[Andrzej promis la prochaine fois elle sera adorable ]

Elanor sourit intérieurement et se promit d’aller féliciter son professeur de Soins Magiques pour avoir ainsi ridiculisé Andrzej-le-fier. Malheureusement pour elle à cause de lui la fée allait devoir danser avec le slave durant de longues et interminables minutes. Jusqu’à ce qu’il se lasse ou qu’elle arrive à s’échapper, sans même penser qu’une bonne âme pourrait venir la tirer de ce mauvais pas. Qui pourrait avoir envie de danser avec une empotée qui venait de démontrer à tous les danseurs de la salle qu’elle était LA personne a éviter sous peine d’avoir un nombre élevé d’orteils écrasés, voir brisés. Il aurait alors fallu être un kamikaze. Soupirant de lassitude, l’étudiante ne perdit cependant pas sa répartie.

Oh quelle chance ! J’espère qu’il va aussi venir me sauver de tes mains de rustre… C’est toi qui sait pas danser Miaskovski ! Franchement aucune classe, faut continuer de t’entrainer devant ton miroir.

C’était cruel et elle ne le pensait pas vraiment en fait. Andrzej n’était pas méchant, juste un peu envahissant et surtout elle avait une revanche à prendre qui pour l’instant ne se profilait pas vraiment à l’horizon. Le destin ne faisait que donner des occasions au slave de la rendre complètement folle de rage. N’avait-il donc rien compris ? n’avait-il donc pas remarqué qu’elle n’était pas comme Ella et que ses manières ne la charmaient absolument pas. Vraiment il fallait être aveugle ou complètement borné, mais l’un dans l’autre ça revenait parfaitement au même et l’étudiante se mit à espérer que la soirée se termine très rapidement pour qu’elle puisse enfin échapper à l’étudiant et surtout rentrer chez elle.

Ah oui…

Ses yeux se posèrent sur Faith, en pleine discussion avec le flic et elle grimaça d’envie, son visage s’assombrissant. Au moins elle s’amusait et c’était plutôt encourageant au final. Mais bon, même si le bonheur de sa camarade ne lui causait aucune jalousie, elle aurait quand même préféré être à sa place à ce moment précis…

Maiiiiis…

Trop étonnée pour comprendre ce qui lui arrivait, Elanor resta sans voix devant ce comportement tout à fait inapproprié et carrément à l’opposé de toute manifestation correcte qui pouvait apparemment émaner d’un homme durant cette soirée. Andrzej n’était donc pas le pire énergumène invité ce soir ? Il y avait donc un homme dans cette salle qui avait des manières bien plus à remettre en question et déplacées que celle du slave ? C’était littéralement impossible et de toute manière, l’étudiante ne se souvenait pas d’avoir promit une danse à qui que ce soit d’autre ce soir. Elle n’aurait certainement pas fait deux fois la même erreur, se condamnant à passer une soirée horrible et entouré de gens détestables.

Le regard assassin qu’envoya Andrzej à son nouveau cavalier lui fit toutefois apprécier cet inconnu qui venait en fait de lui sauver la vie et de ridiculiser une nouvelle fois le slave. Lui souriant à pleine dents, Elanor lui envoya même un clin d’œil lorsqu’il affirma vouloir terminer sa danse avec elle. Il était vraiment accroché dis donc. Secouant la tête, l’étudiante suivit donc son nouveau compagnon un peu plus loin, sans même le réprimander sur ses manières inappropriées pour tout gentleman qui se respecte.

Merci vous venez de…. Mais… Lacey !

Ses yeux ronds étaient rivés sur le visage rieur de l’auror qui apparemment avait suivi les pas de danse de l’étudiante depuis un petit moment déjà. A cette pensée, Elanor ne pu que rougir de honte en l’imaginant se moquer d’elle alors qu’elle piétinait son frère puis Andrzej. Même si pour le second ça avait été totalement maitrisé, il ne pouvait pas s’en douter et devait la prendre indéniablement pour une horrible danseuse. En plus de ça, il venait une nouvelle fois de la tirer d’un mauvais pas, mais cette fois-ci il la tenait contre lui ; une proximité qui lui donna chaud.

J’aurai dû me douter que c’était toi, tu es le seul à te comporter d’une telle manière avec les femmes. Ses joues toujours aussi rouges, elle lui souriait à pleine dents. Je dois te prévenir, que malgré ton geste salvateur, tu prends de gros risques en dansant avec moi. Mais ça tu le savais déjà…

Subitement, Elanor n’eu plus envie de rentrer chez elle et l’étudiante s’appliqua pour ne pas marcher sur les pluches du plus charmant des cavaliers qu’elle pouvait se trouver pour la soirée. Bien sûr ses manières restaient à désirer mais son vœu avait été exhaussé puisqu’il était là et qu’il venait de l’inviter pour une danse. Peut-être ne lui avait-elle finalement pas laissé un souvenir si désespérant, ou alors il aimait les filles désespérantes ce qui pouvait être un avantage pour l’étudiante. Mais trêve de fantasmes, l’heure était à la danse et Elanor comptait bien en profiter au maximum avant de s’éclipser avant que le gladiateur de repointe son nez.

Intéressants je ne sais pas, il s’est surtout inquiété de savoir quelles impressions tu pouvais bien laisser aux jeunes femmes. Je vois que ta réputation n’est plus à faire, y’a-t-il quelque chose que je doive savoir avant de t’écraser les pieds ?

Finalement Lawrence avait raison, se détendre était la meilleure solution lorsque l’on danse, et dans les bras de l’auror cela s’avéra être plus aisé qu’elle ne l’aurait imaginé. Son cœur battait toujours un peu la chamade, mais elle prenait plaisir à se laisser guider par Lacey qui se faisait un cavalier bien plus approprié que les précédents. Son odeur de tabac froid mélangé à son aftershave lui avait manqué, tout comme ses yeux malachites qu’elle avait cherché durant toute la soirée.

_ Ne vous inquiétez pas pour moi. Un vieux loup de mer tel que moi a plus d’un sabre dans sa botte. Quant à son ascension dans la société je crois que vous êtes en réalité tout proche de la vérité. Notre charmante amie a certainement dû disposer de promotions suite à des entretiens très particuliers avec ses supérieurs, si j’en crois ce que j’ai vu ce soir.

Sven hocha vaguement la tête, non pas qu'il fut mou de nature: au contraire; en général ses gestes étaient vifs sans être désordonnés, plus qu'à leur tour énergiques mais mesurés. Ce n'était pas non plus le fait que la pirate le dérangeait, c'était juste que ses paroles étaient vérités, rien n'était à ajouter, inutile de se fatiguer à renforcer une idée qui coulait de source. Le sourire si doux qu'employa la pirate, dévoilant ainsi ses dents dorées aurait fait fondre plus d'un homme; encore plus sûrement que celui de Natacha qui faisait plus peur qu'autre chose à vouloir vous dévorer comme ça: apparemment les autres étaient masochistes à aimer une femme dominante qui vous trompait ensuite sans la moindre tristesse.

_ Je vous remercie. Vous n’êtes pas mal non plus pour un suceur de sang. On disait les vampires séduisants, je dois reconnaître la véracité de ces propos maintenant que j’en ai rencontré un.

Sven avait apprit à séduire ces dames; et visiblement celle-ci n'était pas contre. Le petit jeu prenait place, lentement; un peu hypocrite... Où non, le terme ne convenait pas puisque le Mangemort considérait la femme comme quelqu'un de réellement passionnant, ne se forçant pas de ce côté-ci. Disons que le jeu était...Défasé, voilà le mot exact pour décrire une situation où l'attirance était réciproque mais que pour l'un des deux partis, elle n'était qu'amicale. Cependant Sven ne se démontait pas. Son rejet du corps féminin n'allait pas le pousser à crier au secours et à se jeter dans les bras de son amant: il était parfaitement capable de se maîtriser, la torture n'était là que s'il lui fallait s'appuyer contre elles. En fait ce n'était pas son homosexualité qui le rendait si sensible de façon négative à leur touché mais plutôt son vécu. Lui, il n'avait vu des corps nus de femme que sous leur aspect le plus horrible: rempli de spasmes, ensanglantés, recroquevillés sur eux même par la douleur et la honte. Alors forcément, rien que le frôlement de leur poitrine lui rappelait l'image nette et mouvante-comme dans les photos des journeaux sorciers- de son père: Sergeï Molovich pétrissant avidement les seins d'une victime. Ce n'était pas une raison pour s'affoler! Pas l'acteur né qu'il était. Sven espérait juste qu'Excalia ne comptait jouer que pendant le bal, continuant de lui écrire plus tard qui sait, mais sans plus, en tout bien tout honneur bien sûr.

_ Je vous remercie et j’accepte avec joie.

D'ailleurs la situation non voulue avait été enclenchée, par ses propres soins d'ailleurs, par pure galanterie. Ainsi la danse commença. Les pas du jeune homme le menait doucement sur la piste tandis que ses doigts guidaient sa compagne, tous attentionnés pour elle. C'était sa mère qui lui avait apprit les pas les plus élégants, son entraînement de mangemort aidait également, tout était relié dans cette danse car si la technique lui venait de sa défunte génitrice; la souplesse des enchaînements lui était conféré de part son excellente condition physique, ces muscles homogènes roulant discrètement sous un corps d'apparence légère et peut-être un peu fragile. De toutes manières, avec une danseuse comme Excalia on ne pouvait qu'être attentif; il se refusait à la décevoir! Ses mouvements étaient si gracieux que l'Animagus en oublia quelques instants son horreur du corps féminin, ces préjugés: effaçant les terribles images, ses yeux vairons ne virent que la beauté de la danse de la pirate.


_ Mon parcours me semble hélas d’une banalité effarante. Originaire d’Irlande, j’ai été envoyée au collège à Poudlard où j’ai effectué mes classes avec application. Et c’est là la raison de ma présence ici ce soir. J’ai été conviée en tant qu’ancienne élève. Je suppose que le ministère a à cœur de savoir ce que deviennent ses ouailles. A ma sortie de Poudlard, j’ai obtenu une place dans une prestigieuse école Finlandaise. L’enseignement proposé y est beaucoup plus riche et approfondi sur certains sujets qu’en Angleterre. Le cursus est un peu plus long mais je pense sincèrement que le jeu en vaut la chandelle.

Alors qu'il ramenait sa cavalière à lui, cette dernière lui dévoila sa vie en quelques lignes tracées avec modestie, légèreté même. Le sorcier eut cependant un électrochoc en son fort intérieur. Il connaissait cette école finlandaise puisque son père avait un jour évoqué un éventuel stage; évoqué seulement mais c'était suffisant. Si Segeï Molovich, ce monstre, trouvait un endroit digne d'intérêt, il ne pouvait qu'être noir, sombre tel son coeur, si tenté que l'homme en ait un. Le plus terrible était qu'Excalia ne paraissait pas plus choquée que cela! Tout le monde serait-il si cruel de nos jours? Ou alors existait-il une autre école finlandaise? Après tout la jeune fille avait dit une école, et non pas la! Se pourrait-il que ce soit une parmi tant d'autres? Cependant l'implication qu'indiquait l'expression: " plus riche et approfondi sur certains sujets" correspondait bien au langage utilisé par ceux qui voulaient parler de choses interdites et décadentes de manière élégante et prudente à la fois.

-Quel était le nom de cette école? J'ai failli y faire mon stage en tant qu'assistant de maître des potions mais Dumstrang venait de proposer une option bien plus complète sur le sujet à ce moment même.

Le Slave se donnait un peu, parlait afin de lui donner envie de continuer l'échange. Se mouiller en avouant avoir été intéressé par la dite école étant peut-être la même prônant la magie noire le rapprochait d'elle si c'était le cas. Sinon, ce serait vu comme un simple quiproquo sans gravité. A ce jeu-ci, plus qu'à celui de la séduction, Sven était fort, très fort même. Faisant faire une pirouette à la danseuse, le sorcier attendit la suite de la conversation; la respiration attentive pour suivre les mouvements ainsi que les pas; tout devait parfaitement se coordonner et là encore, toutes ses capacités lui servaient! Y comprit la souplesse de son animae ainsi que sa rapidité ou son agilité. La danse était un excellent exercice; un guerrier sachant pratiquer cet art gagnait en équilibre et en vivacité.


_ Mais vous Monsieur Molovich, vous ne m’avez encore rien livré sur vous. Je ne sais pas à qui j’ai affaire…peut être bien que votre habit de ce soir n’est pas en vérité un déguisement ?

Le sorcier sourit; dévoilant ses dents un peu plus aiguisées que la normales; il avait entendu dire que ces êtres existaient, mais même dans le monde de la magie l'animagus peinait à le croire: un comble pour quelqu'un qui en avait tellement vu par le biais des potions et de leurs capacités incroyables, ou encore quelqu'un qui se transformait en chien-loup. Après tout pourquoi pas? Les loups-garous existaient bien, eux. Après il y avait encore le sens implicite qui définissait vampire d'une tout autre façon que le suceur de sang descendant des Carpates en Transylvanie mais aussi celui qui était un homme dangereux tout simplement: ayant les dents aussi longues qu'un sabre bien aiguisé de pirate. Comme quoi ils feraient la paire tous deux dans leur déguisement! Ainsi Sven répondit en jouant sur les deux sens du mot: celui qui définissait la race dans les contes ou bien la réalité et celui qui parlait de ceux qui hantaient les cauchemars ou la société de nos jours. Le message était tout aussi malicieux que Excalia et innocent que son beau sourire; les nobles avaient l'art et la manière de donner plusieurs sens aux mots, et même à des conversations entières, s'en était presque effrayant!

-Et bien je suis croate d'origine mais j'ai fais mes études en Russie: mon père m'a emmené en Angleterre lorsque j'avais environ 8 ans, j'ai fais mes études à Dumstrang; une fois diplômé je suis revenu ici afin de travailler comme ambassadeur au ministère. Voyez-vous, ma vie n'a rien de très intéressant, devrais-je me faire passer pour un vampire réel afin de ne pas vous décevoir?

Le jeune homme avait bien entendu caché les trois quarts de sa vie à Excalia, le seul qui connaissait son histoire; et ce suite à une série d'accidents, c'était Tobias Jonhson. En quelque sorte, c'était bel et bien un vampire; mais forcé par son père. Un monstre qui ne voulait pas en être un. A part qu'il avait le déguisement du vrai vampire ce soir grâce à Andréa, ce cher frère tellement passionné par ces créatures qui lui avait donné l'idée du costume.

-Ce que je ne souhaiterais en aucun cas d'ailleurs: je veux dire: vous décevoir. Souhaitez-vous continuer à danser ou discuter peut-être? Je suis au service de la plus belle des dames de cette soirée, votre conversation charmante à d'ailleurs dû attiser bien des regards. Serais-je indiscret en vous demandant si vous avez déjà quelqu'un dans votre vie?

Sven demandait ça par curiosité naturelle mais pas seulement, sans quoi il aurait ravalé sa question. En fait si la jeune femme était fiancé à quelqu'un et lui donnait son nom: il saurait si c'était un sang pur ou pas et donc confirmer de quel côté était la demoiselle. Pour l'instant, le nom de l'école si elle ne lui mentait pas- et il n'y avait aucune raison à ça n'est-il pas?- le renseignerait déjà, l'aidant beaucoup.

[Dernier post pour Ela ]

Danser dans les bras de Lacey s’avérait être une activité des plus agréable même si l’auror ne menait pas la danse aussi bien que son cadet de frère. L’avantage, c’est qu’elle pouvait se laisser aller librement sans craindre de mouvements sophistiqués qu’il lui ferait faire. Intérieurement, elle remerciait Andrzej d’avoir probablement provoqué l’arrivée de l’inconnu de l’Ecosse, même si ça n’avait peut être rien à voir. Il venait quand même de se faire voler sa cavalière ce qui la ravissait et lui donnait envie de sourire tout en gardant ses yeux rivés sur le visage de l’auror tout à fait splendide dans son costume. Les yeux malachites étaient bien là, pour son plus grand plaisir et celui de son cœur qui faisait des bonds pour manifester son enthousiasme. Son sourire s’agrandit lorsqu’il parla d’Andrzej et ne répondit pas tout de suite.

…Oui… Mais tu sais je crois qu’il aurait finit par se lasser…

L’étudiante ne voulait pas vraiment de mal à son camarade de classe et il était donc inutile de s’attarder sur ce sujet qui ne regardait qu’elle. Au grand jamais elle n’aurait souhaité que deux hommes en viennent aux mains pour une histoire aussi puérile, même si le slave le mériterait et qu’elle pourrait ainsi prendre sa revanche haut la main. De plus, elle ne pensait déjà plus à lui et la colère qui était en elle s’était dissipée dès que les pas de danse avec Lacey avaient débuté. Elle se délectait de ce contact si proche avec lui, un contact et une présence inespérés qu’elle ne voulait en aucun cas gâcher malgré le peu de manières qu’il pouvait témoigner en sa présence. Il avait l’art et la manière de se faire pardonner par l’étudiante à qui il avait grandement manqué, mais qui se garderait bien de le dire.

Permets-moi d’émettre quelques doutes à ce sujet…

Elle ne savait peut être pas que Lacey était l’homme le plus distingué de la soirée, mais une chose était sure, cette révélation lui fit relever les sourcils d’incrédulité. C’était l’hôpital qui se foutait de la charité non ? Elle finit par éclater de rire devant tant de sarcasme émanant de la bouche du châtain. Son attention se détourna quelques instants de lui pour replonger sur la foule de danseurs qui les entouraient. Au loin elle aperçut Faith inviter Andrzej à danser et se demanda quelle était le but exact de la manœuvre de son amie aux cheveux sombres. Le rouge l’avait-il délaissé pour une autre ? Elle se promit de lui poser la question lorsqu’elles repartiraient de la soirée.

A vraiment ?

Subtilement, son pied se posa sur celui de l’auror alors qu’elle levait les yeux pour faire mine de ne pas être responsable de la situation. Assurément il ne manquait pas d’air et il l’avait cherché avec son sourire faussement innocent. Un sourire très charmant d’ailleurs qui lui donnait envie de rougir jusqu’aux oreilles. Gentiment, Lacey lui fit effectuer un tour sur elle-même qui fit virevolter sa robe et ses cheveux avant de venir s’arrêter dans les bras de l’auror qui amortir le choc. Même Lawrence n’aurait pu effectuer le geste avec autant de délicatesse que venait de le faire le châtain, aussi paradoxalement que cela puisse paraître. Brisant une nouvelle fois le silence, il enchaina en arrachant un nouveau sourire hilare d’Elanor qui secoua la tête de désespoir.

Te moque pas de moi…

Subitement, Elanor se sentit grandement attristée et se mit à avoir froid. La chaleur de l’auror ne pouvait rien y changer et elle commença à greloter, sentant son cœur se serrer dans sa poitrine. Un peu brusquement et avec une certaine maladresse, elle stoppa leur danse et fixa ses yeux bleus dans ceux de Lacey tout en le lâchant et en s’éloignant d’un pas. Un froncement de sourcil barra son front alors qu’un flot de mauvais souvenir l’envahissait, accompagné du visage pâle comme la mort de son père dans son costume noir. Il fallait qu’elle parte loin, très loin. Le plus loin possible pour échapper à tout ce malheur qui lui tombait sur les épaules aussi violemment qu’on se reprend une douche froide en pleine hiver. Qu’est-ce qu’il lui arrivait ? Elle ne comprenait plus rien, ne voyait plus rien à part ces souvenirs atroces qui l’empêchaient de réfléchir convenablement. Doucement elle murmura.

Vas-t-en… Laisse-moi !

Mais le visage restait là, accompagné de voix qu’elle ne connaissait pas ou plus. L’étudiante ne voyait plus et ne sentait plus ce qu’il se passait autour d’elle jusqu’à ce qu’une main s’abatte sur son bras et lui arrache un cri de surprise qui la fit revenir à elle. Les gens autour d’elle s’affolaient et le sentiment d’insécurité et de peine continuait de grandir alors que ses yeux se posaient autour d’elle.

Viens Elanor. Dépêche-toi !!

L’oncle Edward la maintenait fermement et était déjà en train de la trainer vers la sortie lorsque ses yeux remplis de larmes se reposèrent sur Lacey qu’elle avait abandonné contre son gré au milieu de la piste de danse. La brune était dans tout ses états et dans la précipitation de son oncle venait de perdre une ballerine qu’elle voyait disparaître dans la foule de gens qui se pressaient pour sortir de la salle en hurlant.

Enfin, tout redevint clair, le bruit s’estompa et elle reconnut la maison de sa famille. D’un revers de la manche elle essuya son visage ruisselant de larmes, laissant Edward William la ramener à l’intérieur avec l’aide de sa tante.

Danser avec Natacha lui procurait un plaisir sans nom et ravivait en lui un agréable souvenir d’un échange très sensuel qui s’était produit dans le bureau de la Directrice. Il la menait habillement alors qu’ils échangeaient des banalités inutiles pour la bonne forme tout en se coulant des regards de séducteurs. L’acharnement avec lequel ils échangeaient ces quelques pas de danse avait quelque chose d’assez animal, à savoir lequel réussirait à séduire l’autre et à le faire flancher en premier. Bien sûr la tâche était autant difficile d’un coté comme de l’autre et le jeu était moins amusant étant donné qu’il n’y avait plus rien à découvrir au sein de la blonde, quoique qu’il faille alors qu’elle se montre très particulièrement douée. Ce qui donnait des envies de défi au médicomage.

Subitement, Arsène sentit un courant froid leur arriver dessus et il en frissonna légèrement. Natacha avait-elle perçut ce changement de température ou n’était-ce dû qu’à lui-même ? Imperceptiblement, il jeta un regard inquiet autour de lui, se sentant rapidement submergé par un sentiment de malaise grandissant. Instinctivement il chercha le survivant des yeux et fut soulagé de l’apercevoir un peu plus loin dans des activités qu’il avait depuis déjà quelques heures cessé d’observer pour lui laisser un maximum d’autonomie et se préoccuper de lui-même et de ses éventuelles conquêtes.

Se rassurant comme il le pouvait et chassant de ses pensées sa mère qui avait débarqué dans sa tête il ne savait pas réellement pourquoi. Ses yeux se posèrent sur Natacha à qui il sourit, d’un sourire faux mais toujours aussi imperturbable. Pourtant il n’avait plus envie de danser et de la séduire, elle était finalement bien loin de l’image qu’il avait eu d’elle il fut un temps. C’était inutile et complètement aberrant finalement d’espérer quoi que ce soit. Il n’avait plus aucune envie, juste d’être seul avec lui-même, loin de ces hypocrites du ministère qu’il avait envie de défoncer à coup de massues pour ce qu’ils se devaient d’être mais qu’ils ne représentaient plus à ses yeux. Tous ces lâches fonctionnaires, tous aussi bon à rien que ce crétin de Mole à qui il avait encore une fois envie de régler son compte pour se venger de tout ce malheur dont il était responsable. Mais surtout, il relâcha Angel et s’éloigna de cette femme superficielle qui lui en avait également fait subir durant leur scolarité à Poudlard. Augmentant cette injustice dirigée contre les nés Moldus, bien malgré elle.

La colère s’infiltrait en lui comme le sentiment d’injustice qui l’avait habité pendant si longtemps mais qu’il avait réussi à refouler au fond de lui notamment grâce à Mercedes et à leur complicité disparue elle aussi. Mais son attention fut attirée par un de ces nazes du Ministère qui déclencha en lui une légère panique.

*Un patronus ? Une vingtaine ? Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ?

Pendant que ces informations prenaient du sens dans sa tête et qu’il remettait ses idées noires à leur place, Arsène se précipita vers Harry dont il était censé s’occuper durant la soirée.

*Par Merlin quel Elfe de maison je fais !!

C’était le cas de le dire, comment avait-il pu se laisser avoir par ces foutus détraqueurs alors qu’il connaissait parfaitement bien leurs effets néfastes sur toute personne humaine moldue ou non. En général si habile à cacher ses émotions et à les refouler au fond de lui-même, il venait de se faire stupidement avoir comme toutes les autres personnes présentes ce soir. A la différence que lui était censé savoir ce qu’il se passait ; il n’avait pas fait des études de Médicomagie durant quatre ans pour se laisser berner si bêtement. Pestant contre lui-même, il arriva à la hauteur d’Harry Potter qu’il empoigna rapidement pour l’entrainer avec lui vers la sortie la plus proche. Mais une nouvelle fois son cœur se serra et une nouvelle sensation de malaise s’infiltra en lui imperceptiblement. Ce n’était pas cette fois-ci les détraqueurs qui agissaient sur lui. Non, c’était autre chose. Un lien si puissant qui le liait à un autre sorcier qu’il lui était impossible de ne pas s’en souvenir et de quitter les lieus sans cette autre personne. Que faire ? Il ne pouvait pas abandonner le survivant, mais il ne pouvait pas non plus laisser le serment inviolable qu’il avait fait le tuer aussi stupidement. Son regard se posait tout autour de lui à la recherche d’une solution miracle avant qu’il ne soit trop tard. Enfin, il croisa le regard d’un des membres de l’Ordre du Phénix qui accourait dans sa direction, probablement dans un but de rassembler les membres pour une éventuelle offensive si nécessaire fut-elle.

Ah tu tombe bien ! Ramène-le immédiatement où tu sais. C’est hyper urgent !! Ne le laisse surtout pas seul ! Et ne revient qu’une fois qu’il est en sécurité là-bas !!

L’autre lui jeta un regard d’incompréhension avant de s’exécuter, attrapant l’autre bras d’Harry, qu’il n’avait pas reconnu, pour le sortir de la salle sous le regard paniqué d’Arsène qui replongeait dans la foule pour récupérer Mercedes Brady.