Tour à tour, Tobias et Edward répondirent à la question de Mark, et ce dernier remarqua que le second hésitait un peu, comme s'il choisissait ses mots... Comme si dans les conditions, dans le grand monde, il préférait éviter le tutoiement, sans pour autant utiliser le vouvoiement. Le directeur ne put retenir un léger sourire. Un quatrième homme, accompagné d'un représentant félin, rejoignit le petit groupe. Le costume de vampire -probablement le Seigneur Dracula, le célèbre Comte de Transylvanie- était particulièrement réussi, peut-être que l'apparence d'origine du jeune brun conférait-elle un réalisme naturel à l'ensemble.

"Bonsoir, Sven." dit simplement le roux aux cheveux temporairement noirs, reconnaissant, après un temps, le nouvel arrivant.

En effet, l'ami des chats travaillait au Département de la Coopération Magique internationale. Il demanda ensuite en quoi ils étaient tous habillés, ce à quoi l'oubliator, puis le responsable des abus magiques répondirent, avant que Mark lui-même ne le fasse :

"Je suis moi-même le Fantôme de l'Opéra, génie de musique défiguré et vivant en secret dans un opéra..."

Selon les versions, l'opéra change... Quelques secondes plus tard, le directeur du Département de la Coopération Magique internationale sentit une désagréable sensation humide et se retourna pour voir qu'une jeune fille, certainement étudiante, était responsable de ce petit événement. Le contenu de son verre avait quitté le récipient pour atterrir directement sur la cape de Mark. Elle se répandit en excuse, son visage passant à une teinte presque écarlate, alors qu'elle réparait les dégâts occasionnés.

"Ce n'est pas grave, ça n'était pas volontaire. Mais faites attention à l'avenir, tout le monde n'est pas aussi compréhensif que moi."

Ponctuant ses paroles d'un sourire, le directeur revint dans la conversation, alors qu'Edward demandait s'ils avaient regardé à quelles tables le sort les avait placés. Tout comme Tobias, Mark n'avait pas plus que ça prêté attention au problème. Mais il avait tout de même retenu son numéro.

"Je n'ai pas regardé non plus... De toute façon, on ne sait pas qui sera avec nous, alors, attendons la surprise !"

Il porta ensuite le regard sur l'ensemble de la foule, observant les costumes, tous originaux, et portés par beaucoup de jeunes... Les étudiants ayant été invités, aucun doute qu'ils avaient sauté sur l'occasion d'en profiter.

"C'est bon signe de voir affluer autant de monde. Même si la population semble relativement jeune..." nota-t-il.

Tim eut un tic nerveux et agacé en ajustant le dernier bouton de sa chemise, qui lui serrait un peu trop la gorge à son goût. Il n'aimait pas ces costumes moldus qui n'avaient aucune utilité et ne procuraient aucun confort. Et pourtant, sur le principe il n'avait rien contre les vêtements de moldus, et on le voyait bien souvent vêtu de jeans, ce qu'il trouvait bien plus confortable que les robes de sorciers dans lesquelles on s'emmêlait facilement les pieds et avec lesquelles il était bien difficile d'avoir une quelconque activité physique. Mais il aurait encore préféré ça à ce costume de policier moldu, avec la chemise rentrée dans le pantalon et trop serrée au niveau du col. Les petites chaussures lui faisaient affreusement mal aux pieds, et le faux pistolet contenu dans un étui à sa ceinture lui donnait un air de cow-boy du dimanche qui ne lui plaisait guère. Et pourquoi on ne pouvait aller aux bals costumés déguisé en sorcière, hein ? Pourquoi fallait-il obligatoirement faire un concours de celui qui serait habillé de la manière la plus ridicule ?

Il n'avait jamais aimé se déguiser. Déjà tout petit, Halloween ne l'amusait pas, et le carnaval était un des pires jours de l'année. En partie parce qu'en ces jours de fête, sa mère s'entêtait à colorer ses cheveux en un brun neutre qu'il n'aimait pas du tout. Certes, des cheveux noirs étaient toujours plus conformes à la fête d'Halloween, mais ces cheveux à lui étaient rouge, et c'était comme ça. Il n'aimait ni qu'on lui fasse remarquer qu'il était le seul à arborer cette couleur étrange, ni qu'on lui propose d'en changer. Et cette phobie du changement d'apparence s'était étendue jusqu'à devenir une détestation cordiale de tout déguisement ou dissimulation. Et tant pis pour ceux qui, au sein de l'Ordre, trouvaient qu'il était indispensable de pouvoir cacher cette tignasse flamboyante pendant les missions.

Et puis il n'aimait pas ce bal. Il n'avait pourtant jamais rien eu fondamentalement contre la fête de fin d'année du ministère, mais ce que Scrimgeour en avait fait cette année-là lui déplaisait fortement. Qu'on maintienne la soirée et qu'on n'accorde pas cette victoire à Vous-Savez-Qui, c'était une chose, et Tim était d'accord sur ce point. Mais qu'on en fasse une grand défilé du tout Londres sorcier, une sorte de parade de gens faisant comme si de rien n'était, une autre provocation à l'égard du mage noir, c'était autre chose. C'était dans la droite lignée de la politique menée par le ministre : faire du clinquant, de la communication, faire croire que tout va bien et que le ministère est confiant. Alors que dans les faits, les aurors étaient terrorisés. Aucun d'entre eux n'avait la moindre idée de où pouvait bien se trouver Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Les évasions de mangemorts étaient massives, et en tout cas bien plus nombreuses que les arrestations. Bref, ça se passait mal. Mais ce soir, Scrimgeour avait décidé de la communauté sorcière allait devoir faire semblant. Quitte à ce que le Seigneur des Ténèbres prenne ça pour une provocation.

De son côté, Tim avait décidé de prendre la chose comme une mission supplémentaire, plus que comme une festivité et une façon d'approuver la politique ministérielle. Tant de sorciers réunis dans un même lieu, pour la plupart masqués, et pour certains avec une bonne dose de champagne dans le sang, tous les ingrédients étaient réunis pour que des incidents surviennent. C'est bien simple, s'il avait été à la place de Vous-Savez-Qui, Tim aurait sauté sur l'occasion d'infiltrer à la soirée quelques mangemorts masqués qui auraient semé la panique. Quoi de mieux en effet dans l'optique du Seigneur des Ténèbres que de mettre le bazar en présence de tout le ministère de la Magie, en plein milieu d'une cérémonie vue comme une provocation ? Tim serait donc ce soir tout autant policier que membre de l'Ordre du Phénix, beaucoup plus que simple invité venu pour s'amuser. Il avait reçu quelques consignes de sa hiérarchie en ce sens : il n'était pas de service, mais on lui recommandait d'ouvrir l'œil et de donner un coup de main si le besoin d'en faisait sentir.

Par conséquent, il avait donc sobrement fait le choix d'un costume de policier, qu'il avait trouvé dans une boutique de déguisement moldue. Il se demanda un instant pourquoi les non-sorciers ressentaient le besoin de faire porter à leurs forces de l'ordre des accoutrements aussi ridicules, alors qu'un simple badge ou une robe d'une couleur différente suffisait amplement. Son déguisement comportait plusieurs pièces, toutes plus inconfortables à ses yeux les unes que les autres. Il s'agissait d'une chemise rouge, accompagnée d'une cravate en cuir noire et d'un pantalon assorti, maintenu par une ceinture à grosse boucle argentée.

Spoiler:

A l'heure prévue, il transplana à une distance raisonnable de la salle où se passait la fête. Il ne s'agissait pas d'attirer l'attention des passants avec l'arrivée de dizaines de personnes bizarrement vêtues en plein coeur de Londres. Surtout si ces gens apparaissaient de nulle part. Vigilance constante, comme dirait l'autre. Le policier finit donc la route à pied, en profitant pour scruter les environs. Il le savait, des collègues de service avaient été postés un peu partout, à des endroits clés autour de la salle de bal. Ils étaient déguisés et plus ou moins bien planqués, et Tim reconnut Vincent, caché sous un chapeau à larges bords, adossé nonchalamment à un arbre. Il trouva étonnant que ce soit son collègue qui ait été choisi pour travailler ce soir, tandis que lui avait été envoyé festoyer. Sans doute leurs supérieurs avaient ils jugé que Tim serait plus utile là. Ou alors tout simplement, ils n'avaient pas envie de l'avoir dans les pattes toute la soirée.

Quand le policier pénétra dans le lieu de la fête, de très nombreux sorciers s'y trouvaient, tous déguisés, le plus souvent de façon très ingénieuse. La plupart avait opté pour des costumes avec masque qui les rendaient absolument impossibles à reconnaître. Tim savait que la quasi totalité de l'Ordre était présente ce soir, mais il ne prit pas la peine de les chercher sous leurs déguisements. Après tout, il n'était pas censé connaître la plupart d'entre eux, et cela aurait pu paraître suspect. Aussi se dirigea-t-il vers un serveur qui portait un grand plateau rempli de flutes de champagnes, et en saisit une au vol. Son regard balaya la pièce, à la recherche d'une compagnie, et se posa sur deux jeunes femmes qui discutaient. L'une d'entre elles était masquée ; l'autre portait une superbe robe rouge et noir. Toutes deux lui semblaient de très jolies filles : quoi de plus normal pour un jeune homme comme lui que de les accoster ? Il se dirigea vers elles d'un air décidé, un sourire aux lèvres.

« Bonsoir mesdemoiselles. Vos costumes sont ravissants. »

[Faith, Ela, c'est à vous que je parle ^^]

L'avis de l'auror sur le fait d'aller à un bal faisait écho à celui d'un autre personnage, bien connu pour sa célèbre cicatrice. Cependant, cet autre personnage était suffisamment jeune pour que ce genre d'accès amuse plus qu'il n'irrite. Lacey n'était pas de cette génération et allait sur ses trente ans, il ne pouvait donc pas se permettre de faire une scène pour éviter le gala. Il avait pensé à plein de choses, très intelligentes selon lui : se faire porter malade, retrouver une vieille tante à l'agonie, aider maman à faire du tricot, prétexter un trop plein de travail, s'enfuir, aller se bourrer la gueule avant pour ne pas être en état pour le bal, prétexter une réunion d'anciens amis et d'autres encore. Malheureusement pour lui, il avait le bonheur de posséder un frère et un meilleur ami dont la magnanimité atteignait le zéro absolu et dont l'habitude d'être obéit faisait fondre un sorbet en moins de trois secondes chrono. Bilan : il était peine perdu d'essayer d'échapper à l'enfer de Dante, il allait l'avoir, sa divine comédie.

Son orgueil en avait déjà pris un sacré coup quand les deux hommes s'étaient acharnés à démonter une à une les excuses plus ou moins bien pensées de Lacey, les remarques allant du « Depuis quand tu as des amis » pour la prétendue soirée entre amis, à « fait pas comme si tu bossais. », en passant par la pose de barreau aux fenêtres l'appartement de l'auror, dès fois que l'envie de sauter lui prendrait ou encore en lui rappellant que si Madame Galdwin était une experte en matière de crochet et connaissait tout de la maille anglaise, ce n'était absolument pas le cas du demi-irlandais. Russel s'était d'ailleurs cru bon d'ajouter un commentaire graveleux sur la dextérité de son ami, ce qui ne fit que renforcer l'effroi que ressentait l'horre... euh l'auror. L'horreur, c'était la situation. Lawrence aillant obtenu gain de cause quant à la présence 'obligatoire' de son ainé au bal, l'homme avait au moins eu la décence de se retirer à ses propres affaires, laissant Lacey broyé du noir en paix. D'aucun aurait dit que bouder était un terme plus juste mais, d'aucun se la bouclera car son avis, on n'en avait rien à foutre.

Russel n'avait pas été aussi conciliant que l'avocat et avait tenu à emmener Lacey faire les boutiques pour trouver une idée de costume et de quoi le coudre. Les deux hommes étaient ensuite partis dans une longue discussion dont la conclusion s'était soldée par un personnage de littérature irlandaise, Dorian Gray ( le personnage était anglais, l'auteur irlandais, mais cela suffisait au bonheur de Lacey. Notons que le terme bonheur prenait alors un sens tout à fait relatif. ) et la certitude qu'il fallait demander aux couturiers même des boutiques de dessiner et d'assembler les morceaux de tissus. Le sorcier s'était trouvé quelque peu dubitatif devant cette affirmation mais avait fini par suivre le mouvement -s'il ne fallait que ça pour contenter Russel, c'était un moindre mal-. Lacey n'avait par contre pas eu la présence d'esprit de demander en quoi l'autre garçon comptait venir. Il faisait... confiance -le mot était dit- à l'autre homme.

Il n'aurait peut être pas du. Parce qu'en soi, se pointer à un bal avec le Prince Charmant n'était pas une mauvaise idée, surtout qu'il était tout à fait à son avantage dans son costume... mais quand le dit Prince s'était décidé à adopter le comportement du Prince Charmant de Shrek -à peu de chose près-, l'idée devenait soudainement beaucoup moins 'charmante'. Son masque de velours et de dentelles verts en main, ses cheveux coiffés d'une façon parfaitement incohérente et désordonnée mais le tout avec élégance et des heures devant le miroir pour leur donner le bon pli -Non ! Il ne serait jamais allé chez le coiffeur pour se voir ressortir avec une tête de minet, il laissait ça à Vawdrey qui, par ailleurs, s'en sortait toujours extraordinairement bien pour ne pas avoir l'air ridicule dans son rôle de dragueur invétéré-, l'auror se regardait dans l'immense miroir qui recouvrait son armoire de chène. Il ferma un instant les yeux pour s'évertuer à ne pas entendre la voix « d'Emmerdeur Premier » -surnom attitré de Russel pour la soirée- qui lui demandait de se dépécher un tantinet, s'ils ne voulaient pas arriver pour le café de fin de repas ! Lacey lança un regard torve à la porte et se fit violence pour ne pas répondre qu'il était dix-neuf heure et qu'en bons sorciers, ils seraient difficilement en retard. De plus, l'individu qui patientait dans le salon, les fesses posées sur le rebords du canapé, avait tenu à aller en repérage le jour précédents pour trouver la salle dans Londres. Le Hawkesworth sourit à ce souvenir, puisque malgré le fait que cela soit l'idée de son compagnon, l'homme avait rechigné à devoir s'habiller en moldu pour ne pas se faire repérer dans la ville et avait fini par presser la recherche pour ne pas avoir à rester trop longtemps au milieu des sans-magies. L'homme ne s'était pas expliqué comme 'anti-moldu' devant le regard sceptique -un brin froid- de Lacey mais avait simplement fait valoir que né d'une famille de sorciers, il avait passé toute sa vie au milieu de la magie et se sentait en position de faiblesse à savoir qu'il ne devait pas en faire usage devant des tiers.

Un énième commentaire sur la mauvaise décoration de l'appartement arracha Lacey à la contemplation de l'étranger en face de lui : un bel homme habillé de gris, de brun et de vert sombres et dont la qualité des vêtements -et l'époque d'où la tenue provenait- jurait tout à fait avec ce que l'auror avait l'habitude lui-même de porter. Dans le miroir, le regard malachite, souligné de khôl lui renvoya un air circonspect. Il lui faudrait encore quelques temps avant d'accepter que cet inconnu n'était autre que sa digne personne et partit sauver son appartement de la tentative de rénovation d'un certain policier qui s'ennuyait ferme. Le point positif est que Russel n'eut aucun mal à faire sortir l'auror de chez lui, bien qu'il fut déçu de ne pouvoir utiliser la corde qu'il avait emmené 'au cas où'.

C'était donc à vingt heure tapante qu'ils étaient entré dans la salle. Une minute après, l'auror était parvenu à se débarrasser de l'autre homme en prétextant aller trouver sa table -numéro 55- et avait laissé Russel aller retrouver des amis de la police magique qu'il avait reconnu malgré leurs déguisements. Une autre minute après, Lacey aillant à peine tapé son carton d'invitation sur la table et sans prêter grande attention avec qui il était attablé. Il lui fallait quelque chose de précis : une tête connue ! Et a priori, agréable, cela arrangerait grandement ses affaires. Cela réduisait la chose à la simple population féminine puisqu'il fallait d'abord qu'il se rassure sur son 'apparence physique actuelle'. Un noeud dans l'estomac, il fit rapidement le panorama de la salle priant pour ne pas tomber sur son frère -il n'avait pas encore suffisamment d'assurance et accepterait mal de faire honte à son cadet- et pour trouver une jolie demoiselle connue. Il rebaissa cependant vite le visage, contrarié, bien que le masque vert cachait ce détail. Fixant son carton d'invitation comme s'il essayait de le faire bruler par la pensée, il eut un petit débat intérieur pour se dire que non, il ne partait pas à la chasse à la gazelle, que oui, il était agréable d'avoir la compagnie de jeunes femmes juste pour le plaisir de la conversation et qu'enfin, il n'avait aucune mauvaise intension vis-à-vis de la demoiselle qu'il 'trouverait'. Cette clôture réduit encore considérablement le nombre de 'têtes' tandis qu'il avisait une demoiselle fortement découverte dont la tenue hispanique lui fit se demander combien d'abeilles allaient venir... Non, il ne finirait pas sa pensée. Si la jeune femme n'était pas le moins du monde vulgaire, elle était provocante, qu'elle s'en rende compte ou pas. Les filles avaient tendance à oublier que les hommes n'avaient pas du tout la même notions qu'elles de ce qui était du domaine du sensuel ou de l'invitation érotique. Un bout de peau suffisait à en rendre certains fous. Il détacha son regard de la jeune femme et continua à regarder la salle pour finalement fixer ses yeux verts sur une vision qui, pour la première fois de la soirée, fit s'épanouir un sourire sur les lèvres de la moitié d'irlandais. Lacey rangea prestement son carton dans la poche de son veston et partit rejoindre la personne qui avait attiré son attention :

« L'idée d'une geisha européenne et rousse est toute à fait plaisante. » Il hésita un instant à ajouter qu'elle était ravissante, de peur de faire déplacé -surtout pour un homme qui avait environ dix ans de plus- et opta pour un plus simple : «Plaisant, réussi, joli et bien pensé, si le commentaire m'est permis.»

La tenue de la jeune femme était d'un rouge vif et la matière dans lequel le costume avait été fait -de la soie, sans doute- faisait ressortir encore plus le costume, et ce avec l'aide enthousiaste des lumières de la salle qui venaient se refléter dessus. La taille et la silhouette étaient assez fine pour le kimono ne laisse pas une idée de ridicule. Non, la tenue lui allait bien. Les flammes rousses avaient été dompté et tenait dans une coiffure raffinée et trop compliquée pour que Lacey comprenne son élaboration. Qu'importe, sa jolie collègue de l'Ordre était tout à son avantage dans son costume. Il arrêta aussi son regard sur l'homme au bras de Deryn. Quoiqu'il aurait été plus juste de dire, l'homme dont Deryn avait décidé de broyer l'avant bras à force d'être crispée dessus. Le sorcier s'aperçut qu'il ne connaissait pas le dit-compagnon, ce qui était on ne peut plus logique de par le simple fait qu'il s'agissait probablement de l'un de ses amis de l'UMA. Lacey s'inclina très légèrement devant le duo devant lui et se présenta, espérant que sa voix permettrait à l'étudiante de le reconnaître -si ce n'était déjà fait- :

« Bonsoir. Dorian Gray» se présenta-t-il.« c'est un réel plaisir que de vous compter parmi les invités de ce soir. »

*Réel à un point que l'on n'imagine pas, à moins d'être legilimens...*

Il espérait tout à fait que la demoiselle parviendrait à se détendre, ce qui commencerait par lâcher le pauvre garçon avant que son bras soit vidé de son sang et par sortir ce délicat visage gallois de derrière l'éventail où il se trouvait. Lacey exagérait à peine quant à sa façon de concevoir l'état de stress de la rousse courtisane et songeait que si elle ne parvenait pas à se détendre, il pourrait probablement tenté de contaminer les autres avec leur anxiété commune et ainsi de gâcher la fête à l'abruti qui avait eu l'idée de l'organiser. Mais zen, restons asiatique, ouvrons nos chakras et soyons comme le rocher éternel posé au milieu de la calme rivière... Ou l'inverse, un truc du style en tout cas. Aoum, Lacey était maître de la situation.

Livious connaissait Deryn par cœur. Cela en devenait un peu lassant parfois, surtout lorsque mademoiselle faisait ses crises de "JE VEUX PAS Y ALLER !" chroniques alors qu'elle mourait d'envie de vouloir venir mais de l'autre était absolument morte de trouille. Il transplana dans son appartement dont il connaissait les moindres recoins après tout. Pour la première fois, il ne se pris même pas le coin du lit dans le genou.

« Je vérifie juste que tu te débine pas.
- Je n’y vais pas. »

Prévisible. Livious se mit à fouiller dans le frigo sans faire attention aux propos désordonnés de son ami plus de quelques instants. Elle avait du lait de soja dans son frigo ? L'hérétique. Rien de plus dégoutant que le lait de Soja ! Quoique, j'vous avouerais, la dernière fois que Livious a gouté de cette boisson, il devait avoir cinq ans et demi mais cela avait vraiment un gout de produit vaisselle, sans les bulles. Ce qui perdait presque tout son intérêt. Comment pouvait-on boire une telle chose ? Il reposa la bouteille sur la grille dans le frigidaire et déduisit tout haut que ce liquide la rendait lâche. Elle démentit il choppa finalement la bouteille et referma le frigo. Un idée fugitive d'installer des bestioles dans cet espace libre lui traversa l'esprit puis il se tourna vers elle le sujet n'était pas là non. Mais quelques poulpes fluorescents là dedans serait du meilleur effet. Après une petite dispute sans rien d'intéressant à signaler, Deryn s'isola pour finir ces préparatifs.
Livious finit de mettre au point son déguisement à son tour en se fixant dans un miroir ovale accroché au mur. A coup de baguette magique il se perça provisoirement la lèvre. Il ébouriffa ses cheveux métamorphosa son chapeau dans lequel devait passer la magie comme un court d'eau vu tout les sorts qu'il se prenait sur la trogne et s'habilla. Il posa sa baguette à ses poignets où filèrent quelques tatouages en forme de flèches. Bad Boy. Ce cher Livious de toujours en quelque sorte.

Spoiler:

Il se fixa un instant contre le miroir et posa ses doigts fins contre son étoile. Tatouage de malheur fait trop tôt pour maitriser ce sort au demeurant simple mais aux effets désastreux si mal appliqué. Evidement en quatrième année c'est la misère d'essayer ce genre de truc. Et il l'avait raté en beauté. Les brûlures lancinantes qu'il ressentait parfois lui rappelait qu'il fallait user de sa magie de façon intelligente. Mais depuis quelques jours, la douleur se faisaient omniprésente. Saleté. Il faudrait qu'il pense à s'enlever ce tatouage quelques semaines pour en refaire un correct. Mais d'un coté, c'était le symbole des Sullivan à présent. Il verrait bien si cela continuerais. Livious engloutit le peu de lait de soja ce qui restait et tira la langue. Mon Dieu mais ce breuvage est vraiment immonde ! Merlin sait de quel péril l'ancien gryffondor avait sauvé la Galloise en le buvant. Il jeta la bouteille vide.
Deryn sortait de la salle de bain, le jeune auror en eu le souffle coupé et ne pu que siffler un Magnifique avec une révérence. Comme il est coutume de dire lorsque l'on le pense.

« J'ai pas trop l'air d'une pute ? »

Livious partit dans un grand rire franc et il la regarda avec les yeux pétillant de malice :

"C'est moi la pute."

Il discuta encore un brin avec elle qui lui reservit un coup de découragement, il en profita pour inventer un nouveau mot et lui tendre ses bras où elle s'accrocha malgré tout. On ne résiste pas à un Sullivan têtu comme Livious. Elle se mit d'ailleurs en tête de lui détruire le bras avec ses ongles et sa poigne de Galloise dès qu'ils furent parmi les invités. Cela ne le dérangeait pas vraiment, elle finirait par se détendre. Il ne cherchait pas à trouver des personnes connus dans les alentours et avait le regard un peu dans le vide. Inconsciemment, c'était surement pour ne pas trahir de douleur sur son visage serein. Il lança simplement un sourire encourageant à Deryn lorsqu'un homme qu'il ne connaissait pas vint la complimenter. Un "tu vois ?" chuchoté puis il hocha la tête devant l'homme dont la silhouette lui disait très vaguement un truc, peut être croisé dans...Oui, non. Il était déguisé, son jugement en était donc totalement faussé. Dorian Grey était une idée très classe. Il laissa son regard étoilé trainer dans l'assistance. Son étoile brûlait un peu encore, il ne savait qui il irait aborder si Deryn lâchait son bras. Au profit de l'intuable devant eux.

Le jeune garçon semblait assez mal à l’aise au milieu de cette foule qui grandissait à fur et à mesure que les minutes passaient. C’est vrai qu’il n’était pas vraiment à sa place ici. Il n’y avait pas un seul adolescent de son âge et même les quelques années ajoutées par Fol Œil ne lui permettrait pas forcément de participer à la soirée comme tout le monde. Arsène n’avait pas vraiment comprit cette utilité de le faire venir et trouvait même ça carrément stupide et dangereux. Qui savait qui se cachait derrière tous ces masques. Il espérait simplement qu’aucun mangemort serait assez stupide pour faire scandale là au milieu et surtout qu’Harry garde son anonymat suffisamment longtemps pour permettre à Arsène de vaquer à ses occupations.

Ne vous en faites donc pas; je laisse volontiers votre charme agir sur ces dames ... Votre costume n'est pas mal, mais je pense que Don juan vous irait bien mieux...Ou Casanova. pourquoi avoir choisit ce personnage ?

Le Don Juan en question sourit à cette boutade. Il avait beau n’avoir que 15ans, Harry semblait déjà très mature. C’était une satisfaction pour notre médicomage qui n’aimait pas les gosses et encore moins faire du babysitting. A première vue, il ressemblait à tous les mômes de son âge, mais à bien y réfléchir, il était beaucoup moins stupide et puéril. Il pourrait même être intéressant.

Tu m’en vois ravie. J’aime bien cacher mon jeu vois-tu. Me dévoiler trop abruptement n’est pas mon style, c’est peut-être bien pour cela que j’ai choisi Batman qui ne montre pas réellement son vrai visage à la face du monde.

Un sourire flottait sur ses lèvres alors que celle-ci se plongèrent dans le verre de champagne qui bullait. Batman était son héro préféré et il n’aurait changé son costume pour rien au monde, même pas pour incarner Casanova. Un petit murmure lui parvint jusqu’à l’oreille, murmure qui l’interpella. Décidément, ce garçon était très étonnant. Arsène lui envoya un regard éloquent et se félicita de savoir qu’on pouvait trouver de jeunes personnes avec des idées nouvelles et à l’encontre du ministère. La conversation aurait pu s’avérer très intéressante dans un autre cadre, mais le gala n’était pas un lieu où on pouvait débattre de ce genre de sujet.

- Bonsoir Albus, je vous ai tout de suite reconnu, comment allez-vous ?

Arsène faillit s’étouffer dans son verre en entendant Flitwick débarquer et apostropher Harry. Bruyamment, il toussa quelques fois puis se reprit. Il s’excusa en prétendant avoir avalé de travers sa gorgée de champagne qui lui avait permit de retenir un fou rire assuré. Zorro lui lança un regard affolé et Arsène haussa les épaules. La situation était cocasse et il serait effectivement dommage de gâcher cette joie qui se lisait dans les yeux du petit professeur qui se tenait devant eux. Dans un murmure il lui glissa.

On dirait que la potion a fait son effet. Profites-en...

Il lui envoya un clin d’œil puis reporta son attention sur la porte d’entrée qui venait de laisser entrer de jolies créatures. Il pensa avoir reconnu certaines de ses étudiantes par leur simple démarche qu’il prenait grand plaisir à observer lorsque ces demoiselles sortaient de son cours. Il pu même affirmer avec certitude qu’Elanor venait d’arriver, mais c’était sans compter que celle-ci lui avait dévoilé son déguisement à la condition qu’il lui dise le sien. Il n’avait pas trop compris pourquoi mais se demandait si ce n’était pas pour épater ses amies. Nan, ce n’était pas le style de la jeune slave, peut-être simplement pour être rassuré de la présence d’un des membres de l’ordre ? Probablement, cela ressemblait plus à la jeune fille. Les yeux rivés sur la camarade d’Elanor, il fut pourtant sortie de son observation de rapace par Harry.

-Dites-moi...Dans "Batman", y a-t-il un personnage vêtu de Rouge, de jaune et de vert avec une cape? C'est à dire que mon cousin aimait beaucoup ce film mais que je ne l'ai jamais regardé en entier...Seulement quelques images...

Interloqué par la question, le professeur se retourna vers lui, fronçant légèrement les sourcils d’étonnement.

Heu oui pourquoi ?...Ne me dis pas que…

D’un geste vif, il se retourna pour scruter l’entrée et découvrir avec effarement qu’un abrutit avait réussi à se déguiser en Robin. Mais c’est pas vrai ! Quelle idée franchement ! Personne n’aurait l’idée de se déguiser en Robin, quel intérêt ?

Raaa la la…

Arsène secoua la tête et sourit à Harry comme pour lui confirmer qu’effectivement, il y avait bien ce fameux personnage dans Batman. Il ne répondit toutefois pas à la question du garçon et ne souleva pas sa bourde. Il espérait que son regard était suffisamment clair pour l’adolescent et qu’il lui faudrait éviter de trop se dévoiler ce soir. Tout en sirotant sa coupe, il se retourna vers la porte d’entrée, cherchant du regard ses étudiantes qui avaient été rejointes par d’autres. La soirée s’annonçait vraiment bien et Arsène ne résista pas à la tentation de laisser ses yeux se balader sur les magnifiques créatures avant de se poser Sigmund Bachelard, reconnaissable entre mille et surtout sur la personne qui l’accompagnait et qui ne pouvait qu’être Mizore. Que faire ? L’aborder maintenant ? Attendre le repas ? La dernière solution semblait être la plus appropriée mais la tentation était vraiment grande. Alors que Sibylle les rejoignait et qu’Arsène lui faisait un baisemain, il traversa la foule pour aller rejoindre la demoiselle. Alors qu’il arrivait à sa hauteur, il finit son verre d’une traite, le posa sur le plateau d’un des serveurs et récupéra deux nouvelles coupes. Il s’avança alors gentiment pour faire face à la belle Mizore un sourire scotché sur ses lèvres. Il lui tendit le verre et lui murmura.

Vous êtes ravissante... Mademoiselle…

Il appuya le ton sur le dernier mot qu'elle seule pouvait comprendre.

Bizarrement, à l’instant précis où elle l’avait vu franchir la porte en courant, remontant son jean délavé d’une main et remettant son veston clouté de l’autre, Mercedes avait su qu’elle ne regretterait pas The Tiger.

D’abord, un homme qui s’enfuit en criant au loup quand il apprend que sa petite amie attitrée est enceinte n’est pas vraiment le genre d’ex sur qui on verse de chaudes larmes dès que la moindre chanson d’amour retentit à la radio.
Même si la jeune fille n’avait jamais eu pour intention, en lui apprenant l’horrible nouvelle, de le forcer à l’épouser pour qu’ils forment une belle famille heureuse et aillent vivre dans une petite maison dans une prairie jusqu’à la fin des temps, elle n’avait que moyennement apprécié son départ précipité.
De toute évidence il ne voulait pas de ce bébé, mais devinez quoi ? Elle non plus !! La moindre des courtoisies aurait été de rester auprès d’elle pour qu’ils n’en veuillent pas ensemble.

Mais même en mettant de côté sa honteuse lâcheté, il y avait plein de choses dont la Mercedes de dix-neuf ans savait qu’elles ne lui manqueraient pas.
Des riens du tout, de tout petits détails auxquels on ne fait même pas attention quand on commence ses journées à seize heures avec comme petit-déjeuner du caviar arrosé de champagne et d’une précieuse petite poudre (non, ce n’est ni de la Cheminette ni du cacao), et qu’on les finit à six heures du matin évanouie dans l’immense suite d’un grand hôtel après y avoir fait un barouf pas possible avec sa bande de copains tout aussi déglingués. Des détails, insignifiants au début, mais qui, après la vingtième dispute, deviennent gros comme des maisons de géants.

Comme cette étrange obstination qu’avait The Tiger de laisser ses chaussures traîner n’importe où dans la grande maison (normalement Mercedes s’en foutait, ce n’était pas à elle de nettoyer, mais Conchita avait fini par lui taper sur les nerfs à force de se plaindre), ou de manger comme quatre au déjeuner (Mercedes, qui avait toujours pris l'alimentation très au sérieux, avait demandé à Conchita de lui rôtir un bœuf entier pour lui mettre la honte), ou de répéter dans la cave avec son groupe (plusieurs souris s’étaient pendues avec leur propre queue).

Mais l’une des choses auxquelles Mercedes avait dit adieu avec le plus grand plaisir, c’était l’obsession du Tiger pour les dessins animés moldus de justiciers. Il en était fou. Il collectionnait bd, posters, magazines,...(bien sûr il les cachait au reste de sa bande, mais elle, qui savait pratiquement tout de lui, n’avait pas eu la chance de se voir épargnée de ce détail).
Mercedes, elle, les trouvait complètement idiots. Comme celui qui n’avait rien trouvé de mieux que de se déguiser en araignée pour sauver les gens et aller taper sur les bandits. Non mais franchement. Personne ne l’avait mis au courant que la peur des araignées était sans doute la phobie la plus répandue dans le monde ? Il n’avait rien trouvé de plus effrayant ?
Ou cet autre abruti qui n’oubliait jamais de se faire un brushing impeccable avant de partir à la chasse aux méchants mais qui n’avait jamais pensé à porter son slip AVANT ses collants.
Et leur entourage n’était jamais très malin non plus. Il suffisait qu’ils portent une combinaison moulante et une cape pour devenir méconnaissables, même pour leur petite amie.
Si Mercedes avait vu The Tiger saucissonné dans un tutu en train de gambader de toit d’immeuble en toit d’immeuble, elle l’aurait tout de suite reconnu. Surtout parce qu’il se serait lamentablement écrabouillé dans la rue au premier bond.

Pour toutes ces raisons, et tellement d’autres encore, elle n’avait pas pleuré quand il était parti, se contentant de courir à la fenêtre de sa chambre pour lui balancer à la tête l’énorme santiag qu’il venait d’oublier dans sa précipitation. Le prince aurait certainement fait pareil avec Cendrillon s’ils s’étaient disputés avant qu’elle ne s’enfuie.

Pourtant, ce soir, après toutes ces années, il fallait bien qu’elle dise merci à cet affreux jojo. Parce que sans lui, et sans son étrange obsession pour les comics américains, elle n’aurait pas su dire qui étaient le grand homme en noir avec un masque aux oreilles pointues, ni l’autre au costume bariolé de vert et de rouge.

Elle s’en souvenait bien, d’eux aussi. L’homme chauve-souris et son acolyte, Robert ou quelque chose comme ça.
La chauve-souris, encore une adorable bébête que la plupart des gens prennent volontiers comme animal de compagnie, surtout pour leurs enfants en bas âge. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle aussi vampire, quoi de plus joyeux ?
Si leur souvenir restait plus vivace dans sa mémoire, c’était surtout à cause d’une nuit mémorable où, débordant d’imagination et de fièvre, The Tiger avait convaincu Mercedes de se déguiser en femme-chat (c’est déjà mieux), apparemment l’une des ennemis de l’homme-chauve-souris, pour une série d’activités qui n’avaient rien de très héroïque.

- Vous ne dites plus rien, belle déesse, mes bavardages ne vous ennuient pas, au moins ?

Mercedes tressauta légèrement et tourna sa belle tête ondulée vers le mousquetaire qui l’observait avec un grand sourire colgate.
Depuis près de dix minutes qu’Archibald était parti saluer une connaissance, il essayait désespérément de deviner qui se cachait sous le masque de soie blanche d’Aphrodite. La jeune femme était vite entrée dans le jeu, s’amusant de ses tentatives ratées, l’entraînant sur de fausses pistes, l’encourageant d’un sourire énigmatique quand il proposait des noms de femmes qu’elle ne connaissait même pas elle-même.

Mais si elle s’était soudain tue, un instant distraite de leurs petits jeux, c’est que son beau regard vert s’était à nouveau posé sur Robert ou quelque chose comme ça.

Si les soirées masquées peuvent conserver leur caractère mystérieux pendant très longtemps pour des inconnus, il n’en va pas de même entre ceux qui se connaissent déjà. Surtout quand ils se fréquentent depuis l’enfance : certains détails trahissent toujours.
Comme cette façon de toussoter en buvant de l’alcool. Ou ces mimiques. Ou, pour faire plus simple, ces lunettes.

- Je ne serai pas longue, s’excusa Mercedes en pressant légèrement la main du mousquetaire, avant de se retourner.

Se faufilant gracieusement entre des reines d’Egypte couvertes d’or, des chevaliers aux armures étincelantes et des paysans aux sabots écornés, elle ne tarda pas à rejoindre son ami qui tendait la main pour gratter la tête d’un chat.

Ses longs doigts, aussi fins et soyeux que le tissu blanc qui la drapait voluptueusement, agrippèrent alors légèrement le coude d’Edward, tandis qu’elle lui murmurait à l’oreille.

- Alors, on ne sait plus dire bonsoir ? Quitte à être l’assistant de quelqu’un, tu aurais pu être le mien, tu aurais eu un beau carquois rose et de jolies flèches en forme de cœur...en plus tu serais craquant en couche...

Puis, tournant les yeux vers les trois hommes qui l’accompagnaient, elle leva sa coupe presque vide avec un sourire.

- Messieurs...

Sa réponse parut surprendre sa camarade, qui ne connaissait apparemment pas Blanche-Neige et ses sept nains. Ceci n'étonna pas Faith, qui avait l'habitude de de ce genre de réaction de la part des sorciers qui ne s'y connaissaient pas en moldus. Pour elle, qui avait été bercée par Blanche-Neige et autres dessins animés en étant plus petite, la plupart des déguisements de la soirée étaient reconnaissables, mais elle concevait qu'il ne devait pas être évident pour une sorcière comme Elanor de s'y retrouver.

-Faith regarde, c’est le professeur Vawdrey là bas avec ton fameux nain et la neige blanche.

La jeune femme reposa son regard sur le Batman de la soirée. Oh ! Le super héros chauve-souris dissimulait donc leur professeur de Soins Magiques ? Elle n'aurait pas deviné, sous ce masque... Mais maintenant qu'elle le savait, il lui paraissait évident que le médicomage se cachait sous ce déguisement. Tant d'assurance... Le costume, loin d'être ridicule, le mettait tout à fait en valeur, et Faith lassa son regard un instant posé sur lui, jusqu'à ce que Rose arrive telle un ouragan. Au commentaire d'Elanor qui avait l'air d'hésiter quant à sa réaction, l'Anglaise répondit simplement, avec un sourire en coin :

-Elle est... extravertie.

Ce mot convenait très bien à l'ange de la soirée, selon Faith du moins. Pas trop péjoratif, mais résumant bien l'exubérance de la jeune femme. Elle avait eut une première impression plutôt médiocre lors du cours de Soins Magiques, lorsque Rose s'était réveillée bruyamment au milieu du cours pour faire une intervention plutôt catégorique à l'égard des moldus ; mais l'Anglaise n'était pas du genre à juger sur une première impression, et elle était contente de voir que sa camarade était une personne si enjouée. Peut-être un peu trop, mais il valait mieux cela que le contraire, n'est-ce pas ? D'ailleurs, le regard de Faith s'était, entre temps, posé sur deux nouveaux arrivants : Sullivan, reconnaissable grâce à son tatouage étrange sur l'œil, et... Deryn ! Faith observa l'autre ancienne Serdaigle avec attention. Le déguisement était magnifique, et Deryn l'était aussi, incontestablement. Comme la rousse devait se sentir gênée, elle qui était d'habitude si réservée ! La jeune femme se rendait compte de l'effort qu'avait du déployer sa camarade pour venir vêtue ainsi, et elle se promit d'aller lui glisser deux mots. Ce costume de geisha était vraiment très beau.

Elle n'eut toutefois pas le temps d'aller féliciter Deryn immédiatement, car le « flic » les avait abordées. Elanor réagit une fois de plus de façon très surprise à la remarque de Faith ; celle-ci se sentit sourire de manière plus prononcée. Si la jeune slave ne savait pas en quoi était déguisé Tim, ses paroles devaient paraître très ambiguës. Elle jeta un regard au policier, lui laissant le soin d'expliquer le malentendu à sa camarade. A ce moment, un autre jeune homme aborda poliment les deux demoiselles : Andrzej, leur compagnon de classe, qui était déguisé en gladiateur et auquel le déguisement d'Elanor semblait beaucoup plaire -ou bien était-ce Elanor elle-même ?

- J’ose espérer que vous me ferez l’honneur de m’accorder une danse, toutes les deux...

Faith répondit en portant sa coupe bientôt vide à ses lèvres, lançant au gladiateur un regard rieur. Bien sûr, elle n'allait pas refuser une invitation à danser ; un bal, c'était fait pour ça après tout... Elle n'osait simplement pas répondre un « oui » trop franc. Il comprendrait son regard, de toute manière... Et puis, il semblait surtout intéressé par Elanor, et l'Anglaise, qui ne savait rien de la rencontre perturbante que sa camarade avait fait avec Lacey, lui laisserait volontiers le russe. Les yeux de la jeune femme glissèrent une nouvelle fois, imperceptiblement, vers Arsène, puis se reposèrent sur le policier vêtu de rouge.

-Quel numéro avez-vous ? Demanda-t-elle.

Elle-même avait le numéro 37, et si elle avait bien regardé sur les plans de tables à l'entrée, elle se trouvait à la table une, avec les numéros 71, 89, 32 et 93.

[HJ : j’espère qu’il n’est pas trop tard pour s’incruster... dans ce cas c’est pas grave, j’enlèverai. Sinon je prends la place R3 de la table des retardataires.]



Mallory était pressée de rentrer chez elle et de fêter la nouvelle année avec son petit garçon. Franchement, on n’avait pas idée de travailler un 31 mais en même temps c’était un peu la faute de la jeune femme. Celle-ci avait eu beaucoup de travail cette semaine, avec les fêtes de Noël il y avait eu une recrudescence d’accidents magiques en tout genre, et elle n’avait guère chômé. Le seul problème étant qu’elle n’aimait pas particulièrement la paperasse, mais qui le faisait ? De ce fait, une multitude de rapports divers et variés s’étaient amoncelés sur son bureau qui n’était déjà pas vide pour commencer. Aussi, la jeune recrue du Ministère avait pris une bonne décision à l’avance, se mettre à jour dans ses papiers, ce qui n’était pas une mince affaire. Elle en était encore loin du résultat escompté mais elle s’y rapprochait. Après tout, Rome ne s’était pas faite en un jour ! Sa tête couverte de boucles blondes était penchée sur un énième dossier quand la porte de son bureau s’ouvrit avec fracas,

- Yo Clarks ! Qu’est-ce que tu fais encore là ? Le gala va bientôt commencer !

La jeune femme regarda le nouveau venu, habillé étrangement comme un détraqueur, avec des yeux ronds.

- Un gala ? Quel gala ?

- Ca fait des semaines qu’on a eu l’invitation ! T’exagères Clarks ! Dépêches-toi, tout le Ministère doit y aller !

Des semaines... Le détraqueur tourna les talons et partit la robe au vent, la laissant avec son dilemme. Elle ne se souvenait pas avoir reçu quelque chose mais en même temps, elle avait la fâcheuse manie de lancer son courrier n’importe où. Son regard se posa alors sur le monticule de parchemins qui jonchaient son bureau. Et si... ? Soupirant, Mallory prit son courage à deux mains et déblaya tout son petit bazar. Des dossiers, des lettres, des factures, mais pas de... Ah si... Effectivement, elle retrouva un élégant carton d’invitation dissimulé en dessous de toute cette masse. Elle était dans de beaux draps, il fallait qu’elle y aille sinon elle était certaine qu’elle aurait des remontrances et elle n’avait surtout pas envie de perdre son boulot. En attendant, il n’y avait pas une minute à perdre. Prenant ses affaires, elle quitta précipitamment le ministère et transplana chez elle. Rentrant affolée, elle s’écria aussitôt,

- Dorothy !

Dorothy étant la nounou qui s’occupait de son fils quand elle travaillait, elle espérait que celle-ci soit d’accord pour rester la soirée, mais peine perdue. Evidemment, elle avait déjà des projets, et non il était hors de question qu’elle annule. Effectivement, c’était assez normal, c’était tout de même le réveillon du nouvel an et elle s’y prenait vraiment très tard. Mais elle n’avait pas le choix ! A moins qu’elle n’amène son garçon avec elle, mais elle doutait que les autres convives apprécient. Et puis cela serait vraiment trop fatiguant pour lui. La sorcière s’évertua alors à essayer de la convaincre mais, après une discussion houleuse et tout un tas de promesses vides que pouvaient offrir Mallory, la nounou partit en claquant la porte.

*Et qu’est-ce que je fais maintenant...*

Elle aurait d’ailleurs intérêt à s’excuser auprès d’elle le lendemain si elle voulait encore qu’elle revienne garder Hayden. Malheureusement, son problème n’était pas réglé pour autant aussi la jeune femme fit un appel de cheminette en catastrophe, à ses parents. A sa grande joie, ceux-ci acceptèrent mais non pas sans lui asséner un tas de remarques et de conseils dont elle se serait bien passer. Abrégeant la discussion le plus vite possible, elle adorait ses parents mais ils étaient extrêmement bavards, Mallory se dépêcha de préparer son fils et toutes les affaires qu’il aurait besoin pour une nuit chez ses grands-parents. Elle fit ensuite un aller-retour express par cheminette pour l’y déposer et courut dans sa chambre pour se préparer, euh se déguiser en fait...

Regardant l’heure, elle commença à paniquer. Il fallait qu’elle trouve un déguisement en cinq minutes tout au plus car elle était déjà en retard. Ouvrant ses placards en grand, elle examina sa garde-robe d’un air anxieux. Qu’est-ce qu’elle pourrait bien mettre ? Elle n’avait rien d’extraordinaire, juste beaucoup de pantalons... C’est alors que Mallory eut une idée lumineuse. Se rappelant des vieux films moldus que son papy tenait absolument à leur montrer à ses frères et elle quand ils étaient petits, elle se saisit de plusieurs vêtements qui feraient l’affaire. Un pantalon et une veste de couleur noire, une chemise blanche, une cravate… Elle allait se déguiser en Charlot alias Charlie Chaplin.



De toute façon, c’était le mieux qu’elle pouvait faire avec ce qu’elle avait sous la main et le temps qu’elle disposait. Elle se changea rapidement pour enfiler son "costume", puis fila dans la salle de bains pour rassembler rapidement sa chevelure en une espèce de chignon, et pour se dessiner une moustache. Elle espérait qu’elle n’aurait pas trop l’air ridicule ainsi, mais en même temps quand on pensait que son collègue avait décidé d’y aller en détraqueur... Ca c’était vraiment du mauvais goût.
Il ne lui restait plus à présent qu’à métamorphoser un chapeau sorcier en chapeau melon approprié, et une brosse à cheveux en canne et elle était fin prête.

Ceci étant fait, Mallory mit sa cape, vérifia l’adresse sur son invitation et transplana au lieu indiqué. L’entrée était bien gardée et le portier regarda soigneusement son carton avant de la laisser entrer. Après avoir laissé sa cape au vestiaire, la jeune femme entra finalement dans la splendide salle que le Ministère avait spécialement réservée pour cette soirée du réveillon. C’était vraiment somptueux et, comme elle pensait, c’était déjà rempli. Tout le monde avait déjà dû arriver. Heureusement pour elle, le repas n’avait pas encore commencé et ils en étaient encore à l’apéritif. S’avançant, elle décida de se décontracter et se saisit d’une coupe de champagne d’un plateau avant de retourner à sa contemplation des invités. Les déguisements étaient vraiment hétéroclites bien qu’il y avait quand même une majorité de costumes venant du monde moldu. Elle en reconnaissait quelques uns mais d’autres lui étaient totalement inconnus.

[vega... je parle de toi X3]

Rose avait vite réparée son erreur, le liquide n’avait pas réussi à pénétrer le tissu et finalement tout allait bien qui finissait bien. Super le début de soirée, elle n’était même pas pompette et voilà qu’elle commençait déjà les bourdes. Heureusement que le fantôme de l’opéra n’en tint pas trop compte.

Oui merci beaucoup… je ferais plus attention…

Puis la jeune fille s’éloigna, elle chercha un instant ses amies des yeux et alla pour les rejoindre lorsqu’elle croisa une personne qu’elle aurait aimé éviter de rencontrer. Mais bon, elle n’allait quand même pas faire sa chochotte… Il n’allait pas non plus la manger, c’est vrai quoi… Elle regarda son professeur de potion ou plutôt ex professeur de potion arriver en tenue de… de… elle ne savait pas en quoi au juste… Bon c’est vrai qu’il était pas mal mais bon, elle lui en voulait toujours. Il avait fait voler ses affaires jusque dans le couloir et son bâton de rouge à lèvre qu’elle avait depuis ses douze ans c’était cassé… C’est vrai quoi ça s’fait pô !! Elle aurait bien aimé allait lui en toucher deux mots, mais bon, elle était là avec son petit plateau, des coupes de champagne dedans et elle devait jongler au milieu de toutes ses personnes qui passaient et repassaient. Devant, derrière, à droite, à gauche… Elle reussi à rejoindre ce charmant professeur, elle lui proposa une coupe de champagne dans laquelle elle avait mit juste avant ... de la poudre qui donne un fou rire. NIARK NIARK

Bonjouuuuuur monsieur! J'espère que vous allez bien !! Moi ça va !! Super soirée n'est-ce pas!! Oh désolée je dois rejoindre les autres... Excusez-moi de ne pas pouvoir rester avec vous...

Elle luit fit son sourire le plus resplandissant...Elle repartit au milieu des gens, mais ils allaient arrêter de bouger nom d’un chien qu’elle puisse rejoindre les filles. Finalement c’est par des petits bonds qu’elle réussit à ce sortir de cette marée. La jeune fille atteint son but et nota que les filles avaient été rejointes par d’autres personnes… Des garçons d’ailleurs. La jupe frivole rouge et celle de fée d’Elena avait attiré pas mal de monde autour d’elles… Rose sourit, elle continua de s’approcher et arriva bientôt à côté d’elle, elle tendit son plateau.

Service à domicile me voici !!

Il était temps parce qu’Elanor semblait regarder son verre, vide, comme si elle attendait qu’il se remplisse de lui-même. Ce regard rappela quelque chose à Rose mais elle ne saurait trop dire quoi… Elle servit les filles, et continua d’observer l’inconnu. Parce que non, elle ne savait pas qui il était. Il semblait plus âgé qu’elles, ne faisait sans doute pas partit de l’UMA… Qui était-il ?

Bonjour monsieur, enchantée.

Bon, de la bouche de Rose ça fait un peu bizarre d’entendre de telle chose… On s’attendrait plutôt à ce qu’elle lui saute au cou et qu’elle l’embrasse mais apparemment, elle avait l’intention de rester sage… Pour l’instant… Ils furent rejoint par un Andr’ des plus dom juan ce soir. Il proposa même une danse à Elanor. Rose sourit à son ami, elle ne pouvait pas le lui refuser tout de même. Elle ne releva même pas la phrase de Faith sur « l’ordre ». Bah il devait donc être employé au ministère et faire partie de la brigade de police ou un truc comme ça… Justement il répondit à sa question avant qu’elle ne la pose, comme ça elle n’aurait pas l’air trop abrutie. D’ailleurs elle en avait marre de porter ce fichu plateau, il fallait qu’elle le vire… Elle termina son service et choisissant une victime au hasard, elle alla vers la personne de son choix et lui flanqua le plateau dans les mains sans s’occuper de se réaction puis elle se refondit dans la foule, si elle le pouvait avec ses ailes d’anges et elle revint vers ses amies. A qu’elle table elle était ??? Elle n’en savait rien… Et en plus, elle ne se rappelait pas où elle avait mis son carton… Dans une poche ? Elle n’en avait pas… Dans son soutien-gorge… Non, elle ne l’aurait quand même pas mis là… Quoi que… Finalement, elle se souvint de quelque chose. Elle commença une série de gymkhana pour attraper l’une de ses ailes et entre les plumes elle en tira un carton doré.

J’ai le numéro 89…

Elle regarda les deux autres… Et ça tilta dans son esprit…

Oh…

Ses yeux pétillèrent et un immense sourire apparut sur son visage, elle sautilla presque sur place et commença à se jeter dans les bras de ses « amis »… Finalement, elle se retint et serra la main du policier avec un grand sourire puis elle prit les mains de Faith un grand sourire sur les lèvres.

Nous sommes à la même table ! C’est génial non !

Puis un employé du ministère prit la parole, Rose l’écouta religieusement enfin presque…

* blablabla… On s’en fiche… passe à la suite…*

Enfin, ils purent rejoindre leurs places. Rose serra Elanor et Alice dans ses bras.

Bon ben à tout à l’heure.

Puis elle sautilla jusqu’à sa table. Elle jeta un coup d’œil au menu et eu une petite moue… elle ne pouvait pas avoir un menu pour elle toute seule, avec que des pâtisseries ? Mais bon, elle n’allait pas faire sa chieuse non plus… XD Elle fit tourner sa baguette pour montrer qu’elle avait choisit le MENU 1. Puis elle attendit bien « sagement ». La soirée promettait.

[HJ : désolée du retard Ryry, je t'avais prévenu que ce serait sport pour moi de répondre :/:]

Certains sorciers en ce bas-monde, même s'ils étaient peu nombreux, il fallait bien l'avouer, devaient encore être au fait de la signification du mot "étiquette". Dolores avait été désespéré du niveau de la jeunesse sorcière après avoir fait son expérience poudlardienne, mais il semblait que tout n'était pas encore perdu et que certains connaissaient encore les bonnes manières et les règles de la haute société : la femme de haut rang qu'elle était ne resta que quelques instants sans compagnie, un très jeune homme l'ayant très rapidement rejointe. La femme en rose afficha une mine satisfaite lorsqu'elle aperçut l'homme masqué marcher dans sa direction. Enfin cette décadente jeunesse prouvait qu'elle n'était pas complètement corrompue et venait tenir compagnie à une personne de la Haute, qu'on ne pouvait décemment pas laisser seule.

La sous secrétaire poussa un soupir ravi lorsque le séduisant jeune homme poussa la courtoisie jusqu'au baise main, utilisant la langue de Molière pour introduire sa présence. Vraiment, ce jeune homme était délicieux, et serait bien capable de lui faire revoir ses positions arrêtées sur la jeunesse sorcière s'il continuait sur sa lancée. Gloussant devant tant d'amabilité, la femme rondelette consentit à laisser sa main, avec une retenue toute calculée, ainsi que le voulaient les strictes règles de l'étiquette que Dolores affectionnait tant.

- Hum, jeune homme, bien le bonsoir à vous...

Galamment, le jeune inconnu lui proposa un petit canapé, tout en assoyant auprès de Dolores la ferme conviction qu'il était d'un raffinement et d'une culture exquis.

- Il serait désobligeant de refuser une demande si joliment formulée...

Il fallait en outre ajouter que Dolores était une fieffée gourmande, et que l'occasion de déguster de si délicats petits fours ne se présentait pas trop souvent, malgré son rang et son poste au Ministère. Ce soir, l'administration sorcière avait mis les petits plats dans les grands, et dolores eut été bienn sotte de ne point profiter de cette aubaine pour se délecter. Elle saisit le canapé de ses petits doigts boudinés et, laissa le jeune homme poursuivre, l'engouffra entre ses lèvres roses, sans plus de cérémonie. Malgré toutes ses manières et minauderies, un observateur minutieux serait à même de qualifier ces quelques brefs instants de gloutonnerie affligeante, donnant à la femme aux chats un petit air d'ogresse parfaitement mérité.
La femme se retint pour ne pas se lécher les doigts, fronça les sourcils vers son elfe de maison, toujours en remorque, qui s'empressa de lui tendre son vêtement afin que sa maitresse put à loisir essuyer ses doigts.

L'homme masqué n'avait pas perdu de temps et venait de l'inviter à s'asseoir un peu plus loin. Gloussant comme une pucelle, Dolores lui répondit, avec une gêne toute calculée, de sa voix haut perchée :

- Hum, jeune homme, vous voici bien cavalier...

Le brun se fendit néanmoins d'un sourire enjôleur, et Dolores croisa son regard un bref instant. Elle sentit une gêne la gagner. Elle avait l'impression de connaître ce regard clair, mais impossible de se souvenir de l'identité de son possesseur... La manières charmantes du jeune homme dissipèrent ses doutes, et la sous secrétaire allait accepter son invitation lorsque le porte parole du Ministère fit son entrée.
Dolores s'excusa d'un sourire auprès de son interlocuteur et écouta religieusement le discours du Ministère. Quand bien même elle ne portait pas Scrimgeour dans son cœur - il était impossible d'essayer d'égaler ce bon Fudge dans le cœur rose de Dolores - elle restait fermement attachée au Ministère et à ses valeurs, et attendait son heure pour faire rejaillir l'ordre, la discipline et les bonnes manières dans la société sorcière. Et le Ministère restait à ses yeux le sacrosaint représentant de l'Ordre.

Lorsque l'homme à la redingote eut terminé son allocution, la femme aux oreilles de chat applaudit poliment, comme toute Lady devrait le faire, et se retourna vers le délicieux jeune homme.

- Vous me voyez navrée de cette interruption... Il me semble pertinent d'essayer de trouver nos places, mais je serais ravie de pouvoir continuer à échanger avec vous un peu plus tard dans la soirée, très cher, si le cœur vous en dit.

Prenant congé avec une distinction exagérée, Ombrage claqua des doigts et envoya sa "souris" de maison chercher sa place. L'elfe détala sur le champ et revint essoufflé l'instant d'après. L'opulente Lady lui emboita le pas et alla poser son auguste postérieur à la place qui lui était allouée, jetant quelques regards appuyés vers les numéros de ses voisins, qui ne lui donnèrent évidemment aucun indice sur l'identité des autres convives. Dans un soupir, Dolores préféra reporter son attention sur le menu, puisque ses voisins de table semblaient être des goujats retardataires.

Elle parcourut rapidement les plats proposés par les cuisiniers du Ministère, qu'elle jugea suffisamment délicats et recherchés pour une dame de son rang, fort heureusement pour les organisateurs. Elle élimina bien rapidement la promenade forestière, lui évoquant trop de mauvais souvenirs en rapport avec Poudlard, et jeta son dévolu sur l'envolée sauvage, espérant que ses voisins ne tarderaient pas. dolores ne souffrait pas les retards.

Le chat - ou plutôt la minette, puisqu'elle se nommait Misha - laissa échapper un grondement de tonnerre, et Edward retira vivement sa main. Trop bien élevé pour songer à la qualifier de sale bête, il se contenta de noter que l'animal n'était pas des plus sociables... Etrange idée de l'avoir amenée dans un lieu si fréquenté...

Les conversations commençaient à naître dans le groupe de messieurs. Chacun s'était à présent identifié, et la mémoire eidétique de Mole nota soigneusement les patronymes de ses compagnons ainsi que de leurs rôles d'un soir. Parfois, ce genre d'information pouvait se montrer plus révélateur sur la personnalité de son interlocuteur que ce qu'on voudrait bien se laisser dire. En y réfléchissant bien, Edward se disait que, même s'il n'avait pas eu grand choix dans son costume, celui-ci lui seyait plutôt bien... Enfin, pas en ce qui concernait l'allure mais... En ce que ce petit héros représentait. Le hasard avait voulu que parmi les personnages délaissés par ses collègues, il y eut un jeune justicier, toujours en second plan, dans l'ombre de son maitre à penser. Ed' ne voyait pas bien qui pouvait être son maître dans la traque des vilains, mais en tous cas, justicier de l'Ombre en second plan, c'était exactement ce qu'il était, quoi que Robin eut bien plus de panache que lui, en réalité. En extrapolant cette constatation, le binoclard se demanda si ses compagnons avaient choisi eux-mêmes leurs costumes, et s'ils étaient aussi évocateurs de leur personnalité. Du peu qu'il connaissait Tobias Johnson, son rôle de justicier défendant la veuve et l'orphelin semblait lui convenir à merveille. Le petit aperçut qu'il avait eu du taciturne Sven en début d'année semblait également coller au caractère austère des vampires... Quant à Mark... Eh bien, là, il devait avouer qu'il n'en avait pas la moindre idée... Etait-il un grand romantique dans l'âme ? En attendant, il était d'une patience et d'une compréhension impressionnante, et d'un naturel si affable ! Quiconque aurait eu son poste au sein du Ministère aurait sans doute été bien plus désagréable avec la jeune fille qui venait de l'éclabousser. Mais le Directeur de la CMI était resté calme et courtois, comme l'avait d'ailleurs toujours vu le jeune Oubliator.

Celle qui en tous cas portait un costume parfaitement adapté était son amie Mercedes, qui avait revêtu à n'en pas douter les traits de quelque déesse grécoromaine. Les vêtements étaient parfaits, tout comme la créature qui les portait. Connaissant la jeune femme, Edward penchait pour Vénus ou Aphrodite, suivant le panthéon sur lequel elle avait jeté son dévolu. Toute autre divinité aurait été complètement surfaite lorsqu'on connaissait Lady Brady. Celle-ci s'approchait d'ailleurs de leur petit groupe, raison de la nouvelle dérive des pensées du brun vers sa fantasque amie.

Etonnamment, Edward ne manifesta qu'une légère gêne lorsque la brune vint délicatement attraper son coude. Eusse-t-elle été une autre qu'il aurait fait un bond du côté de surprise pour éviter ce contact physique, mais ses liens avec la belle étaient suffisamment étroit pour que sa timidité maladive soit un peu mise au placard. Enfin, un peu seulement. Car lui susurrer des mots doux à l'oreille, comme... le feraient deux... amants... Avec toute cette compagnie autour d'eux... Edward sentit le carmin commencer à monter à ses joues. La fin de la tirade mit le trentenaire dans l'embarras le plus total. Il avait viré couleur pivoine, et jetait des petits regards anxieux à ses voisins, mais il était trop tard, certains semblaient avoir déjà entendu la ridicule comparaison de Mercedes. Ed' manqua s'étrangler, ce qui devait sans doute être le but recherché par la jeune femme, qui savait parfaitement comment mettre l'Oubliator dans tous ses états. Après l'avoir foudroyée du regard pour lui faire sentir qu'il ne goûtait pas la plaisanterie -mais elle devait savoir qu'il ne la goûterait pas, coincé qu'il était, notre binoclard - il se racla la gorge pour chasser l'image humiliante de son esprit et fit les présentations :

- Hhhhhhhm. Je... Excusez-moi, je manque à tous mes devoirs de gentleman. Je vous présente Aphrodite... Lady Brady, dans le civil... Une amie oui...

Qui pourrait avoir la décence de ne pas jouer avec moi devant tous mes collègues, songea désespérément Edward, mais il s'abstint de tout commentaire, sachant que la brune était de toutes façons radieuse de s'amuser ainsi à ses dépends. Le pire était qu'il ne parvenait même pas à lui en vouloir, trop habitué à ses excentricités, dont il faisait d'ailleurs souvent les frais, et qu'il encaissait, sans trop savoir pourquoi. Il aurait dû depuis longtemps arrêter de la visiter si régulièrement, tant la jeune femme prenait un malin plaisir à le faire tourner en bourrique, mais leur relation était à la fois paradoxale et intense. Les contraires s'attirent, n'est-ce pas ? Et la jeune demoiselle et l'Oubliator étaient si opposés l'un de l'autre que leur amitié si étonnante et incongru n'en était que plus forte, malgré les apparences et les coups bas.

Ils n'eurent pas vraiment le loisir de poursuivre bien plus loin leur discussion que déjà le discours d'ouverture débutait. Edward posa une main amicale sur celle de son amie qui lui tenait le coude, et il écouta avec attention ce qu'avait à dire le porte parole de Scrimgeour, fidèle à ses habitudes d'élève modèle. Lorsque celui-ci s'acheva, il fit un sourire sincère à la déesse qui était à son bras.

- Mercedes ma mie, puis-je te mener à ta table ? A défaut d'être ton Eros, je me ferais une joie d'être en quelque sorte ton Hermès pour t'accompagner à destination...

La taquinerie passée était déjà oubliée, et Edward n'attendait qu'un signe de la belle pour prendre congé de ses compagnons et la raccompagner.

[HJ : je laisse un peu de marge avant d'arriver à table, vu que j'ai trainé à répondre, si vous voulez rajouter des choses...]