[ J’espère que ce n’est pas trop ennuyant… ]



La salle commune des Serpentards était plongée dans le noir. Tous les élèves étaient dans leur dortoir…Tous sauf une. Orphée était assise sur un des canapés, les genoux remontés sous son nez. Le bal de Noël approchait à grand pas…Et elle? Elle allait le manquer, comme elle avait manqué la plupart des bals que la direction avait décidé d’organiser. Ses robes croupissaient dans le fond de sa malle, comme sa mère lorsqu’elle était à Poudlard. Plus elle vieillissait, plus elle semblait lui ressemblait lorsqu’elle avait son âge. Elle ne l’avait pas connue longtemps, certes, mais toutes les choses que son père lui avait dit sur elle lui suffisaient à voir qu’elle avait le même caractère, la même façon de penser. La Serpentarde avait énormément changé depuis qu’elle était à Poudlard. Au début, toujours souriante et pleine d’énergie, rien ne semblait pouvoir l’arrêter. Elle allait à ses cours et elle aimait ça. Puis vint la mort de son père lors de sa deuxième année. Ce fut pratiquement la dépression…Elle ne mangeait pratiquement plus, n’avait plus de sourire aux lèvres. Elle séchait la moitié de ses cours, bref, elle n’avait plus envie de rien. Elle n’avait pas été là durant la moitié de sa troisième année. Elle ne parlait pratiquement plus à personne, elle n’allait plus du tout à ses cours…Et maintenant? Elle était en quatrième année…Il restait trois semaines avant que le bal de Noël ait lieu. C’est cette journée là qu’elle avait décidé de retourner chez elle. Non, elle ne l’avait dit à personne. De toute façon, qui s’en aurait soucié ne? La dernière fois qu’elle était partie, elle l’avait dit à Drago…En fait, c’était lui qui était venue la retrouver dans le parc…Chose qu’elle n’aurait pas du faire. De devoir quitter une des personnes qu’elle aimait le plus au monde, ça lui avait fait de quoi, surtout tout le temps qu’elle avait passé chez elle avec sa belle-mère. Cette fois-ci, elle n’allait pas aux autres. Elle avait mit le directeur au courant et il lui avait dit qu’il ne le dirait pas. L’adolescente releva doucement la tête en sentant un poids se faire à ses côtés. Sa fine main se dirigeait lentement vers la tête de l’animal qui essayait tant bien que mal de se faufiler entre ses jambes. « Raiu… » Le chaton relevait lentement la tête en entendant la voix de sa maîtresse prononcer son nom. Elle attirait doucement l’animal dans ses bras, le nichant sous son menton afin de profiter un peu plus longtemps de sa chaleur. Tout défilait à une vitesse époustouflante dans sa tête. En fait, elle voulait partir. Pourquoi, elle n’avait pas encore trouvé. C’était sûrement mieux qu’elle prenne du recul, le temps de faire le point sur sa vie. Toute les fois où elle était retournée dans son manoir, elle n’avait pas prit le temps de le faire, tout simplement parce que ce temps ne lui avait pas été donné. Cette fois, c’était principalement une des choses qu’elle allait faire. Elle déposait un baiser contre la tête de son chat avant de poser ses yeux ambrés sur la descente d’escalier qui menait vers les dortoirs. Une larme perlait au coin de sa joue alors qu’elle déposait l’animal dans sa cage. Orphée n’était pas insensible comme elle voulait se le faire croire. Personne n’était insensible…Même l’homme qui prétend avoir un cœur de pierre n’est pas totalement insensible. L’adolescente jetait sa cape sur ses épaules, agrippait la poignée de sa valise et sortait de la salle commune en silence, sans jeter un regard derrière elle…



La neige avait recouvert le sol de son manteau blanc. Avant qu’elle ne retourne chez elle, il n’y avait pas encore de neige…Elle s’en rappelait ! Comment ne pas se rappeler du jour où elle avait quitté l’école sans le dire à personne, hein ? Orphée était arrivée à l’école le matin même. Sa belle-mère avait « insisté » pour venir la reconduire…Faut donc dire que le voyage avait été long et pénible. C’était en vitesse qu’elle c’était dépêchée de rejoindre le château, valise en main. Comme elle l’avait prévu, elle était arrivée en plein dans les cours. Personne ne la verrait. Son retour allait être une surprise…si son retour pouvait être considéré comme une surprise pour certaines personnes ! Un flocon de neige virevoltait lentement dans les airs pour finir par tomber sur la paume levée de la Serpentarde. Debout contre un arbre, elle contemplait ce paysage qui lui avait tant manqué. Elle avait fait mettre ses valises dans son dortoir et était directement venue ici. Cet arbre là…Elle y venait souvent lorsqu’elle n’avait rien à faire, lorsqu’elle voulait être seule ou lorsqu’elle voulait faire des devoirs tranquilles. Comment avait-elle fait, une nouvelle fois, pour rester aussi de ce lieu aussi magique ? Tous ses amis étaient ici…Comment avait-elle fait pour ne pas penser à eux tout ce temps, hein ? Sûrement la volonté de vouloir oublier tout ce qui tournait autour de l’école. Une motte de neige venait se fracasser contre le crâne de la jeune femme, la ramenant subitement à la réalité. Elle ne pouvait pas rester éternellement dehors, elle allait finir par geler. Sa cape était déjà toute trempée avant qu’elle n’arrive sous l’arbre alors…Sa main se glissa lentement dans sa chevelure alors qu’elle prenait la direction de l’école. Un faible sourire venait de prendre sa place sur son visage. Sans raison apparente. Le caractère de la jeune femme avait, encore une fois, changé. Seulement, cette fois-ci, il avait changé en bien. Il était certain qu’elle ne pouvait pas ressembler à la fillette naïve et débordante d’énergie qu’elle était lorsqu’elle était entrée ici. La maturité l’empêchait de redevenir celle d’avant. Toutefois, elle n’était plus bête comme ses pieds et prête à frapper n’importe qui pour aucune raison. La porte du hall s’ouvrait lentement sur le vide et le silence. Les élèves devaient encore être en cours…Tant mieux, elle n’aurait pas besoin de les croiser en retournant dans la salle commune. Orphée connaissait le château comme sa poche. Lorsqu’elle allait à quelque part, elle ne prenait plus la peine de regarder devant elle. C’était justement pourquoi, en relevant la tête pour voir où elle était, ses yeux s’écarquillèrent. Elle était en plein milieu d’un couloir, couloir qui n’était pas du tout celui de sa salle commune. La salle sur demande…Un fin soupire franchissait les lèvres de l’étudiante alors qu’elle s’adossait contre le mur qui menait à la salle sur demande. Sa main venait se passer sur sa figure, retombant mollement contre son corps. Ce n’était pas là qu’elle voulait aller…Elle voulait dormir, dormir pour seulement se montrer le lendemain matin. Elle n’aurait pas l’air d’une morte au moins…Sa main se relevait pour courir contre la porte et trouver la poignée. Oh, ce n’était pas la première fois que la Serpentarde venait en cet endroit. Elle savait parfaitement comme elle fonctionnait maintenant. Elle entra a pas feutré dans la salle, entrebâillant la porte de façon à ce qu’elle reste ouverte. Ce qu’il y avait dans la salle ? Une réplique parfaite de sa chambre…Elle voulait dormir. La seule place où elle avait dormit durant les deux derniers mois, c’était sa chambre. Sa main glissa doucement contre le mur noir alors qu’elle posait ses grands yeux ambrés sur son lit à baldaquin. C’était exactement comme elle l’avait laissée…La peinture blanche qui traînait sur le sol, la pile de livre en coin…son journal sur son lit ! Chose qu’elle avait décidé de faire pendant ses « vacances », c’était d’écrire un journal. Intuitivement, son regard fit le tour de la pièce, comme chaque fois qu’elle y venait. La porte, l’ange qu’elle avait commencé sur son mur et qui était incomplet, d’où la peinture blanche qui traînait sur le sol, et son lit…Sa cape tombait au sol alors qu’elle se laissait tomber dans ses draps rouges, couleur qui contrastait étrangement bien avec le reste de la chambre. Son bras s’allongeait pour venir cueillir sa plume sur sa table de chevet. Ouvrant son cahier à une nouvelle page, elle fit tomber une goutte en plein centre de la feuille. De cette goutte allait naître un dessin. Cette passion n’avait pas perdu de signification pour elle. Ses pieds s’enroulèrent lentement dans le drap pour finir par se lever dans les airs alors que sa main continuait à tracer des lignes contre la feuille. Personne ne la trouverait ici…Elle qui avait si hâte de revenir ici, pourquoi restait elle enfermée dans sa prétendue chambre ? Elle avait le temps…Personne ne savait qu’elle était revenue, qui voudrait avoir envie de la voir ? Elle retardait au plus loin le moment de revoir ses amis…

[Comme je te l'ai dit tout à l'heure, je me mets au travail, en espérant que le résultat te plaise. À titre d'info, ce n'était pas ennuyant du tout, ton flash back.]

Le temps filait et les jours passaient les uns après les autres, tous plus ou moins semblable. Drago faisait le maximum pour ne pas tomber dans une nostalgie qui l'avait longuement envahi lors de sa deuxième année. Pourtant, il avait décidé, dans des tortueuses nuits du mois d'Août, tout juste avant le troisième départ pour Poudlard du jeune homme, de tenter de vivre le présent sans toujours tout ramener en arrière. Cela lui avait permis de vivre plus pleinement, d'apprécier davantage tous les moments qui s'offraient à lui, toutes les rencontres qu'il avait fait depuis le début de cette merveilleuse année et l'approfondissement de ses connaissances. Il avait appris à connaître certains Serpentards, avait revu des anciens, avait rencontré de nouvelles personnes et même en apprécier quelques-unes.

Pour lui, il n'était plus question de se fermer les yeux à la moindre évocation d'un souvenir, car pour le Préfet, tout à Poudlard se rattachait à un moment ou à un autre de sa courte existence. Chaque mur, chaque corridor, chaque classe et chaque statues avaient sa petite histoire, plus ou moins intéressante. Il ne pouvait pas se passer plus de quinze minutes d'errance sans qu'un lieu lui rappelle quelque chose, de bien ou non. Pourtant, là-dessus le jeune homme ne pouvait guère se plaindre, des vrais mauvais moments, il n'en avait pas encore connu et Merlin l'en préserve le plus longtemps possible. Bien entendu, Drago n'est pas intouchable à ce point, mais les vrais maux d'existence, il n'en connaissait aucun.

Il se trouvait à la Bibliothèque, chose rare depuis quelques semaines, et devait résoudre un travail pour l'un de ses cours. Drago s'était remis aux cours pour remporter quelques points qui ne serait pas de refus dans les Sabliers de Serpentard, qui se faisait loin derrière celui des Serdaigles. Depuis trois ans que le jeune homme avait vu la Coupe des Quatre Maisons parmis les siens, et voilà qu'elle leur glissait entre les doigts. Il se blâmait, prenant davantage de tords qu'il aurait du, car chaque Vert et Argent avait à faire une part pour amener quelques points à sa Maison, histoire de rendre l'immense honneur que d'y entrer. Malheureusement pour lui, en ce moment même, ce n'était pas la nostalgie qui l'encombrait mais le simple fait d'avoir la tête pleine.

Comme s'il cherchait à fuir cette saturation de son esprit, il ramassa grossièrement ses choses, les plaça dans son sac puis se dirigea vers un couloir quelconque. Il refusa à son esprit de se permettre de se perdre à nouveau dans ce qui le tourmentait. Drago avait tendance à tout prendre sur lui, ce qui lui conférait le devoir de tenter de s'en détacher de temps à autres. Quelques fois cela s'avérait possible, mais la majorité du temps ses obligations, responsabilités et pensées reprennaient rapidement le dessus. Aujourd'hui, il se retrouva devant un endroit qu'il n'avait plus visité depuis plus d'un an: la Salle sur Demande.

La dernière fois... la dernière fois il était venu avec Orphée, Orphée qu'il n'avait qu'entrevu depuis, qui était partie et revenue, puis repartie. Orphée avec qui il avait des souvenirs, un passé. Cette Orphée aux longs cheveux noirs jais, ses yeux en amandes et un regard de braise, son visage au teint plus foncé que le sien. Il avait réussi à se débarasser de ses tourments, mais les souvenirs du passé refirent surface pour remplacer ce vide que la situation avait créée dans l'esprit de l'héritier Malefoy. Il frôla du bout des doigts l'endroit où devait se trouver la porte vers ce monde irréel, se pliant aux moindres désirs des invités. Puis, il passa trois fois devant l'endroit séparé par deux armures, les yeux fermés, demandant quelques choses que l'esprit avait oublié.

*Je veux revoir la pièce exactement comme la dernière fois que je l'ai visité, je désire que la pièce soit identique à ma dernière visite, j'ordonne que cet endroit soit à l'image de celui que j'ai visité lors de mon dernier passage.*

Trois manières, trois différents passages, mais signifiant clairement sa demande. Quand Drago ouvrit les yeux, il remarqua une porte qui venait de faire son entrée. Un léger sourire lui vint aux lèvres, le troisième année allait directement confronté ses souvenirs, comme d'antan. Il mit sa main sur la poignée puis la tourna avec délicatesse, comme s'il s'agissait d'un précieux bien. Dépassé par la nostalgie, ses yeux se fermèrent d'instinct. Il ferma la porte sans faire de bruit, pour ne pas déranger et bousculer ses propres souvenirs, puis ouvrit ses prunelles grises. Malgré la clarté de sa demande, rien n'y était.

L'endroit était en désordre, un pot de peinture blanche au sol, une esquisse de dessin faisait figure sur l'un des murs, un immense mobilier en guise de lit puis, puis une tête, de dos, étendue dans ce lit. Une fine silhouette abritée de la température de l'endroit par de fins draps d'un rouge écarlate. Il n'osa pas faire un pas, demeurant hébété quelques instants devant la porte. L'odeur qui régnait ici ne lui était pas complètement inconnue, lui rappelant une flagrance qu'il connaissait, mais dont il ne se rappelait plus la propriétaire. Puis, Drago posa ses yeux sur le dessin, tentant de se remémorer qui dessinait ainsi...

Douloureux et cruel destin, le jeune homme esquissa un pas, puis un second. Il pensait, donc pouvait savoir. Pourtant, il ne pouvait se plier à ce que l'esprit lui insufflait. Il ne pouvait pas s'avérer que le Destin fit encore des siennes de cette manière. En quel honneur, comment, pourquoi, de quel droit la situation balançait dans ce que Drago ne pouvait pas contrôler, le Hasard pur et simple. Il savait, mais n'y croyait pas. Comment de fois il avait voulu la revoir, simplement la revoir, qu'elle était là, ici? Drago repensa à son «souhait», mais la Salle ne pouvait matérialiser des êtres humains. L'esprit, surchargé, évacua sa toute dernière charge dans quelques mots, simples, mais si lourds..

Est-ce que... Orphée?