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MessageSujet: ~[délaissé dans un coin de la chambre...]~ [Abandonné]   ~[délaissé dans un coin de la chambre...]~ [Abandonné] EmptyJeu 20 Aoû - 21:52:59

°~Une Chambre



I
l eut cette vue imprenable sur le néant, l’inutile et le désagréable à chaque fois qu’il tournait sa tête un peu trop sur la gauche. En général, une fenêtre servait à encadrer un paysage radieux, un détail du monde que jamais personne ne prenait le temps de regarder, à moins de flâner en cours ou encore de relâcher les quelques efforts qu’il avait eu temps de mal à fournir, surtout lorsqu’il s’agissait d’une exécrable journée d’été, ensoleillée et découverte.

Il n’avait pas choisi cette chambre, encore moins cette hôpital et à y réfléchir, il n’avait même pas souhaitait être sauvé. Peut être aurait-il mieux fait de mourir sous les flammes de ce nocif crabe de feu, plutôt que de tomber maladroitement au pied d’un rocher, signalant ainsi sa présence aux surveillant de la plage. Cela remontait au début de l’été. Pratiquement emmené de force, tel un bagage sans grande utilité, par ses parents qui avaient une importante réunion dans les îles du bas de l’Europe central, il n’avait eu d’autre choix que de passer le temps à étudier ce qui l’entourait. Enfin, pour un enfant d’à peine 12 ans et demi, dont la seule préoccupation était de ne pas périr sous le feu ardent du soleil, des vacances à la mer n’étaient pas vraiment la destination escomptée, lorsqu’on lui avait dit qu’il s’agissait de la destination de rêve. Il s’était pourtant fait à l’idée que pour une fois seulement, il aurait pu partir au nord du pays de Galles, lieu non pas convoité pour ses paysages ainsi que pour sa culture à part, mais plutôt pour son temps humide, froid, grisonnant et instable.

Il avait si souvent éprouvé de la satisfaction en se plaçant là, sur le côté d’un fenêtre, devant un rideau de velours rabattu, les bras le longs du corps, une mine laissant à penser qu’on venait de le sortir de son lit de mort, un regard tout à fait vide et sans expression apparente, et contemplant avec un sourire discret, toutes ces femmes superficielles, de réelles poupées de plâtres à en juger par leur costume et leur maquillage outrageux. Et les pauvres maris, bête à corne à partir du moment où ils avaient décidés de s’unir à celle qui travailler presque chaque soir au bout de la rue, annonçant fièrement qu’elle était dans les relations publiques. Tous ces faux semblants, ces mensonges, ces regards clos et pourtant paraissant bien ouvert, des lèvres meurtries par l’hypocrisie, des sourires en bordure de cœur, ressemblant bien plus à une plaie qu’à une cicatrice, tous ces maux, il aimait les voir souiller par cette pluie fine et incroyablement dégoulinante.

Et pourtant maintenant, à l’endroit où il était, il ne pouvait plus bénéficier de cette jouissance secrète qu’il aimait tant ressentir. Il était allongé dans un lit 5 à 6 fois trop grand pour son petit corps frêle qui n’avait pris qu’un ou deux centimètres en une année, contrairement à ses cheveux qui semblaient s’être étirés sans peine apparente. Bandés de part en part, presque comme ligoté, le jeune Qare restait dans cette position semi-allongé, tout le jour durant, fixant le mur d’en face, comme espérant voir apparaître une délivrance, souhaitant que le mur soupire et tremble pour enfin s’effondrer et lui permettre de s’échapper. Il ne voulait plus tourner la tête, ni à gauche puisqu’il n’y avait rien à voir, et ni même à droite parce qu’il n’y avait plus rien à entendre. Cet étrange don d’empathie qu’il tenait de sa mère faisait qu’il ressentait sans cesse la peine des gens. Les pleurs, les cris, les larmes, les bonnes mœurs, mais aussi les rires, les chants, les embrassades, formes terribles à voir pour ce petit orphelin.

Si seulement ce crabe de feu n’avait pas trainé dans les parages, Qare aurait pu le retourner et le planter de curiosité, le caressé de ses doigts rugueux, ou encore le décortiquer de malice, juste pour voir de quoi il en retournait. Mais pour finir, la curiosité se révéla être un mauvais défaut, car en quelques secondes, le corps du jeune garçon s’était vu recouvert de flammes bleues, qui avaient cette particularité de non pas brûler la peau mais au contraire de la geler jusqu’à l’os. Sur le moment, Qare n’avait pas vraiment ressenti la différence, et il avait simplement atterri en ces lieux parce que tout son corps s’était engourdi et que de terribles rougeurs avaient entrepris l’ascension sur son corps. Maintenant, il n’était plus qu’un petit garçon toujours aussi blanc de peau, se fondant presque dans les draps odorants le produit désinfectant.

Fermant alors les yeux le temps d’une minute, comme s’il désirait rattraper son sommeil en un court lapse de temps, il entendit au loin, la voix d’une femme, peut être une infirmière, lui susurrant presque que quelqu’un était là pour lui, mais il n’y avait pas prêté attention puisque tout le monde se moquait bien de ce qui pouvait arriver au jeune Blyn Qare, élève de Serdaigle, premier de la classe et surdoué. Ils auraient mieux fait d’aller tous en enfers, l’école aurait fait des économies et porterait ainsi moins d’idiot en son sein.
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  • Clarisse McBrien
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MessageSujet: Re: ~[délaissé dans un coin de la chambre...]~ [Abandonné]   ~[délaissé dans un coin de la chambre...]~ [Abandonné] EmptyVen 21 Aoû - 12:49:59

C’était le week-end. La rentrée avait eu lieu un peu plus tôt et normalement, Clarisse aurait du passer les deux jours de congé à Poudlard avec les autres élèves. Oui mais dans la vie rien ne se passait jamais normalement, elle aurait du s’en rendre compte depuis le temps. Depuis son plus jeune âge, rien ne s’était jamais déroulé comme prévu, allant de ses anniversaires ratés à la mort de son père. Ça relevait carrément de l’acharnement, à croire qu’elle avait fait quelque chose de mal et que le tout puissant lui en voulait pour ça. Seulement elle ignorait pourquoi on lui en voulait à ce point. Pourquoi diable la vie ne pouvait être un long fleuve tranquille pour elle ?! Il n’y avait qu’à voir. Pas plus tard que le premier mardi du mois elle avait rayé Edwin de sa vie. Le métis l’avait trahie et depuis cet instant regrettable, il n’existait tout bonnement plus aux yeux de la Serdaigle. De toute façon elle n’avait pas besoin de lui pour vivre et jusqu’à ce jour il n’avait été qu’un boulet attaché à ses pieds. Au final ce n’était pas plus mal comme ça, au moins elle était libre de ses mouvements sans craindre que le jeune homme ne surgisse de nul part comme il aimait si bien le faire pour lui faire une énième farce de mauvais goût, comme il savait si bien le faire aussi.

Mais pourquoi pensait-elle à cet idiot ? Il n’en valait même pas la peine. La rousse secoua la tête et soupira. Bien sûr elle n’allait pas en toucher mot à Océane. La métamorphomage avait déjà assez de mal à reprendre le dessus sans que sa chère fille ne vienne l’ennuyer avec événement aussi insignifiant. Non, si elle était venue à Sainte Mangouste un samedi alors que techniquement elle n’était pas censée quitter l’enceinte de l’école, ce n’était pas pour bavarder tranquillement avec sa mère, chose qui d’ailleurs n’arrivait jamais, mais pour lui présenter quelqu’un. Lorsqu’elle avait reçu la lettre comme quoi sa mère avait été blessée dans l’exercice de sa nouvelle profession, elle en avait parlé au nouveau bibliothécaire de Poudlard. Ce dernier lui avait alors demandé si elle souhaitait rendre visite à sa mère, auquel cas il se débrouillerait pour lui obtenir une permission de sortie et l’accompagnerait. Clarisse n’était pas totalement idiote, elle avait bien compris que Sayannel lui demandait ça pour lui parce qu’il avait envie de revoir la femme de sa vie. Le mangemort n’avait pas osé venir seul, de peur que sa dame réagisse mal après toutes ces années…

L’oncle et la nièce étaient donc arrivés quelques dizaines de minutes plus tôt à Sainte Mangouste et Clarisse était partie discuter seule avec sa mère quelques instants pour sonder le terrain et préparer le retour du bibliothécaire. Elle avait été rassurée de voir qu’Océane n’avait été que partiellement brûlée par le souffle du dragon qu’elle devait soigner et avait appelé l’homme. Celui dont on ne parlait jamais à la maison. Il était entré, timide mais souriant. Instantanément, la métamorphomage avait copié ses traits et en sortant, la rousse aurait juré qu’ils étaient jumeaux. Elle était sortie de la petite chambre aux murs blancs. Elle n’avait pas envie d’assister à ces retrouvailles, ils avaient beaucoup de choses à se dire et il n’y avait pas de place pour elle là-bas. Alors depuis elle faisait les cent pas dans le couloir, allant de la porte au hall où arrivait l’ascenseur jusqu’au mur du fond. Les infirmières lui lançaient des regards inquisiteurs depuis dis bonnes minutes déjà, un peu comme si elle n’avait pas sa place ici et que rien que par sa présence elle entravait leurs mouvements. L’Ecossaise leur répondait par un regard glacial dont elle avait le secret ou les ignorait, c’était selon. Mais elle en avait un peu assez, elle avait l’impression d’être poisson rouge dans son bocal qui faisait indéfiniment le même tour et qu’on regardait en passant.

De nouveau elle soupira. Elle avait envie de s’isoler, de trouver un endroit tranquille où elle pourrait s’asseoir sans risquer de se faire débusquer par un regard curieux. Une chambre vide aurait été l’idéal. La jeune fille s’en fut donc en quête de cette rareté collant parfois son oreille aux portes pour juger si l’endroit était habité ou non, et prenant bien garde qu’aucune aide soignante stupide et autre médecin ne la surprenne dans une position aussi équivoque. Elle n’était pas pressée, de toute façon Sayannel et Océane en avaient pour un bon moment. La cinquième année était sur le point de désespérer lorsqu’enfin son ouïe fine ne détecta pas le moindre bruissement d’étoffe derrière une porte banale. Doucement, elle l’entrouvrit et y jeta un rapide coup d’œil pour s’assurer que la pièce était vide, avant de s’y introduire d’un mouvement souple et de refermer derrière elle. Ce n’était pas trop tôt. L’endroit était assez petit et les murs avaient cette triste couleur blanche et déprimante qu’arboraient la quasi totalité des chambres. Elle pensa que ça donnait plus envie de mourir que de guérir comme décoration, un peu comme si au fond la vie n’avait pas d’importance et que puisque la mort gagnait toujours la partie autant qu’elle vienne maintenant. C’était impersonnel, froid et immuable comme les portes de l’éternité. Pivotant légèrement sur ses talons, Clarisse remarqua une table de chevet proprette elle aussi mais simple et banale, un lit une place couvert de draps blancs qui sentaient le désinfectant, une odeur dont l’air ambiant était chargé et qui dérangeait les narines délicates de n’importe quel humain. A cette pensée elle leva la tête et vit une petite fenêtre carrée en face de la porte et pas loin une chaise en bois, sans doute pour les visites.

La bleue et bronze traversa en quelques enjambée la triste chambre d’hôpital, se hissa sur la pointe des pieds et ouvrit la fenêtre manuellement. Elle aurait put sortir sa baguette et régler le problème en deux temps trois mouvements et une incantation mais elle avait besoin de faire les choses par elle-même, et surtout d’être là au moment où l’air frais et beaucoup plus sain de la ville entrerait dans la pièce. Elle ferma les yeux quelques secondes, savourant la caresse de la brise sur son visage. Ça faisait du bien, même si l’air était moins pur qu’en Ecosse, c’était toujours mieux que cette ambiance désinfectée et morbide. Elle se retourna une nouvelle fois avisant le lit sur lequel elle envisageait de s’asseoir. Mais contre toute attente, elle resta figée. Au creux des oreillers et perdu entre les draps reposait une touffe de cheveux prolongeant un corps maigre couvert de bandages blancs. Enfin pour les parties qui dépassaient. Elle haussa un sourcil, vaguement étonnée. Pas surprenant qu’elle ne l’ait pas remarqué tout de suite. Il semblait si maigre… Elle fit quelques pas en avant et tenta de capter sa respiration. Il avait le souffle régulier de quelqu’un de vivant, c’était déjà ça, mais ne semblait pas dormir. Aussi fit-elle quelques pas supplémentaires en sa direction.


« Qui est-tu ? » murmura-t-elle.

Elle aurait peut être du quitter la chambre en s’apercevant qu’elle abritait déjà un occupant mais quelque chose la retint et ce n’était pas de la pitié.

[hj] Désolée je ne fais pas trop avancer la chose, mais Clarisse n'est pas du genre à papoter avec le premier venu...[/hj]
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MessageSujet: Re: ~[délaissé dans un coin de la chambre...]~ [Abandonné]   ~[délaissé dans un coin de la chambre...]~ [Abandonné] EmptySam 22 Aoû - 7:54:41

~° Une Rencontre ~°


Il eut à nouveau cette impression étrange, comme une réelle présence physique à ses côtés, qui ne faisait que passer, sans vraiment prêter attention à ce qui se trouvait au fond du lit, à moitié écrasé par l’affaissement de ce vieux lit d’hôpital. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il jeta rapidement un regard sur sa droite, en direction de la porte d’entrée, comme si, le temps d’un instant, il espérait voir entrer n’importe qui, que se soit un docteur lui annonçant qu’il s’enracinerait dans cette chambre encore plusieurs jours, ou même une infirmière lui signalant qu’il était l’heure de la piqure et pourquoi pas, un de ses parents. Enfin, il ne fallait pas non plus croire aux miracles, et même si ce jeune garçon vivait dans un monde empli de magie, ce n’était pas pour autant qu’il lui était permis de rêver.

A vrai dire, il s’était toujours répéter au fond de lui, qu’à force de vouloir tout espérer, on ne trouve plus rien à notre goût, et on finit seul et sans intérêt. Il n’avait pas si souvent espérer, mais pour le peu de fois qu’il s’était pris en flagrant délie de jalousie, il s’était pincé la peau. Désirer des parents honnêtes et non pas aveugles de tout sentiment, espérer être aperçu et appelé lorsqu’il arrivait le matin en classe pour rejoindre la place d’un ami, enlacer l’idée qu’il pouvait vivre comme les autres, sans dommages, sans hésitation. Enfin, tout cela avait lentement quitté son esprit pour se retrouver enfermé dans une boite à malice, qu’il avait caché tout au fond de son cœur pour longtemps. Et tout ça, s’était lu peu à peu sur son visage, cerné par la rancœur et la fatigue des nuits sans sommeil et des jours sans soleil, noirci à cause des multiples blessures profondes qu’on lui prescrivait sans relâche, et enfin, endurci par toute cette empathie contagieuse, cette folie partagée sans cesse. Il n’avait jamais rien demandé de tout ça, jamais voulu être dans cet état, et il ne savait pas vraiment pourquoi il tenait encore sur ses deux jambes.

Frottant machinalement sa joue comme s’il devait essuyer une larme, alors qu’il n’en était rien, il finit par tourner la tête vers la gauche, pour s’apercevoir qu’un individu se trouvait juste à ses côtés, si proche que cela en devenait gênant. Leur regard se croisa le temps d’un instant, une grande bouffée d’air frais s’engouffrant dans la pièce ainsi que dans les cheveux de Qare. Il restait là, immobile, la bouche entrouverte, tentant de maquiller tant bien que mal son étonnement. C’était toujours dans ces instants de profonde solitude que quelqu’un venait le déranger avec des questions déplacées. Cette interrogation commune fit battre des cils pour la première fois Qare, avant que celui-ci ne réponde simplement :

« Qare… Je suis Qare… »

Que lui arrivait-il ? Par habitude, il mentait sur son prénom, sur son identité, comme pour se protéger du monde qui l’entourait, mais cette fois-ci, il avait été direct et franc, sans vraiment comprendre pourquoi. Posant promptement quelques doigts sur sa bouche comme pour la couvrir, il les laissa glisser sur ses lèvres, les déformant légèrement, avant de reprendre une position un peu plus détendu. En effet, il ne s’était même pas rendu compte qu’il s’était relevé de son lit. Se reposant doucement, il tourna un peu plus la tête pour poser à nouveau son regard sur la fenêtre, et sans regarder la jeune fille il rétorqua :

« Pourquoi es tu ici ?... »

Peut être aurait-il du lui aussi demandé la carte de visite de cette fille mais au fond, il s’en fichait complètement, car savoir qui se trouvait devant lui, fille ou garçon, jeune ou vieux, anglais ou français, tout cela ne servirait à rien puisque personne ne pouvait l’aider.
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  • Clarisse McBrien
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MessageSujet: Re: ~[délaissé dans un coin de la chambre...]~ [Abandonné]   ~[délaissé dans un coin de la chambre...]~ [Abandonné] EmptySam 29 Aoû - 11:54:03

« Qare… Je suis Qare… »

Le garçon s’était redressé sur son lit. Un brin curieuse, la Serdaigle ne put se retenir d’observer ses traits. Il semblait maigre avec une peau blafarde et des cernes sous les yeux à faire peur. Ses cheveux noirs mais ternes juraient avec la couleur de sa peau, de la gaze, des draps, de la chambre, comme une provocation muette et futile. Il n’avait pas du voir le soleil depuis de longues semaines. Son regard quant à lui était indéchiffrable aux yeux de Clarisse tandis que les multiples bandages qui enserraient son corps frêle témoignaient à sa place des maux dont il souffrait. Brûlé comme tous les patients de ce couloir mais Merlin seul savait par quelle dangereuse créature du monde magique. Au moins les moldus n’avaient pas ce genre de problème. Leur vie était plus simple, leurs préoccupations autres et leur bonheur à portée de main, alors qu’eux… C’était différent. Autre monde autres façons. Mais elle s’égarait. Qare s’agita un peu sur son lit mais la rousse ne songea pas un instant à lui demander si tout allait bien ou s’il avait besoin de quelque chose, comme n’importe qui à sa place l’aurait fait. Oui mais voilà, elle n’était pas comme les autres et la réponse était d’une telle évidence qu’elle évinçait la question. Il aurait probablement préféré se trouver n’importe où ailleurs que dans cette chambre déprimante à ressembler à une momie avant l’heure.

« Pourquoi es-tu ici ?... »

La question résonna quelques secondes dans l’esprit de la jeune fille, rebondissant ça et là pour signaler sa présence sans pour autant qu’elle ne daigne répondre. Les yeux perdus dans le vague, elle sourit tristement. Il ne lui avait pas demandé son identité à elle et contre toute attente ne lui avait pas non plus demander de quitter les lieux. Peut être qu’elle aurait du partir sans attendre l’avis du malade mais quelque chose l’en empêcha, sans qu’elle ne parvienne à mettre le doigt dessus. Le brun lui rappelait quelqu’un, peut être….ou pas, elle n’arrivait pas à savoir. Mais elle resta. Après tout elle n’avait rien de mieux à faire.

« Il y a plusieurs réponses à ta question, comme à beaucoup de question mais les gens ne prennent pas le temps de les chercher alors ils ne peuvent pas les trouver. Je pourrais te dire que c’est le destin qui m’a poussée à ouvrir cette porte plutôt qu’une autre, mais je ne crois pas au destin. Je suis ici par un concours de circonstances, un hasard peut être, un enchaînement de faits qui m’ont conduit dans cet hôpital sans me demander ce que j’en pensais. La vie est comme ça, les choses arrivent et elle oriente des choix, te laissant croire qu’une seule issue est valable. »

Elle s’interrompit un instant. Elle ignorait pourquoi elle racontait tout ça, de surcroît à un parfait inconnu. Elle n’aimait pas parler, c’était établi depuis longtemps mais la situation avait un elle ne savait quoi d’irréel, un peu comme un rêve, ou un songe une nuit… Un produit de son imagination fertile. Comme si son cerveau de moineau avait créé spécialement pour elle son double masculin, timide et asocial et qu’il lui offrait cette rencontre imprévue…

« Mais je pourrais aussi te dire que j’ai délibérément cherché de mon propre chef une pièce vide, un endroit calme et tranquille où les infirmières cesseraient de poser leurs regards curieux sur moi, que j’ai écouté aux portes de plusieurs chambres et que celle-ci semblait inhabitée. Alors je suis entrée. »

C’était là la version qu’elle préférait, celle qui lui paraissait coller le mieux à la réalité. Clarisse détestait l’idée que quelque part, une puissance supérieure décide de tout à sa place, que le chemin soit déjà tracé d’avance et qu’il ne lui reste qu’à le suivre en bonne petite sorcière sage et obéissante. Ce serait d’une part beaucoup trop facile pour excuser n’importe quelle atrocité et tous les crimes dont le monde était victime (je signale juste à un éventuel lecteur que le mot crime pour Clarisse a une signification bien particulière et que tuer quelqu’un qui vous martyrise n’est pas un crime mais un acte de bravoure pour le bien être de l’humanité). Et puis c’était trop injuste. Elle avait envie de décider elle-même de son avenir, de si elle avait envie de faire face à la mort tout de suite, auquel cas autant aller se jeter du haut de la tour d’astronomie, ou bien si elle préférait faire d’autres choses avant. Et c’était le cas. La vie à ses yeux était une alliée respectable mais néanmoins un peu fourbe. D’ailleurs il lui restait une dernière réponse à donner au garçon malade pour être vraiment honnête avec lui et avec elle-même.

« Je pourrais aussi te dire que je savais que tu étais là, moi ou mon inconscient, ce qui est à peu près la même chose puisqu’il fait partie de moi, et que j’ai poussé cette porte dans le but de te voir toi spécialement. Cependant tu n’y croirais pas et moi non plus ce qui est normal. Mais ça te ferait sûrement plaisir que quelqu’un te mente ainsi et tu finirais par te dire que c’était vrai et moi aussi. On a tous envie que quelqu’un nous attende quelque part non pas pour ne plus être seul mais pour être avec nous… »

Oh oui.
La solitude si c’était un choix de vie n’était jamais motivée par un désir d’être totalement indépendant et seul au monde, mais plutôt par l’envie de ne plus être persécuté et d’atteindre un bonheur relatif plus proche d’une absence de maux extérieurs que d’autre chose. Mais au fond, l’humain ne supportait pas non plus la solitude à forte dose. Il avait besoin des autres pour se sentir exister et Clarisse avait longtemps espéré secrètement qu’un jour, quelqu’un fille ou garçon, jeune ou vieux l’attendrait près de sa cachette, lui sourirait, la comprendrait et l’aimerait pour elle et non pas parce qu’elle était la fille de ou la sœur de. Mais bien sûr, il ne s’agissait là que d’un rêve.

Elle était restée immobile depuis le début de sa réponse, debout près du lit mais assez loin tout de même pour ne pas le frôler. De nouveau son regard de glace se fixa sur l’autre être humain, ce garçon malchanceux qui avait atterri ici. Il devait avoir l’âge de Lilian ou des jumelles et bizarrement, elle se sentit plus proche de lui que de son frère. Il lui était à la fois étranger, elle ne se rappelait pas l’avoir vu avant, et familier parce qu’il lui ressemblait. C’était un peu comme si elle avait ouvert une fenêtre lui montrant ce qui aurait pu arriver, lui arriver. Elle aurait pu être un garçon et se faire brûler et atterrir là, dans ce lit d’hôpital et avoir envie de mourir tellement c’en était triste. Bizarrement, elle n’avait jamais imaginé être à la place des autres, elle ne s’était pas dit non plus que telle ou telle chose aurait pu lui arriver et pourtant, là, ça lui semblait normal.

L’aiglonne avait envie de lui dire quelque chose de gentil, pour une fois, mais elle ne savait pas quoi. Pas l’habitude. Alors elle se contenta de lui poser une nouvelle question
.

« Pourquoi restes-tu ici ? »

Sans quitter le garçon du regard, elle recula, attrapa la chaise et l’approcha un peu puis s’assit. L’idée de quitter cet endroit désagréable ne lui effleurait même plus l’esprit, elle allait rester un moment ici. Ce n’était pas si désagréable de parler à quelqu’un qui pourrait être vous, alors autant prendre ses aises…
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MessageSujet: Re: ~[délaissé dans un coin de la chambre...]~ [Abandonné]   ~[délaissé dans un coin de la chambre...]~ [Abandonné] EmptyJeu 3 Sep - 12:37:03

Il eut ce froncement de sourcils, de la part du petit garçon qui gisait à moitié dans les draps de coton blanchâtres. Et ceci, simplement pour marquer son incompréhension face à la réponse néanmoins subtile de la jeune fille. Ces quelques mots qu’elle avait prononcé, semblaient avoir été tirés de la bouche de l’aiglon, comme si, elle avait été capable de copier son mode de réflexion. Et peut être pour la première fois depuis des années, il trouva cela bizarre. Non pas que cette inconnu était étrange mais plutôt la manière dont tout cela se déroulait. Ecoutant son discours et buvant ses paroles, Qare finit par détourner son regard, le posant avec délicatesse sur ses mains, qui étaient retournées de sorte à montrer les paumes de ces dernières. Entrouvrant la bouche avec difficulté, il laissa échapper ces quelques phrases :

« Je ne reste pas ici, je suis consigné ici. Et même s’il est vrai qu’à tout moment, je pourrais m’échapper par la fenêtre et ainsi finir écraser face contre terre, retirant une bien belle épine au pied du monde, je ne pense pas que mourir maintenant soit réellement utile. En cela, peut être, parce que ma curiosité me pousse à en apprendre un peu plus sur le monde, le noir, et la vie, peut importe sa couleur, peut importe son odeur. »

Dans un geste rapide, il frotta son bras car un picotement l’avait atteint, comme une mise en garde en vue des paroles qu’il était sur le point de délivrer. En réalité, s’il était resté ici, c’était tout d’abord parce que personne n’avait demandé à ce qu’il sorte, personne n’était venu lui rendre visite, les infirmières s’infiltrant dans sa bulle d’intimité en pleine nuit, le perforant de part en part d’aiguille sanglantes, le laissant presque pour mort le matin, aplati par les doses incalculables de médicaments. Et puis, pourquoi partir ? Pour ensuite rentrer à l’école, se rendre compte avec désarroi que personne n’avait remarqué son absence, et reprendre sa pancarte de martyr et l’accrocher autour de son cou, permettant au premier venu de l’étranger avec. Replaçant ses mains sur ses cuisses, il reprit son discours :

« Ou alors, je pourrais aussi te dire que je suis ici simplement parce que ceux qui me servent de parents n’ont peut être pas encore réalisé après toutes ces années que j’existais, et aussi peut être parce que je ne suis pas masochiste au point de retourner dans un endroit où je ne subirais que plainte, cri, douleur et mécontentement… »

Soulevant avec une très grande difficulté son bras pour replacer sa mèche pendante devant ses yeux, une autre douleur se manifesta aux niveaux des côtés, et une petite tache, mélange subtile de rouge écarlate de d’indigo, s’imprégna dans les bandages, se répandant comme une trainée de poudre. Rabaissant lentement son bras, le jeune Serdaigle se mordit frénétiquement la lèvre, jusqu’à ce que cette dernière apparaisse à son tour rouge parmi tout ce blanc, et après quelques secondes, il relâcha sa morsure, la douleur commençant à se calmer. Se rappelant alors les dernières paroles de la jeune fille, il réalisa sur le moment qu’elle était rousse, avec un teint presque aussi pâle que le jeune garçon, à l’exception que son regard n’était pas vide d’expression, ce qui pouvait lui conférer un certain quelque chose, que certain appelé « charme ».

« Je pourrais t’avouer de la même façon que je suis rester ici, l’oreille collée contre la porte, espérant la venue d’un être de quelque forme et de quelque nature, qui viendrait me délivrer de ce sort macabre, mais soyons réaliste, je n’ai rien d’une princesse semblable à ces comptes pour moldus. »

Faisant exprès de sourire niaisement, étirant ses lèvres au maximum, lui donnant un air de psychopathe, il délia son visage pour reprendre :

« Ou encore, je pourrais te mentir et tenter de te flatter en affirmant avec certitude que je savais que tu arriverais parce qu’on me l’a dit, et ainsi que je me suis préparé physiquement pour que tu ai pitié de moi et que ainsi tu prennes cette chaise prévue à cet effet pour ensuite écouter ma voix s’échapper au loin, encore et encore pendant que tu t’endormes… Enfin, rien de bien vrai dans tout cela mais vois tu, il y a bien longtemps que j’ai abandonné l’idée de trouver la vérité… Elle nous ment la plus part du temps, elle se dénude et s’absente, laissant une grande place pour l’illusion et le mensonge. »

La tache s’agrandissait un peu plus à chaque seconde et pourtant, le jeune bambin ne semblait pas l’avoir remarqué, comme s’il était capable d’être insensible à certaines choses. Fixant alors longuement droit dans les yeux la jeune fille, comme pour sonder son esprit, il ne décrocha pas son regard et demanda dans l’élan :

« Qui es tu ? »

Tournant la tête sur la gauche, montrant ainsi son visage sous un angle peu commun, il battit des cils une seule fois et reprit :

« D’où viens-tu ? »
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MessageSujet: Re: ~[délaissé dans un coin de la chambre...]~ [Abandonné]   ~[délaissé dans un coin de la chambre...]~ [Abandonné] EmptyMer 9 Déc - 22:18:15

La Serdaigle, assise sur cette fameuse chaise à accoudoirs, le genre à l'air à sa place dans la pièce vide et terne sans pour autant être confortable, comme pour encourager les visiteurs à rester le moins possible en ces lieux porteurs de souffrances. Clarisse, loin de se soucier de son confort matériel fixa son regard sur le garçon pâle et trop maigre, noyé dans la masse de draps trop blancs et propres. Son regard se posa sur le petit corps sans se faire insistant, sans chercher à le transpercer ni à dégoter ses secrets. Ce n'était pas comme ça, en réalité, on aurait dit qu'elle ne voyait pas Qare, qu'elle voyait au-delà, qu'elle ne le regardait pas vraiment, mais que ses yeux étaient tournés là comme ça, juste par hasard parce qu'il fallait bien qu'ils soient tournés quelque part. Elle écoutait simplement la réponse du convalescent et ne s'étonna même pas de ce qu'elle entendit. Après tout, elle aurait certainement fait une réponse un peu semblable si elle avait été à sa place. C'était incroyable comme cet inconnu, ce sorcier aux airs d'apparition spectrale, pouvait refléter ses expériences à elle, ses réflexions et ses pensées. Si d'après son âge il lui suggérait Lilian ou les jumelles, il était clair que Qare était bien plus mature aux yeux de la rousse que les trois énergumènes. Lorsqu'il acheva sa réponse, la cinquième année ne dit rien, pas plus qu'elle ne bougea. Bien sûr, certains commentaires lui brûlaient la langue, elle avait envie de le découvrir encore un peu, de chercher dans ce miroir les dissemblances, les aspérités. Ca allait venir, en son temps, et elle repartirait avec certaines réponses, pas toutes cependant. Si sa curiosité s'était éveillée, elle n'était pas impatiente. Après tout, elle avait du temps et lui aussi puisque personne ne semblait décidé à s'inquiéter de son état avant longtemps .

Lorsque la question franchit le seuil de ces fines lèvres gercées, ou devrais-je dire les deux petites questions simples et pourtant complexes, elles résonnèrent un instant dans la pièce, retentissant dans l'esprit de l'aiglonne et rebondissant de-ci de-là sur des souvenirs, des émotions, des expériences. Ses lèvres s'étirèrent malgré elle en un fin sourire ironique. C'était le moment de faire un choix, de se demander si elle dirait la vérité, ou si elle tricherait un peu, donnant la réponse banale et tant attendue par la majorité. Seulement tricher avec soi-même, c'est difficile, on a beau prétendre quelque chose, ça ne trompe pas. Elle inclina légèrement la tête de façon à planter ses yeux dans ceux du garçon.


"Je viens de Poudlard. Et je devrais m'y trouver à cette heure... tout comme toi j'imagine, si les choses avaient été autres."

Sauf que les choses n'étaient pas autrement, mais bien comme ça.
Elle avait commencé par la question la plus simple, non pas pour contourner l'autre ou l'esquiver ni pour se donner le temps de réfléchir à une quelconque stupidité à déblatérer. Non c'était comme ça, simplement. Par commodité. Elle laissa quelques secondes s'écouler avant de continuer le plus naturellement du monde, comme si elle n'avait pas vu cette petite tâche rouge qui venait souiller les draps trop blancs et s'étendait de plus en plus, émanant visiblement du garçon. Elle aurait pu se contenter de dire trois mots comme "Je suis Clarisse", mais ça ne lui semblait pas suffisant, ce n'était pas ça qu'attendait son faible vis-à-vis, ni ce qu'elle avait envie et besoin de lui dire. Pour une fois qu'on lui posait vraiment la question, avec derrière l'envie d'en connaître la réponse... Evidemment, peut être qu'elle s'imaginait tout ça et que le garçon s'en fichait bien, peut être qu'elle lui prêtait de fausses intentions, mais c'était tellement tentant, tellement incroyable et imprévisible que pour une fois, une seule le rêve coïncide avec la réalité...


"Je ne suis pas quelqu'un d'important. En général, je suis la soeur, la fille ou la cousine de. Pour cet homme qui m'a permis de quitter Poudlard, je suis une excuse, le moyen qu'il a trouvé pour entrer à nouveau dans la vie de sa bien aimée. Pour ces infirmières indiscrètes et bonnes commères, je suis la fille de la patiente de la chambre 412, un peu bizarre et qui a disparu après dix minutes à faire les cent pas dans le couloir sous leurs regards curieux. Pour la majorité des élèves, je suis cette fille banale que l'on remarque juste quand elle lève la main pour répondre à une question, ou bien encore cette autre fille à tendances suicidaires. Pour toi, je serai cette inconnue sortie de nulle part et venue discuter par un après-midi de septembre. Rien de plus. Comme un meuble auquel on ne fait pas attention et dont on ne remarque l'absence que longtemps après son départ, parce que là où autrefois les yeux tombaient sur quelque chose aujourd'hui ils ne rencontrent que du vide."

Elle s'interrompit de nouveau. C'était triste au fond de voir qu'on pouvait bien mourir, personne ne le remarquerait, qu'on pouvait disparaître subitement de la surface de la terre, on ne manquerait à personne. C'était un peu égoïste, certes, mais parfaitement humain, qu'ils disaient. Bien que cette minable réponse n'excuse pas tout. Enfin, ça avait beau être triste, elle n'allait pas s'en plaindre, préférant de loin passer inaperçue qu'être le centre de l'attention. D'ailleurs, le ton de voix employé laissait peu de doutes là-dessus. Elle reprit avec un sourire cette fois amusé.

"Peut être que ce n'est qu'un rêve, que tu m'as imaginé et que dans quelques heures tu te réveilleras en te demandant si j'étais bien là. Peut être que moi aussi je rêve et que je suis là sans être là à essayer de t'expliquer qui je suis. Mais peut-on vraiment résumer tout un être en quelques mots? Je ne crois pas."

Nouvelle pause très courte. Son regard s'embrasa légèrement lorsqu'elle continua, d'une voix tout aussi basse que précédemment.

"Qui peut dire qui je suis? Qui peut affirmer me connaître suffisamment pour te donner une véritable réponse? Personne je crois bien. Personne ne connaît mes rêves, mes peurs et mes joies. Heureusement. Mais c'est tout ce qui fait de moi qui je suis aujourd'hui, avec mes souvenirs et mes peines. Et puis c'est éphémère, demain je serai peut-être quelqu'un d'autre de semblable et de différent. On ne peut pas vraiment répondre à ta question, elle est bien trop vaste dans son contenue et restreinte dans le temps. Rien que depuis que j'ai commencé, j'ai changé en quelque sorte puisque j'ai accepté de me livrer un peu."

La lueur qui éclairait son regard baissa d'intensité et la jeune fille sembla de retour dans la réalité, dans cette chambre trop propre qui sentait la mort à plein nez, face à cet inconnu. Avec tout son blabla, elle ne lui avait toujours pas donné de réponse correcte. C'était inhabituel pour elle de confier ce qu'elle pensait vraiment, de laisser un tiers suivre le chemin sinueux de ses songes. Partager cette expérience ne la gêna pourtant pas, ça semblait normal, la seule conduite à suivre, la meilleure chose à faire. Et Dieu que ça faisait du bien de ne pas avoir à se cacher. Même pour quelques minutes, même pour un après-midi hors du temps et de l'entendement. Elle se décida pourtant à la lui donner cette réponse.

"Je suis Clarisse, je ne suis personne."

Voilà, elle l'avait dit dans un souffle, comme un secret murmuré à l'oreille d'un ami.
Cette fois elle reprit pleinement pieds dans la réalité. Alors seulement elle avisa cette vilaine tâche sombre qui, bien que déjà de bonne taille continuait à grossir à vue d'oeil. Elle fronça brièvement ses fins sourcils roux, s'étonnant de ne pas avoir vu une telle évidence plus tôt, mais ne fit aucun commentaire. Elle devrait le lui dire, faire quelque chose, prévenir une infirmière, mais ça signait aussi sans doute la fin de son entretien avec cet autre. Et c'était beaucoup trop tôt. ça ne pouvait pas déjà se terminer, elle venait seulement d'arriver. Ils n'en étaient qu'aux présentations. Et puis il fallait qu'elle clarifie certains détails avant de partir et de le laisser continuer à s'ennuyer dans ce repos forcé.


"Je n'ai pas pitié de toi. Je ne te connais pas, je ne sais même pas ce qui t'est arrivé, je profite simplement de ce moment à pouvoir échanger quelques mots avec toi Qare. Il n'y a rien de plus, rien de moins. Je ne vais pas te dire que je suis heureuse ou peinée d'être ici avec toi, ce serait mentir. Je suis là, voilà tout."

Ah ne croyez pas qu'elle n'a pas de coeur, c'est faux. Ne rien ressentir envers les inconnus était simplement une façon de se protéger, d'enfermer son petit coeur à double tour et de jeter la clef pour ne pas qu'il soit brisé. Une façon comme une autre, mais la sienne. Quoi que plus les secondes s'égrenaient et plus elle s'identifiait au petit brun et par conséquent plus elle éprouvait envers lui une sorte d'attachement qui entraînait inexorablement d'autres sentiments. L'envie de le voir vivre, par exemple. Mais tout cela bien que présent se trouvait encore à l'état embryonnaire, caché quelque part au fond d'un tiroir sombre, là où personne n'aurait eu l'idée d'aller les chercher. Clarisse inconsciente de tout ce qui se tramait derrière son dos, à savoir cette cascade de sentiments et de réactions en chaîne, se redressa contre le dossier de la fameuse chaise d'hôpital inconfortable.

"Si tu n'as pas l'intention de mourir maintenant, tu devrais appeler une infirmière pour ça, ou bien me demander de le faire pour toi."

Elle désigna d'un geste de la main la tâche de sang.
Sa voix était restée ferme, sur le ton de conversation. La vue du sang ne la dégoûtait pas, ni ne la faisait paniquer. A quoi bon? Ce n'était pas en s'agitant dans tous les sens que la plaie allait cicatriser, elle l'avait appris depuis bien longtemps maintenant. On aurait presque pu dire qu'elle conservait cet éternel et énervant flegme britannique. On aurait presque pu, parce qu'elle était Ecossaise
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