Harry avait fini tous ses devoirs ou presque. Il lui restait la passionante étude de la révolte des gobelins pour le professeur Binns. Depuis le début de l'année le Gryffondor s'était mit à travailler avec plus d'assiduité pour ne plus se laisser prendre au piège des devoirs et révisions de dernière minute, ayant déjà assez de problèmes comme ça. Le souci étant qu'entre ses entraînements de Quidditch, ses nuits sur ses devoirs de potions-toujours aussi nuls malgré le temps et la volonté qu'il y dédiait- ainsi que ses réunions de l'A.D le corps du pauvre Harry n'était pas d'accord. Ce dernier avait décidé de faire la grêve ce soir-là et le Survivant sommeillait dans la solitude d'une nuit déjà bien avancée. Un bras sur son devoir, la plume encore dans sa main desserrée et ses yeux clos indiquaient que le jeune lion dormait profondément. La respiration de Harry était plutôt tranquille et régulière car sa tête semblait trop épuisée en ce moment pour inventer des cauchemars et lui faire revisiter le passé.
Les retenues avec le crapaud rose et sa main malmenée où était encore inscrit " je ne dois pas mentir" n'avaient rien arrangée à l'état de dégradation du Survivant qui risquait bien de ne pas survivre longtemps à ce rythme justement. Son esprit embrumé perdait un peu le sens des réalités parfois et il lui arrivait désormais de décrocher totalement des conversations ou de sa propre conscience; ce qui lui faisait parfois avoir un comportement Nevillien ces temps-ci, ainsi l'adolescent ne comptait plus ses bleus pour faute de "dérapages en règle" dans les escaliers et autres.

Or ce soir c'était le bouquet final, l'apothéose de la folie qui venait sournoisement lui rendre visite. Un rêve très particulier qui promettait une situation de la même envergure, l'adolescent probablement victime de sa "Folie attitude" de ces derniers temps et de ses hormones commença à rêver de Cho en petite chemise de nuit...Lui qui rougissait rien qu'en imaginant un baiser sur la joues d'habitude. La serdaigle semblait avoir très froid et regardait le ciel étoilé; l'herbe mouillée qui dansait sous ses pieds indiquait qu'elle était dehors et non sous le plafond magique du château; elle semblait attendre quelque chose. C'était lui...Il arrivait sur son Eclair de feu puis descendit à sa hauteur sans se poser toutefois. Ses yeux verts ne se détournèrent pas en rencontrant les jolis yeux bridés de la jeune fille; au contraire pour une fois le Gryffy semblait sûr de lui...Un peu trop car sous l'effet de l'enthousiasme le Survivant s'exprima tout haut dans son sommeil

-Je t'aime Cho

A ce moment là des pas se firent entendre et firent sursauter la Serdaigle qui commençait à partir à pas feutrés. La présence qui avait du les observer depuis le début prenait l'ascendant, volant toute la place du songe et éteignant les étoiles. Harry émit un soupir, peu content d'être dérangé encore à mi-chemin entre le rêve et la réalité; et dans l'inconscience totale de ses dires...A défaut d'être parsemé d'étoiles le ciel était désormais couvert de tâches de rousseurs et la lune d'argent avait prit la couleur d'un feu ardent...De grandes mains se posèrent sur les épaules de Harry le faisant descendre de son balai qui disparut d'un coup. Au moment où il allait embrasser Cho et entendre le " moi aussi je t'aime Harry" le Gryffondor entrouvrit ses yeux d'émeraude.

Sa vision était nette du côté droit mais floue de l'autre. Il remarqua qu'il était allongé sur son bras et sur le mot gobelin, ses lunettes étaient de travers à cause de cette position plutôt peu commune pour dormir normalement. Toujours inconscient de sa déclaration à haute voix le Survivant ouvrit totalement les yeux péniblement. Un grand dadais se tenait à ses côtés au lieu de la douce présence élégante de la jeune fille :sifle: Harry mit un certain temps à réaliser qui c'était...Et pourtant la réponse était très facile

-Ron ? Aaaah c'est toi

S'il ne pouvait pas savoir qu'il avait parlé tout haut l'adolescent se souvenait très bien de son songe et il en rougit. Aussitôt pour brouiller les pistes bien plus claires déjà qu'il ne le croyait le Gryffondor entreprit d'inventer un pieux mensonge

-Euhhhh je rêvais de ... de...

Cherche, cherche donc petit cerveau dans les méandres de tes pensées emmêlées et fatiguées...Sauve donc le petit Harry qui croit pouvoir l'être

-Oh laisse tomber, je rêvais d'un truc moldu trop long à t'expliquer, tu ne comprendrais pas

Sur ce, tout fier de son mensonge indémontable le Survivant attrapa son livre d'histoire de la magie et lut frénétiquement une phrase qui lui passait sous le nez...Mais il dut froncer les yeux car il ne voyait rien...Ah oui c'est vrai...Harry redressa ses lunettes pour les remettre droites et put enfin lire les quelques mots. Mais le contenu du bouquin était si difficile et ennuyeux qu'en fait y voir clair ne servait à rien. Abandonnant l'ouvrage avec un soupir le Survivant se tourna vers son ami et dit d'une voix se voulant naturel

-Au fait, ça va toi ?

Ron était lui aussi assoupi sur la table de la salle commune, et était en réalité à quelques mètres de Harry, mais celui-ci, ses lunettes mal accordées, ne le remarqua pas étant donné que le rouquain s'était endormi 15 minutes avant lui.

L'esprit de Ronald divagua, et il apparut, un peignor en main, dans la salle de bain des préfets, bien qu'il ne l'eut jamais aperçu, cette salle de bain, entièrement imaginée, le satisfait quelques instants avant que la porte ne s'ouvrit, laissant entrer Hermione, son insigne en main, comme à son habitude à son heure de pause.

Un spasme prit la femme lorsqu'elle vit Ron, dévêtu, le peignoir à présent sur lui, mais à l'étonnement du jeune Gryffondor, Hermione s'approcha de lui, et l'enlaça.

- Je t'aime Hermione, mumura doucement Ron
- Je t'aime Cho, lui répondit une voix

Ron ouvrit à ce moment les yeux, espérant ainsi voir Hermione face à lui, mais remarqua au contraire Harry, dans le même état que lui, avançant à présent ses lèvres, les yeux clos, vers le visage parsemé de grains de beauté de Ron.

Il recula d'un geste la tête d'Harry et se leva, puis le prit par les épaules pour le réveiller .

-Ron ? Aaaah c'est toi
* Qui veux tu que ce soit idiot ! *

-Euhhhh je rêvais de ... de...

* de ? De tes fantasmes intérieurs ? Merci mais sans moi ! *

-Oh laisse tomber, je rêvais d'un truc moldu trop long à t'expliquer, tu ne comprendrais pas.

* Je veux pas du tout comprendre ... Que tu aimes les garçons ou les filles... C'est pas qu'un truc de Moldus ... *

Un profond dégoût prit alors Ron, imaginant Harry concluant son élan pour l'embrasser dix minutes auparavant.

-Au fait, ça va toi ?


Ron réfléchit, Harry venait de le sortir d'un des plus beau rêve qu'il eut jamais fait, avec une des personnes qu'il désirait le plus au monde, puis il avait essayé de l'embrasser, sans son consentement, quel outrageux personnage ... Il venait de gâcher la plus belle soirée de sa vie, mais si elle n'était qu'utopie, et à la place de la vision magnifique d'Hermione se trouvait Harry, sa bouche avancée vers Ron.

- Mouais ... Tout va bien ... Tu fais quoi ici ?

[hj: je suis pétée de rire devant mon écran ]

Lorsqu'il avait aperçu les lèvres de Ron près des siennes le Gryffondor avait reculé violement faisant gicler toute l'encre; cette dernière attérit sur son devoir dont il avait péniblement rédigé la moitié

-Aaaaaaah

S'écria le Survivant, tant pour son travail gâché que pour le bisou de Ron qui ne lui était aucunement destiné...Enfin il espérait. Le Gryffondor secoué par son ami était désormais bien réveillé et attentif au moindre geste du garçon. S'il essayait de l'enlacer Harry ne répondrait plus de sa personne et Ron risquait de se retrouver avec une jolie cicatrice pour le restant de ses jours à même la joue...Ou le front tiens Mais ce serait sûrement moins raffiné et délicat que celle que lui avait laissé Voldemort. Bref la question ne se posa pas longtemps et Harry n'aurait pas à faire une démonstration de ses talents de sclupteur (sur peau) puisque son meilleur ami ne chercha aucunement à l'embrasser. Mais alors cogita le cerveau du Survivant...Dans cette position là il rêvait sûrement d'une fille n'est-ce pas ? Malheureusement Harry n'avait pas entendu les paroles que Ron avait prononcé tout haut juste avant lui, impossible dont d'embêter le Gryffondor ce qui était loin d'être le contraire...Avec sa malchance habituelle c'était à parier.

- Mouais ... Tout va bien ... Tu fais quoi ici ?

A s'y méprendre, depuis les 5 années qu'il connaissait le garçon et se fiant à ses mimiques toujours très expressives Harry pouvait conclure sans se tromper-cétait presque certain- que Ron mentait. Un peu gêné par le ton cassant de son ami le Survivant mit un certain temps à répondre, se demandant si le mieux ne serait pas de s'eclipser discrètement avant que la gazette des sorciers ne fasse de son décès les gros titres du lendemain. Beaucoup en soupireraient de soulagement Surtout le ministère et rien que pour ça, rien que pour embêter cette bande d'empotés le Gryffondor avait envie de survivre un peu plus longtemps. Mais comme le rouquin était son ami le jeune sorcier ne pouvait le laisser seul dans cet état, qui sait ce qu'un coeur amoureux et colérique -mélange explosif- pouvait faire. S'il ne fuit pas l'orage le Survivant s'écarta tout de même de Ron, question de prudence, histoire de ne pas trop jouer avec ce feu qui venait de se déclarer. Choisissant ses phrases avec soin et laissant ses yeux verts dériver sur le visage tant connu et tant aimé -fraternellement parlant- constellé de tâches de rousseurs l'adolescent s'exprima enfin.

-Désolé si je t'ai réveillé. Tu sais, je vois bien que tu es de mauvaise humeur; tu veux que je te laisse tranquille ?

Ces derniers temps le Rouquin était devenu un mystère à ajouter dans la longue liste du Survivant plus remplie que les fournitures scolaires et ce n'était pas peu dire...C'est vrai quoi Ron devenait intouchable, suceptible et bizarre. Physiquement déjà Harry le trouvait changé. Il n'était plus si maigre qu'avant-abandonnant Harry à son sort d'anorexique involontaire du coup - et son visage avait perdu les rondeurs de l'enfance. La voix de son ami avait également changé et sa pomme d'adam était visible...Mais mentalement c'était l'horreur ! Ron était devenu très suceptible, enfin du point de vue du Survivant qui avait peur de se faire sauter à la gorge à chaque instant. Les hormones de son ami étaient vraiment dangereuse et Harry avait envie de crier à tous les enfants de la terre : NE GRANDISSEZ JAMAIS... La pudeur accompagnant l'adolescence les avait éloigné; finit le temps ou les deux sorciers se jetaient l'un sur l'autre pour des chatouilles sur le lit dans le grenier, réveillant la goule qui se mettait à frapper ardemment la tuyauterie...Finit même les discussions à coeur ouvert, désormais chacun gardait de plus en plus de petits secrets. C'est vrai quoi, avant ils auraient bien ri de cette histoire ridicule mais ce soir...

-Ce que je fais euh...Je rédige mon devoir d'histoire de la magie

Le Survivant contempla son devoir tâché

-Enfin, je rédigeais...Et toi ? Qu'est-ce que tu fais si tard ?

Fit le Gryffondor d'un ton prudent, ne voulant pas chagriner son ami plus qu'il ne l'était déjà pour une raison inconnue de Harry qui manquait parfois de subtilité-comme tout à chacun mais lui ça lui arrivait toujours au moment précis où il ne le fallait vraiment pas-

- Je ... Je réfléchis ... Je suis assez perdu il faut dire ... Trop réfléchir pour comprendre ce que des signes révèlent, et si ils avancent vers un objectif tant recherché ...

Ohlala si Ron en venait à de telles réflexions philosophiques c'est que vraiment ça n'allait pas bien . Souvent c'était le Survivant qui avait du mal ces temps-ci avec cette fichue cicatrice et ses cauchemars mais son ami avait vraiment souffert depuis l'attaque de son père par ce serpent. Et il y avait autre chose mais Harry ne pouvait pas deviner quoi malheureusement. En revanche le Gryffondor pouvait être là pour son meilleur ami et tenter de lui apporter un peu de baume au coeur. Affichant un sourire brave et posant ses yeux d'émeraude dans l'azur de ceux de Ron le jeune sorcier resta un long moment ainsi, comme pour signifier qu'il le soutiendrait.

-Je crois que ces temps-ci nous sommes tous perdus pour une raison ou une autre

Avec leurs paroles hésitantes et maladroites une chose était sûre; eux aussi entre eux se perdaient. Les deux amis n'avaient plus cette spontaneité et ceci était dangereux pour leur amitié sans obstacles auparavant. Harry donnerait tout pour revenir en arrière, aà ces moments où lui et Ron se confiaient absolument tout. Lui-même sentit ses paroles se bloquer dans sa gorge. Il aurait voulu dire tout ça à Ron, lui expliquer qu'il ne voulait pas le perdre...Mais rien ne sortait, fichue pudeur à la noix !

Mais si le silence était plus fort que les mots; l'amitié prévalait sur les mystères et le contexte difficile de leur vie quotidienne à tous deux. Le sorcier se leva donc et s'approcha de son ami. Il l'enserra de ses bras et posa sa tête sur l'épaule de Ron, plus grand que lui. Ce n'était pas une embrassade amoureuse comme certains auront le culot de penser Mais juste une marque profonde de fraternité. Oui le rouquin faisait partie de sa famille -le pauvre- et Harry n'était pas prêt à en démordre pour tous les Voldemorts du monde ou pire encore...Toutes les filles du coin. Le Survivant ne savait pas ce que le Gryffondor avait en tête ni ses souffrances mais qu'importe la capacité de poser des mots sur ses douleurs ? La compréhension passant dans les yeux de son ami, de son frère ne valait-elle pas dix fois plus ?

Harry finit par relâcher Ron et se rassoir sur sa chaise. Il fouilla dans ses poches et trouva un Chocogrenouille qu'il tendit à son ami. Lui-même en prit un et ouvrit le papier doré en faisant attention à ne pas laisser fuir sa proie. Le chocolat fondant d'une patte disparut bien vite et le jeune sorcier allait entamner la deuxième, incitant Ron à faire de même. D'accord son ami était plus remplumé que lui et navait pas besoin de prendre de poids...Mais des forces morales oui ! Et un vieux sage lui l'avait enseigné, rien ne valait le chocolat -Il s'agissait de Lupin évidement qui d'autre !!!-

-Je t'écoute

Fit Harry d'un ton neutre pour ne pas mettre Ron mal à l'aise et paraître avide de tout savoir. Il était juste près à l'écouter parler de ce que son ami souhaitait: soit de ses soucis soit d'un autre sujet, peu importe lequel...Bref Harry était entièrement à lui.