Ah les catacombes! Lieu de découvertes, de pertes, de haine et d'amour pour certain. Les catacombes étaient comme les veines de l'université. Ne seulement elles couvraient la grande majorité de la surface sous-terrain de l'établissement, mais tous les potins les plus croustillants y naissaient. On y trouvait des ossements, on y perdait nos bijoux, on s'y rencontrait pour régler le compte de quelqu'un ou encore pour déclarer notre amour à une demoiselle dans l'un de nos cours. Peut-être était-ce sentiment étrange qui y régnait qui attiraient les gens vers cet endroit et qui les repoussait à la fois. Parfois on s'y sentait bien, parfois mal, parfois simplement confus. Solitude angoissante et rassurante.

Errant nonchalamment au rez-de-chaussée de l'université, Emmanuel semblait, bien malgré lui, rechercher quelque chose. Ses yeux furetaient curieusement les murs, les embouchures, même le plafond. Comme s'il venait d'arriver à l'UMA. Même si ce n'était pas le cas, le jeune homme aimait garder regard d'enfant sur les choses de son entourage, le plus souvent tout à fait spontanément. Il était convaincu que c'est ainsi que l'on continuait de découvrir des choses même quand l'âge ou l'habitude pourrait nous faire penser le contraire. Sa philosophie en faisait quelqu'un de curieux, avide de connaissances et de nouvelles choses et passionné par les matières qui l'intéressaient.

Son regard d'émeraude croisa brièvement les portes menant aux catacombes avant de s'y arrêter plus sérieusement. Le jeune homme ne s'y était jamais aventuré auparavant et de voir les portes si attirantes ne pouvaient que le mener à quelque chose de passionnant trancha sa décision. Il y allait, sans se poser de questions. Le jeune homme marcha vers les portes et les ouvrit doucement, tentant d'alerter le moins de gens possible. Il ne voulait pas attirer de l'attention superflues à cette aventure.

Les narines du Gallois se virent très surprises de l'étrange odeur qui régnait. Pas désagréable, seulement particulière. Ça sentait le vieux, en fait. Les vieux livres, les vieux meubles, la vieille poussière... Il s'avança dans les ténèbres quand il entendit de faibles pas au loin. Curieux, l'étudiant enlaça le bois de sa baguette du bout des doigts et la porta devant lui.

« Lumos », murmura-t-il

Le visage d'un homme dans la trentaine se dessina devant lui. Il lui sourit simplement avant de le reconnaître. C'était le nouvel enseignant d'histoire de la magie, cours qui lui était également imposé. Mais il ne s'en faisait pas. Le Gallois adorait l'histoire puis son nouvel enseignant, au premier regard, ne lui semblait pas mauvais du tout.

« Monsieur Scott...? C'est bien cela? », demanda-t-il en s'approchant de lui, tendant sa main pour lui serrer la sienne.

« Emmanuel Perks, Filière académique, première année. Enchanté! », dit-il d'un ton clair et enjoué.

Peut-être était-ce à cause de l'heure tardive ou à cause de sa tendance à être tête en l'air, mais le jeune homme ne sembla pas du tout remarquer qu'il envahissait l'intimité de l'enseignant qui, visiblement, avait envie d'être seul à chercher ces artéfacts dont on entendait souvent parler dans les corridors. Car les rumeurs d'un trésor caché dans les confins des catacombes résonnaient toujours contre les murs de l'université malgré les années et les décennies qui passaient. On eut même dire qu'il était accompagné de cadavres de toutes sortes... En fait, Emmanuel n'était pas du genre à roder dans les catacombes pour un trésor, mais de ce plonger dans tout ce mythe le faisait bien sourire.

« Vous faites quoi dans les catacombes à cette heure-ci? Un étudiant de l'UMA est supposé avoir de l'étude et des travaux par-dessus la tête ou draguer les jeunes dames. Il n'est pas supposé se promener seul dans un endroit puant et humide. »

Le jeune étudiant s'esclaffa bruyamment lorsque l'enseignant lui mentionna les habitudes de vie des étudiants de l'université. Il était vrai que peu se promèneraient dans un endroit aussi lugubre par choix.

« Mes travaux sont tous terminés, heureusement. Et pour ce qui est de draguer les filles, eh bien, j'ai fait cela toute la journée! »

Il rit encore un brin. Non, il ne faisait plus cela depuis le retour de sa belle. Il s'en voulait déjà un peu pour ce qui se produit avec la Serpentard à la cabane hurlante durant son absence prolongée, il se contentait avec joie des yeux, des lèvres et du corps de mademoiselle Donovan.

« En fait, je suis déjà casé...Vous êtes marié, vous, monsieur? »

Non, décidément, il n'était pas timide du tout. Même trop peu. C'était le genre de choses qu'on ne pose pas à son enseignant. Il ne le réalisa qu'après. C'était toujours ainsi, il parlait trop vite. Ses parents, visiblement, ne lui avaient pas appris qu'il fallait tourner le langue sept fois dans sa bouche avant de dire un mot. Mais sa mère étant tragédienne, ce n'était certainement pas elle qui lui apprendrait l'art du calme et du silence.

« Sincèrement désolé monsieur, c'n'est pas de mes affaires, ça... », s'excusa-t-il d'un air sincèrement embarassé.