Cela faisait un mois qu'elle était à Poudlard et pourtant, elle ne s'était toujours pas habituée. Non, le sommeil ne venait pas. Ce n'était qu'une fois bien fatiguée, épuisée, qu'elle tombait et s'endormait par la suite. Elle avait tenté diverses techniques pour s'endormir plus vite, potion, se taper la tête contre le mur - trop douloureux - écouter le blabla d'Albert sur sa future superpuissance... Etre insomniaque à onze ans cela était plutôt problématique.

Et puis, lorsqu'elle trouvait enfin le sommeil, c'était pour cauchemarder. Le fait que son frère avait vécu 7 ans entre ses murs devaient la perturber plus qu'elle ne l'avait imaginé. Peut être qu'il y avait des élèves qui le connaissaient, qui savaient pourquoi il ...

Un bruit perturba ses pensées. Elle se redressa et malgré la pénombre elle vit une des jeunes filles avec qui elle partageait le dortoir s'agiter dans ses draps. Elle soupira et se rallongea, fixant de nouveau le plafond d'un air absent.

Son frère lui manquait. Cette phrase résumait tout. Elle n'arrivait pas à lui en vouloir, elle voulait le comprendre avant tout. Pourquoi avait il subitement rejoins les rangs du seigneur des ténèbres ? Pourquoi l'avait il laissé ? ... Au fond d'elle, Clorisa avait espéré trouvé les réponses à ses questions ici, à Poudlard. Après tout, il y avait vécu sept années, il avait bien laissé une quelconque trace, un indice, quelque chose ...

Elle se redressa d'un coup, oubliant presque qu'elle n'était pas seule et qu'elle devait se montrer discrète. Elle s'habilla rapidement, enfila sa jupe, boutonna sa chemise blanche, mit sa robe de sorcier et chaussa ses petits escarpins noirs. Puis, elle s'éclipsa silencieusement du dortoir et de la salle commune des Gryffondor. Elle déambula plusieurs minutes dans les couloirs, consciente des règles qu'elle enfreignait, mais peu importe.

De plus en plus séduite par l'idée que Swen avait laissé sa trace à Poudlard, elle s'était naturellement dirigé vers la salle des trophées du château. A la recherche d'un ' Windsword ' elle fut déçue de ne rien trouver. Il n'avait aucun talent particulier pour le Quidditch, elle élimina rapidement cette partie de la pièce, par contre, d'après ses souvenirs il fut préfet de sa maison à une époque ... Elle allait se diriger vers les différents insignes et coupes qui félicitaient les divers préfets de l'école lorsqu'elle entendit des bruits pas accompagné d'un miaulement plaintif.

* Roh ... Rusard. 'Peux même pas être tranquille. *

Elle sortit rapidement de la pièce, songeant qu'une cape d'invisibilité lui serait bien utile ... Clorisa chassa de son esprit son frère, elle avait autre chose à faire pour le moment, mettre le plus de distance entre elle et le concierge de Poudlard. Elle sortit du bâtiment même pour se retrouver dans le Parc de Poudlard, ne s'arrêtant pas de courir, elle continua sa route, ne sachant pas trop ou aller. Le changement de température faisait rosir ses joues pâles, sa respiration était saccadée et sa course plus qu'incertaine, bref, n'importe qui aurait pu l'entendre de loin.

Elle prit une démarche plus tranquille lorsque soudain, elle vit se dessiner au loin une silhouette qui avait l'air d'appartenir à un être humain, du moment que ce n'était pas Rusard ou un prof ... Un instant, elle hésita. Même si c'était un élève, il ne pouvait pas être quelqu'un de fréquentable après tout, qui se baladait la nuit à cette heure là en enfreignant une dizaine de règle ? Elle leva les yeux au ciel devant sa propre stupidité, elle était bien dehors elle, cela ne faisait pas d'elle une délinquante.

Finalement, elle décida de s'approcher un peu plus. Sûrement son côté curieux. Quoiqu'il en soit, elle marcha jusqu'au côté de la silhouette qui semblait appartenir à un jeune homme. Elle ignorait ce qu'il était en train de faire mais c'était très étrange, il tenait un carnet et fixait le reflet de la lune d'un drôle de regard. Il semblait ne pas l'avoir entendu, ... à moins qu'il l'ignorait ?

" Toi aussi tu fuis Rusard ? " dit elle sur un ton léger.

Drôle de façon de commencer une conversation hein. Pourtant, c'est bien ce que la jeune Clorisa dit au jeune homme qui se trouvait à ses côtés, espérant que ce dernier lui réponde gentiment histoire de converser tranquillement. Mais Clorisa était jeune. Malgré son côté observateur et curieux, elle n'avait pas remarqué les larmes qui coulaient sur le visage du garçon, ni qu'il ne semblait vraiment pas ouvert à une quelconque conversation et encore moins avec une petite Gryffondor de onze ans ...

Ses yeux se posèrent naturellement sur le Lac. Celui-ci semblait vraiment inspirer le jeune homme. Il ne faisait que de l'observer. Elle souvenait que son frère lui avait raconté qu'il y avait un calamar géant la dedans. Rah, son frère, elle avait réussit à le mettre entre parenthèse pendant un moment, mais cela ne durait jamais bien longtemps.

" Si tu vis dans l'ombre, tu n'approcheras jamais le soleil ", chuchota Clorisa pour elle-même.

Elle aimait réciter les phrases que lui avait dit son frangin à l'époque. Des citations plus ou moins philosophiques qu'elle avait toujours du mal à cerner. Maintenant, cela avait un peu plus de sens, mais bon. Peut être qu'un jour elle les comprendrait pleinement. Il était si mystérieux ...

Plongée dans ses pensées, elle observait le doux reflet de la lune, la lumière brillant doucement dans ses yeux sombres. Il n'y avait peu d'étoiles et puis, même si il y en avait, la lune était vraiment beaucoup plus belle à observer.

[ J'espère que ça embête pas si je répond ]

HJ: Pas le moins du monde

Mathias s'arrêta une nouvelle fois. Il posa sa plume, et leva les yeux vers le pâle reflet de la lune blanche. Une brise fraîche vint faire voler ses cheveux bruns, mais visiblement, le Serdaigle n'en avait que faire. Ses yeux, reflétant encore la tristesse malgré l'absence récente de larmes, restaient beaux, d'une beauté terrible... Soudain, une voix se fit entendre au milieu du silence de la nuit. Mathias, calme et détendu, tourna nerveusement la tête vers la source du son: c'était une petite fille, de Gryffondor si l'on en croyait le blason illuminé par la lune. En dehors des lions de sa propre classe, le jeune Préfet ne connaissait pas énormément de membres de la maison du courage. Il en avait une en face de lui. Peut-être le connaissait-elle de part son rang de Préfet, ou alors elle était dans la même ignorance que lui.

Lorsqu'il eut compris que la jeune fille s'adressait à lui, Mathias baissa les yeux, et retourna la tête devant lui.

Non non... Je suis sorti...comme ça...

Machinalement, il passa une main légère sur sa joue, comme pour s'assurer qu'aucune larme n'était encore visible. Non. De son autre main, il avait plaqué bruyamment son cahier contre le sol, dans un mouvement réflexe de protection. En même temps, la jeune fille ne pouvait être une menace: elle n'était pas très vieille, et ne devait pas être au dessus de la première ou deuxième année. Et dans l'hypothèse ou, comme William, elle paraissait bien plus jeune que son âge, il aurait été impossible qu'elle soit en troisième année, il la connaîtrait. Mathias releva finalement les yeux, regardant dans le vague, se perdant dans l'infinité du ciel noir d'encre, jusqu'à rencontrer...

La lune est belle, ce soir...

Il avait presque soupiré. Son accent français persistait, et pourtant, on pouvait comprendre parfaitement ce qu'il avait lancé dans un souffle. Il avait cru entendre la jeune Gryffondor dire quelque chose, mais il l'ignora. Il était seul... Et ce n'était pas la présence d'une inconnue qui allait changer quelque chose. A cette pensée, les yeux de Mathias s'embuèrent de nouveau, mais il se les frotta vigoureusement pour éviter de dévoiler son moment de faiblesse à la petite fille. Un nouveau courant d'air vint faire voleter les mèches brunes du jeune Français, dont les yeux marrons s'étaient une nouvelle fois posés sur le reflet de la lune. Le vent l'avait déformée, et ce ne fut qu'après quelques secondes qu'elle reprit, dans le miroir du lac, une forme parfaitement ronde.

[ Désolé pour le temps de réponse ^^' ]

Lorsqu’il s’adressa à elle pour répondre à sa question, elle remarqua en souriant qu’il avait un joli accent français. Elle détacha son regard du reflet de la lune et se tourna vers l’élève qui était à ses côtés. Elle l’observa discrètement, constatant qu’il avait un visage doux, des yeux particulièrement expressif et un uniforme de Serdaigle … Oh, un bleu et bronze ! Des dizaines de questions germèrent dans son esprit, dont une qui lui tenait particulièrement à cœur, avait il connut son frère ?

Son sourire s’était élargie, il y avait une infime chance qu’il le connaisse personnellement, mais, l’espoir s’insinuait dans son cœur, la noyant dans de douce illusion. La voix à l’accent caractéristique du jeune homme la tira de ses pensées, elle avait presque oublié la magnifique vu qui s’offrait à eux. Elle se tourna, sachant déjà qu’il avait raison, la lune était magnifique.

Le reflet de celle ci l’était d’avantage, le lac ondulant doucement, créait une image magique de l’astre. Elle resta un instant sans rien dire, réorganisant ses pensées dans sa petite tête. La question sur son frère lui brûlait presque les lèvres, mais il fallait être aveugle pour ne pas remarquer que le jeune homme semblait bien mélancolique. Après tout, qu’est ce qui pourrait pousser un élève à quitter la chaleur du château à part une profonde peine ?

Jouer le rôle de confidente ne la dérangeait pas, mais elle préférait au contraire, essayer de faire changer les idées aux personnes qui en avait besoin. Le garçon qui était à ses côtés lui était totalement inconnu, elle ignorait son nom et comment lui faire penser à autre chose, … Elle décida donc de ne rien dire sur ça, de faire comme si de rien n’était.

" Oui, la lune est particulièrement belle ce soir. "

Elle marqua une pause et se tourna de nouveau vers lui. La jeune fille ignorait les règles de présentation, quoiqu’il en soit, elle tendit sa main vers lui, planta ses yeux noir dans ceux du garçon et lui souria.

" Clorisa Windsword, première année à Gyffondor. "

Peut être que son nom allait lui dire quelque chose, qui sait …

Sa petite présentation pouvait paraître bizarre, mais bon, au moins personne ne pourrait dire que la petite Clorisa restait dans son coin et n’allait pas vers les autres. Certes, elle avait perdu la personne qui avait le plus d’importance à ses yeux, mais elle avait assez pleurer. Il était tant d’affronter la réalité.