[HJ : je m'incruste parce que j'adore ton style d'écriture, c'est un plaisir de te lire, alors, un petit bout de chemin en ta compagnie me plaît.]

Bill, comme à son habitude en ce mois d'octobre qui, il le savait, lui offrait les dernières soirées agréables de l'année à passer à l'extérieur, s'était attardé ce soir-là dans le parc. Allongé dans l'herbe, il avait regardé poindre la première étoile, le visage caressé par un vent frais et léger, songeant à Ashley, à leur rencontre, aux moments passés ensemble dans la salle commune de Poufsouffle, dans cette salle des trophées avec ses autres amis de Poufsouffle... Il s'était tant inquiété au départ, inquiété d'être seul, d'être incapable de ressentir de la complicité avec qui que ce soit d'autre que sa petite soeur, et résultat il se retrouvait avec un groupe d'amis et une fille qui, malgré son jeune âge, Bill pouvait considérercomme sa petite amie. Il tourna son visage vers la droite, l'herbe fraîche contre s ajoue, et observa longuement la masse sombre des arbres de la forêt interdite... Il avait dit à Ashley qu'ils iraient tous les deux, et ils iraient, bientôt, le plus tôt possible. A cette idée, Bill ne put s'empêcher de se relever, de traverser les pelouses et de s'approcher de ces silouhettes mystérieuses, celles des grands arbres majestueux, qui abritaient tant de secrets. Il marcha un moment, longeant la forêt sans pouvoir se résoudre à s'y aventurer sans son amie. Il savait que le professeur Dumbledore était un homme plus que sensé, sa mère ne cessait d'en faire l'éloge, et s'il avait posé une interdiction stricte sur cet endroit, ce n'était pas pour rien. Mais... Justement, cet interdit l'attirait. Il marcha longtemps et au bout d'un moment, il se rendit compte qu'il ne savait plus réellement où il était. Il avait tant pensé, tant profité de cette nuit tombante qui allumait peu à peu les étoiles dans le ciel bleu marine qu'il n'avait pas réellement prêté attention à l'endroit où le menaient ses pas. Il se retourna et constata que le château s'était considérablement éloigné de lui, à moins que ce ne fût l'inverse. Certes il fallait rentrer, mais Bill savait qu'il avait un devoir en potions, que la salle commune serait bondée et il décida de rester un moment ici. A cette heure, plus personne n'avait le droit d'être dehors, il le savait, mais tant pis. Maintenant qu'il enfreignait la loi, autant le faire complètement.

"Lumos."

Il commençait réellement à faire sombre et la lumière qu'émettait le bout de sa baguette lui révéla ce qu'il n'avait pas encore remarqué. En face de lui, à l'opposé du château, un mur s'élevait, une sorte de mur d'enceinte.

*Tiens donc, c'est quoi cet endroit ? Je ne savais pas qu'il y avait quelque chose par ici. En même temps, je ne connais à peu près rien de cette école, à part les endroits que je fréquente tous les jours.*

Poussé par sa curiosité, Bill longea le mur et finit par découvrir un portail qu'il poussa doucement. Le portail grinça sinistrement sur ses gonds et Bill frissonna. Mais son frisson se mua en réelle stupeur quand il s'aperçut qu'il se trouvait... au beau milieu d'un cimetière ! Il était cerné par des tombes, les plus proches apparaissant clairement dans le rayon de sa baguette, les autres comme des ombres floues immobiles et sinistres.

* Mais quest-ce que je fous là ? *

Ce fut la première question qui lui vint à l'esprit. Pourquoi était-il rentré ici. Mais sa curiosité reprit rapidement le dessus.

* Je me demande bien quel genre de personnes sont enterrées ici... Peut-être des professeurs... D'anciens directeurs... Peut-être même les fondateurs de l'école.. La fondatrice de Poufsouffle serait-elle installée ici pour son dernier sommeil, sous l'une de ces dalles de marbre ? Ce serait merveilleux ! Il faut absolument que je cherche. Et puis, ici, tout près de l'école, je ne risque rien.*

Bill s'avança, faisant crisser le gravier qui recouvrait le sol sous chacun de ses pas. Il avait contourné quelques tombes, éclairant chaque fois les inscriptions, toutes mentionnant des inconnus, avec sa baguette, quand une voix le fit stopper net. Peut-être avait-il eu tort de se croire tellement en sécurité. Son père disait toujours qu'un cimetière la nuit était un mauvais endroit, mais Bill pensait qu'il ne s'agissait que de supersticions.

-Qui...qui est là ?
Dans sa panique, Bill n'avait pas fait attention au fait que la voix qui venait de parler était une voix d'enfant. Il brandit sa baguette droit devant lui, plus pour s'éclairer que pour se défendre et lança d'une voix qui, à sa propre surprise, paraissait ferme et assurée :

"Vous qui êtes-vous ? Je vous préviens, je sais me battre et je n'hésiterai pas à employer les grands moyens pour me défendre."

En d'autres circonstances, le jeune écossais aurait éclaté de rire en s'entendant parler ; il ne savait maîtriser aucun sort de combat, même pas le moindre petit sort de défense, et il réalisa soudain qu'il était complètement inconscient de s'être aventuré tout seul dans cet endroit sordide et isolé. Mais c'est à cet instant qu'il se trouva assez près de l'individu qui venait de parler pour que sa baguette l'éclaire pleinement et... il réalisa avec quelque peu de soulagement et avec une forte envie de rire qu'il ne s'agissait que d'une élève, comme lui, arborant le blason de Serpentard et ne semblant pas plus âgée que lui... avant de remarquer qu'elle brandissait, comme lui, sa baguette dans une attitude offensive. Avant de penser à quoi que ce soit d'autre, craignant qu'éblouie par sa baguette, la jeune fille ne le distingue pas bien, il s'exclama :

"Eh, ne t'en fais pas ! Je suis un élève de l'école ! Baisse ta baguette."

Tout en parlant il baissa sa propre baguette et regarda plus attentivement la Serpentard. Il ne la connaissait pas mais se rappelait l'avoir vue à la soirée de répartition. Elle était rousse et ses cheveux étaient plutôt courts. Se demandant si sa réaction n'avait pas été un peu brusque, bien qu'elle avait été loin de l'être vu la douceur de sa voix malgré la force avec laquelle il avait parlé, il ajouta avec un de ses plus beaux sourires, un de ces sourires qui, il l'avait remarqué, exaspéraient Emilien, qui pourtant était un Serpentard particulier, donc devait exaspérer à peu près tous les Serpentards :

"Est-ce que je peux te demander ce qui t'emmène ici à cette heure ?"

Puis il rit et ajouta :

"Euh... Pardon, je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Bill. Et je te pose une question à laquelle je devrais donner moi-même une réponse. En fait, je me suis perdu en marchant et en réfléchissant... J'aime bien le soir... Et j'ai atterri ici et ma curiosité a fait le reste. Et toi alors ?"

[Hj: merci moi aussi j'aime bien ta façon d'écrire, e je ne dis pas ça par politesse . (oulà va falloir que j'augmente la longueur de mes posts ! ) ]

"Vous qui êtes-vous ? Je vous préviens, je sais me battre et je n'hésiterai pas à employer les grands moyens pour me défendre."

Malgré la voix ferme et décidée de l'inconnu, Jill fut immédiatemment soulagée . Ce qu'elle craignait ne parlait pas . Et s'il s'était mis à parler, il n'aurait jamais pris la voix d'un enfant .

"Eh, ne t'en fais pas ! Je suis un élève de l'école ! Baisse ta baguette."

La fillette avait complètement oublié sa baguette brandie, et de toute façon elle n'aurait pas pu s'en servir . En effet, "alohomora" ou "wingardium leviosa" n'étaient pas des sorts très utiles en combat rapproché . Elle abaissa néammoins son bras, tellement rassurée que ses mains tremblaient .

"Est-ce que je peux te demander ce qui t'emmène ici à cette heure ?"

Evidemment, en temps normal, la petite vert-argent aurait envoyé le poufsouffle bouler . Mais la terreur, ou plutôt la panique que lui inspirais ce-qu'elle-craignait, et le déferlement de soulagement quand elle avait compris que ce n'était pas Elle avait effacé tout comportement méprisant ou hautain . La petite n'avait même pas regardé l'insigne qui lui aurait indiqué de quelle maison était son interlocuteur .

"Euh... Pardon, je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Bill. Et je te pose une question à laquelle je devrais donner moi-même une réponse. En fait, je me suis perdu en marchant et en réfléchissant... J'aime bien le soir... Et j'ai atterri ici et ma curiosité a fait le reste. Et toi alors ?"

Jill, Bill...une seule lettre de différence pour deux enfants incontestablement très différents . La rouquine sourit : n'importe quoi, vraiment ! Elle devenait gâteuse !
La certitude que la chose n'était pas là (du moins pour le moment) la rassérena complètement, et c'est presque d'une voix joyeuse et dénuée de mensonges et autres scrupules qu'elle répondit :

-Je m'appelle Jill . Moi aussi j'aime bien le soir, et c'est bien plus que ça.....et je suis là parce que.....ben, à peu près comme toi, j'imagine .

Elle avait failli trop en dire . Trop de soulagement, ça ne lui réussissait pas .

Consciente que la fin de sa phrase manquait d'assurance, la fillette se retourna pour contempler le cimetière envahi par les ombres .
Ou était-Il, à présent ? La surveillait-Il ? Avait-Il disparu ? Il ne l'emmenait jamais dans un endroit par hasard . Que pouvait-Il bien avoir voulu lui dire ? Lui montrer ? Elle avança de quelques pas et scruta à nouveau l'obscurité . Puis le faisceau de sa baguette glissa sur les tombes, sur les noms de leurs habitants gravés à jamais dans la pierre froide . Irréversible .
La petite frissonna sans vraiment savoir pourquoi . Ce n'était pas la proximité des morts qui l'effrayait . Après tout, qu'y avait-il à craindre de cadavres ? C'était quelque chose de plus fort . De plus....désespérant . Et il lui semblait que cette impression était intimement liée avec .....ce qu'elle craignait plus que tout au monde et même plus .
Ce pouvait-il qu'Elle soit là à l'épier, attendant que le garçon s'en aille pour venir la hanter ? Ce pouvait-il que ce même garçon ne soit qu'un artifice de son esprit terrorisé ?
Elle se retourna, prise d'une peur subite . Mais non, Bill était toujours là . Elle se rapprocha de lui, craignant qu'il ne disparaisse soudainement et lui adressa un sourire timide, comme pour se persuader de son existence .
Elle était presque rassurée, maintenant . Son regard se perdit dans le vague et elle murmura, plus pour elle-même que pour le jeune poufsouffle :

-Dans un cimetière, qu'est-ce qu'il peut y avoir d'intéressant, à part des tombes ?

[Hj: désolée pour la "couleur poufsouffle" mais sinon j'ai du mal à me repérer quand j'écris .]

[HJ : désolée pour le retard, je me suis octroyé un long week-end...]

La jeune serpentard baissa sa baguette à son tour et Bill se sentit rassuré. Il était évidemment dans un cimetière, mais après tout, un cimetière ou le parc de l'école, c'était à peu près la même chose quand on se trouvait simplement entre élèves, avec nul autre danger que celui d'attraper froid.

Le jeune Poufsouffle scruta le visage de la jeune fille, et il aurait pu jurer qu'il avait vu ses traits se détendre subitement à sa vue, comme s'il la rassurait d'une terrible angoisse.

* Après tout, c'est normal non ? Moi aussi j'ai eu peur quand elle m'a parlé. Mais quand même... On dirait que quelque chose d'autre l'a perturbée, comme si j'étais arrivé au bon moment pour la libérer d'un danger. *

Sa pensée fut confirmée par le ton que la jeune élève employa par la suite pour se présenter.

"Je m'appelle Jill . Moi aussi j'aime bien le soir, et c'est bien plus que ça.....et je suis là parce que.....ben, à peu près comme toi, j'imagine ."

Son ton était enjoué, trop enjoué même, et Bill songea, malgré le fait qu'il se refusait à avoir le moindre a priori sur la personnalité des élèves en fonction de leur maison, qu'un serpentard seul dans un cimetière, voyant débarquer un Poufsouffle, en temps normal, n'aurait pas dû être aussi ravi. Puis, il y eut la fin de la phrase, le "j'imagine", prononcé avec une voix inquiète... Jill se retourna et Bill vit qu'elle éclairait autour d'elle, qu'elle s'avançait un peu plus dans l'ombre, comme si elle cherchait quelque chose que Bill, qui tentait de percer lui aussi l'obscurité, ne voyait nulle part, quelque chose qui devait être particulièrement terrifiant, à en juger par son expression quand elle se retourna. Elle se rapprocha de lui, comme si elle cherchait sa protection et elle eut l'air tellement soulagée en le voyant que Bill se sentit presque mal à l'aise. Elle lui adressa unpetit sourire et son étonnement grandit. Qu'avait-elle donc ? L'écossais se sentait peu à peu gagné par une angoisse qui n'était pourtant pas la sienne et à laquelle il ne trouvait aucune explication rationnelle. Pourtant, il sentait que quelques instants auparavant, lorsqu'elle avait sondé l'obscurité de ce cimetière, elle avait dû être bien plus terrifiée qu'il ne l'était à présent et à cette pensée, il trouva la force d'oublier ses propres craintes. S'il le pouvait, il allait tenter de l'aider, même s'il se doutait qu'il ne serait peut-être pas bien accueilli. C'était plus fort que lui. C'est à cce moment qu'il l'entendit murmurer quelque chose que Bill entendit distinctement, même s'il comprit que peut-être, elle ne s'était même pas aperçue d'avoir parlé.

"Dans un cimetière, qu'est-ce qu'il peut y avoir d'intéressant, à part des tombes ?"

Bill jeta un nouveau coup d'oeil autour de lui, comme pour se prouver à lui-même ainsi qu'à Jill qu'il n'y avait effectivement rien d'autre que des tombes et, posant une main apaisante sur l'épaule de la jeune fille, il répondit, d'une voix douce :

"Il n'y a rien Jill, rien d'autre que des tombes qui sont aussi inanimées et inoffensives que l'une de tes chaussures. J'ai encore virifié à l'instant, je ne vois même pas bouger l'ombre d'une ombre."

Il hésita à poursuivre ; il savait que la jeune fille risquait de se braquer s'il posait des questions, mais il l'avait sentie si anxieuse quelques instants auparavant qu'il ne put s'empêcher de poursuivre.

"Qu'as-tu vu ? Quest-ce qui t'a fait si peur ? Nous sommes deux à présent, et si tu me dis le danger qui te menace, nous serons deux à y faire face."

Il retira sa main de l'épaule de Jill, conscient qu'il l'infantilisait un peu dans ses paroles, mais conscient aussi qu'elle avait peut-être besoin d'être rassurée. Pourtant, qui était moins rassurant que Bill ? Il ne maîtrisait pour ainsi dire aucun sort ; certes il était grand, certes il avait travaillé dans les champs et avait donc acquis une certaine force, mais il savait que ces éléments étaient bien futiles, si un réel danger venait à les surprendre. Pourtant, il s'efforça de garder confiance. Confiance en quoi ? Il n'en savait rien, mais confiance. Il regardait toujours Jill et ses yeux bleus exprimaient toute la chaleur qu'il souhaitait ardemment transmettre à la petite Serpentard.

Bill se sentit un peu idiot mais néanmoins très rassuré quand, suite à sa déclaration qu'il n'y avait rien dans le cimetière, mis à part des tombes, la petite Serpentard lui répondit qu'elle cherchait quelque chose, un objet. Au moins, il savait à présent qu'elle n'était pas, ou du moins plus, à l'affût d'un danger. Elle cherchait quelque chose. Mais le jeune Poufsouffle dut admettre que les explications de la jeune fille étaient très embrouillées. Pourtant, le garçon roux avait déjà pris sa décision ; il ne croyait que peu au hasard, et selon lui, ce n'était pas par hasard qu'il s'était perdu et retrouvé dans cet endroit lugubre juste le même soir qu'une fille qui cherchait quelque chose. Il allait l'aider à chercher, même s'il ne savait pas ce qu'il falait chercher, même s'il ne connaissait absolument pas cette élève qui aurait très bien pu le mener en bateau pour Dieu sait quel plan étrange, même si peut-être l'objet qu'elle cherchait lui-même était un danger.

"Si tu veux, je veux bien te donner un coup de main pour chercher ton... truc."

A présent, il parlait d'une voix calme, sur le ton de la conversation, mais sans plus se forcer à ignorer son angoisse. Il n'avait en fait plus d'inquiétude à présent qu'il savait que Jill était simplement en quête de quelque chose. Il était néanmoins certain que quelque chose avait effrayé la petite fille avant son arrivée, cette certitude confirmée par le fait qu'elle n'avait pas répondu à sa question. Mais il jugea préférable de ne plus aborder ce sujet. De toute façon, s'il y avait un réel danger, il s'en rendrait compte bien assez tôt, et peut-être que plus tard dans la soirée, Jill lui en parlerait tout simplement. Peut-être aussi que la Serpentard avait vu quelque chose qu'elle trouvait si fou, si impossible qu'elle n'osait pas en parler. Après tout, c'est souvent ce genre de choses qui fait le plus peur, et Bill n'était qu'un inconnu, donc il n'y avait rien d'étonnant qu'elle n'ose pas paraître ridicule à ses yeux d'inconnu.

"Mais il faudrait que tu me dises ce qu'on est sensé chercher..."

* Au fond, je ne sais pas si elle le sait elle-même. *

"Ou du moins le genre de choses qu'on est supposé trouver. Sinon, ça va être difficile."

Elle avait dit quelque chose de suspect. Qu'est-ce donc qui pouvait lui faire penser qu'il y avait une chose suspecte dans ce cimetière ? Mais Bill s'abstint de poser de plus amples questions, visiblement, Jill était un peu perdue et le rouquin se demandait si elle-même savait vraiment pourquoi elle était si sûre qu'il y avait une chose étrange en cet endroit

Bill se contenta, pour montrer sa détermination, de relever sa baguette pour examiner les alentours et de s'avancer entre deux tombes, dans une allée dans laquelle lui-même n'était pas passé pour arriver et que la jeune fille n'avais pas trop éclairée de sa baguette. Si elle acceptait son aide, il lui suffisait de le suivre, sinon, elle pourrait toujours lui dire de laisser tomber.

"Si tu veux, je veux bien te donner un coup de main pour chercher ton... truc."

Jill se sentit un peu honteuse : il voulait bien l'aider, mais elle ne lui donnait même pas une piste pour qu'il comprenne sa terreur . Peut-être lui avait-elle communiquée...elle aurait aimé lui dire que lui n'avait rien à craindre . A vrai dire, elle non plus, mais....c'était plus qu'une terreur, une véritable phobie qu'elle ne s'expliquait pas . Après tout, les seules choses dont on a peur sont des choses qu'on ne comprend pas . Pourquoi devrait-elle avoir peur ? "Elle" n'était qu'une....


"Mais il faudrait que tu me dises ce qu'on est sensé chercher..."

Aïe . Plus dur . Elle n'en avait aucune idée . Mais impossible de lui avouer . Ou il la prendrait pour une folle, ou il ne l'aiderait pas . Et il n'avait pas tort . Pourquoi chercher une chose qu'on est incapable de décrire, qu'on ne sait même pas sa nature, son utilité....

"Ou du moins le genre de choses qu'on est supposé trouver. Sinon, ça va être difficile."

Il avait du remarquer son trouble . Comment lui expliquer....
Et si ce qu'elle devait trouver, c'était Bill ? Cette idée la frappa comme une évidence . Mais pourquoi.....
Elle lui jeta un regard sincèrement désolé .

-Je ne sais pas . Ca peut être n'importe quoi, même quelque chose de vivant . Je suis désolée . C'est important . Mais tu n'es pas obligé de m'aider .

Maintenant que quelqu'un l'avait vu en proie à sa plus grande frayeur, maintenant que ce même quelqu'un savait qu'elle cherchait quelque chose dont elle-même ignorait le sens et la constitution, elle avait envie de se confier .
Mais à quoi bon ? Qui comprendrait ? Quelle peur inutile et futile.....

Elle aurait voulu le remercier ; voyant qu'il cherchait déjà, elle se contenta de le suivre au milieu des tombes, baguette brandie...

Bill était de plus en plus perplexe. Elle avait un air si désolé... Comme si elle ne pouvait pas elle-même exprimer le problème... Elle semblait si troublée...

"Je ne sais pas . Ca peut être n'importe quoi, même quelque chose de vivant . Je suis désolée . C'est important . Mais tu n'es pas obligé de m'aider."

Quelque chose de vivant ! Y avait-il autre chose qu'elle et lui de vivant dans ce cimetière... ? Rien ne le laissait supposer. Pas un bruit, pas un mouvement. Pourtant, cette phrase prononcée d'un ton si empreint d'embarras et d'excuse ne fit que décider davantage le grand écossais.

"Bien sûr que si je vais t'aider. Je ne vais pas te laisser toute seule ici à..."

A quoi au fond ? A continuer d'avoir peur ? A continuer de chercher quelque chose qui n'existait peut-être pas ? Il préféra ne pas terminer sa phrase.
Il lui semblait que, bien plus que quelque chose de précis, la jeune fille cherchait un signe, peut-être un message... Et si la chose pouvait être vivante... Et puisqu'il était le seul autre être vivant mis à part Jill dans ce cimetière... Se pouvait-il que...

* Non, mon pauvre Bill. Tu divagues. Et pourtant... Si je ne suis rien à mes propres yeux, cela ne signifie pas que je ne suis rien pour elle... *

Mais sa simplicité fit qu'il préféra abandonner cette curieuse idée. Jill l'avait suivi, cela signifiait implicitement qu'elle acceptait au moins qu'il essaie de l'aider. Si seulement elle acceptait de se confier à lui... Bill sentait bien qu'il y avait un mystère autour de tout cela qu'il ne percerait jamais sans l'aide de la Serpentarde. Pourtant, son instinct lui disait qu'il ne valait mieux pas insister. Il continua d'avancer entre les tombes, explorant chaque recoin à l'aide du rayon lumineux de sa baguette. A une intersection, il biffurqua à droite, ne sachant trop que faire, puis il s'arrêta, un peu ennuyé de ne rien voir de spécial, un peu perdu. Il se tourna vers Jill et lui dit d'un ton mal assuré :

"Est-ce que... euh... Tu sais où cette chose pourrait se trouver ?"

Puis, réalisant que sa question était stupide et qu'il était vraisemblable qu'elle lui réponde qu'elle n'en avait aucune idée, et craignant de la mettre encore plus dans l'embarras, il ajouta, espérant que sa question laisserait à la jeune fille la possibilité de ne pas répondre :

"Qu'est-ce qui... euh... comment en es-tu arrivée à l'intuition que tu trouverais quelque chose ici ?"

Son regard bleu n'exprimait que bienveillance, il n'y avait pas une trace de curiosité, mais il redoutait de l'embarrasser encore davantage. Tant pis, c'était dit et peut-être qu'elle arriverait à lui en dire un peu plus, suffisamment pour qu'il comprenne, du moins partiellement, quel était réellement le problème.

Bill écouta la réponse de la fillette. Comme il s'y était attendu, elle ne pouvait pas ou ne voulait pas lui répondre, du moins pour l'instant et il savait qu'il n'allait plus lui poser de questions à son sujet. Le regard plein de suplication qu'elle lui jeta ne fit que le conforter dans cette idée. Ce regard lui avait serré le coeur ; non, ce qui se passait chez Jill devait être drôlement compliqué ou personnel, il devait cesser immédiatement de l'ennuyer avec ça. Il était là à présent, elle n'était pas seule, c'était tout ce qui comptait. Il savait faire de la lumière avec sa baguette, en faire jaillir un peu d'eau (quand ça voulait bien marcher), ouvrir des portes, faire léviter des objets (mais alors il fallait qu'ils soient bien légers)... Tout cela ne servait probablement à rien mais il l'utiliserait s'il le devait, il allait essayer de ramener cette fille au château, un endroit où, tout comme lui, elle aurait mieux fait de rester. C'est alors qu'il la vit, une ombre furtive se glissant derrière une pierre tombale. Non, il n'aurait très certainement pas su dire de quoi ou de qui il s'agissait et vraisemblablement, trop occupée par ses pensées, Jill ne l'avait pas remarqué. Tant mieux... Il avait probablement tout imaginé, ce qui était compréhensible avec cette chose que cherchait sa camarade. Il avait cherché à voir des éléments intéressants partout, il venait tout bonnement de s'en imaginer un pour contenter son désir de rendre service.

Jill s'était remise à scruter les tombes autour d'elle en silence. Mais il n'y avait pas qu'elle qui faisait silence. Bill, tant qu'il y avait eu des petits sons tout autour de lui, ne les avait absolument pas remarqués. Mais tout à coup, il réalisa qu'il n'entendait rien et ceci le paniqua. Juste avant, il y avait eu le son lointain des grenouilles dans le lac de poudlard, celui de quelques grillons égarés dans le cimetière, le hululement d'un hibou passant au-dessus de leur tête... Et tout à coup, rien. Et soudain...

"Bill... Tu entends ?"

Oh oui il l'entendait, mieux que bien même, dans ce silence qui était devenu mortel. Cela provenait de derrière un haut monument mortuaire, juste en face d'eux. Peut-être que cette ombre noire n'avait pas été qu'une simple illusion. Machinalement, il murmura :

"Oui, je l'entends."

Cette réponse était aussi inutile que la question qui la précédait, mais le fait de parler lui donnait la sensation rassurante qu'il avait encore toutes ses capacités physiques et mentales. Jill avait reculé et il l'imita. Insensiblement, il s'était rapproché d'elle, la peur au ventre mais bien décidé à se battre si cela était nécessaire, à fuir si, plus vraisemblablement, il n'y avait pas d'autre solution, à mourir peut-être mais très certainement pas avant d'avoir tout tenté pour les sauver tous les deux. Ses pensées héroïques lui firent ébaucher un maigre sourire : il savait qu'il n'y pouvait rien. A nouveau, il lui semblait que quelque chose avait bougé derrière cette grande pierre tombale. Il entendait toujours ce souffle, ou plutôt ce râle, et brusquement un souvenir lui traversa l'esprit, lui faisant l'effet d'une lame glacée qu'on aurait enfoncée dans son dos.

* Oh, le cours de Maugrey... ET s'il y avait un détraqueur derrière cette tombe ? ... Le patronus... C'est un sortilège que seuls les bons sorciers savent maîtriser.*

Il eut soudain envie de faire part de sa pensée à Jill. Ce silence pesait trop pour lui et de toute façon, ils ne pourraient pas se faire repérer plus qu'ils ne l'étaient, leurs baguettes étaient toutes deux restées allumées. Au même instant, il songea que peut-être valait-il mieux les éteindre mais... Maintenant que la chose savait qu'ils étaient là, à quoi cela aurait-il servi, sinon à les désavantager encore plus ? La seule réaction que Bill parvint à avoir fut de tourner son regard vers celui de sa camarade pour essayer de lire ce qu'elle pensait. Il fut bien tenté de la prendre par le bras et de fuir, mais il ne savait pas ce qui allait les poursuivre et l'idée d'avoir le danger dans le dos plutôt qu'en face ne lui plaisait guère.

Et lentement, tandis qu'il se faisait ces réflexions, l'ombre bougea à nouveau... Elle sortait de derrière la pierre tombale par la gauche, doucement, une ombre noire dont Bill ne parvenait pas à distinguer les détails. Elle se mouvait lentement, lentement, vers eux...

[Moi non plus chai pas ce que c'est : ) ]

"Oui, je l'entends."

Super . Au moins elle n'était pas folle . Mais peut-être aurait-elle préféré....
Bill avait peur, lui aussi ; il avait reculé et s'était lentement rapproché, aux aguets . Evidemment qu'il avait peur . Qu'est-ce que des gosses de onze ans pouvaient faire contre une chose non identifiée, la nuit dans un cimetière ? Mais justement, c'est le fait que lui aussi ai peur qui l'effraya davantage . Car désormais, le danger semblait réel et plus personne ne pouvait dire qu'il n'y avait rien et que le cimetière si calme en apparence était vide de toutes choses susceptibles d'en vouloir à leurs vies.....
Mais là.....
Qu'est-ce qui pouvait être effrayant au point que même la nature ai cessé ses bruits nocturnes ?
Un détraqueur ? Mais il ne faisait pas froid, et leurs baguettes n'étaient pas éteintes . Un épouvantard ? Cela n'aurait sans doute pas provoqué pareil émoi parmi les créatures de la nuit .
Une autre pensée s'imposa à l'esprit de la fillette terrifiée : un esprit . Un fantôme sorti tout droit d'une tombe, se réveillant de l'oubli pour venir hanter les vivants qui avaient osé profaner son sommeil éternel....les théories les plus impossibles lui vinrent à l'esprit ; mais, trop apeurée pour réfléchir intelligemment, elle n'en refoula aucune, ne faisant que se pétrifier davantage .
L'ombre bougeait . Lentement, elle se rapprochait, son étrange râle avec elle . C'était vraiment terrifiant et insupportable, de ne pas savoir à quoi ils avaient affaire .
Jill ne put supporter plus longtemps cette incertitude . Tout ce qu'elle savait encore, c'est qu'elle ne voulait en aucun cas voir ce que c'était .
Son esprit "serpentarien" reprit vite le dessus, c'est-à-dire je sauve ma peau d'abord, le reste on voit après .
L'obscurité les soustrairait peut-être mieux aux regards, et,si non, les rendait peut-être moins vulnérables . mais rien n'était moins sûr . Tant pis . Ne surtout pas voir, ne pas savoir...

-Nox .

Sa voix tremblante ne fut qu'un bref chuchotement, qui résonna pourtant comme un coup de tonnerre dans la nuit silencieuse . Trop, c'était plus qu'elle ne pouvait en supporter .
L'ombre se rapprochait .
Ses pieds se glissèrent rapidement hors de ses chaussures, et elle se retrouva à courir dans l'obscurité, réprimant difficilement une panique terrible quand le bruit d'une course se fit entendre derrière elle .
Plus vite, plus vite !
Sa cheville se tordit sur le sol irrégulier et elle tomba .
Le gout amer du sang envahit sa bouche serrée sous l'effet de la douleur . La chose respirait . Tout près .
Elle ne pouvait pas lui tourner le dos . Trop terrifiant .
Mais quand elle se retourna, il n'y avait rien . Rien, rien que l'obscurité absolue, rien que la terre sous ses bras écorchés, rien que la douleur à sa cheville.....
Et ce râle . Si proche .
Il y avait plusieurs choses . Elle en était sûre maintenant . Ce n'était pas la même respiration que tout à l'heure . L'autre "chose" devait toujours être à côté de Bill .
Bill...elle l'avait abandonné . Par égoïsme . Par lâcheté . Elle savait que lui n'aurait pas fait ça . Mais elle n'avait pas une âme héroïque . Après tout, c'était une serpentarde....
Ou était le garçon, maintenant ? Etait-il seulement vivant ?
Elle se mit à trembler . Plus de peur que de froid .
Le souffle encore . Elle avait beau tourner le regard dans toutes les directions, aucune ombre plus sombre que la nuit n'apparaissait parmi les tombes .
Le râle se rapprocha .

Bill était là, chaque muscle, chaque nerf tendu, tous les sens en alerte, quand il entendit sa camarade de Serpentard prononcer un mot court et vit la luminosité, déjà faible, diminuer brusquement. Jill venait de mettre en pratique l'idée qu'il avait eue un peu plus tôt mais qu'il avait jugée risquée d'appliquer. Songeant que si elle l'avait fait, il était préférable qu'il suive son projet, il l'imita.

"Nox."

A présent, l'obscurité était presque complète. Le râle, en face d'eux, était toujours là, ainsi que l'ombre effrayante, qui avait encore gagné un peu de terrain. Et tout à coup, Bill entendit Jill bouger à côté de lui. Dans l'obscurité, il avait du mal à voir ce qu'elle faisait et ce ne fut que quelques secondes plus tard qu'il comprit. Jill, après avoir fait quelque chose que Bill n'était pas parvenu à distinguer, s'était mise à... courir ! Il voyait sa petite ombre s'éloigner à grande vitesse au milieu des tombes, mais il réalisa qu'il n'entendait plus ses pas.

* Mais bon sang ! J'aurais dû y penser plus tôt ! Elle a enlevé ses chaussures ! *

Sans plus réfléchir, le rouquin se baissa et arracha à ses pieds ses chaussures sans même prendre le temps de défaire ses lacets. Puis, prenant la direction qu'avait prise la jeune Serpentarde, il se lança à sa suite dans le cimetière obscur.

* Mais pourquoi donc a-t-elle fui sans moi ? Moi qui avais l'intention de l'entraîner avec moi loin de cet endroit... Et est-ce que cette chose nous poursuit toujours ? Et c'est quoi cette chose ? *

En effet, Bill, sans le savoir, était arrivé à la même conclusion que sa camarade, à savoir que l'ombre qui les menaçait ne pouvait pas être un détraqueur. Certes il était mort de trouille, mais il n'avait à aucun moment ressenti ce désespoir, cette incapacité à éprouver un sentiment heureux, sentiment caractéristique provoqué par un détraqueur, à en croire le professeur Maugrey.

Le jeune écossais s'immobilisa un instant, deux secondes à peine qui lui suffirent à entendre que, du moins il lui semblait, le râle s'était éloigné, ou plutôt il s'était éloigné du râle. Peut-être ne le poursuivait-il pas...

Il reprit sa course, tentant de suivre la direction qu'il croyait avoir vu prendre par Jill. Mais l'obscurité était telle que c'était à peine s'il voyait l'ombre des tombes autour de lui. Et soudain, ce fut un autre bruit qui le perturba : c'était comme si un corps mat venait de tomber sur le sol. Un bruit qui fit augmenter l'angoisse d'un crandans les entrailles de Bill. Il n'en faudrait pas beaucoup plus pour qu'il se mette à trembler et ne soit plus capable d'effectuer le moindre mouvement.

Pourtant, une intuition fit qu'il se mit à courir plus vite. Mais soudain, un caillou plus pointu que les autres transpersa sa chaussette et déchira sa peau tout le long de la plante de ses pieds. Bill réprima un cri de douleur qui se mua en une soerte de râle, curieusement proche de celui de leur ennemi, derrière lui. Et, tandis que la douleur troublait son esprit, il réalisa ce qu'était le choc mat.

* Jill a dû tomber un peu plus loin ! Mais que je suis bête d'avoir encore paniqué. *

Il avait très mal et il avait du mal à poser son pied blessé sur le sol, mais il avança résolument. Etait-ce une illusion ? Etait-ce la réalité ? Toujours est-il qu'il lui sembla soudain que la chose derrière lui s'était à nouveau rapprochée. Péniblement, il avança, contourna une tombe, puis une autre... Mais où était-elle donc ? Il avait pris conscience que sa respiration, sous l'effet de la douleur, était devenue difficile et bruyante. Un contournement encore de pierre tombale encore et... Ca y était, il entendait sa respiration faible, derrière cette tombe. Ilne la voyait pas, mais il savait qu'elle était là. Il respirait de plus en plus péniblement, son pied n'avait plus envie de le porter... Il contourna la tombe et ralluma le bout de sa baguette.

"Lumos."

Et il la vit. Jill était allongée surle sol, elle lui tournait le dos. Il se plaça face à elle et s'accroupit pour qu'elle puisse voir son visage... Et il réalisa que le sien, à elle, exprimait la plus totale terreur. Mais terreur de quoi ? Bill se retourna, la respiration toujours haletante et un peu sifflante, éclaira les alentours... Il n'y avait rien, ni rien ni personne. Et soudain il comprit et fit à nouveau face à la jeune fille.

"C'est moi, Jill, rien que moi. Je crois que l'autre ne nous a pas suivis. Allez, il faut te lever, il faut qu'on rentre."

Sa voix était tendue et tremblante, et de douleur et d'angoisse. Mais le fait de ne plus être seul à nouveau avait quelque chose de rassurant. Il ne voulait pas lui dire qu'il s'était fait mal lui aussi, il ne fallait pas l'affoler davantage, m^me s'il avait probablement aussi peur qu'elle. S'appuyant sur son pied valide, il saisit le bras de Jill, essayant de ne pas toucher les endroits où sa peau était écorchée, et il l'aida à se relever. Le fait d'avoir sa baguette allumée à nouveau était aussi un facteur rassurant et il se sentait à présent le courage de regagner le château, même si par hasard il devait soutenir la jeune fille.

"Rallume ta baguette, maintenant ça ne sert à rien de rester dans le noir, sauf si tu veux encore t'étaler par terre. Euh... Ca va au fait ? Tu crois que tu peux marcher ? Il faut qu'on s'en aille."

Il s'était déjà tourné vers l'allée qui les mènerait au portail du cimetière. Il ne restait qu'à espérer que la chose, quoi ou qui qu'elle soit, ne soit pas trop près et qu'elle ne se mette pas à nouveau à chasse.

Bill vit que Jill vacillait sur ses jambes ; elle s'agrippa à son épaule pour se redresser avant de le lâcher. Elle aussi devait s'être fait sacrément mal et soudain, Bill qui un instant auparavant était certain de l'issue heureuse de leur fuite se mit à en douter fortement. Le portail du cimetière n'était pas si loin, mais si jamais ils n'y arrivaient pas ? S'ils tombaient tous les deux, dans l'incapacité de se remettre debout ? Si l'autre finissait par les repérer à nouveau, à présent qu'ils étaient vulnérables et dans l'impossibilité de courir ? Le rouquin vit que Jill avait renoncé à rallumer sa baguette mais cette fois, il garda la sienne éclairée et bien en évidence devant eux. Quitte à fuir, autant s'assurer de ne pas se faire mal à nouveau. Tandis qu'ils commençaient à avancer dans l'allée, il lui sembla percevoir la tension de sa voisine. Il devait bien admettre que son état émotionnel ne valait pas mieux, mais il se contenta d'accélérer le pas, du moins dans les limites de leurs possibilités à tous deux. Il sentait sa chaussette adhérer à son pied, probablement à cause du sang qui l'avait imprégnée. A chaque pas, cela tiraillait sa plaie et il devait réprimer une grimace de douleur. Il n'osait plus regarder sa camarade, mais peut-être elle le faisait-elle et il voulait donner au maximum l'impression qu'il maîtrisait la situation, non pas pour avoir l'air d'un garçon parfait ou du moins supérieur, mais simplement pour qu'elle ne s'inquiète pas davantage et pour que lui-même essaie de croire à son propre jeu. Il avait envie de s'arrêter, la curiosité lui demandant incidieusement s'il ne voulait pas vérifier s'ils étaient toujours poursuivis et ce qui les poursuivait, mais à présent il avait trop peur et les grilles n'étaient plus qu'à quelques mètres. Il n'avait même plus conscience qu'il maintenait toujours le bras de Jill avec sa main. Il se souvenait de l'avoir sentie mal à l'aise, quelques instant auparavant, lorsqu'il avait posé sa main sur son épaule et probablement qu'elle n'aimait pas trop les contacts. Mais dans sa panique, le garçon n'y songeait plus. Plus vite ils seraient dehors et mieux ce serait. Et si pour cela il devait l'aider, il el ferait quoi qu'il en coûtât. Mais l'aidait-il vraiment au fond ? Il préféra chasser cette pensée. Il était à présent devant la grille et il trouva facilement la poignée. Il l'appuya... Rien ne se produisit. La porte resta immobile. Et cette fois, l'angoisse qui le saisit ressembla à une douche glacée qui lui aurait parcouru tout le corps. Il réalisa brusquement qu'il était en train de serrer de toutes ses forces le bras de Jill. Il murmura un "excuse-moi" tremblant et il la relâcha. Puis il agrippa à nouveau la poignée et l'appuya de toutes ses forces... Rien. Et tout à coup :

"Oh mais je suis stupide, je ne suis pas rentré par là tout à l'heure."

Il avait parlé tout fort et ne s'en était pas rendu compte. A nouveau il saisit le bras de Jill et l'attira vers la gauche. Une petite allée longeait les grilles et menait à une seconde entrée, celle qu'il avait empruntée plus tôt. Il avait conscience qu'il marchait de plus en plus vite, conscience que son pied n'était plus qu'une extrémité douloureuse et inutile, conscience que Jill elle aussi avait de plus en plus de mal à avancer mais il fallait sortir. Enfin, ils arivèrent face à l'autre entrée. Le portail était encore entr-ouvert et Bill le tira dans un grincement qui le fit frissonner à nouveau. Puis ils sortirent et bill, sans savoir pourquoi, tira consciencieusement la grille derrière lui. A nouveau il apercevait la masse sombre du château au loin, celle de la forêt interdite de l'autre côté et une petite vague de chaleur revint en lui. Il n'était plus en terrain totalement inconnu et cela le rassura. Toujours soutenant Jill du mieux que le lui permettait son pied blessé, il se mitt à marcher, plus lentement et régulièrement, en direction du château, qui était, il s'en rendait compte à présent, bien plus loin qu'il ne l'aurait cru. ET enfin, après encore bien des efforts, ils se trouvèrent au bord du lac, sur la fraîche pelouse du parc. Bill lâcha enfin complètement le bras de sa camarade et se laissa tomber avec un profond soupir dans l'herbe moelleuse. Allongé, le regard tourné vers le ciel, il écouta... A nouveau, il entendait quelques hiboux hululer, quelques oiseaux nocturnes émettre des cris étranges mais si familiers. Le vent faisait frémir les brins d'herbe et les feuillages de la forêt interdite non loin d'eux. L'eau du lac clapotait doucement au grés des ondulations. Soudain, il semblait à l'écossais qu'il s'éveillait d'un affreux cauchemar. Se pouvait-il que cet être râlant ait été réel ? Non, c'était absurde. Et tout à coup Bill se mit à rire. C'était un curieux rire, un rire nerveux de soulagement, et il ne put s'empêcher de parler. Il fallait qu'il entende la voix de Jill, il fallait qu'il sache qu'elle n'était pas, elle aussi, un rêve. Il avait envie d'être certain qu'elle allait bien...

"Tu... Tu vas bien ? Peut-être qu'il faudra faire un tour à l'infirmerie ?"

Son idée lui paraissait absurde. Il était tard et à cette heure-ci, bien plus que se faire soigner, il risqueraient d'essuyer les foudres de l'infirmière sur le fait qu'il était interdit d'être dehors après le couvre-feu... Mais il avait parlé pour parler, pour entendre sa propre voix, pour s'assurer qu'il était bien vivant.

"C'était quoi cette chose, dans le cimetière ? J'espère que ce n'était pas ce que tu cherchais à trouver..."

Il fit à nouveau un petit rire mais il sentait bien qu'il parlait plus pour se décharger de son angoisse que pour autre chose. Son coeur battait encore à tout rompre et il savait, même si seulement quelques secondes auparavant il avait essayé de se convaincre du contraire, que ce qu'ils avaient vu et entendu dans le cimetière était bien réel. Cette chose pouvait-elle les poursuivre jusqu'ici ? Bill n'en savait rien, mais la présence de ces lieux familiers lui donnaient un sentiment profond de sécurité, et il croisa le regard de Jill pour essayer de savoir si elle ressentait le même chose. Il aurait aussi aimé lire, dans ce regard, si la jeune Serpentard était toujours aussi emplie d'interrogations et d'inquiétudes qu'elle avait semblé l'être au moment de leur rencontre.

Bill eut un nouvel instant d'angoisse, tandis que Jill était allongée à côté de lui. Il lui semblait qu'elle émergeait d'un gouffre bien plus profond que le sien. ET soudain il entendit son rire. Un rire étrange, rien à voir avec du plaisir, de la joie, de l'amusement, mais ce rire qui ressemblait somme toute au sien, quelque chose de nerveux qui exprimait son soulagement... Et bill poussa un profond soupir. Si elle riait ainsi elle aussi, c'était que tout était bel et bien fini.

Il l'écouta donner son avis sur la chose dans le cimetière... Elle ne savait pas, elle non plus mais elle l'avait assimilé tout comme lui à un grand danger, et au fond il n'avait pas eu besoin de l'entendre le dire pour s'en rendre compte. Il l'observa tandis qu'elle tournait son regard verzs le cimetière et, instinctivement, avec un petit frisson d'appréhension, il l'imita. Mais il n'y avait rien ; seule cette grille sinistre faisait se nouer son estomac. Ils se retournèrent l'un vers l'autre d'un même geste et Bill lui adressa un sourire franc, un sourire autant destiné à elle qu'à se réchauffer lui-même, un sourire spontané dont au fond il ignorait la raison. Et ce fut à ce moment qu'elle se mit à le remercier, avec un peu de gêne, mais une profonde sincérité. ET Bill s'entendit répondre, spontanément, comme souvent, la première chose qui lui vint à l'esprit, et probablement la plus vraie.

"Mais de rien... Ou plutôt merci à toi. Si j'avais été seul dans ce cimetière, je ne crois pas que j'aurais eu la force de fuir comme ça. Et Dieu seul sait... où je serais à présent."

Encore une fois il employait le nom de Dieu, ce Dieu de son père qu'il priait tous les soirs avant de s'endormir, ce Dieu qui avait tant surpris Lucy quand il l'avait évoqué par un beau jour d'octobre, au bord de ce même lac, un Dieu qui semblait si absent chez la plupart des sorciers... ET il se prit à lever les yeux au ciel et à le remercier intérieurement de ce qu'il avait fait pour les sauver ce soir-là. Puis il repensa à ce sentiment qui l'avait vaguement effleuré lors de leur fuite, tandis qu'il tenait le bras de la jeune Serpentard, et il reprit la parole, un sourire ennuyé sur les lèvres.

"Euh... Excuse-moi de t'avoir traînée comme ça... par le bras... Je veux dire... Ce n'était peut-être pas agréable... Mais je ne voyais pas comment faire autrement."

Il se sentait stupide ; peut-être que cela n'avait eu aucune importance pour la vert et argent et qu'il était en train de se justifier inutilement, mais son souci de ne pas blesser avait encore une fois parlé avant qu'il ne l'en empêche.

"Tu te sens vraiment mieux ? Si tu as besoin de quoi que ce soit, demande-moi. Sinon, vu l'heure, on ferait peut-être mieux de rentrer dans nos salles communes... non ?"

Il avait le sentiment que les phrases qu'il venait de prononcer étaient parfaitement creuses après ce qu'ils venaient tous deux de vivre, mais il réalisait qu'un peu de banalité et de retour à la vie quotidienne lui faisaient deu bien. Il se redressa sur un coude et s'assit, attendant de voir si Jill serait capable de rentrer, si elle avait besoin de parler, si elle souhaitait qu'il lui apporte quelque chose... Bill sentait qu'il avait besoin de bouger, de se rendre utile, de ne pas rester là à trop penser aux images de ce sombre cimetière mais il resta tranquillement assis à regarder Jill avec sympathie et bienveillance.

[Hj: désolée pour le retard ]

Les phrases de Bill semblaient si étrangement banales que Jill rit à nouveau nerveusement . Cela faisait du bien d'entendre ces mots inutiles, qu'on remarquait si rarement qu'ils coulaient comme un torrent cristallin après une errance sans fin .
Y répondre était tout autant dénué d'utilité, mais c'est pour ça qu'elle le fit :

-Je pense surtout que si je n'avais pas été là, tu serais resté moins longtemps là-bas et tu ne te serais pas trouvé en danger...et je n'ai ensuite été qu'un poids . Mais bon, c'est fini maintenant.....

Elle l'entendit avec surprise parler de dieu ; cela semblait être pour lui plus qu'une simple expression . En fait, elle ne s'était jamais posé la question de savoir ce qu'était exactement cette entité supérieure parfois présente dans les croyances de certaines personnes .
Une sorte de mythe ? Ou autre chose ?
Son étonnement se traduisit par un silence qui en disait long .
Mais comme le garçon le brisait à nouveau, elle prit plaisir à dire encore des phrases banales, tellement banales....

-Oui, on ferait mieux d'y retourner....en espérant que Rusard soit parti se coucher . Et si Miss Teigne partage son sommeil, ça ne peut pas nuire...

Elle se releva prudemment et fit quelques pas chancelants ; la douleur était un peu passée, et elle se retourna pour vérifier que le jeune poufsouffle n'était pas dans l'incapacité totale de marcher .
Avant de retourner vers le château, son regard se porta inconsciemment vers l'étrange cimetière....mais cette fois, elle avait moins peur . Elle commençait à croire que l'"autre" avait un mystère qu'elle aurait bien aimé connaître . Il n'était peut-être pas si dangereux.....on craint uniquement l'inconnu .
Mais cela resterait sans doute un secret gardé jalousement par la nuit .
La vert-argent s'arrêta soudain de boitiller et se tourna vers son camarade .

-C'est quoi, dieu ? interrogea t'elle brusquement .

Pourquoi cette question maintenant ? Elle-même ne le savait pas . Juste une curiosité passagère en cette nuit étrange .
Demain, sûrement, elle aurait honte .
Honte de sa peur irraisonnée, honte que quelqu'un l'ait vue terrifiée, honte de s'être plus ou moins confiée à un poufsouffle .
Demain, sûrement, elle aurait peur .
Peur de se rappeler sa faiblesse, peur d'en avoir trop dit, peur d'avoir dit merci à quelqu'un .
Mais ce n'était pas encore demain .
Pour l'heure, c'était cette nuit, et elle n'était qu'une petite fille perdue qui voulait juste comprendre .
Demain, elle serait serpentarde .
Demain, elle cacherait ses sentiments derrière un masque de mépris et d'impassabilité .
Demain, elle jouerait à l'adulte .
Mais pas ce soir .
Elle s'arrêta totalement .

" Qui est dieu ?...."

Bill avait bien remarqué le silence de la Serpentard lorsqu'il avait prononcé le nom de Dieu, mais il avait rompu ce silence. Elle devait être étonnée de l'entendre parler ainsi, comme beaucoup l'étaient, car il était clair dans la façon dont Bill parlait de Lui qu'il s'agissait de quelque chose de cher à son coeur. Oui, il ne voulait pas la laisser s'interroger davantage, Dieu lui semblait si loin en ce moment, et les phrases banales lui paraissaient tellement plus réconfortantes... Si loin, Dieu, et pourtant, si près... Car si Bill se rendait compte qu'il n'avait pas pensé à Lui durant son épopée dans le cimetière, Lui qu'il priait pourtant à peu près tous les soirs avant de s'endormir, il réalisait à présent qu'il ne devait pas être si loin de lui. Oui, s'ils avaient pu fuir cette chose effrayante, c'était certes d'abord grâce à leur volonté à tous deux, mais le jeune écossais ne pouvait s'empêcher de croire qque sans cette puissance et sans cet amour infini qu'il recevait du divin, il n'en serait peut-être pas là.

Mais déjà Jill répondait à sa proposition de rentrer au château ; Bill eut un sourire amusé lorsqu'elle parla de Rusard et de son horrible chatte.
La jeune fille se leva péniblement et commença à marcher en boitant vers le château. Bill l'imita ; son pied était certes douloureux, mais il pouvait marcher sans trop de difficultés. Il savait qu'enlever sa chaussette serait une autre paire de manches, mais il verrait plus tard. Il avait à peine fait quelques pas quand Jill s'arrêta brusquement et se retourna vers lui pour poser abrutpement une question qui laissa le garçon sans voix.

"Qui est Dieu ?"

Pourtant, Bill venait de penser à Lui durant un certain temps et avec intensité, et tout à coup, il lui semblait qu'il était incapable de répondre. Qui était Dieu, au fond ? Etait-ce simplement une légende, racontée par son père pour que jamais il ne se sente seul ? Non, le rouquin était incapable de le croire. Alors, il était ce que Bill croyait qu'il était, mais que croyait-il ? Il le ressentait, il sentait vclairement la présence de Dieu dans sa vie, mais comment en parler avec les mots d'un garçon de onze ans ? Il s'aperçut que Jill le regardait et attendait vraiment une réponse, et il réalisa qu'il avait gardé le silence pendant près d'une minute. Aussi décida-t-il, comme du reste il finissait toujours par le faire, de parler au fil de sa pensée.

"Eh bien, Dieu... Ce n'est pas facile à expliquer, alors je vais tenter de te dire ce que je crois de lui, moi. Pour moi, il est un être qui n'est qu'un esprit, mais qui veille sur nous où que nous soyons. Je crois que c'est lui qui a créé notre mondre pour nous y laisser vivre. Il souhaite notre bonheur plus que tout, mais il nous a donné le plus beau des cadeaux : la liberté. Nous avons le droit de le suivre ou non, de suivre ce qu'il nous demande ou non. Et ce qu'il nous demande, c'est d'agir pour notre bien et celui des autres, en l'aimant lui et en aimant les autres. Et je crois avant tout que Dieu est quelqu'un qui nous aime plus que tout."

Il s'interrompit ; il avait conscience que ses paroles pouvaient paraître terriblement naïves à d'autres oreilles, il s'imaginait très mal parler ainsi à Emilien par exemple et il ne savait pas du tout ce que pouvait bien en penser son interlocutrice, mais il savait aussi pertinemment que c'était la pure vérité sur ce qu'il pensait de Dieu. Fallait-il aussi lui expliquer tout ce qu'il avait appris sue Jésus, le fils de Dieu, quand il faisait du catéchisme durant son primaire ? C'était encore plus compliqué à comprendre, que Dieu se soit fait homme pour sauver l'humanité, qu'il soit à la fois trois personnes en une seule... Non, il avait dit l'essentiel, ou plutôt non ; il manquait quelque chose.

"et surtout, j'oubliais le plus important. Nous croyons, enfin ceux qui croient en Dieu, qu'après notre mort nous ressuscitons pour vivre une vie éternelle de pur bonheur auprès de Notre Dieu."

Il s'interrompit à nouveau. Il se rendait bien compte que pour une personne ne connaissant pas du tout ces choses, ce qu'il venait de dire était complètement illuminé et fou. Pourtant, il sentait son sourire sur ses propres lèvres, il savait que ce sourire était celui de quelqu'un que ses propres paroles rendent heureux.

*Mais justement, cela fait de toi quelqu'un d'encore plus fou aux yeux des autres... Et puis je m'en fiche, c'est ce que je pense et voilà tout !*

"Enfin voilà à peu près qui est Dieu à mon avis. Tu... tu n'as personne dans ton entourage qui croit en Dieu ?"

Il n'y avait aucun jugement dans sa question, c'était de la pure curiosité, la même curiosité qui lui attirait souvent des ennuis lorsqu'il parlait aux gens ou lorsqu'il décidait d'explorer un cimetière en pleine nuit.

Le grand rouquin constata sans trop d'étonnement qu'il suscitait de la surprise et de la réflexion chez la jeune Serpentard. Lorsqu'elle lui avoua qu'avant de le rencontrer, elle n'avait jamais entendu parler de Dieu, Bill se sentit songeur.

*Ce que ce doit être difficile de ne pas le connaître ! Comment peut-on croire en quoi que ce soit de bon en ce monde si l'on ne sait pas que malgré les malheurs il est là et nous donne bien plus que ce dont nous avons besoin ?*

Il vit que Jill réfléchissait. Elle s'était appuyée à un arre, probablement qu'elle avait encore bien mal à sa cheville, mais puisqu'elle avait pu marcher, elle était probablement simplement un peu foulée et ça s'arrangerait tout seul. Sinon, elle n'aurait qu'à aller à l'infirmerie le lendemain en choisissant bien son excuse. Bill s'étonna lui-même de s'être mis à repenser à des choses ausssi matérielles alors qu'il venait pour la première fois peut-être de toute ça vie de dire ce qu'il avait de plus profond en lui.

Il vit le regard de la jeune fille se poser sur lui, puis regarder tout autour delle, et il aurait bien aimé savoir en cet instant ce qu'elle pouvait bien être en train de penser. Il eut un élément de réponse lorsqu'ele se remit à parler. Il l'écouta ; c'était de curieuses paroles qu'elle prononçait, surtout lorsqu'elle avait parlé de son "état normal". Bill se demandait bien ce que pouvait être l'état normal de la Serpentard et il songeait avec un peu d'amertume que peut-être il n'aimerait pas le connaître. A vrai dire, elle ne s'était pas comportée comme les autres Serpentards qu'il connaissait ; ceux-ci auraient tout net refusé son aide, ceux-ci ne lui auraient jamais suffisamment ouvert leur coeur pour leur montrer leur peur et lui parler comme à un égal. Bill s'était juré de ne jamais généraliser en ce qui concernait le comportement des élèves d'une maison, mais il devait bien avouer que dans chacune, les élèves avaient des traits de caractère communs.

Le jeune garçon avait apprécié la Jill qu'il venait de rencontrer, même si les circonstances de leur rencontre n'étaient pas les plus idéales à une discussion agréable, et peut-être justement était-ce la raison de son état "anormal", et il songeait, même s'il en avait envie d'autre part, qu'il aurait probablement beaucoup moins de facilité à parler avec elle dans une situation plus quotidienne et banale.

Bill lui sourit et, avant qu'elle parte, il lui dit simplement :

"Oui, c'est probablement Dieu qui m'a sauvé, mais je crois que Dieu agit plutôt dans les êtres que dans les choses. Je crois que s'il a agi ce soir, c'est en me permettant de te trouver et de t'aider à fuir, alors vraiment de rien si j'ai pu t'aider. Au revoir Jill ; oui, peut-être que je voudrai que tu m'explique un jour, mais cela dépendra de toi."

Son ton était bienveillant et il se rendait compte que ce n'était plus la curiosité qui parlait en lui lorsqu'il songeait à savoir ce qui avait bien pu terroriser la jeune fille, mais le simple désir de comprendre, de savoir pourquoi il l'avait trouvé ainsi, le simple souci de savoir si, encore une fois, il pourrait un jour l'aider à chasser un démon qui semblait plus terrible que ce qui venait de se produire dans ce cimetière. Il la regarda s'éloigner, souhaitant de tout son coeur qu'elle parvienne jusqu'à son dortoir sans trop souffrir, même s'il se doutait qu'elle mettrait peut-être du temps à s'endormir. Lorsqu'elle se fut éloignée, Bill resta un moment immobile, les yeux fixés sur l'ombre imposante du château dont on distinguait à peine le contour des tours et tourelles se découpant sur un ciel sombre. Avec le départ de la Serpentard, il lui semblait que c'était une chape de mystère, qui les avait recouverts tous les deux depuis le début, qui se dissipait brusquement. Tout à coup, le parc lui paraissait si ordinaire, si vide et si peu inquiétant... Lentement, tentant d'épargner son pied blessé, il se mit en marche vers le château, aussi ignorant des ombres et de ce qu'elles pouvaient cacher que lorsqu'il en était sorti.

[Sujet terminé on dirait...]