William était un peu déçu... pensez donc : quelques centimètres de plus et la porte allait valser en plein dans le nez de quelqu'un... De quoi réjouir l'humeur sombre du préfet, qui aurait été bien content (très égoïstement) de rencontrer quelqu'un sur qui les tuiles s'abattaient aussi... quitte à provoquer lui-même la chute d'une de ces tuiles.
Bref, c'était raté, dommage, d'autant que le garçon n'était pas franchement aimable. William le connaissait ; c'était Fred, ou George, enfin un Weasley, appartenant comme lui à la maison Gryffondor. Will connaissait bien ces rouquins, sans cesse à la recherche de nouvelles bêtises... Une grande partie de son travail de préfet consistait d'ailleurs à essayer de les empêcher de réaliser ces bêtises- pas facile, quand on est en troisième année et qu'on a à traiter avec deux grands escogriffes de septième année. N'empêche, William faisait ce qu'il pouvait pour s'acquitter correctement de sa tâche, et lorsque ses yeux se posèrent sur le jeune Weasley, il le soupçonna aussitôt d'être en train de commettre quelque méfait.
Le ton arrogant employé par Fred n'arrengea pas l'humeur déjà massacrante du préfet, qui se campa devant son camarade et répliqua :

-Tu réfléchissais, Weasley? désolé d'avoir interrompu ce grand moment... J'imagine que l'humanité allait beaucoup progresser. En attendant, tu me parleras sur un autre ton. Ce n'est pas parce que tu es amoureux que tu dois être encore plus idiot que d'habitude.

Cette manie qu'avaient les gens d'être amoureux, en ce moment, je vous demande un peu... William éprouvait une sorte de dédain pour cette sous-humanité qui se laissait gouverner par l'amour... surtout (bizarrement) depuis que lui et Lynn avaient rompu plus que brutalement. A partir de ce soir-là, il avait décidé que l'amour était un sentiment de faibles, d'idiots et de masochistes... autant dire qu'il n'était pas vraiment bien disposé envers Weasley.
Le problème est que ce soir-là, William ne portait pas son insigne de préfet, et que Fred était bien capable de ne pas reconnaître le préfet de sa maison.

William n'était vraiment pas disposé à en entendre davantage, aussi se dégagea-t-il brutalement de l'étreinte de Fred, la colère lui donnant une sorte de vertige. Pour qui se prenait ce type, pour lui parler de cette façon? Le petit préfet commençait à en avoir vraiment assez qu'on lui parle ainsi, comme à un moins que rien, comme à un petit garçon irresponsable... Il bondit hors de portée de son camarade de maison et répondit, la voix un peu plus précipitée qu'auparavant:

-Si quelqu'un ici ne sait pas contrôler ses humeurs, c'est plutôt toi, tu ne crois pas?

Sans blague... Pour une porte ouverte un peu brusquement, Fred s'était mis en colère, et avait employé à l'endroit de son camarade un ton plus que blessant... "Si dans les quinze secondes qui viennent tu me trouves une idée de cadeau pour une fille, je te pardonne"... Une façon polie de s'adresser à quelqu'un, vous trouvez? ou la menace à peine voilée d'un grand à l'égard d'un plus petit? Et maintenant, il parlait de lui enfoncer sa baguette magique dans les trous de nez, charmant... Après cela, bien sûr, c'était William qui ne savait pas se contrôler. Frémissant de colère, le petit préfet reprit:

-Un autre conseil d'ami, Weasley... garde tes leçons de morale et arrête de te croire invincible. Jusqu'à présent, c'est toi qui menaces, toi qui as sorti ta baguette, toi qui me parles comme à ton chien, alors ne viens pas dire que je ne sais pas me contrôler!

Toute la colère que William avait accumulée, contre Lynn, contre Fred, contre tout le monde, et contre lui-même, menaçait à présent de se déverser sur le jeune Weasley. Will résistait autant qu'il pouvait, sentant qu'il serait injuste de tout mettre sur le dos de son camarade- mais s'il continuait à se comporter comme ça, le préfet savait qu'il allait prendre pour tout le monde. C'est qu'il en avait plus qu'assez, William... D'ailleurs, sans trop savoir ce qui se passait, ses nerfs le lâchant, il s'exclama:

-Je commence à en avoir plus que marre! de tout le monde! J'en ai marre que tout le monde s'essuie les pieds sur moi... J'en ai marre, tu entends? alors vas-y, Weasley, lance-le, ton sort... je m'en fous... Plus vite je rentrerai chez moi et mieux ce sera! vas-y, je te dis, j'attends!

La voix de William avait résonné sous les hautes voûtes, pleine d'un mélange de colère et de désespoir. Il observait son camarade, des larmes de rage dans les yeux, en pensant que si le sort était assez puissant, il pourrait regagner Brighton, rejoindre sa famille... et ne plus jamais revenir dans cette école, puique tout le monde ici le trouvait si détestable...

Le garçon levait la main, le poing serré sur sa baguette, prêt à lancer un sort sur William... Le préfet n'eut pas un geste, pas la moindre tentative pour se défendre. Il allait se laisser faire, en espérant que le coup serait assez grave pour qu'il n'aille pas à l'infirmerie, mais directement chez lui.
Mais le jeune Weasley interrompit son geste, après avoir vu couler des larmes sur les joues de William. Le rouquin avait essayé de les retenir, mais dans l'état de colère où il était, elles étaient sorties toutes seules... Fred allait se méprendre, croire que Will était malheureux, alors que c'était simplement la rage... les nerfs qui lâchaient... rien, en tout cas, qui justifie qu'il renonce à lui jeter un sort. Sentir les larmes sur ses joues et jusque dans son cou mit le comble à la colère et au désespoir de William... Voilà que maintenant, il ne se contrôlait même plus... Il aurait aimé disparaître, filer en courant, faire n'importe quoi mais pas rester là à entendre changer la voix du jeune homme avec qui il se disputait. Finalement, il préférait le ton menaçant qu'il avait eu à la nuance d'inquiétude qu'il percevait maintenant dans la voix de son camarade... Il faisait pitié, voilà tout.

-Laisse-moi... laisse-moi... murmura-t-il, soudain accablé.
Si seulement Fred avait pu l'écouter et partir... Will se serait écroulé par terre pour pleurer tout son saoul... c'était, d'après lui, la seule chose qui pouvait lui faire du bien.
Mais Fred ne partait pas, et encore pire... il s'intéressait au troisième année, lui demandant ce qu'il avait...

-J'ai rien, tout va bien, mentit William entre ses larmes.

De toute façon, il ne pouvait pas raconter qu'il s'était disputé avec Lynn, et que cette dispute lui pesait... cela, et la certitude d'avoir été trahi par la jolie brune... abandonné par ses amis, qui ne s'étaient même pas donné la peine de venir le réconforter. Non, il ne pouvait pas dire tout ça à un inconnu...

[HJ : Voilà enfin ma réponse ! Longue histoire lol. Enfin bref désolé William ^^]


Que se soit Fred ou Georges, dès qu'ils voyent quelqu'un qui ne va pas bien, ils le savent. Bon certes, souvent tard mais au moins ils se préoccupaient des personnes en détresse. C'était donc à Fred de rentrer en jeu... On ne peut pas laisser un pré-ado, limita adolescent avec un truc qui devait lui peser sur le coeur. Et le meilleur sort que pouvait lancer Fred en ce moment, c'était... UN LARGE SOURIRE. C'est en effet la meilleure magie qui soit... Et les jumeaux Weasley étaient certainement bien calé sur ce cas.

Il tenait encore la robe de sorcier de son camarade. Il fit donc un large sourire et son ton de voix était à présent apaisant à écouter. Et oui même les pires blagueurs de Poudlard avait bel et bien un coeur.

- Non... Je ne vais pas te lâcher de si tôt..., sourit Fred.

En effet, dès que Fred voyait quelqu'un en détresse, il fallait qu'il l'aide. Prenons Harry par exemple, il était malheureux à l'idée de ne pas aller Pré-au-Lard et qu'on fait les jumeaux Weasley pour ça ? Et bien tout d'abord leurs sourires habituelles puis ils ont donné La Carte du Maraudeur alors qu'ils y tenaient comme les prunelles de leurs yeux ! Tout ça pour dire que Fred n'abandonnerait jamais quelqu'un de sa propre maison, même si cette personne a dû déjà avoir des mésaventures avec les jumeaux lors de leur rentrée scolaire.

Il appuya fortement sur le bras de William pour l'obliger à s'asseaoir. Fred s'assit à son tour.

- Maintenant qu'on est au calme, explique moi... Je peux pas te laisser partir comme ça... Après les autres vont se moquer de toi... C'est ça que tu veux ?

Et toujours, Fred fit son plus beau sourire.

Mais c'est pas possible d'être aussi têtu... N'importe qui, dans cette situation, aurait compris que William n'avait aucune intention de dire quoi que ce soit, et que son histoire de frère jumeau était en fait une très discrète invitation à se barrer. N'importe qui, mais pas Fred... Le jeune homme se sentait apparemment investi de la divine mission de réconforter le préfet, et il n'en démordait pas. Il expliquait des choses certes sensées, mais qui agaçaient William plus qu'autre chose... Et pout finir, il avoua, en souriant, qu'il était fâché avec son frère. C'était l'occasion rêvée pour Will qui bondit sur ses pieds et s'écria:

-Eh bien va te réconcilier avec lui, au lieu de me poser des questions! Tu dis que je fais du mal aux gens que j'aime, mais tu fais la même chose avec ton frère!... Ecoute, c'est très gentil à toi de vouloir m'aider, mais tu ne peux rien pour moi.

Il avait parlé très vite, sans colère, mais il était manifeste qu'il voulait filer au plus vite. Il allait d'ailleurs s'en aller, mais un détail lui revint et il tendit la main au jeune Weasley en précisant:

-Je m'appelle William. William Craig. Tâche de t'en souvenir, ça t'évitera de m'appeler "préfet"...

Il sourit alors à Fred, d'un vrai sourire sincère- car il n'était absolument pas vexé que l'autre l'ait appelé "préfet", mais simplement amusé. Essayant de se montrer aussi convaincant que possible, il reprit:

-Arrête de perdre ton temps avec moi, et va faire quelque chose de plus intéressant. Te réconcilier avec ton frère, par exemple, ou préparer une nouvelle attaque contre Ombrage... C'est gentil de vouloir m'aider, mais tu perds ton temps, je t'assure.

- Moi je te dis que si, tu perds ton temps. Tu ferais mieux de travailler à tes inventions... Je sais que ton frère et toi, vous avez déjà inventé des tas de trucs...

Fred ne perdait pas vraiment son temps en fait. Depuis qu'il s'était fâché contre son frère, il ne savait pas vraiment quoi faire de son temps libre... Il se promenait dans les couloirs... Ou bien il faisait quelques petites blagues stupides sur le chemin. Ou bien il voyait avec Peeves comment embêter les premières années... Enfin bref, tout ça pour dire que Fred s'ennuyait et que son frère lui manquait... Cela devait être la même chose pour Georges d'ailleurs.
Il n'avait pas du tout envie de travailler sur les inventions. Travailler sur des projets seuls sans son frère, c'était lui demander l'impossible !

-Je vous ai vus essayer de recruter des cobayes dans la salle commune... Tu ferais mieux de bosser là-dessus au lieu de t'inquiéter pour un petit préfet. Vous avez de l'or dans les mains... et en plus, Ombrage en devient folle. Il ne faut pas vous arrêter là...

C'est vrai, c'était bête à dire mais pour Fred, il s'inquiéter pour le préfet alors que d'habitude il les détestaient... Il s'inquiéter pour lui car il savait que le jeune Griff' pouvait sombrer dans une petite dépression à) tout moment... Mais si Fred insistait il le plogerait plus vite que prévu ! Chose qu'il ne faut pas faire !
Il se releva d'une traite et tendit sa main vers son camarade pour l'aider à le relever.

- Bon écoute, je ne vais pas te forcer à dire ce que tu ressens mais en parler fait toujours du bien. Et puis...

Un nouveau sourire naquit sur le visage de Fred.

- En ce qui concerne Ombrage... ne t'en fais pas, il y a pas mal de projets en cours de route... Depuis le renvoi de Trelawnay, tout les élèves se serrent les coudes. Donc nous prévoyons certaines choses, ne t'en fais pas... Et puis je pense que mon frère et moi nous allons bientôt nous remettre ensemble puisque là... enfin bref...


[HJ : Désolé du maigre RP Will !!! Mais je suis un peu surchargé en ce moment ^^]

Enfin, le jeune Weasley comprenait que son insistance risquait d'avoir l'effet contraire à celui qu'il recherchait, et qu'il risquait de mettre William hors de lui. Il adressa un nouveau sourire au préfet, et lui tendit la main pour l'aider à se relever. Will prit cette main, et sourit à son tour en entendant que les jumeaux Weasley entendaient bien mener la croisade anti-Ombrage... Ils avaient d'ailleurs déjà commencé, mais la Grande Inquisitrice n'avait jamais rien pu prouver contre eux. En tant que préfet de Gryffondor, William aurait dû les dénoncer, mais la solidarité qui régnait dans la maison le lui interdisait. On ne trahit pas des camarades de maison pour plaire à une vieille chouette du genre d'Ombrage... et en plus, en se taisant, Will avait le sentiment de résister à sa façon. Il était trop craintif pour oser se lancer dans des coups d'éclat comme ceux des Weasley, mais il ne pouvait pas se coucher devant Ombrage et obéir à ses diktats...

-Tu peux compter sur la complicité silencieuse de ton préfet bien-aimé, assura le rouquin d'une voix solennelle en serrant la main de Fred.

Son sourire s'était élargi, et il était plus naturel... Finalement, parler avec Weasley lui avait fait plus de bien qu'il ne l'aurait cru. Sa mauvaise humeur s'était presque entièrement dissipée, et il éprouva le besoin d'être gentil, à son tour, avec ce jeune homme qui avait fait preuve de tant de sollicitude à son égard. Il chercha ce qu'il pourrait dire, mais rien de ce qui lui venait ne convenait ; il craignait d'être maladroit, et il finit par murmurer simplement :

-Merci... et pardon, pour la porte. J'aurais dû faire attention...

Il s'excusait enfin, alors qu'il avait presque reproché à Fred d'avoir failli se faire assommer... il était temps... Il lui avait fallu un bon moment pour se calmer...
Un peu mal à l'aise, le rouquin se rendit compte qu'il ne savait toujours pas auquel des frères Weasley il avait parlé ; il allait demander son prénom au garçon, mais il pensa que ce serait peut-être blessant pour son interlocuteur, et il se contenta de prendre congé :

-Je dois y aller... à plus tard...

Et après un dernier signe à Fred, il fit demi-tour et se hâta de quitter les cachots, en faisant attention; cette fois, de n'assommer personne à coups de porte.