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 La vieille folle qui vivait avec ses chats [PV]
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MessageSujet: La vieille folle qui vivait avec ses chats [PV]   La vieille folle qui vivait avec ses chats [PV] EmptyVen 26 Sep - 10:26:16

- Je suis désolé, mais je pense qu’il vaudrait mieux s’en arrêter là. C’était sympa, t’es une chouette fille, mais non, ça pourra jamais le faire entre nous. Adieu.

- Brandon, attends ! Tu ne peux pas m’abandonner comme ça ! Tu disais que tu m’aimais, ce n’était donc que des mensonges ? Reviens, je ne peux vivre sans toi !

- Mais laisse le partir pauvre gourde ! C’est qu’un naze, et il a une moustache en plus, s’exclama soudain quelqu’un d’une voix exaspérée. Ce quelqu’un n’était autre qu’April Winles, qui, les yeux rivés sur son téléviseur, était intensément plongée dans les Feux de l’Amour. Il était treize heures, la jeune femme venait de se réveiller et traînait au lit, incapable de trouver en elle la force et le courage de sortir de sous sa couette. Eteignant d’un geste las la télévision, coupant brutalement les pleurs énamourés et supplications de Marylin, la jeune femme tendit ensuite machinalement la main vers les comprimés d’aspirine qui se trouvaient comme à leur habitude sur sa table de chevet. Elle avait un mal de crâne lancinant qui était sans doute le résultat d’une nuit passée à boire verre sur verre dans un quelconque bar londonien, mais elle avait beau réfléchir, elle ne se rappelait plus de rien. Son dernier souvenir, c’était d’être sortie vers quinze heures hier, puis elle s’était réveillée dans son lit il n’y a même pas un quart d’heure. De plus, la scène qu’elle venait de voir il y a quelques instants à la télé lui donnait une vague impression de déjà-vu. Un cachet d’aspirine et quinze minutes plus tard, ça y est, elle se rappelait du bar où elle avait été. Deux cachets d’aspirine et une demi-heure de cogitation intense plus tard, et elle se rappelait enfin la raison qui l’avait poussé à se rendre dans ce bar. La veille, quinze heures, le ciel ne lui était pas encore tombé sur la tête -une fois de plus- et April Winles se rendait à un rendez-vous le sourire aux lèvres, telle une lycéenne entichée allant à son premier rencard. Un rendez-vous avec l’homme parfait, évidemment, qui comme il était parfait, avait évidemment décidé de pas donner suite à leur aventure, car après coup, il trouvait qu’April n’était pas parfaite, évidemment. Parfait fiasco et grosse désillusion, qui s’était finie dans un des nombreux bars de Londres, à descendre vodka sur vodka en insultant mentalement tous les représentants de la gente masculine. Pourquoi, mais pourquoi s’était-elle encore monté la tête pour rien ? Cœur d’artichaut tombant amoureux comme on tombe d’une chaise demande à être euthanasié d’urgence. Elle se le disait pourtant à chaque fois, elle se mettait en garde contre ses sentiments, mais à chaque fois ça ne loupait pas : la jeune femme tombait amoureuse, se faisait larguer, puis tout recommençait, comme si elle n’apprenait jamais de ses erreurs, comme si l’Histoire se répétait. Et c’est pourquoi à chaque fois elle se retrouvait chez elle avec une gueule de bois atroce et le moral à zéro. N’avait-elle donc aucun espoir de rencontrer un jour autre chose qu’un salaud ?!

- Tu crois au Père Noël, pauvre idiote, murmura-t-elle face à son reflet dans la glace, car enfin décidée à se lever, elle avait réussi à atteindre la salle de bains sans tomber malgré sa démarche titubante, n’ayant pas encore tout à fait dessoulé. Oui, voilà, fallait qu’elle se fasse une raison, elle croyait à l’impossible. En tant qu’aimant à pauvres types, elle ne pouvait rien espérer. Elle resterait seule, seule et encore seule à tout jamais dans cet appartement ! Un chat. Il lui fallait un chat, voilà, pour rompre la monotonie de sa solitude. Elle devait avoir un chat. Et à chaque nouvelle rupture, elle en achèterait un nouveau. Plus les années passeraient, plus le nombre de félins augmenterait, et les gens commenceraient à jaser sur elle, et plus tard, lorsqu’elle serait vieille, seule et abandonnée de tous, ces chats seraient sa seule compagnie, et les gosses lui jetteraient des pierres quand elle irait faire des courses, et partout où elle irait, on l’appellerait la vieille folle qui vivait avec ses chats !!! Voilà quel triste destin l’attendait, et rien d’autre. Assommée par cette révélation criante de vérité qui venait de s’abattre sur elle, la jeune femme n’eut d’autre réaction que de sortir sur son balcon et d’allumer nerveusement une cigarette. Calme tes nerfs, voilà, tire sur ton cancer en barre ma fille. Si elle mourrait plus tôt, elle n’aurait pas à finir en tant que vieille folle qui vivait avec ses chats ! Quoique non, malheureusement, grâce à la magie, les sorciers vivaient généralement plus longtemps. Elle était donc condamnée ! Toute à ses méditations sur sa future condition de vieillarde cinglée, elle n’entendit pas sonner le téléphone, et le temps qu’elle réagisse il était trop tard. Bah, à cette heure-là, ça ne pouvait être que sa mère, elle avait donc bien fait de ne pas répondre, pour l’heure la brune n’en avait pas le courage. Jetant son mégot par-dessus la balustrade, vérifiant cette fois qu’il n’allait toucher personne, elle retourna dans appartement, et s’aperçut que son répondeur clignotait. La personne qui avait téléphoné avait laissé un message, et la jeune femme appuya sur un bouton pour l’écouter, avant de grimacer en reconnaissant la voix bien connue qui s’élevait du répondeur. Sa mère, bien sur, what else ?

- ...et ma chérie, au fait, j’ai vu ta sœur hier soir, oui, elle vient à la maison de temps à autres, elle ! Elle se rappelle qu’elle a des parents ! Mais bref, elle m’a dit t’avoir entraperçu dans la ville près de Soho hier, mais elle était pressée donc elle n’a pas pu te parler, elle devait aller acheter les rideaux que je lui avait demandé, tu sais, les mêmes rideaux que Mme Bogart, notre voisine avait acheté le mois dernier ? Enfin, en tout cas elle t’as vu en compagnie d’un homme, et dire que je n’étais même pas au courant que tu avais une relation ! Ramène-le manger à la maison, mon ange, je rêve de faire sa connaissance ! Disons dimanche midi ! A bientôt..... TUUUUUUT.

Elle était fichue fichue fichue. Pas d’autres mots pour le dire. Comment annoncer à sa mère qu’elle s’était encore fait jeté ? Elle verrait alors passer dans les yeux de sa mère de la déception, puis du découragement, comme d’habitude, puis cette dernière hausserait les épaules, comme d’habitude, avant de lui dire que le prochain serait le bon, comme d’habitude. Et April n’en pouvait plus, alors cette fois elle ne lui dirait pas. Dimanche ? Oh, Maxim avait eu un empêchement, il les priait d’accepter ses excuses. Un autre jour ? Oh, maman, je ne sais pas, tu sais, Maxim et moi sommes très occupés avec notre travail au Ministère. Voilà, elle allait mentir, faire croire qu’elle avait quelqu’un, un mensonge tout à fait pathétique, aussi pathétique qu’elle et que sa future existence composée de chats. Bon, au moins, vu tout ce qui s’était passé, sa journée ne pourrait pas être pire. Mais alors qu’elle s’apprêtait à retourner sur le balcon dans l’espoir de noyer son désespoir dans un nuage de fumée à l’odeur de tabac, son regard fut attiré par une case clignotante sur son calendrier. Elle avait déniché ce calendrier dans une boutique du Chemin de Traverse il y a quelques semaines, et il s’était révélé bien utile, clignotant quand elle avait quelque chose d’important à faire. Mais pourquoi diable clignotait-il aujourd’hui ? Perplexe, elle plissa les yeux pour essayer de déchiffrer son écriture -elle devrait vraiment faire un effort la prochaine fois, elle écrivait de façon illisible-, et s’aperçut avec effroi qu’elle avait en effet quelque chose de très important prévu pour cet après-midi, à dix-sept heures. Elle pensait que sa journée ne pouvait pas être pire ? Elle s’était fourvoyée. Elle avait rendez-vous tout à l’heure avec sa nouvelle chef, et ça n’avait rien d’une partie de plaisir. La rencontre avait lieu au Chaudron baveur, étonnamment, mais le plus bizarre était que la nouvelle ait voulu la rencontrer, elle, April Winles. Bon, d’un côté, chaque membre du département de la justice magique avait sans doute eu droit à ce rendez-vous, et la jeune femme angoissait pour rien. Ce n’était pas qu’elle eut peur d’une femme de quelques années sa cadette, mais elle appréhendait ce qu’elle allait bien pouvoir lui demander. April Winles était une employée modèle et assidue, travailleuse, ayant privilégié sa carrière à sa vie personnelle. La russe ne pourrait rien lui reprocher, mais April craignait qu’on lui demande de revoir à la baisse ses principes, pour faire marcher plus efficacement le Ministère, et ça, c’était hors de question. Son maître, ce n’était pas le ministre, ni la dirigeante de son département, mais la Justice elle-même, point barre. Bah, il était possible qu’elle se trompe sur toute la ligne et que la boss veuille juste rencontrer ses nouveaux sous-fifres, histoire de partir sur de bonnes bases. C’était une bonne idée, ça, partir sur de bonnes bases autour d’un verre de whisky pure-feu. Rassurée à l’idée que si la russe l’ennuyait, elle se rattraperait sur la boisson -même si le Chaudron Baveur n’était pas réputé pour son service- et ainsi parviendrait à supporter le déplaisant rendez-vous, la jeune femme partit se recoucher. Elle avait encore quelques heures devant elle, autant en profiter pour récupérer le sommeil qu’il lui manquait.

Quelques heures plus tard, à dix-sept heures tapantes... Oui, bon, dix-sept heures dix, April Winles n’était jamais à l’heure, c’était un fait à savoir, la jeune femme franchit la porte du Chaudron Baveur, fraiche comme une rose- façon de parler, même si le mal de crâne avait disparu, remplacé par une légère douleur intermittente, se manifestant par brefs instants-, les joues rosies par la course effrénée qu’elle avait livré pour tenter d’arriver à l’heure. Pénétrant dans le bar enfumé, toujours aussi sale, elle esquissa un sourire, car même si l’endroit était glauque au possible, il lui rappelait son premier jour ici, la toute première fois qu’elle était venue au Chemin de Traverse, après avoir appris qu’elle avait des pouvoirs. C’est pourquoi ce lieu restait à ses yeux sacré, et, ignorant la crasse et les quelques buveurs à l’aspect louche, elle se dirigea droit vers le comptoir, après avoir constaté que sa boss était en retard également. Quitte à attendre l’arrivée de la russe, autant le faire de manière agréable. S’asseyant sur un tabouret, et allumant sa cigarette, elle se tourna vers Tom, le barman, toujours à la même place depuis des années.

- Un Whisky pur-feu, s’il vous plait, lança la jeune femme au barman en expirant un nuage gris, parce que oui, nous sommes en 1996 et nous avons encore le droit de fumer dans les bars ! Suite à cette petite digression, reconcentrons-nous sur ce qui nous intéresse vraiment, en l’occurrence April Winles en train de boire son verre par lentes gorgées, les yeux vissés sur la porte du pub, dans l’attente de la directrice de son département. C’est que cette dernière osait la faire attendre, en plus ? Parce que mettons-nous bien d’accord là-dessus, April avait le droit d’être en retard, mais les autres, c‘était hors de question, et pas de discussion possible... Et attendre quelqu’un qu’elle de plus appréhendait la rendait légèrement grincheuse, et l’incitait à reprendre un verre, ce qui n’était pas vraiment raisonnable, mais depuis quand était-elle raisonnable quand cela concernait l’alcool ? Elle avait beau avoir trente-deux ans, elle avait compris quelque chose, c’est qu’être raisonnable va souvent de pair avec une vie bien rangée, et pas avec une vie comme la sienne, décousue et sans autre sens que son boulot. Donc au diable les convenances, et April se retournait déjà vers le barman pour commander un autre verre quand une vieille femme habillée aussi élégamment qu’une clocharde entra dans le bar et après avoir jeté des petits regards anxieux dans tous les coins, se dirigea droit sur elle. Mais ? Mais ? On lui avait pourtant dit que la nouvelle chef était une jeunette, y’avait-il une erreur quelque part ? Mais avant que la brune ait pu demander son identité à la vieillarde, cette dernière s’arrêta juste devant elle, les yeux exaltés cachés derrière d’énormes lunettes.

- Vous ne devriez pas prendre ce verre, Mademoiselle. Ou vous risquez de mourir dans d’atroces souffrances, les flammes de l’enfer vous brûlant de l’intérieur ! Prenez garde, s’exclama la vieille femme d’un ton possédé, qui évoquait à la jeune femme son ancienne professeur de divination -matière qu’elle avait rapidement arrêtée- du temps de ses études à Poudlard. Génial, dès qu’il y avait une tarée quelque part, c’était pour la pomme d’April. De plus, elle venait de reconnaître la folle en question, une sorcière qui avait tourné un peu maboule suite à des évènements restés inexpliqués, qui impliquaient des bombabouses, un ananas, un masque de Troll et les Beatles, bref, les conséquences de la folie de la vieille femme restaient mystérieuses. Désormais, elle se contemplait de rôder sur le Chemin de Traverse, voyant des complots partout -quoiqu’en cette période noire, elle n’aurait presque pas eu tort-, et annonçant à chaque personne qui attirait son attention qu’elle allait mourir. La suivant comme son ombre, un renard estropié et boiteux grondait dès qu’on l’approchait, et mordait les enfants imprudents. Charmante dame, donc, mais la jeune femme eut soudain une illumination, qui lui enleva toute volonté de rétorquer : cette bonne femme, c’était tout simplement elle dans cinquante ans ! La vieille folle au renard, c’était tout comme la vieille folle aux chats qu’elle allait devenir ! Elle était en train de contempler son reflet vieilli, voilà tout, et cette réflexion la démoralisa tellement que son réflexe fut de descendre cul-sec le verre, oubliant totalement la mise en garde la vieille femme. Cette dernière lui jeta un air horrifié, et s’apprêtait à lui prédire mille maux quand son attention fut détournée par l’ouverture de la porte du bar. Un nouveau client entrait - quel qu’il soit, April le considérait comme son sauveur-, et la vieille femme se jeta sur lui telle une furie.

- Ressortez pendant qu’il en est encore temps, fuyez ! Fuyez ce lieu de débauche peuplé par les créatures du malin, fuyez malheureuse !

Un sourire aux lèvres, son troisième verre à la main -brave Tom, il remplissait les verres sans qu’on ait besoin de lui demander-, April détailla la nouvelle arrivante de haut en bas, une jeune femme d’une vingtaine d’années, avant de percuter qu’il s’agissait sans doute de sa nouvelle directrice. Autant regarder comme elle s’en sortait face à la vieille femme qui actuellement faisait de grands moulinets avec ses bras pour appuyer ses dires, ce qui ne la rendait que plus ridicule. La pauvre folle ne suscitait plus chez April de l’énervement mais plutôt un mélange de dégoût et de pitié, sans doute parce que la jeune femme était presque persuadée de finir comme ça. Accoudée au bar, la brune attendit que sa boss se débarrasse d’une manière ou d’une autre de la vieillarde, peu pressée. Buvant une nouvelle gorgée du liquide ambré, elle se prépara à l’entretien -devrait-elle dire la confrontation ?-, adressant un signe de tête à la russe toujours aux prises avec Nostradamus, afin de lui faire connaître sa présence. Comment on disait déjà ? Alea jacta est, les dés étaient jetés. On verrait bien ce que cette rencontre allait donner.
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MessageSujet: Re: La vieille folle qui vivait avec ses chats [PV]   La vieille folle qui vivait avec ses chats [PV] EmptySam 4 Oct - 20:40:28

[Pardon d'avoir mis tant de temps a répondre I love you Le post n'est pas fini mais je ne peux pas enregistrer mes pages word sur l'ordi alors j'le met comme ça en attendant niarkhéhé ]

Наконец поцелуйте себя!

Glapit la vieille femme en se hissant brutalement sur le minuscule écran de télévision vacillant sur la table basse encombrée, ses mains jointes semées de veines sinueuses sur sa robe plissée, les yeux exorbitées et la langue presque pendante sous la voix mielleuse du séduisant Brandon a qui découvrait d'éclatantes dents blanches sous son rictus de désespoir. Ses cheveux blond platiné impeccablement coiffé en arrière malgré l'apparente nuit d'ivresse passée en compagnie la blonde pulpeuse au maquillage parfait, le jeune homme roulait des yeux de chien battu sous les supplications désespérées de sa congénère, la main sur la poignée de la porte de la splendide villa surplombant la mer où son acolyte en robe moulante avait daignée l'amener. Du coin de l'oeil, Alfreda observait le visage tendue de sa moldue de mère, les yeux rivés sur l'image grésillant que renvoyait le petit poste moldu dont elle ne parvenait à se détacher, les yeux presque baignés de larmes devant la nonchalance de Brandon qui aux yeux de la jolie russe n'était autre qu'un salopard qui prenait du bon temps et était de ce point de vue plus respectable que la petite cruche écervelée et minaudante suintante d'une évidente niaiserie. Madame Gregovitch, souffrant d'une maladie incurable et intraitable par traitement magique qui la faisait chaque jour un peu plus folle qu'elle ne l'était déjà semblait s'être installée pour une durée indéterminée dans l'appartement exiguë d'une fille qu'elle oubliait par instant et critiquait dans ses moments restreints de lucidité. La voix chevrotante et les membres fatiguées, la vieillesse avait achevée son travail par quelques mèches grisonnantes au coin des tempes de la vieille femme et des rides légères creusant hardiment ses petits yeux révulsés. Décharnée, elle passait le plus clair de son temps devant les programmes que ressassaient le câble. Autrefois vive et pleine d'entrain, elle faisait désormais partie de cette catégorie de personnes aigries et maussades, rarement satisfaite et bien souvent critique. En l'espace de quelques jours, elle avait abondamment précisé que l'appartement était bien trop étroit, et que la nourriture de sa fille était particulièrement exécrable, bougonnements réguliers troublant le silence et le bruit des assiettes qu'Alfreda lavait d'un coup de baguette sec et las.

Alfreda n'avait jamais adoré sa mère. Elle avait été mue de cet amour qu'on les petites filles à l'encontre de leurs parents, cet amour filial et inconditionnel qui pourtant avait considérablement perdu de son ampleur au cours des années, avant même que la maladie ne ronge le coeur et l'esprit de la vieille femme. Autoritaire et moqueuse, Madame Gregovitch avait toujours mis un point d'honneur à parfaire l'éducation de ses enfants et si elle aimait profondément sa famille, était suffisamment peu démonstrative pour distendre des relations de naissance. Gregovitch père parti en voyage administratif dont la jolie russe soupçonnait fortement l'alibi masquant l'infidélité, il avait délaissé sa folle de femme a son aînée et avait implorée sa clémence l'espace de quelques semaines. Alfreda avait haussé les épaules et acquiescé d'un vague signe de tête dont la signification exacte restait un mystère. Lorsqu'elle avait quitté Moscou pour les élégantes maisons de briques rouges de banlieue londonienne, la jolie russe avait cru voir loin le jours des immeubles massifs mais surtout d'une activité familial et des rares liens qui lui restaient : elle n'avait pas d'amis et avait agit suffisamment en chef pour éloigner les prétendants. Ses rares soirées de libre ou elle quittait le bureau encombrée étaient passées, invariablement, en compagnie d'une bouteille de vodka qu'elle buvait au goulot ou, par rares occasions, en compagnie d'un parfait inconnu dont elle ne connaissait pas le nom et qui ne passait pas la matinée suivante avec elle. C'était un amour sans obligation, plus simple et moins gênant. Alfreda n'était pas heureuse c'était une évidence mais elle était une directrice qui avait le mérite de remuer la vase. L'alcool avait été une solution longtemps utilisée a accès et ces vieilles habitudes avaient du mal a se décrocher, ancrées et solidement amarrées. La présence d'Elizaveta Gregovitch n'était donc pas un réellement un poids et seul le désintérêt et le manque de charge supplémentaire importante avait motivé Alfreda a cette soudaine garde.


« Tu devrais pas regarder ce genre de conneries... » souffla la jeune femme en haussant les épaules. « T'es déjà assez... »

Sa voix se perdit sous les rictus sifflants d'Elizaveta dont le grognement étouffait toute protestation. Alfreda n'insista pas, se contenta de lorgner du coin de l'oeil le morceau de parchemin laissé sur un coin de la table basse de bois blanc. En lettres noires et élégantes écrites à l'encre fluide, la dernière personne a avoir passé la nuit ici, une jeune femme blonde et menue dont la jolie russe gardait un excellent souvenir avait délester son numéro, à tout hasard et le souvenir de la nuit passée avait longtemps fait hésité la jeune femme a rappeler la prétendante. Finalement, elle avait abandonnée l'idée et s'était concentré sur un tout autre sujet durant le reste de la matinée. La dernière réunion au ministère avait retourné les esprits et les estomacs et la russe s'était longtemps interrogée sur ces sentiments retorses et contradictoires qu'elle ressentait en songeant aux récents changements planant sur l'ensemble du bureau. La nouvelle avait eu l'effet d'une bombe et les visages avaient changé : violacées par la terreur, furieux ou admiratifs devant tant d'ingéniosité, les avis avaient été partagés et Alfreda avait longtemps discuté des dispositions a prendre. En soin, le plan était ingénieux et valait la peine d'être observé. Mais en théorie, la chose se révélait plus ardue : les médicomages n'étaient pas des aurors et toute la bonne volonté du monde ne compensait pas la maladresse d'une large part des employés, non entraînés au combat et lent à réagir. Beaucoup seraient encombrant et la jeune femme redoutait qu'il ne forme un poids instable et contrariant.

Elle était un peu abattue : ces dernières heures, elle avait crut entrevoir une lueur mince a l'horizon, l'idée réjouissante de trouver du mangemort influent. Les partisans étaient malheureusement coriaces et étonnamment discrets, les plus imprudents membres sommaires d'une organisation complexe qui leur laissait peu de marge de manoeuvre. Les bruits courraient bon train mais les informations réelles étaient malheureusement moindres et la russe devait se contenter d'un soupire las, indistinct. Certaines mauvaises langues auraient pu prétendre, peut être à juste titre, que le sens étroit de la justice d'Alfreda tournait a l'obsession et, en termes moins élogieux, a la paranoïa. Infiltration était un mot grandiloquent qui voulait tout dire mais que la jeune femme ne voulait en aucun cas négliger pour sauver d'éventuels apparences. Ce sentiment d'insécurité était pleinement justifié et relevait d'une simple question de logique qui aurait du effleurer toutes les lèvres d'employés compétents et un tant soit peu méfiant. La nomination de Scrimgeour indiquait de soit un ministère plus actif si ce n'était efficace et il semblait naturelle que la cible de tous les mots de l'Angleterre et du monde possède quelques informateurs bien placés pour suivre les évènements. Le ministère était affaibli par la dure crise traversée, tangible, facile a gagner et profondément divisé. L'assassinat d'Amélia Bones, prédécesseur de la jolie russe, pouvait signifier en soit deux choses : soit l'acte d'une petite troupe de mangemorts fanatiques qui tiraient sur toute cible pouvant évoluer en menace, soit Bones avait fouiner un peu trop près d'une plaie qu'il fallait ouvrir avec vigueur, provoquant une inquiétude suffisamment considérable pour amener a sa mort. Plutôt solution numéro une mais... Mais en ce genre de période, toute piste était bonne à explorer. Peut être aurait elle du se sentir menacée par cette récente nomination. Beaucoup trop de peut être au goût de la Russe qui n'aimait ni les hasards, ni les compromis et tranchaient bien mieux dans le concis et le catégorique.


« Мама
Tss, Brandon va revenir, c'est sûr ! »
riposta la vieille femme, les yeux agrandis par l'anxiété. « C'est sûr... » répéta -elle en échos plein d'espoir.
« Très bien... »

Elle n'insista pas. Nous avons tous regarder les feux de l'amour, à un instant ou à un autre de notre existence, lorsque le regard se pose sur des images d'une évidente niaiserie. C'est un remède efficace que le feuilleton télé a l'eau de rose, qui fonctionne aussi bien que la boisson pour certain et qui offre le réconfort idéaliste de bon nombre de ménagères, d'adolescentes en quête du grand amour avant qu'elle ne découvre que les hommes ne représentent qu'un ramassis d'idiots. Les femmes aussi souvent. Alfreda avait toujours été répertoriée comme enfant de moldue. A Poudlard et ce, la bleue et bronze de cette époque avait connu les railleries de sang pur et avait compris non sans une pointe d'amertume que ses origines constituaient un sujet doucement sensible sous la couche de désintérêt. Alfreda saisit un sac, une écharpe mal tricotée et un élégant manteau italien sur le tailleur froissé qu'elle portait depuis la veille et quitta l'appartement désordonné. Le rendez vous avait été fixé un peu plus tôt dans la matinée. Depuis plusieurs jours, la jolie russe avait cherché a connaître d'avantage son département. La chose était délicate puisque les employés étaient nombreux et elle s'était contenté de serrer aux hasards des choses une poignée de mains, se présenter et demander des noms sans chercher à aller plus loin généralement avant de donner de nouvelles instructions a exécuter dans les prochaines semaines. Elle avait finalement sélectionné quelques collègues dont elle nécessiterait les services futurs et avait prit la décision fructueuse de déblayer le terrain. April Wineulêês avait été la première sur une longue liste de personnages plus ou moins influents a rencontrer.

« Alfreda ?
Marlen... J'peux savoir ce que tu fous ici ? »
grommela la russe en enfonçant ses mains dans ses poches.
« Ta mère m'a dit qu'elle était chez toi en ce moment »
« Et ? Aux dernières nouvelles, tu n'as pas donné signe de vie depuis... »
« J'étais occupé. Mais je ne te mentirais pas. Elizaveta m'a dit que tu avais la main un peu lourde sur la bouteille et les cigarettes ces derniers temps »
répondit le jeune homme avec un sourire compatissant tout ce qu'il y avait d'exaspérant.

Marlen était l'un des rares amis de la famille a avoir emménager sur la côte Anglaise. Trentenaire souriant et enclin a la conversation, ancré dans les vieilles traditions et amateur du thé vert qui faisait la tradition, la jeune femme le trouvait totalement détestable. Son ombre protectrice, ses manière et son ton conciliant et paternel mettait ses nerfs a vif mais elle n'était pas surprise des raisons de sa venue. Gregovitch mère avait été autrefois convaincue de la bonne influence de Marlen et si elle perdait aujourd'hui la mémoire et flanchait sérieusement, elle était encore capable d'apercevoir les bouteilles de verre entassées dans un coin de l'entrée. Congédiant Marlen d'un signe de main, d'une remarque acerbe et d'une remarque acide, elle reprit une route silencieuse et envisageait sérieusement de mettre un terme immédiat au séjour de sa mre chez elle lorsqu'elle aperçut la devanture du chaudron baveur. Le lieu lui avait semblé idéal, loin de l'ambiance morose qui planait régulièrement sur les bureaux et différent des lieux miteux ou elle traînait d'ordinaire et descendait les paquets de clopes sans vraiment s'en rendre compte. La boisson qu'on y servait n'était pas meilleure qu'ailleurs mais les torchons a l'aide desquels on nettoyaient les verres étaient à peu près propre et les carreaux laissaient pleinement filtrer la lumière.


Ressortez pendant qu’il en est encore temps, fuyez ! Fuyez ce lieu de débauche peuplé par les créatures du malin, fuyez malheureuse !
Pardon ?
Ils arriiivent, ces démons envoyés par le diable. N'entrez pas ! »


La jeune femme leva les yeux au ciel, décontenancée, analysant une situation qu'elle n'avait pas du tout prévu. De près, sa mystérieuse interlocutrice ressemblait vaguement à ces gros poissons d'eau de mer colorés et chatoyants, enveloppée dans une bonne semi douzaine de châles criards et dont les yeux de crapaud étaient déjà considérablement agrandis par d'énormes lunettes lui dévorant la moitié du visage. Outre une tenue vestimentaire aussi peu élégante que conformiste, la cinglé roulait de ses yeux globuleux et proférait une série de menaces sur un ton de mauvais acteur de mélodrame, glapissant et agrémentant sa plaidoirie de grands gestes amples de ses bras maigres. Bras qui évitaient miraculeusement le visage de la russe. Alfreda avait déjà vu des séniles et des miséreux, mais la vieille folle battant ridiculement des bras battait tous les records jusqu'à présent savamment établis. Parler ainsi de l'apocalypse a venir et des seigneurs du malins ne pouvaient relever d'un esprit sain et la vieille fille puait le xerès bon marché. Aussi, deux solutions, ou plutôt trois s'offrait à Alfreda : la première était d'ignorer la vieille folle et ses moulinets grotesques et de passer son chemin, la seconde de lui foutre un point dans la yeule pour la faire taire était tout aussi tentante et la troisième était un test pure d'improvisation pour la faire partir. Oscillant dangereusement du côté de la numéro deux, la jeune femme se contint néanmoins et, pointant son index sur un point invisible avec un sourire arrogant, adressa a la vieille folle.

" Là, le diable ! " lança au hasard la jeune femme. Mouais… Pas franchement élégant ni franchement utile mais la vieille folle écarquilla des yeux d'un air horrifiée pendant plusieurs minutes, jetant fréquemment des coups d'œil de part et d'autre de la salle.
" Ne vouuus moquez pas ! Ils sont là… Partout… Ils approchent… ". La dingue désigna de son index une table où trois inconnus discutaient avec animation. " Euuuux : ils parlent du seigneur avec amour… Oh ouiii… "
" J'en doute pas mais vous commencez sérieusement a m'emmer… "
" Un problème ? "
" Aucun, tu connais une Wineulêês ? "
" Oui, elle vient souvent et doit avoir la main sur la vodka aussi lourde que toi "
Ironisa Tom en mimant un goulot imaginaire. " Elle s'est posée par là. Vous vous connaissez ? " Interrogea le barman en levant un sourcil surpris.
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