Décidément, Rusard n'avait pas volé sa réputation détestable. Le vieux schnock avait osé lui confisquer son numéro 18 de Martin Miggs, le Moldu fou, offert généreusement par sa famille à Noël ! Le concierge avait prétexté qu'il était interdit de lire des bandes dessinées dans les couloirs de l'école, mais Revan savait bien que c'était faux. Elle le soupçonnait d'être de mauvaise humeur à cause de Peeves, qui avait encore renversé des poubelles dans les couloirs, et d'avoir passé ses nerfs sur le premier gosse qui avait croisé son chemin, à savoir elle-même. Elle avait d'abord songé à attendre qu'il lui rende son bien, mais ses camarades l'avaient bien vite découragée : tout le monde s'était accordé à dire que lorsqu'un objet partait pour le bureau de Rusard, on ne le revoyait jamais, à moins de s'appeler les jumeaux Weasley.

Et il n’était pas question qu’elle se laisse priver de Martin Miggs sans réagir. Surtout s’il s’agissait d’un cadeau de Noël.

La petite Gryffondor était donc bien décidée à braquer ce cher Rusard. Elle avait passé une bonne demi-heure en Salle commune à retourner divers plans dans sa tête. Le plus simple aurait été d’agir en pleine journée, puisque Rusard était rarement dans son bureau (on le trouvait plus volontiers en train d’arpenter les couloirs du château avec Miss Teigne, guettant le moindre faux-pas de gamins innocents). Mais pour ça, elle aurait quand même eut besoin d’un complice qui se serait assuré que ni le concierge ni sa maudite chatte ne risquaient de la surprendre , or, aucune personne sensée n’aurait accepté de courir un tel risque. Elle s’était donc résolue à agir de nuit. Elle attendrait le couvre-feu, quand Rusard ferait sa ronde habituelle, et se glisserait le plus vite possible dans son bureau. Et si Miss Teigne croisait son chemin, elle lui réglerait vite fait son compte à coup de sortilège (ou de pied au cul, à voir en fonction de la situation). Voilà.

Ce fut donc déterminée et parée à toute éventualité que la brunette s’échappa du dortoir cette nuit-là, enveloppée dans sa cape dans l’espoir de se fondre un maximum dans le décor, sa baguette à la main. Tous les sens en alertes, elle descendit lentement les étages, s’arrêtant à chaque couloir et en haut de chaque escalier pour guetter les bruits de pas éventuels. Elle était tendue, mais curieusement, elle gardait un rythme cardiaque normal. Elle s’étonna elle-même de rester si calme malgré le danger évident. Elle s’efforçait surtout de ne pas penser à ce qui arriverait si le concierge ou n’importe qui d’autre la découvrait, partie ainsi en escapade nocturne.

Enfin, elle arriva au rez-de-chaussée. Pas de vieux fou ni de chat à l‘horizon… Silencieuse, elle s’approcha de la porte du bureau, qui était ouverte. Alors seulement, elle concéda à allumer sa baguette magique en murmurant un Lumos. Confiante, elle fit un pas en avant…

Sauf qu’il y avait quelqu’un dans le bureau. Pendant une demi seconde, une demi seconde effroyable, Revan crut qu’il s’agissait de Rusard : son cœur loupa un ou deux battements tandis qu’elle se figeait. Mais ce n’était pas le concierge. C’était un gosse, penché devant le bureau, sur lequel elle pointait à présent sa baguette allumée. Elle le reconnut : un serpent de première année qu’elle avait déjà croisé en cours. Damien.

Elle resta figée quelques secondes, éclairant toujours son camarade, pendant que son cœur recommençait à battre.

- Bordel... Qu’est-ce que tu fous là ? souffla-t-elle finalement.

[hj: Ce n'est pas super inspirant, comme post, je suis désolé...]

Décidément, cette bande dessiné commençait vraiment à l’intriguée. Non pas qu’il aimait particulièrement ça mais… mais comme il n’avait jamais vraiment eu la chance de côtoyer ce genre de lecture primitive, il en était des plus fasciné. Ce fut à ce moment que la petite miss le fit sursauter. Nan, mais elle n’était pas bien, celle-là? Elle voulait lui faire une crise-cardiaque? Il avait été persuadé qu’il avait s’agit de Rusard qui revenait plus tôt que prévu de sa ronde nocturne.

Le jeune garçon décrocha à la fille une moue butée et franchement énervée, du coup. Elle pourrait au moins être un peu polie, celle-là! Quel culot, tout de même… Il pointa à son tour sa baguette dans la direction de la petite gryffy, se levant de la chaise appartenant au concierge, pour lui faire face. Ho, ils devaient bien faire la même grandeur, mais qu’importe. Il referma le livre d’une main, maintenant sa baguette de l’autre, en le faisant claqué, démontrant ainsi son envie de lui en collé une pour l’avoir ainsi fait sursauter.

« Je lis! Ça ne se voit pas? T’es aveugle ou complètement idiote? »

Il avait lâché ça sur un ton des plus sarcastiques à l’égard de la fillette. Au fond, il aurait très bien pu lui retourner la question. Mais qu’est-ce qu’ELLE faisait ici? Lui, tout le monde s’en fichait. Il faisait ce qu’il voulait et personne ne se posait jamais de questions. C’était surtout parce qu’il était très rare qu’il ne se fasse surprend en flagrant délit, comme c’était le cas en cet instant même.

Soupirant, l’adolescent passa à côté de la fillette, ouvrant la porte un peu, glissa sa petite tête dans l’entrebâillement. Il s’assura qu’il n’y avait toujours personne. Non, ils étaient bien seuls sur cet étage… Pour l’instant, du moins. Grommelant quelques mots incompréhensible pour quiconque l’écoutait, il se retourna, fermant la porte en silence, vers la petite gryffondor. Cette dernière avait vraiment réussi à l’exaspéré.

« Nan mais, qu’est-ce que tu fabrique! Ça va pas la tête? Et puis, qu’est-ce que tu cherchais en venant ici, pour commencer? »

Il avait franchement envie de lui dire qu’elle le dérangeait profondément et qu’il avait seulement envie de lui enfoncé le crane dans mur, mais s’en abstint tant bien que mal. Abaissant finalement sa baguette, se rendant compte qu’il l’aveuglait probablement, il posa sur elle un regard ennuyé par la situation dans laquelle il se trouvait, surtout en sa présence.

Se doutant que le trop de lumière dont leurs deux baguettes faisaient, il lança un nox qu’il chuchota doucement et son bois de bois s’éteignit, tout simplement. Il la fit ensuite glisser dans sa manche et on n’en parla plus. L’adolescent ne savait pas trop quoi s’attendre de la fillette qu’il avait croisé à quelques reprises dans ses précédent cours. Il ignorait tout d’elle, de son nom jusqu’à sa personnalité. Mais en cet instant? Et bien… En cet instant, tout ça ne lui importait guère. Il ne se présenta pas non plus, ce n’était ni le moment, ni l’endroit pour faire connaissance avec elle.

[ HJ : Mais si, t'en fais pas, c'est bien ^^ ]

A voir la tête du garçon, il devait avoir eut la même frousse qu’elle, croyant sans doute que Rusard était revenu à son poste, mais il se repris bien vite. Il lui mit à son tour la lumière de sa baguette en plein visage, ce qui la força à plisser les yeux. Elle le vit se lever et refermer le livre qu’il était en train de lire d’un coup sec, exprimant clairement son mécontentement. Et bien sûr, il lui répondit d’un ton plutôt cinglant. Revan se mordit la lèvre : elle n’avait pas été très polie non plus. Mais il fallait la comprendre, elle avait bien cru sa dernière heure arrivée, en le voyant assis là… Franchement, on avait pas idée de se rendre dans le bureau du concierge, en pleine nuit et en totale interdiction, pour LIRE ! Il était certainement ici pour une autre raison, mais elle comprenait qu’il n’eût pas envie de la lui révéler alors qu’elle avait posé la question si gentiment.

Elle le regarda passer devant elle pour jeter un coup d’œil à l’extérieur, puis refermer la porte. Le gamin lui retourna alors sa question, de manière encore plus malpolie qu’elle ne l’avait fait, ce qui eut le don de faire poindre l’énervement en elle. Elle referma la bouche (qu’elle avait inconsciemment gardé entrouverte) et fronça les sourcils. Le gamin éteignit sa baguette, ce qui permit à la fillette d’ouvrir à nouveau les yeux normalement. Elle pouvait distinguer ses traits, et il était évident qu’il mourrait d’envie de la cogner. Elle lui répondit en chuchotant, sur le même ton qu’il avait employé :

- Je suis venue récupérer quelque chose qui m’appartient, si tu veux savoir… Et j’ai pas envie de traîner ici !

Elle allait lui tourner le dos et prendre la direction des tiroirs où étaient rangés les objets confisqués, bien décidée à l’ignorer et repartir tranquillement dans sa Salle Commune, lorsqu’un détail attira son attention. Le serpent tenait toujours à la main le « livre » dans lequel il était plongé à son arrivée. Sauf que ce n’était pas un livre. C’était un album de bande dessinée. Et Revan était prête à parier qu’il n’y avait pas trente-six bandes dessinées qui traînaient dans le bureau de Rusard… Elle releva les yeux vers son camarade. Ses traits sombres et maigres montraient un agacement extrême. Pour le coup, le hasard faisait très mal les choses… Elle avait vraiment la poisse, ce soir-là. Non seulement une vipère avait décidé de partir en virée nocturne au même endroit qu’elle, mais en plus, il avait mit la main sur son bien. Elle n’était néanmoins pas aussi énervée que lui, ce qui était une bonne chose, elle en était convaincue. Ce n’était pas le moment de s’engueuler.

- C’est ça que je suis venue chercher… murmura la fillette.

Elle tendit la main, attendant que le garçon lui redonne son album. Il n’allait quand même pas vouloir le garder. Non, il allait lui rendre sa B.D, et ils repartiraient chacun de leur côté, comme si rien ne s’était passé… Elle n’aurait même pas besoin de lui dire son nom…

« Ça? »

Le jeune garçon baissa les yeux vers le bouquin qu’il tenait toujours entre les mains, l’expression de son visage semblait vouloir s’apaiser pour redevenir aussi las et ennuyé qu’à son habitude. Il leva la main, et le livre avec, au niveau de ses yeux, un bien étrange sourire peignant alors ses traits étirés. Il regarda la main qu’elle tendait vers lui, convaincu qu’elle était qu’il allait le lui rendre. Ho, elle rigolait? Il venait tout juste de commencer à le lire! Il n’allait pas s’en séparer maintenant, si? Elle allait lui enlever la seule occasion qu’il eut dans sa courte vie de lire pareille sottise? Quelle merde… Il ne semblait pas se décidé à rendre l’objet à sa propriétaire. Il trouvait cela plutôt dommage, en fait, de devoir s’en séparer tout de suite, lui qui n’avait guère eu l’occasion de s’amuser un peu, dans le passé.

Il lui tendit finalement l’objet en question, qu’elle reprit de ses mains, après quelques secondes d’hésitation de sa part. L’adolescent sursauta brusquement en entendant quelqu’un crier dans le couloir. Merde! Il avait perdu tellement de temps à bavarder avec la petite lionne qu’il n’avait même plus pensé à l’endroit où il se trouvait! Rusard revenait de sa ronde nocturne! Ce n’était pas bon signe du tout!

Un peu pris de panique, le garçon attrapa la fillette, lui ordonnant d’éteindre sa baguette, et l’entraina avec lui derrière le bureau, de manière à ce qu’on ne les voie pas tout de suite en entrant. Accroupi, le dos appuyé contre le bois du bureau, il tourna la tête vers la rouge et or, sortant sa baguette, lui souriant avec malice, dans l’obscurité de la pièce. Il avait une idée derrière la tête, c’était presque trop évident.

« À go, tu pétrifie Miss Teigne, je m’occuperai de Rusard..., lui chuchota-t-il sur un ton vaguement amusé d’ainsi pouvoir jouer à jeter des sorts à un membre du personnel. Faits ce que je te dis et tout se passera très bien, et nous pourrons retourner à nos dortoirs respectif… Mais pour l’instant, tu me suis. Si tu te faisais prendre, je me ferais automatiquement prendre aussi. Faisons équipe, juste pour cette fois. »

Le petit serpent se tut, n’espérant même pas recevoir la moindre réponse ou protestation de la gryffy. De toute façon, dans leur situation quelque peu précoce, ça leur aurait bien été inutile de se contredire l’un l’autre. Et puis, au moins, il faisait une bonne action : il allait l’aide à sortir d’ici sans trop d’encombre… Du moins le souhaitait-il lui-même.

Il pu entendre la porte s’ouvrir en grincent désagréablement à ses oreilles. La voix de Rusard ne trompait pas. Aussitôt le concierge pénétra-t-il dans son bureau, suivit, bien évidemment, de sa chatte, cette dernière flaira la présence des deux enfants, tapis dans l’ombre de la petite salle. Et sans prévenir d’avance, le garçon lâcha :

« Go! »

Il laissa la fillette se charger de Miss Teigne, ignorant cette dernière, il pointa sa baguette en direction du membre du personnel qui semblait vaguement désemparer, mais surtout en colère contre les deux morveux. Pour sa part, l’adolescent lança un sort de croche-pieds au vieux avant d’attraper la rouge par la main pour la tirer de là, avant que l’homme ne se relève pour leur courir après dans tous les couloirs du château.

Le vert et argent entraina la jeune fille avec lui, qu’elle ne le veuille ou non. Malgré tout, ils n’étaient pas encore sortis d’affaires. Il leur fallait maintenant semer le concierge avant que celui-ci ne les retrace. Ce qui ne tarderait pas trop, en fait. Le jeune garçon venait littéralement de mettre quelqu’un dans les problèmes jusqu’au cou et il l’entrainait même avec lui dans cette aventure un peu contradictoire. Il effectua un brusque arrêt lorsqu’il aperçu une porte, à sa droite. Il s’y précipita, trainant toujours de force la fillette avec lui. Elle allait s’en plaindre, il en était convaincu après ça… Non, vraiment, il ne savait pas du tout comment s’y prendre avec la gens féminine. Il ouvrit la porte qui n’était pas complètement fermée (et ce, pour de bonnes raisons, en fait) et poussa la gryffondor à l’intérieur. Il la suivit, refermant derrière eux deux. Ils s’étaient finalement cachés dans un placard! Le comble de l’absurdité atteignait vraiment son apogée pour cette nuit mouvementée…

« Mieux vaut attendre un peu… »

- Ça ?

Le Serpentard baissa les yeux vers la bande dessinée, une expression d'indécision sur le visage. Il avait l'air de se tâter à lui rendre son bien ou pas... Malgré elle, Revan sentit une pointe de fierté la piquer. Hé oui, c'était ça Martin Miggs : une fois ouvert, on avait du mal à s'en séparer ! Comme quoi, elle avait bon goût. Finalement, le garçon se décida à lui redonner l'album, tendant mollement le bras. Elle le reprit en se disant qu'au moins, il n'avait plus l'air énervé, ce qui faciliterait les choses. Néanmoins, l'hésitation de son camarade l'avait touchée (elle pouvait être assez émotive sur certains sujets), et elle allait lui proposer de lui prêter l'ouvrage s'il promettait de lui rendre, quand une protestation retentit dans le couloir. Rusard.

Tout se passa alors très vite. Ses yeux s'agrandirent de stupeur, pendant que son cœur cessait de battre pour la deuxième fois en quelques minutes à peine. Elle allait finir par calancher si ça continuait ! A côté d'elle, elle sentit Damien qui se tendait également. Il l'agrippa et lui ordonna d'éteindre sa baguette, mais elle avait déjà prononcé le « Nox » usuel. Il plongea derrière le bureau, entraînant la Gryffondor avec lui. Elle s'accroupit en face de lui, la main tellement crispée sur sa baguette qu'elle ne sentait plus ses doigts. L'expression sur le visage du Vert et argent n'était en rien pour la rassurer. Soudain inspiré, il lui confia quelques ordres dont elle ne saisit que l'idée générale. Cela suffit cependant à la sortir de sa stupeur : elle allait protester, répliquer qu'il n'avait pas à lui parler comme si elle était une demeurée, mais elle n'en eut pas le temps (sans compter que ce n'était évidemment pas le moment). Le concierge était là, sa chatte sur les talons. Il fallait agir maintenant.

Ils bondirent hors de leur cachette. Sans jeter le moindre coup d'œil à son camarade, Revan se concentra sur une chose : Miss Teigne. Elle lança un « petrificus totalus » à l'abominable animal, et ne ralentit même pas pour voir si son sort avait réussit. Elle sentit le Serpentard qui lui attrapait la main et ils partirent en trombe dans le couloir. Brusquement, Damien stoppa, et la brunette lui rentra dedans, sans avoir là encore le temps de protester. Il la tira dans ce qu'elle croyait être une salle vide et referma la porte derrière lui, les plongeant dans le noir. Elle était si paniquée qu'elle fit à peine attention à ce qui l'entourait, et ne remarqua pas tout de suite que le Serpent les avaient enfermés dans un placard à balais. Collé contre la porte, le gamin murmura quelque chose. Attendre ? Oui, c'était parfait ! Elle avait besoin de quelques minutes pour souffler et calmer les battements de son palpitant. Celui-ci s'était engagé dans un sprint olympique, dû aussi bien à la course qu'ils venaient d'effectuer qu'au fait que la fillette venait de lancer un maléfice du saucisson à la chatte du concierge le plus sadique du monde. Elle n'arrivait plus à réfléchir. En réalité, son cerveau avait cessé de fonctionner dès le moment où ils avaient surgit de derrière le bureau. Elle ne songeait même plus à protester contre quoi que ce soit, bien que son camarade l'eut un peu malmenée durant leur course.

D'ailleurs, elle ne lui avait pas lâché la main, mais ne s'en rendait pas compte, trop occupée à guetter les bruits provenant du couloir. Si Miss Teigne les repérait derrière la porte de ce foutu placard, s'en était fini d'eux. Ils perdraient des milliers de points et se mangeraient une retenue des plus affreuses, elle en était sûre.

- J'ai pétrifié Miss Teigne... murmura-t-elle d'une voix blanche, histoire de réaliser pleinement la portée de son geste en l'énonçant à haute voix.

Le jeune serpentard resta l’oreille collée à la porte, immobile dans l’obscurité, écoutant chaque son à l’extérieur, aussi furtifs pouvaient-ils être. Il entendit passer quelqu’un à deux reprises, mais les pas rapide de ce dernier indiquaient clairement que l’idée de regarder dans le placard ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Tant mieux! Cela leur évitait un de gros ennuis. Appuyant son front contre le battant, il soupira intérieurement de ne pas s’être fait avoir de la sorte. Il se rendit compte qu’il serrait toujours la main de la petite rouge et or qui, en fait, paraissait loin, très loin dans son monde, du coup, comme si elle regrettait de s’en être prit à se stupide chat de malheur.

Le jeune garçon se retourna vers elle, lui lançant un regard quelque peu amusé, du coup. Elle ne semblait pas décidée à vouloir le lâcher. Non pas que ça l’ennuyait, bien au contraire. Ça l’amusait même beaucoup. Elle semblait avoir oublié jusqu’à même sa présence avec elle dans se placard à balai. Souriant, il pencha la tête de côté, ce qui lui donna un air encore plus innocent qu’à son habitude. Un innocent qui ne l’était pas vraiment, au fond, ça, il le savait et n’y pouvait rien, raison pour laquelle il ne s’en préoccupait pas.

« Je peux récupérer ma main? » lâcha-t-il finalement, sur un ton doucereux, mais toujours aussi amusé que l’expression dessinée sur son visage de moribond.

Il ne pu s’empêcher de la regarder de manière si naïve, si innocente, chose plutôt rare, chez lui, il fallait bien l’avouer. Lui qui ne semblait jamais éprouver quoi que ce soit pour qui que ce soit. Lui qui semblait toujours sin indifférent qu’insignifiant aux yeux d’autrui. On aurait parfois dit qu’il le faisait exprès pour avoir l’air le plus invisible possible. Lorsqu’elle lui lâcha enfin la main, il glissa cette dernière dans sa poche et n’en parla plus. Il était hors de question, il fallait l’avouer, qu’il aille raconter ça à qui que ce soit…

« C’est bon! C’est qu’un chat… Tu la pas tué… »

Lorsqu’il prononça le verbe tuer, cela sembla l’ébranler, sans qu’on ne puisse vraiment expliquer pourquoi. Du moins, lui comprenait, mais elle, elle n’y arriverait pas, sans doute. Il se tût, reprenant cet air si sérieux qu’il arborait habituellement, se retournant rapidement vers la porte. Il posa une main sur la poignée, se disant que plus vite il sortirait d’ici, mieux il se sentirait. Il n’allait quand même pas prendre l’envie de se confier à quelqu’un pour l’assassina de la folle qui lui avait servit de belle-mère! Tout de même! Ça ne le faisait vraiment pas! Et puis… Et puis, il ne la connaissait pas, elle ne le connaissait pas non plus. Il ne savait rien d’elle, et franchement, il ne savait pas trop s’il avait envie de connaitre qui elle était vraiment. Il avait prit l’habitude et l’avait gardé de ne pas trop s’attacher aux gens, que très souvent, ces derniers nous trahissaient, nous faisaient du mal et nous oubliaient au fond des cachots de leur souvenirs passés.

Il fit tournée la poignée entre sa main. Rien. La porte ne bougea pas. Curieux, le garçon s’appuya contre cette dernière, cherchant à la forcé, sans plus grand résultat, en fait. Pourtant, elle n’était pas verrouillée! Il ne pouvait donc pas usé de sort pour l’ouvrir… Il se retourna de nouveau vers la rouge et or, paraissant vaguement nerveux, soudainement.

« Ah… C’est que… La porte est, comme qui dirait, coincée… »

Oui, quelle bonne nouvelle! Aller vous faire voir, tien! Lui, tout ce qu’il voulait, c’était retourner au lit, bon sang! Il s’en fichait d’être coincé! Il avait juste envie de sortir, point à la ligne! Sauf que, dans ses conditions, c’était plutôt compliqué, voyez-vous? Surtout lorsqu’il se trouvait à être qu’ils étaient coincés dans un placard, en pleine nuit, et que personne ne le saurait avant un bon moment!

Le garçon était aussi en train d'écouter ce qui se passait derrière la porte, l'oreille contre celle-ci. Apparemment, lui non plus n'entendait aucun bruit suspect, et il sembla se détendre. De son côté, Revan était coincée au milieu des balais et autres balayettes, et s'efforçait de se calmer. Elle y arrivait plutôt bien : sa respiration reprenait un rythme tranquille, et ses muscles de détendaient peu à peu. Elle restait néanmoins sur le qui-vive, et la chaleur due à l'exiguïté de l'endroit lui montait un peu au visage. Elle déserra les doigts de sa baguette, se rendant compte qu'ils étaient engourdis tant elle les avait crispés. De toute façon, si Rusard les chopait ici, il ne serait pas tellement dur de se débarrasser de lui : pour une raison inexplicable aux yeux de la gamine, il n'avait jamais de baguette magique sur lui, il serait donc en position d'infériorité.

Son camarade tourna alors la tête vers elle, et malgré l'obscurité elle constata qu'il avait l'air amusé. Il la regarda, la tête penchée, comme un animal intrigué. La fillette haussa un sourcil, se demandant si elle avait un truc qui clochait. Faut dire, elle devait vraiment avoir une tête de folle, après leur cavalcade dans les couloirs. Elle s'imaginait très bien, les yeux exorbités et les cheveux ressemblant à une serpillière desséchée. Mais l'air étrangement enfantin, presque doux, de Damien n'était pas vraiment moqueur. Indéchiffrable, en fait.

« Je peux récupérer ma main? »

La bouche de Revan s'arrondit en un « o » de surprise. Elle baissa les yeux vers ladite main, toujours emprisonnée dans la sienne. Elle s'étrangla et lâcha précipitamment prise, tentant de faire un pas en arrière. Malheureusement, la taille du placard ne lui en laissa pas le loisir, et elle se cogna bêtement. Gênée comme elle l'avait rarement été dans sa vie, elle enfouit son visage dans ses mains. Soudain, l'étroitesse du lieu prenait toute son ampleur. Elle était heureuse qu'il fit sombre, car son camarade ne pourrait pas discerner la couleur cramoisie de son visage. Elle ne parvenait pas à y croire: elle n'avait encore jamais tenu la main à personne en dehors de ses parents, et surtout pas à un garçon. Il devait la prendre pour une vraie perverse !

- Désolée ! C'est pas ce que je voulais faire ! s'excusa-t-elle.

Retirant ses mains de son visage, elle se mordit la lèvre. Elle ne savait pas ce qui était le pire : d'avoir tenu désespérément la main à un garçon qui n'était même pas son ami, ou... avoir trouvé ce contact rassurant. Merde, quelle nuit de dingue ! Elle enchaînait les inaugurations... C'était tellement ridicule que s'en devenait drôle... Elle comprit soudain pourquoi le Serpentard avait cet air amusé. Elle rit silencieusement, les épaules légèrement secouées, tandis que Damien répondait à sa remarque sur Miss Teigne. Elle s'expliqua, l'air un peu pitoyable :

- J'avais jamais tenu la main d'un garçon. Et j'avais jamais pétrifié de chat.

Elle fronça les sourcils en voyant l'air étrange du garçon. Sa réplique précédente semblait le mettre mal à l'aise. Son visage s'assombrit de nouveau, ce qui n'échappa pas à Revan. Elle aurait voulu demander ce qui n'allait pas, mais se dit que ce n'était pas le moment curieuse. Elle lui lança cependant un regard appuyé, pour lui faire comprendre qu'elle avait vu sa gêne. Il se détourna, tentant d'ouvrir la porte puisque la voie semblait libre. Seulement, celle-ci ne sembla pas vouloir obéir. Le gosse se tourna vers elle et lui souffla qu'elle était coincée. La Gryffondor se mordilla à nouveau la lèvre : merde, pas une tuile de plus ! Ils n'avaient vraiment pas de chance, ce soir...

Elle s'approcha de la poignée pour essayer à son tour, mais lorsque sa main frôla celle de son camarade, et que leur proximité se réduisit encore beaucoup trop, elle voulut se raviser. Seulement, elle n'avait pas la place pour reculer, et elle se cogna à nouveau à quelques plumeaux suspendus, marchant sur ses propres pieds. Elle gémit, impuissante devant cette absence de liberté de mouvement. Elle tenta de ne pas regarder Damien, qui allait vraiment la prendre pour une cinglée à s'agiter comme ça. Elle remarqua également que l'air dans le placard diminuait, et qu'elle commençait à s'essouffler de nouveau. Elle entrouvrit la bouche, déployant tous ses efforts pour ne pas respirer comme un bœuf et avoir l'air normal.

[ ]

Le jeune garçon n’avait rien dit de plus. Il avait seulement annoncé que la porte qui les enfermait tous les deux dans ce placard était fermée et qu’ils étaient coincés à l’intérieur. Il la laissa s’approcher de la porte pour elle-même constater des fais qu’il venait de déclarer à l’instant près. Elle s’approcha de lui, le frôlant par la même occasion. Et puis, il y eu cette réaction si soudaine de sa part qui l’étonna… Elle recula, presque trop rapidement, allant faire un bouquant effroyable dans le fond du placard. Il ne releva aucun commentaire, sa petite tête se mettant alors à fonctionner à plein régime, le forçant à réfléchir, comme en bon nombre d’occasion il faisait. Il la rendait mal à l’aise. Elle réagissait mal à chaque fois qu’elle s’approchait de trop près de sa personne. Était-ce seulement avec lui qu’elle agissait de la sorte?

Faisant glisser sa baguette dans sa main gauche, il effectua un « lumos » plutôt doux, de manière à seulement diffuser une faible lueur, pour qu’ils sachent au moins où ils mettaient les pieds dans cet endroit si refermé. Lui, ça ne semblait guère le déranger. Fait encore plus étrange, cela semblai même le rassurer. Il leva les pieds, passant par-dessus un bon nombre de balais qui avaient foutu le camp à terre au moment où la rouge et or avait décidée de paniquer. Il alla poser sa main valide sur le mur du fond. Se retournant, il y appuya son dos et se laissa glisser jusqu’au sol, se disant qu’en fait, mieux valait attendre, du coup… Il plaça sa baguette entre ses deux pieds, de manière à ce qu’il ait les mains libre et qu’il n’ait pas besoin de la tenir.

« Tu sais… Je suis pas un maniaque… »

Lâcha-t-il sur un ton sonnant vaguement faux, d’un seul coup. Un ton dans lequel perçait clairement une légère vague de nostalgie. Le garçon n’avait jamais été très facile à approcher. Il n’était pas non plus spécialement douer avec les autres, et encore moins dans une situation comme celle-ci où il devait, en fait, s’entendre avec la personne qui était près de lui, pour ne pas envenimer les choses… Chose qu’il faisait trop souvent, d’ailleurs…

Il baissa ses yeux de cendre sur la faible lumière blanchâtre que diffusait sa baguette, comme si son regard en était hypnotisé. Il paraissait, d’un seul coup, à des kilomètres de là, complètement égaré dans ses propres pensées, ses idéologies chaotiques et confuses. Pas un maniaque, qu’il avait dit. C’était fort étrange la manière dont il se décrivait être lui-même, en réalité. Peut-être qu’au fond, quelque part, que son cœur dure comme pierre n’était pas si impénétrable que ça. Qu’au fond, il avait un bon fond. Un bon fond qu’il avait voulu faire mourir en lui, qu’il avait éteint volontairement, de force, pour arrêter d’être l’être faible qu’il était vraiment.

Il redressa brusquement la tête, tournant son regard vers la petite rouge et or, toujours debout, non loin de lui-même. Mais qu’est-ce qu’elle fabriquait? Elle attendait qu’il l’invite littéralement à s’asseoir près de lui? Si c’était ça, elle attendrait longtemps, il n’allait certainement pas le faire…

« Comment tu t’appelles? » lâcha-t-il enfin, sur ce ton si morne, sans expression, si fatigué du reste du monde. On aurait dit qu’il ne s’intéressait même pas à la réponse. Pourtant, ça l’intriguait. S’il était pour passer la nuit dans ce placard avec elle, autant savoir son nom tout de suite au lieu de devoir l’appeler « chose » ou « miss ». Ça ne le faisait pas trop, c’est petit surnoms merdiques.

[ Désolée du retard ! J'espère que ça te plaira, c'est pas terrible... ]

Bon, c'était définitif, il la prenait pour une détraquée. Et il avait de quoi. Non seulement, elle faisait du bruit (elle venait de s'en rendre compte, et se serait franchement donné des gifles ; pour le coup, elle n'était vraiment pas maligne !), mais en plus elle réagissait comme s'il était dangereux. Pourtant, elle n'avait pas peur. Elle était simplement gênée de se trouver si proche d'un autre être humain. Peut-être parce que, quelque part, elle savait ce qui se dirait si leur aventure s'ébruitait. Les élèves de Poudlard, si friands de rumeurs, ne se gêneraient pas pour dire que Damien et elle avaient fait plus que se tenir la main, dans ce placard à balais. Elle avait entendu plein de choses comme ça, depuis son arrivée. Les gosses adoraient ce genre de ragots. Or, elle n'avait pas envie qu'on dise ce genre de choses sur son compte.

Pendant qu'elle s'évertuait pour la deuxième ou troisième fois à retrouver son calme – ce pourquoi elle était plutôt douée, finalement -, son camarade utilisa sa baguette pour éclairer le placard, et se trouva une position relativement confortable, assis contre le mur du fond. Faiblement, il lui glissa d'un ton étrange, comme s'il n'était pas convaincu par ses propres paroles, qu'il n'était pas un maniaque. Revan haussa les sourcils, surprise par cette sorte d'aveu. Elle n'avait pas pensé un instant que Damien puisse être un maniaque (et pourtant, il était à Serpentard), et elle trouvait étrange qu'il puisse le penser lui-même. Le gamin sembla soudain se perdre dans le vague de ses pensées, son visage pâle éclairé par la douce lumière de sa baguette magique. Il naviguait dans ses réflexions qu'elle ne pouvait pas percer, et ne chercha d'ailleurs pas à le faire. Ils ne se connaissaient pas, et ce n'était pas du tout la bonne situation pour découvrir leurs secrets mutuels.

Soudain, le Vert et Argent leva la tête vers elle, rompant leurs flots de pensées respectifs.

« Comment tu t'appelles ? »

A la façon dont il avait posé cette question, la fillette sentit qu'elle n'était que de pure forme. Il avait l'air particulièrement las, et ne se préoccupait sans doute par de la réponse. Revan se détendit néanmoins, oubliant presque son impression de manquer d'air. Son coeur avait cessé de jouer du tambour, c'était déjà bien. Elle observa alors que son camarade avait eu une bonne idée en s'asseyant par terre ; elle aurait l'air moins bête que si elle restait debout, la tête au milieu des brosses. Elle imita donc le Serpent et se laissa glissa à terre. Ramenant ses genoux à sa poitrine, elle lui répondit d'un ton neutre :

- Revan.

Elle ne lui demanda pas le sien ; bien qu'elle le désignât ainsi selon un vague souvenir de cours, elle était pratiquement sûre qu'il se nommait Damien. En revanche, elle répondit doucement à son affirmation précédente, sans le regarder directement. Elle se sentait un peu bête.

- Je penses pas que tu sois un maniaque. Et moi... Je suis pas une asociale.

Elle était sincère. Sur ces aveux mutuels, elle jeta un regard vers le dessous de la porte, afin de déceler un éventuel mouvement de l'autre côté. Elle se demanda comment ils allaient sortir de là, avec la porte coincée et le concierge qui rôdait, accompagné de sa chatte. Surtout qu'après l'attaque dont il avait été victime, Rusard avait certainement appelé quelqu'un à la rescousse (un spécimen du même genre que lui, madame Pince ou Rogue par exemple), et ils devraient redoubler de prudence pour rejoindre leurs dortoirs respectifs. Elle poussa un soupir de lassitude. Elle n'aurait pas pensé qu'une petite mission de récupération se transformerait en telle opération commando. Elle n'avait pas été assez prévoyante, et s'ils s'en sortaient sans se faire choper, elle pourrait s'estimer vraiment heureuse. A l'inverse, si elle se faisait prendre, elle ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même.

Tournant son visage dans la direction de la jeune fille, il ne pu s’empêcher de sourire, dans la noirceur ambiante, dans ce pénombre lourde dans laquelle ils étaient tous les deux cloîtré pour il ne savait combien de temps encore. Toute petite, la fillette paraissait soudainement bien fragile, à ses côtés. Il n’aurait jamais dû l’entrainer dans ce calvaire. C’était, une fois n’était pas coutume, sa faute s’ils se retrouvaient dans le pétrin. Parlant bande dessinée, il se dit que ce n’était peut-être pas une si bonne idée que cela de la lui prêté. Sait-on jamais! Il pourrait aussi bien se décidé a lancé dans le lac le bouquin, comme il l’avait fait avec l’ocarina de la petite serdaigle, précédemment. Et il ne voudrait pas qu’elle ne lui en veuille, surtout qu’il semblait réussir un véritable miracle, en cet instant précis. Discuté était pour lui chose beaucoup moins évidente qu’il n’y paraissait en réalité.

« Naaan, c’est pas une bonne idée… » lâcha-t-il sur un ton vaguement amusé, étirant son nan plus ou moins constructif, ce qui lui donna un petit air encore plus enfantin, plus inoffensif qu’à son habitude, du moins.

*Je suis décidément incapable de garder la moindre réputation dans cette école…* soupira-t-il intérieurement, pour lui-même, comme s’il avait cherché à se convaincre que se retrouver enfermer dans un placard à balais, avec une lionne qui plus était, n’était vraiment pas la meilleure des choses à faire. Il se leva finalement, n’essayant même pas de tendre la main vers le bouquin pour le lui emprunté. Rire et s’amuser n’étaient pas dans ses habitudes. Il déplia ses jambes maigrichonnes et tenta tant bien que mal de se tenir debout sur ces dernières. Grommelant à la vague de douleur que lui provoqua sa geste, il attrapa un balai qui trainait, le tenant devant lui comme s’il avait s’agit d’une corne ou on ne savait trop, encore. Mal? Évidemment… Dans son cas, c’était un peu normal. Sa peau elle-même lui créait certaines douleurs lorsqu’il bougeait. Tout ca parce qu’il était trop maigre… Il avait déjà remarqué un début de perte de cheveux, soi-disant en passant, ce qui ne faisait qu’aggraver sa situation, pour tout dire. Il était décidément de pire en pire, question santé.

« Il faut qu’on sorte d’ici… »

Le fait qu’il ait employé le « on » plutôt que le « je » était chose plutôt étonnante venant d’un garçon comme lui, qui n’avait d’ordinaire guère l’habitude de penser aux gens qui l’entourait, croyant plutôt que, comme sa personne ne valait rien à ses propres yeux, que les gens n’en méritaient pas plus que lui. Il serra le manche en bois dans ses mains blanches, presque translucide tant il pouvait paraitre malade, et fonça littéralement sur la porte sans même réfléchir à ce qu’il était entrain de faire, à savoir si c’était dangereux pour sa vie ou pas, du coup. Lorsque l’autre bout du balai percuta le battant, ce fut le manche en bois qui lui entra dans l’estomac de plein fouet, lui coupant le souffle, lui donnant notamment plus envie de vomir qu’autre chose, lui faisant ainsi atrocement mal. On ne pouvait, en fait, que voir de son profile l’ampleur de sa santé mise à rude épreuve, en apercevant que le bout de bois s’était enfoncé plus creux que ses côtes. On aurait presque pu dire qu’il passait à travers lui. Il laissa tombe le balai, se tenant le ventre d’une main tremblante, il jura assez fort pour que tout le couloir ne l’entende en donnant un furieux coup de pied dans la porte. Sans grand résultat, elle ne voulait toujours pas bouger. Le problème, aussi, avec lui, était qu’il s’épuisait en un rien de temps.

Buté il se laissa finalement choir, à l’autre bout du placard, du moins, à l’endroit contraire de là où il avait été un peu plus tôt, observant avec curiosité la jeune fille qu’il avait fort probablement dû traumatiser suite à cet évènement des plus… inusité. Surtout que, penser stupidement qu’un balai pourrait ouvrir la porte était d’un ridicule qui frôlait l’absurdité absolue.

« Je hais cette école. » marmonna-t-il, de façon presque incompréhensible, plus pour lui-même que pour qui ou quoi que ce soit d’autre. Il était épuisé, et franchement, son humeur commençait à en découdre sérieusement.

La proposition de la fillette eut l'air, un instant, de faire plaisir au gamin : il sourit, ce qu'elle ne l'avait pas vu faire beaucoup. Pourtant, il refusa. Revan ne s'en offusqua pas ; elle n'allait pas le forcer, quand même. Et puis, s'il jugeait que ce n'était pas une bonne idée, autant lui faire confiance, il se connaissait mieux qu'elle. Tout dans l'attitude de son camarade indiquait qu'il se dépréciait, qu'il se trouvait étrange, voire même infréquentable. Elle sentait sa retenue lorsqu'il lui parlait, et avait à la fois l'impression que parler ainsi avec quelqu'un lui faisait du bien, parce qu'il n'en avait de toute évidence pas l'habitude, et que, même quand on est du genre renfermé, la solitude à trop haute dose n'est jamais bonne. Elle ne savait pas trop quoi dire, de son côté, dans son désir de ne pas pousser le Serpentard trop loin dans ses limites. Parler un peu lui faisait du bien, le forcer à parler un peu trop lui ferait du mal, la gosse le devinait. Mais comme il lui souriait avec cet air amusé, elle lui rendit son sourire, timidement. Si un jour il changeait d'avis, il pourrait toujours le lui dire.

Il avait cependant assez sourit : changeant encore une fois d'expression pour reprendre son air sombre, Damien se releva (la brunette ne manqua pas de remarquer la souffrance qu'engendrait cette action). Elle le regarda, intriguée de savoir ce que son camarade avait en tête : le voyant attraper un des balais qui traînait entre eux, elle comprit qu'il désirait passer à l'action, et se redressa également sur ses jambes.

- Il faut qu’on sorte d’ici…

- Totalement d'accord, souffla la gamine.

Elle se contenta cependant de regarder le garçon, l'air mi-inquiet, mi-intéressé. Que voulait-il faire avec ce balai ? Lorsqu'elle vit le tout Vert saisir le manche de ces maigres forces (il avait vraiment l'air en mauvaise santé, songea à nouveau Revan), et s'en servir pour tenter d'enfoncer la porte, elle voulu lui crier "stop", mais n'en eut pas le temps. Elle regarda, les yeux ronds, Damien s'éventrer à moitié, sans parvenir à ouvrir cette satané porte. Comme le placard était étroit, il ne put reculer bien loin, mais la douleur était visible sur son visage. Jurant à haute voix, il se débarassa de son arme improvisée et se plia en deux. Affolée, et sans plus se préoccuper de si on pouvait l'entendre ou non, la Gryffondor s'exclama :

- Hé, ça va ? T'es fou ! T'as vu comme ce balai est tout vieux et pourri, t'aurais pu te faire encore plus mal !

Cette tentative avait l'air de lui avoir sapé ses dernières forces. Vidé, le gosse se laissa tomber encore une fois, son regard posé sur sa camarade, qui le regardait sans savoir quoi faire. Finalement, Damien marmonna quelque chose. La fillette laissa tomber son air étonné pour froncer les sourcils face à cette remarque étrange. Elle ne pouvait pas imaginer qu'on haïsse Poudlard. Surtout pas un gamin comme lui. Il disait ça juste parce qu'il était épuisé, et agacé. Il voulait sortir, retrouver son dortoir, c'était normal ; il fallait ouvrir cette porte. Ils ne pouvaient pas rester ainsi jusqu'au petit matin, où Rusard viendrait les cueillir et n'aurait même pas la gentillesse de leur permettre d'aller en cours.

- Tu devrais pas dire ça, gronda la Rouge et Or. Je vois bien que t'as pas eut une vie marrante du tout, mais raison de plus pour aimer cette école. C'est sûrement la meilleure chose qui te soit arrivée, et tu le sais. Même si pour l'instant c'est dur, parce que c'est que le début, tu finiras par être très heureux d'avoir atterri ici.

Elle l'observait, les bras croisés sur sa poitrine, l'air sévère. Elle ne savait rien de la vie de Damien, elle n'était pas au courant qu'il avait eut une belle-mère abominable qu'il avait fini par tuer accidentellement, mais cette ignorance ne rendait que plus vraies ses paroles. Finalement, elle tourna le dos à son camarade, releva ses manches, et se décida à attaquer la porte. Elle recula d'un pas, et y mit un bon coup de pied ; mais ormis le bruit que cela produisit, elle n'obtint aucun résultat.

- J'm'en fous, je t'aurai à l'usure, grogna la brunette, plus pour elle-même que pour la porte ou le serpent.

La porte était vieille, et le battant était coincé, mais c'était justement parce qu'elle était vieille qu'elle allait finir par se débloquer. Il fallait juste forcer un peu, comme avec les portes de grenier qu'on utilisait pas souvent. Reprenant un peu d'élan, elle remit un coup de pied, plus fort. Le battant bougea un peu, mais elle n'obtint encore une fois qu'un "boum" peu discret. Fronçant les sourcils, elle recula à nouveau. Elle n'avait pas assez de force dans le pied, tant pis ! Elle allait utiliser tout son petit corps comme bélier. C'était la seule arme qu'elle avait, ne sachant pas lancer de sorts assez éfficaces dans ce genre de situation.

Elle se jeta donc sur la porte, épaule en avant. Le choc l'étourdit légèrement, et elle grogna de douleur.

[ HJ : J'espère que ça te va ^^ Désolée du retard. Je pense qu'on devrait cloturer ça bientôt, dans un post ou deux chacun, ça te dit ? Je te laisse décider si elle arrive à ouvrir la porte ou si Damien doit venir à sa rescousse ^^ ]

Grommelant de mécontentement dans son coin, il demeura inactif, quelques secondes, jusqu’à ce que, du moins avait-il espérer le contraire, la petite brune ne décide de se mêler de ce qui ne la regardait pas. Qu’il se fasse encore plus mal? C’est-à-dire? De toute façon, c’était déjà bien difficile de l’envoyer dans un état pire que celui dans lequel il s’était volontairement mis, trainant ça pendant une bonne année et plus, au moins… Quoi qu’il en soit, il s’apprêtait à répliquer de la manière la plus acerbe qu’il connaisse, du moins jusqu’à ce qu’elle ne décide d’en mettre une couche de plus sur la surface déjà fort bien irritée. Alors là, non. Il avait le droit de dire ce qu’il voulait de cette école de malheur qu’en effet, il ne portait absolument pas dans son cœur pour multiples raisons. Raisons qui ne la regardaient absolument pas. Mais c’était quoi, cette manie, qu’ils avaient tous à vouloir le comprendre, lui? Ne pouvait-on pas seulement faire comme s’il n’existait pas? Ne pouvait-on pas seulement l’oublier, une bonne fois pour toute?

*J’aimerai cette école lorsque je n’y serai plus, bien content d’en être parti. *

Et malgré le fait que le jeune garçon avait la répartie très facile, il ne dit mot, ses pensées ne franchissant finalement jamais le bord de ses lèvres, qu’il garda jalousement dans son esprit. Autrement dit, il ne parlait jamais pour rien, sinon quoi il se taisait… Ou frappait, dans le pire des cas, balançant son poing dans la figure de quiconque l’énervait vraiment et volontairement… Ou non… Mais enfin… Ce n’était pas le cas ici, tout de même, n’est-ce pas? Encore très drôle tout ça : la fillette avait bien réussi à le mettre en rogne sans toutefois le faire sortir de ses gongs, ni à le faire sauter au quart de tour. C’était déjà un miracle de plus d’accompli à ajouter aux anales!

Finalement, au plus grand soulagement du jeune garçon, la fillette ne chercha pas à s’obstiner sur cette fois glissante, boueuse et floue. Elle n’avait aucune chance de le gagner ainsi. Il ne se laissait ni amadouer ni approcher par aucun moyen, c’était comme ça. Peut-être parce que cela lui faisait peur. Peut-être parce que s’il avait pu concevoir l’idée seule d’être près de quelqu’un, cela le rendait malade de nervosité. Alors mieux valait pour lui oublier tout ça, faire comme si de rien n’était et ignorait tout être humain ou monstre qui l’entourait. Rien de bien compliquer, n’est-ce pas?... Pas vrai…?

Il entendit les vêtements qui se froissait, dans le noir, ce qui l’obligea automatiquement à se tirer de sa torpeur, à se sortir du néant pour revenir inévitablement (et fort malheureusement) à la réalité. À sa réalité, malgré qu’elle le répugnait, malgré qu’il la détestait sans doute plus qu’il ne se détestait lui-même. La petite brune se dona un bon élan et fonça, tête première, sans réfléchir… Un peu comme il l’avait fait précédemment, quoi… Elle percuta la porte de plein fouet une première fois, le laissant ainsi de marbre, dans un mélange de curiosité et de frustration refoulée qu’il ne semblait pas décidé à vouloir extérioriser… Pas en sa présence, du moins. Il se releva enfin. Elle n’y arriverait certainement pas comme ça, pas vrai? Enfin, peut-être était-ce une bonne idée, finalement… Il l’observa se donner un second élan, sans tenter le moindre mot ou le moindre geste pour la retenir. Qu’elle aille se fracasser le crane contre la porte, il s’en moquait… Toutefois, il ne pouvait rester là sans rien faire à seulement attendre. Honneur de Serpent oblige, tout de même. Bref, il ne la laisserait pas tout faire la sale besogne toute seule, quoi. Ce n’était pas parce qu’il avait bon cœur, à ne pas confondre, non plus, tout de même.

Et l’adolescent tout maigrichon s’élança, ne s’attendant toutefois pas à grande aide de sa part vu son petit gabarit ridicule. Il entendit le ‘boum’ que produisit Revan, suite à quoi il percuta brutalement la porte à son tour. Ainsi, il la sentit céder, sans plus de cérémonie, s’ouvrant brusquement sur le couloir, le projetant ainsi au sol, alors que lui-même entrainait la jeune rouge et or dans sa propre chute. Décidément, cette soirée était une véritable catastrophe.

Grognant de mécontentement, il se contenta de se relever, aussi pénible ce geste pouvait-il lui être. Il n’allait tout de même pas passé la nuit dans le maudit couloir de malheur! Ça, il en était hors de question. Il jeta un coup d’œil vers la fillette et rougit quelque peu, réalisant soudainement l’embarras de la situation dans laquelle il se trouvait.

« Ah… Personne ne doit être au courant de ce qui c’est passé, on est bien d’accord? »

Le ton fut vague, inquiet, voir même d’où pointait une certaine menace qu’il n’avait pas vraiment réfléchit ou mis en place encore dans sa petite tête. Il glissa finalement ses mains blanches dans ses poches, reprenant son air d’éternel indifférence et d’ennui avant de finalement hausser les épaules…[i] « On se reverra bien en cours… » [i] lâcha-t-il finalement, lassé de toute cette histoire avant d’effectuer une volte-face douce, sans brusquerie et de s’éloigner d’un pas silencieux vers le cachots.

[HJ :voilà, rp terminé pour moi, merci à toi ^^]

Ses paroles n'avaient pas du tout l'air de plaire à Damien, mais la brunette n'en avait cure. Elle était sincère, voilà tout... Bien qu'il parût énervé, le gamin ne lui répondit rien, et elle en fut soulagée. Déclencher une engueulade pour un motif aussi stupide aurait été le pompon de la soirée, tout de même.

Qant à la porte, celle-ci était plus dure qu'elle n'en avait l'air, et Revan se fit franchement mal en voulant la défoncer. Heureusement pour elle, son compagnon d'infortune eut pitié, et ne la laissa pas se débrouiller toute seule... Certes, il n'était pas non plus très grand, très épais ou très fort, mais si on ajoutait son poids et sa volonté à ceux de la Gryffondor, y'avait moyen de se sortir de ce foutu placard qui commençait à devenir sacrément étouffant.

Ils se jetèrent donc d'un même mouvement sur la maudite porte. Elle céda.

Emportés par leur élan, ils s'écrasèrent lamentablement au sol, à moitié l'un sur l'autre. Revan attendit un instant de reprendre ses esprits, puis imita le Serpentard et se releva, non sans difficulté. Mine de rien, le choc avait été rude. Son regard croisa celui de son camarade alors qu'elle se massait l'épaule, et celui-ci rougit un peu. Pour une fois, pas elle.

-J'allais te dire la même chose, lui répondit-elle. On est d'accord, donc.

Elle ne répondit pas à la dernière phrase du garçon, qui était une évidence. Elle le regarda s'éloigner silencieusement, puis tourna les talons et reprit le chemin de la tour Gryffondor à vive allure, trop soulagée pour avoir encore peur que quelqu'un la découvre.


[Finish aussi ^^ Merci !]