C'était un vendredi soir, un vendredi qui touchait à sa fin. La nuit était tombée depuis des heures déjà sur le château, bien que, dans la salle commune lugubre des Serpentards, les élèves ne voyaient guère de différence...
Des reflets rouge orangé vacillaient contre les murs, éclairant faiblement les tentures et la pierre émoussée de la salle.
Il n'y avait plus personne dans la pièce, hormis une petite blonde au regard rivé sur l'âtre brûlant dans la cheminée. Elle était lovée contre un l'accoudoir du canapé, emmitoufflée dans sa cape d'école. Elle n'avait pas encore retiré sa tenue d'écolière.
Que faisait une si jeune élève à veiller ? Quelle question, elle n'avait pas besoin d'avoir de raison pour faire ce qu'elle désirait. Si es autres préfèraient se coucher tôt afin d'évacuer la fatigue accumulée toute la semaine, Liliana, elle, préfèrait rester un moment seule avec ses pensées. Ou du moins, à attendre de voir qui ne parvenait pas à son instar à fermer les yeux.
C'était peut-être bête, mais Liliana attendait simplement qu'une présence vienne chasser ses pensées négatives, qu'un peu de chaleur humaine repousse cette solitude qui la rongeait parfois.

A douze ans, quand on était Serpentard, on avait rarement l'occasion de passer à côté des préjugés. Être un serpent signifiait être l'ennemi des Gryffondors, être les bêtes noires du château prêts à dégainer leur langue fourbe à chaque instant.
Mais à douze ans, caractère de vipère ou non, on ne supportait pas toujours les attaques et la solitude avec détachement.
La petite soupira et sortit un petit objet de sa poche. C'était un petit cadeau emballé de vert et d'argent, qui pouvait largement tenir dans une main. Elle le faisait tourner entre ses doigts un instant, pensant qu'elle n'avait toujours pas put l'offrir à son destinataire, puis le rangea. Le bal était passé depuis quelques semaines et elle n'avait pas été fichue de trouver le temps d'offrir ce cadeau de Noël. Il fallait dire qu'elle avait pas mal été contrariée par les cours, l'attaque de Weasley ou encore le silence radio de ses parents, depuis sa dernière lettre. (ah, quand on veut trouver des excuses....)

*Promis, si l'occasion se présente, je me bougerais un peu.*

Des pensées en l'air ouais ! Quoi que ?

Kilian parcourait furtivement les couloirs heureusement deserts des cachots. Il avait largement dépassé le couvre-feu, à revasser au sommet de la tour d'astronomie, et il devait maintenant regagner la salle commune, sans se faire attraper par Rusard, sa chatte, ou pire, un professeur qui n'aurait pas l'indulgence de Rogue à cette heure tardive.

Silencieusement, il regagna donc la porte de la salle commune et entra après avoir donné le mot de passe.

Pensant être seul à cette heure tardive, et s'apprêtant à rejoindre son dortoir, il remarqua une silhouette lovée dans un coin du canapé, les flammes se refletant sur son visage. Il s'avança sans bruits jusqu'à reconnaître la personne en question.

C'était Liliana. Il se rappelait très bien sa rencontre avec l'adorable vipère. Il l'avait même invité au bal de fin d'année, malheureusement les choses ne s'étaient pas passé comme il l'avait esperé. Si tout avait bien commencé, un idiot de poufsouffle avait finit par renverser son jus de citrouille sur la superbe robe de la fillette qui était partie comme une furie, folle de rage, sans même un mot d'excuse pour son cavalier. Il avait tenté de lui écrire pendant les vacances scolaires, mais elle n'avait pas prit la peine de lui répondre. Depuis, c'est à peine s'ils s'étaient croisés pendant les cours et dit bonjour de temps à autres. Ils n'avaient pas vraiment eu l'occasion d'en parler... Le jeune serpentard ne lui en voulait pas vraiment mais estimait qu'il n'avait aucune excuse à faire. Son comportement avait été irréprochable, comme il le lui avait promis, seulement les choses ne s'étaient pas déroulées comme il l'avait souhaité...

Il se rapprocha encore un peu et murmura:

" Bonsoir Lily jolie... qu'est-ce que tu fais encore debout à cette heure... ? Le sommeil te fuit..? Ou peut-être est-ce l'inverse..."

Il sourit et attendit un encouragement de sa part avant de bouger. Si elle désirait être seule, il n'allait pas la contrarier.

"Ca faisait longtemps..." Ajouta-t-il tout de même. "Ca fait plaisir de te voir, comment vas-tu ?"

Liliana sursauta lorsque Kilian s'adressa à elle. Sa cape glissa de ses genoux au sol et le jeune serpent se baissa pour la ramasser. La vipère en fit de même et leurs mains se touchèrent.
Il retira la sienne immédiatement, sans être brusque, se souvenant à quel point la proximité mettait mal à l'aise la jeune fille.

Elle le regarda bizarrement, visiblement étonnée qu'il s'adresse à elle et consentit finalement à répondre à sa question :

Citation :

Je vais bien. Tu as le don pour me prendre au dépourvu !

Il sourit et haussa les épaules :

"Navré." Se contenta-t-il de dire.

Puis alors qu'elle lui retournait sa question il ajouta:

"Bien, merci."

Ce n'était qu'à moitié vrai mais ca n'était pas vraiment important pour le moment.

Alors qu'il s'attendait à ce qu'elle l'envoit balader, elle l'invita à s'asseoir près d'elle, ce qu'il fit, mettant volontairement une certaine distance entre eux. Leur dernier tête à tête remontait à loin et s'était mal terminé. Il pensait que la conversation s'en retrouverait bloquée, chacun trop fier pour en parler mais finalement il se trouva qu'il eu tort et qu'elle fit un gros effort en s'excusant de son comportement et de ne pas avoir répondu à sa lettre.
Il ne lui avoua pas qu'il avait jeté les trois suivates lui aussi et dit d'une voix douce :

"Je veux bien l'entendre cette explication... si tu es prête à me la donner..."

Puis il remarqua le petit paquet qu'elle tenait dans les mains et se mit à rire:

"Tu n'as pas encore ouvert tous tes cadeaux ? Moi qui ait déjà du mal à attendre minuit..."

Il se tut en remarquant qu'elle fixait obstinément le feu et dit:

"Mon regard ne transforme pas en pierre tu sais... enfin pas aux dernières nouvelles !"

Liliana finit par le regarder dans les yeux et constata, les joues légèrement rosies, qu'effectivement, elle était toujours saine et sauve. Puis l'explication tomba, brisant le silence de la salle commune. Elle allait avoir un petit frère, ou une petite soeur.
Cette révélation fut suivit d'une longue explication, quelque fois hésitante mais sincère. Il comprit le pourquoi de sa réaction, et réalisa à quel point ces aveux devaient être difficiles à faire pour elle. Il avait beau avoir découvert la petite fille fragile derrière ce masque d'arrogance, il savait que c'était quelque chose qu'elle cherchait desesperement à cacher. Elle n'aimait pas être faible et encore moins qu'on voit ses faiblesses... pourtant à présent, elle s'ouvrait à lui, et ce secret était une manière pour elle de s'excuser.

- Tu aurais dû l'envoyer... murmura-t-il. Tu sais que je ne suis pas n'importe qui... tu sais que j'aurais compris...

Il haussa les épaules, cela était maintenant derrière eux et il ajouta:

- Tu ne me dois pas d'explications. Si tu veux parler, je suis là, mais ca ne doit pas être une obligation, tu comprends ? On est... amis, non ? Je veux que tu puisses me faire confiance.

Il ne précisa pas que lui aurait beaucoup plus de mal à le faire. Elle venait de s'ouvrir à lui et il ne voulait pas la faire fuir. Il posa doucement une main sur la sienne et plongea son regard noisette dans ses yeux bleus.

- Et.. les choses se sont arrangées chez toi ? Je sais pas exactement ce que ca fait de voir sa famille s'agrandir, mais... c'est peut-être une chance... au final... et puis, tu n'auras que les bons côtés... vu que tu es ici toute l'année, c'est pas toi qui t'occuperas des couches... Dit-il avec sourire réconfortant.

Elle abait baissé les yeux et il lui releva doucement le menton:

- Ne t'en fais pas...

"Tu aurais du l'envoyer..."
Liliana haussa timidement les épaules, mais ne répondit rien. Oui, peut-être qu'elle aurait dû le faire, mais jamais de sa vie on ne lui avait apprit à se confier.

"Oui, je... je sais."

Killian parla à nouveau, lui disant qu'il ne voulait pas qu'elle se confie par obligation. La petite blonde baissa le regard, se demandant si elle était bien capable de se confier autrement que si elle en était contrainte... Peut-être qu'après tout, elle pouvait faire une exception ? Elle l'ignorait. Mais pour cela, elle devrait laisser le temps au temps, c'était certain.
Soudain, Liliana eut un léger choc. Elle venait de sentir la main de Killian sur la sienne, et son regard précèdemment perdu dans le vague, alla constater ce geste. Son corps en entier se crispa, mais elle ne fit pas mine de s'esquiver. Il lui demanda si cela s'était arrangé, et à cette question, Liliana eut un sourire amer.

"J'ai beau essayer, j'ai bien l'impression que non..."

La jeune fille baissa la tête. Cela s'arrangerait sûrement à son retour, après tout... Mais cela faisait un bon moment à supporter pareil poid !
Soudain, elle sentit à nouveau un contact, sur son menton cette fois. Killian lui redressa le visage, et leurs yeux se rencontrèrent, celui compréhensif du garçon et celui de Liliana legèrement embrumé. La petite frémit. Puis prit la main qui soutenait son menton et la rabaissa, sans la lacher pour autant. D'un geste lent, elle ramena sa main qui tenait le petit paquet vert, et posa le cadeau dans la main ouverte de Killian.

"J'aurais dû te l'offrir avant, mais ça n'était pas encore le bon moment."

Chuchota-t-elle comme si elle venait de confier un secret important au jeune garçon. La petite blonde lacha la main de Killian et l'observa en silence, une légère dose d'appréhension sur le visage. Quelle situation étrange !
C'était un moment spécial, elle le sentait. D'abord, elle venait de se confier, puis maintenant, voilà qu'elle lui offrait cette petite broche d'argent, symbolisant par des serpents les initiales de Killian. L'illusion du réel était parfaite, si bien que l'on avait l'impression que les deux serpents emmêlés l'un dans l'autre ondulaient grâcieusement, leurs écailles finement scultées s'entrechoquant en silence et leurs deux yeux brillants de l'éclat des émeraudes que contenaient leurs orbites.
Elle venait d'accomplir deux gestes importants pour elle et s'en sentait étrange, mais ne fit transparaître ses émotions qu'en déglutissant difficilement.

"Quand j'ai vu le bijoutier l'enchanter et donner ce résultat, j'ai pensé que ça ferait... Un joli cadeau..."
Dit-elle lorsqu'il eut la broche dans les mains.

Citation :

"J'ai beau essayer, j'ai bien l'impression que non..."

- Ca va aller... l'encouragea-t-il. Tu verras... il faut juste... te laisser un peu de temps...

Puis tandis qu'il tenait délicatement son visage dans sa main, elle lui attrapa la main, sans le quitter des yeux et y glissa la petite boite qu'elle tenait dans ses mains et qu'il avait jusque là cru lui appartenir.

Il la regarda, incrédule. Il devait y avoir erreur, ca ne pouvait pas lui être destiné... Pourtant, elle murmura qu'elle avait voulu lui donner avant, mais que ca ne lui avait pas semblé être le bon moment...

- Tu... tu n'aurais pas dû... je... pourquoi ?

Sous les yeux pleins d'appréhension de la serpentarde, il ouvrit le paquet pour y trouver une broche représentant deux Serpents enlacés pour former l'initiale de son prénom.

- Wow... laissa-t-il échapper. C'est...

*trop*

Il n'avait vraiment rien fait pour mériter ça.

- Je... merci... je suis désolé... je n'ai rien... je... merci. Finit-il par dire. C'est... elle est... très belle...

Il regarda la broche toujours dans ses mains, incertain, ne sachant quoi dire ou quoi faire. Elle l'avait perturbée... à elle de le remettre dans le droit chemin...

Kilian n'ouvrit pas immédiatement le paquet que venait d'entreposer Liliana. Il l'observa, incrédule, le visage presque fermé sous le coup de la surprise.
- Tu... tu n'aurais pas dû... je... pourquoi ?
Liliana se laissa s'installer son avant-bras sur l'accoudoir du canapé et détourna la tête. Pourquoi ?

"Et pourquoi pas ? A l'époque où je suis tombée sur ce bijou, c'était encore Noël."

Murmura-t-elle en fronçant légèrement le sourcil, déçue par la réaction du garçon. A son expression, elle croyait que Kilian avait mal interprété son geste, qu'il ne l'appréciait pas. Elle releva un regard angoissé sur lui, quand il ouvrit le paquet, il eut l'air plus déboussolé encore.
"Wow... C'est..."

*C'est rien, le prix d'un objet ne fait pas sa valeur.*

Pensa-t-elle, mais sa pensée ne s'échappa de ses lèvres. Car c'était le geste qui importait à Liliana.

"Je voulais me faire pardonner. Si je devais offrir un présent à quelqu'un, ce serait à toi. Tu as été aimable et serviable avec moi. Je n'ai pas été pareille et ce sans le vouloir.

...Elle te plaît, c'est vrai ?"
Demanda-t-elle après un moment d'hésitation.
"Tu n'es pas obligé de la porter. C'est juste que..."

Liliana ne finit pas sa phrase en remarquant l'air décontenancé de Kilian. Elle marqua un moment de silence, puis se leva, soudain elle même troublée par sa sincérité nouvelle. Faisant quelques pas dans la pièce, elle s'arrêta, puis présenta son profil au garçon.

"Je suis désolée, je t'ai gêné. Tu n'es pas obligé de l'accepter."

Elle poussa un léger soupir et passa une main dans ses cheveux, soudain nerveuse.

"Mais tu as dis que tu étais mon ami, non ? Acceptes là alors, car tu es bien le seul ici à l'être."

Murmura-t-elle sans vraiment s'adresser à lui. Elle ignorait si Kilian avait saisit ses derniers mots, mais en réalité, elle ne savait pas vraiment si elle voulait ou non qu'il les entendent.

Quand il ouvrit le paquet, elle lui jeta un regard angoissé, comme si elle avait peur que cela ne lui plaise pas. Ce qu'elle ne pouvait pas savoir c'est que n'ayant pas de famille, recevoir un cadeau était une chose rare et d'autant plus précieuse pour le brun.

Elle le trouvait "aimable" et "serviable", voilà qui n'allait pas plaire aux autres membres de cette maison. Kilian s'était déjà fait severement reprimandé par une petite bande de serpents pour trop "fraterniser" avec les autres maisons. Il en gardait encore quelques bleus... Il avait essayé d'amoindrir cet aspect de sa personnalité mais ce n'était pas tous les jours chose facile.

- Tu n'étais pas obligée... Oui bien sûr qu'elle me plaît... vraiment...

Il était touché par son geste et alors qu'elle disait d'une petite voix qu'il n'était pas obligée de la mettre, il fit tourner l'ouvrage entre ses doigts, les reflets du feu illuminant les yeux des deux serpents.

Elle remarqua sa gêne et s'excusa, le faisant secouer la tête:

- Non non, ne t'excuse pas...

Puis, d'une toute petite voix, elle l'invita à l'accepter, en tant qu'ami, murmurant qu'il était bien le seul à l'être.

- Ne soit pas ridicule. Tu es respectée au sein de notre maison. C'est ce que souhaite tout Serpentard....

Il ne se comptait pas dans cette catégorie mais cela lui convenait. Il ignorait les relations qu'entretenait Liliana avec les autres élèves.. D'après ses propos elle n'avait pas ou peu d'amis et cela lui paraissait inconcevable... Mais après tout, il avait bien compris qu'elle s'était ouverte à lui comme à persone d'autre.

Il se leva pour la rejoindre et posa une main sur son épaule, la forçant doucement à se tourner vers lui:

- Si tu étais avec eux, comme tu es avec moi... tu aurais tout Poudlard à tes pieds... souffla-t-il avec un sourire.

- Tu n'étais pas obligée... Oui bien sûr qu'elle me plaît... vraiment...
Liliana eut un léger sourire. Bien sûr qu'elle n'était pas obligée, mais elle avait voulut lui offrir quelque chose. C'était si rare lorsque celà lui prenait, mais quand il lui arrivait alors d'en faire, elle était toujours généreuse.
Quand Liliana remarqua la gêne de Kilian, celle-ci s'en détourna, s'éloignant du canapé pour faire quelques pas dans la salle commune. Elle se sentait maintenant gênée, autant que Kilian, elle qui avait si peu l'habitude d'être honnête et entière avec qui que se soit.
La jeune fille s'excusa, et murmura quelque chose qui au final était parvenu aux oreilles du jeune homme.
- Ne soit pas ridicule. Tu es respectée au sein de notre maison. C'est ce que souhaite tout Serpentard....

Liliana releva les paroles sans pour autant se soucier d'y répondre. S'il savait à quel point elle se fichait de la réputation qu'elle pouvait avoir ! Tout ce qui lui importait en ce moment même était d'être en phase avec elle même. Et c'était une chose difficile, au final.
Kilian posa une main sur son épaule et la fit pivoter sur elle-même. Leur regard se croisa au moment où il parla. Aux mots du garçon, la jeune fille entrouvrit la bouche, et un sourire passa sur les traits de Kilian. Leur visage étaient proche l'un de l'autre, et Kilian pouvait très bien remarquer l'effet qu'avaient produites sur elle ses paroles. Elle baissa le regard, puis, au bout d'un moment de silence troublé, un sourire doux éclaira son visage.

"Tout Poudlard peut bien m'aduler, je m'en soucierai bien peu. On va dire que tu es privilégié."

Liliana releva les yeux, toujours souriante. Le silence s'installa à nouveau ; elle ignorait que dire. Restant là, à observer Kilian, elle se mit à repenser à ce qu'ils venaient de se dire, au comportement qu'elle adoptait avec lui et lui avec elle. Quelque chose semblait faire en Kilian qu'elle ne voulait pas jouer le rôle de la Liliana froide et distante qu'elle utilisait habituellement. Pourquoi ? Comment ? Ca elle ne le comprenait pas, mais ce qu'elle remarquait, c'est que cela la soulageait.

"Merci."

Ajouta-t-elle simplement, avant de marquer une pause pour chercher ses mots. Elle ouvrit à nouveau la bouche, mais elle sentait les paroles inutiles. Elle aurait pu lui dire que lui n'était pas comme les autres, qu'elle lui était reconnaissante de ne pas être aussi étroit que la plupart des Serpentards, elle se disait que son seul merci suffisait.

La vipère semblait troublée par leur proximité. Elle baissa les yeux, fuyant le regard du petit brun qui s'avança encore, faisant s'effroler leurs mains.

Il sourit quand elle avoua avec un petit sourire qu'il était un privilegié.

- J'espère bien le rester... souffla-t-il au creux de son oreille.

Elle le regarda, pensive et ajouta un petit "Merci".
Kilian sourit à son tour et lui caressa doucement la joue. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi elle le remerciait. Il n'avait rien fait pour mériter sa grattitude, si ce n'est être lui...

Il la regarda, si proche, ses beaux yeux scintillant à la lumière du feu de cheminée, et prit d'une impulsion soudaine, sans réfléchir aux conséquences, sans réfléchir à sa réaction, ni à quoi que ce soit d'autres, sans se soucier qu'elle avait prit peur la dernière fois qu'il avait tenté de l'approcher, il posa ses lèvres sur les siennes, avec douceur.

Il n'esperait pas que ce geste expliquerait mieux que des mots ce qu'il ressentait. Il n'esperait rien à vrai dire... peut-être seulement, qu'elle ne le rejette pas...

Il recula d'un pas, observant sa réaction, puis d'un air digne il déclara:

- Je ne m'excuserai pas pour ça.

Un sourire en coin, masquant son anxieté, vint s'accrocher sur ses lèvres tandis qu'il ajoutait:

- Et... si tu me donnes ta permission... j'aimerais beaucoup recommencer...

Quand Killian s'approcha pour lui chuchoter au creux de l'oreille, Liliana frissona légèrement, mais n'osa pas reculer. Si la proximité de Killian la gênait autant, elle ignorait réellement pourquoi. Les yeux baissés, elle finit par sourire, eclipsant cette gêne en usant de ce contrôle d'elle-même, qui en tant normal la réussissait.
"Merci." Lui dit-elle. Et le silence retomba, alors que Kilian, proche, très proche, glissait délicatement une main sur la joue de Liliana. Le regard de la demoiselle se troubla, ses joues s'empourprèrent. Le regard du garçon avait changé, et la jeune vipère avait bien comprit que ce geste n'était pas anodin. Elle voulut dire quelque chose, mais elle ne fit qu'entrouvrir la bouche, sans savoir quoi dire, quoi faire pour se remettre les idées en place, pour mettre en pause cette instant. Mais nul n'a d'emprise sur le temps, pas même Liliana, qui sentit le contact chaud des lèvres du garçon sur les siennes. Un contact fugace, trop pour que la petite blonde n'ait le temps de réagir, mais d'une douceur qu'elle n'avait jamais connu.
Déjà, Kilian s'était reculé d'un pas, laissant une distance entre lui et la fille aux joues rosies, l'air étonné, voir effrayé.

"Kilian !"
Dit-elle, sur un ton incertain. Elle se recula d'un pas et appuya sa main sur une table qui se trouvait près d'elle, sous le choc.
- Je ne m'excuserai pas pour ça.
Et il s'était approché à nouveau, un sourire au coin des lèvres.
- Et... si tu me donnes ta permission... j'aimerais beaucoup recommencer...
Les lèvres du garçon frolait les siennes tandis qu'il parlait, et un étrange tournis s'empara de Liliana. Elle leva ses yeux troublé, observa le garçon qui était quasi collé à elle. La lueur incertaine des flammes jouaient sur les traits de Kilian dans un masque d'ombres et de lumières et à ce moment, la jeune fille comprit pourquoi elle était si gênée par le fait qu'il l'approche. Seulement alors, elle oublia l'angoisse que lui prodiguait cette instant, et s'approcha un peu plus encore alors qu'elle laissait aller sa main sur l'épaule de Kilian. Ce ne fut pas lui, mais elle qui vint poser ses lèvres sur celles qui s'offraient à elle, pour les amener dans un baiser délicat, mais assuré.

Elle eut l'air surprise, chose qu'il comprenait parfaitement et elle recula de quelques pas pour s'appuyer contre une table. Elle semblait avoir du mal à tenir sur ses jambes. Il la rejoignit, se surprenant lui-même de l'audace dont il faisait preuve dans ses paroles.
Contrairement à ce à quoi il s'attendait, elle ne le repoussa pas, cette fois.
Au contraire... après la peur qu'il crut lire dans ses yeux, il y décela de l'acceptation, de la compréhension.
Et c'est elle qui l'embrassa cette fois... Et cela lui parut la chose la plus naturelle et la plus agréable qui soit...

Il l'enlaça alors qu'elle glissait ses bras autour de son cou. Puis quand leurs lèvres se séparèrent il murmura :

-C'est encore mieux que ce que j'imaginais...

Il regarda ses lèvres et l'embrassa une nouvelle fois avant de lui chuchoter malicieusement avec un sourire charmeur:

- Vous êtes sûre d'être dans votre état normal Miss Vanloock... ? Vous venez de me laisser vous embrasser.... Vous réalisez ce que cela signifie...?

Il sourit encore et la serra dans ses bras, caressant doucement ses cheveux:

- Ca va mieux, Lily jolie... ? Demanda-t-il d'une voix concernée.

Il la serra plus fort et plongea son nez dans son cou:

- Tu sens bon...

Si on lui avait dit qu'elle se laisserait embrasser, Liliana aurait rit au nez de la personne. Mais si en plus de ça, on lui aurait dit qu'en plus de se laisser faire, elle aurait laissé ses appréhensions de côté et aurait osé embrasser Kilian, là, elle n'aurait jamais pu le croire.
C'était pourtant ce qui était en train de se passer, et cette étreinte tendre et amoureuse la ravissait. Elle aimait sentir Kilian tout contre elle, leurs lèvres s'emmêler.
-C'est encore mieux que ce que j'imaginais...
Lui murmura Kilian, avant de plonger une nouvelle fois sur ses lèvres. Liliana glissa une main sur sa gorge, le coeur battant fort dans sa poitrine durant cet instant magique.
Kilian se recula doucement de ses lèvres, et la taquina gentiment à propos de son état. Jouant le jeu, la petite blonde releva le menton et, hautaine, lui répondit :

"Laissez-moi vous retourner la question. Vous savez que maintenant vous serez contraint de me supporter et d'accepter chacune de mes humeurs et de mes paroles ?"

Tandis qu'il souriait, la jeune fille le jaugea d'un regard froid. Elle cessa sa comédie lorsqu'il lui demanda si elle allait mieux, et sourit au contact de sa main dans ses cheveux.

"Je pense... Pour le moment en tout cas."

Quand le garçon enfouit son visage dans son cou, et fit sa remarque, Liliana ne put s'empêcher de rire.

"Je sais."

Lui répondit-elle sur un ton faussement suffisant. Le parfum du garçon l'encerclait agréablement, mais elle se garda de lui retourner le compliment, répugnant à tomber dans le gnan-gnan.
Elle se recula légèrement de Kilian pour l'observer dans les yeux, un air doux sur le visage, qui s'assombrit lorsque lui revint une pensée, un souvenir.

"Je sais que ce n'est pas le moment de parler de ça, et je ne voudrais pas te mettre de mauvaise humeur, cependant j'ai entendu beaucoup de choses à la table des Serpentards.
Tu as fait des bêtises, à ce qu'il paraîtrait. C'est vrai ?"

Liliana l'observa d'un air tout à fait sérieux, malgré l'ironie qu'elle avait soigneusement placé dans ses mots. Le silence tomba quelques secondes, avant qu'elle ne rajoute d'une voix presque chuchotée :

"Ne t'en fais pas, je ne suis pas pour ce qui s'est dit, ni pour ce qu'il s'est soit disant passé. Je veux savoir, simplement."

Elle eut un léger sourire, malicieux, afin de rassurer Kilian. Elle avait l'air de préparer quelque chose.

"Après tout, ta réputation me concerne autant que la mienne, à présent."

Continua-t-elle sur un ton à l'accent exagérement... Serpentard !

Citation :

"Laissez-moi vous retourner la question. Vous savez que maintenant vous serez contraint de me supporter et d'accepter chacune de mes humeurs et de mes paroles ?"

Il se mit à rire et demanda innocemment:

"Mais n'est-ce pas ce que je fais déjà... ?"

Elle lui sourit et il fut soulager d'entendre qu'elle se sentait mieux, du moins pour l'instant.

Soudain, elle se recula légèrement et son visage prit un air sérieux, bien que le ton de ses paroles tente de les démentir.

Citation :

"Tu as fait des bêtises, à ce qu'il paraîtrait. C'est vrai ?"

Son sourire s'affaissa et son regard se fit plus dur. Il recula, se détachant d'elle. Le souvenir de cette soirée était encore trop frais, et il n'aimait pas qu'elle emploie le mot "bêtises" pour qualifier son comportement. Qu'avait-il fait à part être lui-même ?

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que notre cher préfet et certains de ses amis me sont tombés dessus pour me faire regretter d'être un mauvais Serpent ? Et bien c'est exactement ce qui s'est passé...
Il avait encore le corps endoloris de cette correction... et il s'en souviendrait longtemps...

Citation :

"Après tout, ta réputation me concerne autant que la mienne, à présent."

Cette remarque lui arracha un sourire, même si son regard était blessé.

- Tu risques d'avoir pas mal d'ennuis... ma réputation est morte à jamais au sein des serpents, crois-moi...

Il soupira et la regarda:

- Je sais que c'est important pour toi... tu crois pouvoir te faire à cette idée ?

Lorsque les mots sortirent de la bouche de Liliana, la réaction se fit immédiate. Elle savait pertinemment qu'il aurait eu une réaction de ce genre, préfèrant se préserver de ce qu'il s'était passé, mais elle n'avait put s'en empêcher. Une réaction d'auto défense que Liliana ne prit en rien pour elle, malgré le regard dur que lui avait jeté Kilian. Quand il s'éloigna d'elle, elle croisa les bras en attendant une quelconque réponse de sa part. C'est sans étonnement qu'elle entendit l'acquiécement du garçon.
- Tu risques d'avoir pas mal d'ennuis... ma réputation est morte à jamais au sein des serpents, crois-moi...
Elle retint un soupir à ses mots, et se retint de s'approcher de lui lorsqu'il lui envoya ce regard blessé. Elle se doutait qu'elle avait des chances d'être repoussée, et cette idée ne lui plaisait guère.
- Je sais que c'est important pour toi... tu crois pouvoir te faire à cette idée ?

"Tu es défaitiste, Kilian."

Une élève normale, c'est-à-dire une autre personne que Liliana, n'aurait jamais osé lancé le sourire qu'elle venait de lui lancer, après ses paroles. Elle laissa tomber ses bras le long de son corps et s'approcha de quelques pas, bien qu'en restant à une distance respectable du jeune homme.

"Tu crois que ta réputation est morte à jamais ? C'est faux. Et tu sais quoi ? Car j'ai bien envie de régler leur compte à cette petite bande de crétins heureux. En particulier à notre cheeer Préfet. Je suis sûre que ce que j'aurais à lui dire va lui faire reconsidérer ce qu'il a fait."

Son regard s'était légèrement plissé, avant de se rouvrir d'un éclat glacial. La jeune vipère resta figée un moment, pensive. Quelque chose était en train de se produire en elle, une métamorphose que jusqu'à présent, Kilian n'avait pas eu le plaisir de voir.

"Tu ne connais pas toutes les facettes de ma personnalité. Mais crois-moi, si j'ai été envoyé à Serpentard, tout comme toi, ça n'est pas pour rien. Si tu crois que je te parles de cela en ayant pour seule intention que t'offrir ma compassion ou de rouvrir tes blessures, tu te trompes. Je comptes bien à des représailles."

Liliana s'approcha encore un peu.

"Les ennemis de mes amis sont mes ennemis. Et je ne comptes pas plus que toi tu pouvais le compter quand s'est arrivé à me faire prendre par surprise loin de tout témoin. Et je ne compte pas me cacher de ce que... De ce qu'il se passe entre nous."

Liliana se retint de dire "de ce qu'elle ressentait pour lui". Elle ne se sentait pas le courage de dire de telles choses, pas encore. Cependant son regard s'était adoucit, et elle s'était approché de Kilian jusqu'à pouvoir frôler sa main.

"La vengeance, c'est bas. Mais il faut éteindre le feu par le feu, comme le dit ma mère. Alors... Qu'est-ce que tu penserais d'une petite vengeance à la Vanloock ?"

Son regard azur se releva dans les yeux noisettes de Kilian, sans plus la moindre trace de froideur. On y décelait l'interrogation, rien de plus. En réalité, elle ignorait totalement quelle serait la réaction du jeune homme à ses propos, s'il les approuveraient, ou les prendraient mal. Cependant, elle se refusait à s'imaginer la risée des Serpentards. Elle avait déjà eu son lot d'ennuis avec les autres Maisons, en particulier avec les Gryffondors. Et sa mère n'aurait jamais approuvé qu'elle se laisse écraser comme une mouche face aux langues fourchues de sa Maison.

Il soupira, ne parvenant pas à trouver la situation amusante, comme elle.

- Je ne suis pas défaitiste, simplement réaliste... Soupira-t-il.

Il la regarda d'un air nouveau alors qu'elle projetait de les faire payer leur petite correction. Des représailles... c'est ca qu'elle voulait ?
Elle avait raison, il ne connaissait pas toutes les facettes de sa personnalité.... et après tout, elle était une serpentard... ce qui voulait dire que pour le moment, il ne connaissait que le meilleur d'elle... ce qui n'était pas forcément rassurant...

Citation :

"Je ne compte pas me cacher de ce que... De ce qu'il se passe entre nous."

- Si tu es prête à assumer, alors très bien... je ne me cacherai pas non plus....

Il lui sourit et lui pressa tendrement la main, amusé avant de lui faire un baise-main. La vengeance ne l'interessait pas. Il avait juste envie d'oublier ce qui s'était passé et de se faire discret quelques temps. Qui plus est, ce n'était pas n'importe qui, qui s'était attaqué à lui... Et il ne voulait pas que Liliana se frotte à eux. Ca pouvait être dangereux... il ne voulait pas qu'elle soit en danger à cause de lui...

- Je ne sais pas... murmura-t-il. Qu'est-ce que tu proposes... ?

Il ne voulait pas lui dire "non" tout de suite, il savait qu'elle le prendrait personnellement et il ne voulait pas la vexer....
Il faudrait qu'il y aille en douceur...
Mais il était conscient qu'avec ou sans lui, il y avait peu de chances qu'elle abandonne...

Liliana vint se lover dans ses bras et il en oublia pour quelques instants les derniers jours. Il lui sourit et haussa les épaules:

"A qui tu veux en parler ?" Questionna-t-il avec inquiétude.

C'était plus de la curiosité qu'un réel interêt.

"Je ne sais pas s'ils me laisseront, Lily, et pour être honnête, pour le moment ca m'est égal.... j'aimerais juste... être invisible quelque temps... et puis... tu sais très bien que ca ne fera qu'empirer les choses. Il saura que je suis derrière tout ça. Et à côté de ce qu'il me fera, notre petite fête de l'autre soir aura l'air d'une partie de plaisir..."

Il la regarda avec interêt lorsqu'elle se mit à parler de sa mère. Passant doucement une main dans ses cheveux, il murmura:

"Je suis sûr que tu tiens tout d'elle..."

Citation :

Je pense que ça ne leur ferait pas de mal de se faire remettre à leur place. a moins bien sûr que tu préfères leur convenir..."

Il acquiesça, pensif. Il ne "voulait pas" leur convenir, mais, pour le moment, il n'avait envie de rien, si ce n'est oublier et attendre. Profiter d'être avec l'une des filles les plus jolies de sa maison et essayer d'en apprendre plus sur ses parents. La vengeance attendrait... oui... il voulait prendre son temps... Après, la jolie blonde pouvait faire ce qu'elle voulait, quoi qu'il arrive, il continuerait à garder la tête haute, parce que c'était la seule attitude à avoir...

Kilian grimaça à l'évocation de Rita Skeeter. Il n'était pas fan de potin et cette bonne femme était la meilleure dans ce domaine.

"J'y réfléchirai." Dit-il d'un ton sans appel, signifiant clairement que le sujet était clos.

La vipère prit sa main, l'air à la fois pensive et inquiète et il ajouta malgré lui:

"Arrête de t'inquiéter. Je suis un grand garçon et j'assume mes décisions, d'accord ? Ne crois pas que je les ai laissé faire si facilement... je ne suis pas un lâche ! Je ne me suis pas vulgairement écrasé devant leur petit comité, contrairement à ce que tu as l'air de penser !"

Il soupira, se frappant mentalement pour réagir avec tant de virulence dès que ce sujet était abordé...

"Je ne suis pas un lâche." Répéta-t-il. "Je n'ai pas peur d'eux. Je ne changerai pas qui je suis juste pour leur faire plaisir. Simplement, j'ai besoin d'un peu de temps pour réfléchir à tout ça. Pour savoir quelle voie je veux suivre... tu comprends ?"

Il passa sa main libre dans ses cheveux, essayant de reprendre contenance, quand la jeune fille lui posa une question qu'on lui avait déjà posé plusieurs fois.

Citation :

"Tu sais, ça m'inquiète tout ça. Tu te sens bien, à Serpentard ?"

Il plongea son regard noisette dans ses jolies yeux bleu et lui fit un baise main :

"Je suis bien avec toi..." Dit-il avec un sourire charmeur, évitant ainsi de répondre à sa question.

Il ne se sentait ni bien ni mal, même si les évènements de ces derniers jours faisaient plutôt pencher la balance du côté négatif.
Il ne se sentait simplement pas à sa place. Mais c'était une impression générale, il savait qu'il ne se serait pas sentit mieux dans une autre maison. Il était simplement en quête de lui-même, et cela ne changerait pas tant qu'il n'aurait pas de réponses sur ses origines...

"Il est tard," murmura-t-il finalement. "On devrait rejoindre nos dortoirs, tu ne crois pas ? On se voit demain matin...?"

Et sans lui laisser le temps de protester, il posa ses lèvres sur les siennes. Puis quand il se détacha d'elle, il murmura:

"Bonne nuit, Lily jolie..."

Et il quitta la salle commune, sans un regard en arrière.