Au coeur d'une promenade [ Prio Ambre Nocis puis libre]

Finalement, il n'était pas question de retourner au dortoir. Le temps ne prêtait pas à l'envie de vouloir sortir dehors, sans doute à cause d'un vent furieux qui balayait les branches d'arbres avec fougue, mais Nysinthos Awar souhaitait mettre son nez dehors plutôt que de rester cloitré dans sa salle commune. Le choix ne manquait pas quant à savoir où aller... Le lac offrait une vue magnifique mais Nysinthos Awar jugeait qu'il traînait trop dans ce coin là et qu'il préférait changer de décor. La forêt interdite était également tentante car le jeune serdaigle y avait établi une sorte de doirtoir qui lui permettait d'y être en paix, cependant ce dernier n'était pas apte à s'aventurer dans les bois. Peut être avait-il peur d'y être vu malgré le temps qui jouait en sa faveur, ou peut-être ne souhaitait-il pas se retrouver seul dans le dortoir qui résidait en plein coeur de la forêt interdite...
Alors, la solution la plus simple était de faire un tour au parc près du château. Quelque chose de nouveau était entré dans la personnalité du jeune homme, en effet, il tenait maintenant un bâton de marche et s'en servait comme si le serdaigle avait du mal à marcher.

Nysinthos Awar, armé de son bâton de marche, décida de braver la tempête qui menaçait quiconque d'être frigorifié s'il s'aventurait dehors. Cependant, la peur du froid ne faisait pas partie des phobies du jeune homme qui continuait à marcher à travers un vent furieux.
Les nuages persistaient malgré le balayage de ce souffle vengeur... Alors que Nysinthos Awar pénétrait dans le parc, des feuilles évasives dansaient et volaient grâce à l'aide de cette force invisible.
Le bâton de marche aidait le jeune serdaigle à pénétrer dans l'enceinte du parc bien qu'il s'y aventurait avec grande difficulté. Les arbres pouvaient, peut-être, offrir un abri suffisant pour calmer la tempête?

Pourtant, Nysinthos Awar sifflotait sans tenir compte des efforts qu'il devait faire pour continuer à marcher. Il s'était même rendu compte qu'il avait oublié de se vêtir convenablement car il portait l'usuelle robe de sorcier que les élèves se devaient de porter. Le vent pénétrait aisément les accoutrements du jeune serdaigle mais celui-ci resta stoïque face à la morsure du froid. C'était avec le coeur léger qu'il continuait sa marche, comme s'il venait d'apprendre une heureuse nouvelle. Peut-être n'allait-il pas tarder à payer le prix de son inconscience et devenir malade?

Le contraste de l'environnement et l'humeur du serdaigle apportait un paradoxe indescriptible. Alors que Nysinthos Awar semblait persuadé qu'aucun élève n'oserait sortir par un temps pareil, il remarqua qu'il se trompait une fois de plus. En effet, un bruit de pas trottait dans les oreilles du serdaigle... Et ce n'était pas l'illusion du fouettement que provoquait le vent... Une personne était en dehors du chateau de Poudlard.

Ambre était dehors depuis un long moment, à vrai dire, cela devenait même une habitude. Elle était seule, comme toujours, et il lui semblait qu’elle allait le rester, étant donné la violence du vent, et la douilletterie de certains. Pour sa part, Ambre voulait simplement s’isoler, et à cette heure et qui plus est par ce temps-là, il était clair qu’il n’y avait qu’au parc où elle pourrait se détendre loin des piaillement des filles en pleine "pêche aux garçons" ou bien les hurlements sauvages des petits de première année.

La fillette était donc dehors, par ce temps, et elle aussi n’était pas vêtue convenablement. En l’occurrence, elle était sortie drapée dans son éternel saree blanc, brodé de fils dorés, sur lequel elle avait passé sa robe de sorcière. Elle était pieds nus, comme toujours, et ses incroyables cheveux noirs étaient ramassés en une immense tresse d’un noir profond, dans laquelle elle avait glissé une fine guirlande de délicates fleurs de jasmins qui laissaient derrière elle un parfum subtil et frais.

Constatant qu’elle était seule, elle avait retiré sa robe de sorcière, se retrouvant donc en sari, dehors par ce vent. Ce n’était pas par coquetterie, ni par lubie, ou une subite envie de faire l’intéressante, mais plutôt un coup de blues soudain. Elle avait besoin de se sentir un peu plus proche de son pays.
Au milieu de son front trônait toujours l’éternel bindhi, mais, pour l’œil averti, il avait changé de couleur, il n’était plus rouge, comme avant, mais noir à présent. A ses chevilles, ses oreilles et ses poignets tintaient des bijoux assortis à sa tenue.

La petite serdaigle était tout au fond du parc, assise sur une souche sèche, face au lac. De temps à autres, elle se levait, ramassait une pierre et la jetait dans l’eau. Lorsque le garçon sortit dans le parc, la fillette était debout face au lac, et donc dos au château, et regardait le lac, perdue dans ses pensées.
Elle l’entendit arriver, mais ne le réalisa pas vraiment, trop absorbée par ses songes. La petite fille se remit à marcher le long du lac, les bijoux à ses chevilles tintant joyeusement à chacun de ses pas, c’est très certainement ce qui attira l’attention du garçon sur elle.

Elle non plus ne serait pas retournée au dortoir, même si on l’avait payée pour, elle avait horreur de cette ambiance bruyante qui y régnait, dans la salle commune des Serdaigle principalement, les dortoirs étaient certes plus calmes, mais encore trop bruyant pour la petite, surtout en cette période où elle avait grandement besoin de se retourner sur elle-même pour tenter de faire un point sur sa vie, et sur les dernier évènements qui avaient chamboulé sa petite vie déjà dépaysée.