Elise venait à peine d'arriver à Poudlard qu'elle se souciait déjà de raconter tout ce qu'il se passait ici à sa famille. Elle ne connaissait personne. Concrètement, elle avait déjà croisé des gens mais au fond, avec qui allait-être réellement nouer des liens profonds d'amitié ?
Elle prit donc un rouleau de parchemin, sa plume et son encre et monta directement à la volière. La position qu'elle risquait d'adopter pour écrire ne serait surement pas confortable mais elle serait tranquille, un avantage non négligeable.

*Comme si je faisais vraiment tout ça pour être tranquille. Allez, avoue Lilly, tu veux bien rencontrer des gens mais la salle commune ou la grande salle ne te semble pas assez intime*

En grimpant les marches quatre à quatre, elle arriva bien vite en haut de la tour. Elisabeth s'assit le dos plaqué contre le mur et commença à griffonner des mots sur sa feuille. Le hululement des chouettes et autres hiboux jouait pour elle, le rôle de muse. Oh oui, elle était douée pour assembler les mots mais faudrait-il encore quelqu'un pour les lire et les apprécier. Ses parents joueraient ce rôle là pendant quelques temps.
Elle jetait régulièrement un œil vers la porte pour voir si quelqu'un approchait. Au fond de son cœur, elle attendait ces rencontres, mais craignait les serpentards qui risquaient de lui faire des malheurs. Leur réputation les devançait dans ce domaine.
Lorsqu'elle coucha tous ses sentiments du moment sur le parchemin, elle envoya sa chouette à ses parents puis resta assise, là, à penser, en regardant les étoiles.

- "Tu rêves trop" disait-elle tout bas pour elle-même.

Les lettres, elle en écrivait plusieurs fois par semaines... Au début de l'année. Au fur et à mesure qu'elle était plus occupée à l'école, et donc qu'elle aurait eu normalement plus de choses à raconter, les lettres s'étaient espacées. Alors qu'au début, elle prenait soin d'écrire individuellement, à ses parents, à son frère, à sa soeur, elle regroupait maintenant les destinataires, s'arrangeait pour glisser des petits mots individuels dans les enveloppes, sans plus faire de longs paragraphes. Ses parents étaient ravis de ces changements : c'était le signe qu'elle s'amusait. Son frère et sa soeur un peu moins : ils commençaient à se dire qu'elle ne s'occupait plus d'eux.

Bref, toujours était-il que, prise d'un accès de culpabilité, elle avait passé l'après-midi à rédiger des lettres à chacun, bien proprement, de longues lettres sur de longs rouleaux de parchemins, puisqu'ils aimaient tant ces petites particularités étranges qui, pour elle, tenaient désormais de la normalité. Elle savait aussi qu'ils seraient contents de revoir Oberon, tout comme Oberon serait heureux de faire un peu d'exercice. Oui, finalement, ce n'était pas une après-midi de perdue, bien que ceux dont les oreilles trainaient dans la salle commune pendant ce temps-là aient eu l'occasion de l'entendre soupirer plusieurs fois, les yeux baissés vers la fenêtre et l'extérieur, où les premiers soleils auraient rendu de longues promenades au lac des plus agréables. Oh, ça va, elle ne trompait personne, ce qu'elle avait s'appelait la flemme, elle n'avait jamais été une adepte des grandes promenades.

La preuve : les étages qu'il fallait grimper pour arriver en haut de la tour de la volière suffisaient à l'épuiser. Armée des trois enveloppes, elle arriva donc, plutôt essoufflée, tout en haut. Un murmure dont elle ne parvint pas à identifier les mots exacts l'interrompit dans ses mouvements, tandis qu'elle essayait d'avoir une vue d'ensemble de la salle, pour retrouver son hibou.

C'était une Serdaigle, une première année, comme elle. Ayant fréquenté les mêmes cours, la petite lui était plutôt sympathique. Comment s'appelait-elle, déjà ? Elizabeth, oui. Elizabeth Blake, comme dans Blake et Mortimer. Ne sachant pas de quelle origine était la fille en question, elle ne pouvait pas savoir si elle comprendrait cette référence. Elle lui accorda donc un sourire, un sourire timide, qui se demandait si elle devrait enchaîner sur un début de conversation, ou... N'osant rien faire vraiment, elle se contenta d'un petit "s'lut" qui ne savait pas trop s'il avait ou non le droit d'être là, avant de relever les yeux vers le ciel, perdu dans la recherche du volatile.

Celui-ci la surprit en se posant sur son épaule dans un froissement d'ailes, et en cognant son bec contre son oreille ronde.

"Hey, Oberon !", fit-elle un peu plus bas que son ton de parole habituel. La présence d'une autre personne dans la pièce l'empêchait un peu d'agir comme elle l'aurait fait si elle avait été seule. D'ailleurs, les gestes qui attachèrent les enveloppes à la patte du hibou étaient diminués, comme si elle se savait observée dans tous ses mouvements, la tête baissée, concentrée sur la tâche comme si elle avait été particulièrement délicate à accomplir. D'ailleurs, elle dut s'y reprendre à plusieurs fois pour être certaine que le courrier ne tomberait pas des griffes de l'oiseau.

La petite chinoise entendit un souffle rapide s'approcher. Elle leva la tête et vit une petite fille couleur chocolat qui avançait vers la volière. Son visage n'était pas inconnu à Elise. Elles s'étaient déjà rencontrées en cours communs. Lilly ne connaissait pas beaucoup Verity. C'était une poufsouffle. Elle en était ravie. Les serpentards l'effrayaient vraiment. Surtout lorsqu'on n'était pas de sang-pur. Au premier abord, elle lui avait semblé chaleureuse mais timide. Comme le montre le petit "s'lut" qu'elle lui lança tout bas avant d'aller accrocher ses lettres à son hibou. Elise se leva mais resta collée au mur les yeux loin dans le ciel.

"B...bonsoir" dit-elle.

Chassez votre timidité, elle reviendra au galop. Le coeur d'Elise battait de plus en plus rapidement. Elle hésitait maintenant entre rester dans ce havre de paix (qui avait un peu perdu de son silence) et s'enfuir à toutes jambes et retourner dans sa tour. Finalement, elle prit son courage à deux mains et essaya de débuter une conversation.

"Ton hibou est mignon. Je me demande comment réagiront mes parents quand ils verront le mien." se força-t-elle à dire avec une voix suffisamment intelligible.

Les deux jeunes filles avaient l'air gênées. Le silence, qui devenait de plus en plus lourd, ne les aidait vraiment pas à surmonter cette gêne.

*Trouve quelque chose à dire Lili, ne reste pas plantée là à ne rien faire. Ou bien il faudrait qu'elle dise quelque chose...*

Obéron restait sur l'épaule de Verity, attendant de toute évidence une friandise, comme elle avait l'habitude de lui en donner chaque fois qu'elle montait avec une lettre. Elle fouilla donc dans la poche de sa robe d'uniforme, évita sa baguette et attrapa un Croc'hibou. C'était le dernier, et il faudrait qu'elle pense à en commander à nouveau. Elle pourrait charger Obéron d'une lettre de plus, mais elle avait peur que le petit hibou ne cède sous le poids de tant de papier. Tant pis, elle utiliserait l'un des hiboux de l'école lorsqu'elle y penserait.

Elle s'absorbait exprès dans chaque pensée, la présence d'une tierce qu'elle faisait semblant d'ignorer faisant poids sur ses attitudes. Mais ce qu'elle prévoyait ne tarda pas à se produire. On ne pouvait pas dire que ce soit vraiment certain, bien sûr, il y avait des gens qui, comme elle, se contentaient d'ignorer les autres, et de vivre leur vie comme ça. Mais il semblait qu'il y en avait d'autres, et elle aurait parfois aimé en faire partie, qui, eux, n'avaient pas peur de prendre contact, d'essayer d'entamer des conversations. Elle ne leur en voulait pas. Disons que dans ce cas particulier, étant donné que, bizarrement, elle avait une espèce d'attirance pour la bleue et bronze qui lui donnait envie de lui parler, elle lui en était même plutôt reconnaissante. Ce qui n'empêchait pas les trous dans la conversation, souvent, les longs blancs, puisqu'elle ne trouvait absolument jamais rien d'intéressant à dire, effaçant les idées toutes plus futiles les unes que les autres avant qu'elles ne prennent forme.

La conversation, donc. Ce fut Elizabeth qui en prit la responsabilité, comme dit plus haut. Un compliment pour Obéron. Celui-ci émit un roucoulement de contentement avant de s'envoler, laissant Verity étrangement seule, comme si, tant qu'il était là, elle avait eu un ami pour la soutenir, alors qu'à présent, il partait vers son immeuble londonien. Elle eut un petit pincement au coeur en songeant que Poudlard était le seul endroit pour lequel elle avait jamais quitté la capitale. Ses parents étaient adorables, mais ils ne pouvaient pas se permettre de payer des vacances à la famille. Comme ce devait être frustrant, pour sa fratrie, de recevoir des lettres d'Ecosse, quand ils n'étaient jamais sortis des rues de bitume.

"Merci", répondit-elle en regardant le hibou s'envoler, une petite pointe de culpabilité dans la voix. Et dire que pour elle, maintenant, les étendues vertes qui entouraient son logement étaient tout ce qu'il y avait de plus normal. "C'était un cadeau... J'avais droit au hibou, si j'acceptais de venir étudier ici."

Elle n'avait pas l'habitude d'en dire aussi long d'un coup, et sentit soudain que ses propres petites histoires ennuieraient sans doute son interlocutrice. D'autant que c'était un marché auquel elle était de toutes façons gagnantes, même si elle ne le savait pas encore au moment où elle l'avait passé. Elle qui avait imaginé Poudlard comme un véritable cauchemar... Depuis qu'elle y était entrée, pas une seconde, elle n'avait souhaité s'en détacher, même s'il lui arrivait de faire des comparaisons avec la vie qu'elle aurait menée si elle n'avait pas pris le train, en septembre.

Elle saisit l'occasion de sa remarque pour enchaîner cherchant quel hibou pouvait bien servir de facteur à sa camarade.

"Tu as aussi un hibou ?", demanda-t-elle. "Tu n'as encore pas envoyé de courrier à tes parents ?"

Verity savait que la Serdaigle était nouvelle, mais elle n'aurait su dire depuis combien de temps exactement elle était à Poudlard. Elle s'en voulait de poser des questions réthoriques, comme celles-ci. Seulement, elle n'arrivait pas à imaginer un sujet sur lequel elle pourrait embrayer. Sa fichue timidité avait décidé de pourrir sa journée jusqu'au bout.

Elise voyait la jeune fille donner une friandise pour son hibou dans sa poche. Vu le temps qu'elle avait mis à la chercher, c'était surement la dernière. Elle se souvint qu'elle n'en avait pas pris un grand stock non plus avant de venir. Son sens de la prévoyance était épatant. Heureusement qu'elle n'avait pas à prévoir sa nourriture à elle, sinon elle mourrait de faim dans le mois suivant son arrivée...

Les deux première année étaient toutes deux gênées de la présence de l'autre. Verity continua la conversation que la petite asiatique avait commencé. Elle avait donc aussi eu un hibou parce qu'elle venait étudier à Poudlard. Elle devait donc être née moldue. Dans le cas contraire, elle aurait eu un hibou, ou du moins sa famille en aurait eu un. Un poids s'enlevait de la poitrine d'Elisabeth. Elle avait déjà entendu parler de la rivalité causée par la pureté du sang. Les sang pur traitaient ceux qui ne l'avait pas aussi pur comme des êtres inférieurs à eux-même. Quel manque de sagesse... Ou peut-être était-ce les parents qui leur demandaient de traiter les "sang de bourbe" ainsi.

La demoiselle aux cheveux mi-longs (et pas aux bas nylon) se rendant compte que Verity lui partait lui répondit : "Ma chouette vient de partir, je te l'aurais bien montrée. Elle a des reflets argentés dans ses plumes." Pause. "Je l'ai eu pour mon arrivée ici aussi."

*Si j'arrivais à faire avancer la conversation, ça serait pas mal. Ca n'a jamais été mon fort. Je suis courageuse sauf pour les rapports humains, là, ça bloque*

"Tu participes à quels cours ? Peut-être...pourrait-on... se croiser dans l'un d'eux..." dit la Serdaigle, la voix baissant d'un ton à chaque bout de phrase qu'elle parvenait à dire.

En parlant, elle remit une mèche de ses cheveux correctement. Il faudrait qu'elle pense à les détacher. Elle était à son école de quartier avant de venir là. Le règlement y était moins strict. Elle avait des restes de coloration rouge vif qui avaient eu du mal à disparaitre quand elle refit une coloration noire, sa couleur naturelle. Heureusement, ces dernières taches restaient cachées sous sa chevelure mais seulement lorsqu'ils étaient lâchés...

Au fil de la conversation, la poufsouffle lui semblait de plus en plus sympathique, en dépit du fait qu'elle ne parlait que très peu. Un forte timidité surement, comme la serdaigle.

Verity souriait, tout en approuvant les paroles de l'autre, sans dire grand'chose. Constatant une timidité réciproque de la part d'Elizabeth, elle se sentait un peu plus à l'aise, ce qui n'empêchait pas son cerveau de rester en mode 'blanc continu'. La petite asiatique ne semblait pas en bien meilleure position qu'elle. Force était de constater que ses propres paroles étaient pleines de blancs, de pauses, de baisses de voix. Bien placée, Verity, bien placée pour critiquer, toi qui n'est pas capable d'aligner deux mots depuis le début.

Elle se détendit lorsque la discussion s'orienta vers les cours. Enfin, se détendit. Un peu. Enfin, elle trouva quelque chose à dire, quelque chose qu'elle ne réfléchit pas avant de lâcher.

"A tous les cours de première année", fit-elle. "Si tu veux, on pourra se mettre à côté, la prochaine fois."

Bien joué, maintenant, elle va croire que tu sors de primaire - ce qui n'est pas tout à fait faux - et que ta plus grande préoccupation, c'est de savoir avec qui tu vas être. Elle baissa les yeux, honteuse qu'elle puisse la classer dans la catégorie 'gamine', tout en se demandant si Artemis lui en voudrait de la quitter pour quelques cours. Non, quand même. Il était bien normal que Verity ait d'autres amies... Ou était-ce normal ? Et si elle en avait d'autres, est-ce que l'antipathie de la Serpentarde, Ange, à son égard se dirigerait également vers les personnes qu'elle fréquentait ? Ce n'était pas forcément des plus sympas, que d'attirer des ennemis aux autres juste en les fréquentant. D'un autre côté, la brunette lui était sympathique, et puis, fréquenter de temps à autres des enfants de moldus - puisque ses parents n'avaient pas reçu de hibou, ils étaient forcément moldus - la mettrait sans doute un peu plus à l'aise, elle n'aurait pas l'impression d'être une complète idiote la moitié du temps.

Aussi, Verity, avec l'habituel courage qui la caractérisait, décida qu'il valait mieux ne rien dire au sujet d'Ange, et d'en laisser la surprise à Elizabeth. Après tout, peut-être ne se passerait-il rien du tout, peut-être était-elle juste un peu paranoïaque. Elle observait sa silhouette, et se rendit compte que les cheveux dont elle était persuadée qu'ils étaient bruns arboraient des reflets rouges difficiles à ignorer. A son âge, ses parents lui avaient donné l'autorisation de se teindre les cheveux ? Elle porta elle-même la main aux frisettes qui auréolaient son visage, dans une pseudo coupe afro absolument pas voulue, ses cheveux poussaient comme ça, point, et ne put s'empêcher de ressentir une pointe de jalousie. Les Tarletons n'auraient jamais été aussi permissifs. Et, mais elle ne s'en rendait pas compte, peut-être n'était-ce pas plus mal, toute autre couleur que son brun naturel aurait paru étrange, sur elle.

Bon, ce n'était pas tout ça. Il aurait fallu... Il aurait fallu qu'elle en sache un peu plus sur sa nouvelle camarade, ne serait-ce que pour faire un peu la conversation, et aussi pour ne pas avoir simplement régler des places en classe, et puis repartir dans sa salle commune. Elle regarda par la fenêtre... Les étendues vertes...

"Je n'avais jamais quitté Londres, avant", expliqua-t-elle. "Et toi, tu viens d'où ?"

Une partie d'elle se rendait compte que ses essais à socialiser avaient quelque chose de pathétique, quelque chose de beaucoup trop banal. La prochaine question serait sûrement 'que font tes parents', et puis bien sûr 'tu as des frères et soeurs'. Bref, rien qui fasse d'elle une merveille de nouveauté, d'originalité, quelqu'un que l'on puisse remarquer. Seulement il y avait une autre partie d'elle, une partie qui savait que ça aurait pu être bien pire. Une partie qui trouvait que ç'avait été étonament facile de poser cette question, qui tombait finalement, assez fluide, ne demandant qu'à se continuer. Certes, ça n'avait rien de passionant, mais il n'était pas non plus impossible de répondre, ce n'était pas l'une de ses remarques qui mettaient tout le monde mal à l'aise et instauraient un gros vide dans les paroles de chacun.

Les blancs étaient surement ce qui prenait la plus grande place dans la conversation des deux jeunes filles. Les rougissements et tons de leurs voix étaient si significatifs sur leurs visages que les mots n'étaient presque pas nécessaires pour qu'elles puissent se comprendre.

Verity proposa à Elise de se mettre à côté d'elle au prochain cours qu'elles auraient ensemble. Ce qu'elle approuva d'un signe de tête. Elle connaissait si peu de gens à l'école et encore moins de personnes avec qui elle semblait avoir noué un semblant d'amitié... Certes, ça lui laissait plus de temps pour travailler mais la solitude était un fardeau qu'elle ne savait compenser que par des livres. Hors, on ne peut passer son temps à lire et on ne peut pas non plus rester éternellement enfermé seul chez soi (ou dans le cas présent, dans sa salle commune).

La demoiselle aux cheveux crépus demanda à celle qui les avait lisses (quoi qu'un peu en bataille, elle devait admettre qu'un passage chez le coiffeur n'aurait pas été de refus avant de venir à Poudlard. Tant pis, ça attendrait les vacances) d'où elle venait. La serdaigle hésita à lui sortir le speech qu'elle connaissait désormais par cœur racontant en détail ses origines un peu complexes ou de répondre simplement qu'elle était née en France et qu'elle n'était à Londres que depuis peu de temps... Finalement, elle prit une grande inspiration, qui se bloqua dans sa poitrine, et répondit "Mes origines sont assez compliquées et confuses. Pour résumer, disons que je suis née en France, et que ma mère s'est mariée avec un londonien d'origine chinoise. Je t'expliquerai tout ça en détail une autre fois, promis". Mieux valait ne pas tout dire d'un coup. Qui serait assez idiot pour raconter toute sa vie dès la première rencontre sans craindre ce qu'on dira dans son dos ? Elise, sans aucun doute, mais les temps sont hostiles et moins on en sait sur une personne, mieux ça vaut pour sa propre sécurité et aussi celle de l'autre, évidemment.

Après un moment d'hésitation, la chinoise à l'aspect chétif se décida, par politesse -et par curiosité aussi- à lui poser quelques questions d'usage.
"Et tu préfères l'école à laquelle tu allais avant ou Poudlard ?" dit-elle un sourire étirant très légèrement ses lèvres.
Ce n'était pas tellement une question usuelle que de demander si elle préférait son école moldue ou une école de magie mais, ici, c'était approprié. Elle savait que c'était de ces questions qui ne mettait pas trop mal à l'aise, ce qui aurait assurément coupé l'échange si bien commencé....

[HJ : Désolée de ne pas faire des pavés aussi gros que les tiens ]

[Aucun problème, j'avoue que j'ai moi-même assez honte, par rapport à d'autres membres du forum ^^"]

Née en France, un père londonien d'origine chinoise, et une sorcière en plus de ça... Certains semblaient avoir une vie passionante, bien loin du simple petit pavillon accolé à son voisin qu'elle avait partagé avec sa petite famille jusque-là, sans jamais le quitter. La mère de Verity était une vraie londonienne, son père était né à Liverpool, mais avait fait ses études à Londres, et y était resté depuis. Et après la mort de son mari, sa grand-mère paternelle avait voulu se rapprocher de la seule famille qui lui restait, ce qui avait fait s'envoler du même coup les occasions que Verity aurait pu avoir de visiter l'ouest du pays. Mais la jeune fille ne semblait pas vouloir s'étendre beaucoup plus sur le sujet, aussi ne fit-elle aucun commentaire supplémentaire. Après tout, si elles devaient passer les sept (bon, d'accord, six et demi) prochaines années entre les murs du même château, elles auraient sans doute l'occasion de se raconter.

'Tu te moques de moi ?' aurait été sa première réaction, face à la question de la jeune Serdaigle. Est-ce qu'elle préférait le petit groupe de préfabriqués qui lui aurait servi de collège si elle y avait été, l'uniforme qui alliait de façon plus que douteuse le marron et le orange, les cours de mathématiques et de grammaire à l'immense et mystérieux château entouré de prairies, les sorts qui fusaient dans tous les couloirs et les leçons dans lesquelles elle apprenait à s'élever sur un balais (même si elle n'en était pas une grande fan) ou à changer des scarabées en boutons ? Mais au-delà de ça, d'une part, elle n'oserait jamais répondre aussi franchement, et d'autre part, il était vrai qu'elle avait fait de vraies difficultés, avant d'arriver ici... Et puis, il arrivait que sa famille, ses amis d'avant, la proximité des commerces londoniens et de la vie qui y grouillait ne lui manque (même si elle n'avait jamais été autorisée à prendre le tube toute seule pour aller jusqu'à la vraie ville, les fois où des adultes l'accompagnaient, et ça arrivait souvent, la comblaient toujours de joie).

"C'est différent", fit-elle finalement, comme en compromis. "C'est sûr que s'il y avait pas la magie et tout, je pense que je m'ennuierais, ici, c'est joli dehors, mais y a pas grand'chose à faire... En même temps, tout est nouveau, pour moi, tout me parait trop grand, et puis j'adore les cours." elle eut un petit rire "Dire que je détestais l'idée d'être une sorcière, quand j'ai reçu ma lettre..."

Et maintenant ? Maintenant, elle s'amusait, à jouer à la magie, à étudier quelque chose dont elle avait toujours été persuadée que ça n'existait pas. Cependant, elle devait bien admettre qu'elle n'avait pas grande idée de ce qu'elle pourrait faire de ça, plus tard. Mais il fallait bien constater que la magie l'avait ouverte à un mode de vie totalement différent : la RITM, qu'elle écoutait maintenant en permanence, les gallions, mornilles et autres noises, le Quidditch, auquel elle ne comprenait pas grand'chose, mais elle assistait aux matchs et c'était déjà ça, les Chocogrenouilles... Tiens, en parlant de ça, d'ailleurs...

"Dis, tu collectionnes les cartes de Chocogrenouilles ?", demanda-t-elle. "Il y en a plein qui le font, moi, j'ai gardé celles que j'ai eues jusqu'à maintenant, mais je sais pas si on peut dire que c'est vraiment une collection... Ca apprend plein de trucs sur les sorciers, et c'est plus marrant que l'Histoire de Poudlard."

Elle fit un geste vers sa poche, avant de se souvenir qu'elle avait la veille déposé les cartes sur sa table de chevet, dans son dortoir. Dommage, elle aurait voulu lui montrer sa dernière trouvaille, dont elle était plutôt fière. Au lieu de ça, elle leva le nez vers les hiboux au-dessus d'elle, comme si l'un d'eux l'avait cachée dans ses griffes.

Il semblait évident qu'une école de magie et un collège de quartier soient différents. Mais certains pouvaient préférer rester dans un endroit qu'ils connaissent depuis longtemps. Les amis y sont, les habitudes, tout. Pour ceux qui n'ont pas pu laisser ces habitudes s'installer, ces amitiés se nouer, le changement ne modifie en rien leur vie. Elise était de ceux là. Cela ne faisait que depuis un an qu'elle vivait dans la capitale londonienne, une ville qu'elle aimait beaucoup. Elle adorait fouiner un peu partout même si ses parents n'appréciaient guère. Elle se cantonnait à son quartier pour éviter les risques tout de même. Pas téméraire la demoiselle. Il était vrai qu'à 11 ans, une aussi grande ville était risquée. La jeune fille s'en fichait, sauf quand la punition (type confinement à la maison) s'imposait à elle. Ce qui la mettait hors d'elle. Heureusement, elle était souvent accompagnée de cousines qui lui faisaient visiter. Ca lui évitait les représailles. Elle avait hâte de travailler pour pouvoir utiliser la magie tout le temps.

"Je dois avouer qu'avoir appris être sorcière m'a surprise aussi. C'est... bizarre je trouve. La magie ne faisait vraiment pas partie de mon monde avant.

Quel moldu raisonnable pouvait avouer croire à la magie sans être pris pour un fou ? Maintenant, ça lui semblait presque normal de se balader, baguette à la main, dans un château avec des tableaux qui vous parlent et vont rendre visite à leurs voisins. Ca lui semblait tellement extraordinaire. Elle adorait tout ça. Être une sorcière était une sorte de privilège pour elle alors elle tentait d'être la meilleure. Elle travaillait beaucoup la théorie dans ses livres (pas Serdaigle pour rien) mais n'était pas très forte pourtant. Pas mauvaise pour autant. Son plus grand désir ici aurait été de faire un tour dans la forêt interdite. La curiosité était son plus grand défaut, ça c'était sur.

Verity lui parla de chocogrenouilles. Elle n'en avait que peu. Ceux qu'elle avait acheté dans le train. Elle ne les collectionnait pas. Pourquoi ne pas les donner à la jeune afro ?

"J'en ai pas beaucoup. Je peux te les passer si tu veux"

Elle joignit le geste à la parole en sortant les cartes qu'elle avait dans sa poche. Malheureusement, sa maladresse habituelle fit que toutes ses cartes tombèrent à terre. Elisabeth, un peu vexée d'avoir deux mains gauches (ou plutôt deux mains droites lorsqu'on est gaucher), sortit sa baguette.

"Accio cartes" grogna-t-elle. Et elles s'élevèrent légèrement pour retomber quasi immédiatement. Elise n'avait pu rattraper que quelques cartes. Elle souffla et recommença "ACCIO cartes". Pas d'effet majeur.

"Bon, j'abandonne." La chinoise se baissa et commença à ramasser. Elle se demanda quand est-ce qu'elle arriverait à réaliser tous ses sorts parfaitement...

Verity hésita une seconde devant tant de générosité, avant de finir par se raisonner. Non, ce n'était pas son genre de profiter de ce que lui offraient les autres comme ça, même lorsque c'était fait avec bonne foi. Elle eut un petit rire devant les essais infructueux de sa camarade pour récupérer ses cartes, avant que celle-ci ne se retrouve accroupie au sol. Elle n'aurait certainement pas fait mieux elle-même, et c'était d'ailleurs en partie la cause de son rire : il y avait de nombreuses occasions où elle s'était retrouvée elle aussi à agiter sa baguette, sans succès. Elle se pencha donc également et commença à ramasser, avant de rendre les quelques exemplaires à sa propriétaire.

"C'est gentil, mais ce serait pas très juste, ne serait-ce que pour ceux qui sont tout seuls à collectionner. Quand j'en aurais en double, je te les échangerai, si tu veux."

Elle jeta un dernier regard désolé à ce butin dont elle aurait pu profiter si elle ne s'était pas souvenue que l'honneur de sa maison exigeait qu'elle s'en abstienne. Bon, elle n'allait pas non plus passer la nuit là-dessus. Tiens, en parlant de nuit, le soleil commençait à prendre des teintes orangées, à travers les ouvertures de la volière, qui laissaient passer les oiseaux porteurs de courrier.

"Alors, tu disais que ça te faisait bizarre ?", demanda-t-elle en se retournant. "Moi, j'ai cru qu'ils voulaient me mettre dans un truc pour les fous et qu'ils déguisaient ça comme ça... Juste parce que je parle pas beaucoup aux gens que je connais pas..."

Elle n'ajouta pas que, jusqu'à son entrée en école primaire, elle devenait en fait purement et simplement muette dès qu'une personne étrangère à sa famille proche lui adressait la parole, et qu'on avait longtemps cru qu'elle était un peu autiste, à cause de ça, si ce n'était la vivacité dont elle faisait preuve lorsqu'elle se retrouvait à la maison, loin des visages inconnus et hostiles. Mais enfin, depuis le temps, elle s'était bien améliorée, tout de même.

"En plus, ma famille était tellement enthousiaste... Ma soeur est jalouse, aussi, mais, je sais pas... Il arrive qu'il se passe des trucs bizarres autour d'elle aussi, alors, sait-on jamais... C'est pareil pour toi, je suppose ?", demanda-t-elle après avoir encore une fois cherché à alimenter un peu plus la conversation. Il fallait avouer que ça avait quelque chose d'une torture. Il faudrait que quelque chose d'un peu excitant arrive, si elle voulait que cet entretien ne reste pas un souvenir d'ennui pour la pauvre Elizabeth, qui ne devait avoir qu'une envie : sortir d'ici...

[ouhla, c'est nul... bon, j'améliorerai le niveau au prochain post...]

La jeune afro riait de voir la chinoise tenter désespérément à ramasser ses cartes sans s'accroupir. Elle devait avouer qu'elle était un peu vexée mais il fallait se dire qu'on ne pouvait réussir tous les sorts essayés dès la première fois. Ses joues prirent une teinte légèrement rosée avant de se ressaisir tandis que Miss Tarleton se baissait pour aider son amie à récupérer les cartes tombées à terre. Elle restait à terre, un peu à l'écart des hiboux, au cas où l'un d'eux aurait une envie pressante...

"Je te laisse celles que tu n'as pas si tu veux bien" dit la bleu et bronze pleine de générosité. Les cartes ne lui servaient pas et Verity était sympathique. Elle refusait sans aucun doute parce qu'elles n'appartenaient pas à la même maison. Donner quelques cartes de chocogrenouille n'était pas "pactiser avec l'ennemi". En particulier l'alliance Poufsouffle-Serdaigle, vu que les deux fondatrices de l'école étaient meilleures amies. Ce n'était pas aussi électrique que la relation qui reliait Gryffondor à Serpentard...

"Toi dans un asile ?! Tu pensais avoir l'air si dérangée que ça ? Je n'étais pas hyper sociable non plus mais bon, pas de quoi aller dans un truc pour les fous" fit-elle d'une voix qui devenait presque stridente tellement elle semblait indignée. Elle-même était un peu taciturne et les propos que tenait Verity pour elle étaient pris par Elise quasiment comme une insulte personnelle...

Elle regarda dehors, voyant que le crépuscule qui arrivait à grand pas et sentant la fatigue dans ses jambes, puis se dit qu'elle n'allait pas tarder à rentrer dans sa maison au risque de ne plus avoir assez de force pour le faire. Mais d'un côté, elle trouvait la conversation agréable quoique simple et peu fournie, raison pour laquelle elle était encore ici. Néanmoins, elle ne put ignorer le fait que ses yeux lui piquaient et qu'elle les frottait depuis quelques minutes à espaces de plus en plus rapprochés.

"Je suis fille unique, les trucs bizarres, ça se passe autour de moi." A cet instant, elle ne put réprimer un bâillement et dut s'avouer vaincue, la fatigue était bel et bien là...
"Désolée, je dois y aller. Il faut que je fasse mes devoirs en plus"

Elisabeth se releva, toute engourdie, espérant que la petite black appréciait autant Lilly qu'elle-même l'appréciait...

[HJ : Ne t'inquiète pas . D'ailleurs, petite faute, c'est pas "hôtiste" mais "autiste" :) ]