En cette fraîche matinée de septembre, alors que la plupart des élèves dormaient paisiblement dans leur dortoir respectif, une jeune blonde de 13 ans venait de se réveiller au sursaut. Elle venait en effet de réaliser qu’elle avait oublié l’anniversaire de sa mère ! Elle avait beau essayer de se rassurer, de se dire qu’elle s’était trompée de date, il n’y avait rien à faire. Elle avait un jour de retard. C’était certain. Et connaissant ses parents, ce genre d’oubli lui vaudrait une punition. L’année dernière, après avoir fait une bêtise, Précieuse avait été privée de la rencontre en tête à tête avec son joueur de Quiddtich préféré lors d’un match officiel. Elle avait dû se contenter d’observer le match de la tribune du ministre de la magie. La pauvre.

Ne voulant pas irriter sa mère, la fillette se hâta de sortir du lit puis se précipita dans son armoire pour en sortir une magnifique plume de collectionneur et une feuille de parchemin de la meilleure qualité. Elle griffonna à la va vite quelques doux mots à l’égard de sa mère et enroula le petit parchemin avec du ruban vert. Le temps pressant terriblement, elle ne prit pas la peine de s’habiller correctement comme à son habitude et se contenta d’enfiler un pull en cachemire par-dessus ses épaules.

*De toute façon il n’y a aucune chance pour que je croise quelqu’un sur mon trajet. A part Rusard peut-être… J’irais me m’habiller et me maquiller dès mon retour*

Et puis, elle n’en aurait pas pour très longtemps. Il lui suffisait de monter les marches et d’aller mettre le rouleau dans le bec de son beau hibou grand duc.

Ce fut donc dans cette tenue inhabituelle qu’elle gravit les marches qui la menait à la volière. Arrivée en haut des marches, elle fit quelques pas en avant et s’arrêta immédiatement en constant qu’elle n’était pas seule. Assis sur le rebord se trouvait le jeune Nott, un garçon de sa maison qui avait au moins trois ans de plus qu’elle. La fillette recula de quelques pas pour qu’il ne puisse pas la voir et observa le garçon aux yeux verts émeraudes. Qu’il était beau avec ses cheveux d’ébènes et sa carrure d’adolescent de 16 ans. Précieuse resta ainsi quelques secondes à l’observer avant de se décider à redescendre pour mettre une tenue plus acceptable.

Elle descendit donc les marches le plus vite possible et se hâta d’enfiler une robe d’été verte et de mettre ses escarpins assortis. Elle coiffa du mieux qu’elle pu ses cheveux blonds et s’aspergea (un peu trop) du dernier parfum que lui avait envoyé sa famille (autrement dit celui qu’elle avait eu la veille).

Il était temps de remonter. L’escalade fut plus difficile qu’à l’aller à cause de la tenue peu adaptée et de la fatigue qui s’était accumulée. Heureusement elle n’avait pas oublié d’amener avec elle son rouleau de parchemin.

Ce fut donc avec une attitude beaucoup plus assurée qu’elle entra dans la volière et se dirigea l’air de rien vers son grand hibou facilement reconnaissable grâce à la petite tâche noire qui trônait au dessus de ses yeux. Jouant les demoiselles inaccessibles, elle l’ignora jusqu’à ce que le grand hibou ait pris son envol, la lettre à son bec. Elle se retourna alors et prit un air étonnée, comme si elle venait de réaliser qu’elle n’était pas toute seule dans la pièce.

« Oh Nott, je ne t’avais pas vu », dit-elle d’un air faussement confus.

Puis elle s’approcha timidement du garçon à la carrure impressionnante et s’assit à côté de lui tout en fixant son regard dans le sien.

« Dis, tu n’aurais pas vu une gourmette en or par terre ? Il me semble l’avoir perdue par ici la dernière fois que je suis venue, » déclara-t-elle tout en détachant et en faisant tomber discrètement la fameuse gourmette sur le sol.

« Qu’est ce qui t’amène ici de si bonne heure ? » ajouta-t-elle précipitamment en réalisant que son visage ne traduisait pas une envie de plaisanter.

Il ne fallu que quelques secondes à Théodore pour récupérer la gourmette que Précieuse avait laissé tomber par terre. Quand il releva sa tête brune et lui tendit l’objet, la préfète lui fit les yeux doux et battit des cils. Puis tendant délicatement sa main vers lui, elle récupéra le bijou du bout des doigts comme s’il s’agissait de la septième merveille du monde.

« Merci infiniment Théodore, tu ne peux pas savoir comment ça me soulage que tu l’ais retrouvée ! Ce bijou a une grande valeur sentimentale pour moi vu qu’il appartenait à mon arrière-grand-mère. Si je l’avais perdu, je ne m’en serais jamais remise, c’est certain ! »

Elle regarda avec amour la parure et se décida à la remettre sur son poignet. En apparence, le petit manège de Précieuse paraissait tout à fait plausible. Cependant, la vérité n’était pas aussi belle puisque la préfète n’en n’avait que faire de ce bijou. Comme sa mère était une collectionneuse de pierres précieuses, la petite blonde possédait des centaines de colliers, bracelets, bagues et pendentifs d’une beauté et d’une valeur largement supérieure à cette simple gourmette en or. Mais avouer que ce bijou ne comptait pas plus que cela à ses yeux aurait rendu cet instant moins magique que dans ses rêves de petite princesse. Son regard se posa sur la chevalière en argent que portait la Serpentard. Elle était vraiment splendide avec sa petite émeraude incrustée. Précieuse avait une irrésistible envie de la toucher mais son éducation la ramena à la raison. Elle renonça à cet acte audacieux pour ne pas faire preuve d’impolitesse face à lui.

Théodore lui annonça ensuite que c’était son cœur et son esprit qui l’avait emené en ces lieux. Précieuse lui répondit par un grand sourire mais si elle se doutait qu’il ne disait pas l’entière vérité. Mais peu importait vu qu’il avait dit ces mots comme un poète qui chante une de ses œuvres. Ce garçon avait vraiment du goût ce qui plaisait énormément à Précieuse.

« Je pense que je me débrouille bien pour une préfète débutante, » déclara-t-elle d’un ton assuré. « J’essaye de guider les nouveaux de notre maison et de les entrainer à rapporter des points pour la coupe. J’ai aussi eu l’occasion d’enlever quelques points à des imbéciles de Poufsouffle qui parlaient un peu trop fort dans les couloirs. Le seul souci que je rencontre actuellement c’est la rébellion de certains élèves plus âgés que moi. Comme je ne suis qu’en troisième année, c’est plus difficile de se faire respecter. Mais bon je m’en sors tout de même bien ! Il suffit de les menacer de leur retirer quelques points pour leur faire retrouver la raison. »

Puis soudain, alors qu’elle lui souriait la bouche en cœur, un hibou vola au dessus d’elle et fit tomber une fiente sur le dessus de sa tête. Précieuse poussa un petit cri d’exclamation en imaginant sa belle chevelure salit par cet excrément. Comment cet horrible animal avait-il osé faire tomber cette immonde substance blanchâtre sur la jolie tête de l’héritière de l’empire McLane ? Cet inconscient n’avait visiblement pas mesuré la gravité de son acte.

« Sale bête, je vais te réduire en cendre, » déclara-t-elle le visage rougi par la colère et ses yeux lançant des éclairs autour d’elle.

Elle sortit sa baguette de la poche de sa robe et la brandit en l’air en signe de défi. L’hibou s’était posé sur un piédestal quelques mètres plus loin. D’un pas décidé, Précieuse s’approcha de lui à pas de loup et tendit sa baguette dans sa direction.

« AVADA… »