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C'était la toute première fois que la jeune Symphonie devait déguster le goût amer de la défaite. Il l'avait peut-être battu au Quidditch mais en trichant vulgairement. Oui car ce vaurien de gringalet ne lui avait absolument pas dit qu'il était dans l'équipe de leur maison ! Symphonie grimaçait à l'idée qu'elle serait à sa Mercie durant vingt-quatre heures. Quel bougre ce mec tout de même ! Ca y est, monsieur avait un an de plus alors il se permettait de la traiter comme un chien. Mais ce qu'il ne savait pas encore c'était combien elle pouvait être mauvaise en esclave. Même plus mauvaise dans ce poste que dans celui de dominante. Elle se jura mentalement de lui faire manger des limaces dès qu'elle pourrait assouvrir sa vengeance.
Elle soupira et releva les yeux quand elle aperçu au loin la silhouette de quelqu'un qui marchait en sa direction. Elle n'eut même pas un haut le coeur en pensant déjà qu'elle pourrait passer un sale quart d'heure avec Rusard car bien pire serait sa journée avec Ethan Mathnik, petit crétin de Serpentard.

Elle fronça le bout de son nez quand il arriva enfin à sa portée. Mais au moment de lui dire bonsoir, même si son ton aurait été acerbe, elle sentit une main lui agripper le bras pour l'entraîner sans préavis dans la lugubre forêt. La jeune fille n'avait guère peur même si le courage ne faisait pas partie non plus de son caractère. Il était évident qu'il n'y avait point courage sans peur. Symphonie avait bien trop subit de choses pour en venir à craindre celles-ci aussi facilement.
Elle se laissa donc faire sans riposte bien qu’une furieuse envie de gifler ce garçon l’envahissait petit à petit. Elle faillit trébucher contre la racine d’un arbre mais se rattrapa de justesse grâce à son équilibre et le soutien physique que lui apportait le Serpentard. Il marchait bien vite pour les petites jambes de la première année et semblait réellement s’en désintéresser. La jeune vert et argent trébucha une seconde fois et dû se rattraper au membre supérieur qui prolongeait la main serrée sur le bras de la fillette. Elle releva ses yeux sombres vers le visage du garçon qui avait bien une tête de plus qu’elle. Fronçant ses sourcils d’un air mauvais, elle relâcha son étreinte quand elle s’en rendit réellement compte. Elle s’empourpra violemment et détourna sa tête en remerciant Merlin tout puissant qu’il fasse nuit.

Le rythme de la marche ralentit enfin lui laissant échapper un soupire de soulagement mais regardant autour d’elle, elle comprit bien vite que l’entrée de la forêt était bien loin… Elle ne dit rien, regardant toujours son aîné dans le blanc des yeux. Son visage et son regard étaient des plus redoutables mais pas assez pour inquiéter la jeune Serpentard. Le regard assassin de son père valait bien plus le détour pour la maison d’horreur.
La jeune fille fronça légèrement des sourcils quand elle entendit la voix qui sonnait faux et qui était l’opposé de la gestuelle du garçon.
Ô par Merlin qu’elle avait envie de lui arracher les yeux quand il la nomma par son nom de famille. Mais quand il lui dit la première épreuve durant sa première heure, elle cru qu’elle allait exploser de rire. Etait-il à ce point stupide pour qu’elle aille se balader dans la forêt ? Si il croyait pouvoir lui faire peur avec des « bouh » c’était raté ! En plus, quel gentil et aimable jeune homme il faisait, en lui laissant sa baguette. Quel bon garçon (xD) ! Une gifle bien méritée aurait été bonne pour lui mais Symphonie ne préférait pas se prendre les foudres de son tortionnaire dès le début. Il valait mieux jouer finement et lui faire regretter tout ce dont il allait lui faire subir, à la dernière minute qu’il lui resterait à faire avec lui.

Elle se promettait encore une chose, celle de lui montrer ô combien elle savait se servir de sa baguette. Un crache-limace bien visé entre les deux yeux serait parfait ! Oui, car ayant vécu ce sort avec cette petite garce rousse de Ginny Weasley, elle l’avait finalement soigneusement travailler pour pouvoir le lancer la prochaine fois qu’une personne viendrait l’embêter.
Son regard était froid et arrogant mais ne faisait aucun geste qui aurait pu alerter son interlocuteur. Un léger sourire narquois se dessinait lentement sur son visage en pensant déjà à ce qu’elle allait lui rétorquer dans les dents. Il était évident que niveau éclair d’intelligence, ce n’était même pas pour lui. Qu’est-ce que cela pourrait être marrant qu’elle lui montre comment elle lance un sort. D’ailleurs, en parlant de sort, elle avait un certain désir de lancer un sortilège de feu à l’arrière train de ce garnement qui se croyait beaucoup plus âgé qu’elle, bien qu’un an seulement ne les séparait. Elle haussa seulement les épaules d’un air désinvolte alors qu’elle glissait ses doigts fins dans sa chevelure légèrement ondulée. Ce garçon avait le dont de l’énerver au plus haut avec ses manières pédantes !

Elle n’eut cependant pas l’occasion d’ouvrir la bouche car le jeune homme semblait ne pas avoir finit son blabla interminable. Fronçant à nouveau les sourcils en ce demandant ce qu’il avait pu bien oublier, la jeune fille se retint d’écarquiller les yeux. Il avait retiré son écharpe aux magnifiques couleurs de leur maison et dans un ton de jubilation il lui dit en quoi le gage consistait réellement. Elle cherchait, dans sa tête, une échappatoire mais se doutait fort bien qu’il n’allait pas la laisser indemne. Et ce sourire cruel, bien à lui, qui était dessinait sur ses lèvres donnait envie de le lui soustraire dans la douleur la plus atroce qu’elle soit.
Symphonie releva un sourcil interrogateur à son intention quand il lui fit comprendre que si elle avait trop peur, elle avait toujours le moyen de le supplier. Et c’était quoi cette allusion entre choisir les « horribles » créatures de la forêt ou mettre de côté son amour propre. Symphonie n’avait plus aucun amour propre suite aux agissements de son père mais à Poulard, elle n’hésitait pas à écraser quiconque viendrait la rabaisser. A commencer par ce petit déchet de Mathnik. Elle le toisa d’un air mauvais alors qu’elle agrippait d’un geste agressif l’écharpe du garçon.
Elle ne l’aimait vraiment pas ce garçon et sa haine envers lui augmentait de minute en minute. Cette animosité qui se mélangeait au sang de la jeune fille s’amplifiait à un point de non retour. Il était certain qu’elle allait se venger et dans des conditions qu’Ethan devraient fortement redouter. Et c’est avec un regard empli de mépris, d’un sourire mesquin et d’un air hautain que Symphonie prit enfin la parole.

*Maudit soit tu, Mathnik !*

« Te supplier ? Ben voyons, ça te ferait trop plaisir... Mais tu peux toujours prendre tes rêves pour des réalités Mathnik. Quand on a aussi peu de talent que de cervelle, les rêves, c’est tout ce qu’il nous reste, non ? Allez arrête de bavarder, on n’est pas dans un salon de thé ici… Laisse moi en compagnie de mes charmants nouveaux amis, je suis certaine qu’ils seront quoi qu’il arrive beaucoup plus fréquentables qu’un espèce de minable dans ton genre ! »[color=#ff9900]

Et sur ces dernières paroles, la jeune fille mit le bandeau sur ses yeux, l’accrochant fermement pour montrer qu’elle ne tricherait pas. Elle avait son honneur, et par conséquent, elle resterait jusqu’à vingt-et-une heures dix avec cette écharpe. Elle écarquilla des yeux en sentant l’odeur qui émanait du vêtement de Mathnik. Ce n’était pas permis qu’on puisse sentir si bon ! Symphonie fit une grimace en réalisant ce qu’elle pensait puis se détourna du garçon pour commencer à marcher. Elle ne savait absolument pas où elle allait et tendait les mains pour ne pas se prendre un arbre dans la tête. Elle prenait son temps à faire un pas, touchant de la pointe des pieds les obstacles qu’elle allait rencontrer, comme les racines d’arbre.
D’un geste rapide, la jeune fille attrapa sa baguette magique et tout en y allant lentement, elle changea de direction vers l’est.
Elle ne se doutait pas un seul instant qu’il pouvait y avoir de bêtes aussi terribles qu’avaient laisser Ethan entendre. C’était donc avec insouciance qu’elle marchait le plus droit possible, toujours hypnotisait par l’odeur de cette fichue écharpe !
Qu’est-ce qu’elle pouvait le maudire ce mec pour lui faire subir ça et priait Merlin qu’il attrape un coup de froid. Ce serait une douce vengeance que de l’entendre se justifier auprès de l’infirmière en chef.

Ses pas étaient toujours lents alors que de sa main valide, elle, balayait l’espace qui se trouvait devant elle pour ne pas se cogner.
Elle eut alors une brillante idée et s’arrêta net de marcher alors qu’elle tendait sa baguette droit devant. Et suite à un sort « Accio Mistigri » parfaitement exécuté, que la jeune fille attendit son chat.
Elle baissa sa baguette au moment où un miaulement se fit entendre près d’elle. Elle sourit narquoisement en pensant moqueusement « Je ne peux peut-être pas voir de mes yeux, mais rien ne m’empêche de voir à travers les yeux de mon chat ! Espèce de veracrasse ! »
Elle appela son chat pour qu’il vienne se frotter contre ses jambes et lui demanda de miauler si il y avait un animal ou autre devant eux. Par chance, l’ayant bien dressé, elle n’eut pas à dire plus pour que le chat se retire de ses jambes pour qu’elle puisse marcher.
Elle aurait bien aimé prendre sa chouette comme accompagnatrice mais celle-ci ne semblait pas vouloir montrer le bout de son bec.
Les minutes semblaient s’écouler comme des heures et Symphonie se demandait depuis combien de temps elle était partie en expédition. Elle entendit alors des craquements derrière elle et se retourna violemment, la baguette pointée face à elle.

Seulement Mistigri ne semblait pas miauler. Que ce passait-il ? Elle déglutit avec difficulté mais aucun son ne voulait s’échapper de sa bouche. Elle se dit alors mentalement qu’il valait mieux se calmer avant de faire ou dires des bêtises. Il était normal d’entendre des craquements puisque les oiseaux se posaient sur les branches et provoquaient donc ce genre de bruit. Elle hésita un instant à retirer son bandeau mais se retint de le faire. Il fallait qu’elle gagne ce gage et montrer à ce Mathnik qu’elle n’était pas aussi trouillarde que lui. Ô grand Merlin, qu’elle aurait aimé lui dire « Mathnik arrête de me suivre comme un chien ! Tu fais pitié ! », mais n’osait pas de peur malgré tout de n’avoir pour réponse qu’un grognement d’un animal sauvage.
Elle appela finalement son chat qui vint se glisser entre ses jambes et elle soupira de soulagement. Personne n’avait été mangé et son chat était toujours près d’elle. Elle reprit alors la marche, trébuchant parfois sur les racines des arbres en voulant aller un peu trop vite. Son chat ne semblait pas inquiet pour deux mornilles mais Symphonie quand à elle, se doutait que Mathnik ne s’était pas arrêter qu’à ça.
Ce garçon était plus malicieux qu’il ne laissait prétendre et même si il oubliait des choses importantes comme celui de préciser qu’avoir un guide était interdit, il pouvait toujours essayer de l’effrayer. Seulement cette fois si, le chat de la fillette était présent et Mathnik allait sans doute être surprit si il tentait la moindre bêtise de ce genre.

Symphonie fit un dernier pas avant de s’écrouler à terre. Elle avait marché dans un trou et ne pouvait ressortir son pied. Essayant encore une fois de rester calme, la jeune fille rangea sa baguette pour ne pas la perdre puis essaya de toucher son pied. Elle tenta d’abord de tirer mais sans résultat puis continua en essayant de tourner un peu le pied pour le laisser sortir mais là encore en vain. Elle ne connaissait pas de sortilège pour l’aider à s’extirper de là et commença à toucher ce qui entourait le pied. Elle agrandit donc le trou et réussit finalement à s’échapper de là. Elle se releva avant de prendre sa baguette en main. Des craquements se faisaient entendre tout autour d’elle et des frissons lui envahirent peu à peu le corps.
Elle fit un tour sur elle-même mais bien évidemment, elle ne voyait rien. Elle appela donc son chat qui ne répondit pas. Panique générale ! Symphonie l’appela à plusieurs reprises et après quelques minutes interminables, elle sentit quelque chose lui passer entre les jambes. Elle l’appela une dernière fois et entendit un miaulement suivit d’un ronronnement sonore. Elle ne pu s’empêcher de le disputer puis se baissa pour le caresser, soulagée qu’il ne lui était rien arrivé.
Elle reprit sa marche, plus lentement encore s’agrippant à l’écharpe du garçon dans un geste inconscient dès qu’un bruit suspect la surprenait. Elle ne pouvait renier que l’appréhension était là mais ne l’avouerait jamais à Ethan. Il en serait bien trop heureux cet idiot. Symphonie se demandait réellement quelle heure il pouvait être… et comment viendrait-il lui dire que vingt-et-une heure dix avait sonnée ? Tant de questions alors que la fillette de première année restait sur la défensive pendant que son bras valide bougeait dans tous les sens, broyant le noir… n’était-ce pas le cas de le dire ?

[HJ: Désolé pour le temps de réponse Mais promis c'était la dernière fois que je te faisais autant attendre!]

Grâce à cette petite gamine de Symphonie, Ethan ne ressentait plus aucune culpabilité à l’idée de la laisser affronter seule les mystérieuses et terrifiantes créatures qui peuplaient la foret interdite, après tout, elle l’avait bien cherché à se comporter aussi mal avec lui, il avait bien cru qu’elle allait le gifler mais ses paroles pathétiques ne servaient absolument à rien contre lui. Il connaissait sa valeur et ce n’était certainement pas une petite fille de 11 ans qui allait le faire douter. Ce fut donc par un grand sourire moqueur qu’il répondit à ses remarques désobligeantes, elle perdait réellement son temps et sa salive à lui parler de la sorte mais elle le comprendrait bien assez tôt. Car de toute évidence contrairement à elle, il savait que si la foret était interdite aux élèves s’étaient pour de très bonnes raisons, en effet, il avait entendu certains de ses camarades parler de centaures et autres bestioles qui étaient très loin de pouvoir concourir au prix de la « personnalité la plus sympathique de l’année ». Mais voilà, malheureusement pour elle, elle l’avait bien mérité à force de le chercher en se montrant aussi irrespectueuse et imbue de sa personne, elle allait s’enfoncer dans la forêt, courir des risques inconsidérés et lui il allait rentrer au chaud et se préparer un bon petit chocolat chaud en ne se préoccupant pas une seule seconde de son sort.

Il lui avait pourtant offert dans sa grande mansuétude d’éviter cette épreuve mais non, cette petite charogne avait préféré être insolente avec lui et foncer tête baissée, ce qui d’ailleurs l’amusa follement, il n’aurait donc plus qu’à la laisser gentiment se débrouiller et si elle ne revenait pas et bien tant pis pour elle, qui allait la regretter hein ? Pas lui en tout cas, et de toute manière personne ne saurait ce qui c’était passé entre eux deux, personne ne saurait que si elle était partie dans la forêt c’était parce qu’il lui avait ordonné de faire…et de toute manière même si quelqu’un l’apprenait comment pourrait il être considéré comme coupable ? Il ne l’avait pas menacé, il ne l’avait pas forcé à s’y promener toute seule, il n’avait pas sorti sa baguette et ne l’avait pas violenté alors non, si elle y allait c’était uniquement sa décision à elle ! C’était elle, qui tenait à respecter leur parie même si de toute évidence cela relevait d’avantage du suicide qu’à une démonstration d’une certaine conception de l’honneur. Cet honneur si cher aux Serpentards, un honneur tellement surévalué qu’ils étaient tous près à faire n’importe quoi pour démontrer aux autres que même si ils devaient se mettre en danger pour cela ils respecteraient leur parole. En fait, c’était surtout une manière de jouer à l’adulte responsable, une façon de se mettre en avant comme toujours « MOI je respecte ma parole donc je suis plus grand que toi » une gaminerie de plus camouflée en sentiment noble. Oh oui, même si les verts et argents étaient les seuls dans ce château à avoir droit à un peu d’estime de sa part, Ethan ne les considérerait jamais autrement que comme une gêne. Chacun d’entre eux se croit supérieur et pourtant ils ne sont que des insectes, des enfants qui jouent aux adultes sans jamais réussir à se comporter comme tel. Il n’y a qu’à voir leur réaction dès qu’un danger pointe son nez à l’horizon, ils détalent ou restent de glace quand il faudrait trouver une solution. Des enfants, tous des enfants…..à part bien entendu ce cher Ethan qui, même si il se comportait très exactement comme eux avait néanmoins une longueur d’avance, il était lucide, et c’était bien là que se situait toute la différence, les autres agissaient par réflexe quand lui savait pertinemment ce qu’il faisait.

Mettant un terme à ses réflexions, il regarda un instant l’insignifiante petite sorcière s’éloigner, souriant de plus belle lorsque ses pieds rencontraient une racine ou une pierre, s’attendant à la voir tomber d’un instant à l’autre, ce qui lui promettait de nombreux instants de moquerie intense ! Mais à chaque fois que ses pieds rencontraient un obstacle, elle conservait son équilibre, le frustrant un peu plus devant un tel spectacle, levant un instant les yeux au ciel, il se décida enfin à rebrousser chemin, les mains dans les poches tandis qu’il avançait tranquillement, l’obscurité ne le gênant plus à présent, étant donné que ses yeux s’y étaient habitués. En revanche ce qui le dérangea bien plus, fut d’entendre une brindille craquer non loin de lui, or, vu la distance qu’il avait déjà parcouru et la direction dans laquelle était parti Géhenne, ce ne pouvait être la Serpentard. Brandissant instinctivement sa baguette, il s’était arrêté, guettant le moindre bruit, le plus petit bruissement de feuille avec une appréhension grandissante. La peur ? Bien entendu qu’il avait peur ! Il n’y aurait qu’un imbécile pour ne pas ressentir la moindre petite peur dans un endroit pareil, à une heure aussi tardive et à plus forte raison lorsque l’on a que 13 ans ! Plissant légèrement les yeux et reculant lentement de quelques pas, il s’attendait à tout instant à voir surgir une forme des buissons, une forme accompagnée de griffes et de crocs dont le seul objectif serait de lui déchirer sa peau de porcelaine. Soudain, le bruissement tant redouté retentit dans les buissons non loin de lui mais nuls crocs étincelants ne firent leur apparition, en fait, en dehors de ce son il n’y avait rien à voir. De toute évidence la bête était ailleurs mais le danger n’était pas pour autant passé. Regardant dans toutes les directions, il sentait un léger frisson lui remonter le long de la colonne vertébrale, lui glaçant le sang et faisant augmenter son rythme cardiaque, il y avait de réels dangers dans cette forêt et malgré son envie de quitter les lieux il ne pouvait pas faire le moindre mouvement, à la fois absorbé par son écoute attentive et paralysé par la peur qui lui tordait le ventre. Soudain, alors qu’il essayait de reprendre le contrôle de son corps, il entendit une masse frapper le sol à intervalle régulier, les pas se rapprochant dangereusement de lui, reprenant alors contenance, il roula sur le côté à temps pour voir une forme noire cauchemardesque se prendre de plein fouet l’arbre qui se trouvait juste devant lui une fraction de seconde avant. Se relevant d’un bond, Ethan se mit alors à courir à toute allure dans la seule direction possible en cet instant.

Jugeant qu’il ne pouvait décemment pas abandonner la petite fouine qu’il avait conduit jusqu’ici il rebroussait chemin, sa baguette à la main afin de s’éclairer dans l’obscurité et ne pas risquer de tomber bêtement. Ses pas étaient rapides mais il ne mit pas longtemps à entendre une nouvelle fois le rythme terrible des enjambées de la bête, faisant monter son adrénaline et l’obligeant par la même occasion à redoubler d’effort pour lui échapper. Il n’avait pas l’intention de mourir aussi bêtement sous les crocs d’un animal stupide qui le dévorerait sans pitié. Tout son corps semblait ne répondre qu’à cette peur terrible qui lui vrillait la tête sous les coups répétés de son pouls qui s’emballait, comme pour démontrer qu’il était bien vivant, réclamant un sursis, se battant férocement contre la mort qui le guettait. Enfin, il arriva au point de rendez vous qu’il avait quelques instants auparavant et emprunta le chemin qu’avait choisi Symphonie, buttant sur les mêmes racines qu’elle alors qu’il avançait aussi rapidement que possible. Si il ne la retrouvait pas bientôt il se promettait de rebrousser chemin et quitter cet endroit pour n’y revenir que le lendemain. Enfin, il entendit des bruissements qui étaient loin de ressembler à ceux produit par le truc qui le poursuivait, dévalant une petite pente à toute vitesse, il se retrouva nez à nez avec la jeune fille dont les pas semblaient toujours aussi calme, ne se rendant pas compte du danger qui se rapprochait, tout du moins c’était l’impression qu’avait Ethan. L’empoignant sans stopper sa course, il l’attrapa d’un bras par la taille et plaça son autre main sur sa bouche pour l’empêcher d’hurler alors qu’il continuait de courir jusqu’à un arbre, la plaquant sans ménagement sur celui-ci tout en reprenant son souffle un instant sans prendre la peine de retirer sa main ou d’expliquer quoi que ce soit. L’important pour l’instant étant de scruter la nuit et le moindre bruit. Il éteignit sa baguette dans un chuchotement et sans quitter l’obscurité des yeux murmura quelques mots à l’oreille de la jeune fille, sa voix paraissant toujours aussi froide que d’habitude bien qu’essoufflée par sa course.

« Le petit jeu est terminé, il y a quelque chose qui me poursuit alors on va sortir de cette forêt au plus vite, j’annule ton gage pour l’instant. »

Pourquoi un tel revirement alors qu’il se moquait totalement de savoir si elle allait vivre ou mourir quelques instants auparavant ? Etait il finalement pourvu d’une conscience ? Peut être….ou alors l’envie de passer pour un héro avait été trop forte ? En fait, lui-même ne saurait le dire mais la perspective de rentrer en laissant l’horripilante verte et argent aux bons soins du truc qui le poursuivait ne l’enthousiasmait pas réellement et puis, cela aurait été stupide de se priver d’un bouc émissaire pareil au bout de quelques minutes d’amusement. Il avait encore bien des projets pour elle et si ils se sortaient tous les deux indemnes de l’embarras dans lequel ils se trouvaient, il se promettait de lui en faire baver jusqu’à ce qu’il ait terminé sa scolarité, après tout, on ne trouve pas tous les jours une gamine prête à risquer sa vie pour un vulgaire parie…

Ce ne fut qu’après plusieurs secondes qu’il se rendit compte qu’il la protégeait bêtement de son corps, son bras la tenant fermement plaquée contre le tronc. Relâchant alors enfin son emprise, il s’adossa à son tour au tronc d’arbre avant de passer une main sur son front et dans ses cheveux afin de les remettre dans un semblant d’ordre. Il n’y avait plus un bruit dans la foret et pourtant c’était très loin d’être bon signe, les animaux fuient devant les prédateurs et à n’en pas douter, les deux enfants ne pouvaient pas être considérés comme des prédateurs suffisamment menaçant pour faire fuir les bestioles qui peuplaient les bosquets alentours. N’accordant plus un seul regard à Symphonie, il essayait de savoir où pouvait bien se trouver cette bestiole….or, sans se l’avouer il avait l’impression d’avoir reconnu ce qui les poursuivait mais il espérait s’être trompé. Après tout, les loups garou n’étaient pas exactement les bêtes les plus sympathiques au monde alors se retrouver confronter à l’un d’entre eux n’enchantait guère le jeune garçon. Parlant toujours à voix basse, il ajouta quelques mots pour faire comprendre à la serpentard qu’il ne lui faisait pas une blague idiote.

« Ne va pas croire que ta vie m’importe mais je ne voudrais pas me priver de mon souffre douleur le plus obéissant. Alors on va sortir de cette foret et je te donnerais un autre gage, celui-ci est trop dangereux pour une petite fille sans défense comme toi. »

Fidèle à lui-même Ethan ne pu s’empêcher de sourire d’un air sadique tandis qu’il regardait enfin son interlocutrice, essayant de voir la peur prendre possession de son visage. Se rendant alors compte qu’un craquement sinistre venait de se faire entendre, il tourna la tête regardant dans la direction du bruit s’apprêtant à reprendre sa course contre la mort. Le loup garou les avait il retrouver ou bien une autre bestiole se joignait elle à leur petit pique-nique ? Quoi qu’il en soit de manière assez inhabituel chez le jeune garçon, il serra la main de Symphonie dans la sienne afin de l’entraîner dans sa course au cas où ils auraient encore une fois besoin de fuir, il n’était pas venu la chercher pour l’abandonner maintenant !