Romilda en était certaine. Pour savoir si elle sera heureuse en amour, aura beaucoup d'enfants, se mariera avec l'homme parfait, etceterra, ecteterra... Il fallait qu'elle aille en divination. Cette option était parfaite. Peut-être qu'elle apprendrait par le plus grand des hasards, en lisant dans une boule de cristal, que l'homme avec qui elle se marierait se nommerait Harry de son prénom, et Potter de son nom, bien sûr ! Si seulement elle découvrait cela, elle ne se priverait pas pour le répéter à tout le monde. Et si c'était écrit, le survivant n'aurait pas le choix ! Quelle vie merveilleuse elle pourrait avoir ! De la célébrité, de la reconnaissance, la beauté (selon elle, elle l'avait déjà :sifle: ), l'intelligence (même remarque que parenthèse précédente)... Elle aimait Trelawney et ses cours rien que pour en savoir plus sur cet avenir glorieux que le destin lui réservait. Bien sûr, elle n'y comprenait pas grand chose et s'arrangeait toujours pour beaucoup inventer mais tout le monde le faisait alors, elle était normale.

Après avoir grimpé toutes les marches, il fallait se payer un parfun entêtant. C'était comme ça, il fallait souffrir pour savoir tout de son avenir glorieux. Et puis le sport, c'était bon pour la ligne ! Même si la jeune fille n'était pas jolie (mais pas moche non plus), au moins, elle ne serait pas grosse.

Bonjour Madame Trelawney. dit-elle aussitôt sa tête passée à travers la trappe. Puis elle demanda sans aucune gêne :
Vous lisez quoi de beau ?

Après avoir fait preuve de politesse, Romilda alla s'asseoir à côté de Mathias qu'elle reconnaissait car il était de son année... Elle n'avait jamais profité de cette occasion pour lui parler mais peut-être qu'aujourd'hui, au bout de quatre ans, ce serait enfin le moment. Le garçon était assez mignon et après tout, si Harry ne voulait pas de Romilda, peut-être faudrait-elle qu'elle ait une roue de secours. Un mari, c'était le plus important dans la vie, et il fallait qu'elle travaille dès maintenant pour trouver le meilleur de tous les maris, et qu'il veuille bien d'elle en plus !

Salut Mathias ! dit-elle alors en s'installant sur le pouf juste à côté de lui et en lui lançant un grand sourire.

La minute où Mathias se retrouva seul à seul avec le professeur Trelawney sembla durer une éternité... Surpris que la vieille femme lui ait envoyé en pleine face l'éventualité d'une absence de talent chez lui, après toute une année passée ensemble à faire des prédictions en tout genre, le Serdaigle ne sut quoi répondre. D'ailleurs, peut-être était-ce la meilleure solution: garder silence. Il arrivait souvent que le professeur oublie jusqu'au nom de l'ancien Préfet entre deux cours... De ce point de vue là, on ne pouvait qu'affirmer que le petit professeur Flitwick était plus proche de ses élèves que la voyante édentée...

Fort heureusement, l'arrivée d'une grande Serdaigle vint briser ce moment de silence. Si Mathias pouvait affirmer qu'il connaissait la plupart des Serdaigle d'année égale ou inférieure à la sienne, il devait reconnaître que ceux qui étaient en deuxième ou troisième année lors de sa répartition lui étaient totalement étrangers... Aussi ne trouva-t-il pas, dans sa tête, le nom de sa camarade de maison. Elle fut suivie par Zélie, l'une des rares qui échappait à la règle énoncée précédemment. D'ailleurs, avec Néoki, elle était peut-être la seule... Mathias lui fit un petit signe de la main, en souvenir de leurs matchs de Quidditch, avant de se faire accoster par Romilda Vane. La jeune fille de Gryffondor partageait les mêmes cours que lui depuis des années, mais jamais les deux jeunes n'avaient vraiment fait connaissance. Si au fond Mathias n'avait absolument rien contre elle, elle semblait même plutôt sympathique, le fait connu qu'elle était l'une des grandes admiratrices de Harry Potter l'exaspérait. Mais depuis qu'Orion avait lui aussi droit à sa bande de fans hystériques, le ressenti du Serdaigle s'était un peu calmé, bien qu'il ne croit toujours pas un mot du charabia du sois-disant Elu.

Salut, Romilda! répondit de la même façon Mathias, en souriant à la jeune fille.

Vint ensuite la proie principale de la Gryffondor, suivi par son meilleur ami Ron Weasley. Mathias ne le connaissait pas bien, tout au plus avaient-ils échangé quelques mots l'année précédente. Le Serdaigle avait découvert, à sa grande surprise, une part de souffrance quant à l'amitié du rouquin avec le Survivant. Mais jamais les deux garçons n'avaient eu l'occasion d'en reparler.

Après une superbe prédiction dramatique du professeur Trelawney, à laquelle Mathias ne put s'empêcher de frissonner pour l'intéressé, un autre rouquin s'engouffra par la trappe de la salle de divination.

*C'est pas vrai... Dites moi que je rêve...*

William venait de pénétrer en cours de Divination, une option qu'il n'avait pas suivi l'année précédente. Le Serdaigle détourna aussitôt le regard. Il avait espéré échapper à la compagnie du Préfet pendant ces deux heures, mais visiblement, le Destin avait décidé de rendre sa tentative de "coupage de pont" plus délicate. Heureusement, le rouquin alla s'installer plus loin, et Mathias poussa un petit soupir de soulagement: il aurait été difficile de ne pas parler au Gryffondor si celui-ci s'était mis près de lui et Romilda.

Se tournant vers cette dernière, il ne put s'empêcher, amusé, de lui lancer un petit commentaire.

Et bien, voilà l'amour de ta vie, lui chuchota-t-il en désignant Harry de la tête.

[HJ: Je sais que Harry n'a pas posté, mais Ron a annoncé son entrée en RP, alors je fais comme s'il était là :sifle: ]

[hj: Mathias, Ron: pour faire croire à Trelawney qu'elle est une grande voyante je voulais arriver en retard, Sybille me l'a très gentiment demandé mais ça paraît illogique maintenant que vous avez dit que j'étais là, rassurez-vous, ce n'est pas grave. Je vais dire que Mathias a remarqué mon perso sur le seuil de la trappe, avant de monter, que Ron le croyait à ses côtés car il le suivait de près... Mais mon perso va être retardé juste après, quand vous rentrez, j'espère que ça vous conviendra ]

Le couloir était presque désert car tout le monde était allé en cours. Apparemment les élèves prenaient au sérieux la ponctualité, sans doute à cause des points qui risquaient d'être retirés à leur sablier dans le cas échéant. Harry avait vu le panneau d'affichage, les Gryffondors étaient devant mais c'était serré. L'adolescent s'intéressait maintenant moins à la course entre maisons parce qu'il avait des choses plus importantes auxquelles penser-ce n'était pas par orgueil, du genre " pffft tout ça ce n'est plus de mon niveau" mais juste qu'il ne pouvait pas avoir la tête partout. Ainsi le sorcier prenait-il garde à ne rien perdre mais ne cherchait pas spécialement à en gagner non plus. Quand une question facile se présentait le Brun répondait mais sinon il ne fouillait pas son esprit dans le vain espoir de grapiller quelques points écarlates...Harry ne parlait plus pour rien maintenant, tout était pesé pour veiller à le maintenir dans la meilleure forme possible afin de joindre les deux bouts.

Le travail scolaire était difficile et Harry ne se payait plus le luxe, maintenant, d'accumuler du retard comme les années d'avant en flânant. C'était devenu un élève appliqué qui faisait ses devoirs le soir et apprenait ses cours. Sans être comme Hermione, le Survivant accordait tout de même beaucoup moins de temps aux loisirs. Il fallait se canaliser car la fatigue était grande même en s'économisant. Les devoirs le soir, les retenues avec Rogue chaque semaines et ses nuits presque toutes blanches à cause de ses cauchemars...Même en journée ses maux de tête se déchaînaient parfois, sans signe avant coureur contrairement à avant. Sans parler de Voldemort levant une armée, les réunions de l'Ordre du Phénix! Heureusement l'adolescent n'était pas seul, il était conscient d'être beaucoup entouré et vouait une reconnaissance éternelle à ceux qui combattaient les ténèbres et le soutenaient personnellement comme ses amis.

Le jeune sorcier marchait près de Ron, juste derrière les pas du grand rouquin, en silence. Ni triste ni joyeux forcément, juste fatigué. Le garçon n'avait pourtant pas fait de mauvais rêves cette nuit mais on ne récupérait pas d'un claquement des autres durant lesquelles son vieux cauchemar greffés à d'autres venaient lui rendre visite. Au seuil de la trappe le Gryffondor remarqua que Mathias Deinan le regardait. Harry connaissait son nom car c'était un préfet. Se demandant bien ce que dernier lui voulait l'adolescent lui rendit un regard intrigué par-dessus ses lunettes rondes...A ses côtés Romilda Vanes la fan folle de service lorgnait également de son côté. Le jeune sorcier se sentit gêné par cette attention de la part des deux personnes et détourna finalement la tête; agrippant en dernier les barreaux de l'échelle.

Mais alors que le corps de l'un de ses camarades de classe se hissait en haut de la trappe Harry sentit une violente douleur à son front, si soudaine qu'elle lui fit instantanément lâcher l'échelle qu'il avait commencé à empoigner pour reculer de quelques pas, effrayé. Le Brun s'éloigna un peu pour retourner dans le couloir et se laissa tomber par terre, assit en vrac. Heureusement personne ne passait par là. Le Survivant essayait de maintenir ses yeux ouverts comme pour échapper aux visions furtives mais horrifiques qui accompagnaient toujours ces douleurs lancinantes comme si ce n'était pas suffisant. Peine, perdue, même les paupières ouvertes ces dernières réapparurent; cependant Harry ne faisait même plus attention aux images tant elles lui étaient familières. Le Survivant ne broncha même plus en voyant la langue de Nagini sortir de l'énorme gueule de l'animal comme pour le happer; pas plus que la vision de Voldemort lui-même tant il avait mal. Prostré par la douleur et la fureur l'adolescent se faisait l'effet de quelqu'un atteint d'une maladie grave en proie à l'une de ses crises. Il porta une main à son front, brûlant, mais seulement à l'endroit de sa cicatrice, ce qui indiquait qu'il n'avait pas de fièvre.

Le Gryffondor savait maintenant que tous ses camarades étaient rentrés depuis deux bonnes minutes, alors que la douleur disparaissait enfin, le jeune sorcier à la limite de rendre son petit-déjeuner à cause de la souffrance infligée s'accorda trois minutes de plus pour souffler et redresser la tête. Il espéra que son teint avait reprit un peu de couleurs mais c'était loin d'être évident. Se redressant enfin le Survivant regarda sa montre; 6 minutes de retard mais il s'en fichait, ce qui le faisait frissonner c'était d'imaginer qu'arrivé en avance cette crise aurait eu lieu en début de cours; autrement dit, la charmante perspective de se donner en spectacle une fois de plus. N'y songeant plus et se consolant en se disant que Sybille Trelawney n'était pas du genre à enlever des points le Gryffondor attrapa l'échelle et y monta plus ou moins résolument, rejoindre sa place à laquelle il aurait déjà dû être depuis un bon bout de temps.

« Quelqu’un va arriver en retard, j’espère qu’il aura le temps de rattraper le début du cours. »

Cette petite pièce confinée était propice aux échos, aussi Harry entendit-il la prédiction de la professeur et sourit légèrement. Trop contente d'avoir eut raison cette dernière ne lui enlèverait pas de points. En effet, même si Harry donnait moins d'importance à la course pour la coupe il essayait tout de même de ne pas de perdre de points et tentait encore de répondre de temps en temps, comme ça, aux réponses assez faciles ou de son ressort pour soutenir encore sa maison à laquelle il était très attaché. Le jeune sorcier grimpa encore puis apparut le plus discrètement possible par la trappe; courageusement il sourit à Trelawney. Harry aurait put la vanter , lui dire: " Oh professeur, j'ai entendu votre prédiction du bas, comme vous êtes douée" et gagner plusieurs points mais le sorcier n'était pas ainsi. Il détestait la fausse flatterie qu'affectionnait tant ce drôle de personnage de Slughorn. Aussi avec une mimique d'excuse le sorcier s'assit en prononçant un

-Bonjour professeur, désolé furtif et discret pour ne pas déranger la classe.

Le jeune sorcier passa ensuite parmi les rangs, sans doute encore un peu pâle et frissonnant malgré la chaleur étouffante des lieux mais il n'y prit pas garde, en effet le Brun se sentait beaucoup mieux que tout à l'heure, s'en était devenu tout à fait supportable. Il salua d'un signe de tête et d'un sourire le peu d'élèves présents sans oublier personne par politesse; même Romilda qui l'effrayait autant que l'agaçait y eut le droit ainsi que Mathias qui le détestait vraiment. Puis, toujours sans faire trop de bruit, essayant de se faire tout petit il s'assit juste à temps pour sortir ses affaires et écouter la folle, qui malgré tout, lui était devenue sympathique à force. C'était une charlatan mais bon, elle n'était pas méchante; et puis ce que lui avait fait Ombrage avait inspiré la compassion à Harry; ce n'était pas " les ennemis de mes ennemis sont mes amis mais presque"...Et pour finir, au fond, ses cours n'étaient pas trop agaçants bien qu'inutiles, ils s'amusaient bien au moins! Harry s'était assit à côté de Ron qui avait eu la si chic idée d'ouvrir la fenêtre, pas si loin du coup de la fan hystérique...Espérons qu'elle ne délire pas ou sorte quelque chose d'invraisemblable encore car le Gryffondor se sentait encore moins enclin à le supporter. Il l'avait vu à l'oeuve à la soirée d'intégration hein !

« Très bien aujourd’hui nous allons étudier les boules de cristal. Faites-y très attention. Un élève qui fera tomber sa boule de cristal fera perdre dix points à sa maison ! C’est l'objet divinatoire le plus important, je vous fais donc confiance… »

Le sorcier regarda la boule qui venait d'attérir près de lui et ne vit que du brouillard mais c'était plutôt reposant, il se concentra sur les veloutes pour oublier les images et la douleur insoutenable quelques minutes plus tôt et à leurs conséquences

« Très bien qui peut me donner une définition de l’objet divinatoire boule de cristal et me rappeler quels furent les premiers prêtres à s’en servir ? »

Machinalement Harry fouilla son esprit pour voir si la réponse n'y voguait pas, entre deux souvenirs perdus, histoire de ne pas penser à sa situation d'il y a cinq minutes; toujours dans la même optique l'adolescent construit sa phrase, ce qu'il connaissait de la définition et des premiers prêtres à s'en servir...le Survivant avait apprit ça il y a quelques jours, en effet depuis que Harry était plus sérieux dans ses études il essayait de ne rien laisser abandon même si c'était très tentant il faut le dire.

Toujours dans l'optique illusoire d'oublier ce qu'il venait de vivre, dans l'espoir de devenir un élève comme un autre sans nul autre souci que d'apprendre ses leçons le Gryffondor décida de répondre, comme si sa propre voix récitant le parchemin apprit pouvait effacer celle sifflante et hargneuse de Voldemort qui avait raisonné dans sa tête dans le couloir. Il réfléchit encore un peu pour ne pas dire de bêtises, ravi d'endosser pour cette fois l'image de l'étudiant qui n'a rien d'autres à faire que de s'appliquer dans ses exercices, sa voix était plutôt légère et sans prétention; pas vraiment sûre d'elle, il faut dire aussi que c'était la première fois que le garçon participait de sa propre volonté, sans être interrogé au cours de Trelawney, il leva la main et répondit donc:

-Les premiers prêtes à se servir d'une boule de cristal sont les prêtres des peuples celtes, plus communément appelés Druides. -Harry revit dans sa tête, en un flash la bouille sympathique de Panoramix ( même si lui n'utilisait pas la boule de cristal) le druide gaulois dans Astérix, une BD que lisait Dudley, et Harry occasionnellement, en fraudant. Oui c'était déjà beaucoup mieux que la tête de Voldemort- Et sinon, pour la définition on peut dire que les boules de cristal, constituées plus souvent de verre, sont censées avoir une capacité hypnotique dans le cadre de la pratique de la voyance-Harry réfléchit, laissant passer un petit silence afin de se remémorer son cours, se battant pour se souvenir des mots inscrits sur son livre de divination, maintenant qu'il avait commencé, le Survivant voudrait bien aller réussir à aller jusqu'au bout quand même-Utilisée à l'origine par les diseuses de bonne aventure venues d'Inde la boule de cristal est devenue une technique très répandue mais parfois peu fiable car sujette à de multiples interprétations selon les personnes, La voyante doit regarder à l'intérieur et interpréter les ondes et les vapeurs animées qui apparaissent, jusqu'à ce qu'apparaissent des sortes d'ondes ou des vapeurs animées. La voyante doit ensuite interpréter le mouvement de ces ondes. Parfois il se peut qu'elle aperçoive des formes ou des couleurs significatives. Certaines formes ou volutes ne peuvent pas être interprétées selon le point de vue de chacun car ce sont des signes universels, les bases de la voyance dans les boules de cristal.

Le sorcier regarda Trelawney par-dessus ses verres correcteurs, comme intimidé soudainement d'avoir osé participer. En prévoyance Harry regarda ensuite Ron d'un air de dire "ben quoi, je connaissais et j'avais envie de faire gagner des points à Gryffondor" d'un air plus ou moins convaincu. Maintenant au moins, il ne pensait plus à sa crise du coup et c'était très bien ainsi. mais il devait une explication au rouquin qui avait dû être surprit en tournant la tête de ne plus le voir. Il n'avait pas envie de lui mentir mais non plus de sentir peser sur lui le regard inquiet/intrigué de son meilleur ami...Il ne venait pas de faire tous ces efforts pour oublier ça pour rien quand même. Harry négocia avec sa conscience

*Plus tard, je lui dirai, après le cours, de toute façon, vu ma tête en rentrant, même pas sûr qu'il croit à mon mensonge*

-Désolé-glissa-t-il tout bas pour que nul ne les entendent-Ron-un petit empêchement-Ah et bien voilà; encore mieux ! Harry n'avait même pas menti du coup, il laissait Ron choisir son option. Le Gryffondor revint ensuite à la prof qui ne tarderait sûrement pas à répondre à sa prestation: alors, ces deux réponses? bonnes ou mauvaises ?

[hj: source: >>Cliquez ici<< mais aussi beaucoup d'invention de ma part pour étoffer et ne pas seulement copier coller...Invention que j'ai voulu logique bien sûr. Mathias, Ron si vous avez un problème avec mon idée n'hésitez pas à me le dire, tout comme Sybille car j'ai voulu vous "satisfaire" tous les trois^^ ]

[Aucun soucis, j’ai un peu modifié mon post précédent ]

Malgré la fenêtre ouverte, en dépit de la plongée profonde dans des pensées fraîches, Ronald transpirait comme un bœuf. De mémoire de sorcier, il n’avait jamais connu le feu de cheminée de Trelwaney éteint. Il brûlait constamment, crépitait avec force dans l’âtre rongé de suie, diffusait des vapeurs infernales qui diminuaient la concentration. Autant la pièce s’avérait supportable en hivers – elle était même plutôt bien accueillie, au vue de la température des couloirs – autant l’été était un véritable supplice. Tout n’était qu’une bulle de maladie, de contagion et de sueur. Une forêt tropicale de poufs et de boules de cristal. Boules de cristal qui, ceci annoncé au passage, étaient bouillantes quand il s’agissait de les manipuler. En ce moment même, le climat se voulait lourd, chargé de pluie et de la condensation décorait les vitres. D’un geste presque machinal, Ronald passa une main sous sa chemise, la décollant de son torse trempé.

Puis, enfin, de sa voix de porte qui grince, le professeur Trelawney ouvrit la danse par une prédiction ; annonçant avec lenteur un retardataire. Ron esquissa un très léger sourire, souffla du coin des lèvres :

- Ben tiens ! Je parie deux Patacitrouilles qu’elle a vu venir un Scroutt en short.

Il tourna la tête pour partager un habituel fou rire avec Harry mais, cette fois-ci, l’hilarité mourut dans sa gorge. Il n’y avait, pour lui répondre, qu’un siège désespérément vide. Pas de Harry. Enfin, c’était insensé, il le suivait dans le couloir, il l’avait même vu passer la trappe… Promenant un regard rapide sur les autres tables (impossible qu’il se soit assis à côté de quelqu’un d’autre), il ne distingua aucune paire de lunettes et se laisse aller contre son dossier d’un air déçu. Un peu d’inquiétude le prit, aussi. Peut-être Harry avait-il eu le besoin pressant de vider sa vessie ? Ou peut-être avait-il filé – pour il ne savait quelle raison – à l’infirmerie ? Il n’eut guère le temps d’éclaircir l’énigme que Trelawney annonça le sujet de la séance de cours.

- Très bien aujourd’hui nous allons étudier les boules de cristal.

Erk, encore ! Un soupir sonore aurait été le bienvenu, mais il n’avait pas vraiment le cœur à ça. Chaque fois, Ronald ne parvenait à y voir que son propre reflet. Au pire une tache de poussière, promesse d’une fin du monde sanglante. Pour couronner le tout, les volutes de fumée dansant au sein du globe lui donnaient la nausée. Petite mesure de sécurité de la part de la médium : ne pas casser les artefacts. Ben tiens ! C’est évident voyons ! Et pas besoin de fixer Ron comme ça, il n’était pas attardé. Qu’elle s’adresse à Neville aurait encore paru plausible, mais à lui, si précautionneux et délicat… Et puis, frappant le calme ambiant d’un grincement, la trappe s’ouvrit. Une tête dépassa, hirsute, les lunettes de travers. Harry Potter. Consternation générale, ce n’était pas vraiment son habitude d’arriver en retard. Pour ajouter à l’insolite, une lueur de triomphe brilla dans les yeux rétrécis de Trelawney. Ouais, ouais, c’est bien, vieille chouette, t’as réussi à prévoir UN truc. Et après ? Ronald lui prédisait de resserrer son châle dans les dix prochaines minutes, pas besoin de quarante-deuxième œil pour le deviner. Harry s’assit à la hâte aux côtés de Ron – sa place toute légitime – et tenta vainement de se faire oublier.

- T’étais où, bon sang ? murmura le Gryffondor sur un ton de reproche.

Mais Harry leva la main, ouvrit la bouche et déblatéra un baratin incompréhensible sur les Druides et compagnie. Les yeux de Ron étaient maintenant tellement ronds que l’on les confondait avec la boule de cristal. Qu’est-ce qui lui arrivait, aujourd’hui ? D’abord il attirait toutes les attentions par son entrée remarquée, ensuite il jouait les intellectuels en volant les réparties d’Hermione. L’espace d’un instant, il le soupçonna même d’être quelqu’un d’autre, dissimulé par une bonne dose de Polynectar. Par dessus le marché, Môssieur avait usé d’un vocabulaire pédant. Eh bien ! A ce rythme, il allait devenir meilleur ami avec Ernie McMillan. Histoire de lui vérifier l’état de sa santé mentale, le rouquin articula du bout des lèvres :

- Mais qu’est-ce qui t’arrive aujourd’hui ?

Sur quoi Harry ne fit que justifier son retard par un « petit empêchement ». Ouais, ben c’est ça…

Ron était fâché apparemment. Le Gryffondor hocha doucement la tête et regarda ailleurs, plus précisément par la fenêtre. Ses yeux verts se posèrent sur le rebord, ne s'en détachant plus avec un moment. Une lueur triste passa vaguement dans ses prunelles d'émeraude. Toutes ces "conneries" les éloignaient peu à peu, transformant le simple en complexe or une amitié se devait d'être simple pour survivre...Non? Peut-être mais alors elle se devait d'être vraiment très solide; et lui, eux, le seraient-ils suffisamment ? Au rythme où cela allait Harry serait mort avant même de rencontrer Voldemort à cause de l'une de ses crises tiens... Le Rouge et Or craignait surtout qu'il arrive la même chose qu'en 4 ème année; Ron aimait qu'on le regarde, avoir l'attention et si on en offrait trop à son meilleur ami il pouvait très mal réagir...Pour preuve la coupe de feu, cette foutue coupe de feu avait failli les séparer bêtement.

Le jeune sorcier finit par redonner son attention au rouquin, abandonnant le rebord de fenêtre, qui lui au moins, ne le jugeait pas. Il était décidé à lui dire la vérité, quand la prof aurait tourné le dos tout du moins et par écrit. L'adolescent attrappa sa plume et son livre, faisant semblant de noter quelque information intéressante. Comment expliquer à Ron qu'il avait cherché à se souvenir de cette stupide leçon pour protéger son esprit ? A Qu'à ce rythme il craignait non pas de passer pour un fou ? Mais de le devenir ? Le Survivant se doutait aussi que cette histoire devait énerver son meilleur ami. Lui-même commençait à en avoir assez de voir Voldemort s'incruster dans leurs conversations quotidiennes; il aurait voulu qu'on l'oublie lui, qu'on mette Ron sous les feux des projecteurs puisque c'était important pour le Rouquin...Mas bon, il ne pouvait pas faire autrement n'est-ce pas ? Le Brun, résigné commença à écrire sur un bout de parchemin.

- Mais qu’est-ce qui t’arrive aujourd’hui ?

Citation :

"Dans le couloir, avant d'entrer il s'est passé tu-sais-quoi. Encore plus fort que d'habitude, horrible...Désolé pour le récitage du livre de voyance mais c'est le seul truc que j'ai trouvé pour me sortir les images de la tête".

Le jeune garçon tendit la feuille à son ami; on pouvait parler dans ce cours, chuchoter tout du moins mais ceci ne devait pas l'être; on n'était jamais trop prudent. Accompagnant son message le Survivant offrit un regard sincèrement désolé à Ron. Les images sous-entendait des visions cauchemardesques à la limite du supportable et son meilleur ami le savait; pourvu qu'il comprenne...Le Gryffondor reprit soudain la feuille et inscrivit

Citation :

"C'était peut-être nul, mais c'est tout ce que j'ai trouvé, me remémorer ce fichu chapitre pour me calmer. Je ne voulais pas t'inquiéter ou encore moins ténerver avec ça"

Avant de rendre définitivement le parchemin à Ron, il n'y avait rien d'autre à ajouter... Harry reporta son attention sur la prof en attendant, n'ayant rien d'autre à faire.

Harry avait tourné la tête, plongé dans les pensées virevoltantes de l’extérieur. Ronald ne pouvait apercevoir son visage, donc ne pouvait en traduire une émotion. L’espace un instant, il craignit de ne l’avoir vexé - peiné, peut-être. A parfois s’élever en pointes de jalousie, de « regardez-moi, j’existe aussi », il allait finir par fissurer la carapace de son amitié. Or, il n’y tenait absolument pas. Une erreur semblable s’était déjà produite en quatrième année et avait failli se terminer par des répercussions irréparables. Il s’apprêtait mentalement à formuler une excuse quelconque lorsque Harry s’empara d’un morceau de parchemin et y griffonna avec frénésie. En ambiance de fond, la voix éthérée du professeur Trelawney berçait les esprits peu vigilants. Pianotant sur son bureau avec impatience, Ronald tenta vainement de regarder par-dessus l’épaule de son meilleur ami mais en vain. Le Survivant se tenait bien penché sur sa feuille, dans une position d’écriture assez discrète pour échapper à l’attention générale. Même Romilda Vane n’y trouva aucun intérêt. Dans un bruissement discret, le morceau de parchemin s’imposa sous le nez du rouquin :

Citation :

"Dans le couloir, avant d'entrer il s'est passé tu-sais-quoi. Encore plus fort que d'habitude, horrible... Désolé pour le récitage du livre de voyance mais c'est le seul truc que j'ai trouvé pour me sortir les images de la tête".

Plus que l’excuse, ce fut le mot « tu-sais-quoi » qui heurta la rétine de Ronald. Il sursauta presque, ne parvenant à se contenir qu’en remuant nerveusement sur son siège. Il fixa avec une attention respectueuse la cicatrice de son meilleur ami. Elle paraissait normale, blafarde mais inanimée. S’était-il attendu à la voir briller d’une lueur incandescente ? Ne sachant que dire, que murmurer d’encourageant, il se contenta de poser une main compatissante sur l’épaule de Harry. Cela valait bien tous les discours du monde. Le regard à la fois navré et reconnaissant qui lui fut échangé en retour lui permit même un sourire.

Second papier :

Citation :

"C'était peut-être nul, mais c'est tout ce que j'ai trouvé, me remémorer ce fichu chapitre pour me calmer. Je ne voulais pas t'inquiéter ou encore moins t’énerver avec ça"

Il avait, en plus, la délicatesse de justifier son élan de savoir. Plus que jamais, Ronald saisit toute l’importance d’une compréhension mutuelle, qui se passait de mots. Il saisit sa plume, la trempa vivement dans l’encre, et répondit par écrit :

Citation :

Aucun soucis, vieux. Mais ne me fais plus jamais ça sans prévenir, ou c’est l’aller simple pour Sainte-Mangouste.

Il valait mieux traiter ce sujet avec humour, la Gazette n’en avait que trop abusé l’année précédente. S’assurant que le professeur Trelawney persévérait dans son drame théâtral, il griffonna en guise de conclusion :

Citation :

Je pense que tu devrais le dire à Dumbledore, non ? Ta cicatrice n’est plus sensée te faire mal.

A en croire Lupin, même, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom usait d’Occlumancie à l’égard de son pire ennemi. Si ce n’était pas une preuve de bonne volonté…