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 Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé]
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  • Liliana Vanloock
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MessageSujet: Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé]   Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé] EmptyMer 2 Avr - 8:50:38

Liliana sortit avec un brin de précipitation plus ou moins contrôlé, plus ou moins titubante, de "La Tête de Sanglier", dont elle fit le tour en évitant les obstacles qui se dressaient devant elle par un quasi miracle. Les yeux à moitié clos, courbée en avant et le monde flou, elle ignorait comment elle ne s'était pas retrouvée étalée sur le ventre avant d'avoir atteind le mur arrière du bâtiment, et ne s'en souciait d'ailleurs qu'à moitié. Tout ce qui la préocuppait pour le moment était cette horrible nausée qui l'envahissait, prête à la submerger et, les lèvres pincées, elle tentait de retenir l'arrière goût d'alcool qui remontait déjà dans sa gorge. Ne pas vomir, c'était sa seule et unique pensée, hormis peut-être un "Oh Merlin, pourquoi suis-je aussi bêtement orgueilleuse pour ne pas être capable de reconnaître mes torts ?!" (version littéraire, pour être plus réaliste, c'était plutôt "Ah, j'ai déconné !"). Et pour reconnaître que son orgueil finissait par lui jouer de mauvais tours, c'était qu'elle avait bu bien assez pour une jeune fille de quatorze ans.
Mais quel rapport y avait-il entre le fait qu'elle ne sache pas reconnaître ses torts et celui qu'elle se trouvait en état d'ébriété avancée et prête à régurgiter ses cinq verres de Whisky Pur Feu ? Je vous demande de bien me laisser revenir à quelques jours en arrière et de m'excuser ce flash-black explicatif...

«Tu t'es trompé sur ton devoir, Liliana. Ca n'est pas Maximus Brankovitch III qui a battu le record en attrapant le vif d'or en trois secondes et demi, c'est Roderick Plumpton. »

Liliana sursauta et redressa le menton du parchemin qu'elle relisait, manquant de peu de se cogner l'arrière du crâne contre un torse masculin non identifié. Vous imaginez bien que, détestant être ainsi surprise, ça ne fut pas un regard reconnaissant qu'elle jeta à celui qu'elle reconnu comme étant Elias Jones, un Serpentard de quatrième année qui était réputé pour être un fan incontestable de quidditch. Un garçon pas franchement désagréable, mais pas non plus des plus intelligents selon le jugement de la jolie blonde. Lui qui faisait semblant de tout savoir sur le quidditch et se disait en être tellement passioné, pourquoi ne mettait-il pas ses papotages de côté pour démontrer ses connaissances sur le terrain, dans l'équipe ? Avec une moue navrée des plus sincères, Elias lui avait répondu qu'après s'être retourné le genoux alors qu'il était enfant, il avait gardé une jambe trop faible par rapport à l'autre qui l'handicapait. Ca aurait été son rêve, d'être joueur de Quidditch professionel, lui avait-il dit, les yeux brillants, mais malheureusement, il ne pouvait se contenter que de regarder les matchs en imaginant ce que ça devait faire d'être à la place des joueurs. Touchant. Liliana, les lèvres pincées, avait haussé les épaules et l'avait catalogué sans pitié dans le registre des geignards mythomanes.


« De quoi je me mêle ? Et n'importe quoi, je viens de relire l'Anthologie du Quidditch il y a un quart d'heure, je sais ça, quand même ! »

Depuis le temps, Jones ne semblait toujours pas s'être habitué aux répliques cinglantes de la jolie blonde car, pour la dixième fois en une semaine (petite moyenne, mais il fallait dire que la Miss tentait de l'ignorer depuis qu'il semblait l'avoir prit comme cible pour étaler sa science dont elle se fichait complètement et que les rumeurs s'étaient mise à courir sur l'origine de cette fréquentation soudaine), ses lèvres semblèrent se crisper un instant et son regard s'éteindre.

« J'ai pas besoin de ce bouquin remplit d'aneries pour le savoir, Brankovitch était l'attrapeur des Chardonnerets de Fitchburg et que je sache, il n'est toujours pas mort puisqu'il a participé aux deux dernières coupes du Monde. Plumpton, lui, faisait parti des Tornades de Tutchill et a établi son record lors d'un match contre... »


« Bon ça va à la fin ! »

Coupa-t-elle sèchement Elias qui se rembrunit. Liliana quant à elle, jetait des regards exaspérés autour d'elle, comme si elle craignait que quelqu'un surgisse de nul part pour lui lancer un "Coucouu ! Je t'ai vu parler avec Elias Jones !!"

« Je n'ai fait aucune erreur à mon devoir, je sais ce que je lis, par contre toi je ne sais pas d'où tu sors tes affirmations incessantes, mais de toute façon je ne prête crédit qu'à ce que j'ai vu de mes yeux ! Or, j'ai bien vu que c'était Maximum Machin Truc III qui avait établit le record, c'était écrit juste là, à cette page. »

Elle planta un index rageur sur la page 226 et baissa le menton le temps de retrouver son paragraphe. Nulle trace de ce qu'elle venait d'avancer ne se trouvait sur la page. Un silence s'établit entre les deux jeunes gens, Elias commençant déjà à sourire avec ce qui ressemblait à du triomphe. Liliana plissa les yeux mais ne trouva pas plus la ligne qu'elle recherchait avec ardeur. Et l'idée de perdre la face, face à un type qui créait des rumeurs grotesques sur ce qu'ils traficotaient ensembles était intolérable ! D'ailleurs, pourquoi était-il donc venu lui parler, ce bougre d'imbécile ? Pourquoi par tous les Scroutts à Pétards était-il venu de planter comme un piquet derrière son dos alors qu'elle travaillait ?

« Je ne retrouve plus le passage, mais ça ne t'autorise pas à sourire bêtement, tu as tort de toute façon. Je ne vois pas pourquoi tu ne l'admet pas, d'ailleurs tu n'aurais rien eu à admettre du tout si tu n'étais pas venu lire par dessus mon épaule comme si ce que j'écrivais dans mes devoirs te regardait ! »

Liliana prit une longue inspiration pour contenir son exaspération lorsqu'elle eut terminé de lancer ces mots tout d'une traite, sans même laisser le temps au garçon de commencer à prononcer une seule syllabe alors qu'il hochait la tête en ouvrant la bouche. Il avait tort, qu'il se taise !

« C'est toi qui n'est pas capable d'admettre tes torts, tu vas te ridiculiser en rendant ça à Bibine, mais si... »


« N'importe quoi, je te parie tout ce que tu veux que j'ai raison ! »

« D'accord. »

Un silence s'installa entre les deux jeunes gens, dont l'un commençait à sourire plus largement que Liliana ne s'y attendait. Il semblait bien sûr de lui.


* Sûr comme Samael avant d'être mon esclave pendant un mois entier ! *

Se rassura-t-elle. Elias fit le tour de la chaise de la vipère pour s'installer sur celle d'à côté et Liliana tiqua avant de jeter un nouveau regard aux alentours. Les comères qui les observaient se détournèrent vivement lorsque son regard bleu étincelant l'envie de meurtre se braquèrent sur elles.

« Si j'ai tort, je me plis à la condition que tu m'imposeras. En revanche, si j'ai raison... Je veux que tu sortes avec moi à Pré-au-lard, le week-end prochain. »


« Quoi ?! Je préfère me saoûler jusqu'à en vomir à La tête de Sanglier ! »

S'était aussitôt exclamé Liliana en sursautant de stupeur sur sa chaise. Le sourire de Jones s'élargit, bien que crispé, et il rétorqua un « j'aimerais bien voir ça » qui n'augurait rien de bon. Et avant qu'elle n'ai eu le temps de rattraper les mots qui venaient de sortir de sa bouche, Elias lui envoya un « Va pour ça » avant d'hausser les sourcils, l'air interrogateur. La mine obstinément rageuse de Liliana faiblit, une fraction de seconde, car la lueur dans les yeux d'Elias l'avertissait avec trop d'évidence sur les pensées de cet imbécile : il s'attendait à ce qu'elle se ravise.

« Très bien. Je promet que si j'ai tort, j'irais boire jusqu'à me rendre malade à La tête de Sanglier, elle avala sa salive, l'air boudeur et son regard se détourna une seconde mais lorsqu'elle le reposa sur Jones, il avait retrouvé toute son intensité, en revanche, si j'ai raison, tu n'auras plus de droit de m'approcher à moins de deux mètres, ni même de m'adresser la parole jusqu'à la fin de ma scolarité ! »

La pique porta, et un léger pli déforma la bouche d'Elias Jones, qui se redressa comme face à un ennemi venant de se déclarer. Un soupir s'échappa de ses lèvres mais, quand il fut terminé, c'est un sourire qui remplaça sa contrariété première.

« J'espère pour toi que la Tête de Sanglier ne sera pas trop mal fréquentée... A dans quelques jours, alors, tu me prendras une photo en souvenir ? Si tu en seras capable, bien sûr. »


Il fallait croire que la pique de la Serpentard avait porté un plus grand coup qu'elle ne l'imaginait, car l'esprit de Salazar semblait s'être réveillé chez l'autre Vert et Argent, dont les manifestations d'arrogance ou de malice étaient rares. Le Serpentard en hibernation, l'appelait-on, mais Liliana, telle une brise printannière, venait de réveiller la bête dans la grotte. D'un même mouvement, les deux jeunes gens se levèrent, s'affrontant du regard à leur manière. L'un sûr de sa victoire, l'autre maudissant sa sûreté d'un regard qui rendait futil les mots.

« Tu n'as pas encore gagné. »

Rétorqua-t-elle en attrapant nerveusement ses affaires, et lorsqu'elle quitta la salle commune, un « A tes yeux, seulement ! » la précèda. Voilà comment, après s'être rendu compte de sa grotesque erreur le soir même en relisant l'Anthologie du Quidditch, et après avoir tenté par tous les moyens de rattraper ce qu'elle avait dit - elle avait été jusqu'à modifier les pages de son livre et avait tenté, quand Elias l'avait remarqué, de lui lancer un sortilège de confusion - Liliana s'était retrouvée attablée à l'extrêmité du bar, priant pour que les regards interloqués du borgne à quelques mètres d'elle cessent, pour enfin finir à retenir son envie de vomir qui la prenait d'assaut.
Une chance, Liliana s'était rendu compte assez tôt de son erreur pour avoir le temps d'apprendre un sortilège qui allait lui être utile dans les prochaines secondes. Ce sortilège, elle l'avait même utilisé sur des septième année de la pire espèce qui avaient pour habitude de rentrer en titubant dans leur dortoir. Quand ils étaient passés devant elle, elle avait murmuré une formule qui les avait planté sur place, l'air ébahit, avant qu'un sur les quatre tombe écroulé sur le sol en geignant « ...Ma tête ! ». Mais voilà, ce sort, elle était incapable de s'en souvenir. Qu'avait-elle murmuré ce jour là ? La baguette pointée sur sa poitrine, Liliana marmonnait tout ce qui lui passait par la tête.


« Ebrietus finito... Finite ebrietus... Y a Finite dedans...! Finite... Finite ebrietas...! »

Avec la brutalité d'un cognard lancé à pleine vitesse par Cyanur Dekrak, Liliana se retrouva libérée des vapeurs d'alcool qui lui embrumaient les sens. L'air hagard, elle poussa un soupir de soulagement, avant de se laisser tomber sans se préocupper de la possible saleté, contre le mur du pub. Les fesses par terre, Liliana appuya l'arrière du crâne contre le mur et ferma les yeux.

« Jamais plus... Jamais je n'avancerais quelque chose dont je ne suis pas sûre... Quel sombre abruti, quand je le reverrais je le... »

Et en guise de fin de phrase, Liliana poussa un grondement de félin qui venait de voir les limites de sa patience franchies.


Dernière édition par Liliana Vanloock le Lun 21 Juil - 21:22:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé]   Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé] EmptyMer 2 Avr - 23:14:19

Les doigts du musicien dansaient avec légèreté et grâce, comme accompagnés d’une puissance surnaturelle qui s’exprimait à travers touches, bois et cordes ; le langage n’était que son et harmonie, résonnant avec volupté sur les murs de pierre et le plafond de verre, tel le vent violent qui s’engouffre ou les vagues qui se brisent. Le claveciniste avait la tête penchée en avant, le visage froid et concentré sur sa partition, son bassin accompagnant de mouvements frénétiques la musique-Reine comme un pantin manœuvré par des fils invisibles.
La Sarabande d’Haendel illuminait la pièce d’ordre et de grandeur, ses accords rayonnants perçant l’air d’or au dessus du siège devenu trône.
La cadence n’était ni trop lente ni trop rapide, le mouvement contrôlé : l’équilibre. Les secondes devinrent des minutes qui elles mêmes devinrent des heures ; la mélodie s’élevait, chaque note la rapprochant un peu plus du sommet ; elle ne s’accordait aucun répit de crainte de s’éteindre, mais parfois trébuchait et se blessait avant de reprendre un souffle nouveau. Au moment qui précède l’arrivée, l’effort se fit soudain plus grand que jamais et la force des sons plus terrible encore ; la musique arriva à son paroxysme, délivrant avec joie toute sa vigueur avant de mourir dans la splendeur de son passé.

Rodolphus Lestrange se leva du siège de velours, ses hautes bottes noires frappant avec sécheresse le sol en cendres et quitta sans regard en arrière les hauteurs gravies et perdues. Ses pas le menèrent au salon haut et large du manoir Lestrange ou il réajusta son pourpoint pourpre auquel il ajouta une veste douce et légère.
Il était d’humeur contrite, comme presque à chaque fois qu’il quittait les paysages musicaux ; sa lassitude ne trouva guère de réconfort dans les fruits d’apparence juteuse que son elfe de maison lui apporta. Le raisin avait un goût amer et les poires n’étaient pas assez filandreuses ; le silence lui pesait sur les nerfs comme un bourdonnement oppressant ; il renvoya sèchement l’esclave comme s’il s’adressait au vide, sans aucune forme de sentiments. Il monta finalement dans sa chambre et s’arrangea face à la glace, souriant à l’image qu’il se renvoyait de lui même.
Le pendule sonna bientôt six heures ; un lourd et grave Si bémol détonna du salon, emportant avec lui les dernières gouttes de pluie. Il jeta quand même un regard à sa montre et transplana sur le champ.
Il se retrouva quelque part à Pré-au-Lard, dans une ruelle déserte encombrée d’affaires abandonnées ou il était sûr qu’il ne pourrait être vu. L’air frais chassa ses pensées ombrageuses et l’extrême sensibilité dans laquelle il était plongé, ravivant par la même occasion un appétit d'émotions. Enfonçant d’un geste son chapeau très bas sur sa tête, il se dirigea jusqu’à la Tête de Sanglier, ce pub mal famé ou il avait rendez vous avec une vielle connaissance. Il pénétra dans l’âtre du bar, jeta un coup d’œil menaçant au barman qui s’empressa de contempler le bout de ses doigts et prit place à une table reculée en face de l’homme en noir.


« Monsieur Lestrange », salua le dénommé Bullorane.

Cet alcoolique de Jimmy n’avait presque pas changé d’un cheveux. Son haleine empestait toujours autant le whisky et ses yeux étaient toujours aussi vitreux. Seuls les quelques cheveux gras à présent devenus blancs ainsi que l’affaissement de sa silhouette trahissaient les dégâts des années passées. Sa mine lui évoquait autrefois celle d’un chien battu mais à présent, en l’observant en détail, il ressemblait plus à un dromadaire avec ce visage bouffi et cette bosse dans le dos. En tout cas, malgré son efficacité, il avait un physique difficilement supportable. C’était certainement la raison pour laquelle Lestrange ne l’avait jamais considéré autrement qu’en animal compatissant. Il le toisa de haut, sa répugnance aussi transparente que sa suffisance.

« Bullorane. Bien que je doive supporter tout ce que m’évoque ta vue, ça me fait presque plaisir de te voir. »

Le gueux n’avait jamais était très fin ; il prendrait ça comme un compliment. Oui, d’ailleurs il souriait. Enfin, grimaçait.


« Par Salazar ! Evite de sourire, je te prie, c’est répugnant. Qu’as-tu pour moi ? »


Jimmy ferma la bouche instantanément, par habitude. Il n’était pas assez naïf au point de ne pas se rendre compte du physique désastreux dont il était affublé. Rodolphus Lestrange ne se souvenait d’ailleurs pas d’une seule conversation sans qu’il lui eût plus ou moins gentiment rappelé. Par simple plaisir, évidemment, mais ce n’était en somme plus vraiment méchant car le pauvre homme avait tellement du subir d’insultes et de critiques qu’il en était devenu totalement hermétique. D'ordinaire, Rodolphus se montrait courtois au possible; non pas qu’il se souciât de ménager la susceptibilité de quiconque, mais il y avait généralement pour l’exercice de sa « profession » des limites à ne pas dépasser. Avec Bullorane, elles étaient infinies ; c’était d’ailleurs un peu dommage, car le jeu avait perdu de son intérêt. Mais c’était toujours quand même un peu amusant.
Le vieux fut pourtant bien forcé d’ouvrir la bouche, entrainant immédiatement une grimace grotesquement accentué par Lestrange.

« Rien de bien spécial, monsieur Lestrange. Si ce n’est qu’Ombrage, la nouvelle Inquisitrice de Poudlard, fait bien des misères à ce vieux Dumbledore. Son autorité est grandement menacée. D’ailleurs, j’ai cru comprendre que son poste serait bientôt libéré, c’est Monsieur Malefoy qui me l’a dit… »

Et bla-bla-bla. Des dires de Malefoy, il n’avait cure ; toutes ses manigances avaient jusqu’alors été vaines, pas assez percutantes, trop longues et trop discrètes. Non. S’ils voulaient parvenir à leur fin et voir un jour le Seigneur des Ténèbres régner, ils leur faudraient se concentrer sur des missions utiles et éviter de se disperser au point d’oublier l’origine de toute cette imposture qui n’avait que trop durée. Il fallait faire taire à jamais celui qui avait par miracle survécu. Potter. Il se garda cependant bien de dépenser inutilement sa salive à éduquer le crétin, préférant détourner la tête en direction du bar.
Des abominations plus que des hommes étanchaient leurs soifs au prix de leur estime ; rien d’extraordinaire, pour un pub comme la Tête-de-Sanglier.
Vieillards cadavériques, ordures dégoûtantes ou sorciers aliénés, il en avait vu. Et parmi eux, parfois les pires moules que le genre humain ait pu porter. Mais jamais il n’avait vu d'enfant comme celle ci s’y confondre. Désolant. Cette ambiance le dégoûtait. Il aurait pu les tuer tous, un par un persuadé d'en tirer une immense satisfaction ; malheureusement, les lieux ou il était encore le bienvenu était trop peu nombreux pour qu’il se permît toute extravagance.
La gamine n'avait cependant pas l'expérience de ses voisins et ne tarda pas à courir en titubant vers la sortie. Elle était presque aussi verte que son blason.


*Ton nom est-il donc tombé si bas, Salazar ?*

Sans dire un mot, il se leva, refusant de supporter une seconde de plus la honte de côtoyer la vermine au Sang Impur de ce trou à rat. Une rage froide l’envahissait d’avoir ainsi perdu un temps précieux ; son unique volonté était de rejoindre Bella. Elle, saurait le divertir. Il se rendit à l’arrière du bâtiment sans prêter garde aux lamentables balbutiements de la petite blonde. Il était sur le point de transplaner lorsque, par une curiosité spontanée, l'interrogea d’une voix mélodieuse et avenante:

« Dis moi, ma chère, as-tu le Sang Pur ? »
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MessageSujet: Re: Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé]   Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé] EmptyJeu 3 Avr - 22:20:01

Soupirant et maugréant sans réellement s'en rendre compte, Liliana était affalée sur le sol, dos au mur et yeux clos. Les vagues bourdonnements provenant de la rue à quelques mètres de là étaient une source continuelle de gêne pour ses tympans sensibles. Comme les griffes d'un chien grattant à la porte usaient le panneau de bois, ces rumeurs incessantes tiraillaient sans vergogne son ouïe. Mais la pire source de ses maux était sans conteste le battement aussi brutal que régulier de ses tempes, qui semblaient battre comme un deuxième coeur, tant et si bien que la nausée lui revenait parfois. Ah, si elle avait sut que, même après le sortilège, les douleurs suivraient, elle se serait armée de potions. Si elle avait sut, oui, mais jamais Liliana ne s'était retrouvée dans une pareille situation et jamais elle n'aurait crut que cela arriverait un jour. Elle qui n'avait but qu'en guise d'alcool que de la bièreaubeurre ne risquait pas de se remettre de si tôt de ce pari puéril et sans fondement. Si au moins, la cause avait été plus glorieuse ! Mais non, il avait fallut que son orgueil, comme à l'accoutumée, parle à sa place. En plus de cela, Elias Jones ne la lacherait pas plus que les jours précèdents, puisqu'il n'avait pas, lui, à respecter la condition qu'elle avait imposé. Ah, il le payerait pour le mal qu'elle endurait en ce moment même, ceci était certain ! Au moins personne ne la voyait dans cet état... Pensa-t-elle, et ce détail eut un effet réconfortant et bien que maigre, précieux en face d'une série d'actes qui avaient menés à cette situation désastreuse.

Tout ce qu'elle désirait en cet instant était de disparaître d'ici pour réapparaître dans un lit confortable afin de recouvrer ses forces et sa lucidité, qui semblait encore lui faire défaut. Car lorsque le clap clap assourdit de semelles s'heurtant à l'herbe parvint à la jeune Serpentard, celle-ci ne fit pas même mine de réagir, comme si ce qui l'entourait provenait du rêve plus que de la réalité. C'était, toutefois, l'impression qu'elle avait. Une sensation qui se dissipa avec un choc lorsqu'une voix masculine couvrit tous les autres bruits qui agaçaient ses sens. Une voix envoûtante, qui aurait put paraître des plus charmantes, si les mots qu'elle n'avait pas prononcé avait causé le malaise chez la jeune fille, dont l'estomac semblait, l'espace d'un instant, s'être chargé de glace. Un faible, mais brusque sursaut haussa les épaules frêles de la collégienne tandis que son regard azur chargé de brume se leva jusqu'au regard bien vif, lui, de l'homme qui l'avait accosté d'une façon qui ne présageait rien de bon pour elle. Ailleurs, et si Liliana n'était pas de sang-mêlé, la question lui aurait moins semblée chargée de menaces qu'en cet instant. Peut-être l'homme ne lui ferait-il rien, si elle répondait par la négative, mais l'idée de se trouver loin des regards, dans le brouillard et face à un homme qui d'une question avait établit le portrait du genre d'idéaux qu'il portait retint Liliana à comettre un acte imprudent. Le "non", ou les phrases plus directes que la Verte et Argent aurait put être du genre à lancer comme un coup de fouet contre l'impudent qui l'aurait offensé restaient donc coincées au fond de sa gorge. De toute façon, l'idée de mal répondre à ce genre de personnage ne lui était même pas venu à l'esprit, et cela n'était pas qu'à cause de son cerveau qui fonctionnait à une allure d'acromentula à laquelle on aurait arraché les pattes. Non, l'homme qui se dressait devant elle inspirait quelque chose que Liliana ressentait rarement face à qui que se soit. Non pas de la peur, mais la haute silhouette élégante et le regard profond qui ne la quittait pas, attendant une réponse qui n'avait pas encore été donnée la faisait se sentir désagréablement petite. Etait-elle, elle, Liliana Vanloock, impressionée ? Non, se reprit-elle, sûrement était-ce simplement dû au fait que la situation dans laquelle il l'avait trouvé la dérangeait, ainsi qu'elle était assise à même le sol.
A gestes lents, la Miss Vanloock se releva, réfléchissant distraitement à la réponse qu'elle allait donner afin de ne pas s'attirer d'ennuis. Le plus simple aurait été de répondre par l'affirmative, mais si l'inconnu lui demandait son nom, l'imposture aurait fait vite d'être démasquée. Ne disait-on pas que les Sang-Purs, et les amis de Sang-Pur connaissaient chaque nom de chaque famille Noble ? Le plus simple était le moins prudent, mais la jeune fille, fatiguée, ne se rendit pas compte du manque de bon-sens dont elle allait faire preuve dans le but de laisser l'homme se faire ses propres conclusions...


« Mon nom est Vanloock. »

La règle de base que l'on enseignait aux enfants en bas âge était de ne pas donner son nom aux inconnus. Apparemment, l'habitude de la Serpentard à transgresser les règles, aussi raisonnables étaient-elle, était trop ancrée en elle ! Mais il fallait dire que ce visage aux traits anguleux lui était familier. L'avait-elle déjà rencontré ? Peut-être était-ce lors d'une de ces réceptions auxquelles était invitée Mrs Vanloock, sa mère enchanteresse. Mais aussi bien habillé était-il, l'homme aurait franchement fait tâche dans une soirée où les dernières robes à la mode étaient à l'honneur. C'aurait été comme imaginer un Dragon déambuler sur le Chemin de Traverse. Cet homme là ne ressemblait pas aux demeurés profonds et maniérés du "ô combien Merveilleux Monde de l'enchantement de robes". Alors, pourquoi ce visage, qu'elle était certaine de ne jamais avoir vu en face d'elle lui rappelait pourtant furieusement quelque chose ? Et d'ailleurs, que lui voulait-il, à s'enquir de son sang ? Se demanda-t-elle un peu tard.
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MessageSujet: Re: Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé]   Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé] EmptySam 5 Avr - 15:58:10

« Mon nom est Vanloock. »

Il avait noté dans les yeux d’azur la perspicacité, la malice, mais aussi la méfiance. Pas la peur, non, pas celle que son visage aurait du lui évoquer, mais il avait vu les pensées se bousculer au-delà des opales bleues. La réponse n’aurait pu être mieux choisie, laissant une marge de manœuvre suffisante pour sortir d’une situation difficile. Sa voix, agréablement maitrisée, ne trahissait pas la crainte ni le mensonge. Elle aurait presque pu ravir n’importe qui, même un Sang Pur mal informé… Quel dommage.
Etrange ironie du sort, n’était-il pas, comme le destin croisait les fils les plus improbables et brisait les plus féroces convictions sous le signe d’une rencontre anodine. Ce n’était qu’une question sans fondement, une courtoisie dans l’orgueil justifiée par la seule envie insatiable de prouver son unicité et de mépriser ceux qui le méritaient ; la surprise, incroyable, était à la fois une source de gêne pour sa fierté et de fierté pour son égo. Il n’avait cru s’adresser qu’à une gamine comme tant d’autres dont il se faisait une joie de haïr à l’avance, elle et sa Nature infâme. Et sur ce point il s’était trompé ; ce nom, son nom, ne pouvait lui être inconnu. Vanloock. Sang Pur, oui. Et, plutôt malheureusement pour elle, considéré par certains comme Traitres à son Sang.

Les souvenirs s’imposèrent à lui aussi aisément qu’un sommeil profond au cours d’une nuit d’été. A l’époque, il n’était pas encore recherché, préférant la discrétion au pénible labeur d’être traqué; ses activités n’en étaient pas moins engagées pour la cause du Mage Noir et le contraignaient à souvent se déplacer, en Angleterre et ailleurs. Il avait eu l’occasion lors de ses maints voyages, bien avant Azkaban, de rencontrer à plusieurs reprises une branche de cette famille établie en France et dont il avait gardé la meilleure opinion. Une lignée d’origine ancienne, aux tendances sures et aux valeurs nobles, bien que méconnue à Londres ; Elégant Vanloock, Sang Pur marié à une Sang Pur était un homme comme lui, conscient de ses prédispositions naturelles et déterminé à les défendre, sorcier trop rare et trop précieux pour déshonorer sa lignée en donnant naissance à des sous races de Sang Mêlés. Doué par ailleurs d’un talent certain inhérent à son sang; grand botaniste ou ébéniste, lui semblait-il. Un père de deux enfants doté d’une richesse édifiante.
Si ses souvenirs ne le trompaient pas, en toute logique et d’après ses réflexions, il n’y avait qu’une possibilité probable quant à l’identité de la gamine. Il devait se trouver en face de la fille, abject rejeton du mariage du frère indigne. Vincent Vanloock. Il se pouvait également qu’elle fût la fille d’Elégant mais il n’y croyait pas vraiment ; il n’y avait pas assez de lui en elle.
A l’époque, il y avait treize ans de cela, le sorcier s’était fait remarqué à Londres; il avait tout fait pour ne pas entrer en contact avec les Grandes Familles malgré les égards que son nom imposait. Des invitations lui furent envoyées mais jamais, non jamais, il ne se présenta à aucune réception. Peut-être croyait-il qu’ils l’oublieraient, que eux, Black, Malefoy, Lestrange le laisseraient en paix et ne s’inquièteraient pas de cette discrétion anormale ; peut-être espérait-il également que son alliance avec une ignoble moldu resterait inaperçue. Quelle stupidité. Quelle naïveté de croire que le Seigneur des Ténèbres ne verrait pas cette immondice entrevue se produire, et qu’il ne tenterait pas de la punir, aussitôt qu’il en aurait vent. Cependant, les circonstances avaient modifié leur plan et des problèmes plus importants les avaient distraits; la chute du Mage noir, et le vide engendré par la prison avait mis fin leurs projets inachevés et leurs désirs inassouvis; le nom de Vanloock comme tant d’autres s’était perdu. Sang-de-Bourbe, Traitres-à-Leur-Sang, combien avaient échappés au châtiment qu’il leur était dû ? Trop, bien trop pour que le Seigneur des Ténèbres les oublie à jamais. Les sentences jadis formulées étaient de nouveau à l’ordre du jour. Les meurtres avaient recommencés. Et Vanloock n’y échapperait pas. Pas cette fois.

Ses yeux, un court instant trahis par sa surprise ne reflétaient à présent plus qu’une amabilité hypocrite. Il cacha ses pensées dévorantes par un sourire agréable parfaitement maitrisé, ses dents blanches brillant dans l’obscurité naissante. Elle paraissait si fragile, si insouciante en face de l’homme qui allait peut-être devenir son meurtrier. Qu’il était dommage que la fille dût payer pour les erreurs du père ; il l’aimait bien, jusqu’ici. Mais Vanloock faisait partie de ces êtres au jugement trop impartial pour être changé, à la volonté stupide trop féroce pour être pliée. Les avertissements avaient été vains, le mal fait. Ce mariage, peut-être le regretterait-il enfin lorsqu’il ne resterait de sa fille qu’un corps froid et inanimé, avant que les Mangemorts ne frappent à sa porte pour s’occuper de son ventre engraissé par toutes ces années de paisible tranquillité. Il s’avança d’un pas et dit d’une voix délicate, tout à fait assurée :


« Je connais ton père. Lui et moi sommes de vielles connaissances. Comment se porte t-il ? Et ton oncle Elégant? C'était un sorcier aux idées bien arrêtées. Bien plus... radical que ton père. »
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MessageSujet: Re: Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé]   Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé] EmptyDim 6 Avr - 16:32:40

Un large sourire fendit les lèvres de l'inconnu, coupant court à l'attente quelque peu anxieuse de la jeune fille qui l'observait sans manifester plus que de raison sa méfiance, qu'elle avait caché derrière un masque de patience pratiquement inébranlable. Seul l'éclat dans les yeux profonds de l'homme avait fait se plisser ceux de la Serpentard. Que révèlait cette lueur fugace ? Liliana n'eut guère le temps de tirer ses conclusions que toutes traces d'émotions avaient disparut du visage, pour ne laisser plus qu'apparaître une expression aimable et ce sourire qui découvrait des dents blanches, éclatantes. Ce qu'elle devinait dans les manières de l'homme étaient bien loin de ce qu'elle aurait dût deviner; bien loin aussi de ce qu'elle aurait pût deviner si elle avait été dans son état normal. Là, elle sentait que quelque chose se passait dans l'esprit de l'inconnu, qu'un lien se faisait dont elle ne connaisssait pour l'instant pas la nature, mais toute la superficialité qu'il mettait dans ses manières ne sautèrent pas aux yeux de la jeune fille. Une main appuyée en guise d'aide contre le mur du pub, la jeune vipère ne perça pas non plus l'ironie des propos tenus. Machinalement, elle se redressa légèrement lorsque son père fut cité tandis qu'une surprise mal contenue brillait dans l'iris azuré de ses yeux. Rares étaient les connaissances de son père qu'elle ne connaissait pas pour les avoir vu défiler lors d'un repas organisé dans leur luxieux loft. Pourtant, il lui était impossible de remettre un nom sur ce visage. Une vieille connaissance... Et bien, c'était le cas de le dire, apparemment, puisqu'après un rapide inventaire, Liliana ne trouva aucun nom correspondant aux critères recherchés. Et puis, depuis quand son père fréquentait-il des gens qui semblaient attacher de l'importance aux origines des jeunes sorciers ? Qu'importait. L'homme allait sûrement lui rappeler son identité, comme il était d'usage. Mais non, car l'espace d'une seconde durant laquelle s'étaient formulées ces pensées dans l'esprit de la jeune Vanloock, l'intriguant personnage avait reprit la parole, citant son oncle, Elegant. Et l'expression de la jeune fille changea, allant en s'assombrissant. Rares étaient les fois où son père parlait de son frère, au moins devant elle. Liliana pouvait compter sur les doigts d'une seule main le nombre de fois où le prénom de son oncle était apparu dans une conversation et chaque fois, c'était à contrecoeur, avec une légère grimace, et toujours sa personne était citée de manière très brève et superficielle. Un grand mystère planait autour de cet oncle français, que son père se refusait de dévoiler; malgré les invectives de la jeune fille.

« Pourquoi ne n' ai-je jamais rencontré mon Oncle, il a la dragoncelle, ou quoi ? »
Avait un jour râlé l'enfant unique en jetant un regard mauvais à son père, alors qu'ils se préparaient à passer quelques jours dans leur maison à la campagne, non loin de la demeure de l'oncle Vanloock, d'après ce qu'elle savait.
« On ira le voir, lui et mes cousins, cette semaine ? »
Avait-elle demandé. Fatale erreur. Vincent lui avait administré un regard noir et sa main avait frémit, menace silencieuse de s'en prendre une belle si elle insistait, tandis qu'il prononçait un « Non. » ferme et qui ne demandait aucune réplique. Liliana savait pertinemment que les deux frères étaient en froid depuis des années, mais l'idée d'être punie pour une friction qui ne la concernait pas l'exaspérait au plus haut point. Même plus encore, lorsqu'elle s'était rendu compte que Jane, sa mère, ne la soutenait pas - bien que cela, finalement, ne changeait pas beaucoup - mais avait l'air encore plus crispée que ne l'avait été son père : quand elle s'était tourné en direction de sa mère pour insister comme à l'accoutumée, Jane l'avait littéralement foudroyé du regard, tandis que sa bouche se barrait d'un pli contrarié.
« Tu les as déjà vu, une fois. Ton père et lui sont en froid, combien de fois faut-il te demander de ne pas insister ?! »
Le ton employé avait laissé Liliana stupéfaite. Se faire pratiquement hurler dessus parce qu'elle parlait de son oncle et de ses cousins lui avait parut si ridicule qu'elle avait décrété que, si elle n'était pas amené à la propriété Vanloock, elle n'irait pas avec eux en France - réaction tout à fait logique ! Oui, car ne se comportaient-ils pas eux, de leur côté, de façon tout aussi puérile ? En conclusion de cet affrontement inter-Vanloock, le voyage avait été tout bonnement annulé. Reporté lorsqu'elle aurait acquit un minimum de maturité, avaient-il dit.
Et aujourd'hui, alors qu'elle était prise entre un mal de crâne ignoble et une nausée faiblissante mais malgré tout présente, il fallait qu'elle rencontre un type qui disait connaître son père, qu'elle croyait reconnaître et qui avait également un lien avec son oncle, personnage dont Vincent avait tout fait pour effacer des sujets de discussions de sa fille ! Bien étrange coïncidence, qui fit mettre quelques secondes à Liliana avant de trouver la force de rouvrir la bouche.


« Je suppose que mon père va bien, tout comme mon oncle, quoi que lui je n'ai aucun moyen de la savoir, Monsieur. »

L'inflexion apposé au dernier mot était évidente, mais Liliana n'appuya guère plus la question dissimulée, passant directement au sujet qui l'intriguait bien plus à présent que l'identité de son interlocuteur et oubliant sa méfiance première, maintenant que des noms familiers avaient été cités. Dans l'esprit de la Serpentard, cela signifiait qu'elle ne risquait rien. C'était l'évidence même, car jamais son père n'avait fricoté avec des gens louches. Et la première question qu'il avait posé ? Eh bien, peut-être était-ce de la simple curiosité. Après tout, les adultes passaient la plupart de leur temps à poser des questions aussi stupides qu'inutiles.

« Qu'entendez-vous par "idées radicales" ? Et comment connaissez-vous mon oncle ? Il est français, et même moi je n'ai jamais eu l'occasion de lui parler. »

Un peu plus assurée, Liliana n'en avait pas pour autant reprit son intonation de voix habituelle, qui tranchait si sévèrement avec son visage de porcelaine et ses boucles blondes. Malgré la formulation, elle avait parlé poliment, et d'une voix douce, bien que légèrement chevrotante. Parler faisaient résonner douloureusement les mots qu'elle prononçait à ses oreilles. Son regard aussi curieux que perçant braqué sur l'homme n'en exigeait cependant pas moins une réponse, quelle qu'elle soit. Tant pis pour le lit douillet, il était trop tard, quoi que maintenant trop tôt puisqu'elle s'était résignée à parler, pour tenter de congédier le curieux.
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MessageSujet: Re: Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé]   Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé] EmptyDim 6 Avr - 21:06:28

« Je suppose que mon père va bien, tout comme mon oncle, quoi que lui je n'ai aucun moyen de le savoir, Monsieur. »

Rodolphus Lestrange prit un air vaguement compatissant. Il maniait les expressions avec une telle aisance que ce masque était devenu pour lui une habitude, un loisir mais aussi une nécessité. Il était capable de reproduire à la perfection la compassion, la pitié, et même l’amitié, tant d’émotions vaines trop aisément retournables contre les faibles et dont il profitait par l’exercice royal du langage. Ces sentiments retranscris favoris restaient de loin l’intérêt, le respect, la tolérance ; bien plus difficiles à transmettre mais ô combien plus jouissifs, le défi résidant dans l’art perdu de mépriser avec la plus grande civilité. C’était une manie incontrôlable, un jeu salvateur qu’il pratiquait sans limites. Etre le héros indétrônable d’une pièce écrite de sa propre main lui permettait de vivre ; être son seul et meilleur public, de survivre.
Il nota l’inflexion tant attendue avec un soupir intérieur ; il ne pouvait, pour l’amour de toute cette mascarade, décemment pas lui dire qui il était. Son nom n’était pour ainsi dire pas méconnu ce qui en somme était tout à fait normal pour un Lestrange. Toujours était-il que déclamer son identité mettrait fin à coup sûr à cette représentation à peine entamée ; les occasions s’étaient faites si rares ces derniers temps qu’il se faisait une obligation presque morale de tromper sa proie. Il ne pouvait tout de même pas se refuser ce maigre plaisir, après tout, la gamine ne lui tendait-elle pas la main ? Il la saisirait avant qu’elle ne s’échappe, avec douceur et dextérité, et l’emmènerait lentement à la mort, aussi longtemps que ses mots tromperaient la vérité.
Il n’eût même pas l’occasion de trouver une feinte ; comme il l’avait pressenti, ses paroles avaient fait mouche : déjà, le sujet familial la tiraillait.


« Qu'entendez-vous par "idées radicales" ? Et comment connaissez-vous mon oncle ? Il est français, et même moi je n'ai jamais eu l'occasion de lui parler. »

Il prit un ton sincère, presque nostalgique tandis que ses yeux dérivaient vers l’horizon à sa gauche.


« J’ai du, dans le cadre de ma profession, beaucoup voyager en Europe. Votre oncle m’a été présenté au cours d’un dîner ; à vrai dire, je souhaitais beaucoup le rencontrer. »

Lestrange marqua une courte pause. C’était presque trop facile. Il se devait de rendre la scène plus dramatique encore ; la chute n’en serait que meilleure. Son attention revint à la jeune fille, son regard se portant sur ses mains sales de poussières avant de retourner à son visage candide. D’un mouvement ample et délicat, il glissa une main dans la poche intérieure de son costume, là même ou se trouvait sa baguette d’ivoire ; il l’a toucha, comme pour apaiser un animal excité, son intérêt fixé sur les réactions de la gamine. Il tira finalement un mouchoir de soie blanc, totalement uni à l’exception des initiales R.L. brodées en fils d’or dans un angle. Souriant tant à son génie qu’aux prunelles vivaces de la Serpentard, il lui tendit avec grâce la soierie, comme une liqueur empoisonnée. Il recula ensuite, de deux pas seulement, un bras sur la taille et l’autre sur sa canne. Sa voix se fit plus intrigante, ambigüe.

« Il est étrange mais pas si surprenant que ton père n’aie jamais daigné te présenter ton oncle. Comment l’aurait-il pu, sans se couvrir de honte ? »


Il eût un petit rire allègre. Il parlait avec légèreté, conscient des sous entendus et de leurs sens, incompréhensibles encore pour la gamine mais si clairs dans son esprit. Comment aurait-elle pu entrevoir la sombre torture derrière l'appât de la curiosité, et surtout, comment aurait-elle pu y résister? Il détenait la clé du coffre qui lui dévoilerait son identité, et il savait, à présent, que l'enfant serait forcée de l'ouvrir, trop ancrée qu'elle était dans le jeu du serrurier. Le moment qui précède l’arrivée, bientôt, bientôt, il arrivait. Il pesa ses mots avec précision, son masque se jouant du double-sens tandis que sa voix gardait des tonalités faussement engageantes.

« Vincent s’est bien gardé de t’expliquer l’origine de ce… malaise. Quelle raison a-t-il pu invoquer pour ne pas t’avertir du mal dont il est pourtant le seul responsable ? La jeunesse ou pire… l’immaturité ? »


Il marqua à nouveau une pause, laissant l’effet recherché déployer l‘envergure de ses insinuations. Son expression était avide, perçante, son ton presque menaçant. Il maitrisait à merveille le déroulement des scènes, prévoyant par instinct la suite des évènements. La gamine devait être confondue par l’incrédulité, la curiosité, la méfiance mue en peur. N'avait-il pas le devoir de la rassurer ?


« Tu dois certainement te demander comment JE suis au courant de ces choses là. Je pourrais te dire qu’elles me concernent plus ou moins. Et que ces choses-ci font également partie de ma profession. »

Le sourire réapparut sur son visage ; il ne s’adressait pourtant plus à la jeune fille mais à lui seul. Quel maitre faisait-il. Il ne s’adorait jamais autant que dans ces moments là. Il était vraiment tombé sur une perle rare ; les gens ordinaires étaient bien trop ennuyeux pour constituer une source de distraction. Malgré elle, elle avait eu l’honneur couteux de retenir son attention. Il prit une voix volontairement neutre, monotone : le dernier sursaut.

« Je vais t’aider. Ces affaires d’alliance sont malheureusement fréquentes et ne plaisent pas à tout le monde chez les familles comme celle de ton père. »

Le regret et la sollicitude déteignaient comme une lamentation.


« Des familles comme la mienne. Et surtout pour des gens comme moi. »
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MessageSujet: Re: Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé]   Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé] EmptyMar 8 Avr - 22:25:53

Comment aurait-elle put se douter du piège qui se refermait sereinement sur elle ? Délicatement, comme une petite bête farouche qui ne demandait qu'à être apprivoisée, Liliana se laissait attraper par la main de velours sans sentir les os d'aciers qui risquaient d'un instant à un autre de la broyer comme le plus vulgaire des nuisibles. Le braconnier tenait sa proie au bout d'un appât, d'autant plus tentant que nul autre car il attisait la curiosité sur un des points les plus sensibles de la jeune fille. Elle n'avait qu'à fermer les yeux et ouvrir la bouche, attendant de gober la pomme empoisonnée qu'elle n'en paraîtrait sûrement pas moins inoffensive. Au dessous de ses fins sourcils d'or, dessiné en un triangle inquisiteur, brillaient derrière un rideaux de cil blonds ses yeux bleus où sa dureté habituelle s'était estompée. Seul un hochement de tête accompagné d'un froncement de sourcils, réservés, avait obscurcit les traits de son visage tandis que l'homme semblait s'apitoyer sur les propos qu'elle venait de tenir. Non, elle se sentait déjà assez mal ainsi, nul n'était besoin de la prendre en pitié ! Qu'importait cet oncle, qu'importait son père, si cela semblait la rendre fragile. Mais ce fut plus fort qu'elle, la demoiselle Vanloock questionna l'inconnu, allant droit à ce qui l'interressait le plus : la nature des liens qui unissaient l'homme à sa famille, aux Vanloock. Celui-là ne sembla pas s'offenser du ton direct, de toute façon. Son regard se releva au dessus d'elle, se perdant quelque part, ou sur quelque chose qu'elle ne pouvait voir - peut-être pas même en se retournant, eut-elle la vague impression - avant qu'il ne parle sans sembler chercher ses souvenirs. Evasif, voilà comme il était. Un sentiment de frustration lui fit pincer les lèvres et son regard se mit à treussauter d'un oeil à un autre, comme pour chercher à capter de nouveau celui de son étrange interlocuteur, espérant ainsi, peut-être, trouver la question qu'elle voulait poser, mais qu'elle ne semblait pas parvenir à saisir entièrement, tant d'autres se bousculaient.
Dans ses phrases, il y avait quelque chose. Un non-dit, que Liliana ne savait pas s'il était recherché ou involontaire. A quel genre de diner ce Monsieur L'Inconnu avait-il fait la connaissance d'Elégant Vanloock ? Et pourquoi avait-il voulu le rencontrer ? Son oncle était-il un "grand homme", aussi reconnu que l'avait un jour laissé entendre Vincent ? Mais comme les questions affluaient dans le cerveau de la petite fille jusqu'à atteindre des sommets de curiosité, finissant d'ailleurs par égarer complètement Liliana, le regard de l'homme se reposa non pas dans le sien, mais sur ses mains, et la jeune Vanloock suivit le mouvement. La tête du Sanglier n'était pas un modèle de propreté, et ses murs ne déparaillaient pas avec l'interieur de l'établissement, si bien que ses mains posés sur le granit avaient été maculées de poussières en tout genre. Une petite grimace de dégoût et de gêne tira la bouche de la jeune fille qui s'éloigna de son appuit. Le monde tournait encore légèrement autour d'elle, et les battements de souffrance à ses tempes redoublèrent en vigueur mais Liliana se retint de reposer à nouveau ses mains sur le tas d'immondice qui faisait de ce à quoi elle s'était un instant auparavant appuyée, un mur.
C'était la honte. Si Liliana se serait fichue complètement de se retrouver les mains sales devant n'importe quel élève de Poudlard, elle s'en sentit incroyablement diminuée devant l'adulte qui la dominait de toute sa haute silhouette. Lui qui était si élégant la faisait se sentir sale, prise au dépourvue et le geste qu'il eut finit de la faire se sentir mal à l'aise, bien qu'elle lui fut reconnaissante de ne pas esquisser de potentielle grimace de dégoût. Elle attrapa entre l'index et le majeur le mouchoir, et encore, du bout des doigts, comme si elle craignait de salir la soierie qu'il lui tendait, ou d'effleurer malencontreusement sa main. Annulaire et auriculaire s'étaient délicatement relevés, comme pour échapper à un possible contact. Malgré tout, Liliana offrit un faible sourire en croisant une fraction de seconde les yeux de l'adulte.


« Merci. »

Elle rouvrit la bouche dans le but de faire un trait d'esprit, mais le tambour dans son crâne accélèra la cadence, comme pour la punir de tenter d'utiliser son intelligence dans un état pareil de fatigue et ses lèvres se rassemblèrent tandis que ses joues plates semblaient se creuser de douleur. Jamais plus on ne l'y reprendrait...! Mais pour le moment, elle se contenta de s'essuyer les mains avec une once de culpabilité pour salir un tissu aussi délicat, tout en redressant un visage qui se voulait naturel, ou au moins avenant. Qui ne resta que l'espace d'une seconde.
Se couvrir de honte, son père ? Lui, si fier et si droit ? Sa mâchoire se serra sous la contrariété, mais son "Pourquoi" fut engloutit avant même d'être rétorqué sous le flot du rire de l'homme anonyme. Insulter même à demi son ascendance était équivoque à l'insulter personellement, mais Liliana n'eut guère le temps, si au moins elle y serait parvenue, de se défendre. Il avait déjà reprit la parole pour questionner la jeune fille sur ce que son père avait bien put lui dire à propos du différend qui séparait les deux frères. Rien, il ne lui avait absolument rien dit et Liliana était bien incapable de comprendre de quel genre de mal son interlocuteur lui parlait. Pour la troisième fois depuis son apparition, elle se sentit petite et dépourvue de défense.


« Je ne comprend pas de quoi vous parlez... »

Marmonna-t-elle en triturant les initiales brodées sur le mouchoir qu'elle tenait encore entre ses mains, comme si sentir quelque chose entre ses doigts la rassurait. Peut-être ne voulait-elle pas comprendre, plutôt, ce qui était en train d'être insinué, mais le doute s'insinuait en elle comme s'il émanait directement du regard ardent de celui qui se tenait en face d'elle.

« Tu dois certainement te demander comment JE suis au courant de ces choses là. Je pourrais te dire qu’elles me concernent plus ou moins. Et que ces choses-ci font également partie de ma profession. »

Ses mains étaient maintenant crispées sur le mouchoir et seul un index se mouvait, traçant la silhouette d'un "L" majuscule. Non. Cela ne pouvait pas être... Mais ce visage, soudain, en plus de lui paraître familier, lui apparut sous un jour nouveau, menaçant et malgré ses lèvres souriantes, froid comme la pierre. Son mal de tête s'estompa, oublié, alors même qu'elle semblait chuter sans pourtant avoir bougée, comme si le doute, la première question qu'elle s'était posée revenait, s'ouvraient comme un gouffre sous ses pieds.

« Je vais t’aider. Ces affaires d’alliance sont malheureusement fréquentes et ne plaisent pas à tout le monde chez les familles comme celle de ton père. »

"Es-tu de Sang-Pur ?" Les mots revenaient en elle en même temps que le silence crispé de sa mère, et du regard de loup acculé de son père lorsqu'elle parlait de la famille dont elle portait, pour tout lien, le nom. Non, on aurait pas put lui cacher ça ? Et lui cacher quoi, exactement ? Que sa famille paternelle était de Sang-Pur - et elle peinait à le croire, malgré l'évidence - où qu'elle était considérée comme une ignominie de par les origines de Jane Arrawn ? Son index passa sur le "R" parfait, tout fait de fils d'Or. Et l'ultime lien se fit.

« Des familles comme la mienne. Et surtout pour des gens comme moi. »

C'était déjà arrivé, et cette fois comme la précèdente, elle s'était bêtement laissée piégée. La peur l'avait fait crier, fuir à toutes jambes à travers un lieu ou jamais elle n'aurait dût s'aventurer. Cela lui avait apprit une chose : rien de ce qu'elle pourrait faire ne la sauverait, si un Mangemort décidait d'éliminer le "sang souillé" qui circulait en elle. Et savoir cela la privait de toute sorte de réaction, si bien qu'elle resta figée sur place, incapable de se mouvoir d'un pouce, submergée par une terreur qui allait s'accroissant.
Rodolphus Lestrange. Comment n'avait-elle pas reconnu plus tôt ce visage ?! Elle se souvenait encore du numéro de la Gazette qui avait annoncé une évadation massive d'Azkaban. Elle aurait du être frappée de voir le visage mouvant en noir et blanc bien en couleur et sous ses yeux, mais ce jour là elle s'était contenté de détourner vivement le regard, lorsqu'un de ses camarades avait déplié avec force commentaire le journal sous son nez. Le souvenir d'une confrontation avec un Mangemort était encore trop vive dans son esprit, d'un adversaire dont elle n'avait pas même souvenir du visage... Qu'attendrait-on d'elle, cette fois ? Qu'elle supplie, qu'elle implore la vie avant même que le moindre coup ne soit lancé ? Comme pour répondre à ses propres suppositions et s'y interdire, Liliana hocha la tête, lentement, sans réussir à décoller son talon du sol pour reculer. Elle ne pouvait pas non plus se laisser faire, rester indéfiniment immobile.
Rodolphus Lestrange ! Un frisson la parcourut des pieds à la tête alors qu'elle cherchait à rassembler son courage, et les mots s'extirpèrent en désordre de ses lèvres.


« Mon oncle n'est pas... »

N'était pas quoi ? Pas prêt à éliminer une potentielle souillure dans le grand arbre de sa famille, pure, elle ? Elle en avait l'espoir, tout du moins. Non, la conviction. De tels agissements étaient inconcevables, d'autant plus s'ils étaient attribué au frère de son père.

« Je n'ai rien à voir... Je ne suis pas... »

Ses dents s'entrochoquaient sans lui laisser le loisir de dévoiler le fond de sa pensée. Elles claquaient de peur, incontrôlables, tant et si bien que Liliana avait l'impression que ce mouvement pouvait s'observer à des lieux à la ronde. Le pire, c'était de savoir que ce qu'elle dirait était inutile. Pourquoi, pourquoi elle ?! Pourquoi une deuxième fois ? N'avait-elle pas déjà assez souffert, l'année précèdente, dans la forêt interdite ?! Pour un nom, un stupide cousin moldu, devait-elle payer ? Non !

« Si vous avez envie de réparer la souillure, ne vous gênez pas avant qu'un Auror ne débarque, comme la dernière fois ! »

Non ! C'était autant la peur et le désir de vivre qui parlaient avec elle ! Un tel nom, une telle présence et de tels mots étaient à même d'insinuer une menace pire que la mort en n'importe qui et chez Liliana, c'était ce surcroît d'émotions qui la poussèrent avant qu'elle ne s'en rende vraiment compte, à oublier de murmurer. Sa voix était aussi tendue qu'un fil prêt à se casser et une larme avait roulée sur sa joue trop pâle, mais sa posture était à présent défensive ; comme un chat face à un loup.
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MessageSujet: Re: Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé]   Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé] EmptyLun 30 Juin - 22:40:05

« Je n'ai rien à voir... Je ne suis pas... »

Rodolphus fixait la jeune élève sans gène ni retenue ; pour rien au monde il n’aurait perdu une miette du théâtre d’émotions qui se tramait derrière les opales bleues de la jeune Vanloock. Son sourire était à présent sincèrement vicieux ; ses longues dents blanches se réfléchissaient dans l’obscurité naissante tandis que ses yeux noirs s’apparentaient à deux orifices béants, insondables. La détresse et la peur envahissaient la Serpentard, s’insinuaient en elle sans prévenir, paralysant peu à peu sa raison et son bon sens. Elle balbutiait, cherchait ses mots et tentait d’ordonner les pensées qui se livraient bataille dans son esprit. Que ce spectacle lui était familier. A travers elle, ce n’était pas un mais des dizaines de visages affublés par le tourment qu’il contemplait.
Ferait-elle partie de tous ces parvenus, condamner à se faire dévorer par leur propre peur, peur si farouche et si toute puissante qu’elle était capable de surpasser tout semblant de valeur, d’honneur ou même, osait-il le dire, d’humanité ? S’associerait-elle donc, dans son acte de providence, à ces gens de peu trop justement condamnés à mourir de manière aussi misérable que leur existence qui dans un ultime acte de rédemption, marchandaient et suppliaient la grâce d’une vie qui n’aurait dû leur être accordées?

« Si vous avez envie de réparer la souillure… »

Non… Elle préférait tenir tête, confondre son désespoir et son impuissance en une colère résignée. Acte de bravoure digne d’éloges généreux et qui mériterait presque d’être conté, surtout pour une gamine de son âge. Mais totalement vain. Elle s'apparentait donc finalement à ceux pour qui les belles paroles aux travers desquelles transcendent l'immanquable détermination et la foi en la cause indécente qu'ils défendent leur suffit à se convaincre de tenir le rôle du vainqueur alors qu'ils devraient s'astreindre à l'humilité du vaincu. Si prévisible réaction d'une folie nommé dernier espoir.

« … ne vous gênez pas avant qu'un Auror ne débarque, comme la dernière fois ! »

Le sourire de Rodolphus Lestrange s’effaçât sur le champ. Un sentiment mêlé de haine et de terreur s’insurgea en lui avec brutalité et force, ravivant les images horrifiques de l’enfer d’Azkaban. Il plongea de plein fouet dans un bain de souffrance, d'isolement et de folie. Sa cellule s'imposa à lui aussi clairement que la jeune fille, ces murs grisâtres et rongés par l'érosion aussi fermes que le sol sur lequel il était dressé. Une odeur de pourrissure et de sang s'empara de ses narines et des cris de douleur résonnèrent dans ses tympans. La main de Lestrange se crispa sur sa canne, qu'il frappa sur le sol, faisant par la même occasion disparaitre les visons chaotiques qui l'assaillaient. Sa colère se focalisa alors sur la gamine, elle qu’y venait de mettre le doigt sur sa plus grande peur et qui par la même occasion, avait un pouvoir sur lui-même. Il le savait : il n’y avait pour ainsi dire aucune chance qu’un Auror débarque à ce moment précis dans un lieu aussi mal famé que la Tête de Sanglier; mais la simple évocation avait suffis à lui faire perdre son sang froid. C’était une chose qu’il ne pouvait tolérer ; il reprit totalement le contrôle de son être, abandonnant peu à peu la sensation désagréable qui s’était emparé de son corps. Il la regardait à présent d’un œil froid mais vif, visiblement agacé de la tournure qu’avaient pris les évènements. D’un geste d’une vivacité extrême, il sortit sa baguette d’ivoire blanche et la pointa sur la jeune fille avant de lancer par la seule pensée le sortilège de Désarmement. Sa voix prit un ton presque badin, trop appuyé pour être trompeur.

« Tu oses me menacer alors que je fais preuve de la plus grande politesse à ton égard. Ton père, comme on pouvait le penser d’un homme pareil, t’a fort mal éduquée. Je te prie de respecter les bonnes et dues formes, à l’avenir. Et à présent, c’est moi qui parle.»

Il avait dit cette dernière phrase d'un ton ferme, autoritaire et arrogant. Il marqua quelques secondes de pause, le temps de réajuster son col blanc. Ses pensées défilaient dans son esprit; la fin qu'il avait envisagé n'était plus tout aussi catégorique. Il y avait un élément, un souvenir peut-être, qui réveillait une part d'incertitude. Sa baguette toujours fixée sur la jeune Vanloock, il prit une voix contrite.

« Il n’est pas dans mes habitudes de faire souffrir les gens qui n’en valent pas le détour. C’est plus le genre de ma femme, mais tu dois être au courant de l’affaire Londubat, n’est-ce pas ? Pourtant, tu n'as pas été exemplaire. »


Il lui sourit avec toute la tendresse dont il était capable. Il savait ce qu’il devait faire.

« Legilimens »
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MessageSujet: Re: Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé]   Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé] EmptyDim 6 Juil - 23:55:32

Touché. Les crocs immaculés disparurent aussi vite que ses lèvres s'étaient détroussées en un sourire malsain à la simple évocation d'Auror. C'était autant la peur qu'un irrévocable besoin de rétablir sa fierté qui l'avait fait s'exprimer, et Liliana ne s'attendait pas à un changement si radical dans l'expression du Mangemort. A la rigueur, elle se serait attendu à des rires, à un geste évasif de la main afin d'éliminer la probabilité de la venue d'un Auror avec le même dédain que l'on réserve à un grain de poussière malvenu, d'autant plus que les chances pour Liliana de recevoir une quelconque aide extérieure à une telle heure et à un tel endroit était plus limitées que celles de fuir en se faisant transplaner et cela, elle le savait pertinemment. La portée de ses paroles l'avait encore une fois dépassé, et derrière l'once d'orgueil qu'avaient entraîné l'expression figée du sorcier, la peur d'avoir été trop loin la poussa à esquisser un pas de côté, comme dans l'espoir de fuir pendant que les yeux d'un noir profond ne l'observaient plus.
Mais la canne frappa le sol, et loin de faire parvenir à Liliana l'idée effroyable qu'elle avait laissé s'insurger dans l'esprit du Mangemort, le fracas du bois contre le sol lui rappela la possibilité désagréable de recevoir un sort dans le dos si jamais elle tentait de s'en aller.
A nouveau, leur regard se rencontra, tous deux métamorphosés par le changement qui s'était opéré chez chacun d'eux. Le défi de ses derniers mots transparaissaient toujours à travers les yeux de la Serpentard tandis que sa main serrait fermement une baguette dont elle n'avait pas pensé se servir et... dont elle ne se servirait pas. Le geste fut si rapide que Liliana eut à peine le temps de baisser les yeux vers la main de Rodolphus Lestrange que la baguette de ce dernier était pointée sur elle, tandis que la sienne volait hors de sa main. Le choc l'avait fait reculer d'un bond accompagné d'un hoquet incontrôlé, et le chat acculé face au prédateur releva un regard de peur farouche.


« Tu oses me menacer alors que je fais preuve de la plus grande politesse à ton égard.
- Je ne vous menace pas. »

Il était vain de chercher à rétorquer, ou d'apaiser la lueur glaçante braquée sur elle par les mots, d'autant plus lorsqu'ils étaient futiles, et les siens furent d'ailleurs noyés par ceux catégoriques du Mangemort.
« ...à présent, c’est moi qui parle. »
Même Liliana ne pouvait résister à un ordre aussi sec et sa langue fut tranchée avec autant d'efficacité que si Lestrange lui avait lancé un Diffindo au lieu de simples mots. Elle attendait les retombées, figée dans l'inertie où l'interdiction soudaine l'avait jeté, redoutant l'introduction à une correction disproportionnée par rapport à l'affront dont elle avait fait montre par sa faute. Il eu suffit d'un mot pour la faire sortir de cette immobilité surprise, mais ce mot sonna sur un ton si désinvolte qu'elle n'eut même pas besoin d'empêcher un tressaillement à son écoute.
L'affaire Londubat ? Liliana n'avait même jamais eu ouïe de ce nom, et il était bien tard pour se renseigner des derniers méfaits en tête de liste du couple Lestrange. D'ailleurs, une autre phrase eu l'avantage sur les dernières jusqu'à la faire sursauter.
« Pourtant, tu n'as pas été exemplaire »
L'insinuation était plus qu'évidente, et le mouvement des doigts du Mangemort sur sa baguette évocateur. Un cri s'échappa de sa gorge, ou plutôt l'ébauche d'un « Non, attendez ! » qui ne fut pas achevé avant que les dernières lettre du sortilège ne se forment sur les lèvres de Rodolphus. Un souffle de vent la frappa d'une façon dont elle n'aurait jamais crut le vent capable. A l'inverse d'une brise qui frappe le visage d'un voyageur, il frappa ses entrailles et la plongea au fond d'elle-même, dans un brouillard aussi épais qu'inquiétant pour la priver de ses sens externes. Aussi soudainement que le mistral avait surgit, il s'estompa avec la brume pour laisser place à un paysage aussi familier que déstabilisant par la soudaineté de son apparition.
Elle était devant la coiffeuse de son dortoir, son regard azur braqué sur une scène qu'elle observait à travers le miroir, méprisant d'un regard la bataille aussi veine qu'acharnée entre deux jeunes filles d'à peu près son âge. Les blondes, toutes les même à se disputer pour des histoires de ragots et de garçons, heureusement qu'elle échappait à ce redoutable cliché qui avilissait les filles de Serpentard alors même qu'elles pensaient devoir s'en sentir fières ! Mais pourquoi pensait-elle soudainement à McLane et Dedrak ? Sans savoir si elle avait bien chassé cette pensée incongrue, elle se retrouva à nouveau mêlée à la brume, puis ses pieds se posèrent sur un sol bien en dur. Entourée de quatre mur là encore bien reconnaissables, Liliana se savait pourtant parfaitement dans un second souvenir. En face d'elle, elle voyait Malefoy et Ombrage, ainsi qu'elle-même, bien droite à mesurer d'un regard narquois « l'estimé » Serpentard qui l'agaçait tant pour le simple fait d'être qui il était alors même qu'elle ne lui avait jamais adressé la parole. Elle se souvenait avoir achevé de se moquer des idées de Drago en les faisant tourner à son avantage par la même occasion, avant que Précieuse ne vienne ajouter son grain de sel. La BI... Une charge ennuyeuse à mourir, de laquelle Liliana pensait à endosser les responsabilités que lorsque cela lui était favorable, comme lorsqu'elle avait put se moquer d'une pitoyable Serdaigle avec le préfet des Gryffondor, qui osait finalement se mouiller que lorsqu'il risquait un minimum, mais qui faisait alors un camarade un peu moins fatigant.
Mais pourquoi Diable pensait-elle à tout cela ? Ça n'était pas le moment de s'encombrer de souvenirs aussi badins, mais à quoi était-il l'heure ? Où était-elle d'ailleurs, si ça n'était au fond d'elle-même, loin, très loin de toute accroche matérielle dont elle n'avait d'ailleurs plus qu'une vague idée ? Peut-être n'était-elle plus, peut-être que rien n'était plus réel... Le brouillard effaça définitivement la reproduction onirique de Précieuse dont les dernières paroles se répandaient en écho diffus. Les dernières vibrations de la voix féminines ne s'estompèrent pourtant pas, mais se désagrégeaient, la sonorité se modifiait et soudain, Liliana reconnu sa propre voix.


« Toi comme elle, vous êtes méprisables. »

Quand avait-elle bien put dire cela, et à qui ? Un lourd silence retomba sur elle, l'enfermant entre la brume épaisse qui ne faisait plus mine de disparaître, et ce qui semblait faire un barage vers ce souvenir, aussi puissant qu'un mur de pierre. La curiosité s'éveillait en ciel, trouvant écho dans les nuages filandreux de l'étrange brouillard, qui se mouvait comme mille serpents à la recherche d'une faille, afin d'accéder à ce souvenir qui semblait barré. Le mur se dessina, et peu à peu, les fils cotonneux grattèrent la pierre qui s'effilocha avec douceur. Le mur tomba, semblant tout engloutir avec sa fiche. Non, il ne l'avait pas engloutit elle, et lentement, l'ombre s'écarta comme un rideau pour laisser apparaître le salon luxueux d'un manoir qui se trouvait, outre à l'intérieur de son songe, par delà les îles anglo-saxonnes.

« De quel droit m'avoir fait ça ? Tu te pares de belles idées sur l'égalité et la fierté des origines, et tu me mens à propos d'une branche de mes ancêtres ? Et de quel droit me prives-tu d'un souvenir ?
- Crois-tu vraiment que c'est un souvenir qui aurait été indispensable quant à la réalisation de ta personnalité, fille ?!
- Sûrement plus que des années de dédain en retour à mes questions, sans me préparer à ce que j'aurais, par désobéissance ou pas, rencontré en venant ici ! »

Son père se dressait de toute sa taille devant elles. Liliana s'observait, les yeux brûlants d'une colère et d'une frustration qu'elle ne s'était jamais vu exprimer, et qui la laissait glacée jusqu'à l'os.

« Tu n'as pas à discuter des décisions que j'ai prise pour ton bien, c'est ainsi. Il n'aurait plus manqué que tu choisisse de finir comme tes abominables cousins !
- Abominables, qui donc se permet d'utiliser un tel adjectif ?... Se mêla la voix suave d'Elegant Vanloock tandis que Liliana haussait le ton sans se soucier de couvrir la voix de son oncle.
- Je ne te permets pas de les insulter !
- ...Qui est abominable ici ? Le traître à son sang, ou deux fils assumant leurs origines comme il se doit ? Dois-je te rappeler ta lâcheté ? »

La Liliana blessée n'avait pas comprit comme le phénomène s'était produit, celle spectatrice n'y parvint pas non plus, mais les deux frères qui étaient un instant plus tôt à une distance raisonnable l'un de l'autre s'étaient retrouvés face à face, baguette brandie.

« Ca suffit ! Tu n'as pas à choisir pour moi ! Pourquoi ne dois-je pas avoir voix au chapitre ? Il a raison, tu es lâche, et tu es un connard pour m'avoi... »

Pourquoi devait-elle voir ça ? D'où sortait ce souvenir qu'elle n'avait crut ne jamais avoir ? Avec un sursaut, elle vit un sort, lancé par son père, la heurter et la faire s'écrouler contre un mur, et elle ferma les yeux, peu désireuse de voir l'expression de profonde blessure que reflétait ses yeux bleus tandis que sa jumelle onirique se redressait sur un bras, courageusement.

« Si j'avais put choisir... »

Le reste de son murmure fut noyé un mélange de couleurs ternes tandis qu'elle tentait de s'échapper de cette vision, de ses propres mots qui l'agressaient et la blessait avec autant de véhémence que si le cet instant du passé était redevenu le présent. A présent, elle gesticulait dans le noir complet, se démenant pour se libérer de sa prison onirique et soudain, celle-ci éclata comme une bulle.
« Puisque tu ne veux pas qu'elle sache, pourquoi ne pas lui faire oublier une seconde fois cette triste mésaventure ?... Oubliettes. »
Des perles de sueur lui brûlait le front, son sang battait à son crâne dans un bruit assourdissant, mais la pénombre l'entourait toujours. Quand elle cligna des yeux, elle comprit cependant que c'était la nuit réelle : les étoiles commençaient à apparaître timidement dans le ciel, une de ses mains contre le mur où elle était à demi affaissée paraissait douloureuse, mais surtout, la grande ombre du Mangemort se dressait à nouveau devant elle.
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MessageSujet: Re: Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé]   Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé] EmptyMer 16 Juil - 20:13:50

Et durant quelques minutes, les souvenirs de la jeune Vanloock furent siens. La scène s’acheva sous ses yeux de jais, à la fois brutale et distante. Les formes de la pièce s’assombrirent, se dissipèrent nébuleusement et la brume les enveloppa une fois encore. Peu à peu, elle désépaissit et s’effaça autour d’eux comme une fumée dans les airs ; le sol terreux et les murs grisâtres s’imposèrent à lui tel un réveil obscur. L’ombre les entourait de toute part à présent et une brise fraiche balayait le village de Pré-au-Lard. La haute silhouette de Rodolphus Lestrange dominait celle de l’élève assise au sol, la toisant d’un regard pénétrant et orgueilleux. Les visions du passé, encore empreintes dans son esprit, l’avaient plongé dans une réflexion intérieure inaccoutumée. L’attitude du père Vanloock était aussi exécrable qu’il l’avait entrevue, aussi basse et vile qu’elle aurait légitimement mérité un fratricide, peu importait la présence de la gamine. Il avait assez souvent côtoyé l’oncle de la jeune fille pour savoir que l’homme se faisait peu de la pitié. Mais, n’était-ce pas en réalité cette même petite insolente qui avait pendant si longtemps retenu le bras d’Elégant ? Il lui paraissait improbable que les années aient radoucies le cœur du français. Non, ce ne pouvait être la compassion qui avait poussé Elégant à la clémence ; et la peur de perdre n’avait pas pu avoir raison de sa foi. C’était l’enfant et ce qu’elle pourrait devenir qui avait obligé le français à s’abaisser de la sorte. Se pouvait-il qu’il éprouva de l’affection pour elle ? Drôle d’idée, à vrai dire. Il fallait que cette histoire soit réglée, elle durait depuis bien trop longtemps. Les jours de Vincent Vanloock étaient comptés; en serait-il de même pour sa tendre fille?
Rodolphus Lestrange s’humecta les lèvres sous la nappe étoilée, la stature aussi droite et aussi immobile qu’une statue de pierre. Son corps meurtri par les années de douleur ne s’apitoyait pas du froid mais sa patience et son désir de clouer cette affaire le pressait odieusement. Il ne devait pas laisser le temps à la Serpentard de reprendre le contrôle de ses émotions. Il prit un ton posé, la voix profonde et solennelle.

« Ton père t’a menti sur tes origines comme il t’a menti sur nombre de choses, Liliana. »

Par la seule force de l’esprit, le prénom de la jeune fille se répercuta dans les airs comme un accord laissé en suspens. Une légère pluie commença à tomber et une odeur haineuse s’éleva du sol boueux.

« C’est la raison du différent qui existe entre ton père et Elégant. Rien d’autre. Il a préféré te cacher la réalité, t’imposer les choix qu’il a toujours fait a ta place.»

Les mots qui sortaient de sa bouche vrombissaient et s’aiguisaient à mesure qu’il parlait. Ses intonations étaient plus dures, sa prestance plus grande. Attiser la haine le rendait plus fort, plus convaincant dans son entreprise. Une seule chose comptait à présent : éviter que le feu bouillant ne s'éteigne et pour ça, il lui tendrait les armes de la révolte.

« C’est la peur que tu choisisses la voie que tu aurais du emprunter qui l’a poussé à t’isoler de ton passé. C’est encore la PEUR de te voir devenir ce à quoi il n’a jamais pu prétendre qui l’a entrainé à te jeter le sortilège d’oubli...Toi. Sa propre enfant. »


Il avait accentué avec un mépris irrévérencieux ces dernières paroles. Elles grondaient comme un orage perçant au milieu de la pluie, menaçant à chaque instant de s’abattre avec violence à nouveau. Un mélange de sentiment outragés, méprisants et implacables se mêlait à ses mots. Sa voix se fit plus insidieuse, plus appuyée, presque déchirante.

« Je te le demande, Liliana. Quel genre de père oserait agir ainsi envers sa fille ? »

Un véritable éclair, cette fois-ci, apparut dans son dos et le brouhaha percutant ne tarda pas à se mêler aux sons des gouttes criantes. Il s’approcha alors de la jeune élève, s’abaissa légèrement et tint délicatement le menton humide de la jeune fille vers lui, avec douceur et assurance.


« Tu possèdes de grandes qualités, Liliana. Des capacités que ton père n’a jamais voulu reconnaitre malgré ta détresse. Je suis certain qu’au fond de toi, tu sais que la vie qu’il projette n’est pas celle que tu désires... Tu ne t’es pas retrouvée à Serpentard pour rien. Notre rencontre n’est pas le fruit du hasard. »


Son visage juvénile marqué par la souffrance et l’antipathie la fixait étrangement. Ses traits nobles et sombres finement dessinés ne cillaient pas et son regard noir restait vivace.

«Tu peux accomplir de grandes choses, Le Seigneur des Ténèbres le sait. Je vais t’offrir une chance inestimable, Liliana. Le choix que l’on t’a toujours refusé, JE vais te l’offrir. Tu as beaucoup plus à apprendre de moi que de n’importe qui, tu le sais. »

Son long doigt épousa la forme de la joue de la jeune fille et sa main se tendit, ouverte, face à elle. Son regard était calme, sûr, et son air supérieur ancré à son visage doté d'une fascination envoutante. La voix légère mais avertie, il lui murmura avec volupté…


« Un Lestrange ne tend pas la main deux fois. Ne déçois pas Lord Voldemort. Jamais. »
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MessageSujet: Re: Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé]   Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé] EmptyJeu 17 Juil - 19:13:25

Il y avait des vérités si douloureuses qu'elle bannissait toute raison de l'individu frappé par ces révélations. Des vérités qui brisaient, comme l'on brise un miroir, quelque chose en vous, provocant une cassure que, si l'on pouvait la combler avec tous les matériaux existants, demeurerait là à jamais malgré tout, irréparable. Cette cassure était d'autant plus violente que le sujet était jeune... Les iris d'un bleu assombrit par la nuit de la jeune fille restaient capturés par les deux cercles noirs et froids du regard de Rodolphus. Un mélange d'incrédulité et d'effroi remuaient les saphirs sous ses cils qui avaient perdu toute trace de larme. A cette heure, l'idée de laisser aller ses sanglots ne lui traversait pas même l'esprit.
Elle savait ses souvenirs lui appartenir et se souvenait à présent parfaitement de ce qu'il s'était produit ce soir là, de l'entrée protégée contre les moldus et les sang-impurs par un sortilège, sortilège qui n'aurait jamais pu être aussi rude à subir que ceux que lui avait lancé son père dont un lui avait fait perdre la mémoire et l'autre s'écrouler contre un mur. Comment avait-il put ensuite faire comme si de rien n'était ? Et comment, elle, pourrait-elle un jour le regarder sans se rappeler du mensonge de ses silences...?
La jeune fille déglutit difficilement, glissant inconsciemment sa main contre le col de sa cape tandis que la voix du Mangemort retentissait à nouveau, lui rappelant que ses souvenirs avaient été arrachés à l'intimité de son esprit. Pourquoi l'avait-il fait, que savait-il avant et quel était le « contre-sort » qu'il lui avait administré, ces questions lui semblaient dérisoires face à la marée ravageuse d'instants qui lui revenaient, tous liés à cette obscure soirée française.
« Liliana ». Son prénom venait de tomber entre eux, appel à son attention que l'adolescente ne put même pas imaginer dédaigner, tant il sonnait pour elle comme la reconnaissance implicite de sa personne, de son existence à laquelle on avait semblé jusqu'alors faire bien peu de cas. Des gouttelettes de pluie s'infiltrait dans ses cheveux sans que, dans la douleur d'entendre la vérité répétée de vive voix, elle ne pense même à remarquer la pluie. N'y avait-il pas ironie plus amère que d'entendre l'unique voix à laquelle on lui interdirait d'attacher une once de crédit, celle d'un Mangemort, lui présenter plus de vérités qu'elle n'en avait jamais obtenu auparavant ? La peur, était-ce vraiment cela qui avait motivé son père ? Sa méfiance lui soufflait de ne pas se fier à cette déclaration, mais sa déception étouffait sa raison. L'envie de mieux considérer son père lui aurait été en cet instant inenvisageable.

« Je te le demande, Liliana. Quel genre de père oserait agir ainsi envers sa fille ? »
Un éclair soudain déchira le ciel en deux, noircissant la silhouette de Rodolphus Lestrange, qui sembla l'espace d'un instant se deviser lui-même, lugubre métaphore de la propre situation de Liliana, qui refoula un sursaut.
La question méritait-elle réponse ? Son silence, appuyé par ses yeux plissés afin de soutenir le regard du Mangemort – exercice de plus en plus difficile – parlaient pour elle. Lentement, elle secoua la tête, la gorge trop nouée pour prononcer quelque chose d'intelligible qui aurait de toute façon été avalé par le puissant tambour du tonnerre. La pluie battait son plein à présent, mais ça n'était pas elle qui poussa Liliana à se coller un peu plus au mur, ce geste inconscient avait été provoqué par l'approche de Rodolphus, mais n'empêcha pas à ce dernier d'atteindre d'une main son menton ; malgré la douceur apparente du geste, la jeune Vanloock ne put retenir un frisson au contact des doigts froids contre sa peau. Se faire ainsi toucher était très loin de lui être agréable et la gêne transparaissait avec netteté dans son regard.

« Tu peux accomplir de grandes choses, Le Seigneur des Ténèbres le sait. »
Le Seigneur des Ténèbres... Le marché jusqu'alors implicite qui avait prit forme se dévoilait et « la chance inestimable » que Lestrange lui accordait faisait son office de piège. Elle avait peine à croire à ce qu'il était en train de lui proposer. Pourquoi s'embarrassait-il d'elle, alors qu'il l'avait au bout de sa baguette ? Pensait-il qu'elle ait put un jour aspirer à une telle chose ? Un second frisson la parcourut et Liliana ferma les yeux, rebutée tandis que le doigt du Mangemort suivait la courbe de sa joue.

« Un Lestrange ne tend pas la main deux fois. Ne déçois pas Lord Voldemort. Jamais. »
Le Seigneur des Ténèbres... Jamais Liliana ne se serait imaginé dans une telle position. Comment pouvait-elle se sortir de cette situation ? Accepter cette main, qui, lorsqu'elle rouvrit à contrecœur les yeux, était tendue face à elle ? Et si elle refusait ? L'expression de Rodolphus ne laissait pour le moment aucunement place à la menace. L'onyx de son regard brillait avec vivacité, aussi envoûtant que la pierre citée, mais où rôdait un froid qui ne laisserait sûrement pas place à la pitié, si elle osait commettre l'injure de refuser sa main. Liliana n'était pas de ces Héros stupides qui mourraient pour protéger de la souillure leur conscience et pour préserver les idéaux sur lesquels s'étaient jusqu'alors fondée toute leur vie. Sa main tremblante resserra le col de sa cape et le tissu se froissa entre ses longs doigts pâles. Son père avait été le déclencheur de tout cela, pourquoi devrait-ce être elle qui en subisse les conséquences ? L'idée de poser sa main dans celle du Mangemort lui était insupportable, mais pas autant que celle de mourir... La course entre les arbres de la Forêt Interdite lui revint, le sortilège de mort également, et sa main se décrocha soudainement de son col pour se glisser dans celle de Rodolphus Lestrange.
« Vous ne toucherez pas à ma famille, n'est-ce pas ? »
Son regard était humide des larmes qu'elle retenait et sa voix éraillée, mais l'expression de son visage exprimait une résignation que l'on aurait put qualifier de courageuse, si elle ne venait pas d'accepter un accord qui l'emmènerait vers des sentiers qu'elle était bien incapable d'imaginer. Mais avait-elle le choix ? L'engagement qu'elle venait de prendre n'avait pas eu le temps de prendre toute son ampleur dans son esprit, caché par l'opportunité de sauver sa peau et celle de sa famille.
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MessageSujet: Re: Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé]   Quand l'orgueil se mêle à l'imprudence [terminé] EmptyLun 21 Juil - 20:26:30

La main timide et frêle se glissa dans la sienne comme l’épée dans son fourreau, marquant la fin d’une bataille gagnée d’avance. Rodolphus Lestrange se redressa de toute sa hauteur, laissant se dérober à ses doigts ceux de la jeune fille ainsi que l’excitation qui l’avait accueilli l’espace d’un instant. L’accomplissement de sa tâche s’était teinté d’une couleur grossière et insipide, lui laissant dans la bouche un vague goût de moisissure. Son humeur quittait peu à peu les sentiers allègres qui l’avaient mené à la victoire. L’excitation, brève et éphémère ne représentait à présent pour lui rien de plus qu’un souvenir idéalisé et illusoire. A vrai dire, il savait dans son âme furibonde que peu lui importait l’atteinte en elle-même du but fixé ; seul le diligent et tortueux chemin comptait, à présent achevé. Il regardait la jeune fille sans la voir, avec l’orgueil et la noirceur coutumière à son visage. Son esprit, embrumé par ces sauts d’émotions s’était détaché de la présence de l’élève. Il l’avait plus ou moins oublié lorsque sa voix, serrée, lui revint de nulle part.

« Vous ne toucherez pas à ma famille, n'est-ce pas ? »


La question ne parvint pas solliciter son intelligence ; trop absurde et prévisible pour qu’elle éveillât son attention. Le son douloureux raviva cependant sa conscience et la vision qui l’habita lui fit songer à l’avenir. Son instinct l’avait convaincu que la jeune Vanloock avait les moyens de faire ses preuves. A vrai dire, bien qu’il ne souhaitât pas sa réussite - il n’avait pas d’estime pour sa personne - il avait plutôt bon espoir quant à ses chances. De toute évidence, le sang vertueux, bien qu'amoindri par la souillure, n’était pas perdu. Peut-être qu’à force de volonté parviendrait-elle à s’en accommoder. Au mieux.
Et pour cela elle aurait besoin d’un modèle, de ses leçons et de son apprentissage. Aurait-elle pu souhaiter maitre plus prestigieux ? Mais ils n’en étaient pas là : à ses yeux, elle était toujours la moins que rien qu’il avait rencontré plus tôt et même si elle ne vomissait plus, elle n'en restait pas moins infâme.
Son regard suffisant se porta vers elle et d’un mouvement de baguette la remit sur pied, séchant par la même occasion ses vêtements et ses cheveux trempés. La dignité en toute circonstance.


« Accio » clama-t-il sévèrement et la baguette de la jeune fille qui gisait au sol jaillit dans ses mains. Il la prit par la pointe avec précaution et lui tendit naturellement, comme s’il n’envisageait pas un instant qu’elle puisse s’en servir contre lui. Il inspira profondément, son visage blême trahissant son agacement; il répondit de façon douce mais entendue.

« Exécute mes ordres et montre-toi digne de l’opportunité qui t’est faite. Je ne te le recommande que trop. »

Il l’observa fixement quelques secondes, cherchant passablement dans les opales d’azur le moindre signe d’assentiment, de détermination ou de rébellion. Puis, lui tournant le dos, il prit un ton désintéressé, trop gai pour être pris à la légère. Déjà son esprit divaguait vers d’autres priorités ; le dialogue était définitivement clos.

« Garde le mouchoir, il me permettra de rentrer en contact avec toi. »

L’intonation de sa voix signifiait qu’il en avait terminé. Il s’apprêtait à transplaner lorsque, interrompant son geste du bras, il relança :

« Autre chose : choisis mieux tes relations. La compagnie d’élèves issus de maisons autre que celle de Serpentard n’est pas acceptable. » Et sur ce, sans la moindre considération pour cette vie qu'il venait de bouleverser, Lestrange disparut.
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