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 Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé]
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MessageSujet: Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé]   Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé] EmptyVen 29 Fév - 2:00:41

Yaxley fit une moue dédaigneuse et passa la main sur son épaule, brossant les saletés qui auraient pu s’y trouver. Il réajusta sa cravate d’un geste bref et rapide et avança parmi les tombes qui paraissaient encore plus lugubres en cette soirée de février.

Tant de choses s’étaient passées depuis le retour du Lord. Maintenant, ses vieux collègues venaient les rejoindre et Azkaban n’était plus une menace. Néanmoins, ce n’était pas une raison suffisante pour que l’honorable et maintenant respecté Led Yaxley se mette à faire n’importe quoi et à risquer d’échouer à sa mission. Il devait continuer. De toute façon, il se sentait un peu trop las pour les boucheries et les attaques. Il continuerait de travailler dans les coulisses… Mais au fond de lui-même, il retrouvait sa vigueur et appréhendait un combat à venir.

Il soupira.

Parfois, mener une double vie pouvait être exaspérant.

Il posa son regard vide sur l’une des tombes et songea aux mangemorts en cavale qui étaient activement recherchés à ce jour. Ils auraient, bien entendu, les félicitations du Lord pour leur loyauté (quoi que certains aient essayé de se défendre et de mentir quand même) et c’est ce qui agacait Yaxley. Il ne craignait plus pour sa place auprès du Seigneur et Maître mais se demandait comment réagiraient ces fanatiques et ces servants plus que dévoués face à ceux qui s’étaient reniés momentanément.

Il songea à Dolohov. Yaxley avait toujours été le même homme froid et peu avide de contacts avec les autres, de conversations ou de socialisation et ce même pendant la première guerre. Par contre, Dolohov était quelqu’un avec qui il s’était bien entendu. C’était, pour Yaxley, ce qui pouvait le plus ressembler à un « ami ».

Dolohov venait de s’échapper d’Azkaban avec les autres, après treize années de détention. Comment serait-ce lorsqu’ils se reverraient ? Il songea également aux Lestrange, à Jugson et Rookwood. Est-ce que leur attitude face à ceux qui avaient évité Azkaban pourrait éventuellement nuire à leur organisation ?

Yaxley en revint a la réalité et ses yeux déchiffrèrent le nom sur la tombe : « Evan Rosier ». Il se souvenait du mangemort comme s’il l’avait vu la veille… Rosier s’était fait tué après avoir tenté de résister, seul, à un groupe d’Aurors… C’était dommage comme perte…

Une brise froide le fit frissonner et son cou se raidit. Il se détourna de la tombe de Rosier, prêt a rentré au repaire.

Il s’arrêta. Quelque chose venait de bouger entre deux tombes. Il en était sur. Lentement, il glissa la main à l’intérieur de son veston pour en tirer une baguette de bois. La baguette reflétait bien la personnalité de son propriétaire et elle l’avait choisie instantanément lorsque, chez Olivander, il l’avait acheté plusieurs années plus tot.

Assez longue, bois d’ébène, très rigide avec des poils de Sphinx. C’était tout Yaxley.

Baguette pointée dans la direction de ce qu’il distinguait de mieux en mieux comme une forme humaine dans la pénombre, Yaxley se souvint à quel point il avait été imprudent. Après tout, toutes sortes de gens pouvaient se retrouver au cimetière.


- Qui va la ? demanda-t-il d’une voix naturellement autoritaire.

Il forçait ses lèvres à rester closes car au moindre mouvement suspect elles s’ouvriraient et il lancerait une attaque. Il était prêt au pire.


Dernière édition par Led Yaxley le Dim 30 Mar - 16:58:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé]   Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé] EmptyLun 3 Mar - 13:44:21

Un genou dans la terre meuble, Jugson suivait d’un doigt négligeant le nom gravé sur la stèle, comme s‘il avait le pouvoir d‘effacer les lettres frustrantes et de ramener le cadavre à la vie. Le patronyme ressortait en relief de la pierraille grisâtre déjà trouée par les intempéries et l’indifférence qui accompagnaient toujours les morts. Le deuxième depuis le début de son inspection. Fâcheux que certains aient ainsi pris de l’avance sur les comptes qu’ils avaient à lui rendre. Ils échappaient aux châtiments dus à la vengeance et le laissaient avec ce ressentiment brûlant qui menaçait de le dévorer s’il ne trouvait aucun exutoire. Avoir passé treize années à l’entretenir rendait cette émotion physique, aussi réelle qu‘une lame dans sa chair: C’était cette amertume dans sa bouche, l’âcreté de sa salive qu’il ne pourrait jamais assez cracher pour en chasser le goût fielleux. Quant à la ravaler, c’était hors de question…

Le Mangemort se releva avec raideur, le regard chargé de haine. Des lâches, il y en avait d’autres, des bien vivants. Il y en avait même de très proches. Mais ceux-là, il n’était pas en mesure de décider de leur sort même si son idée quant au destin à leur réserver était on ne pouvait plus claire et radicale. Il se serait fait une joie d’en être l’exécuteur. Avait-il gardé assez d’optimisme pour croire en la venue de ce jour qu’il espérait prochain ? Oui. De toutes ses forces qui ne lui avaient jamais paru si vives.
Lui et ses confrères pouvaient bien être recherchés, traqués comme des bêtes à travers tout le pays et même au-delà: l’ivresse d’être enfin libre ne connaissait aucun prix. Évidemment, cela ne constituait pas une raison pour agir stupidement et dans la précipitation, il en était conscient, mais il avait parfois tendance à l’oublier. Tendance à s’oublier. Un naturel invaincu après toutes ces années d’emprisonnement, des années lymphatiques, aussi floues que des mirages.

Du coin de l’œil, il perçut une silhouette sur le côté. Inintéressante. Il n’avait plus rien à faire ici et s’apprêtait à transplanner sans plus se poser de question sur les rôdeurs nocturnes arpenteurs de cimetière. Ce fut sa voix qui l’arrêta et le fit se retourner pour s‘avancer de quelques pas.

Réentendre le son de cette voix le fit sourire. Inopportunément. Ce n’était pas le sourire réservé aux vieux camarades qu’on est content de recroiser et dont la bonne santé nous satisfait, ou du moins ne nous révolte pas. Non, il s’agissait plutôt du sourire de celui qui vient d’entendre la meilleure blague jamais racontée depuis treize ans. Une plaisanterie à visage humain qui ranimait de vieux souvenirs, une sorte de refrain qui sonnait faux. Désagréablement faux. A vrai dire, la surprise ne trouvait pas la force de s’implanter dans son être, tellement fort était le dédain qu’il ressentait pour cet…homme.

Yaxley, autre synonyme à profiteur, plus communément associé à l’image qu’il se faisait du traître et du pleutre remarquablement intelligent dès qu’il s’agissait de sauver sa carcasse, donc remarquablement méprisable. Un de ceux sachant le mieux ramper pour préserver sa misérable peau. Et il s‘était hissé haut dans la bassesse, l’animal des foires publiques, le Gobelin gratte-papier au service de la plèbe, le singe savant du Ministère, le pantin sans opinion que l’on faisait parler à son avantage en menaçant de lui saccager son petit confort. Toujours Mangemort. Et vivant. Un autre miracle, sans doute. Mais Rod n’avait jamais cru au miracle. Il voyait là un simple sursis dans la remise d’une dette attendant d'être payée un jour.

Il continua d’avancer vers lui sans se soucier de la baguette supposée le tenir en respect. Qu’il essaye de lui tirer dessus et Jugson trouverait l’excuse qu‘il attendait. Oh, pas pour le tuer, bien entendu, malgré l‘endroit plus qu‘idéal pour un meurtre.


-Convaincant. Des gamines auraient fui.

Sa voix plus rauque que par le passé en raison de toutes ces années éteintes dans le silence n’en charriait pas moins sa morgue teintée d’indifférence. Il s’arrêta à bonne distance, comme si trop s'approcher de Yaxley lui aurait valu d’être contaminé par une maladie honteuse, et croisa les bras visiblement peu inquiété. Son sourire s’étira sur son visage encore miné et défait par Azkaban. Vraiment, il n’avait pas d’autre envie que celle de rire un bon coup. Toutefois il ne devait pas perdre son sérieux, oh non, pas avec ce bon vieux Yaxley. Cependant, en dépit de son humeur "joyeuse", ses yeux n’auraient pu exprimer plus clairement sa répulsion et son mépris pour l’homme de toute évidence prospère. Le retrouver céans ne ressemblait vraiment à rien, Led était…déplacé. De toute façon, Jugson ne lui trouvait plus de place nulle part sur cette terre depuis qu’il savait comment l’infâme avait négocié sa…liberté.

-On prospecte avant de s‘y enterrer ? A côté de Rosier, c’est un excellent choix…Mort pour la cause. La belle notion que nous avons tous au coeur…
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MessageSujet: Re: Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé]   Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé] EmptyLun 3 Mar - 16:39:19

Yaxley baissa sa baguette, son bras pendant le long de son corps. Il ne la rangea pas, par contre.

- Ah… c’est toi Jugson…, dit-il d’un ton désinteressé.

Quelle heureuse rencontre ! Jugson ! Il aurait probablement préféré tomber sur un Auror-qui-miraculeusement-savait-qu’il-était-un-mangemort, c’aurait été sans doute plus agréable. Il ne réagit pas à la blague de Rod ni à son expression amusée.

Il jeta un coup d’œil à la tombe de Rosier. Il ne l’avait jamais beaucoup aimé… beaucoup trop barbare et fanatique, un peu comme Jugson. Ces bêtes là n’étaient pas simplement cruelles, elles étaient sauvages. Néanmoins, Yaxley n’avait pas peur. Comment aurait-il pu ? Après tout, ils servaient la même cause et il savait que Jugson n’était pas assez fou pour risquer de déplaire au maître, même après treize ans à Azkaban.

Mais Yaxley ne broncha pas et il soutint le regard noir de son collègue mangemort. Autant il le détestait parce qu’il était sauvage qu’il l’enviait de pouvoir l’être. Il avait passer treize ans sans rien faire, loin de tout ce qui justifiait sa vie, loin de tout ce qui le vivifiait et lui donnait une raison de se lever le matin. Maintenant que le Lord était de retour, il devait conserver le même train de vie ennuyant. Il enviait Jugson qui n’avait plus à se soucier de rien d’autre que de ses désirs, ses désirs de sang, de vengeance, de tuer, d’assouvir tous ces bas instincts comme la mort et l’amour afin de se sentir finalement en vie. Il avait peut-être payé treize années de sa vie à Azkaban mais lui, au moins, pouvait vivre aujourd’hui.

Il avait relevé le sous-entendu. Comment ne pas le faire ? Il comprenait très bien comment des gens comme Jugson pouvaient se sentir frustrés qu’un collègue ait passé ces treize années en liberté au lieu de payer sa loyauté absolue à Azkaban. Cependant, il tolérait très mal qu’on pu lui reprocher d’avoir été intelligent et mieux foutu que d’autres.


- Keuf, fit-il en jetant de nouveau un coup d’œil à la tombe de Rosier, parce qu’il est bien plus utile ou il est, tu crois ? D’autres ont su comprendre qu’il ne fallait pas mourir pour la cause mais s’arranger pour la faire vivre… une cause ne survie pas si elle n’a plus de serviteurs…

Un sourire narquois illuminait maintenant son visage. Il savait à quel point il était utile au Lord, maintenant que ce dernier était de retour et il ne laisserait pas un de ces fanatiques comme Jugson lui faire des reproches. La seule chose qui était dommage, c’était pour Rosier. Il aurait pu survivre… il aurait pu être un évadé avec les autres mangemorts s’il n’avait pas agit stupidement en essayant de résister à un groupe d’aurors… Probablement que la chute du Lord, lorsqu’elle lui avait été annoncée, l’avait rendu un peu fou…

Il leva les yeux, regardant plus haut que Jugson, comme s’il réfléchissait intensément. Il reprit de plus belle.


- Le Lord n’avait pas besoin de fanatiques pour son retour. Il avait besoin de gens comme moi, Malefoy, Rogue et Avery. Des gens capables de lui apporter une main au ministère, lui livrer le secret d’une prophétie ou les plans du département des mystères.

Il toisa Jugson de nouveau. Il n’avait pas besoin de continuer car son interlocuteur était assez intelligent pour comprendre. Qu’avait-il apporté, lui, après treize années ? Quelle était sa contribution en tant que nouvel évadé d’Azkaban ? Toutes ces questions, Yaxley n’avait pas besoin de les formuler car ses yeux les posaient déjà a son collègue mangemort, cet humble serviteur qu’il était également, probablement l’une des seules choses qu’ils avaient en commun.
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MessageSujet: Re: Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé]   Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé] EmptySam 8 Mar - 16:25:08

*Nous sommes repartis.*

Jugson soupira. Un soupir amusé autant qu’irrité. Pourquoi Led se croyait-il devoir faire son plaidoyer devant celui qui n’était pas à convaincre ? Le Mangemort en avait entendu d’autres avant lui et peu importait le ton, qu’ils le pleurnichent ou qu’ils le braillent, ils avaient tous les mêmes refrains à la bouche, les mêmes rengaines abrutissantes ressorties au rabais, principalement devant ceux y prêtant l’oreille la moins favorable.
Rod prit appui sur la stèle d‘une pierre tombale, sentant grandir l’exaspération en lui. Il savait qu’il en aurait pour sa patience. Yaxley irait jusqu’au bout de son argumentation à défaut d’aller jusqu’au bout de ses opinions.


-Yaxley…Je me suis à nouveau cru devant la cour de justice. Garde tes foutaises pour les crédules. Je n’ai pas la patience de les entendre. Toutefois, je te félicite pour ta verve convaincue. On te donnerait sa confiance sans méfiance. Une vraie jeune fille…ce n’est pas étonnant que tous ces pauvres candides du Ministère ne t’ont pas senti arriver.

Ce qui n’était pas son cas et ne le serait jamais. Son regard n’était-il pas assez clair ? Apparemment il aurait à poser des mots sur son mépris irrévocable.

-Ne t’épanche pas pour me convaincre: Je sais très bien que tu as tourné le dos à notre Maître par conviction envers sa cause et que c‘est cette même conviction qui t‘a poussé à ne pas chercher à le retrouver. Treize ans ce n’est pas comme si le temps avait été donné.

Son ton portait plus son indignation acerbe que son ironie, laquelle se tarissait au fur et à mesure qu‘ils restaient face à face. La rancœur devenait plus vive, plus évidente et par conséquent de moins en moins supportable. Il ne connaissait rien de plus agaçant que ceux qui ont déjà perdu et s’accroche au vide avec toute la force du désespoir sans même remarquer que quoi qu’ils fassent pour se débattre, quoi qu’ils puissent imaginer pour remonter, ils avaient déjà basculé. Yaxley n’aurait pas pu recevoir moins de considération de sa part s’il s’était roulé à ses pieds dans la fange du cimetière. Toute sa dignité il l’avait déjà perdu et on ne pouvait la regagner quand on l’avait soi-même déchiré.

-Je suppose que tant que tu sauves ta peau tu es satisfait de ramper. Continue de faire le beau, tu finiras par obtenir ta récompense pour ton utilité et ton…mérite.

Le mérite d’un traître doublé d’un parjure qui brandissait devant lui le drapeau de la loyauté et se parait de fidélité. Il n’y avait pas d’autre récompense que la mort. A quoi pensait-il ? Était-ce sa lâcheté qui lui bandait ainsi les yeux ? On aurait pu dire qu’il avançait à tâtons derrière toutes ces belles certitudes sur sa propre valeur s‘il n‘avait pas compris qu‘il était déjà mort, condamné. Son utilité actuelle limitait son utilisation. Dès qu’on n’aurait plus besoin de lui, dès que leur pouvoir serait assis, il ferait partie de ceux qui recevraient leur dû. La seule différence avec ceux restés fidèles, était que ce tribut résonnerait comme un châtiment, une largesse qui n’amènerait pas la satisfaction du récompensé, mais des heureux dispensateurs.
Laissait on vivre ceux qui nous avaient trahi ? Non. Bien sûr. Une évidence. Car il s’agissait d’une insulte faite à sa propre fierté, faite à soi-même. Aucun homme ne laisserait jamais passer ça. Alors pour ce qui était du Lord…Il fallait un espoir de fou. Ou de lâche. On y revenait toujours.

Et lui était un…fanatique ?


Jugson se redressa, amusé malgré lui. Le pantin savait donner dans la guignolade.

-Essaie de renoncer à ton hypocrisie quelques instants, même si sans elle tu n’es plus rien. Tu es revenu ventre à terre. Notre Maître nous a fait sortir d’Azkaban. Aurais-je la présomption d’y voir quelque chose ? D’ailleurs d’où tires tu la prétention de savoir ce dont le Lord a besoin ? De tes espoirs ?

Savait-il seulement se regarder en face ? Peu probable que la réponse à cette question fut positive. Sinon, l’impression de se trouver face à un être persuadé de sa propre importance ne se serait pas faite autant sentir. Le Mangemort renifla avec dédain. Si seulement Yaxley avait su s’arrêter là, mais il n’avait aucune lucidité. Accorder son nom à celui de Malefoy…Inanité crasse et incurable.
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MessageSujet: Re: Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé]   Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé] EmptySam 8 Mar - 20:12:58

Yaxley regarda son interlocuteur s’appuyer sur une tombe et fit de même. S’il se souvenait bien de Jugson, cela pourrait être long et il était inutile de rester droit comme une planche.
Lorsque son collègue critiqua ses manières convaincantes avec ironie ainsi que le ministère, Yaxley ne put réprimer un sourire. Qu’aurait-il pu répondre à cela ? Oui, il avait eu la confiance de ces imbéciles. Oui, il avait menti et ça lui avait valu treize années loin des détraqueurs. Non, ils ne l’avaient pas senti arriver et ce serait d’autant plus dur pour eux lorsque le poignard les frapperait dans le dos.

Il soupira, exaspéré, lorsque Jugson lui reprocha de ne pas avoir cherché le maître pendant ces treize années. Était-il bête à ce point ? Qui avait recherché le maître ? Personne… Le Lord avait disparu et les mangemorts s’étaient retrouvés tous séparés face aux aurors, à l’Ordre et au reste du monde. Qui aurait pu décider de continuer la lutte lorsque l’on avait perdu sa clef de voûte, son élément essentiel, son leader incontesté ?

Il inspira lentement et répondit, toujours calme et froid.


- D’accord, Jugson. Soyons francs l’un envers l’autre si ton petit cœur en ressent autant le besoin. Je l’ai cru disparu… envolé. Je n’en suis pas fier mais j’étais sur que le Lord ne reviendrait pas, qu’il était finit. N’essaie pas de te faire passer pour mieux que moi sur ce point, par contre. Si tu aurais été libre pendant ces treize années tu n’aurais pas cherché à retrouver le Lord non plus. Il n’y avait pas de signes, il n’y avait personne pour le retrouver car tout le monde le croyait finit… malgré tout ce qu’il avait fait.

Il s’arrêta de parler mais ne quitta pas Rod des yeux. Ce dernier ne s’était pas lancé en pleine rue en jetant des « mosmordre » un peu partout. Ce n’était pas l’élément le plus fidèle du Lord et s’il avait été envoyé à Azkaban, c’était parce qu’il y avait eu trop de preuves et de circonstances pour l’y enfermer et non pas parce qu’il avait renoncé à sa liberté pour leur maître. Qu’est-ce qu’il essayait de lui faire croire ? Qu’il s’était fait enfermé par exprès ? Qu’il n’avait pas essayé de se défendre non plus ? Est-ce que Jugson avait tellement été rendu fou par les quatre murs de sa cellule et les horreurs qui le gardaient qu’il en avait fini par se convaincre lui-même qu’il était la à cause de sa fidélité et de ses valeurs admirables ?

- Kof, fit Yaxley en reniflant à la manière de son interlocuteur, parce que tu vas essayer de me faire croire que si tu étais sortit sans que le maître ne soit revenu tu te serais pointé au repaire et que tu serais allé attaquer des gens en t’exhibant le bras gauche au nom de la bonne cause ?

Non, tu aurais probablement prit ton trou et tu aurais continué à draguer sans te soucier de tes anciens collègues, pensa Yaxley.

- Soit un peu plus sérieux… Après tout, on s’amuse beaucoup plus quand on est honnête, non ? Quand on n’est pas hypocrite…, dit-il avec un petit rire.

Il fit le sourd d’oreille sur le commentaire de Jugson concernant le fait de ramper ou de faire le beau. Il avait rampé devant le ministère ? Non. Il leur avait fait avalé la plus grosse histoire jamais entendue et ils lui avaient mangé dans la main, satisfaits, en redemandant, se léchant les babines comme les gros porcins innocents qu’ils étaient, prêts à avoir une nouvelle portion, une plus grosse part de ces mensonges éhontés qu’il leur servait et dont ils raffolaient. Plus il les avait bourrés des pires conneries et moins les doutes avaient pesés sur lui et c’est pourquoi il riait à la simple idée qu’il eut pu ramper devant le ministère. Le ministère avait rampé devant lui. Le ministère, tâtonnant, trébuchant à cause de ses yeux bandés de gros aveugle lourd et naïf avait prit ce que Yaxley lui avait tendu avec une joie incroyable, tout comme s’il voyait à nouveau.
Sa récompense, elle, il l’aurait lorsqu’il n’aurait plus raison d’être. Lorsque le Lord leur annoncerait qu’ils n’auraient plus rien à faire, que la mission était accomplie Yaxley aurait sa récompense.

Il sourit devant la naïveté de Jugson, sans se douter qu’il était frappé de l’exacte même… lui ainsi que bien d’autres mangemorts.


- Mes espoirs ? dit Yaxley, incrédule. Azkaban est une école d’humour ou quoi ? S’il n’y avait eu personne au dehors, le maître ne serait pas revenu. Pettigrew est un idiot, certes, mais c’est lui qui a permit au Seigneur de revenir grâce au rituel. Le Lord sait ce qu’il veut et nous aussi… Nous avons pu voir ses besoins depuis juin dernier. Mais ce n’est pas une erreur de ta part de voir quelque chose à votre évasion. Le Maître avait besoin de ses serviteurs et des détraqueurs, autant faire d’une pierre deux coups. Tu crois qu’on va faire une deuxième guerre à quinze ? Ce serait un peu juste…

Yaxley eut un doux rire. Il avait toujours travaillé plus comme organisateur et planificateur d’attaques et comme stratège que comme soldat. Les chances étaient qu’il soit encore moins sur le champ de bataille pendant la deuxième guerre et il se dit, à ce moment là, que le Lord manquerait toujours de chair à canon et de soldats idiots pour aller jeter des sorts en groupe contre les membres de l’Ordre et les aurors.

Oui, pensait-il. Peut-être que Jugson et les autres avaient retrouvé la vie en sortant d’Azkaban, peut-être étaient-ils libres d’agir et ressentaient-ils plus la frénésie de la deuxième guerre qui venait que ceux qui, comme lui, étaient pris a jouer un rôle mais leur vie coûterait cher à vivre et serait aussi dangereuse qu’exaltante.
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MessageSujet: Re: Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé]   Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé] EmptyLun 24 Mar - 23:38:19

Mais que n’avait-il pas déclanché…Son regard se fit lointain, absent. Mieux valait prendre une certaine distance dans l’expectative du discours qui allait suivre. Il avait pourtant prévenu qu’il était inutile de s’engager sur cette voie ne menant à rien d’autre qu’un champ de désapprobation stérile. Qu’allait-il en sortir ? Rien qui ne fut déjà une certitude. Yaxley était un lâche déloyal sans envergure qui brandissait bien haut son utilité actuelle faute d’avoir sa propre valeur à présenter. Un bouclier qui, croyait-il, le mettait à l’abri de tous les dangers. Pourtant les outils s’usaient et se devaient d’être remplacés.
Le Mangemort n’avait aucune envie de se répéter, les discussions interminables et les polémiques qui tournaient en rond ne l’intéressaient pas le moins du monde. Surtout lorsqu’il avait tellement d’autres choses à faire que se perdre en vaines récriminations comme deux adolescentes qui se chamaillent. La querelle s’engageant était totalement futile. Jugson ne changerait pas ses opinions et Yaxley continuerait à travestir la vérité dans son sens, se perdrait dans toujours plus de mots et de paroles creuses qu’il n’avait jamais écouté. Pourquoi commencerait-il à présent ?


-Hé bien…On sent que ces treize dernières années n’ont pas été faciles pour toi. Ça revient de loin tout ça…Edifiant. Tout autant que navrant. Tu as fais tes choix aussi méprisables soient-ils. Fais moi juste une faveur puisque ma sensibilité t‘intéresse: Ne me dis pas ce que je pense. Ne te sens pas obligé de te défendre en m’accusant de tes doutes ou de ce que tu n‘as pas fait.

Pour ce qu’il se sentait concerné de l’opinion qu’avait Yaxley de sa personne, comme des autres du reste. Le seul à pouvoir lui demander des justifications n’était pas présent.

-Je ne t’accuse pas. C’est bien pire que ça. Je constate.

Il constatait. Il lui était impossible de dire ce que lui-même aurait fait si les choses avait tourné autrement et l‘avaient laissé libre. Mais il avait cette certitude: quand plus rien n’était à perdre, on était prêt à tout risquer. Et le Lord disparu que restait-il à ses serviteurs ? Ses valeurs. Les valeurs que Jugson avait fait sienne et que rien ne saurait lui faire renier. Certainement pas la pauvre menace d’Azkaban. Il en était certain, il avait eu treize années pour l’expérimenter, pour regretter. Jamais il n’aurait pu abandonner, remettre en question la voie qu‘il s‘était choisi. Lord ou pas. La cause dépassait bien la perte d’un élément quel qu’il fut-ce. Aurait-il cherché à retrouver Celui qu’il appelait son Maître, réduit au néant face au rejeton d’une Sang de Bourbe ? La réponse d’alors aurait été non. Seul les faibles attendaient de l’aide pour se relever de leur chute. Mais à présent il avait une dette. Que soit par intérêt ou par récompense envers une certaine fidélité, le Lord lui avait rendu sa vie et Jugson ne pourrait offrir rien de moins que l‘équivalent.
Non, il n’était pas un fanatique, il n’avait pas ce culte intense voué à leur Maître. Cependant il n’était pas aveugle, il connaissait sa puissance et ses capacités, il lui obéissait comme à un chef, le seul capable de faire avancer ses certitudes. Il avait toujours cru en sa puissance. C’était cette croyance même qui l’avait mené à Azkaban, incapable de cracher sur ses convictions, persuadé qu’il n’y resterait que quelques jours, ce qui lui semblait quelques instants à présent que toutes ces années étaient passées. Il n’avait jamais douté de sortir. L’annonce de la défaite du Lord lui était parvenue. Il n’y avait pas cru. C’était impensable. Les jours avaient passé et il avait doucement glissé dans l’éther avec cette idée. C’était impensable. Le doute n’avait pas eu le temps de s’installer qu’il était déjà perdu dans ses souvenirs et la rage étouffante de ne pouvoir rien faire. Plus aucun autre choix que de se laisser aller à l’oubli quand d’autres étaient libres. Et ne profitaient pas de cette liberté, avait renié tout le sens prêté à leur vie.
Ce qui l’avait saisi alors, c’était son impuissance, l’incapacité à garder une emprise sur son destin qui pourtant lui appartenait de droit, l’impossibilité de faire autre chose qu’attendre que toute conscience se soit évanouie, la disparition totale de ses désirs. Y compris celui d’être libre.

A travers le brouillard de ses souvenirs indéfinis, quelque chose le fit sourire bien que son regard fut encore tourné vers d’autres lieux et d’autres personnes. D’abord Yaxley faisait de lui un séide…et la phrase d’après il n’en faisait rien de moins qu’un planqué…Amusant.


-Oh Yaxley, tout à l’heure tu m’assimilais à un fanatique et à présent je ne vaudrais pas mieux que tout ceux qui se sont terrés comme des pleutres alors qu‘ils avaient la possibilité d‘agir. Comment fais je pour concilier les deux ? Et....je n’ai jamais prôné le séjour à Azkaban comme preuve irréfutable de loyauté.

Idée tordue qui montrait bien jusqu’où Yaxley était au courant…Il n'était pas Bellatrix, ni son mari. S’il y avait une chose à condamner il s’agissait de l’inactivité de ceux restés libres et n’ayant rien tentés. Ceux qui avaient renoncé, les abjurés. Si encore leurs mensonges s’étaient prêtés au faire aller de leurs idées…Mais pourquoi devrait-il s’exposer à Yaxley ? Que le Mangemort s’étouffe avec cette certitude de tout savoir ou ces autres choses qui lui tenaient à cœur.

Ses yeux se reposèrent sur le visage de son confrère. Malgré le fait qu’il est disposé de sa liberté et d’une position enviable pour prospérer, Yaxley avait l’air d’avoir plus vieilli que lui. Déjà plus miné par la vie. Une énigme que Jugson ne s’expliquait pas. Yaxley n’avait jamais été vivant et il aurait tout aussi bien pu s’allonger à même le sol pour attendre la mort. Où serait le changement, sinon d’état ? Pour ce qu’il faisait de sa vie, à quoi lui servait le sang qui nourrissait ses veines, pourquoi son cœur se fatiguait-il encore à battre la mesure ? Réglé. Au pas. Pitoyable.

Insupportable. Jugson avait le désir de s’en aller et avait déjà été bien charitable à faire l’aumône de tant de paroles sur un sujet de fioriture. Il préférait que les choses soient mises au clair dès à présent car il n'y reviendrait plus. Et ces pseudos justifications lui pesaient.


-En fait, tout ça, je m'en contrefous. Ces prêchi-prêchas n’avancent à rien et m’ennuient profondément.

Ils retomberaient toujours dans le même cercle de reproches. Si ce n’était pas de la lâcheté ou du parjure c'était les alentours. Il ne savait même pas si dans le fond Led en comprenait la signification. Pas plus que le besoin et l’indispensabilité, termes qui semblaient se confondre allégrement dans son esprit aux notions dépréciées. Décourageant. Mais ses désillusions n'étaient pas son problème…Et le sentiment de se répéter, d'entendre inlassablement la même ritournelle l'énervait. Doucement encore, mais il sentait les prémisses d’un sentiment plus noir chauffer son sang. Il avait passé trop d'années à ressasser des souvenirs identiques qu’aujourd’hui il ne pouvait supporter trop longtemps le rabâchage. Surtout s’il était ponctué de tels gloussements exaspérants.

Rod fit quelques pas signifiant que pour lui la discussion n’avait pas besoin d’aller plus loin dans ce sens.


-Je te demanderais bien comment se passe ta vie à l‘abri de tout soupçon si je ne savais pas déjà qu’il n’y a rien à dire dessus. Toujours pas de femme, Yaxley ? Je suppose qu’elle saurait remplir tes soirées un peu plus efficacement. Tu as affreusement vieilli, c‘est en te regardant que je vois que le temps a passé. Et mal passé.
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MessageSujet: Re: Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé]   Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé] EmptyMar 25 Mar - 3:22:28

Ils s’éternisaient en vain. Jugson méprisait ses choix et Yaxley ne ressentait aucune culpabilité à les avoir fait, ne voyait pas pourquoi il aurait du aller lui aussi en prison. Ils n’étaient pas appuyés sur les mêmes tombes tout comme ils n’étaient pas assis sur les mêmes valeurs, tout comme ils ne pourraient s’entendre car tous les deux avaient leur point de vue, leur manière de penser et d’agir.

Et son collègue avait raison sur ce point : Yaxley ne pouvait se permettre de lui prêter ses doutes ou ses regrets car ils n’étaient pas une même personne. Ce dont le mangemort avait la certitude, néanmoins, c’était que toute cette façon qu’avait son interlocuteur de lui reprocher ces treize années de liberté était très hypocrite. Personne n’aurait pris treize ans à Azkaban par pur choix et le il ne pouvait s’expliquer la haine de son interlocuteur par autre chose que la frustration d’avoir perdu un peu de sa vie, de s’être fait voler un peu de son temps, un peu de soi-même.
Et il recrachait cette frustration sur son collègue.

La main gauche de Yaxley se porta lentement vers son pectoral droit et il brossa de nouveau quelques poussières imaginaires de son veston, repoussant la frustration, la haine, le mépris de son interlocuteur.

Enfin, son collègue déclara que tous ces enfantillages l’énervaient. Le menton du mangemort poussa brièvement vers l’avant et ses yeux fixèrent le sol. Il ne pouvait qu’acquiescer : les deux hommes commençaient à ressembler a deux vieux sourds qui en étaient à argumenter sur les tons et les pauses dans les propos de l’autre, répétant les même deux phrases sans se lasser.


- Tu as bien raison, Jugson. Après tout, nous ne sommes que deux humbles serviteurs d’une même cause, dit Yaxley d’un ton enchanté qui sonnait incroyablement faux et sarcastique.

Mais il le pensait vraiment, au fond. Le mangemort regarda son collègue s’animer un peu. Il finit par lever les yeux au ciel et ceux-ci redescendirent vers le sol en suivant le mouvement de ses doigts qui glissèrent dans ses cheveux et allèrent lire les traits de son visage. On ne pouvait s’attendre à ne pas vieillir plus vite en vivant deux vies. Ce n’était pas la première fois que Yaxley pensait à son physique. Il avait des cheveux gris qui commençaient à se répandre un peu partout sur sa tête, pas satisfaits de se limiter à ses tempes. Au moins il ne les perdait pas. Au moins son visage ne s’était pas trop ridé. La compensation, pour Yaxley, c’était son corps : il était toujours aussi grand et il n’avait rien perdu de sa bonne forme, au contraire, un peu plus large et musculeux qu’à l’époque.
Car si Azkaban avait volé treize années à Jugson, elle avait volé en plus un peu des cheveux de Yaxley, un peu de sa force mentale, un peu de sa volonté. Néanmoins, jamais il n’avait parut plus volontaire, plus froid, plus fort, plus brutal et plus sévère.

Et une femme… et ses soirées… Jugson en revenait à ses valeurs fondamentales, ses principes superficiels de s’occuper de ses petits désirs soirs après soirs pour se prouver, pour passer le temps, pour vivre.
Mais s’il aurait eu un peu plus d’autocritique et cette faculté exceptionnelle de pouvoir voir en soi, Yaxley aurait su qu’il réagissait avec mépris devant ces futilités parce que, au fond, elles lui manquaient terriblement et qu’il était frustré de voir de telles « idioties » lui être refusées.
Deux vies, deux identités, deux visages, deux visions du monde, deux mémoires, deux histoires mais toujours autant de temps vide, d’heures lentes, d’agonie, deux morts, deux ennuis, deux fois plus de temps à vivre pour ne rien faire, pour attendre le sommeil qui l’éloignerait le plus possible de ces deux vies, de ces deux vides, deux trous béants tellement immenses qu’ils l’avaient percé et détruit et qui continuaient de le détruire un peu plus, jours après jours.
Yaxley, en bon onychopage, se contenta de continuer de ronger son ongle, sa dent glissant finalement en dessous et le séparant du reste du composé de kératine. Il ignora la douleur que son pouce gueula sur le coup car il avait rongé trop court. Son visage demeura impassible, la douleur se limitant au pauvre doigt qui n’avait rien à faire pour l’évacuer, pour l’exprimer.
Le mangemort releva les yeux vers son interlocuteur, cherchant à voir si Jugson faisait cela par pur amusement, comme une gaminerie cruelle et égoïste qu’un enfant fait pour obtenir son propre rire sans se soucier du reste du monde, ou s’il avait simplement envie de converser –ce que Yaxley avait du mal à concevoir-.


- Oui, on vieillit et parfois trop vite quand l’on ne passe pas toutes ses journées assis à ne rien faire, dit-il distraitement en rongeant l'ongle de son pouce.

Ce n’était même pas méchant. Ce n’était même pas dit comme s’il avait eu l’espoir et le désir d’attaquer ou faire un reproche à son collègue. Inconsciemment, l’homme ne faisait qu’essayer de s’expliquer le phénomène, qu’essayer de justifier la nature.



- Non… toujours pas de femme, déclara-t-il sur le même ton froid.

Qu’y avait-il d’autre à dire ? Que pouvait-il répondre d’autre que l’évidence même, que la réalité ? Il aurait pu déclarer à Jugson qu’il lui faudrait se faire montrer les bons endroits ou aller pour rencontrer des gens mais l’idée était morte avant même de naître au plus profond recoin de son esprit. Yaxley ne pouvait même concevoir le fait de s'exposer, de montrer une faiblesse ou un manque à un collègue et encore moins à Jugson. Inconsciemment, il se refusait une telle chose car c'était quelqu'un qu'il détestait secrètement pour l'estime qu'il lui portait contre son propre gré et parce que Jugson aurait pu l'atteindre, aurait pu avoir un certain impact sur lui.

Une femme… Des sentiments s’associèrent rapidement, malgré lui, à ce mot. Des souvenirs : des images, des sensations, son corps se rappelait tout autant que sa mémoire et sa peau qui avait reçu, ses doigts qui avaient touchés, ses bras qui avait enlacés, tous frémirent à l’unisson autant de peur que de plaisir. La réaction fut immédiate et l’esprit de Yaxley violenta chacune de ses facultés psychique, chacun de ses muscles, chaque fibre de son corps d’un seul coup de fouet magistral pour assassiner ce qui pouvait ressemble à de l’humanité, à de la vie, pour tuer cette dérogation émotionnelle, émotive qui n’avait pas lieu d’être dans un tel contexte… dans presque tous les contextes. Maintenant, ses bras travaillaient ou tuaient. Maintenant, sa peau servait à être rasée ou coupée et brulée pour prévenir le reste de son corps d'un danger.

Et le mangemort resta de marbre, son visage toujours impassible et son corps immobile et raide.

- Et toi ? demanda Yaxley sur le ton neutre qu’abordait la conversation. Tu as repris ton train de vie habituel, j’imagine. Tu arrives à loger ailleurs qu’au repaire ?

C’étaient des banalités, de grosses pertes de temps… des choses qu’il refusait même à ceux qu’il devait endurer, duper, côtoyer tous les jours pour la cause. Il se donnait envie de vomir : après ils discuteraient météo car deux jours sans pluie s’étaient succédés miraculeusement.
Néanmoins, Yaxley ne pouvait faire autrement. Jugson, sans le savoir, sans que Yaxley ne lui en donna le moindre indice, venait de mettre un beau gros coup de pied à un endroit très sensible de sa raideur, de sa glace et il avait simplement envie de se changer les idées, de se forcer à oublier momentanément jusqu’à ce que sa mémoire se décide enfin à enfouir le souvenir quelque part et à l’y laisser.
Il avait besoin de s’imprégner d’autres éléments, de nouvelles informations pour remplacer les anciennes, de la vie de quelqu’un d’autre, pour oublier à quel point il était mort lui-même, pour oublier à quel point il aurait pu être en vie, à quel point il avait pu l'être, pour s'ignorer. Il avait besoin de se remplir avec quelque chose d’autre pour bien faire le vide dans sa tête, dans son esprit.
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MessageSujet: Re: Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé]   Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé] EmptyDim 30 Mar - 16:04:41

Et à présent, quoi ? Yaxley tenait vraiment à lui faire la conversation au milieu des tombes ? Comme si Azkaban l’avait recraché dans le seul et unique but de passer sa soirée en compagnie des morts de toutes sortes. Led n’était peut-être pas rongé par les vers, mais sa carcasse ne valait guère mieux. Toujours pas de femme ? Vraiment ? Ni maîtresse, ni catin ? L’avait-il jamais vu en compagnie de quelqu’un d’autre d’ailleurs ? Fille ou garçon, pour ce qu’il en savait…Yaxley avait toujours œuvré seul, il n’était pas étonnant qu’il dorme seul. Sa suffisance devait lui réchauffer ce qui lui tenait lieu de cœur et la froideur de ses nuits, comme de sa petite vie minable, ne devait guère le déranger. A peine croyable, mais vrai.

Un sourire épicé de dérision étira les lèvres du Mangemort. Rod avait oublié ou bien il n’avait jamais prêté attention à une chose: l’amusement que Led procurait. Toutes ces possibilités offertes et Yaxley n’en avait saisi aucune, inapte qu’il était à le faire. Leur préparait-il quelque chose de tragique pour justifier cette absence de tout dans son existence ?
A sa façon, il était drôle dans toute son excessive normalité. Son ton, ses attitudes tour à tour empruntées et un rien nerveuses, sa vie tout simplement était propre à ce rire qu‘attirait le mépris devant un trop grand excès dans le gâchis. Une farce drolatique, quelques instants secoués d’un ironique paradoxe, celui de se dire qu’un homme dépossédé de quatorze années avait plus vécu à travers ses chimères qu’un autre gracié d’une liberté imméritée. Qu’en faisait-il ?

Jugson ne pouvait concevoir à quelle indifférence s’était attaché Yaxley. Une indifférence proche de l’insignifiance, une vie aux appétits frugaux s’ils n‘étaient pas inexistants. Etait-ce un loisir de son collègue ? Se nier soi-même, se prouver que l’on dominait tout: hommes comme pulsions ? Quel esprit malade habiterait alors la cervelle de Yaxley…Non, Rod penchait surtout pour l’inanité morne, une pensée trop encrassée dans ses habitudes pour pouvoir un jour s’en déloger, incapable de se rendre compte, de réaliser à quel point il était en fait l‘esclave de ce qu‘il se refusait.
Du reste, il n’arrivait pas à déterminer ce qui pouvait bien le dévorer de l’intérieur avec assez d’intensité pour qu’il éprouve le besoin de s’attaquer à ses doigts en faisant montre d’autant de ténacité. Un comportement singulier, inaccoutumé…Cependant, il s’y retrouvait. Il avait toujours soupçonné une bizarrerie dans le caractère de Yaxley et l’option qu’il pusse être dérangé derrière son masque d’homme respectable et sans attrait s’envisageait d’elle-même.

Comment l‘envier ? Yaxley était devenue sa risée. Il était amusant de le voir chercher sur son visage les traces des maux pointés par Jugson. Il était amusant de le voir congeler dans sa chair, une prolongation de la stèle sur laquelle sa petite personne s’appuyait. Et il était amusant de l’entendre parler, sans expression, sans animation. Il ne savait pas dans qu’elle glace était pris Yaxley, la seule chose certaine était qu’il n’en sortirait probablement qu’avec le trépas, le vrai, quand son esprit fatigué de tourner dans le vide s’épancherait dans l’oubli. Pathétique. Peut-être son accablant camarade ferait il un mort joyeux ?
Son propre "train de vie habituel" consumait en une nuit ce que son collègue embraserait en une vie. Plus encore maintenant qu’il avait connu le silence et le goût amer, l’attente rance des journées irrémédiablement perdues. Il avait en lui ce feu qui ne voulait pas s’éteindre, qu’Azkaban n’avait pu lui prendre, seulement étouffer, cette envie de tout posséder, de tout vivre, ressentir à nouveau plus fort, plus intensément qu’avant. Après la lente combustion de sa conscience et de ses perceptions atrophiées, ses sens exacerbés retrouvaient d’anciennes sensations, d’anciens plaisirs, d’anciennes douleurs et les magnifiaient, plus extrêmes, teintés de violence.


-Tu n’as pas idée…, répondit le Mangemort avec un sourire entendu passant mille mots sur le sujet.

Ces choses là ne se racontaient pas à celui qui n‘en avait certainement jamais perçu la saveur. Elles s’expérimentaient, se ressentaient à travers chaque fibre de son corps, dans son cœur qui battant à un rythme frénétique, si vite, changeait l’être tout entier en pulsation. L‘esprit saoulé par l’ivresse et dissout par le plaisir, la haine au corps et la douleur vivifiante…Quel intérêt d’en parler ?

Quel intérêt de parler tout court ? La question de son logement n’était pas existentielle et Jugson se demanda brièvement pourquoi l’amener à leur discussion. Ses sourcils se froncèrent et son regard quitta un peu de son ironie pour afficher sa perplexité.
Le Repaire…Il abhorrait chaque seconde de son temps passé entre les quatre murs de ce qui avait toujours été semblable à une prison pour lui. S’il avait su…De cellule en cellule. Il évitait autant que possible de s’y retrouver enfermé, cependant, il ne pouvait de toute évidence pas "rentrer à la maison". L’ancien manoir de ses ancêtres, inhabité depuis trop longtemps, sûrement tombé dans la décrépitude à l’image de l’esprit de son unique maître encore en vie. L’antique demeure de toute sa lignée, que ses propres parents lui avaient déjà pris dans sa jeunesse et qu’il avait regagné avec leur mort. A présent gardée par une meute constante d’Aurors, Rod ne pouvait s’en approcher, pas même pour contempler ses murs familiers . C’était chez lui. Une fois encore son propre foyer lui était interdit. Une raillerie faite à son passé qu’il n’était pas certain de pouvoir supporter. Le Repaire n‘était qu‘un substitut et l‘avait toujours été…qui faisait-il à part tourner en rond, attendre, écouter passer les heures tic-tac après tic-tac. Un fauve emprisonné dans son antre après avoir croupi en cage. Toutefois, il trouvait ses compensations dans sa récente liberté. De belles compensations.

A peine installée, sa morosité passagère laissa rapidement place à un nouvel amusement, néanmoins plus discret que précédemment. Il se lassait.


-Tu veux savoir où je passe mes nuits, Led ? Pourquoi ? Tu te sens à ce point seul que tu serais prêt à m’accueillir sous ton toit pour un peu de compagnie ? Ta sollicitude me touche, mais apaise tes inquiétudes: j’ai gardé quelques amies assez heureuses de me retrouver si vraiment je ne sais pas quoi faire de ma soirée.

Il observa un instant le visage de son collègue sans vraiment le voir. Non, Jugson ne passait pas toutes ses nuits dans le lit des belles, à se saouler ou quelques autres activités du genre. Malgré tous les désirs qu’il avait à combler, rendre compte de ce qu’on lui avait pris pendant son "absence" était la véritable flamme qui l’animait et n’en finissait plus de le brûler.

-Et j’ai tellement de choses à faire. Beaucoup d’impayés se sont accumulés depuis tout ce temps.

Rien de moins que quatorze ans. Jugson renifla. Il n’était pas là pour servir de compagnie à Yaxley. De plus, ils auraient sans aucun doute le temps d’échanger d’autres nouvelles trépidantes étant donné que Yaxley ne prenait jamais de risque et que lui n’avait pas l’intention de laisser mettre un terme à sa vie au détour de la première embûche. La perspective de retrouver tôt ou tard le verbiage de son collègue lui allégeait le cœur et les pensées…

-Bien…Si tu veux m‘excuser, je vais… "attaquer des gens en m’exhibant le bras gauche au nom de la bonne cause.", parodia Jugson avec un très léger sourire sarcastique, Il n’est jamais trop tard pour rattraper le temps perdu. Profites en bien. , fit-il en lui tournant le dos pour transplaner sans plus se soucier de lui.

Tellement de choses importantes à faire, des choses capitales. Et à moins que ce ne fut pour assister à son enterrement, Yaxley ne faisait pas partie de ces priorités.

[Hj= Ji t'aime Ledichou ^_^]
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MessageSujet: Re: Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé]   Les humbles serviteurs [PV Rod][Terminé] EmptyLun 31 Mar - 5:02:49

S’heurtant aux sous-entendus de Jugson, Yaxley préféra éloigner momentanément son esprit de la conversation, posant les yeux sur la tombe de Rosier. C’était un fanatique, un fou, un sorcier barbare de la pire espèce lorsqu’il fallait passer à l’action mais il ne possédait pas l’esprit pervers de son présent interlocuteur.
Ah ! Non… rien a faire… L’esprit de Yaxley le ramenait toujours au mangemort qui se trouvait devant lui, à cette conversation, à ces paroles creuses et inutiles. Pourquoi écoutait-il cela, après tout ? Le papotage… quelle perte de temps.
Yaxley leva les yeux au ciel, distraitement, observant la nuit noire qui était tombée sur la terre des Anglois. La nuit n’était pas bien avancée mais le printemps était encore loin et ils auraient encore des journées courtes.

Le mangemort reposa son attention sur son collègue. Lui aussi avait beaucoup a faire. Des affaires l’attendaient au repaire, d’autres dossiers l’attendaient au ministère. Tout ce quotidien était tellement inutile… Il ne s’en pouvait plus d’attendre le jour où il n’aurait plus jamais à faire quoi que ce soit pour ce stupide ministère et où il n’aurait qu’à s’assurer sur ses pantins, sous l’effet de l’imperium, accomplissent bien leurs devoirs.

Des pantins… Un sourire malin se dessina sur son visage lorsque ses yeux focusèrent à nouveau sur la gueule mal rasée de Jugson. Un pantin… qu’était-il d’autre ? C’était ce pantin qui lui permettait a lui, Yaxley, d’avoir du boulot car ils devaient être coordonnés, ces pantins, ils devaient avoir leur chorégraphie et se balader d’un bout a l’autre d’une petite scène ridicule.
Ses traits changèrent légèrement et son sourire se fit amusé tandis qu’il imaginait Jugson, toujours aussi méprisant et crachant ses salacités, mais désarticulé et voletant d’un bout à l’autre d’une petite cage, de manière totalement inutile.

Inutile… inutile comme la vie futile et superficielle qu’il enviait à cet imbécile. Inutile comme toute cette conversation qu’ils entretenaient depuis trop longtemps. Yaxley n’avait plus envie de ne rien entendre…

Une argumentation vide de sens suivie d’une conversation aussi pénible qu’inutile… Il était ennuyé… Ennuyé au niveau d’être irrité, d’avoir envie de donner un bon coup de pied a ce qui restait de la presence de Rosier sur cette terre.

Si seulement son collègue l’eut ennuyé jusqu’à l’en faire dormir… Mais non… il lui faudrait retourner au ministère pour ce genre d’ennuie.

Il transplana. Jugson disparut.

Inutile… tout cela avait été… Inutile comme le travail qu’il avait à faire… Mais non… pas ce soir… Ce soir il irait se détendre, oublierait l’existence de ce minable de Jugson et chercherait le sommeil du mieux qu’il le pourrait.


- Infâme bâtard, dit tranquillement Yaxley, les dents serrées, en fixant le vide devant lui avec haine, comme si le mangemort y était encore.

Il se racla la gorge et réajusta sa cravate d’un geste rapide et précis, la re-centrant sur le fond blanc de sa chemise.

Au moment où il passait la main sur son épaule avec un air dédaigneux, brossant de son veston quelques poussières imaginaires, il disparut du cimetière.
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