Couchée sur son balais, Heva repéra sans mal les deux attrapeurs aux coudes à coudes qui filaient vers le Vif d'Or. Il était tout simplement impossible de se laisser battre par les Frelons de Wimbourne. La blonde devait à tout prix marquer un dernier but qui leur assurerait, même si Hannah loupait la petite balle dorée, la victoire. La moitié des joueurs regardaient le combat qui se jouait au dessus de leurs têtes et Heva en profita pour crier un ordre à Tany.

« Le Souaffle, ici ! »

La jeune femme lui envoya la balle rouge et Schmit fonça vers les anneaux adverses. Les poursuiveurs des Frelons la prirent en chasse et la blondasse évita de justesse un cognard qui filait droit sur elle. À environ une dizaine de mètre de son objectif, la jeune fille feinta à gauche. Elle n'eut même pas le temps de savoir si son tir avait traversé l'anneau que le sifflet de l'arbitre retentit dans la nuit tombante. Heva se retrouva submergée par les accolades de ses compagnes qui hurlaient, riraient et dansaient sur leurs balais.

Les Harpies de Holyhead firent un tour de stade sous les acclamations enthousiastes du public qui était très nombreux malgré l'heure quelque peu tardive. Les filles rejoignirent leur vestiaires et commencèrent à se déshabiller en commentant chacune des actions du match et la tête des Frelons lorsque que leur attrapeur s'était rendu compte qu'à cause d'Heva, même le Vif n'avait pas suffit à les faire gagner. La jeune fille, qui était un peu la mascotte de l'équipe, fut de nouveau embrassée de toute part.

« Bon, où est-ce qu'on va fêter notre victoire ? » Demanda Lucy, la deuxième batteuse de l'équipe.

Les jeunes femmes avaient prit l'habitude de fêter leurs victoires – et leurs défaites – dans des bars branchés, à chaque fois différents. Ce n'était jamais une mince affaire pour tomber d'accord, puisque chacune des joueuses voulait donner son avis. En général, c'était l'une d'elle qui était choisie pour désigner l'endroit.

« C'est grâce à Heva qu'on a gagné, c'est à elle de décider ! » Déclara Amy, une des poursuiveuse.

Le groupe opina et les visages se tournèrent vers la blonde qui avait déjà son idée en tête. Elle avait entendu parler du nouveau bar du Chemin de Traverse, et n'avait encore jamais eu l'occasion d'y mettre les pieds.

« Ce soir, ce sera le Grizz'Light ! »


Heva fut – comme d'habitude – la dernière des Harpies à transplaner devant le bar. Elle regarda son équipe et se sentie heureuse, comme à chaque fois qu'elle voyait leur Girls Band prêt à faire les quatre cent coups. Les filles entrèrent et Gwenog, en bonne vieille capitaine, s'approcha du barman et demanda poliment.

« Bonsoir. Les Harpies viennent fêter leur victoire ! »

Le groupe se pressa autour d'elle et Heva regarda les six paires de talons aiguilles sur le sol, auxquels elle n'échappait pas non plus. Il lui avait fallut un certains temps pour choisir sa tenue, une robe bustier noire trèèès étroite et trèèès courte, fermée dans le dos par une longue fermeture éclair et une paire d'escarpins rose fuchsia tout simplement géniaux. Elle avait coiffé ses cheveux blond en un chignon élaboré et avait fardé ses yeux de noir pour faire ressortir leur couleur argenté.
Les filles n'avaient peut-être pas soif, mais Heva si, et elle se fraya un chemin jusqu'au comptoir en jouant des coudes à travers les joueuses qui gloussaient un peu de façon inexpliquée. La blonde jeta un coup d’œil au barman et retint une exclamation étouffée. C'était ridicule ! Comment ses compagnes, qui avaient entre 22 et 32 ans, elle exceptée, pouvaient-elles ricaner devant ce... mec super jeune et super canon ? Sa tête lui disait quelque chose d'ailleurs, mais impossible de se souvenir... Heva pinça Gwenog et lui lança un regard suppliant. La capitaine sourit en coin et s'adresse aux autres.

« Bon, on va chercher une table les filles, c'est Rocket qui paye sa tournée ! »

La jeune fille regarda le groupe s'éloigner en riant de plus belle. Qu'elle sale traîtresse ! Gwenog avait fait exprès de l’appeler par son vieux surnom ridicule et en plus, elle allait être obligée de payer pour tout le monde ! Alors qu'elle était la plus fauchée... Les filles prenaient toujours un malin plaisir à humilier Heva devant les hommes les plus beaux, puisqu'elle était la seule à aimer les aventures d'un soir.

La blonde eut un sourire provocateur pour Gwenog, Lilou, Amy, Hannah, Lucy et Tany qui se moquaient d'elle de leur table en faisant monter les paris.
Heva se tourna vers le barman – qui était quand même à lui seul la source de toute cette pagaille – et s’assit sur un des tabouret sans le quitter des yeux.

« Il va me falloir de quoi étancher la soif de cette bande de harpies... Je vous laisse le choix sur la boisson. Je vous fais confiance... »

Il semblait à Heva que son surnom, dans la bouche du barman, avait un autre sens. Il lui paraissait plus admiratif, malgré le ton taquin que le jeune homme avait employé. La jeune fille opina à la proposition de boisson. Cloudy Heart. Le nom lui donnait envie de goûter.
Le barman commença à préparer le cocktail et la blonde resta bouche bée un instant. Il était vraiment doué. Au moment où elle pensait voir le shaker ou les ingrédients tomber, d'un habile coup de baguette, ils effectuaient pour lui une danse parfaitement maîtrisée. Les objets valsaient, tournoyaient au rythme de la musique. Le jeune homme versa son mélange dans un premier verre et l'envoya à travers le comptoir. Les réflexes d'Heva se mirent en alertes, mais, au lieu de s'écraser sur le sol, le verre disparu puis réapparut devant Lilou, à la table des Harpies, qui poussa une exclamation mi-surprise mi-ravie. La blonde répondit par un sourire au clin-d’œil du barman et le regarda exécuter ses derniers tours. Il déposa le verre de la poursuiveuse devant elle et sourit à nouveau.

« Celui-là est offert par la maison ! »

Heva observa d'un air interrogateur son cocktail. Il avait une couleur rosée, et de léger serpentins orangés tournoyaient parfois près des bords. Elle le prit entre ses doigts et avala une gorgée prudente. Sa boisson était tout simplement délicieuse, même si elle était incapable de définir les ingrédients avec précision. Il y avait sans aucun doute de la vodka, de la cerise et du pamplemousse peut-être, mais sinon, impossible de deviner.
La blonde sauta de son tabouret et adressant un dernier sourire au barman, rejoignit la table de ses compagnes qui, à son humble goût, gloussaient comme de grosses dindes.

La suite passa très vite, les filles papotèrent avec entrain de tout et de rien, mais surtout de rien, tout en jetant de fréquent coup d’œil très peu discret au jeune homme qui servait derrière le comptoir. Il y eut un enthousiasme encore plus prononcé lorsqu'elles entendirent un autre homme l'appeler par ses nom et prénom : "Kilian Doyle"... Puis, Tany, qui était un peu la rabat-joie de la bande demanda si l'on allait bientôt partir, et toutes les autres s’insurgèrent qu'elles n'avaient pas encore dansé. Le troupeau se précipita donc vers la piste de danse avec encore plus de gloussements.

Heva, qui marchait un peu derrière, les arrêta soudain avant qu'elles ne soient déchaînées et que ce ne soit plus possible. Elle tira Gwenog par la manche, parce que c'était elle le capitaine, la plus vieille, la plus lucide, et par la même occasion, sa meilleure amie.

« Vous ne m'attendrez pas, ok ? »

Son amie lui lança un regard qui signifiait à la fois « J'espère que tu t'amuseras bien » et « Tu feras attention à toi, ok ? » puis s'éloigna vers le centre de la salle pour danser avec les autres.
La blonde s'empara de son verre et retourna s'asseoir sur le tabouret près du comptoir. Elle se demandait si elle savait vraiment se qu'elle faisait ou si, finalement, il y avait quelque chose de plus fort que de la vodka dans son cocktail. Elle attendit avec plus ou moins d'impatience que le dernier client du dénommé Kilian se soit enfin lassé de le regarder jonglé avec le shaker puis se pencha un peu en avant pour attirer son attention.

« Aurez-vous l'immense sympathie de m'accorder une danse avant la fin de la soirée, Monsieur Doyle ? »

Et sans attendre de réponse, la blonde avança à pas mesurés vers la piste illuminée de spots colorés. Presque tous les clients avaient déserté leurs tables pour venir bouger, même si certains semblaient avoir plus de mal que d'autres à suivre le rythme endiablé imposé par les plus jeunes étudiants.

Même si Heva ne voulait absolument pas entendre parler d'elle, elle avait hérité de sa mère tous ses traits physiques, c'est-à-dire sa silhouette fine et athlétique, ses longues jambes, ses cheveux blonds, mais aussi, à son plus grand bonheur, une facilité à danser impressionnante. Il lui suffisait de se laisser porter par la musique et son corps vibrait en mouvement avec les notes.

La jeune femme atteignit le centre de la piste et les Harpies, jeta un regard amusé à Kilian et commença à danser.

La soirée continua son cours et Kilian se répéta pour la énième fois qu'il avait une chance folle de bosser dans cet endroit. Il aimait ne pas se prendre la tête, faire la fête tous les soirs, rencontrer des gens, s'éclater. Il aimait aussi chercher des nouvelles idées de cocktail pendant la journée et les tester sur ses clients. Son patron était un mec vraiment cool et déambulait au milieu des clients pendant la soirée, distribuait compliments, salutations, bon mots et boissons gratuites. Il avait pas mal de succès auprès des jeunes étudiantes.

La blondinette revint vers lui bien plus tard dans la soirée, se penchant vers lui de manière suggestive et lui demanda de lui accorder une danse d'une voix suave et pleine de promesse.
Kilian sourit et leva un sourcil quand elle utilisa son nom. Mais il n'eut pas l'occasion de lui répondre que déjà elle s'élançait sur la piste, faisant onduler son corps en narguant le barman.

- Avec plaisir, Rocket… murmura-t-il, amusé.

Le Grizz'light fermait à 03 heures en semaine, aussi le bar se vida-t-il petit à petit pendant les deux heures suivantes. La demoiselle était revenue s'installer au bar tandis que ses coéquipières quittaient les lieux par petits groupes et Kilian lui avait servit un autre verre.
Peu avant la fermeture, il put enfin venir la rejoindre et lui tendit la main pour l'entraîner sur la piste de danse. La musique était douce, une incitation au départ pour les retardataires, et Kilian enlaça doucement la jeune femme, prenant sa main pour la faire danser contre lui.
Bientôt, ils furent seuls au monde. Les collègues de Kilian étaient partis en lui laissant le soin de fermer et il put se consacrer au tête-à-tête qu'il avait attendu toute la soirée.

- Alors, Rocket, quel était ton prénom avant que les Harpies te rebaptisent ?

Son prénom rappela quelque chose à Kilian et il secoua la tête :

- Mais oui, Héva Schmitt ! La poursuiveuse… Je suis un crétin parfois, il faut m'excuser. Mais j'ai d'autres qualités…

Il la fit tournoyer avant de la serrer contre lui et de venir déposer un baiser dans son cou:

- Je sais très bien faire ça par exemple… chuchota-t-il avant de recommencer un peu plus haut sous l'oreille. Ou ça…

Il glissa sa main dans les cheveux de la blonde et l'attira vers lui pour l'embrasser.

- Convaincue ? Ou il faut que je m'applique davantage ?

Heva regarda ses amies partirent en lui jetant des regards mi-moqueurs mi-admiratifs et croisa les jambes sur son tabouret de bar en sirotant son énième cocktail. Ils changeaient de goût à chaque fois, et celui-ci avait un arrière goût de rhum absolument délicieux. La jeune femme avait dansé avec les Harpies jusqu'à ce qu'elles décident de partir et regardait maintenant le Grizz'Light se vidé lentement mais sûrement. Kilian, derrière le bar, semblait pressé de finir son service, se qui faisait sourire la blonde avec amusement. Elle posa ses grands yeux gris sur la piste de danse déserte ou la musique s'était faite plus douce.

Le bar était quasiment vide lorsque Kilian quitta le derrière du comptoir pour venir la rejoindre. Heva prit la main qu'il lui tendait et se laissa mener au milieu de la salle pour cette danse qu'elle avait demandé un peu plus tôt dans la soirée. La blonde posa les mains du jeune homme sur ses hanches et passa ses bras autour de son cou avant de commencer à tourner lentement. Il lui demanda son prénom d'un murmure et elle se surpris à penser qu'il avait de la chance d'être si désirable car elle n'était en général pas si clémente avec les personnes qui oubliaient son prénom. Mais il avait retenu son surnom, c'était déjà ça...

« Heva Schmit, la célèbre Chasseuse de Souaffle ! »
répondit-elle en riant, comme à chaque fois qu'elle voyait ce titre ringard la qualifiant dans les journaux.

La jeune femme leva les yeux au ciel et sourit devant les excuses et l’auto-dérision de son compagnon. Parfois elle aimait être une femme anonyme, mais c'était, avec les Championnats incessant et les victoires spectaculaires des Harpies de Holyhead, de moins en moins possible. Les gens se retournaient sur son passage où qu'elle aille et les parents envoyaient leurs chères têtes blondes demander des autographes avec leurs sourires angéliques... Kilian murmura qu'il avait d'autres qualités. Heva tournoya au bout de son bras avant de se glisser contre lui.

« J'espère pour toi... »

Le jeune homme la prit dans ses bras et l'embrassa délicatement dans le cou. Heva frémit au contact de ses lèvres chaudes mais il n'en tint pas compte. « Je sais très bien faire ça par exemple... » Il remonta en glissant sa bouche sur sa peau et l'embrassa plus haut, sous l'oreille. « Ou ça... »

La jeune fille se recula un peu pour plonger son regard argenté dans ses yeux et être sûre de savoir ce qu'il voulait. Kilian glissa sa main dans son dos puis dans ses cheveux, libérant la crinière blonde qu'elle avait attachée avant de venir. Il posa ses lèvres sur les siennes puis recula son visage en souriant.

« Convaincue ? Ou il fait que je m'applique davantage ? »

Heva eut une moue rieuse puis se laissa aller à son tour. Elle passa sa main dans les cheveux brun de Kilian et se jeta sur sa bouche. Elle fendit le barrage de ses lèvres avec sa langue puis joua avec la sienne, et mordilla doucement sa lèvre inférieure tandis que ses mains à lui prenaient possession de ses hanches. La jeune femme plaqua ses mains contre son torse musclé et déboutonna les deux premiers boutons de la chemise d'un geste expert. Elle se détacha de sa bouche et murmura à son oreille.

« Je crois qu'il va falloir faire mieux que ça... »

Lorsqu'il l'embrassa dans le cou, il attendit sa réaction et elle fut encore meilleure que ce qu'il espérait.

Le corps d'Heva répondait délicieusement entre ses mains et ses lèvres avaient un goût sucré enivrant. Cela faisait des siècles qu'il ne s'était pas autorisé une petite aventure.
Cela n'avait que peu d'importance qu'il la connaisse à peine. Elle était belle, désirable, embrassait comme une déesse et semblait dans le même état d'esprit que lui, prête à finir la soirée sur une note des plus agréables.

Elle se mit à déboutonner sa chemise et le taquina en lui susurrant d'une voix provocante qu'il devrait faire mieux.

- Ha vraiment ? Répondit-il, amusé.

Sans prévenir il la souleva dans les airs pour la porter jusqu'au bar où il l'installa, se glissant entre ses jambes pour mieux la dévorer de baisers. Il n'eut aucun mal à faire glisser la fermeture de cette minuscule robe qui ne laissait que peu de place à l'imagination. Bientôt le morceau de tissu se trouvait sur le sol et sa chemise le rejoignait.
Il prit son visage entre ses mains et plongea son regard dans celui de la jeune femme. Il lui sourit, une lueur malicieuse dans le regard et déclara d'une voix chaude:

- Prépare-toi à voir ton monde chamboulé, Rocket !

*****

Allongé en travers du lit, Kilian dessinait des petites arabesques sur la peau nue d'Héva. La nuit avait été agitée. Après avoir baptisé le bar ils avaient rejoint l'appartement de Kilian où ils avaient remis le couvert sur le lit puis dans la douche entre deux baisers et deux éclats de rire. La soirée avait été parfaite.
Leur désir étanché, ils n'avaient dormi qu'une poignée d'heure tout au plus.
Cela faisait déjà un moment que Kilian la regardait dormir en faisant glisser ses doigts sur sa peau délicate. Quand elle ouvrit les yeux il lui sourit :

- Bonjour vous… bien dormi ?

Il replaça une mèche blonde derrière l'oreille de la demoiselle et en profita pour poser lui voler un baiser:

- Petit-déjeuner ? Proposa-t-il en s'étendant.

Il se releva, encore nu, de sorte qu'elle pu admirer son postérieur avant qu'il n'enfile un boxer et disparaisse quelques minutes pour revenir avec un plateau, café, jus d'orange et pancakes:

- Mademoiselle est servie, clama-t-il, gentleman en posant le plateau sur le lit avant de reprendre sa place.

« Ah vraiment ? »

Le barman, ses mains toujours dans les cheveux de la blonde, la regardait avec amusement et convoitise. Celle-ci ne pu s'empêcher de répondre d'une voix pleine de défis.

« Hum oui, je pense ! »

Sans prévenir, Kilian souleva la jeune femme du sol comme si elle n'avait pas peser plus qu'une plume et la posa sur le bar. Il fit glisser, dans son dos, la fermeture de sa robe, et l'envoya valser ailleurs tandis qu'elle s'occupait des derniers boutons de sa chemise. Heva retira d'une torsion de cheville ses escarpins rose fuchsia qui commençaient à lui faire mal aux pieds et répondit avec ardeur aux baisers du jeune homme avant de se laisser aller complètement entre ses bras musclés...


Heva fronça les sourcils en sentant la lumière du jour lui éblouir le visage et frissonna en sentant se balader sur sa peau nue une paire de mains chaudes. Elle ouvrit un œil prudent et rencontra, à quelques centimètres de son visage, le regard amusé de Kilian qui traçait des arabesques le long de ses hanches. Elle essaya de se souvenir de se qui c'était passé la veille et visualisa sans mal une séance de galipettes sur le bar du Grizz'Light, puis dans le lit du jeune homme après qu'ils aient transplané dans son appartement et encore sous la douche. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire fugace lorsque Kilian lui demanda si elle avait bien dormi.

« La soirée me laisse un très bon souvenir, si c'est le sens de ta question... Mais j'ai bien dormi aussi ! »

Le garçon sourit et joua avec une mèche de ses cheveux. Il lui vola un baiser et se leva pour aller chercher le petit-déjeuné, la laissant observer son corps sculpté avec soin avant de sortir de la chambre. Heva ramena les draps sur elle et se retourna sur le dos. Elle était vraiment contente de sa soirée. La vie était bien trop courte pour se faire chier un samedi soir ! La jeune fille appréhendait seulement un peu le moment du départ, même si elle préférait ne pas y penser pour l'instant... Et qu'elle espérait bien profiter de ses dernières heures !

Heva pensa que c'était une chance qu'elle ai un ego assez, comment dire ? Surdimensionné ? Certaines personnes auraient qualifiée ainsi sa façon d'être et de penser, mais la blonde estimait qu'elle s’appréciait à sa juste valeur et que c'était ça qui nourrissait ses principes. Dont le premier et plus important était : Ne jamais tomber amoureuse. C'était bien connu, les filles amoureuses ne s'amusaient pas. Elles perdaient leur confiance et devenaient des cruches pleurant à chaudes larmes toutes seules sur leurs lits. Et Heva était bien décidée à ne jamais devenir une cruche en larme. Ce qui incluait le fait de ne pas rester avec un même garçon trop longtemps. Il ne fallait pas tenter le diable, non plus ! Cela gonflait son orgueil de s'imaginer en sauvage Amazone. Bien qu'elle ai depuis longtemps oublié sa virginité... Elle s'esclaffa sur cette image et regarda Kilian rentré dans la chambre, plateau en main.

« Mademoiselle est servie ! »

Heva l'observa se recoucher près d'elle et poussa un peu le plateau pour venir coller contre lui son corps nu en frissonnant de froid. Elle se plaqua contre son torse chaud et glissa sa jambe entre ses cuisses et demanda, avant de s'emparer à nouveau de ses lèvres.

« Quelle heure il est ? Tu avais quelque chose de prévu aujourd'hui ? »

Citation :

« La soirée me laisse un très bon souvenir, si c'est le sens de ta question... Mais j'ai bien dormi aussi ! »

Il lui retourna un petit sourire satisfait :
- Tu m’en vois ravi… j’ai passé un très bon moment moi aussi.
Il alla lui préparer rapidement un petit-déjeuner et revint s’installer près d’elle.
Il sourit en passant un bras autour de sa taille pour l’attirer vers lui et la réchauffer.

Citation :

« Quelle heure il est ? Tu avais quelque chose de prévu aujourd'hui ? »

Il reprenait le boulot à 18h00 mais d’ici là il pouvait libérer son agenda pour les beaux yeux de la poursuiveuse.

- Il est dix heures… j’ai encore quelques heures de libre devant moi. Pourquoi ? Tu as une idée derrière la tête ? Demanda-t-il malicieusement.

Il aurait bien passé la matinée au lit à continuer l’exploration de son corps mais il n’était pas contre d’autres activités. Ils avaient pris du bon temps et peut-être même qu’ils se reverraient à l’occasion –il ne serait pas contre c’était certain- mais elle n’avait visiblement pas plus de désir de s’engager que lui pour l’instant, ce qui lui convenait parfaitement. Rien ne l’empêchait pourtant de profiter de sa compagnie tout en étant le gentleman qu’il était. Il traitait chaque femme avec respect et dévotion, car même si elles n’étaient que les compagnes d’un soir, il voulait qu’elle garde un souvenir impérissable de leur aventure avec lui. Il aimait être au petit soin, charmant et taquin à la fois, mais il se sentait tout bonnement incapable de vivre une histoire à long terme. Malgré les deux années qui s’étaient écoulées, il pensait toujours à Liliana et il savait qu’il lui faudrait encore du temps avant de pouvoir aimer vraiment à nouveau. En attendant, Héva était une distraction des plus agréables. Jolie, sexy, amusante, elle avait tout pour lui plaire !

- Quand est-ce que les Harpies ont leur prochain match ? Je ne t’ai jamais vu en action, mais je suis sûr que ça vaut le coup d’œil…

« Il est dix heures... J'ai encore quelques heures de libre devant moi. Pourquoi ? Tu as une idée derrière la tête ? »

Heva se colla un peu plus à Kilian en frissonnant. C'était fou quand même, nan ? De mourir de chaud le soir et d'avoir super froid le matin ? Enfin bref... Le jeune homme était sans aucun doute un merveilleux radiateur, et il referma ses bras autour d'elle.
Que faire ? Excellente question. Elle n'en avait fichtrement aucune idée. Elle était bien là, en fait. La blonde attrapa le verre de jus d'orange et le porta à ses lèvres. Elle manqua de s'étouffer à la question du barman.

« Quand est-ce que les Harpies ont leur prochain match ? Je ne t'ai jamais vu en action, mais je suis sur que ça vaut le coup d’œil... »

Heva afficha une moue désapprobatrice forcée. Une chance que c'était lui, avec quelqu'un d'autre, elle aurait très mal prit ce commentaire. La blonde essaya de se souvenir des dates de compétition. Pas question de venir lui faire voir un match amical ! Il fallait du sang ! La Coupe de Quidditch de Grande-Bretagne commençait dans un mois, et elle jouerait contre les Chauves-Souris, si ses informations étaient bonnes.

« Évidemment que je vaut le coup d’œil ! Je suis super forte, j'te signale ! Et notre prochain grand match, c'est fin septembre. Je t'enverrais une place si tu veux. Que tu puisses admirer le prodige que je suis ! »

La jeune femme l'embrassa en souriant et s'enroula dans la couverture. S'ils voulaient faire quelque chose d'autre que de rester collé l'un à l'autre toute la journée, ce qui, soit dis en passant, était une merveilleuse occupation, il allait falloir qu'elle trouve le courage de sortir de ce lit et de se lever. Et de s'habiller aussi. Mais elle n'avait plus de vêtements, faute à la nuit qu'elle venait de passer.

Soupirant à l'avance, Heva déroba un pancake, embrassa Kilian puis se leva, emportant la couverture avec elle et laissant le pauvre garçon tout seul, sur le lit, en caleçon. Elle prit pitié de lui et lui lança les draps au visage en riant, dévoilant son corps entièrement nu.

« Il ne faut pas abuser des bonnes choses, hein ! Je vais chercher des vêtements pour remplacer la robe que tu as fait disparaître hier. Je reviens dans cinq minutes, ok ? Ne fais pas de bêtises... »

Et sur ce, la blonde tourna sur elle même et transplana.

Kilian se mit à rire lorsque la demoiselle prit un air vexé pour lui dire qu'elle était super forte. Elle lui proposa une place et il n'eut pas besoin de se forcer pour acquiescer. Un match de Quidditch serait un excellent divertissement et il n'en avait pas vu depuis des lustres.

- Avec plaisir ! Je viendrai pour mater ton petit cul... même si j'ai déjà vu cette partie de ton anatomie en action ! Plaisanta-t-il avec un clin d’œil.

Malgré la plaisanterie douteuse, il eut droit à un baiser et la jeune femme s'enroula dans la couverture, pensive. Elle sembla finalement décider qu'il était temps de se lever. Elle prit une bouchée de pancake et se leva, abandonnant le barman en boxer sur le lit.

- Hey! Protesta-t-il. Ça caille !

Elle prit pitié de lui et lui renvoya la couette, mais il lui jeta un regard appréciateur, et demanda, amusé :

- Tu veux pas revenir jouer un peu ?

Bon, apparemment non, dommage.
Elle voulait aller récupérer des vêtements et il s'esclaffa quand elle parla de sa robe :

- Tu parles de ce minuscule morceau de tissu que tu portais ? Navré de te décevoir, mais ce n'était pas une robe ! Tu t'es faite avoir !

La jeune femme transplana et Kilian poussa un soupir avant de se laisser retomber sur le lit, les mains derrière la tête. Son sourire disparu et il ferma les yeux avec lassitude. Il détestait ces moments de solitude et d'attente où indubitablement les pires pensées venaient l'assaillir. Il allait devoir trouver quelque chose pour se défouler un peu. Son mode de vie avait beau sembler parfait, il n'était pas satisfait et il ne savait pas comment faire bouger les choses. Il se rendait bien compte que ses derniers contacts avec son paternel l'avaient minés. Caitlin lui manquait, il recommençait à avoir l'impression de croiser Liliana partout -du moins le phénomène s'était amplifié dernièrement, même s'il ne s'était jamais réellement arrêté- et croiser les étudiants soirs après soirs le faisait s'interroger sur son propre avenir. N'aurait-il pas dû être parmi eux plutôt qu'à sa place actuelle ?
Il fallait qu'il sorte d'ici. Il allait aller se vider la tête en ville. Il était trop tôt pour l'alcool de toute façon, il faudrait qu'il trouve un autre moyen de se changer les idées.

Il rouvrit les yeux et s'habilla rapidement. Quand la jeune femme réapparut, il n'était plus d'humeur. Il se leva et vint passer ses bras autour de sa taille avant de déposer un baiser dans son cou:

- Désolé, changement de programme, il faut que j'y aille. Mais on pourra peut-être se revoir si tu passes au Grizz !

Pas de promesses, pas de projets. Il laissait juste une porte ouverte si jamais elle avait envie de repasser un peu de bon temps avec lui, ni plus ni moins.

- Merci de m'avoir tenu chaud cette nuit, ajouta-t-il, charmeur. Si tu veux finir le petit-déjeuner, fais comme chez toi ! Salut ma belle !

Il lui vola un dernier baiser et disparut dans un craquement sonore, espérant simplement qu'il ne l'avait pas vexé. Il faisait son possible, mais parfois, il redevenait le gamin associable qui avait besoin de se retrouver seul, tout en désespérant de l'être. Il était le roi de la complexité...
Bon maintenant il devait trouver un moyen, n'importe quoi, pour faire disparaître la sensation de malaise qui grandissait en lui. Peut-être aurait-il dû tenter une matinée caline après tout... mais c'était trop tard. Il ne pouvait pas toujours oublier ses problèmes dans le bras des filles, si ? Si, probablement, mais il aspirait à autre chose.

Ses pas le menèrent à la bibliothèque sorcier du Chemin de Traverse et il y rendra avec un sourire ironique. Si on lui avait dit quelques années plus tôt qu'il rentrerait dans un lieu de savoir et d'études de son plein gré, il aurait bien rit. Mais les choses avaient changés et à défaut d'être à l'UMA, apprendre deux trois trucs ne lui semblait pas une mauvaise idée. Que ce soit un cocktail ou un nouveau sortilège, peu lui importait, il avait surtout besoin de penser à autre chose. Et s'il décidait finalement de reprendre ses études à la rentrée prochaine, il valait mieux pour lui qu'il n'ait pas perdu le peu d'intelligence qu'il avait hérité de son père. Que tout cela était réjouissant...

Bref, au boulot, Doyle.

Heva atterrit au milieu de sa chambre et regarda d'un air désolée le bordel qui amoncelait un peu partout dans la pièce. La couette était roulée en boule sur le lit et des montagnes de vêtements traînaient dans les coins. Une bouteille de bière vide attendait d'être mise à la poubelle, allongée sur le bureau. La blonde n'avait jamais eu le courage de faire le grand ménage. Elle se contentait de ranger de ci de là lorsque son père la prévenait qu'il allait passer, mais rien de plus. Heva se rendit alors compte qu'elle était nue et que Kilian l'attendait, et chercha dans son placard de quoi s'habiller.

Elle était en train de remonter la fermeture éclair d'un jean déchiré lorsqu'elle s'arrêta. Pourquoi ne pas rester là ? La barman ne savait absolument pas où elle habitait, et cela lui éviterait d'avoir a affronter la séparation qui allait venir. Un instant, elle envisagea de le faire, par pure lâcheté. Puis, par peur se se retrouver seule encore une fois, pour une journée qui s'annonçait longue, elle renonça. La blonde enfila un tee-shirt blanc orné du drapeau du Royaume-Uni et une paire de ballerine en tissus. Et elle transplana.

Heva trouva Kilian debout et habillé. Il semblait moins décontracté que cinq minutes auparavant. Il vint lui passer les bras autour de la taille et l'embrassa dans le cou. La blonde serra les dents en entendant les mots qu'il prononça et eut un sourire triste.

« Je comprend. C'est pas grave... »

Elle faillit ajouter qu'il ne devait pas oublier de venir la voir jouer avec les Harpies puis se ravisa. Pour quoi faire ? C'était la fin, et c'était sans doute bien mieux comme ça. Il allait repartir au Grizz, et elle regagnerait son appartement mal rangé.

« Salut ma belle ! »

Kilian lui adressa un signe de la main et partit dans un craquement sonore. La blonde soupira et ressentit la désagréable impression d'être affreusement seule. Pas forcément là, tout de suite, maintenant. En général.

Elle transplana et décrocha son téléphone pour appeler Gwenog qui décrocha à la première sonnerie.

« Salut Rocket ! Alors ? Cette nuit ? »

Heva eut un rire qui sonnait faux.

« Génial ! »

Son amie n'en demanda pas plus et demanda doucement.

« Tu veux qu'on aille voler ? »

La seule pensée d'être sur son balais détendit Heva qui sourit.

« Je me change et j'arrive ma vieille ! »