On était un lundi de novembre aux environs de sept heures. Ce matin là, comme tous les autres, Lea avait eu bien du mal à se lever. Elle détestait le fait de devoir sortir d'un sommeil réparateur et quelquefois d'un rêve agréable.
S'installant à la table des Poufsouffle avec un grognement digne d'un troll, elle ne remarqua pas que deux premières années ricanaient en désignant ses cheveux en bataille. En effet, la petite fille n'avait pas pris la peine de se coiffer, se disant qu'elle retournerait dans sa chambre sur l'heure du midi pour cette activité. Lea n'était pas une fille sans cesse en train de se scruter dans tous les miroirs qu'elle pouvait trouver sur son chemin, elle préférait s'habiller et se coiffer selon son humeur du jour. De ce fait, son humeur était légèrement mauvaise et son allure s'en ressentait. Ses cheveux bruns se dressaient sur son crâne dans un position risible et ses yeux verts étaient encore à demi-fermés; ses habits semblaient avoir été mis à la va-vite et Lea arborait une chemise particulièrement froissée.
Elle se servit un bol de corn-flakes et un jus de citrouille et s'évertua à glisser quelques sourires amicaux aux alentours.

*Après tout, les élèves ne m'ont rien fait* Songea-t-elle.

Elle jeta un coup d'oeil à ses voisins. Ils ne paraissaient pas plus réveillés qu'elle bien qu'ils venaient d'engager une conversation sur le prochain match de Quidditch.
Lea engouffra une pleine cuillérée de céréales et constata qu'elle avait encore une bonne demi-heure devant elle avant son premier cours de la journée. Elle décida d'en profiter pour entamer le livre emprunté à son père en août. L'ouvrage s'intitulait: "L'épopée de Scirullus McBern" et parlait d'un vieux sorcier ayant effectué le tour du monde. Lea allait entamer sa lecture lorsque quelqu'un lui adressa la parole.

"Je n'ai pas de diminutif pour Lea, c'est bien trop court, mais on me surnomme Nesquick!"

Elisabeth ouvrit des yeux ronds : quel surnom étrange !
Elle se dit que cela devait sûrement avoir un sens pour les sorciers, ou être un surnom affectueux dans leur monde lorsque Léa continua :

"Mon surnom vient de céréales françaises et moldus"

La fillette rit : un surnom d'une boîte de céréales ?! Quelle drôle d'idée ! Et quel rapport avec la jeune Poufsouffle ?
Elle trouvait néanmoins l'idée sympathique et originale ; dire qu'elle-même avait mis plusieurs années à convaincre ses parents de l'appeler autrement qu' " Elisabeth " ou " chérie ".
Finalement, ils avaient fini par l'appeler Betty et elle en était très fière : elle adorait ce surnom.


- Tu connais la France moldue ? demanda-t-elle avec étonnement.

Lea retint un rire en voyant la réaction de la petite fille à l'évocation de son surnom. C'était la même pour tout le monde: la stupéfaction. C'était pourtant un surnom comme un autre pour Lea et elle détestait faire comme tout le monde... Betty avait éclaté de rire à son explication et Lea la rejoignit dans son hilarité. En effet, il ne pouvait qu'y avoir qu'elle dans toute l'école pour se faire appeler ainsi.

"Tu connais la France moldue ?" Demanda Betty après s'être calmé.

Lea acquiesça. Pour sûr qu'elle connaissait le monde moldu, ses tantes étaient moldues puisque son père était un fils de moldus. Chaque année, elle passait le jour de l'an avec toute sa famille et avait droit à toutes les nouveautés du genre.

"Mon père était moldu avant de recevoir sa lettre pour Beaubâtons. Mes tantes et mes oncles du côté paternel sont tous moldus et je les vois chaque année pour le réveillon. Et toi, tes parents sont moldus ou sorciers?"

Lea acquiesça et répondit :

"Mon père était moldu avant de recevoir sa lettre pour Beaubâtons. Mes tantes et mes oncles du côté paternel sont tous moldus et je les vois chaque année pour le réveillon. Et toi, tes parents sont moldus ou sorciers?"

Ainsi elle avait de la famille française. Cela rappela à Betty sa meilleure amie moldue qui venait de France, elle aussi et qui lui apprenait à dire quelques mots en Français. Elle sourit au souvenir de ses tentatives dérisoires pour dire un " bonjour " acceptable.
Quelle drôle de langue...
Et tout son côté paternel était moldu ?! Elle avait eu peur d'être l'une des rares enfants de moldus à Poudlard, mais au fur et à mesure, elle avait découvert que beaucoup de sorciers avaient du sang non-magique dans les veines et qu'elle rattrapait assez vite ses camarades sur le plan scolaire....
Au moins, il n'y avait plus de mathématiques.

" Mes parents sont tous deux moldus répondit Elisa en souriant - elle avait toujours le surnom en tête - Cela m'a fait vraiment bizarre d'apprendre que j'étais une sorcière; j'avoue que je suis encore un peu perdue. Tout est tellement ... différent !

" Oui c'est vraiment bizarre "sourit Elisabeth Mais ce que je ne comprends pas, c'est comment des moldus peuvent avoir des enfants sorciers ?! Et je suis la seule de la famille, ni mes frères ni ma soeur n'en sont... "

Lea ne savait pas vraiment répondre à la question de sa nouvelle amie mais elle se dit que Betty avait probablement raison. C'était singulièrement étrange...Lea ne s'était jamais posé la question mais elle se rendit compte que c'en était une de taille finalement. Elle haussa les épaules et dit tout ce qu'elle pensait à la petite fille face à elle:

"Je crois que si aucun moldu ne devenait sorcier, l'espèce sorcière disparaîtrait et serait sûrement déjà éteinte à l'heure qu'il est. Il n'y a pas beaucoup de sang-purs et ceux-ci se vantent d'en être, comme les Serpentards, mais bientôt ils n'auront d'autre choix que de se marier avec des moldus ou du moins un sorcier d'origine moldu".

Lea jeta un oeil à la table des Serpentards. Sa mère lui avait tant parlé de leurs manières et de leur fierté...Lucy Garden, Gryffondor de son état, n'avait jamais aimé les Serpentards.

" Je ne comprends pas trop, dit Betty. Ils considèrent les moldus comme si inférieurs à eux pour se vanter de ne pas y être mêlés ?"

Il était normal que, venant d'un milieu moldu, Betty ne sache pas vraiment comment se déroulait le monde sorcier. Lea, elle, était parfaitement au courant des complots, des guerres, et des catégories du monde sorcier.

"Oui, ils croient que les moldus sont des êtres inférieurs puisqu'ils n'ont aucun pouvoir magique et ne peuvent pas se défendre. Donc si l'on suit leur logique, ceux d'ascendance moldue seraient moins puissants. C'est un peu le même concept que le racisme chez les moldus". Expliqua Lea avec une grimace tandis qu'elle jetait un oeil méprisant aux Serpentards.

Cela résumait très bien la situation puisque Betty devait connaître ce problème, il ne lui restait qu'à l'adapter aux sorciers.

"D'ailleurs, ce phénomène de racisme s'est aussi établi entre les Gryffondors et les Serpentards", ajouta-t-elle.