De toute évidence, les élèves avaient été rudement intéressés par le sujet. Cependant, il mesurait parfaitement que sans doute aucun d’eux n’était en mesure de comprendre l’étendue de ce dont ils avaient parlé, d’en saisir toute la subtilité, ni toute la puissance, ni même d’en voir le caractère si terrible. Lui-même ne pouvait affirmer la maîtriser, après des années passées à étudier clandestinement la magie noire, rencontrant des sorciers obscures dans des contrées lointaines, se plongeant dans des grimoires traitant de magie dont la majorité de gens ne pouvait pas même envisager l’existence, examinant dans le détail des artefacts maléfiques obtenus souvent dans des conditions plus que douteuses et étudiant des maléfices d’une telle puissance destructrice ou des enchantements brisant les lois de la nature et du raisonnable à un point tel qu’ils pouvaient enivrer l’homme le plus sage. C’était d’ailleurs là son plus grand exploit ; jamais la justice magique n’avait soupçonné ses activités illicites. Il avait pris soin de pratiquer cela à l’étranger, bien souvent, et n’avait pratiqué l’essai que de quelques maléfices en règle générale pas des plus sombres, se contentant d’étudier les autres de manière théorique. L’un de ses élèves en particulier semblait être fort intéressé par tout cela. Il convenait de le mettre en garde.

« Vous raisonnez bien, monsieur Britto. Néanmoins, un mangemort pourra toujours parer la majorité de vos sortilèges classiques par des sorts de protection. Seuls des sorciers puissants, qui inventent des sorts d’une extrême complexité et puissance, tout en restant dans une magie acceptable, peuvent s’assurer une victoire en restant dans la magie que nous qualifierons de blanche, faute d’un meilleur terme. En effet, de simples sorts de protections ne sont pas assez efficaces en ce cas et il faut rivaliser d’adresse. Cependant, croyez-moi, tout sort de magie blanche peut toujours être repoussé. Pas ceux de magie noire… Mais méfiez-vous. La magie noire est dangereuse, corrompt l’âme et, petit à petit, l’homme mal avisé ronge les liens qui le maintiennent dans l’humanité en la pratiquant régulièrement. Allez, trêve de discussions théoriques ; au travail. »

Les duels avaient alors débuté sur cette note grave. Le maître de duel avait été soufflé par les performances de ses disciples. A croire que ceux-ci n’avaient jamais mis une telle énergie dans leurs combats. Ce rappel de l’éternelle menace que représentait la magie noire et ses adeptes semblait avoir agi comme un stimulant. Déambulant à travers la classe, jetant ses remarques aux élèves, tantôt avec ironie, tantôt avec une teinte de camaraderie, d’autres fois encore avec de la provocation il attendit qu’un duel prenne fin. Son humeur ne pouvait être mieux. Pour une fois, il quittait temporairement un peu de son sérieux.

Le mot d’ordre qu’il avait donné semblait avoir donné lieu à des sortilèges plus amusant qu’autre chose. A leur niveau, évidemment, des maléfices complexes ou des métamorphoses d’objets étaient difficilement envisageables. Lorsque le jeune serpentard russe eut l’honneur d’ouvrir le bal, le professeur ne put résister à l’envie de lancer un commentaire.

« Bonne idée, Dmitriev, je rêve d'un nouveau chandail. »

Le professeur commença à envisager des modifications dans l’aménagement de sa salle de cours quand le jeune Britto pulvérisa un de ses bancs.

« Que de beaux discours, monsieur Britto, vous finirez ministre, si vous évitez de réduire en morceaux tout ce que vous apercevez. »

Et s’éloignant, il agita d’un geste négligent sa baguette, faisant se volatiliser les débris restant du banc. Il en ferait apparaître un autre plus tard, ou irait en dérober un à Flitwick pour s’amuser. Repassant devant monsieur Dmitriev et miss Velon, il ne put s’empêcher d’en rajouter une couche.

« Et la galanterie, jeune homme ? Ce n’est pas Bellatrix Lestrange, mais bien votre charmante camarade de classe. »

Il se doutait bien que les élèves allaient trouver son humour assez lourd mais il n’en n’avait pas d’autre. Après tout, ils n’avaient qu’à le supporter si cela les gênait. Rupert Turner reçut aussi sa remarque.

« La valse est préférable aux claquettes, avec une dame, mon cher »

Un premier duel étant achevé, il s’empressa vers la table, tout en parant distraitement un sort mal envoyé par il ne savait quel élève. Il semblait qu’il allait, pour une fois, devoir féliciter des gryffondors.

« Très bien, vraiment très bien. Tout d’abord, monsieur Britto, je vous félicite pour votre idée de l’explosion, même si je vais devoir trouver de solutions pour ma classe. Je vais profiter de l’été pour la remettre à neuf et modifier la zone de duel. Si tous les élèves étaient comme vous, je n’aurais plus qu’une ruine à la fin de mon cours en guise de salle de duel. Chez vous, miss Montgomery, j’apprécie votre combativité et votre présence d’esprit pour vos réactions. Monsieur Britto l’a aussi mais a une tendance manifeste à se laisser distraire par des discours. Ceci n’étant qu’un duel amical, cela n’a pas grande incidence mais perdre son attention dans un duel plus important peut se révéler fatal. »

Un instant plus tard, il mit fin à ses congratulations et se dirigea vers le deuxième groupe à avoir achevé son combat.

« Félicitations à vous aussi. Monsieur Dmitriev n’a pas trop mal aux fesses ? Miss Velon a les membres aux bonnes places et la tête fixe ? Parfait. Vous vous êtes bien débrouillés. Vous avez de bonnes aptitudes au duel. Je sens un travail qualitatif. Monsieur Dmitriev met plus de puissance dans ses sorts, ce qui les rend plus difficiles à contrer ou qui donne de bons résultats s’ils atteignent leur cible. Miss Velon mise sur son agilité. Parfois cela vaut mieux qu'un sort de protection si le maléfice est trop puissant. L’habileté avec laquelle vous avez esquivé le sortilège de votre ami était remarquable… »

Il s’apprêtait à continuer quand il s’aperçut que, non seulement la température de la pièce avait augmenté, mais qu’en plus les cris devenaient peu adaptés à ceux d’une salle de classe. Se retournant, son visage se figea de stupeur. Un de ses élèves, Rupert Turner, avait créé un mur de feu pour bloquer son adversaire, la jeune Emmett Lyri qui, alors qu’il descendait de l’estrade où il était, s’évanouit. Il traversa la pièce en deux enjambées et pointa sa baguette en direction du reste du brasier que le jeune gryffondor avait déjà diminué et le réduit à néant. Le jeune gryffondor s’apprêtait à quitter les lieux qu’il tonna : « Restez ici ! », les gardant dans la classe. Il tâta le pouls de la jeune fille et pointa sa baguette contre sa poitrine. Un éclair blanc jaillit de l’extrémité de la baguette et fusa dans le thorax de l’élève. Après l’avoir rapidement examinée, il appliqua sa baguette contre la cheville de l’élève et une lumière jaune douceâtre et chaude en sortit, enveloppant la cheville, qui revint à une taille normale. Il termina en survolant les zones brûlées avec sa baguette, marmonnant des incantations à voix basse. Laissant la jeune fille émerger, il se releva et aboya au gryffondor qui semblait bouleversé :

« Pauvre idiot ! Vous auriez dû m’appeler plutôt que de jouer au pyromane. Vous me décevez profondément. J'attendais mieux de votre part, ou peut-être n'êtes-vous pas à la hauteur de vous-même. Quant à vous, lança-t-il d’un ton féroce à miss Lyri, vous feriez bien de vivre dans le monde réel et cessez de vous laisser emporter par vos rêves sinon je vous interdis l’accès à ma classe. Demandez de l’aide si nécessaire mais je ne veux plus vous voir exprimer de pulsions meurtrières. Maintenant Turner, vous pouvez l’accompagner à l’infirmerie en donnant ce billet à madame Pomfresh qui explique ce que j’ai déjà fait. Et je ne veux plus vous voir dans ma classe sans une explication acceptable. Disparaissez ! Vous reviendrez me vois plus tard dans mon bureau pour vous expliquer. »

Le professeur Mc Carter n’avait jamais fait la démonstration d’une telle ire à ses élèves. La plupart d’entre eux le regardaient d’un air plus qu’effrayé. Soufflant comme un buffle en furie, il leva sa baguette et nettoya toutes les traces de l’affrontement qui s’était déroulé. Revenu à son bureau, il se servit un liquide ambré dans un verre dont il vida la moitié d’un coup. Il estimait avoir agi avec justesse. Une retenue n'aurait servi à rien dans cette situation-ci, ni même un retrait de points. Au contraire, il était persuadé qu'avoir fait surgir un sentiment de faute dans l'esprit du garçon et de la fille était le meilleure stratégie à adopter. Se retournant, il entreprit de congédier le plus vite possible les élèves de son cours.

« Bien. Le cours est terminé. Il n’y aura pas de devoirs pour cette fois. Votre travail était suffisamment satisfaisant. Vous pouvez sortir. Bonne journée. »

Et enfin, sans plus attendre, il s’effondra dans son fauteuil rembourré et ferma les yeux en soupirant.

Si vous le souhaitez, vous pouvez poster un message décrivant votre sortie de la classe ; il vous rapportera 3 points.

Tout arrive un jour à qui sait attendre, voilà la phrase qui aurait pu définir le déroulement du cours de ce jour-là aux yeux de Nikolaï. Non seulement il avait gagné son duel contre Akiko, mais en plus de cela McCarter était de bonne humeur, ce qui était un évènement en soi. Ses petites piques durant le Duel, amenèrent même plus d’une fois un sourire sur le visage du Serpentard. Le prof avait définitivement le même humour sarcastique que le sien, voilà pourquoi il l’appréciait contrairement à une grande partie des élèves.

Ainsi lorsqu’à la fin du cours, il lui demanda comment se portait son postérieur, un sourire ironique se peignit sur ses traits et il haussa les épaules, comme pour signifier qu’il survivrait. Après tout, lors du duel, c’était plus son orgueil qui avait souffert que son corps. Il se fit d’ailleurs la promesse muette de ne plus se laisser emporter par ce genre d’émotions enfantines lors d’un duel qu’il soit amical ou pas. Qu’il veuille gagner c’était une chose, mais que cette volonté passe au premier plan avant la sécurité de son adversaire de duel, il ne pouvait plus se le permettre, encore moins lorsque cet adversaire était une amie.

Il échangea ensuite un regard entendu avec Akiko comme pour confirmer qu’elle aussi appréciait cette inhabituelle pluie de compliments, mais ils n’eurent pas le loisir de la commenter car le duel Turner-Lyri dégénéra sérieusement et le prof s’énerva en conséquence. Au revoir sa bonne humeur passagère. La colère dont il fit preuve surprit d’ailleurs Nikolaï, il comprenait parfaitement les raisons qu’avaient le prof d’être dans une telle rage, mais il ne pouvait s’empêcher de trembler inconsciemment. Il espéra de toutes ses forces ne jamais être à la place des élèves engueulés car l'enseignant lui rappelait bien trop son père lors d’un de ses accès de rage. La seule différence étant que McCarter avait une raison valable de s’énerver et que malgré son ire bien visible, il régla la situation de façon posée. Il remonta alors une fois de plus dans l’estime du Vert-et-Argent, peu habitué à voir des adultes gérer aussi bien leur colère.

-On se voit plus tard, faut que j'aille voir ce qu'il s'est passé, Emmet et Rupert pourraient avoir besoin de moi ! Pourquoi ont-ils réagis ainsi, ce n'est pas de leur genre ! Je te tiendrais au courant, Nikolaï !

La voix d’Akiko le tira de sa rêverie et il la vit quitter la salle en quatrième vitesse. C’est vrai que Lyri venait de gueuler son nom et que Turner était son petit copain, son attitude était donc compréhensible. Enfin, ce n’était pas ses affaires, il prit donc tranquillement son sac, le mit sur son épaule et se dirigea vers la sortie, sans oublier de saluer le prof comme il se doit d’un hochement de tête respectueux.