Une sortie à Pré-au-Lard avait été organisée en ce triste et froid jour de Novembre. En effet dans le ciel gris se préparait un obscur tumulte, de noirs nuages, gorgés de pluie à n'en pas douter, jouaient des coudes dans la voûte céleste et ne tarderaient pas à cracher sur la terre. Le même paysage se peignait dans les yeux du jeune Serpentard alors qu'il arpentait les ruelles presque désertes du village sorcier, ses camarades se pressant dans les commerces ou les bars pour tromper la morosité du temps et se défier de ses caprices. Son regard d'acier reflétait de toujours la tristesse, la mélancolie mais aujoud'hui plus encore... Seul il errait, ne prêtant aucune attention à sa destination, ses pas lents le menant vers un ailleurs qu'il espérait meilleur.
Pourquoi tant d'amertume aujourd'hui ? Il avait réalisé que Noël approchait, ses camarades se pressaient dans les boutiques, tout sourires, afin d'acheter friandises, vêtements, livres, jeux ou quoi que se soit qui puisse contenter leur amis.
Lui, haïssait Noël, n'achéterait ni ne recevrait de cadeaux... Tout d'abord parce que depuis le départ de ses parents il ne fêtait plus rien, à l'exception de son anniversaire, et parce qu'ensuite cette stupide fête avait pour haïssable défaut de lui évoquer l'union des familles, la sienne était déchirée. Il resterait donc à Poudlard, certes, recevrait quelques dizaines de gallions de la part de sa grand mère, un balai neuf très sûrement également, elle le lui avait promis, mangerait mieux que de coutume et sa vie n'en serait absolument pas changée.

Il soupira, le vent l'ayant arraché à ses noires pensées il prit alors conscience que ses pas l'avaient mené devant une étrange demeure.
Une bâtisse délabrée de deux étages, dont les fenêtres et les portes étaient condamnées par de lourdes planches de bois ternies et rongées par le temps. Les tuiles apparentes du toît étaient pour la plupart brisées et les gouttières dans un triste état, pour ce que l'on voyait des vitres elles étaient brisées et plus surprenant encore la porte d'entrée n'avait pas de poignée. Une barrière entourait la maison, envahi de ronces tenaces le bois était pourri et cassé à de nombreux endroits.
Narcisse eut alors la fugace idée que cette maison lui ressemblait dans le fond, enfin que dans l'apparence elle était son opposé mais que dans ce qu'elle évoquait, elle lui était malheureusement très semblable... Il n'y avait pas à dire, Noël lui minait le moral.

Absorbé par la contemplation de la ruine il n'avait pas remarqué le fillette quelques mètres plus loin, à sa gauche, qui était arrivée bien avant lui...

*Qui peut bien vivre dans ce mourroir ?*

Le jeune garçon était vêtu d'une veste de cuir noir dont le col était ouvert, laissant place au noeud de l'écharpe verte et argent qui serpentait autour de son cou, pour le reste un jean plutôt classique et des chaussures de ville noires. Un bonnet noir coiffait son chef, ne laissant échapper que quelques mèches de sa chevelure rebelle et cuivrée, ses lèvres étaient légèrement bleues cependant, il avait froid...
Un nuage de vapeur s'enfuit de sa bouche, d'abord dense il disparut presque instantanément dans les airs. Il abandonna la contemplation de la sinistre bâtisse et se rendit alors compte qu'il n'était pas seul, plus loin à sa gauche une fillette semblait perdue dans ses pensées, ses yeux dévoraient la bâtisse avec une avidité qui ne semblait connaitre de fin. Le séduisant sorcier se prêta à l'observer quelques instants, qui devinrent très vite des minutes...

*Elle a gelé ou quoi ?*

Il s'approcha lentement d'elle, à pas mesurés, il ne voulait surtout pas la déranger, juste voir qu'est-ce qui pouvait mériter une telle attention. De coutume c'était lui que l'on observait, plusieurs fois il avait surpris des filles l'épier avec un regard particulièrement stupide, voire bovin... Lorsqu'elles se rendaient compte d'être enfin repérées elles viraient à l'écarlate et soit pouffaient pathétiquement soit se consummaient de honte.
Elle l'avait enfin repéré, tournant lentement sa tête vers lui. Il y avait dans ses yeux quelque chose de fascinant et Narcisse ne put s'empêcher de croiser de son regard d'acier celui de la jeune fille.
D'une voix froide, en avait-il seulement conscience il s'agissait de son ton naturel, il lança:

"Cette maison est captivante n'est-ce pas ?"

*Mais bien moins que tes yeux...*

Le frileux garçon s'était arrêté à quelques pas de l'inconnue, et alors qu'elle regardait la sinistre bâtisse il en profita pour la détailler du regard.

*Une robe ? Rien de plus ? Elle a mis des bouillotes dans ses poches ou quoi ? On est en Novembre et on se les gèle, j'ai froid pour elle la pauvre.*

Il détourna son regard de l'obscure robe avant que la jeune fille ne lui réponde en toute simplicité, presque banalité, quelques mots non ressentis. Pour lui cette cabane était bien plus que sombre...
Soudainement le vent se leva, soulevant en une folle ronde un tas de feuilles jaunies par l'automne. L'invisible force s'engouffra dans la demeure qui leur faisait face, s'opposant à leur vue avec une fâcheuse insolence, elle en ressortit mue en d'effroyables gémissements, sinistres plaintes, glaciaux hurlements.
Le jeune sorcier frissona, enfonçant ses mains dans les poches de sa veste à la recherche de l'ébène rassurant de sa baguette. Il continua d'une voix toujours aussi froide mais qui cependant trahissait une certaine peur:

"Moi, je vois en cette misérable bâtisse bien plus qu'une ruine. Je ressens un mystère pesant en contemplant ces murs délabrés, une énigme en posant mon regard sur cette porte dépourvue de poignée, une angoisse en fixant suspicieux ses fenêtres condamnées. Quelle terrible histoire anime cette vieille bâtisse qui avec une désagréable audace, de l'insolence même, ose résister au temps."

*Animer, oui c'est bien le terme adéquat. Quelque chose donne vie à cette cabane, la préserve de l'oubli, de la mort.*

Alors qu'il parlait son ton s'était fait rêveur quoi qu'angoissé, il fixait son interlocutrice de ses yeux gris pleins d'amertume où dansaient cependant un étrange éclat, flamme de la curiosité incarnée.
Il reposa son regard sur l'objet de toutes ses interrogations, aussi serein qu'un gryffondor de nuit dans les cachots.

Dans sa contemplation angoissée, ses yeux détaillant l'effroyable demeure avec une crainte téméraire, Narcisse tressaillit soudainement. Il lui avait semblé apercevoir une ombre se mouvoir derrière les fenêtres, il recula de deux pas...

*Tu as mal vu. Oui, j'ai mal vu ! Ton imagination, comment discerner quoi que ce soit derrière ces planches de bois... Mais, ne jamais sous-estimer le possible ! Un criminel ? Un troll ? Un sorcier noir ?*

Alors il tressaillit à nouveau, surpris par l'intervention de la jeune fille qu'il avait distraitement oubliée. Il tourna on beau visage vers celle-ci et découvrit son mystérieux sourire, qui se mue à mesure de ses paroles en la grimace d'un bourreau. Encore une fois le vent fit hurler la vieille bâtisse, le verre des vitres brisées tintant comme le carillon de la mort, un violent fracas s'éleva des murs, quelque chose était tombé...

*Mais, mais, mais... MAIS t'es folle ou quoi ?! Moi, âme pure et innocente qu'un corps parfait mais fragile retient, m'aventurer dans ce mourroir, dans ce coupe gorge.*

D'une voix hésitante, se voulant noble et digne mais qui malgrè sonnait la couardise.

"Euh, c'est pas parce que je trouve cette cabane fascinante que je vais m'y risquer, Ulysse et ses potes, et bien si ils avaient cédé à la fascination du chant des sirènes ils se seraient fait bouffer. Tu vois le rapprochement ?"

Il ne s'agissait pas d'un bon argument, il faisait lâche... Cette bâtisse en pitoyable état était certe effroyable elle n'en restait pas moins une vieille cabane en bois. Et puis une cabane, c'était pas comme une sirène, une cabane ne vivait pas, donc ne se nourissait pas, par conséquent elle ne pourrait pas le manger.

*Beuh... Et le monstre qui vit dedans, celui que j'ai vu tout à l'heure...*

Il poursuivit, s'enfonçant encore un peu plus, avec le soucis de ne pas passer pour un lâche encore une fois. Son ton légèrement fanfaron trahïssait à nouveau la peur...

"Et puis il y a des mystères qui sont fait pour rester secrets à jamais, regarde Pandore et sa boite hein. Et si cette cabane c'était une boite de Pandore, on ferait sacrément mal d'aller l'ouvrir..."

Son argument était plutôt pertinent, mis à part le fait évident suivant: la cabane hurlante, si elle représentait un danger quelconque, ne serait pas là aux yeux de tous, ouverte d'accès aux élèves de Poudlard et aux badauds. C'est alors qu'il eut l'illumination, l'argument qui ferait l'unanimité, l'ultime et incontrable réponse qu'il lança d'un ton faussement desespéré, histoire de dire qu'il y serait bien aller finalement mais voilà...

"Et puis de toute façon on peut pas entrer la porte n'a pas de poignée..."

*Que veux dire ce ptit sourire, se moquerait-elle de moi ? Rira bien qui rira le dernier, hein... quand elle aura été écharpé par un vil nécromancien et mis dans des bocaux à la manière des yeux et autres membres d'origine inconnue qui trainent sur les étagères de Rogue...*

Il écouta la fillette attentivement, il ne se laisserait pas faire, ne perdrait pas la face. Lorsqu'elle lui désigna la porte il osa y jeter un oeil, cette dernière semblait en effet entrouverte...

*Quelqu'un a dû entrer, effectivement, mais ça ne veut pas dire que ce quelqu'un en soit ressorti d'abord. Et ça se trouve ce quelqu'un pourrit quelque part dans cette bâtisse, ou se conserve dans les étagères de Rogue.*

Il frissona et qualifia ses pensées de stupides et d'une incohérence affligeante. Il était en effet étrangement froussard, lui qui débordait de confiance en sa parfaite personne, qui ne redoutait rien ni personne car convaincu d'être bien meilleur que tous. Noël devait lui faire ce drôle d'effet, fichue fête...
Il répondit d'un ton bravache, levant la tête par défi:

"Hey j'ai pas dit que je ne voulais pas entrer dans ce trou à rat, tu te dégonfles ou quoi ! La porte est ouverte, certe, mais ce n'est que pour nous inviter à foncer tête baissée dans cet infâme piège. Mais ne t'inquiète pas, moi, Narcisse Anasar, suis en mesure de mettre en déroute le plus féroce loup-garou, sans parler des raclées que je met aux trolls ou des corrections que j'inflige aux sorciers plus âgés."

Joignant le geste à la parole il se dirigea vers l'entrée de la barrière, poussa du pied le portillon de bois rongé par le temps et foula de quelques pas le terrain chaotique qui le séparait de la porte. Soudain la caresse d'une légère brise se mut en une terrible bourrasque, arrachant une effroyable plainte à la frêle cabane. Il s'interrompit net, un volet venait de claquer.

*Un avertissement ? Gloups... Perdre la face devant cette fillette ou mourrir dans ce reparie du meurtre et du cauchemard. Perdre la face jamais, une mauvaise réputation me serait fatale... Mais mourrir tout court, je m'aime trop pour ça... Mais mourrir dans la honte m'est impossible, alors autant mourrir en héros. Ouais, c'est bien ça, mourrir en héros.*

Il se retourna, livide, et se trouva le culot de faire un sourire charmeur à Yume, une invitation à le suivre. Il avait sorti sa baguette, plutôt courte en bois d'ébène, mais n'avait pas fait un pas de plus.

*Elle ne va pas oser venir, tu la ridiculiseras et tout finira bien dans le meilleur des mondes.*

Narcisse soutint le regard de Yume, peu de personnes étaient capables de longuement plonger dans l'amertume et la tristesse des iris gris du beau jeune, ils reflétaient en effet un troublant mal-être...
A ses paroles il donna pour réponse un sourire faussement enjoué mais qui, en parfait maitre de l'apparence et du faux semblant, était des plus crédibles. Il ne masquait cependant pas ses pensées intérieures, ni ne les chassait, elles s'imposèrent à lui avec le fracas du marteau sur l'enclume.

*Non d'une bouse de dragon, elle est folle ! Elle veut vraiment entrer là dedans. Elle est perdue, nous sommes perdus !*

Silencieux il lutta contre sa crainte pour s'approcher à pas mesuré et prudent de la porte, puis fit une hâlte. Elle ne semblait pas vraiment avoir été vandalisée... Le vent avait dû, par un tour de force, l'arracher de son cadre ou quelque chose du genre.... Elle se tirait, une chance. Il approcha puis se saisit du lourd panneau de bois et le tira vers lui, arrachant de sinistre grincements à ses gonds rouillés. Le jeune garçon tressaillit puis se retourna vers sa camarade. Il lança avec amusement, osant une galante courbette:

"Après vous mademoiselle..."

*La galanterie, plus qu'un simple principe, une arme.*

Son visage, toujours aussi livide, affichait un sourire amusé. Le vent s'était momentanément interrompu, un silence angoissant pesait soudainement sur la sinistre bâtisse... Comme si ce terrible monstre retenait son souffle avant de refermer sa mâchoire sur ses imprudentes proies.

Narcisse entra à la suite de Yume à pas lents, trop prudents même, baguette en avant. A mesure qu'il avançait il prenait garde au décor, persuadé qu'un terrible danger pouvait s'abattre sur eux à chaque instant.

"Aaaah !"s'exclama le jeune sorcier lorsqu'un de ses pas arracha au plancher un terrible grincement.

*Hey relax mec ! RE-LAX ! Mince, elle t'a entendu... Te voilà dans de beaux draps. Trouve quelque chose, vite, vite ou elle va croire que tu as eu peur. Peur, moi ? Jamais, c'est un truc de moldue ça...*

Alors qu'il pensait il fit un rapide tour d'horizon de la pièce, son regard balayant la poussière, la crasse et les débris de la sombre demeure. Esquissant un sourire de circonstance à Yume Narcisse se dirigea tout naturellement vers un miroir brisé et lança, d'un ton enjoué.

"Les miroirs me font toujours hurler de plaisir, contempler mon image est un tel régal..."

Il aurait pu trouver mieux comme justification mais il ne savait pour quelle raison le miroir s'était imposé à lui. Il s'approcha donc du verre brisé, enjambant un tiroir arraché de sa commode où seul logeaient feuilles mortes et poussière, puis rajusta son bonnet.
Satisfait du résultat il se sourit puis se retourna, étudiant la pièce plus en détail. Une armoire était dans un pitoyable état, les lourds panneaux de bois semblaient avoir été lacérés par des couteaux, ou des griffes... Une table était fendue en deux, reconstituer les chaises dans leur intégralité étaient de l'ordre de la chasse au trésor, ces dernières comme émiéttées. Narcisse remarqua également avec stupeur que la rambarde de l'escalier était comme mordillée, rongée, déchiquétée... Aucune tapisserie, pas le moindre tableaux, ni éléments de décorations, pas de lustres également... Il faisait si sombre et cette poussière, c'était, étouffant.

"Atchâââ^!"

*Qu'est-ce que je fais dans cette galère, mais qu'est-ce que je fais dans cette galère ! Et quelle sorte de chose griffue à grande mâchoire peut bien se cacher ici. *

Yume vit le garçon s'avançait prudemment, baguette en main.

**Pas très courageux mais pas fou**

Il semblait toujours réticent à l'idée de visiter cette cabane et celà fit intérieurement sourire Yume. Cependant, elle du contenir un sursaut lorsque son camarade cria en entendant un crissement sinistre, qui venait apparemment de sous son pied.

**mais qu'est ce qu'il lui prend? Il veut me tuer ou quoi?!*

Yume vit Narcisse se retournait vers elle pour lui faire un sourire.

**....**

La petite fille suivait chacun de ses gestes, ne le lâchant pas du regard. C'est pourquoi elle le vit se dirigeait vers ce qui semblait être un miroir en piteux état. Chose qui se confirma lorsque Narcisse lui apprit qu'il adorait contempler son visage.

**bizarre, ça ne m'étonne pas**

Le garçon s'approcha du miroir et rajusta son bonnet d'un air satisfait.

**c'est bien un cris de peur que j'ai entendue...si tu penses que j'avais pas compris tu te met la main dans des viscères d'araignées mon pauvre...**

Le garçon sembla reprendre son analyse des lieux et son regard balaya la pièce.
Les marques de coups, de griffes et de morsures semblèrent l'étonner.

**Oui, moi aussi d'ailleurs**

-A tes souhaits.

Répondit-elle en réponse à l'éternuement de Narcisse.

**en espérant que ce ne soit pas celui de sortir. Non, il est trop imbue de lui-même pour se décourager face à une gamine**

Yume retint une mimique dégoûtée à la vue de cette poussière et fit quelques pas en avant avant de reporter son attention vers Narcisse.

-Que penses-tu d’aller là haut ?

Demanda-t-elle en pointant son doigt vers le haut de l’escalier délabré.

(HJ; désolée, c'est vraiment court et franchement pas terrible ><)

Narcisse examina l'escalier, l'inquiétude se peignant sur son visage.

*Là haut ? Grimper cet escalier qui ne tient que parce qu'il est cristallisé dans la poussière, dont les marches risquent à tout instant de se dérober sous nos pieds, dont la rambarde menace de s'effondrer...*

"Euh, c'est pas une très bonne idée je crois. Le bois de l'escalier est sûrement pourri, on pourrait tomber et puis en haut ce sera pareil qu'ici, ou peut-être plus lugubre..."

Soudain un bruit de claquement assourdissant retentit, Narcisse tressaillit, ouvrant la bouche sans qu'aucun son n'en sorte tant il eut peur et la surpise fut grande. La porte venait brutalement de se refermer, faisant trembler toute la bâtisse, des murs au plafond. Il soupira, puis approcha de cette dernière. Etait-ce le vent ou le séduisant sorcier, un court gémissement s'éleva alors.

"La porte ! La porte ! Elle est coincée"lança-t-il d'une voix étranglée par la rage et l'angoisse."On est prisonnier, je t'avais prévenu !"

La porte avait en effet été enfoncée dans son cadre, celle ci dépourvu de poignée ne pouvait donc plus être ouverte...

Yume ne porta pas son attention sur le jeune homme alors qu’il analysait l’escalier.

Citation :

"Euh, c'est pas une très bonne idée je crois. Le bois de l'escalier est sûrement pourri, on pourrait tomber et puis en haut ce sera pareil qu'ici, ou peut-être plus lugubre..."

La petite fille regarda l’escalier. Certes il était délabré mais paraissait solide, malgré la couche de poussière qui le recouvrait de pars en pars. Cette maison, devenue grise par le temps, était trouée et déchiquetée par une créature que Yume n’arriva pas à identifier. Les marques de violences, les longues effilades et les trous béant étaient cependant la preuve d’une créature à la force colossale.
Pourtant ces marques semblaient vielles de plusieurs années et pour cause : tous les trous et toutes les marques causées par la Créature étaient, elles aussi, recouvertes d’une poussière datant de plusieurs années.
Yume leva la tête et regarda le plafond. Les toiles d’araignées s’amoncelaient sur les poutres que le vent faisant trembler.
Alors qu’elle allait ouvrir la bouche pour rassurer Narcisse de la solidité de la maison, un bruit assourdissant se fit entendre.
Surprise, bien que son visage n’en laissa rien paraître, Yume tourna son visage vers le garçon qui s’était précipité vers la porte et tentait vainement de l’ouvrir, visiblement, elle était bloquée…Chose qui se confirma lorsque Narcisse lui confirma à haute et intelligible voix ses furtives pensées.

Citation :

"La porte ! La porte ! Elle est coincée"lança-t-il d'une voix étranglée par la rage et l'angoisse."On est prisonnier, je t'avais prévenu !"

Yume s’approcha de la porte et la regarda un instant.

-Inutile, la porte n’a pas de poignée, et la force du vent la coincée. Cela ne sert à rien de t’épuiser dans un effort vain.

Yume se détourna de lui et se dirigea silencieusement vers l’escalier. Elle monta les trois première marche, son pas inaudible encore plus étouffé par la poussière, et se retourna à nouveau vers Narcisse.

-Viens, nous n’allons pas rester là, c’est l’occasion de « visiter » un peu. L’escalier est solide alors à moins que tu pèses le poids d’un hypogriffe, je doute que le bois cèdera. Et puis, il est inutile de rester devant cette porte, nous tenterons de l’ouvrir après, quand dis-tu ?

Sans attendre de réponse Yume monta encore plusieurs marches avant de s’arrêter une nouvelle fois pour attendre Narcisse.
Elle tourna lentement son visage vers lui, et son regard de glace accrocha à nouveau celui du garçon.

-A moins bien sur que tu n’es peur ? Mais j’en doute.

Un petit rictus apparut le temps d’une seconde sur le visage de la jeune fille. Elle avait bien entendue l’intonation d’angoisse dans la voix du garçon. Son visage redevint vite du marbre pur, comme si le rictus avait été une illusion, et elle attendit patiemment le garçon, ne le lâchant pas des yeux.

De rage et de desespoir Narcisse déchaina une volée de coups de poings contre l'antique panneau de bois, achevant sa crise d'un magistral coup de pied qui le fit reculer de deux pas. Il contempla alors ses poings meurtris par la bataille, pestant contre lui même et la maudite porte.

*Ce bois est aussi résistant que les écailles d'un dragon !*

Il rétorqua à Yume, rageur:

"Cet effort vain a au moins eu le mérite de soulager mes nerfs..."

Il la regarda ensuite entamer la périlleuse ascencion des escaliers, partagé entre la crainte d'un accident et la joie d'obtenir raison, une fois de plus. Il commentait pas à pas, marche par marche, le cheminement de l'imprudente.

*Une, non ce ne serait pas drôle elle ne tomberait pas d'assez haut...
Deux, oh ça craque !
Trois, pas encore, bah oui jamais deux sans trois.*

Elle se retourna, son petit sourire triomphant l'énerva. Cinglant il répondit, manifestement peu enclin à se risquer dans les escaliers.

"Visiter, parce que tu trouves que ce décor chaotique et misérable vaut la peine d'un regard ? Et puis en haut, quoi ? Les escaliers ne céderont peut-être pas mais le plafond, hein... Alors prend des risques pour ce même spectacle de désolation non merci."

Elle continua à gravir les marches, bravant le danger et forçant quelque part l'admiration du séduisant sorcier. Soit elle était très curieuse, soit suicidaire, soit folle... Narcisse hésitait quand au jugement à porter.

*Quatre, ce sinistre grincement annoncerait le pire...
Cinq, la chance ne va plus lui sourire longtemps.
Six, la rambarde à trembler !
Sept, ooohhh, ça s'effondre ou quoi là !!!*

Sur le visage de Narcisse se cotoyaient les traits agressifs de la colère sur le fond d'une toile d'anxiété dont il n'avait presque pas conscience. Lorsqu'elle se retourna vers lui, son sourire encore plus triomphant, presque moqueur et son regard moins froid qu'empli de défi il soupira. A ces mots il serra les poings, enfouis dans ses longues manches, se recomposa un visage dépourvu du moindre sentiment, n'ayant cependant pas la force d'y ajouter un sourire, puis répondit tout d'abod sur le ton de la dérision avant de devenir plus bravache:

"Moi... Peur ? Tu fais bien d'en douter ! D'ailleurs je vais monter comme ça tu ne pourras soutenir que le contraire !"

*Crétin ! Tu n'es qu'un sombre crétin ! Faire marche arrière... impossible... Tu n'es qu'un sombre crétin !*

Respirant un grand coup il s'élança vers les escaliers, grimpant les marches deux par deux. Il retenait son souffle, l'ascencion en apnée avait au moins pour avantage de ne pas respirer les nuages de poussière qu'il soulevait dans sa course éffrénée vers la mort. Chaque grincement, craquement, gémissement du bois le terrifiait ne faisant qu'allonger son pas athlétique. Il dépassa Yume, la pressant contre le mur, puis attint enfin le haut des escaliers, il s'immobilisa un instant, respira enfin dans une grande et avide prise d'air puis se retourna. Son visage livide, preuve de la terrible et effrayante épreuve que son incomparable ego venait de lui infliger, affichait un sourire narquois.

"Cet escalier n'était pas si dangereux que ça, je dois bien avouer que tu avais raison... Cependant je crois qu'il t'appartient de découvrir la première les misérables trésors que va nous offrir cet étage."

Il se félicita de l'habile manière dont il venait de suggérer à la jeune fille de passer devant, la chaire à canon quoi, il se preservait de l'effondrement possible du plancher, masquant sa peur sous le souhait de Yume. Explorer l'étage lui tenait tellement à coeur...

*Il faut rendre à César ce qui appartient à César.*

Yume attendit patiemment le garçon et du se retenir de sourire lorsque celui-ci pesta contre la porte et « ce décor chaotique et misérable »

-La beauté est éphémère, et puis, connais-tu la réelle conception du beau ? La beauté n’est pas forcement ce qui attire un œil admiratif.

Yume attendit encore quelques instant avant que ses précédente parole fassent effet. Visiblement, toucher l’orgueil du garçon avait marché puisqu’il se dirigea rapidement vers l’escalier. Il enjamba les marches par deux jusqu’à dépasser Yume qui du s’acculer au mur pour ne pas que le garçon la frôle, retenant un léger frisson d’angoisse.
Lorsque Narcisse passa près d’elle, Yume remarqua que ses mains étaient blessées de par les coups qu’il avait donnés à la porte. La petite fille poussa un inaudible sourire et écouta le jeune homme.

Citation :

Je crois qu'il t'appartient de découvrir la première les misérables trésors que va nous offrir cet étage."

Yume le regarda un instant avant de dire :


-Bien sur, merci.

Et elle reprit son ascension. Elle passa silencieusement devant Narcisse et continua de grimper.
Elle arriva sans encombre en haut des escaliers et regarda le premier étage qui s’étendait devant elle. Il n’était pas en meilleur état que le rez-de-chaussée, il semblait même encore plus délabré. Les trous béant se répétaient de manière plus régulière et les marques de griffes et d’attaques étaient présentes sur une grande partie des murs. Les meubles étaient pourvus de longues marques et étaient en parti tous brisés ou réduit en morceaux. Les toiles d’araignée et la poussière étaient par contre aussi présentes qu’en bas.
Yume balaya encore une fois la pièce d’un regard froid et inexpressif avant de se retourner vers Narcisse. Elle fouilla un instant dans la seule poche de sa robe et en ressortit un mouchoir blanc en dentelle.

-Tient, pour ta main, ça risque de s’infecter.

Dit elle en lui tendant le mouchoir neuf et bien plié.

*La beauté est éphémère à qui elle n'est pas essentielle, ce qui n'est pas mon cas. Puis la réelle conception du beau c'est fastoche, c'est moi ! Quand au fait que la beauté ne soit pas forcément ce qui attire un œil admiratif je suis parfaitement d'accord, la preuve je suscite regard envieux, jaloux, triste et parfois étrange. Oui, étrange... Les filles ont ce regard là, un mélange de stupidité, de faim et d'admiration je dirais. Ah qu'il est bon d'être beau !*

Depuis ces pensées criantes de vérité et emplies de sagesse le jeune philosophe avait atteint l'étage et galament cédé le rôle d'éclaireur à Yume. Marchant à sa suite, avançant de quelques pas à peine de peur de traverser le plancher, il découvrit non sans indifférence le triste décor qui s'offrit à lui. Parmis les meubles âbimés il arrêta son regard sur une comode défoncée qui à son grand étonemment ne contenait rien. Puis balayant des yeux les planches de bois, adjointes par la poussière, qui tapissaient le sol il ne put s'empêcher de remarquer les traces de griffures et raclures démesurément grandes qui marquaient le misérable plancher. Enfin il s'attarda longuement sur un lit dont les barreaux de fer forgé étaient ornés de chaines aux maillons épais, ces mêmes barreaux étaient courbés en tout sens et décrivaient des angles impossibles lorsqu'ils n'étaient pas simplement brisés . Le matelas, plus miteux et sale qu'un chien errant, était dans un indescriptible état.
Frisonnant le jeune sorcier ne put s'empêcher de détourner le regard.

*Qui peut bien avoir vécu ici. Un cercueil est plus accueuillant que cette horrible couche ! Et ces barreaux, les chaines ont dû les tordre probablement mais... qui a bien pu y être attaché.*

Yume le tira alors de son angoissante reflexion, lui tendant un mouchoir immaculé. Il ne put alors s'empêcher de repenser à cette énigmatique jeune fille qui, au bal, lui avait porté secours lorsqu'il fuyait la fête, son nez presque brisé.

*Euh... ah oui mes mains ! Bof ça faisait pas mal mais bon, fais la chochotte ça plait aux filles.*

"Merci," répondit-il avec douceur dépliant le mouchoir pour se bander la main droite, la seule à saigner, très légèrement.

Narcisse observa Yume en silence, voilà qu'elle se risquait à un examen poussé des chaines sans se soucier le moins du monde de tous les dangers que son entreprise comportait. Tout d'abord il fallait s'aventurer sur le plancher, grinçant et hasardeux tant il était parsemé de débris, morceaux et restes divers. Il pouvait se dérober à chaque instant sous les pieds de la fillette, à condition que ces derniers ne rencontrent pas un malheureux obstacle qui ne la fasse chuter. Ensuite il fallait oser approcher le lit, ou plutôt du nid à poussière qui devait très sûrement abriter une famille de rats et une colonie de puces, tiques, poux, blattes et autres nuisibles... Enfin il fallait être vraiment frappé pour toucher les chaines, elles étaient rouillées, or la rouille véhiculait d'horribles maladies... Et puis elles étaient ternes,froides, coupantes, piquantes,en définitive dangeureuses...

*Inconsciente ! Une inconsciente ! Qu'est-ce que peuvent bien avoir les filles à vouloir toucher tout ce qui les attirent ! J'ai déjà remarqué cette curiosité à mon égard, c'est vraiment pénible !
Sa main saigne, hors de questions de lui rendre son mouchoir, unir nos sangs serait trop lourd de sens et de conséquences...*

D'un ton faussement embarassé mais où perce tout de même une certaine inquiétude:

"Fais un peu attention, je ne veux pas avoir à expliquer que tu as trouvé la mort dans un malheureux accident... Et pour ta main fais quelque chose avant que ça ne s'infecte, je n'ai rien à te proposer mais dans cet univers malsain tu auras vite fait d'attraper quelque chose."

La voyant s'élancer dans le couloir à sa droite, lui passant devant avec insouciance il ne put s'empêcher de soupirer avant de la suivre de mauvais grè...

"Et cesse de nous mettre en danger je t'en prie, on devrait songer à sortir d'ici..."

Il avançait à pas prudent sur le plancher, s'interrompant à chaque craquement ou grincement afin d'éprouver la solidité du bois, la fillette était bien plus légère que lui...
Bientôt elle le distança, lui qui longeait le mur, porteur du plafond donc plus sûr...

Poursuivant sa lente et périlleuse avancée Narcisse répondit en haussant la voix, plusieurs mètres le séparant encore de Yume.

"La visite est peut-être finie, mais nous ne sommes pas dehors pour autant... Je te rappelle que nous sommes prisonniers et j'ai pas voulu ve..."

*...nir c'est toi qui m'a forcé par ton vicieux chantage, j'allais passer pour un couard. Ouf c'était moins une !*

Prenant d'avantage confiance en la fiabilité du plancher il accélera le pas et s'arrêta derrière Yume, essayant lui aussi de voir quelque chose au dehors. S'agitant en tout sens, se dressant sur la pointe des pieds, se baissant, passant sa tête à droite de la jeune fille, puis à gauche il tenait tant bien que mal de trouver un angle de vue, en vain...

"On ne voit rien !"conclut-il agacé comme si tout tournait autour de lui, généralisant sa propre situation à celle de Yume. Agacé il balaya le sol du regard, les planches adjointés de manière régulière semblaient comme martelés par endroit. Il se baissa, fléchissant les jambes, et examina le phénomène plus en détail. Une épaisse couche de poussière et de crasse empêchait de nettement discerner de quoi il s'agissait vraiment. Le séduisant sorcier fut alors confronté à un dilemne...

*Ma manche ? Son mouchoir ?*

Il tira sur sa manche et l'avança vers le sol, s'interrompit, regarda pensivement le mouchoir, sa manche, le mouchoir... Il ferma les yeux en soupirant.

*Son mouchoir ? Ma manche ? MA manche ou SON mouchoir, mais oui bien sûr ! Son mouchoir !*

Il dénoua le mouchoir se sa main, sa plaie avait coagulé, le risque d'infection en demeurait cependant bien réel. Il irait voir Madame Pomfresh dès qu'il serait de retour au château. En plus comme elle l'aimait bien, du fait de son "abonnement" à l'infirmerie, louées soient Tara, Kate, Alyssa et Commando, il aurait le droit à un chocogrenouille ! Du morceau de tissus il frotta le plancher, dévoilant une trace de...

"Sabot ?" s'exclama-t-il incrédul.

[Hj: désolée, j'étais pas sur pour les sabots ><]

Yume écouta d’une oreille distraite les lamentations du blond, se concentrant plutôt au dehors et l’ignorant royalement.

**Quand il aura fini de se plaindre je l’écouterais peut être**

Cependant le garçon s’approcha de Yume, et une fois derrière elle il se mit à gesticuler dans tous les sens, si bien que Yume dut s’approcher encore plus près de la fenêtre condamnée.

**Mais qu’est-ce qu’il fait cet idiot ?!**

Bien que son visage était impassible, Yume en avait vraiment marre de l’asticot qui gigotait comme un forcené derrière elle.
Sa réponse arriva plus vite qu’elle ne le pensa.

« On ne voit rien ! »

Il avait dit cette phrase en ignorant Yume à son tour, comme si il était le seul présent dans cette funèbre cabane aux allures de sépulcrales.
Yume ne lui accorda cependant aucun regard, ne bougeant depuis un long moment plus alors que lui s’éloigner, apparemment agacer.
La petite fille le sentit s’accroupir à peu de mètre d’elle.
Agacée, la fillette se retourna après quelques minutes et cligna des yeux en le voyant essuyer le sol poussiéreux à l’aide de son mouchoir.
Yume leva les yeux au ciel et regarda à nouveau le garçonnet astiquait le plancher.

**Pathétique, cela ne m’étonnerait pas si on me disait qu’il n’avait aucun succès avec la gente féminine !**

Au moment où elle allait prononçaient ses pensées à voix haute, le garçon poussa une exclamation.

**Comment ça des sabots ?**

Yume se plaça alors silencieusement derrière lui et regarda par-dessus sa tête, ne faisant aucun bruit.
Effectivement, une trace, même plusieurs traces de sabots marquaient le plancher comme si, dans un lointain passé, une quelconque créature l’avait martelé avec force et colère.
Yume analysa pensivement la marque puis se remit droite.
C’était les sabots d’un grand animal car, bien que l’empreinte était petite, sa profondeur laissé à croire qu’il s’agissait d’un animal de taille imposante.
L’attention de Yume fut portée sur l’empreinte à côté de celle de l’animal, une marque de patte, grande et puissante, comme celle d’un…

-Loup garou.

Yume avait l’impression que sa voix froide avait sonné comme un glas. Elle abaissa son regard vers le jeune garçon qu’elle avait oublié.

**Ca m’étonnerais pas que je l’ai surpris tient…Il a pas du m’entendre arrivé derrière lui en plus…**