Mais il ne se fit pas attendre et couru jusqu’au château.


A peine arrivé, il se fit accueillir par Aedd. Son chien, désormais bien réveillé, le salua en lui bondissant dessus, puis en léchant ses mains ensanglantées.

- Bonjour toi ! s’exclama-t-il d’une voix rieuse.
Il essaya de le repousser sans grand succès, mais pâlit soudain lorsqu’il vit qui se tenait derrière l’animal. Niallàn. Oh, comment avait-il pu oublier sa visite ? Et pourquoi son père ne la lui avait-il pas rappelée ? Il n’était vraiment pas en état de recevoir sa cousine, là, torse nu et barbouillé de sang. Son visage s’empourpra, honteux, prêt à se confondre avec les traces vermeilles.


- Oh Niallàn, bonjour, je suis vraiment désolé… Tu vois c’est… Quelque chose d’imprévu s’est passé ce matin et… heu…

- Taffy est venu réveiller le jeune maître à cinq heures mademoiselle !
s’écria soudain le petit elfe.

Et Mervin de rougir de plus belle. La créature, un peu simplette, ne saisissait pas la gravité de la situation. Il lança à la jeune fille un regard hésitant, incapable de continuer maintenant qu’il avait été coupé. Aedd, loin de ces soucis humains sautillait toujours autour de lui en lui donnant des coups de têtes et de langue. Mal à l’aise, il remarqua les bagages de sa cousine. Son serviteur lui-même n’était pas en état de l’accompagner jusqu’à sa chambre pendant qu’il se lavait. Il faisait un bien mauvais hôte.


[*Quoi ? Maintenant ??]
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  • Niallàn Cadell
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    Niallàn Cadell
MessageSujet: Re: [Domaine Caerwyn] Hen Gymru fynyddig, paradwys y bardd [Nià]   [Domaine Caerwyn] Hen Gymru fynyddig, paradwys y bardd [Nià] EmptyJeu 20 Aoû - 11:07:22

1997. Une grande année, vraiment. Etrange année. Beaucoup de choses s’étaient mêlées, le temps s’était amusé à jouer au bout d’un élastique, avec la lenteur de la tension et, avec le relâchement du dit élastique, une rapidité à vous couper le souffle. Ça remonte, ça remonte, et plus rien. Les montagnes russes. Sauf que là, c’était la vie réelle. Les quelques mois qui avaient précédé les vacances d’été, tout semblait s’être précipité. Il y avait eu les révisions, puis les ASPICs. La mort de Dumbledore, Deryn qui, le même soir, lui avait collé une peur bleue en se faufilant dans sa salle commune, affublée de son ancien uniforme de serdaigle, le retour à la maison, les longs discours et les craintes partagées par le clan, les prévisions, les projets et les doutes, et tout ce qui semblait s’échapper d’une boîte de Pandore qu’elle ne s’était jamais attendue à voir. Et finalement, avec les préparations pour combattre ce qui suivrait, les plans de bataille et tout ce qui allait avec, les choses s’était calmé, et l’été était redevenu normal. Chaud, ensoleillé et, quand on était perdu au beau milieu d’une plaine Galloise, parfaitement normal. C’était prévisible, mais n’en était pas moins étrange.

Comme toujours, la mort d’un leader apportait cet enchaînement, la rouquine le savait pour s’être intéresse à de nombreux cas similaires et avoir dévoré une multitude de bouquins sur la guerre et les grandes figures de l’histoire. La même ligne était chaque fois suivie, presque sans écart. Il y avait d’abord la peur, la crainte et la tristesse, voire la douleur. L’idée effrayante que celui qui vous aidait à tenir droit n’est plus là, et que vous allez forcément tomber. L’envie de vengeance aussi, et de reconnaissance, un peu. Le besoin de montrer qu’on peut encore le faire et, de là, l’espoir, souvent plus fort qu’avant, qui engendre une résistance féroce. Parce que quand tout vous colle le tournis, la meilleure idée qu’on puisse avoir, ça n’est pas de s’allonger pour attendre que ça passe, mais de se tenir bien droit, de prendre une longue inspiration et d’avancer. Pas comme si de rien n’était, mais en connaissance de cause. Les choses sont dures, alors on doit se méfier, mais pas flancher. Sous aucun prétexte.

C’était un peu l’idée de la jeune sorcière, et ayant mis ça au clair, étant sûre d’elle, du chemin qu’elle allait devoir parcourir et de ses objectifs, elle pouvait profiter de ses vacances, ses ASPICs en poche et, dans un coin de sa tête, la certitude qu’elle allait bientôt rejoindre sa sœur au sein de l’Ordre du Phénix. Parce qu’une chose était plus importante que tous les évènements qui marquaient le monde sorcier : le clan Cadell. Au complet. Ce qui voulait dire qu’il était tout simplement hors de question de laisser ses deux aînés se battre seuls. Qu’il était aussi impensable d’oublier Mervin, un Caerwin certes, mais membre important de la famille. Ce qui avait conforté la rouquine dans son intention d’aller passer quelques jours ses son cousin. Resserrer les liens qui, avec l’éloignement que sa sortie de Poudlard provoquait, risquaient de s’effilocher un peu.

C’est ce qui l’avait fait transplaner, ce matin. Assise sur son tronc d’arbre, elle avait fait défiler dans sa tête les images du domaine, du marais aux pièces de la maison qu’elle connaissait bien, pour choisir celle qui l’accueillerait. Un instant plus tard, avec une discrétion relative et un « Yiikes » assez sonore quand elle entendit les premiers aboiements d’Aedd, elle se retrouva sur le pas de la porte, baguette à la main et sac de toile à l’épaule. Une caresse pour saluer le chien et l’apaiser, et elle entra, pas franchement à l’aise, alors qu’elle connaissait les lieux presque aussi bien que sa propre demeure.


« Bore da ? »

Sa voix s’étrangla et elle soupira, ennuyée par cette timidité mal placée, et attendit qu’on lui réponde, Aedd sur les talons. Lord Caerwyn ne se fit pas attendre, plus détendu et moins effrayant qu’elle ne se l’était imaginé (depuis quand son oncle était-il effrayant, de toute façon ?).

« Ah, Niallàn. Sut wyt ti ? Sut mae’r rhieni ? »

« Da iawn, diolch. A chi ? »

Souriant, économisant ses mots, il répondit calmement et lui proposa le petit déjeuner – qu’elle refusa, forcément – et appela son fils, laissant à la jeune fille le loisir d’observer la pièce autour d’elle.

« Mervin est dehors depuis ce matin, à s’occuper du domaine. Il n’a pas encore déjeuné. Tu restes longtemps ? »

« Quelques jours, je ne veux pas déranger, et je dois encore m’occuper de l’UMA. Mais j’ai promis a Mervin qu’on se verrait alors… »

Le chien grogna doucement pour se rappeler à eux et elle s’accroupit, offrant ses bras à un Aedd qui ne se fit pas prier.la queue battant l’air, la langue pendante et le regard, il faut l’avouer, pas franchement intelligent, l’animal se laissa tomber contre les genoux de la jeune galloise qui lui frotta le ventre avec énergie.


« Ca fait longtemps, hein Aedd. J’t’ai manqué ? Ton maître à oublié que je venais tu crois ? »

Des rendez-vous qu’elle avait eu ces derniers mois avec son cousin pour les révisions, elle savait que ça n’était pas son genre, mais elle connaissait aussi le garçon hors de Poudlard. A la maison, Mervin pouvait connaître ses obligations et se plier au rythme de son père, s’il avait quelque chose à faire en pleine nature, il oubliait le reste. Et elle avec. Le martellement des pas de son cousin la fit se relever et elle laissa Aedd s’avancer vers le nouveau venu, toujours heureux, toujours remuant, le saluant comme s’il ne l’avait pas vu depuis des lustres. Derrière Mervin, moins rapide, galopait Taffy, l’air un peu affolé de celui qui a toujours trop à faire et qui ne sait plus où donner de la tête. Mais il n’était pas celui qui l’avait fait venir, et pas celui qu’elle voulait voir.

Mervin, dans un état assez effrayant, repoussait tant bien que mal les assauts de son chien et Niallàn l’observa longuement en attendant qu’il réalise sa présence. Il était… du sang, des pieds à la tête. Il n’avait pas l’air blessé, et la jeune fille n’avait aucun mal à l’imaginer avec un quelconque animal blessait, sachant pertinemment qu’il n’était pas de ceux qui avaient peur de se salir les mains. Il n’en restait pas moins repoussant, pour quelqu’un d’autre. Patiemment, elle guetta l’expression de son cousin, ravie de le voir changer de couleur lorsqu’il la vit.


« Sut wyt ti ? »

Son teint changea encore, rougissant violemment, et la jeune fille eut pour toute réponse des excuses d’un Mervin bafouillant et, à sa suite, la protection superflue mais amusante de Taffy.

« Le jeune maître avait un meurtre à commettre en urgence ? »

Un trait d’humour à la Cadell. Mais la jeune fille commençait à être habituée à ce genre de blague un peu idiote, ayant connu celles de ses aînées avant même de faire ses preuves, et ne se démonta pas pour autant.

« Ca me fait plaisir de te voir. »

Même plein de sang. Oubliant son sac et poussant doucement du genou Aedd, devenu un peu encombrant entre eux, elle essuya distraitement le sang de la paume, sans réaliser que ça n’était pas particulièrement quelque chose à faire. Tentant de rassurer son cousin qui semblait culpabiliser – a juste titre – de l’avoir fait attendre, elle expliqua.

« Je n’avais pas précisé d’heure, je crois, mais j’ai pensé que tôt dans la matinée nous permettrait de faire plus de chose dans la journée. Je pourrais t’aider avec la… celui ou celle qui a perdu ce sang. »

Elle sourit et recula

« Une fois que tu seras douché, bien sûr. »
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  • Mervin Caerwyn
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    Mervin Caerwyn
MessageSujet: Re: [Domaine Caerwyn] Hen Gymru fynyddig, paradwys y bardd [Nià]   [Domaine Caerwyn] Hen Gymru fynyddig, paradwys y bardd [Nià] EmptyMer 16 Sep - 18:33:45

Ses rêveries avaient conçu des scénarios beaucoup plus classes. Il s’était vu maître de maison, fier de son domaine, traverser l’allée de la cour, le pas droit, la tête haute, vêtu de ses plus beaux atours. Une élégante révérence aurait accueilli sa cousine et, avant de la faire entrer au château pour lui proposer une collation, qu’elle refuserait selon les règles de bienséances, ils auraient fait le tour du propriétaire. Un domaine actif est en restructuration constante. Chaque visite doit apprécier une nouveauté. Mervin espérait une belle rentrée, fidèle à l’étiquette de la noblesse. Beaucoup de choses avaient changées sur ses terres. Les Caerwyn n’étaient pas une famille de sauvages. Malgré la modestie de leur château, ils savaient recevoir à l’époque où leur nom brillait encore. Il voulait retrouver des mœurs plus élevées. Niallàn ne méritait pas cette arrivée précipitée. Elle le découvrait sous son plus mauvais jour, couvert de sang et de paille. Le rouge lui montait aux joues. La jeune fille venait seule pour la première fois, et il n’avait jamais été aussi peu présentable. Ne pouvait-il pas tout annuler ? Recommencer la scène à zéro ? Les évènements de l’aube avaient complètement perturbé le programme de sa matinée. Pendant qu’il s’occupait de la jument et de son nouveau né il avait occulté le grand problème Cadell. Qu’allait-il faire ? S’il avait préparé des phrases, il était incapable de s’en souvenir. Ses excuses bafouillées l’enlisaient dans des platitudes embarrassées. Le regard fuyant, il cherchait déjà un endroit où se terrer. Aedd appuyait ses pattes sur son torse. Les griffes lui éraflaient la peau. Il ne repoussait sans succès, d’une main trop veule pour inquiéter le chien.

Les propos malvenus de Taffy étaient plus inspirants. Niallàn les saisit aussitôt, prête à lancer sa première pique. Il redoutait sa nature malicieuse. Au début, il s’en amusait avec elle. C’était un petit jeu qui lui réussissait bien. Les étincelles d’esprit de ses camarades avaient toujours droit à un retour taquin. Mais, lorsqu’il s’agissait de sa cousine, l’inspiration lui faisait défaut. Ces derniers mois l’avaient mis à la merci de ses réparties. Les rediriger semblait moins évident. Au point où il choisissait souvent de les interpréter au premier degré. Très gêné par l’intervention de son petit serviteur, Mervin ouvrit la bouche sans dire un mot. L’ironie de la jeune fille nouait sa gorge. Il n’était plus seulement lamentable. A cause de Taffy, la situation devenait ridicule. Le petit elfe écarquillait de grands yeux effarés. Son intelligence limitée ne comprenait pas l’humour de la question. Il secoua vivement la tête. Ses grandes oreilles battaient l’air de droite à gauche.


- Oh non ! Oh non ! Le jeune maître ne ferait jamais ça ! Il…

- Laisse Taffy…
, coupa le Serpentard d’une voix blanche. Ce n’est pas grave. On se débarrassera des corps plus tard.

Un sourire frôla ses lèvres tandis que Taffy lui lançait un regard de parfaite incompréhension. Dans le doute, il eut la sagesse de garder le silence. Au moins, le message subliminal était passé. Il allait rattraper son entrée peu conventionnelle. L’elfe ne serait plus une entrave à la conversation. Hélas, c’était sans compter la perfidie de Niallàn. Sa cousine avait le don secret de mettre à mal toutes ses prévisions. Il retrouvait ses moyens pour les perdre aussitôt. A Poudlard, il écourtait les entrevues dès que leurs rapports lui semblaient trop tendus. Son seul de tolérance volait en éclats à force d’être frappé. Alors il paniquait et s’en allait. Comment allait-il survivre une semaine entière ? Etait-il fou ? Pourquoi avait-il invité une jeune fille qui jouait avec ses nerfs ? Elle était heureuse de le revoir, et lui aussi au fond. Mais sa proximité soudaine le tétanisa. La main chaude de la jeune fille glissa sur sa poitrine. Elle l’avait mis au supplice en février en lui relevant le menton. Là, il ne songeait plus qu’à partir, le plus loin possible. Son visage s’embrasait, l’endroit où elle avait posé sa paume aussi, et le sens de ses paroles lui échappa. La respiration coupée, il n’entendait rien d’autre qu’un amalgame de mots isolés. Il fallait qu’elle le laisse. Les pensées fixées sur cet instant, il attendait la fin, la libération. Seule l’idée de prendre sa douche l’aida à se raccrocher à la discussion. Elle définissait une action concrète, une fuite possible. Niallàn se retirait enfin. Il hocha vaguement la tête, l’air absent et égaré. Il ne voyait même plus son visage.

- Oui… la douche… Je reviens…


Il s’éclipsa sans demander son reste dans une aile reculée du château, poussa une lourde porte de bois et baissa d’un geste fébrile le loquet rouillé. La petite salle sombre, éclairée par une fenêtre haute trop petite pour y laisser passer les épaules était équipée d’un mobilier très rudimentaire. La baignoire avait été ciselée dans un noyer quelques siècles plus tôt. Elle se remplissait à la baguette magique. Avec le temps, une douche avait été installée à côté. C’était l’un des premiers modèles créés. Il marchait grâce à la magie, l’eau courante étant bien entendu inexistante dans le château. Encore secoué, Mervin se débarrassa de son pantalon tâché et disparut derrière un rideau de velours.

**

- Taffy peut vous aider Miss… Miss Cadell ! C’est bien ça ? Lord Mervin avait annoncé à Taffy votre venue. Vous êtes de sa famille n’est ce pas ? Taffy a promis qu’il devait bien se comporter avec vous. Alors si Taffy peut vous être utile…

-
Imperturbable, l’elfe de maison essayait d’entretenir la conversation. Mervin lui avait bien fait comprendre que la jeune fille était une invitée de marque. Pendant cette semaine, il avait pour ordre d’être à l’écoute de tous ses besoins. Elle devait passer avant ses maîtres, et le regard avide de la petite créature attendait les premières instructions. Il était aussi ravi de rencontrer une amie de la famille. Le jeune Caerwyn ne lui avait presque jamais parlé de Niallàn. Un voile d’ombre couvrait la demoiselle, et ce mystère l’intriguait beaucoup. Si elle venait au château, elle était sans doute plus importante que les autres !
Aelhaearn Caerwyn vint au secours de l’ex Serdaigle. Un sourire amusé, dont la douceur tranquille n’était pas sans rappeler celui de son fils, flottait sur son visage vieillit avant l’âge. Ses traits creusés témoignaient d’une profonde souffrance. On sentait en le regardant qu’il revenait d’une longue maladie morale. Sa vie nouvelle portait encore les traces de la poussière. A trente cinq ans, la grisaille ternissait déjà l’éclat cuivré de ses cheveux. Des rides douloureuses barraient son front, les pommettes saillaient et sa carrure, pourtant solide, rompue aux travaux en pleine nature, donnait l’impression d’une carcasse fragile, qui retrouvait avec peine l’énergie d’antant. Le Lord se relevait doucement. Mais sa jeunesse était perdue à jamais. Il avait pris dix ans de trop.


- Et si tu t’installais en attendant ?[color] suggéra-t-il d’une voix posée.[color=cadetblue] Suis-moi, je vais te montrer la chambre.


Il souleva la valise et monta l’escalier de pierre qui menait à l’étage. Taffy, désespéré crier qu’il devait porter les bagages lui-même et, pour le calmer, Aelhaern lui ordonna plutôt d’apporter des vêtements propres à son fils qui n’avait pas eu la présence d’esprit d’aller en chercher avant de se ruer sous la douche.

- Je me demande parfois à quoi il pense…
, glissa-t-il à son invitée sur le ton de la plaisanterie.
Evidemment, le sens de leur petit manège était pour lui très clair. Il réalisait qu’il n’avait pas vu son fils grandir. Il venait de fêter ses seize ans ! Le temps passait anormalement vite pendant qu’il n’existait plus. Il avait rencontré sa femme, Eilwen au même âge. Cela ne voulait rien dire, bien sûr, mais la scène de ces deux enfants transformait sa mélancolie en nostalgie. Ses souvenirs se réchauffaient. Sous le malheur de la fin, il entrevoyait à nouveau le bonheur de ce qu’il avait vécu.
Quelques réaménagements avaient été faits à l’étage pour accueillir Niallàn. La meilleure chambre du château, celle des défunts grands parents, avait retrouvé ses premières splendeurs.


- Je pense que tu t’en souviens
, lança-t-il en posant une main sur la porte. Mais j’espère que les changements te plairont.
Il ne fallait pas s’attendre à un décor fastueux. Les Caerwyn avaient toujours préféré la simplicité médiévale à la richesse chargée des autres époques. Le ton du château rappelait un Poudlard miniature et plus modeste. Dans la pièce blanchie à la chaux, le bleu royal était à l’honneur, sur les tapis, les tapisseries et les tentures du lit. Quelques grimoires, parmi les plus anciens, avaient été sortis de la bibliothèque pour remplir les étagères d’un meuble à peine plus haut que les coffres.
- Fais comme chez toi, Merwyn viendra te chercher quand il sera prêt.

Aelhaearn posa la valise à l’entrée de la chambre et se retira.

**

Un quart d’heure plus tard, Mervin se présenta devant la porte. Remis de ses émotions, propre et habillé grâce à la prévoyance de son père, il toqua et attendit qu’on lui donne l’autorisation d’entrer. Ses cheveux, encore humides retrouvaient leur désordre habituel. Il avait enfilé une tunique à la hâte et Taffy accourut à lui juste à temps pour lui tendre une ceinture. Il le gratifia d’un sourire, puis lui fit signe de s’éloigner. L’elfe était gentil mais un peu encombrant lorsqu’il essayait de se mêler des affaires des humains.


- Je suis vraiment désolé
, répéta-t-il. On ne peut pas dire que tu aies eu un accueil digne de ce nom… Il ne s’est rien passé de grave tout à l’heure, quand je suis arrivé couvert de sang… - Ses joues rosirent légèrement à l’évocation de son entrée en scène. – En fait, je revenais de l’écurie. On a eu un poulain. Il va bien, ajouta-t-il dans un sourire. Je te le montrerais si tu veux. Mais toi, comment vas-tu ?

La question n’essayait pas seulement de rattraper une formalité ratée. Niallàn ne lui avait pas donné beaucoup de nouvelles depuis l’attaque de Poudlard. Le monde magique avait changé depuis le début de l’été, et beaucoup de sorciers en souffraient.
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  • Niallàn Cadell
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    Niallàn Cadell
MessageSujet: Re: [Domaine Caerwyn] Hen Gymru fynyddig, paradwys y bardd [Nià]   [Domaine Caerwyn] Hen Gymru fynyddig, paradwys y bardd [Nià] EmptySam 5 Déc - 18:15:09

Alors qu'elle s'était attendue à ce que son trait d'humour fasse un plat et n'aide pas vraiment à détendre l'atmosphère, Taffy réagit au quart de tour, paniqué et prêt à tout pour blanchir l'honneur du jeune garçon qu'il servait, amusant un peu plus la rouquine. Mervin enchaîna, entrant dans son jeu et une fois ces salutations assez originales terminées, la galloise se sentait parfaitement à son aise, bien moins gênée par la présence de Mervin et de l'elfe hyperactif que par celle, plus imposante et plus grave, de lord Caerwyn. Prenant de l'assurance sans vraiment réaliser qu'en face d'elle, son cousin se décomposait à vue d'oeil, elle se contenta de s'occuper de lui, attentionnée et naturelle, sans s'inquiéter du sang qui entachait maintenant sa main. Un simple sort nettoierait ça, contrairement à l'état de Mervin qui nécessitait beaucoup plus qu'un léger mouvement de baguette. La voix blanche du garçon la fit hésiter, froncer les sourcils et elle le regarda filer comme un voleur vers la salle-de-bain, la plaquant là comme si sa douche était une mission des plus essentielles. Un peu surprise, la rouquine resta plantée, laissant Taffy se perdre en un long monologue sur toute l'aide qu'il pouvait lui apporter.

« Oh je... »

« Vous êtes de sa famille n’est ce pas ? »

« Je... »

« Taffy a promis qu’il devait bien se comporter avec vous. Alors si Taffy peut vous être utile… »

« Non je... »

« Il vous suffit de demander, le jeune maître a bien insisté, Taffy doit vous apporter ses services avant tout le monde. Il vous suffit de demander. Le jeune maître n'a pas beaucoup parlé de vous mais vous êtes une invité de marque, et Taffy est ravi de pouvoir vous être utile. »

Un peu soufflée par le débit de paroles du petit être, la rouquine écarquilla les yeux, attendant qu'il se taise une seconde ou qu'il lui laisse un peu de temps pour répondre aux questions qu'il posait à la chaine, sans même attendre les informations qu'il demandait. Finalement, ce fut la voix un peu plus forte, plus grave et plus douce d'Aelhaearn qui vint à son secours, lui arrachant un soupir de soulagement et un sourire reconnaissant. L'homme saisit ses valises et la jeune femme le suivit sans demander son reste, ravie de pouvoir s'éloigner de l'adorable source de piaillements. La miniature geignit un moment avant de se voir assigner une nouvelle tâche et de disparaitre aussitôt, laissant le silence s'abattre sur Niallàn et son oncle, vivifiant et terriblement agréable.

« Je me demande à quoi il pense... »

Niallàn sourit, savourant la voix douce d'Aelhaern comme une tasse de thé brûlante après un déluge et se laissa conduire vers sa chambre, docile et silencieuse. Elle sourit en réponse à ses moindres mots, peu bavarde et un peu ailleurs, son sourire devenant plus franc lorsqu'il lui laissa voir l'intérieur de la chambre qu'elle occuperait.

« Elle est vraiment belle, je ne la voyait pas comme ça, plus sombre. »

Elle hocha la tête aux dernières paroles de son oncle, déjà absorbée par les grimoires qui emplissaient les étagères, observant leurs couvertures et lisant les titres des ouvrages qu'elle découvrait ou redécouvrait, amusée par les souvenirs d'enfance que cela faisait revivre. La beauté du paysage que la fenêtre laissait apercevoir, mille fois dévoré des yeux comme si tout pouvait lui appartenir et comme si chaque recoin, chaque tronc pouvait abriter quelque chose de magique, qu'un regard insistant ferait sortir de l'ombre. Avec un énième sourire, elle saisit un grimoire qu'elle connaissait par coeur, un recueil de contes sorciers et s'assit en tailleur sur le lit pour attendre son cousin.

Mervin revint finalement, propre et présentable, un Mervin digne de celui qu'elle connaissait à Poudlard, du serpentard qui se souciait des convenances et qui s'arrangeait pour être toujours neutre, irréprochable. Avec ce vague sentiment de précipitation et d'égarement qu'il avait quand elle le voyait et qu'il peinait à garder armure et masque en place. Elle leva à peine les yeux de son livre, souriant pour l'encourager à entrer – depuis quand devait-il frapper quand la porte de la chambre était ouverte ? - et l'observa fixement, douce et amusée tandis qu'il se confondait en excuses. Encore une fois, les apparences se craquelaient et Mervin lui apparaissait plus réel qu'avec ses airs de grand seigneur. Rieuse, la rouquine se décala un peu sur le lit pour lui laisser de la place et l'invita à venir s'asseoir, cornant à peine la page là où elle devrait reprendre sa lecture, reposant le livre de contes sur la table de nuit.

« Je me doute que tu n'as assassiné personne, quoique ça aurait pu rendre les vacances plutôt palpitantes. »

Pas qu'elles s'annoncent ennuyeuses, mais des cadavres dans les bois n'étaient pas pour rendre les choses paisibles et banales, et il y aurait forcément eu beaucoup à faire, de la dissimulation du ou des corps à l'élaboration d'un alibi en béton. Il faudrait brouiller les pistes, falsifier les preuves bref, une occupation assez prenante et qui ne leur aurait pas laissé le temps de s'ennuyer. Même si, en y pensant, le jeu aurait été un brin glauque. Coupant court à ses délires un peu morbide, Niallàn adressa un sourire doux à son cousin.

« Je vais bien. Les choses sont un peu compliquées en ce moment, comme tu t'en doutes... »

Est ce qu'il s'en doutait vraiment ? Il ne savait pas que Deryn était dans l'ordre, il ne savait donc certainement pas qu'elle était intervenue durant l'attaque. Il ne savait pas non plus que Cadfael y était, elle ne pouvait donc pas lui parler de ses blessures et de son attitude non plus. Elle ne pouvait pas lui parler de ses projets, ne voulant pas le mettre en danger plus qu'il ne le serait déjà maintenant que Dumbledore n'était plus là pour protéger Poudlard. Et il ne savait pas non plus qu'Erdyn s'apprêtait à quitter le pays de Galles. Il ne pouvait pas imaginer à quel point la situation était délicate.

« Enfin, quoi qu'il en soit, je dois aller m'inscrire la semaine prochaine à l'UMA, élite magique. Je vais pouvoir me noyer sous des montagnes de nouveaux livres. »

Elle rit et leva les yeux au ciel, se moquant d'elle même.

« Le paradis sur terre. Tu vas faire quoi toi ? Tu as reçu ta lettre pour Poudlard ? Tu sais comment ça va se passer et qui est à la tête du collège maintenant ? C'est probable qu'ils l'aient dit dans la gazette, mais avec toutes les âneries qu'ils y racontent et le peu de joie qui émane des articles, j'ai abandonné depuis un moment. Je vais finir par m'abonner à Sorcière hebdo, c'est stupide mais ça ne parle ni de meurtre, ni de complot, ni de rien de ce genre. »

Bref. Lorsqu'il s'agissait de commenter les récents évènements, la jeune Cadell avait de l'énergie à revendre, préférant pour le moment la colère à l'inquiétude. Il fallait qu'elle revérifie les fioles de polynectar pour quand Erdyn voudrait passer à la maison d'ailleurs. Avec un léger soupir, elle haussa les épaules.

« On pourra se voir à Pré-au-lard aussi, j'ai qu'à transplaner, ça ne sera pas bien compliqué. »
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