Kilian, allongé sur le dos, fixait le plafond de son lit à baldaquin depuis une bonne demi-heure. Après sa colère en défense contre les forces du mal, il était venu s'enfermer dans sa chambre pour se défouler.

A présent qu'il était calmé, il réalisait à quel point il avait été ridicule et injuste. Le pire dans tout ça, était qu'il ignorait la raison de sa réaction. Il ne connaissait même pas les deux élèves qui avaient été en difficultés, mais la situation lui avait échappé, il avait sentit qu'il perdait peu à peu le contrôle. Un intense sentiment d'injustice s'était emparé de lui, se transformant en colère puis en rage.
Cela lui arrivait souvent... Encore heureux qu'il avait pu attendre d'être dans son dortoir pour exploser... Les autres n'avaient pas eu à subir son énervement... ses poings en revanche avaient souffert... et maintenant qu'il avait retrouvé ses esprits, ses phalanges meurtries se rappelaient à son bon souvenir... quelle idée de frapper un mur en pierre....

Il n'avait pas vu le Serdaigle quitter la salle après lui, les larmes aux yeux, mais il avait entendu d'autres, qui avaient assistés à la scène, en parler. Il s'en voulait, se maudissant intérieurement pour ne pas avoir su garder son sang froid. Il avait parlé sans réfléchir, cherchant à appuyer là où cela faisait mal et… il avait visé juste...

Le petit brun soupira et se releva. Il avait besoin de bouger, cela faisait trop longtemps qu'il était enfermé dans sa chambre à ruminer ses idées noires.

Il quitta son dortoir, puis la salle commune et respira enfin en sortant des cachots.
Il marchait sans but précis quand il aperçu soudain, au détour d'un couloir, le Serdaigle qu'il avait injustement agressé en cours.

Il se figea sur place, réfléchissant à toute allure sur ce qu'il devait faire. Il devait au moins s'excuser..

Il se dirigea dans sa direction et l'appela:

"Mathias ! Hey, Mathias, attends !"

Il le rattrapa et s'arrêta net, passant une main embarrassée dans ses cheveux, cherchant ses mots:

"Ecoute… je suis désolé pour tout à l'heure… t'y étais pour rien… j'étais énervé et je m'en suis prit à toi sans raison… Je… vraiment… excuse-moi… je ne pensais pas ce que je t'ai dit, je te connais pas mais t'as l'air d'être un gars réglo et… je sais que tu n'étais pas mal intentionné… C'est entièrement ma faute… je suis désolé."

Il n'aimait pas s'excuser, en général, il agissait de telle façon qu'il n'ait jamais à le faire. Mais… cette fois il était allé trop loin. Il n'avait jamais eu l'intention de blessé le bleu et bronze et il le regrettait.

"Je crois… qu'on est partit sur de mauvaises bases… je suis conscient de pas avoir donné la meilleure image de moi possible… sans compter qu'étant à Serpentard je pars déjà avec un sérieux handicap… ajouta-t-il avec un sourire amusé. Mais… je regrette… alors... si tu veux bien me laisser une seconde chance…"

Il plongea ses yeux noisette dans le regard de l'aiglon pour lui montrer qu'il était sincère et lui tendit la main, sans se préoccuper des blessures sur ses phalanges.

"Kilian Doyle. Deuxième année, impulsif et idiot…." Se présenta-t-il avec un autre sourire, plein de franchise.

Quelque chose lui disait qu'il y avait peu de chance que le Serdaigle lui pardonne aussi facilement. Mais, il aurait au moins essayé…

Kilian grimaça mais encaissa sans broncher les récriminations du Serdaigle. Il avait de bonnes raisons de lui en vouloir. Visiblement, ce qui avait le plus marqué le bleu et bronze était d'avoir été traité d'égoiste. La petit brun ne savait pas pourquoi il avait dit ça alors qu'il ne le connaissait même pas. Peut-être n'avait-il tout simplement pas supporté qu'on prenne le partit de cet idiot de prof, un adulte inconscient comme les autres. C'était difficile à dire, Kilian ne gardait pas un souvenir très net de cette fin de cours, sa colère ayant prit des proportions effrayantes.

Il avait passé l'heure suivante à frapper le mur de sa chambre jusqu'à ce que ses poings en sang ne puissent plus en supporter davantage. Il n'avait pas eu le temps d'aller à l'infirmerie, et ne comptait pas vraiment y aller, se doutant bien que l'infirmière lui poserait des questions auxquelles il ne voulait pas répondre, du coup chaque mouvement ou effleurement de ses mains le faisait terriblement souffrir.
Il restait pourtant stoïque et continuait à fixer Mathias même si celui-ci avait détourné les yeux:

"Les préjugés sur les Serpentards sont tout sauf des préjugés." Dit-il malgré lui. "Je n'ai pas atterit dans cette maison par hasard, il faut être réaliste. Mais... je ne voulais pas t'agresser comme ça, je t'assure. C'est tombé sur toi comme ca aurait pu tomber sur n'importe qui. Je t'ai dit ça parce que je savais qu'à ta place, j'aurais été blessé..."

Il avait en fait utilisé envers l'aiglon les mêmes mots qui pouvaient lui faire du mal. D'une certaine façon, il se mettait sur un pied d'égalité avec lui.

Le Serdaigle se rebiffa et lui reprocha d'avoir déformé ses propos tout en arguant qu'il avait juste voulu aider. Kilian le regarda une nouvelle fois et murmura:

"Moi aussi. Je m'y suis simpement mal prit..."

Puis quand l'autre lui demanda ce qu'il voulait dire par "réglo", Kilian répondit simplement:

"Réglo c'est quelqu'un qui mérite le respect. Quelque chose me dit que t'es un mec bien et que c'est pour ça que mes paroles t'ont blessé. Si tu était véritablement un égoïste, cela ne t'aurait pas affecté..."

Kilian se mordit la lèvre quand Mathias accepta de lui serrer légèrement la main. La douleur était vive et lanscinante...

Le petit brun ferma les yeux quelques instants et finit par acquiescer aux propos du bleu et bronze:

"Je ne m'attends pas à ce que tu oublies. Mais, je te remercie d'accepter mes excuses."

Kilian acquiesça lorsque son vis-à-vis déclara qu'il préférait se faire une opinion des gens plutôt que des maisons. C'était aussi ce qu'il avait décidé de faire, et pour preuve, il avait quelques amis dans la maison ennemie à la sienne, mais c'était malgré tout malheureux à dire, les serpents étaient presque tous les mêmes:

"C'est tout à ton honneur." Dit-il simplement.

Il retint un soupir de soulagement quand Mathias retira sa main et pensa intérieurement qu'il avait de toute façon mérité la douleur de ses poings.

Le Serdaigle lui demanda ensuite s'il avait quelque chose à ajouter, visiblement pressé de lui fausser compagnie.

Kilian le regarda longuement puis finit par se détourner:

"Non, rien d'autre."

Il ne servait à rien d'insister et pour être honnête il n'en avait pas envie. Il avait fait ce qu'il avait à faire. Il s'était excusé, maintenant il n'y avait plus rien à faire.

Puis avant de repartir en sens inverses, il se ravisa et plongea une dernière fois son regard dans celui du bronze et bleu avant de murmurer, énigmatique:

"Je suis déjà bien plus puni que tu ne le penses."

Et il s'en alla, se tenant droit et fier malgré le peu d'estime qu'il avait de lui même en cet instant précis. Les poings serrés pour sentir la douleur, comme une autre punition qu'il devait s'infliger.