Narcisse fut distrait un instant par l'arrivé d'Alyssa, bien qu'elle sut se montrer discrète. Il lui adressa un signe de tête courtois puis se consacra à nouveau à la contemplation de son paquet.

Il caressa l'emblême de la maison des Anasar avec nostalgie, il n'avait plus revu cet insigne depuis l'emprisonnement de ses parents.
Un sourire rêveur aux lèvres il fixait les lettres d'or, il n'avait jamais contemplé encore aussi longuement l'ecriture de son père, il était heureux. Son père, Halaster Anasar, un souvenir légérement acidulé, une figure désormais indescriptible que le temps avait effacé. Il devinait, dans la fine calligraphie dorée, une application de chaque instant, un réel soucis afin que l'impression soit parfaite à la vue. Mais pourquoi cet homme qui était devenu presque étranger se manifestait-il aujourd'hui, ressurgissait du passé ainsi ? Pire encore, comment était-il possible que d'Azkaban il aie pu lui envoyer un tel présent ? Et que contenait-il ? Etait-ce là l'héritage promis au décés de son géniteur...

*Non, non c'est impossible. Pas encore...*

Il frissona, puis ferma les yeux, essayant de deviner ce que le paquet pouvait bien renfermer, chassant de son esprit toutes pensées morbides ou désagréables.

"Il y a des présents dont il vaut mieux prendre le temps d'apprecier la valeur"murmura-t-il pensif.

« J’aime me retrouver dans cette campagne verte, là où les forêts ne sont plus que des îlots d’arbres perdus dans les grandes étendues d’herbes grasses, là où les oiseaux de toutes espèces se côtoient pour former un ballet aérien. J’aime cet endroit, ses odeurs humides, ses bruits noyés dans le silence. Il y fait toujours beaux. La pluie vient de passer. Elle a déposé des millions de gouttelettes que le soleil fait briller à présent. Je suis là. J’observe. Je les regarde s’amuser ensembles. Ils courent libres comme le sont les enfants de leur âge. Je sais qu’ils sont heureux. Lui aussi, il l’est. Je sens ses bras entourer mon ventre. Sensation chaude de ses mains contre moi. Il parvient à en faire le tour. J’aimerai qu’il m’emprisonne encore dans son étreinte protectrice. Ici, je n’ai peur de rien car tout m’appartient. Il me chuchote quelques mots à l’oreille puis il part les rejoindre. Il en attrape un, le hisse sur ses épaules, poursuivit le second qui fuit en laissant échapper un grand rire espiègle. « -Andromède » Il l’appelle un sourire aux lèvres. Callisto rie à son tour. C’est un brouhaha mélodieux. J’aimerai qu’il se grave dans mon esprit que je puisse le garder au fond de moi et, par la même occasion, capturer le bonheur qu’il produit dans ma poitrine. Je suis heureuse parce qu’ici, je n’ai plus peur, tout m’appartiens. Ma vie est telle que je la désire, peuplée par ces images de quiétudes, loin du reste. J’oublie le reste, je ne pense plus qu’à moi, je tire un trait sur ce que j’ai été et profite des miens qui ne sont qu’à moi, à cet instant. Je suis libre de les observer toute ma vie, libre d’en rêver. Une voix m’appelle. Je ne sais pas à qui elle appartient. Je ne veux plus m’en rappeler. Je regarde une dernière fois mon époux et nos enfants qui sont accrochés à lui. Je les regarde s’amuser, perdus dans cette grande étendu d’herbe grasse, mais déjà leur silhouette s’efface. C’est cette voix qui les a fait fuir. Elle veut que je tourne mes yeux dans une autre direction, car ce que je vois est faux selon elle. Faux le rire de mes enfants, faux le bras de Ivan autour de mon ventre rond, faux toutes ses images que je croyais à moi. De l’autre côté, il y a la réalité, me dit cette voix. Mais je n’y crois pas, je ne veux pas de cette réalité qui me prend mon amour pour le donner à une autre, je ne veux pas de cette réalité qui me vole mes enfants. Je ne veux pas. Laissez moi retrouver les miens. La voix refuse. « Pour que notre monde soit préservé, dit la voix, tu dois renoncer à cette vie. » Qui suis-je pour pouvoir influencer l’avenir des autres ? Qui suis-je ? Je ne suis qu’une enfant, une petite gamine au ventre arrondie, pas plus grande qu’une fée des bois, je ne peux rien pour les autres. Je peux parler tant qu’il me plait mais la voix ne me croit pas, et ses images qui sont devant moi ne veulent pas disparaître. Seule. Je suis seule, dans ce rêve et ailleurs… »

Katrinn Valenti

Alyssa venait d’achever sa lecture, sa voix était demeurée calme presque mélodieuse. Quelques minutes auparavant, Elle ressentait un besoin intense de mieux comprendre ses origines. L’étude de ses carnets prophétiques lui avait semblée idéale pour cela mais, seule, elle était incapable de saisir l’étendue de leur signification. Parmi les textes qui l’intriguaient, celui-ci avait un peu plus attiré son attention. Pourquoi ? Parce qu’il était de la main de sa mère. Alyssa faisait, elle aussi, des rêves, des rêves si réels qu’à son réveille il lui semblait y être encore enfermée, des rêves qui paraissaient s’infiltrer dans son esprit contre son grée. La jeune fille se retrouvait prisonnière de cette angoisse latente dont ses cauchemars étaient la source. Cette peur s’était accrue depuis qu’elle savait qui elle était. Etre sous l’emprise d’un Doppelganger signifiait être capable de prédire l’avenir où une bride de celle ci. Et, si, comme sa mère, ses rêves n’étaient que le reflet d’une réalité à venir ? Cette idée l’avait fait frémir. Depuis quelques temps déjà, ses nuits étaient de plus en plus agitées. Elle se réveillait, la plupart du temps, en sueur, le cœur palpitant. Dans sa tête, à elle aussi, résonnait une bien étrange voix. Une voix qui l’appelait : « Ma petite fille ». Oserait elle en parler à sa mère ? Non. Elle ne venait pas la voir pour çà. Alyssa voulait comprendre et non pas s’épancher comme une enfant qu’elle estimait ne plus être…

« Il y a des présents dont il vaut mieux prendre le temps d'apprécier la valeur »

« Hein? Comment? »

La voix de Narcisse avait fait sortir Alyssa de sa torpeur. Pourquoi disait-il cela? Avait -il écouté la lecture de la jeune fille

La lecture d'Alyssa, sa voix chantante ponctuée par les mélodieux crépitements de l'âtre, avait été semblable à la déclamation d'une ode lyrique. D'ailleurs Narcisse n'en avait écouté distraitement que la forme et non le fond, se laissant bercer par les sons sans se soucier de leur sens.
Puis la douce mélodie avait pris fin et il s'était abandonné à la contemplation du présent de son père, le tout premier, le dernier peut-être.
Avait-il pensé tout haut ? Alyssa venait de parler, elle l'interrogeait même du regard... Il répondit confus, étrangement calme, presque vulnérable tant la surprise et l'appréhension étaient grandes face à ce vulgaire paquet.

"Heu, excuse moi je t'ai dérangé."

Il y avait dans sa voix comme un léger tremblement, cette dernière était comme nouée, étranglée...
Aprè avoir encore une fois admiré le blason Anasar il commença à déballer le paquet, prenant garde à ne pas déchirer les zones calligraphiées. Une lettre s'offrit alors tout naturellement à lui, elle jaillit avec douceur du paquet et se posa sur sa main.
Elle portait son nom, soigneusement ecrit de la même main que celle qui avait écrit sur le paquet. Il n'osa pas l'ouvrir, pas encore du moins. Il demeurait suspendu par l'hésitation.

*Combien de fois l'ai-je maudit ? Combien de fois ai-je souhaité sa mort ? Et combin de fois je l'ai pleuré dans ma solitude ?*

Narcisse ne se trouva même pas importuné par la pressante proximité d'Alyssa, en d'autres circonstances il aurait trouvé cette présence indésirée et indésirable, intempestive très sûrement également. Il était comme en état de choc, ces nouvelles du passé lui faisait l'effet d'un coup de poing, qu'elles se manifestent ainsi, ce paquet, cette enveloppe, leurs mystères, là bel et bien présents, le laissait à la fois incrédule et terrifié.

Lorsqu'Alyssa lui prit la main il sortit de ses pensées, dévisagea la jeune fille sans haine ni amitié, seul l'appréhension se lisait sur son beau visage. Aucune émotion n'avait place sur sa face de marbre. Il reporta son attention sur l'objet de son trouble, entre ses mains, la lettre, provocante. Il murmura:

"Oui tu as raison."

Puis il s'executa, ouvrant la lettre, ses gestes étaient peu assurés, ses doigts pas loin de trembler. Il écarquilla les yeux de surprise.
L'enveloppe contenait une clé en argent, minuscule et trés ouvragée. Elle n'était donc pas destinée à nimporte quoi...et pourtant, là, sur l'instant, il n'avait aucune idée de ce dont à quoi elle pouvait servir.
Il plongea à nouveau sa main dans l'enveloppe mais n'en ressortit rien.

*Vide ? Mais, cette clé, sans explications ? Et si...non, le mystère demeurerait entier.*

Il contempla la clé, la faisant passer d'une main à l'autre et la retournant en tous sens. Soudain il remarqua, à la lueur d'une flamme plus haute que les autres, que quelque chose y était gravé.
Trois lettres se partageaient la place dans l'insigne de Serpentard.

"H.N.O." lit-il à voix haute sans même s'en rendre compte.

HNO ces mots avaient résonnés dans la pièce comme la foudre s’abattant sur la plaine. La tête brune d’Alyssa tourna vers Narcisse. Ses grand yeux marrons vibraient frénétiquement dans leurs orbites. Une crise? Son Doppelganger?. Elle dévisagea soudainement Narcisse avant de se relever et de commencer à faire les quatre cents pas dans la pièce.

Narcisse tu sais ce que cette clef ouvre?

Il était évidant pour la jeune Valenti qu’il ne lui donnerait pas de réponse sincère. Après tous cette clef semblait importante et Narcisse faisait partie des Serpentard, il ne lui accorderait ainsi pas une confiance aveugle.
Elle s’affala sur le canapé et commença à feuilleter à la hâte la panoplie de livres qu’elle avait à porté de main. Son regard suivant les lignes, les dévorant avec avidité.

HNO….HNO…roh j’arrive à rien

Elle se releva une fois de plus et vint se mettre accroupi devant le beau Serpentard, plongeant son regard noisette dans le sien.

Tu veux que j’aille vers des recherches à la bibliothèque ou tu sais ce que c'est?

[désolé mais j’ai eut une pane sèche d’inspiration]

*H.N.O. Que celà veut-il bien pouvoir signifier ? Et à quoi cette clé est-elle vouée ?*

Il demeurait pensif, éberlué par tant de mystère si soudain et violent. Un silence que seul troublèrent quelques crépitements explosifs de l'âtre rougeoyant s'installa, Narcisse ne cessait de tourner la clé en tout sens entre ses doigts, à la recherche d'un souvenir quelconque qui puisse lui mettre la puce à l'oreille. Rien ne lui vint et lorsqu'Alyssa lui posa la fatidique question il répondit avec desespoir là où la frustration et la colère auraient en temps normal bondi:

"Je n'en ai pas la moindre idée."

Le jeune homme rangea la clé dans sa poche gauche, celle de sa baguette, il trouverait plus tard à quoi elle pourrait bien lui servir, du moins il l'espérait. Il s'enfonça un peu plus profondément dans le fauteuil où il s'était assis, dépité il regardait Alyssa se débattre avec ses bouquins. Elle séchait à en voir ses efforts vains et la frustration qui se dessinait sur son visage.

*Pourquoi m'aide-t-elle ? Je ne lui ai rien demandé et elle ne me doit rien. Serait-ce celà la bonté d'âme ? Mais alors... un Serpentard en serait capable. Non, non, ce n'est que de la curiosité, ou elle compte troquer l'information contre quelque chose de ma part. Ouais c'est comme ça qu'agissent les Serpentards.*

Résolu il respira un grand coup, puis se pencha à nouveau sur son présent. Il s'attaqua alors avec délicatesse au paquet, déchirant avec methode le papier kraft afin de ne pas abimer le blason de sa famille, il mettrait un point d'honneur à l'afficher au dessus de son lit.
Sous le papier kraft était enveloppé dans un drap noir quelque chose de solide et de même dimension que le paquet. Un frisson parcourut le beau sorcier. Un voile noir... Quel sombre présage. Devait-il l'ouvrir seul ? Devait-il l'ouvrir tout simplement...
Troublé par ses hésitations il hocha simplement la tête aux dires d'Alyssa, ne l'ayant entendu qu'à moitié.

Soudain une voix rauque et autoritaire grogna avec froideur alors que la jeune fille s'apprêtait à partir :

"Allez Fils, hâtes toi de nous presenter au grand jour."

Narcisse frémit lorsque la rauque voix, tel un glacial courant d'air, s'insinua dans la pièce. Il sentit son coeur se serrer, depuis combien d'année n'avait-il plus entendu cette voix, sa voix, si lointaine, celle de son père...
Trop ému pour répondre de manière audible à Alyssa il se contenta d'hocher la tête négativement, puis de lui faire signe de s'asseoir à nouveau. Lorsqu'elle lui avait déposé un baiser sur la joue il n'avait pas bronché, comme ailleurs... Mais il était certain qu'lle ne pourrait pas se permettre ce luxe en toute circonstance et que le moment se prêtait bien à sa fourberie amoureuse.

Il scrutait le drap noir, voile d'un mystère qui allait bientot être révélé. Les doigts toujours aussi tremblants il caressa la sombre étoffe.

*Lever le voile ? Après tant d'année, dépoussiérer ces êtres qui ne sont devenus désormais qu'un lointain souvenir. Je ne me souviens plus de son sourire, ni même des traits de son visage. Et lui, que va-t-il penser de son fils ? Serais-je à la hauteur, soutiendrais-je son regard, verra-t-il un enfant ou un homme ? Suis-je comme il le voudrait ?*

Tiraillé par le doute il cessa brusquement de se torturer, tira d'un coup sec le tissu et decouvrit une toile de toute beauté.

Le cadre était en or, à premiere vue véritable, et mesurait environ un mètre de hauteur pour cinquante de largeur.
Le tableau en lui même représentait deux personnages, un homme à l'air hautain et d'une prestance qui n'avait d'égal que sa ténébreuse beauté, le portrait craché de son fils et une femme aux cheveux d'argents dont le charisme et le pouvoir de séduction étaient à couper le souffle. Halaster Anasar, vêtu d'une robe de sorcier luxueuse mais sobre tenait par la taille sa femme Oragie. Elle en revanche portait les atours d'une véritable reine, une robe pourpre, au décolleté plutôt aguicheur,fendue au niveau des jambes mettait en valeur sa parfaite silouhette. Tous deux souriaient froidement et devisageaient leur fils d'un sourire sans amour.
Le décor, arriere plan du tableau, était constitué de deux éléments, à leur gauche se trouvait un fauteuil très ouvragé quoi qu'antique, à leur droite un long serpent aux écailles d'ambre et de jais s'enroulait progressivement à un pilier de marbre blanc.

Les deux personnages, tout comme Narcisse demeuraient silencieux. Le jeune sorcier affichait une moue terrifiée et se forçait à sourire, ses mains, cachées dans son dos, tremblaient. Il contenait au prix d'un effort immense les larmes qui se précipitaient dans ses yeux gris. Décrire en cet instant la foule de sentiments, contradictoires mais unanimement brutaux, qui se pressait dans l'esprit à la pensée torturée de Narcisse était impossible...

*Mais, comment est-ce possible ? Ils sont à Azkaban et rien ne sort de la prison des sorciers, rien sauf les morts... A moins que ce paquet ne vienne pas d'eux, mais alors, de qui ? Grand-mère ? Mais pourquoi maintenant, ce tableau m'est inconnu, d'où il sort...*

L'agitation d'Alyssa s'asseyant sur le canapé l'arracha de ses pensées, elle découvrait ses parents, lui les redécouvrait. Leur froide beauté lui glaçait le sang, leur regard lui faisaient l'effet de brûlures et leur sourire carnassier lui rappelait l'expression de Rogue lorsqu'il toisait les retardaires... Il articula avec difficulté, d'une voix étrangement humble. Il ne restait en effet plus rien du superbe Narcisse en cet instant.

"Bonjour Mère" lança-t-il, relevant la tête pour la regarder comme si elle se tenait là en face de lui, ses yeux gris brillant d'une émotion douloureusement contenue.

"Bonjour Père"dit-il sans oser porter son regard sur Mr Anasar.

Les deux personnages répondirent d'un signe de la tête courtois puis parcoururent des yeux la pièce, pour ce qu'il leur en était permis de voir. Impassibles leurs regards se portèrent sur Alyssa.
Halaster lança d'une voix froide, toujours aussi rauque :

"Je ne crois pas que nous ayons été présentés..."

Alors qu'elle se saisit de son visage, essayant vainement de le faire revenir sur terre, Narcisse ne broncha pas. Il ne fit que décaler sa tête sur la gauche pour ne pas perdre de vue le couple Anasar, puis chuchotta comme ailleurs:

"Ne t'en fais pas ça va aller..."

Lorsque son père prit la parole il adressa un regard implorant à Alyssa, le jeune sorcier semblait animé par la crainte, terrible angoisse, de voir le noble Halaster froissé. Alyssa était en effet si imprévisible, d'abord calme et douce elle pouvait parfois et inexplicablement devenir colérique et arrogante...

*Répond comme le veut l'usage, pas de sarcasmes, pas d'ironie...*

A la réponse de la jeune fille Narcisse se détendit quelque peu, s'enfonçant un peu plus dans le dossier du canapé.
Halaster et Oragie semblaient eux aussi satisfait de la réponse obtenue, pas flattés cependant... Le sombre lord haussa un sourcil interrogateur et répéta pensif:

"Yvan Seyren Valenti..."

La sublime sorcière sortit alors une longue baguette de bois blanc semblable à de l'ivoire et l'agita dans les airs. L'image fantasmagorique de la tête d'un jeune homme se dessina par magie, seul Alyssa put le reconnaitre, après quelques secondes, comme étant son père bien des années auparavant.

"Nous sommes enchantée Melle Valenti"répondit la belle d'une voix froide mais sensuelle.

Se relevant elle admira le visage de son père flottant dans les airs. Le panache de fumée noirâtre dessinait à la perfection les traits de Lord Valenti. Les yeux chocolats d’Alyssa passèrent de visage en visage toisant les deux hommes. Ils étaient tous les deux d’une grande beauté mais qui était totalement différente.
Une chose vint titiller cependant le bout de ses nerfs se qui la poussant à esquisser un sourire glacial.

-Surtout ne vous présentez pas…

Le manque respect des marques de politesse de plus d’une personne noble avait le don d’énerver la jolie brune. Sans qu’elle ne s’en aperçoive es minces sillons bruns se tracèrent sur ses boucles de lumières.
Elle passa la main dans celle-ci les faisant fouetter dans le vide avant de les laisser retomber au creux de ses reins.

-Cela m’importe peu j’ai du travail.

Elle se baissa avec élégance et ramassa sa pile de livre posée sur sol. Elle les tria rapidement pour lui permettre des les soutenir plus aisément Au fond d’elle elle regrettait ses paroles mais son autre lui en était fière. Depuis la chute de Drusiella elle n’avait plus de potion et devait faire avec.

Se rapprochant d’une une table plus loin elle passa à côté de Narcisse et marqua un temps de pose. Elle tourna la tête vers lui d’un air sévère. Le voir ainsi la blessait mais elle ne le laisserait pas voir ses sentiments.

-Et ressaisit toi, tu me fais honte

Narcisse regarda incrédule Alyssa se défier de son père... Qui en effet oserait tourner le dos à Halaster Anasar sans trembler, lui, redoutable assassin qui avait osé abattre de sang froid un employé du ministère. Lorsqu'elle lui ordonna de se ressaissir, ayant même la prétention de révéler qu'il lui inspirait de la honte, il lui adressa un regard assassin sentant les yeux d'acier de son père le transpercer de son mépris.

*A quoi bon tenir tête à Alyssa... Père peut bien penser ce qu'il veut de moi je ne ferais que plus m'humilier en tentant de la vaincre dans un duel magique, elle est bien trop douée.*

Le superbe sorcier en avait même perdu ses certitudes et sa confiance en lui, de coutume débordante. Il se demandait d'ailleurs qui était l'homme qu'avait reconnu Alyssa, et pouquoi elle n'avait pas demandé à en savoir plus sur la relation qu'il avait pu avoir avec ses propres parents.

Oragie paraissait plus surprise qu'offusquée, contrairement à son époux... Celui-ci lança en rageant:

"Nous présenter ? A l'heure qu'il est notre identité est connue du monde sorcier entier je me trompe ? Narcisse ! N'es-tu pas lu la presse !"

Le jeune garçon bafouilla qu'il n'avait pas consulté la gazette aujourd'hui, n'en ayant d'ailleurs que rarement le temps à cause des durs travaux qu'il fournissait pour obtenir de bons résultats. Il se mit alors en quête d'un journal qu'il trouva à quelques pas, sur un fauteuil déserté.

*La première page mais, qu'ont-il fait ! Et que leur traits sont creusés, ils semblent avoir vécu en enfer. Mère, ton visage est celui d'une vulgaire femme...*

Il se référa ensuite à la seconde page où se trouvait l'article...

*Mystérieuse évasion à Azkaban...*

Il lut l'article une première fois, puis une seconde sous l'oeil sévère de ses parents qui demeuraient aussi silencieux et immobiles que des pierres tombales. Incrédule, bouleversé et choqué il se leva et alla mettre l'article sous le nez d'Alyssa.

"Tu étais au courant ? Tu lis toujours la presse toi je me trompe ?"

Alors l'article apparut à Alyssa:

Mystérieuse évasion à Azkaban

Oragie et Alaster ANASAR épouse la fille de l'air...

Une faille dans l'étroite surveillance des maussades pensionnaires de notre prison ? Une brèche dans les murs enchantés du legendaire penitencier ? Une erreur de confiance face aux terribles détraqueurs ? Le mystere reste entier !

Il y a à peine quelques heures deux prisonniers, condamnés à vie, se sont volatilisés de leur cellules pourtant dites inviolables. Comment, avec le concours de qui, de quoi... nul ne le sait, les hauts responsables du ministère restent dubitatifs et inquiets, le silence est pour le moment leur unique reponse.
Nous n'avons aujourd'hui que les faits à vous présenter, des explications viendront sûrement renseigner le monde sorcier dans quelques jours, le temps de faire de la lumière sur cet inquietant évènement.

Pour ceux qui n'auraient pas suivi l'affaire il y a maintenant sept ans de ça, voici un court résumé des condamnations de Mr et Mme Anasar :
Nous sommes le 11 Novembre 1986, dix heures sonnent à Big-Ben, un terrible maléfice va frapper un innocent. Le service de detection des sorts interdits décelent dans le manoir Anasar l'usage du sortilege Endoloris. Quelques minutes plus tard un représentant de l'ordre, jeune auror en periode d'essai, transplane dans le salon de l'illustre famille. Il decouvre avec horreur un petit garçon de 4 ans, en larmes, les traits déchirés par la douleur, son nez saignant abondemment, ses lévres étaient éclatées et il semblait paralysé à même le sol. En face le couple Anasar et la mere d'Oragie, doyenne de la famille.
La surprise, l'horreur, la crainte...la mort.
Le lendemain Oragie et Halaster avaient été jugé puis condamnés pour maltraitance sur leur enfant et surtout pour le meurtre du jeune auror dont l'histoire n'aura pas connu le nom, Fred Thips.

Le procés fut trés agité et mystérieux, en effet on decouvrit que le sortilege d'Endoloris avait été jetté par Mr Anasar mais qu'aucun des membres de la famille n'avait eu recours à l'Avada Kedavra, cause du décés de Thips. Il y aurait eu donc une tierce personne qui aurait abattu le jeune auror...et pourtant les plus savants et puissants enchantements n'ont su reveler aucun élèments de plus...
Sous le choc il fut décidé de ne pas interroger le garçonnet afin de ne pas le troubler d'avantage, en revanche il n'est pas à l'abri, aujourd'hui adolescent, d'être soumis à une visite du Ministere. Un pas vers la vérité ?

Revenons désormais à l'évasion en elle même.
Il est certain que le couple Anasar a beneficié d'une aide exterieure, et pourtant aucun sort n'a été lancé dans l'enceinte de la prison. La personne qui aurait aidé le couple serait donc d'une telle puissance qu'elle commanderait aux détraqueurs : une seule et unique personne en a été par le passé capable, le seigneur des tenebres... Bien entendu ce n'est là qu'une supposition mais elle demeure la plus plausible : aucun mort dans le personel de la prison, les détraqueurs n'ont pas fuit, le batiment n'a pas été victime d'un quelconque sort de destruction, les barreaux des cellules eux même ne présentent aucune trace d'infraction.

Un lien entre l'assassin de Thips et le liberateur des Anasars a déjà été fait par les enquêteurs les plus courageux : celui-dont-on-ne-prononce-le-nom aurait remercié le couple pour son silence, lui offrant délivrance et protection, puissance alors qu'il intente un timide retour parmis les sorciers.

Narcisse serra les dents, retenant la rage qui montait du fond de ses entrailles, escaladant sa cage thoracique en se défiant de la fragile prison, courant le long de sa trachée artère avec violence et qui venait de se briser sur l'éclatante barrière formée par sa mâchoire. Son être entier bouillonait, Alyssa se montrait si indifférente, elle lui avait répondu sans même le regarder et avait prêté une attention des plus minimes à une des nouvelles la plus importante de sa vie. Pire encore elle avait lancé ses mots comme on lance un fouet, sa phrase pleine d'ironie et d'un certain dédain l'affligea.

Du fond de la salle on entendit Halaster toussotait...

"Moi, trembler mais c'est pas vrai ! Alyssa qu'...."

*Mais qu'ont-elles toutes ! C'est mon dentifrice ou quoi, toutes suspendues à mes lèvres ! Non pas mon dentifrice, moi. Oui ne suis-je pas désirable, irresistible même !*

La voilà qui se replongeait à nouveau dans ses travaux, à croire qu'elle avait décidé d'être désinvolte au possible ! Narcisse jeta un regard en coin vers la cheminée, le tableau reposant en équilibre sur l'angle du canapé, et constatant que son père l'avait déserté... L'humiliation avait du le mettre dans un terrible état, il avait dû tout d'abord arqué un sourcil interrogateur, puis blêmir avant de serrer les points et de se détourner.
Narcisse s'essuya les lèvres du revers de la main en un geste dédaigneux, darda ses yeux gris sur l'odieuse fillette et lâcha d'un ton cinglant:

"N'as tu donc aucun coeur."

Etait-ce une question, l'intonation comme le ton laissaient planer le doute... Et dire que Narcisse lui même posait la question, une question qu'il était si facile de lui retourner et dont la réponse le terrifiait tant elle l'obsédait lorsqu'il était seul. Seul avec lui même alors que tout se faisait sombre et incertain...

Alyssa était entrain d’énoncer les propriétés magiques de l’écore de Sorbier notamment la propriété numéro 37 sur la fluorescence des composés des fibres lors de l’équinoxe quand un vertige la saisit brutalement. Un main sur son cœur qui s’accélérait elle respira bruyamment, elle suffoquait. Son Doppelganger et son être luttaient frénétiquement pour le contrôle.

Ses cheveux blondirent, éclatant de vitalité grâce à Dop. La gentille jeune fille revenait. Aussitôt un sourire béa tira ses lèvres de roses. Elle tourna la tête vers Narcisse et se mit à rougir. Qu’avait-il donc à la regarder comme cela? Cependant une remarque vint la poignarder en pleine poitrine.

Citation :

N’As-tu donc aucun cœur?

Les larmes commencèrent a ruisseler le long de ses joues pourpres de même que son incompréhension. Elle se leva et saisit la main du jeune homme avant de la poser contre sa poitrine. On pouvait entre le martèlement continue de l’organe contre son sein brûlant.

*Mon cœur bat pour toi*

Elle posa à son tour la même sur le torse du jeune homme mais ne sentit rien. Elle leva ses yeux noisettes vers lui. Il la dévisager sévèrement la meurtrissant de plus en plus.
Sa main pourfendit l’air avant de s’écraser contre le visage parfait de Narcisse.
Un gémissement telle une plainte franchit la barrière de la bouche d’Alyssa.

Je te hais

Pleurant à chaudes larmes elle tourna les talons et commença à fuir.

Il avait obtenu la réponse à sa question, elle s'avérait confirmer son propre prognostic. En effet Valenti n'avait pas de coeur... Pourquoi ? Pouvait-on avoir une once de bonté ou d'amour lorsqu'on frappait un être aussi innocent que Narcisse ? Pouvait-on prétendre aimer en battant d'un revers de la main l'incarnation de la beauté ? Peut-être après tout... Oui peut-être cet amour était sauvage et mal maitrisé, peut-être était-il trop grand, démesuré même, d'où les réactions si étranges de Valenti. Peu importait qu'elle aie un coeur ou non, elle l'avait frappé.
Narcisse resta coit devant tant de violence et de haine, encore une fois il subissait les foudres d'une vicieuse représentante de la gente féminine, et ce à nouveau dans la gratuité la plus totale...

*Nom d'un moldu crapuleux ! Je suis une victime victimisée.*

Il avait porté la main sur sa joue, la massant vainement alors qu'elle prenait une teinte rouge, fruit de la colère d'Alyssa. Il toisait la fillette d'un regard noir, l'orage de ses yeux gris n'annonçaient rien de bon... Cependant il ne pourrait la vaincre dans une lutte magique, cette dernière étant surdouée en toutes disciplines à tel point qu'il lui arrivait de se demander si elle était vraiment humaine. Il la massacrerait dans une joute orale en bonne et due forme, il excellait dans la rhétorique, maitrisait à merveille le sarcasme et l'ironie, était doué pour la comédie. D'ailleurs son existence était à son insu son plus grand rôle, il ne vivait pas sa vie mais la jouait...

Il lança alors d'une voix suave, sortant de la poche de son jean un mouchoir blanc qu'il déplia lentement en s'approchant d'Alyssa:

"Certains disent qu'il n'y a qu'un pas, minuscule, entre l'amour et la haine... D'autres,et j'en suis, pensent qu'il y a de l'amour dans la haine. Et toi Valenti, qu'en dis-tu ?"

Le Cœur brisait, le visage ruisselant de larmes, Alyssa se dirigeait vers un endroit tranquille où pleurer. La Bibliothèque était sûrement le lieu le plus calme mais pour cela elle devrait traverser le château entier. Elle opta donc pour le dortoir des filles et son lit à Baldaquin.

*Narcisse…Idiot!!!*

Son visage doux se crispait sous la douleur mentale. Pourquoi l’amour faisait-il autant mal. Pourquoi succombait-elle au charme d’un garçon aussi insignifiant que ce Narcisse.
Elle ne put arriver qu’aux pied des escaliers quand la voix du jeune homme en question retendit d’un ton suave:

Citation :

"Certains disent qu'il n'y a qu'un pas, minuscule, entre l'amour et la haine... D'autres,et j'en suis, pensent qu'il y a de l'amour dans la haine. Et toi Valenti, qu'en dis-tu ?"

Alyssa fit volte face faisant fouetter sa longue chevelure blonde dans l’atmosphère de la Salle Commune.
Son regard noisette semblait s’être noyé dans le bleue de ses larmes. Une mèche de ses cheveux était collée contre sa joue et venait loger sa pointe dans la fine bouche de la jeune Valenti.

Les deux mains jointes serrant sa jupe plissée elle dévisagea Narcisse avec douleur puis plongea son regard vers le sol comme si il était soudain devenu la chose la plus intéressante du monde. Intérieurement elle réfléchissait:

« Tu sais ce que je pense? Tu es un peureux, un faux jeton. Tu es exactement ce que je croyais en fait que tu étais et je n’essaye pas de paraître ce que je ne suis pas, je suis demeurée moi tous le temps. Et c’est de moi dont on s’est foutu devant tous le monde. Je suis pas la pour t’engueler, on non c’est pas du tout l’intention ok? Par ce que je sais ce que c’est que d’être effrayée, oui c’est pas facile d’afficher qui on est. J’avais très peur mais c’est fini maintenant et en fait de conte je me fiche complètement de ce que les autres pensent de moi par qu’a présent je me fait confiance et je sais qu’a l’avenir tout va bien aller. Mais tu vois même si j’ai pas un physique de rêve, toutes les personnes à mes pieds et que je ne suis pas la seule maîtresse de mon corps, et bien c’est pour toi que je me sens navrée. Je sais que l’homme que j’aime et quelque part en dedans de toi, mais j’ai plus envie d’attendre après lui parce qu’attendre après toi c’est comme attendre qu’on coince tes parents après leur évasion: inutile et désappointant. »

Un derrière larme coula le long de sa joue qu’elle essuya rapidement…

Narcisse se figea, comme heurté, puis paralysé par les premiers mots de la fillette. Sous la tempête de reproches et de critiques il baissa la tête, non sous le poids de la honte mais pour dissimuler le sourire moqueur qu'élargissait de seconde en seconde la mesquine tirade d'Alyssa. Mesquine, parfaitement, car elle manquait de grandeur et de noblesse et se noyait dans un positivisme melodramatique parfois incompréhensible...

*Quelle prétention ! Elle croit m'avoir percé à jour, la petite sotte risque d'aller de désillusion en désillusion. Et ce discours moraliste, pathétique... Je sais qui je suis, du moins j'en ai une vague idée, après tout je ne suis pas fait, je me construis jour après jour. Et puis je sais comment je dois être et doit avouer que je me débrouille pas mal, j'ai confiance en moi, bien trop même et m'affiche plus qu'il ne le faudrait...
D'ailleurs il me faudra faire attention la prochaine fois que je me rendrai aux douches collectives en pyjama, on fait dans les couloirs de terribles rencontres. Ah tiens, s'afficher ça me fait penser, la prochaine fois à la fin de mon entrainement de quidditch j'enlèverais mon maillot. La tête de ces filles qui ne cessent de me poursuivre lorsqu'elles me verront torse nu !
Euh, quoi mes parents ? Inutile et désappointant ! Tu ne perds rien pour attendre petite peste.*

Il releva la tête, son sourire amusé s'effaçant dans un rictus sadique. Ses iris, aussi froid et inanimé que l'acier, ne semblaient plus renfermer ni tristesse ni mélancolie mais témoignaient d'une inexpressivité effrayante, le vide qui caractérisait l'existence de Narcisse.
Le jeune sorcier s'approcha de la jeune fille, ses pas lents résonnant tel le glas, effroyable tintement qui annonçait l'agonie et la mort. D'un geste délicat il chassa une blonde mèche égarée devant les yeux embuées de son interlocutrice, il savait que frôler son visage de ses doigts lui serait en pareille circonstance une insupportable caresse. Puis il lui tendit le blanc mouchoir miraculeusement vierge de sang afin qu'elle pleure toutes les larmes de son corps.
D'un ton acerbe il sussura, cherchant son regard et détachant froidement chaque mot:

"Attendre c'est déjà vivre une rupture."

Lui n'avait jamais rien attendu de la vie ni des autres, il prenait comme le lui avait toujours dicter une de ses maximes.

*Attendre sa chance est vain, la tenter ne suffit pas, il faut la forcer !*