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 Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé]
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  • Aïlin Bower
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      Statut sanguin: Sang-Pur. Mère cracmole (tenu secret)
      Baguette magique: Noyer et plume de phénix, 28,72 cm, assez rigide
    Aïlin Bower
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MessageSujet: Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé]   Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé] EmptyLun 10 Sep - 22:40:06

Aïlin se releva en sursaut du canapé où il s'était effondré un peu plus tôt. Un peu plus tôt ? Combien de temps, exactement ? Ses yeux d'un bleu clair bifurquèrent vers l'horloge du salon. Machinalement. Malgré la brume qui assaillait son esprit. Tout était très flou, autour de lui. Que s'était-il passé ? Il se souvenait d'un verre qui se brise, puis le noir total. Black out. Une sueur froide avait dégouliné le long de ses tempes, il se sentait sale, moite. Le souvenir vague et honteux d'une colère sulfureuse lui revint vaguement à l'esprit, comme s'il n'avait s'agit que d'un rêve. Le manque, la chute. La prise, le paradis. Et la rechute. Il s'était évanoui, il ignorait même la raison de ce plongeon soudain dans les abîmes. Son corps n'avait certainement pas résisté au poison qu'il attendait tant. Quelle heure était-il ? Il ne voyait rien, et il lui fallut deux longues minutes pour se redresser et sentir le monde se stabiliser doucement autour de lui. Il soupira, se sentant trembler de tout son corps. Il avait la nausée, et une migraine fracassait son crâne. Il se replia sur lui-même et se crispa sous la douleur, sans retenir le gémissement qui roulait dans sa gorge.
— Aïlin ? Mais enfin, que vous arrive-t-il, mon petit ? s'inquiéta Jenny, sa vieille cuisinière qui osait enfin paraître sur le pas de la porte.
Aïlin ne lui adressa pas un regard et tendit son bras pour la chasser. Il y eut un bruit de verre qui trancha de part en part son crâne, et il grimaça.

— Foutez le camp... eut-il la force de répondre, impulsé par la rage qu'il éprouvait vis-à-vis de lui-même. Non, attendez... Dans mon atelier... Deuxième étagère, sur le premier étage... La fiole violette...
Il n'en fallut guère plus à la vieille sorcière pour comprendre la demande de son maître. Elle s'exécuta malgré son effroi.

Le jeune lord était méconnaissable depuis quelques semaines. L'arrêt plus ou moins brutal de substances l'avait bien plus affecté qu'il ne l'avait prévu. Il ne s'imaginait pas avoir été si accroc, et il se retrouvait seul face à sa douleur, luttant autant qu'il le pouvait et cédant la plupart du temps. Il était encore persuadé, pourtant, qu'il parviendrait à se détacher de son addiction, qu'il oublierait bientôt cette pulsion autodestructrice qui l'avait mené jusqu'à ce jour. La souffrance n'était jamais qu'un passage, vers une autre. N'avait-il pas affronté bien pire ? Non, peut-être pas. Il avait bien échoué à s'affronter lui-même des années auparavant, déjà. Quelque part, Aïlin sentait qu'il s'agissait là de son ultime combat. Du résultat dépendrait de tout ses lendemains.

Une éternité se passa avant que Jenny ne reparaisse avec la fiole qui le sauverait de son horrible état. Elle lui tendit du bout des doigts et disparut sans chercher à en apprendre davantage sur la santé du jeune lord, ce dont Aïlin lui fut reconnaissant. Il arracha le bouchon avec sauvagerie, le jeta à même le sol et avala sans cérémonie la potion âcre que le récipient contenait. Une chaleur intense le traversa tout entier et il grimaça alors que l'âpreté du remède s'étalait sur son palais. Il retomba sur le sofa, sur le dos, et ferma les yeux, attendant le moment salvateur où la migraine s'estomperait, où les derniers relents de drogue se tairaient.

Bower ouvrit les yeux et le monde, enfin, retrouva ses couleurs. Il comprit enfin où il était. Il se leva en douceur et remarqua avec soulagement qu'il ne titubait pas. Son crâne le faisait encore légèrement souffrir, mais c'était bien plus supportable qu'auparavant. D'un geste encore maladroit, il sortit sa montre à gousset de son veston pour vérifier la date, et fronça les sourcils en remarquant qu'il était resté échoué dans le petit salon pendant toute une soirée, une nuit, et encore une matinée. Il aurait dû s'y attendre. C'était la seconde fois qu'il oubliait de prendre sa potion anxiolytique et qu'une telle crise lui prenait ; la première avait été tout aussi dévastatrice. Il avait cru mourir ce jour-là, et n'avait même pas eu la force de se relever de son lit pour prendre sa dose et calmer ses nerfs agités.
L'alchimiste quitta la pièce sans prendre la peine de ramasser les bris de verres éparpillés sur le tapis et se dirigea à la salle de bain, pour prendre une longue douche froide, de laquelle il ne sortit que trois quarts d'heure plus tard. Oublier, il ne restait que ça. Il devait sortir, prendre l'air, profiter que la potion fasse enfin effet pour mimer le train de vie du commun, se faire croire qu'il était encore capable d'exister en tant qu'être humain. Il se sentait déchiré de toute part par cette bataille, il en était déjà las. Et il ne voulait l'aide de personne, pas même de sa sœur, qui s'inquiétait de son visage de plus en plus gris au fil de leurs rencontres.
Il croisa son regard dans la glace et, d'un geste machinal, s'adressa un sortilège pour camoufler ses traits tirés, et les cernes qui alourdissaient ses yeux. Il se vêtit d'un costume de ville sous une cape de sorcier, enfila ses derbys et décida de transplaner, sans même réfléchir au but de son déplacement.

Par réflexe, le jeune homme avait transplané sur le Chemin de Traverse. L'été n'était pas encore là, pourtant, on sentait les vacances approcher doucement. Il y avait plus de monde et les boutiques n'étaient plus aussi désertés qu'un mois auparavant. Des parents faisaient des emplettes, à la recherche de présents pour accueillir leurs têtes blondes au foyer, d'autres profitaient des premiers beaux jours et des derniers de paix, avant le retour de la marmaille. Aïlin eut du mal à s'en sentir heureux, même si l'approche du mois de juin promettait de tendres retrouvailles. Il déambulait au hasard des rues, et ne s'arrêta que dans une ruelle adjacente au Chemin de Traverse, peu après l'imposante banque Gringott's, lorsqu'il se rappela la proximité de sa boutique préférée. Un apothicaire qui ne vendait à priori que des choses très conventionnelles mais dont le gérant cachait dans l'arrière boutique de véritables de trésors, parfois d'une rareté exceptionnelle. Il avait préféré investir le Chemin de Traverse plutôt que l'allée des Embrumes afin d'échapper aux préjugés et aux contrôles plus fréquents qu'opéraient là-bas le Ministère. Ainsi, le client et le propriétaire menaient à bien leurs transactions dans une parfaite tranquillité, aux extrêmes limites de la légalité.
Un mois plus tôt, Aïlin avait rendu visite à Mr Charley qui l'avait contacté après avoir mis la main sur un parchemin très rare traitant d'alchimie. C'était l'occasion de le remercier et de s'enquérir de ses nouveautés.

L'alchimiste entra dans la boutique, pratiquement déserte. Quelques rares personnes flânaient avec hésitation dans les rangs désorganisés d'étagères. La boutique n'était pas très vaste, mais pourtant, il y avait tant de fouillis qu'on avait la sensation de s'y perdre instantanément. Charley se redressa derrière son comptoir en entendant la clochette de la porte tinter, et un sourire illumina son visage affable.

« Ah, Milord ! Un plaisir de vous revoir, je m'inquiétais de ne plus avoir de vos nouvelles ! Comment allez-vous ?
— Bien merci, Charley. Alors, vous avez du nouveau ? »
L'apothicaire adressa un clin d'oeil à Aïlin.
— Laissez-moi quelques instants, j'étais justement en train de terminer la réception d'une livraison. Je n'en ai plus pour très longtemps. Je sens que ça pourrait vous plaire ! »

L'irlandais laissa le propriétaire à son labeur et s'aventura dans les profondeurs de la boutique, essayant de trouver une quelconque curiosité au fond de lui-même. L'anxiolytique agissait tant et si bien que même le plaisir d'une prochaine découverte était neutralisé sous une morne insensibilité.
Un livre épais relié de cuir de dragon l'interpela cependant, après quelques minutes de visite. Il n'était pourvu d'aucune fioriture, si ce n'était un titre gravé à même le cuir, en latin. Aïlin le traduisit instantanément, puis se figea. Savoirs alchimiques oubliés. Tiens donc. Au fin fond de son indifférence, une petite lueur d'intérêt se manifesta. Il tendit le bras, et sa main se posa sur une autre main d'une blancheur immaculée. Une petite main fraîche, qui n'avait de délicat que l'apparence. Il sentait à son contact de la fermenté, une poigne de petite femme de fer, toute prête à s'emparer du précieux ouvrage. Aïlin tourna la tête sans retirer sa main, et ses yeux s'écarquillèrent se stupeur, lorsqu'il reconnu derrière une imposante cicatrice un visage qu'il connaissait très bien.
Par Merlin, comment cela se pouvait-il ? Qu'était-il arrivé à son beau visage d'insupportable vipère ? Il avait finit par la croire morte, après qu'elle ait disparu au crépuscule de la guerre. Même la potion qu'Aïlin avait ingurgité ne pouvait retenir l'élan étrange qui s'empara de son cœur. Il avait l'impression de voir un fantôme, et l'apparence de Mégane Decircée n'aidait pas à se défaire de cette désagréable impression.
Ils avaient d'abord tout le mal du monde à se supporter. L'inaltérable hystérie de Mégane avait mis à rude épreuve le calme teinté de secrets d'Aïlin, mais pendant des mois, tous deux s'étaient prêté main forte dans la rude épreuve de l'apprentissage de l'occlumencie. Ils n'avaient pu y parvenir. Non pas parce que leur binôme était trop mal assorti – quoi que cela les avait entraîné dans bien des difficultés, tant de collaboration que pratiques – mais parce que leur passif commun les avait ralentit. Puis la guerre avait éclaté, emportant avec elle leur projet démesurément ambitieux pour des jeunes gens de cet âge. Ils avaient néanmoins eut le temps d'apprendre à s'apprécier et à s'estimer tels qu'ils étaient, malgré leurs nombreuses différences de caractère. Un lien les unissait, la même passion, les mêmes penchants pour les potions et l'alchimie. Aïlin l'avait aimée, peut-être à la façon d'une sœur, peut-être en remplacement de celle qui lui avait tourné le dos à cette époque. Il ne savait trop, tant leur relation avait été instable, tant leurs sentiments l'un pour l'autres avaient été cachés derrière le rempart imprenable de leur fierté. Mais une chose était certaine, il avait été blessé par sa disparition, il avait souffert à l'idée qu'elle ait pu ne pas réchapper à la bataille finale. Ils avaient partagé quelque chose de profondément intime et important pour eux, et, aujourd'hui, ils se retrouvaient dans une situation presque semblable à leur première rencontre. Le chaos des tables s'envolant en moins. Convoitant un même livre, leurs doigts à tous deux effleurant la couverture et s'effleurant entre eux.
Bien, et on disait quoi, dans ces cas là ? « Dis donc, je ne suis pas très content, tu aurais pu m'écrire pour me prévenir que tu ne t'étais pas faite pulvériser, tout de même ! » « Mais comment est-ce possible ? » « C'est bien toi ? » « On partage ? *musique Kinder Bueno* » « Ce que je suis content de te voir ! » Non, Aïlin n'était pas content. Il était stupéfait, il n'en croyait pas ses yeux, il se demandait ce qui était arrivé au visage et à l'oeil de Mégane, un vide intellectuel l'assaillait, mais il n'était pas content. Un juron en irlandais lui échappa, et il s'entendit répondre avant même d'y avoir pensé :

« N'essaie même pas de te jeter dans mes bras pour me distraire, tu ne l'auras pas. »




J'espère que ça te convient. Si quelque chose ne va pas, mp. Et j'ai un peu craqué sur la fin. Et sur le titre.


Dernière édition par Aïlin Bower le Lun 24 Sep - 15:37:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé]   Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé] EmptyMar 11 Sep - 7:56:51

Les parchemins en boule jonchaient l’intégralité du sol qui, avant l’arrivée de sa locataire, pouvait arborer un parquet des plus ouvragé. Quelques paires de chaussettes plus loin, le bord d’un parchemin encore vivant s’étendait, à la manière d’un tapis rouge, traversant de ce fait toute la petite pièce et s’infiltrant au milieu du petit peuple qui occupait les lieux. Suivre la direction de ce parchemin pouvait donner lieu à une véritable visite guidée.

Et tout de suite, à votre droite, un trognon de pomme, abandonné ici J-3 avant notre ère, authentique. Admirez sa flore naturelle, et sa faune naissante. A votre gauche, un flacon d’essence de Bandimon ainsi que deux Bézoards, issus de la réserve personnelle de notre locataire. Toujours à votre gauche, une impressionnante tour de papier et de cuir, réalisée à base de livres et grimoires en tout genre empilés avec un côté artistique certain. J’attire votre attention maintenant sur l’amas métallique qui se trouve sur votre droite. Oui, ce sont bien des chaudrons, de toutes tailles et de toutes formes, une véritable collection. Si vous observez attentivement cette zone vous pourrez remarquer quelques mues de serpent ainsi que des boites vides de chocogrenouilles. Sur votre droite toujours, une poussière grisâtre. Il s’agit là en effet de cendre de cigarettes moldues, dont vous pourrez apercevoir les brûlures qui marquent certains monuments de notre visite, tels que la couverture de quelques ouvrages, le pied de la chaise ou encore, le sol, tout simplement. Au sommet de cette chaise, et c’est ici que notre visite touchera à son terme, voutée, et affairée à griffonner son parchemin : Mégane. Veuillez évitez les flashs s’il vous plaît. Nous vous remercions d’avoir choisi notre compagnie pour cette visite guidée. Une boutique souvenirs est à votre disposition à l’issue de ce parcours.

Un nuage de fumée grisâtre emplissait l’air dans un périmètre d’environ 2 mètres de diamètre autour de la sorcière. Quelques cendres venaient saupoudrer le papier parcouru à toute vitesse par une plume frénétique, traçant des symboles, des lignes, des courbes, des chiffres, des chiffres et encore des chiffres, barrant furieusement quelques indications ci et là. Mégane lâcha la plume, se gratta le sommet du crâne, puis saisi une canette remplie d’une potion moldue -oui, oui, moldue !- dont les propriétés, à en croire les indications, donnaient des ailes. C’était sucré, pétillants, et ça avait une étrange tendance à garder Mégane éveillée qui avala le breuvage d’un trait, balançant la canette vide au loin, allant rejoindre les 11 autres. Ben oui, y’en a qui se shootent à la cocaïne, je ne citerai pas de nom bien entendu, Mégane, elle, son truc, c’était le Red Bull. Et ça marchait bien, ce truc. Ca marchait si bien qu’elle ne s’était même pas aperçu qu’entre le moment où elle s’était assise à son bureau le soleil se couchait à peine, et celui où elle releva sa plume du parchemin, l’astre du jour brillait depuis quatre bonnes heures.

Un craquement sonore de poignet plus tard, Mégane se redressa sur son siège et contempla la conclusion de ses recherches nocturnes. Son expression traduisait une lassitude profonde, après tout elle s’était attendue à ce résultat.


*Bon ben, voilà, voilà… ça explique les migraines de ces derniers jours, ainsi que la fréquence plus rapide du traitement. Ma potion fonctionne, mais ce palliatif à la mort de mon œil… est en train de me tuer.*

Ecrasant sa cigarette sur un coin de table, la jeune fille fit s’enrouler le parchemin d’un coup de baguette magique puis se dirigea vers un gros chaudron duquel s’échappait des vapeurs blanchâtres que la jeune fille renifla avant de faire une grimace répugnée. Un second remède, pour ralentir les effets nocifs du premier. Les ralentir, mais pas les neutraliser complètement. Il était donc urgent pour elle de partir à la recherche d’une solution alternative. Elle ne pourrait pas mener à bien sa mission si elle perdait l’usage de son œil. Et encore moins si elle mourrait empoisonnée.

Un passage express sous a douche, une contemplation furtive dans le miroir afin de vérifier l’état de sa blessure, et Mégane enfila une robe de sorcière émeraude par-dessus laquelle elle mit une longue cape à capuche noire. Il faisait certes chaud à l’extérieur, mais la capuche avait son utilité.

Elle transplana donc vers le Chemin de Traverse. Son contact, un commerçant de l’Allée des Embrumes qu’elle connaissait bien à force des années de fréquentation de sa boutique, cette même boutique où elle avait rencontré Lucius pour la première fois et où ce dernier avait fait en sorte que la sorcière soit traitée avec respect en ces murs, lui avait confié qu’un collègue à lui avait repris son affaire de façon plus ou moins légale et plus ou moins… officielle. Après la chute du Seigneur des Ténèbres, une grande razzia avait eu lieu dans la plupart des boutiques et nombres de commerces avaient du fermer leurs portes ou se débarrasser de leur marchandise. C’était le cas du fournisseur de Mégane, qui avait cessé toute activité pour le moment.

La devanture du bâtiment ne payait vraiment, mais alors vraiment pas de mine. Un apothicaire, tout minable, sans prétention. Mais lorsque l’on a l’habitude de vagabonder dans les ruelles sombres de l’Allée des Embrumes, on apprend à ne pas attacher trop d’importance aux apparences. Et cette règle s'appliquait aussi au Chemin de Traverse.

Le gérant offrit un sourire poli à la française, qui le salua d’un hochement de la tête.


« Bonjour, Monsieur. On m’a chaudement recommandé votre établissement. Il paraît qu’il est riche en surprises à qui est en mesure d’en déchiffrer les mystères… »

« Haha, j’ignore si mes rayons sont véritablement parcourus de mystères mais il est vrai qu’en fouillant un peu, on peut trouver quelques ingrédients intéressants, tout est là, à l’avant du comptoir, vous pouv… »

« J’ai bien peur de ne pas avoir été suffisamment explicite. On m’avait néanmoins prévenu que vos mystères n’étaient pas accessibles à n’importe qui… »

« … Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.»

Sans perdre un iota de son calme et de sa contenance, Mégane abaissa sa capuche, dévoilant son visage, et sorti de sous sa cape le médaillon gravé d’un L et d’un M qu’elle mis à hauteur du regard du vieil homme.

« Nous avons des amis en commun, si je ne me trompe… »

Le visage du commerçant perdit son expression de fausse incompréhension pour arborer un air entendu.

« Ah, oui, oui. Vous êtes donc cette fameuse petite personne dont m’a parlé ce vieil Harold. Que lui avez-vous fait au juste pour qu’il perde ainsi de ses couleurs lorsqu’il évoque votre existence ? »

« Disons, pour faire simple, que notre ami commun m’a aimablement indiqué sa boutique il y a 7 ans de cela. »

Façon plus ou moins habile de signifier l’étendue de l’expérience alchimique de la jeune demoiselle. En effet Lucius Morden, le Mentor de Mégane, avait eu une petite conversation avec le dénommé Harold, contraint de laisser sa marchandise à disposition de la jeune élève si elle en éprouvait le besoin. Elle avait donc fait ses premiers pas sur le chemin des potions dans l’enceinte d’une boutique de magie noire avancée. Ses compétences étaient loin, très, très loin d’être banales. Aussi Harold avait-il comprit depuis longtemps qu’une sorcière de son âge qui maîtrisait déjà certaines branches de cette magie était appelée à devenir redoutable, autant que son défunt Mentor, si elle venait à se fâcher. Ainsi, le médaillon de Lucius faisait office de véritable laissé passer pour les endroits réservés à une communauté restreinte. Harold se chargeait de donner sa recommandation et la description. Mégane n’avait plus qu’à montrer le fameux médaillon frappé des initiales des Morden. Même mort, Lucius exerçait toujours une influence sur le monde de l’ombre. Et aujourd’hui, sa disciple commençait à exercer la même influence, suivant avec succès les traces de son maître.

« Sept ans, hein… Je vois. »

Le vieil homme lui avait ouvert la porte de l’arrière boutique. D’un nouveau geste de la tête, Mégane remercia brièvement le commerçant et pénétra dans les lieux qui sentaient le renfermé. Une odeur qu’elle appréciait fortement. L’odeur des vieilles choses. L’odeur des trésors cachés. L’odeur de la fouille.

Après quelques minutes de vagabondage silencieux (mais à l’intérieur la sorcière était comme une gamine qui découvre Disney pour la première fois), Mégane aperçu au loin une couverture qui attira son attention. Au-delà du titre, c’était surtout la minuscule gravure qui la captiva et mis en alerte son radar à bonne affaire. Elle avait déjà vu ce dessin dans un de ses grimoires, lors de ses recherches pour trouver un palliatif au mal qui la rongeait. D’un geste serein, elle tendit le bras et posa la main sur le livre. Néanmoins, ce dernier avait une étrange texture. Il semblait, de toute évidence, qu’un membre venait de lui pousser. Un membre mou, chaud bande de pervers et plein de doigts.

Mégane observa l’objet de cette étrange sensation et aperçue qu’au bout de la main se trouvait un bras, et au bout de ce bras, une personne. Une personne qu’elle ignora dans un premier temps, préoccupée à affirmer sa prise sur le précieux ouvrage. De toute sa petite force, elle serra les doigts autour de la tranche du grimoire qui ne bougea pas d’un millimètre pour autant.

Sans trop savoir pourquoi, cette scène fit naître un sentiment de déjà vécu chez la sorcière qui tourna un regard furieux vers son concurrent, une réplique cinglante au bord des lèvres, toute prête à être balancée en rafale à l’attention de sa victime.

Réplique qui fit un demi-tour parfaitement maîtrisé pour remonter brusquement dans la gorge de la jeune fille qui faillit s’étouffer avec. Aïlin. Le petit frère Bower. Sans lâcher le livre, la française eut un mouvement de recul. Deux ans. Deux ans qu’elle ne l’avait pas vu. Une étrange sensation se fit sentir dans ses entrailles, quelque chose qui fit des bonds dans son ventre et qui se rapprochait d’un sentiment de joie. Sensation qu’elle n’avait plus ressentie depuis bien des années maintenant. C’était hélas le prix à payer lorsque l’on faisait partie d’une génération marquée par la guerre.

Les yeux écarquillés, elle détailla le garçon quelques instants. Il avait grandit. Et il ne semblait pas en grande forme. Avec l’âge, un air de famille plus prononcé l’unissait avec son défunt frère, Ultan, avec qui Mégane avait flirté lors de ses années à Poudlard. Ultan, qui n’avait pas survécu, lui non plus, à la grande bataille.

Un élan de culpabilité l’envahit. Elle avait fuit l’Angleterre dès son réveil, à l’aube du lendemain de la bataille, sans rien dire à personne. A aucun instant elle n’avait songé à donner le moindre signe de vie, ni à prendre des nouvelles de ses quelques amis. Sans doute craignait-elle d’apprendre qu’ils avaient succombé et avait-elle préféré rester dans l’ignorance pour se focaliser sur son but principal : venger Lucius.

Un visage d’ange. Derrière la fatigue et les traits tirés par les difficultés de la vie, Aïlin arborait le même visage d’ange que dans les souvenirs de la sorcière. Un petit aigle qu’elle avait eu à plusieurs reprises l’envie furieuse d’étrangler, un garnement qui n’avait pas sa langue dans sa poche, exaspérant, naïf, mou, ronchon, mauvais caractère et si peu reconnaissant ! Un petit aigle pour qui elle avait développé en catimini une grande affection, habilement camouflée derrière la fierté démesurée de la vert et argent, faisant ainsi honneur à sa maison. Un petit aigle qui, maintenant qu’elle l’avait en face d’elle, lui avait sacrément manqué.

Et elle aussi, assurément, avait du lui manquer énormément. Il n’allait d’ailleurs pas tarder à se jeter à ses pieds en hurlant son prénom, les larmes aux yeux, soulagé d’apprendre qu’une sorcière telle qu’elle ait survécu, même si c’était une évidence, Mégane rime avec gagne, enfin pas tout à fait mais comme ça ne rime pas avec « perdre » on va faire comme si. Elle éprouva un élan d’affection pour le petit aigle qui brûlait d’admiration pour elle et qui devait être trop ému pour s’exprimer, mais bientôt il lui déverserait un flot de « Mégane, quel soulagement ! » « Ho, l’humanité est sauvée, tu es là ! » « Tu m’as tellement manqué, j’ai tellement attendu tes lettres que le banc de la poste a prit la forme de mes fesses tatouées comme celles de mon frère »


« N’essaie même pas de te jeter dans mes bras pour me distraire, tu ne l’auras pas. »

Le sourcil droit de Mégane tressaillit. P’tit con. A quoi donc pensait-il ? Mégane, la grande, l’unique, la prestigieuse, s’abaisser à une telle faiblesse d’esprit ? Il s’était passé quoi pendant ses deux ans d’exil, le Père Noël avait fait son coming out ou quoi ? Comme si, comme si elle, si fière, allait tenter une telle chose. Absurde. Non, l’idée ne lui avait même pas effleuré l’esprit, c’était évident. D’ailleurs le petit mouvement en avant n’était qu’un leurre. Oui, oui. C’est donc d’une voix brusque qu’elle répondit au tac au tac :

« Tu veux pas que j’te fasse la danse de la pluie non plus ? »

Elle plongea ses grands yeux dans ceux d’Aïlin pendant qu’un silence gêné s’installait.
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé]   Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé] EmptyJeu 13 Sep - 0:21:08

Mégane. Plus de doute, Aïlin ne rêvait pas, au vu de la répartie abrupte qu'elle lui adressa. Il n'en croyait pas ses sens, tant l'ancienne Serpentard sortait pour lui d'outre-tombe. Il l'avait cru morte, il n'avait pas imaginé qu'elle puisse le laisser sans la moindre nouvelle alors qu'elle avait été l'une de ses rares amies. Oui, il devait bien se l'avouer, elle avait compté à ses yeux, et la vive affection pour elle, dont il avait fait son deuil, s'éveilla au son de sa voix, entraînant sur son sillon une colère insensée, qui ébranla la barrière que formait l'anxiolytique sur son esprit. Figé, il la regarda des pieds à la tête, sans se rendre compte que sa main retenait maintenant fermement celle de la jeune femme. C'était complètement fou, elle ne pouvait pas être là. C'était trop grotesque. Et pourtant, si. Ses sens ne pouvaient pas le tromper à ce point, et il se savait certain d'être bien éveillé. La douleur poignante qui cherchait à briser les effets de la potion était trop réelle.
Elle lui aurait vraiment tout fait. Elle était l'une des rares à réussir à l'exaspérer assez pour le faire sortir hors de ses gonds, l'une des seules qui arrivait à effriter sa carapace d'indifférence pour lui faire éprouver quelques manifestations de colère ou d'humanité non feintes. Mégane et Clarisse étaient bien les seules à y parvenir.
Aïlin chercha au fond de lui une parole à lui adresser, une réaction à avoir, mais rien ne venait. Et, comme dans une mauvaise pièce de théâtre, ce fut l'instant que choisit l'apothicaire pour surgir de derrière les étagères.


« Alors, je peux faire quelque chose p...our... vous... ? J'arrive au mauvais moment, non ? »

Le gérant de la boutique se hissa à plusieurs reprise sur la pointe des pieds et se tapota les mains, avec un air à la fois gêné et détaché. C'était le genre d'homme à se fiche de tout, et surtout des états d'âme de ses clients, aussi appréciés étaient-ils. Aïlin lâcha lentement la main de Mégane et se détourna d'elle, pour focaliser son attention sur le sorcier.

« Pourrions-nous emprunter un instant votre salon, Charley ?
— Bien sûr ! Bien sûr, suivez-moi je vous prie. »

D'un regard, Aïlin invita Mégane à le suivre, et tous trois s'engagèrent dans l'arrière boutique. Charley referma la porte derrière eux et les conduisit dans le petit salon coquet où, généralement, se passait les plus importantes commissions. Ils leur fit signe de s'installer, appela son elfe pour qu'il leur serve une boisson, et s'éclipsa aussi vite qu'il le put, apparemment peu désireux de rester dans leurs pieds malgré son manque total d’impressionnabilité. Il avait encore assez de psychologie pour savoir quand l'heure était à la discrétion, par chance. Aïlin n'aurait pas davantage supporté sa présence.
Le jeune lord resta debout ; il était trop secoué pour s'assoir. Il regarda le petit elfe fripé déposer un lourd plateau sur la table et le renvoya sèchement lorsque celui-ci lui demanda s'ils désiraient autre chose.


« Je ne sais pas ce qui me met le plus en colère. De t'avoir cru morte ou de savoir que je comptais finalement si peu pour toi que tu n'as même pas daigné me donner signe de vie. »

Constata froidement Aïlin en affrontant finalement l'oppressant regard de son interlocutrice. Oh, il avait bien envie de la prendre dans ses bras plutôt que de lui adresser une réplique aussi désagréable, mais il était bien trop piqué dans son orgueil pour commettre une telle chose. Surtout pas avec elle. Ah ! Mais que lui avait-il pris d'apprécier une telle personne ? Une personne qui n'avait même jamais eu la délicatesse de se rendre compte qu'elle soupirait sans vergogne pour l'admirable somptuosité d'un frère qu'Aïlin détestait, et ne considérait ni plus ni moins que comme une immonde brute sans esprit. Une personne qui le battait à plate couture en matière d'égoïsme.
Et par Merlin, qu'était-il arrivé à son visage ? Dans quels ennuis s'était-elle fourrée pour être ainsi défigurée ? C'était manifestement la marque d'un sortilège, et de quelque chose de sérieux. Quelque chose d'assez puissant pour modifier la couleur d'un œil et former une telle brûlure n'avait rien d'anodin. Souffrait-elle ?
Lorsqu'il se rendit compte qu'il se demandait déjà si ses talents pouvaient y faire quelque chose, Aïlin s'agaça de plus belle contre lui-même. Il se laissa tomber dans un des clubs qui ornaient le salon et soupira, pour poser un nouveau regard rancunier sur son ancienne amie.
Il ne lui manquait vraiment plus que ça, une amie qui réapparaissait après, combien de temps, déjà, à s'être laissée croire morte ? Deux ans. Deux longues années, ou il avait éprouvé avec douleur la perte des rares qui avaient compté, ainsi qu'à prendre conscience de sa propre solitude. Il avait retrouvé Narcissa, complètement ébranlée, perdue, qu'il avait recueillie un temps au manoir, puis Clarisse et, à présent, c'était au tour de Mégane de reparaître dans sa vie sans qu'il ne lui ai rien demandé. Même si son cœur préférait cette souffrance qu'à la savoir définitivement six pieds sous-terre, il ne pouvait s'empêcher de considérer cette étrange fatalité comme parfaitement injuste et cruelle.


« Je n'arrive pas à y croire... Ne me dis pas que tu es restée tout ce temps à Londres. »

Murmura-t-il avec, cette fois, plus de résignation que de sècheresse.
L'alchimiste remarqua alors que l'elfe avait eu le bon sens de leur apporter un verre de whisky, habitué qu'il l'était à servir de bons alcools aux prestigieux clients qui s'aventuraient dans cette pièce. Aïlin se pencha sur la table basse et attrapa sèchement son verre, qu'il but d'une traite pour se remettre de ses émotions.
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MessageSujet: Re: Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé]   Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé] EmptySam 15 Sep - 0:20:53

Badum, badum, badum, badum! Les bruits de tambours raisonnaient dans la cage thoracique de Mégane, son petit cœur prit de frénésie cognait furieusement contre sa poitrine glacée. D’un geste automatique, elle replaça ses cheveux de façon à camoufler plus ou moins la brulure qui lui prenait le quart du visage, avant de, et ce n’était pas son habitude, observer le bout de ses chaussures, fuyant le regard inquisiteur de son ami.

Son ami. Ce mot n’était pas familier, chez Mégane. S’attacher, éprouver des sentiments, tout cela représentait un handicape certain pour mener à bien une mission telle que la sienne. Une mission périlleuse qui plus est. Aïlin, dans les souvenirs de la française, était un jeune garçon naïf, un petit aigle bien inoffensif. Mégane avait trempé dans des histoires louches quelques années auparavant, n’en avait pas tout à fait émergé et comptait bien y plonger plus profondément encore, la tête la première. Par choix. Parce qu’elle avait choisi la vengeance. Ne pas donner de signe de vie, premier réflexe logique lorsque l’on souhaite protéger quelqu’un qui nous est proche. Aux yeux de Mégane, Aïlin était resté un jeune sorcier sans défense, un garçon sans histoire qui se contenterait comme ses compères Serdaigle à garder le nez dans les bouquins. Le mêler de près ou de loin à l’univers sombre auquel elle appartenait apparaissait à ses yeux comme jeter Aïlin dans la fausse aux serpents. Aïlin est pur et innocent. Oui Madame. Ce n’est pas comme s’il négociait avec la Mafia ou ce genre de chose bien entendu niarkhéhé. Trop fragile. Sans s’en apercevoir, elle avait agit exactement comme Lucius envers elle. Disparaître.

Mais ça n’était pas la seule raison. Seulement celle-ci, Mégane était bien trop fière pour se l’admettre. Néanmoins, si elle envisageait un jour d’entreprendre une introspection, et qu’elle se montrait un minimum honnête avec elle-même, alors peut-être s‘apercevrait-elle que son long silence, cette longue séparation, c’était aussi pour se protéger, elle. L’attachement mène à la souffrance la souffrance mène au côté obscur. Lucius avait laissé une plaie béante, dont l’hémorragie ne connaissait aucun répit. Prendre le risque de perdre quelqu’un d’autre l’effrayait juste au plus haut point. Et, quoi de plus logique de se préserver de cette crainte en rayant de sa vie ces mêmes êtres chers ? La solitude. Voilà ce qui, à ses yeux, la sauverait d’un nouveau deuil.

Sauf qu’au fond d’elle, une petite partie de son subconscient avait fermé quelques vannes de prudence. Aussi n’avait-elle pas travaillé correctement sa stratégie puisque l’individu qui tentait de lui piquer son livre n’était autre qu’Aïlin, en chaire et en os. Et toujours à l’affut de lui voler ses affaires. C’était décidément une habitude chez ce garçon.

Ce dernier avait saisi la main de Mégane et s’entretenait à présent avec le gérant, lui demandant s’ils pouvaient emprunter le salon. Qu’il est mignon. Tant de naïveté chez ce petit aigle, le commerçant ne laissait entrer qu’un certain nombre très restreints de privilégiés, elle-même avait dû dévoiler son lien avec le clan Morden… Brave garçon, c’était peine per…


— Bien sûr ! Bien sûr, suivez-moi je vous prie.

…due. Ou pas.

Les yeux de Mégane s’arrondirent comme des sous-coupes, Owl Style powa ! Nom d’un gnome unijambiste, comment diantre était-il devenu si proche avec le gérant ? Et réflexion faite, de quelle illustre manière avait-il eu accès à cette arrière boutique… ?

La petite main de la sorcière serra fermement celle du jeune-homme pendant qu’elle le dévisageait. Elle aurait une petite discussion avec ce dernier. Monsieur Bower, dans quel coup foireux avez-vous mit les pieds ?

Aïlin entraîna la française avec lui. La partie automatique du cerveau de Mégane qui gérait son esprit pratique et matérialiste fit se mouvoir de façon indépendante sa main libre pour se saisir subrepticement du livre tant convoité et le ranger bien à l’abri sous sa cape, ni vue ni connue siflote.

Arrivée dans le salon, Mégane fut une nouvelle fois surprise du ton qu’employait son ami avec l’elfe qui leur apportait des rafraichissements. Une allure aussi ferme et désinvolte, voilà qui ne ressemblait pas au Bleu et Bronze de ses souvenirs. Il avait donc tant changé, en deux ans…

Trop. Trop de bouleversements rapprochés. Il fallait faire quelque chose, et vite, sinon la malheureuse allait entrer en son sempiternel mode « bug ». Aussi, à peine Aïlin avait-il ouvert la bouche que Mégane s’était ruée sur le verre de whisky, l’avait saisi à deux toutes petites mains, lui donnant des airs de petite fille avec un bol de lait (à 75° ceci dit) et l’avait vidé d’un trait. Il lui fallait au moins ça pour digérer les derniers évènements. Et il lui faudrait sans doute encore quelques bouteilles pour faire passer ceux à venir…


« Je ne sais pas ce qui me met le plus en colère. De t'avoir cru morte ou de savoir que je comptais finalement si peu pour toi que tu n'as même pas daigné me donner signe de vie. »

CLAC ! La sorcière reposa brusquement le verre sur la table, prit une grande inspiration et fusilla Aïlin du regard.

« Quand on ne sait pas de quoi on parle Bower, mieux vaut s’abstenir d’user de la parole. »

*Que tu comptais si peu pour moi hein… abrutis, c’est précisément tout le contraire.*

« Je n’ai pas eu l’impression que tu aies manifesté la moindre inquiétude ni tentative de savoir ce que j’étais devenu, donc les leçons de morale je pense que tu peux t’en abstenir et ainsi cesser de te plaindre. »


Encore plus pâle qu’à l’accoutumée, Mégane entreprit d’un geste absent de porter à nouveau son verre aux lèvres, mais s'aperçu bien vite qu’il était désespérément vide. Sans perdre une once de sa contenance, la demoiselle croisa les jambes et sorti d’un geste princier une cigarette qu’elle mit à sa bouche. Elle sorti sa baguette mais, fronçant les sourcils, opta pour un claquement de doigts travaillé afin d’allumer le tabac, trop paresseuse finalement pour se la jouer avec élégance.

La remarque d’Aïlin l’avait blessé. Durant ces deux années, Mégane n’avait plus été que l’ombre d’elle-même. Enfermée dans ses plans de vengeance, rien d’autre n’avait nourrit ses ambitions. C’était elles qui l’obligeaient à se lever le matin. C’était elles qui la convainquaient de s’alimenter pour ne pas dépérir. Sans ça, effectivement, Aïlin aurait pu continuer à la croire morte.

La seconde remarque d’Aïlin remua les entrailles de la sorcière. Elle souffla furieusement sa fumée par les narines, lui donnant des airs de dragon. Bon sang, s’il n’était pas si précieux à ses yeux elle lui en aurait collé une. De quel droit osait-il créer en elle un tel sentiment de culpabilité ? Ce n’était pas une émotion propre à la jeune femme, si peu préoccupée par le ressenti des autres. Ces sentiments, en temps habituel, ne faisaient que l’encombrer. Et pourtant elle ne parvenait pas à se résoudre à abandonner Aïlin comme ça, à se contenter de l’envoyer paitre et à ignorer le ton certes sec et résigné du jeune-homme qui, elle le avait, traduisait juste qu’il avait souffert de son absence. A contrecœur, elle s’en voulu un instant (mais pas trop longtemps, n’abusons rien) de s’être montrée agressive avec lui. D’une voix plus mesurée que précédemment, elle céda quelque peu et prit la décision, sans trop avoir pourquoi, de lui dire la vérité.


« Non, bien sure que non. J’ai été transportée d’urgence à Sainte Mangouste, cette nuit là… et dès le lendemain, je me suis échappée. Je suis retournée chez moi, en France. Et là bas, j’avais des choses à faire, des choses dans lesquelles tu n’as absolument pas à tremper et dont tu devrais rester à l’écart et… Nom d’un botruc ventriloque, qu’est-ce que tu fiches ici ? »

Et voilà ce qui arrive lorsque Mégane s’autorise à entre-ouvrir les vannes de sa réserve : elle se senti pousser des ailes de grande sœur moraliste, une âme de maman chat qui défend furieusement son petit, bien qu’Aïlin et elle avaient le même âge. Mais il était resté à ses yeux le même petit aigle passablement sexy néanmoins, ce qui ne tarderait pas à faire naître chez Mégane des tendances incestueuses.Elle se leva, et fit les cent pas dans la pièce tout en s’exprimant à une telle vitesse qu’elle ne fit plus attention à tenter (vainement) d’atténuer son accent français, bien que le sorcier fut sans doute habitué à déchiffrer son dialecte, depuis le temps.

« Non mais franchement, c’est… c’est pas un endroit convenable ici, dans quels ennuis tu t’es fourré ? Je m’absente deux petites années et voilà que je te retrouve à flirter avec des univers pas nets, et essaye pas de nier hein ! Je sais exactement quel genre d’endroit c’est, ici ! Et je sais aussi quel genre de lecture on y trouve. D’ailleurs, qu’est-ce que tu lui voulais à ce livre ? L’Alchimie oubliée, non mais où tu vas Bower ?!»

Sans interrompre son espèce de danse autour du tipis, elle vérifia une seconde fois si son verre était toujours vide.

« ELFE ! Whisky !
Et puis, tu t’es regardé ? Tu manges au moins ? C’est habile de ta part d’avoir camouflé tes cernes avec un sortilège mais tu as une FILLE devant toi et nous autres sommes livrées avec un véritable radar à cosmétique, en passant t’as un peu forcé on dirait du botox. ELFE !»


Aoutch. Quand Mégane commençait à parler moldu, c’est qu’on atteignait un stade critique.

« C’pas bien, c’pas bien du tout. Tu mériterais que j’te colle un AVIS dans le fion (I love you) tu te sentirais pousser des ailes et ça te remettrait peut-être le idées en place. ELFEUH !!»

La petite créature toute fripée débarqua, fuyant le regard courroucé de Mégane, déposa la bouteille en catimini et s’empressa de disparaître furtivement.

La jeune femme se servit un verre, et le vida à nouveau d’une traite.


« Depuis quand tu bois de l’alcool toi ?! » ajouta-t-elle, toujours aussi brusque, à l'adresse d'Aïlin.

Puis, reposant son verre d’un geste tremblant, elle se posta face à Aïlin, plongeant son regard dans les yeux de son interlocuteur. L’air toujours aussi furieux, c’est néanmoins d’une voix cassée par l’inquiétude qui perça enfin la carapace de Mégane qu’elle ajouta :


« T’as des ennuis ? Quelqu’un te menace ? »
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MessageSujet: Re: Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé]   Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé] EmptySam 15 Sep - 16:28:34

La fureur et le mépris. Classique, fatalement classique. Un rictus de colère froide passa sur le visage d'Aïlin à la répartie que lui retourna Mégane. Elle le prenait toujours autant pour une petite chose fragile et innocente, qui ne savait absolument pas de quoi il parlait, ni dans quoi il s'aventurait. Comme elle se trompait à son sujet !
La suite, en revanche, fit accélérer les battements de son cœur. Lui, ne pas s'être inquiété ? Il avait cherché avec angoisse dans les corps celui de Mégane, déjà ébranlé par le cadavre déjà jaune et froid d'Ultan. Lui, ne pas avoir eu peur pour elle ? Lorsqu'il avait appris qu'elle se trouvait bien à Sainte Mangouste, il avait voulu se rendre à son chevet, mais elle avait purement et simplement disparue, sans laisser la moindre trace, sans aucun indice quant au lieu où elle aurait pu se réfugier. Il avait finit par croire qu'elle était tout simplement morte, car, nul part où il avait cherché, il n'avait retrouvé sa trace. Il s'était dit que les médecins le lui avait caché, peu désireux de dire quoi que ce soit d'une patiente avec laquelle Aïlin n'avait aucun lien de parenté. Où aurait-il pu chercher ? Oh, il aurait pu engager quelqu'un, mais ceux qu'il avait consulté lui avaient demandé des sommes exorbitantes sans garantie de la retrouver. On lui avait clairement fait comprendre qu'il y avait toutes les chances qu'elle soit morte, ou demeure insaisissable.


« Tu n'as aucune idée de cela. Je crois que tu ne te représentes même pas ce que ça a été pour moi de chercher avec la peur au ventre ton cadavre après avoir dû identifier celui d'Ultan. Garde tes répliques cinglantes pour un autre. »

Rétorqua-t-il dans un souffle, comme si l'oxygène venait à lui manquer.
Malgré sa colère, Aïlin parvint à recouvrer son sang-froid, assez pour s'inquiéter de ce que la jeune femme avait fait pendant tout ce temps. Cela sembla apaiser légèrement l'ambiance. Assez, tout du moins, pour que son amie lui réponde par autre chose que des répliques cinglantes. Mais bien sûr, comme toujours avec elle, elle finit vite par s'enquérir de ce qu'il faisait là, exigeant qu'il se justifie comme un enfant pris en faute. Pour peu, le jeune lord aurait levé les yeux au ciel. Par Merlin, n'avait-elle pas remarqué, depuis tout ce temps, qu'il n'était absolument pas aussi pur et innocent qu'elle se l'était imaginé ? Qu'il n'avait rien de l'ange auquel elle semblait croire ?
Tandis que Mégane fumait sa cigarette, une envie terrible de s'injecter dans les narines une dose de cocaïne effleura l'esprit du jeune homme. Il toucha machinalement la poche de sa veste, avant de se rappeler que celle-ci était vide. Nouveau tic, alors que sa main allait s'accrocher fermement à l'accoudoir du fauteuil. Il alla pour répondre, mais l'ancienne Serpentard ne lui en laissa pas le temps. Elle le coupa net tandis qu'il ouvrait la bouche, continuant sa leçon de morale, et, pire encore, en s'adressant à lui avec une vulgarité à laquelle Aïlin n'avait plus été confronté depuis longtemps. Il la regarda avec des yeux ronds. Ce n'était pas croyable, ça. Allait-elle un jour faire preuve d'un peu de tenue ? Avait-elle la moindre idée de ce qu'il était devenu ? ...Non, elle n'en avait aucune. Las, il détourna le regard sans prendre la peine de cacher son exaspération.


« Mégane... tu ne sais définitivement rien de moi... »


Soupira-t-il en attrapant la bouteille de whisky que la jeune femme reposait avec toute la douceur qui la caractérisait. Il s'en servit une dose impressionnante, pour compenser le manque d'autres substances qui rejaillissaient maintenant que les effets de la potion avaient été bel et bien détruit par le choc de leur conversation. Il bu d'une traite, puis se resservit, prenant malgré sa colère la peine d'en faire de même pour le verre de Mégane.

« Non, Meg'. Je n'ai aucun ennui, contrairement à toi, manifestement. Je ne sais pas dans quoi tu t'enfonces, mais tu ferais bien de me le dire. Ne me prend pas pour la créature innocente à laquelle tu as toujours voulu croire. Sous tes airs, tu sais ce que tu es ? Une idéaliste, qui s'est complètement trompée à mon sujet car je ne me comporte pas en grosse brute sans cœur comme l'a toujours fait ton cher Ultan. Tout n'est pas blanc ou noir. »

Il se pencha vers elle, sa main tremblant sur son verre de whisky, ses yeux fixés dans les siens, plein de rancoeur. Le fait qu'elle n'ait jamais voulu voir ce qu'il était l'insupportait, le blessait au plus haut point. D'un geste souple, il sortit sa baguette magique et informula un sortilège d'insonorisation sur le salon.

« Oublie tout ce que tu sais de moi, car tout ceci est faux. Tu veux savoir pourquoi j'en viens à cacher mes cernes sous des sortilèges ? Bien. Je me drogue, et ce depuis l'avènement des Carrow au château. Tu ne l'as jamais vu, ou tu n'as pas voulu le voir, mais c'était moi qui fournissais en drogues la milice pourpre. J'en ai profité, et je me suis laissé tomber dedans quand je me suis retrouvé... juste... tout seul... sans plus personne, sans toi, sans Narcissa. Toute ma famille morte. Et tu veux aussi que je te dise ? C'est moi qui ai tué mon père. Tu veux encore en savoir plus ? Pas plus tard qu'en mars, j'ai attrapé et torturé un pédophile qui s'en était pris à ma sœur. »

C'était méchant, irresponsable, voir même complètement suicidaire, mais déblatérer tout ça lui fit un bien fou. Il la regarda avec défi, avala une longue rasade de whisky, avant de se lever pour faire les cent pas.

« Je suis alchimiste. Tu aurais dû t'en douter, puisque ce domaine me fascine depuis des années. Je travaille pour certaines personnes, et je suis actuellement en train de faire des recherches pour trouver une méthode efficace d'extraire l'élixir de la shungite. Puisque tu as l'air aussi versée que moi dans ce domaine, tu n'es pas sans savoir que cet élixir rare annihile des maléfices dont aucun autre remède ne vient à bout. »

Lâcha-t-il avec des sommets de sècheresse, bien qu'il ne le désirait pas. L'alcool, manifestement, échauffait ses émotions.

« Je peux t'aider, Mégane. Alors raconte-moi vraiment. Dis-moi ce qui t'es arrivé. Tout ce que je peux faire pour toi, je le ferai. »

Jamais il n'avait parlé de ses recherches à qui que ce soit. Pas même à Clarisse. C'était un secret qu'il n'avait pas le droit de révéler par crainte de la concurrence. Mais quelle concurrence, après tout ? Personne ne les entendait, et malgré toutes les méchancetés qu'il se laissait à penser sur Mégane par colère, il lui faisait confiance les yeux fermés. D'ailleurs, elle pourrait l'aider, car il ne doutait pas une seconde qu'elle serait plus que ravie de trouver un remède au mal qui rongeait son œil et toute une partie de son visage. De son côté, s'il devait travailler en des temps records pour la sauver des possibles souffrances qu'elle éprouvait, il le ferait. Il travaillerait nuit et jour, sans relâche. Il le savait au plus profond de lui. Lorsque la conviction qui l'aiderait quoi qu'il lui en coute se fit claire dans son esprit, il retourna s'assoir, légèrement apaisé. Elle lui avait terriblement manqué. Elle, et sa capacité à le mettre hors-de-lui.
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MessageSujet: Re: Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé]   Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé] EmptyDim 16 Sep - 0:33:07

[HRP : je me suis dit que, vue les circonstances, l’humour attendrait un peu, ça aurait fait tâche étant donné les graves révélations que nos deux protégés sont en train de se faire.]

De la fureur, oui, sans le moindre doute. Le mépris quant à lui était, au-delà de toute apparence, loin, bien loin de ce petit salon. Mégane exprimait juste, de façon fort maladroite j’en conviens, son inquiétude. Il est une chose qu’il vous faut bien comprendre. Lorsque l’on passe la totalité de sa scolarité derrière le blason Vert et Argent, il n’est pas bon de s’ouvrir de trop. On évoque aisément le penchant discriminateur des Serpentard envers les autres maisons. Mais l’on oublie bien souvent de préciser que ces dernières ne se comportaient pas mieux envers les représentants de Salazar. C’était, pour ainsi dire et sans mauvais jeu de mot, le serpent qui se mordait la queue. Les uns s’attaquaient aux autres, les autres répliquaient en s’attaquant aux uns, et ainsi de suite. Tous, sans exception, souffraient de la réputation des autres. Le Choixpeau Magique n’ayant pas envoyé Mégane à Serpentard pour ses jolis yeux, elle avait hérité en toute logique des traits de caractère associés à cette maison. Rusée, ambitieuse, et aussi et surtout affublée d’une fierté naturellement féroce. Et c’était cette fierté, cette unique fierté qui différenciait tant les Vert et Argent des autres maisons face à la querelle des couleurs. Tant-dis que les autres prenaient plaisir à se plaindre de la discrimination dont ils étaient victimes, les Serpentard eux préféraient se retrancher et taire tout sentiment, toute indignation, exprimant leur frustration uniquement par le biais de l’ironie et de l’espièglerie. Admettre que l’on était touché d’une quelconque manière que ce soit était juste impensable. C’était tout bonnement incompatible avec leur personnalité aussi étrange puisse-t-elle paraître. Et la triste expérience de la guerre n’avait pas arrangé le cas de la jeune fille, qui avait bien du mal à gérer ses émotions dès lors que celles-ci dérogeaient de son habituelle morosité et soif de vengeance.

Mais la soif n’était pas que vengeresse, à en juger par la facilité avec laquelle Mégane engloutit son troisième verre de whisky, tant-dis qu’elle se remettait doucement de son petit débordement. Mégane s’était tellement renfermée sur elle-même, avait tellement exclu toute autre chose que sa mission de sa vie, qu’elle était tout bonnement déboussolée et en pleine panique intérieur. Dans ses souvenirs, Aïlin était jeune. Certes il était déjà préoccupé par des histoires peu agréables, mais elle l’avait toujours considéré comme quelqu’un de droit. Du moins, c’est ce qu’elle avait souhaité. Espoirs qui furent balayé brutalement par le discours que lui servit son ami.

La sensation de chute libre qui prit possession de ses sens n’avait rien à voir avec l’ivresse débutante du whisky. Au fur et à mesure que la sorcière assimilait les paroles d’Aïlin, ses jambes, ses bras, tout son petit corps se mit à trembler. Elle porta une main faiblarde à sa tête, tant dis qu’elle commençait dangereusement à tanguer sur elle-même. Manquant de perdre l’équilibre, elle prit appuis comme elle le pouvait sur le rebord de la table.

Aïlin pouvait certes être froissé par le comportement moraliste de Mégane, néanmoins il y était allé un peu fort avec elle. Cela faisait bien longtemps maintenant qu’elle n’avait pas eu un tel instant de faiblesse. La cigarette de la jeune fille tomba au sol, tant dis qu’elle répondit d’une voix glaciale :


« Non, tu as raison. Je ne sais rien de toi. En effet, je t’imaginais différent d’Ultan. J’avais tout faux. »

Elle savait que ces mots blesseraient son ami. Ils les blesseraient tout autant qu’Aïlin venait de la blesser. Ce dernier avait sans doute besoin d’un électrochoc.

« Toi qui passais ton temps à renier ton appartenance avec son sang, voilà que tu suis la même route que lui. Certes, tu n’es plus un enfant. Pardonne-moi d’avoir eu de meilleurs espoirs pour toi, d’avoir eu la naïveté de… »

Sa voix se brisa. Elle sentit les picotements significatifs au niveau de ses yeux. Son œil gauche, sur lequel elle n’exerçait hélas plus aucun contrôle, s’autorisa une larme qu’elle essuya rageusement tant-dis qu’elle détournait le regard. En dehors de la Grande bataille, jamais elle ne s’était abandonnée à laisser ainsi transparaître autant ses émotions face à quelqu’un. Les effets de l’alcool y étaient sans doute pour quelque chose, affaiblissant petit à petit son blindage habituel. Aïlin avait visé pile là où ça faisait mal. Et Mégane était trop fragilisée par les deux dernières années écoulées pour résister plus longtemps. D’un ton doux, dans lequel une touche de désespoir perçait, elle reprit :

« Tu n’y es pas du tout. Tu comptes pour moi, espèce d’abrutis. Qu’est-ce qui t’a poussé à suivre cette route ? Bon sang, mais même si tu avais des ennuis, pourquoi, pourquoi tu fais tout ça ? Et surtout, pourquoi ne m’en as-tu jamais parlé avant ? Je baigne dans ce milieu depuis toujours, j’aurais pu faire quelque chose pour t’aider, au lieu de foncer, toi, tête baissée et… et te salir les mains. Les miennes étaient déjà sales, pourquoi tu ne m’as pas demandé de le faire ? Tu vas me parler d’honneur, mais Aïlin, bordel, y’a aucun honneur à plonger là dedans. Le mien a disparu depuis bien longtemps, pourquoi tu ne me l’as pas demandé ? Tu aurais pu éviter d’entrer dans ce cercle vicieux. »

D’un geste nerveux, elle se massa la tempe. Une migraine pointait. Automatiquement, elle fouilla d’un air absent autour de son cou et saisit une petite fiole remplie d’un liquide jaune : la potion qui permettait de ralentir les effets néfastes de celle là même qui lui permettait de garder son œil en vie, et qui l’empoisonnait. Elle but le liquide acide, et poursuivit :

« J’ai échoué. Voilà ce qui m’est arrivé. »

Elle serra le médaillon frappé des initiales de Lucius Morden dans sa petite main tremblante. Jamais encore elle n’avait parlé de ça à quiconque. Pas même à ses formateurs qui, pourtant, avaient bien deviné qu’une motivation autre que l’ambition de devenir plus forte animait la jeune sorcière lors de ce service presque militaire.

« J’ai essayé de ramener Lucius. La seule figure familiale que j’avais. Mais j’ai échoué. D’abord l’Occlumencie, qui ne m’a pas permis de me rapprocher comme je le souhaitais des Mangemorts. Oh, bien entendu, je me suis entretenue avec certains d’entre eux. Sans jamais savoir avec qui, précisément. Mai je n’ai pas été assez rapide. Je suis arrivée trop tard, je n’ai pas eu le temps de m’infiltrer autant que je l’aurais souhaité. Ils avaient déjà donné l’assaut sur Poudlard.

J’ai défendu l’école. Furieusement. Je ne pouvais les laisser gagner du terrain, eux qui m’avaient séparée de l’être le plus cher à mes yeux. Mais j’ai aussi attaqué des membres de l’Ordre. Car parmi les Mangemorts qui participaient à la bataille, il y avait Lucius. Et au-delà de tout, mon but était de le ramener, de le sortir de là, car au fond de lui il ne voulait plus être comme ça. Seulement quand tu mets les pieds là dedans, tu ne peux pas en sortir. Tu comprends mieux pourquoi je suis si fâchée que tu aies suivi cette route, Aïlin ?

Je l’ai aperçu, mais une fois encore, trop tard. Il y avait des morts, partout. Ca sentait la chaire brûlée. On entendait les cris d’agonies d’une dizaine de personnes, hommes, femmes, enfants. Du sang, des membres coupés, des trippes. Il y a eu une explosion, qui m’a fait perdre de vue celui que je venais chercher. Et quelqu’un, je ne sais pas qui, m’a retenu, m’a empêché de courir en sa direction. J’ignore ensuite si le sortilège qui m’a frappé a été lancé par un membre de l’Ordre que j’avais attaqué ou par un Mangemort qui avait vu clair dans mon jeu, mais déstabilisée par l’explosion je n’ai pas pu l’éviter et… »


Elle toucha du doigt l’imposante cicatrice qui lui prenait un quart du visage.

« Je me suis réveillée à Sainte Mangouste. Ils n’avaient trouvé aucune solution pour arrêter les effets du sortilège et entreprenaient une ablation. C’était hors de question. Alors je me suis échappée. C’est là que j’ai appris que Lucius était mort. J’étais définitivement arrivée trop tard. C’est là que je me suis juré de le venger.
Qu’allais-je apprendre de plus ? Que toi aussi, tu t’étais fait tuer ? Et dans le meilleur des cas, si ceux avec qui je m’étais entretenu et avait vu clair dans mon jeu étaient encore en vie et en liberté, j’allais courir le risque de te rendre vulnérable à eux ? Non, je n’avais ni la force de voir ton cadavre, ni l’envie de te mettre en danger. Disparaître, c’est tout ce qui me restait. Alors je suis partie en France. Si tu flirtes avec des milieux obscurs, alors tu as sans doute du entendre parler des Simulacres. C’est une confrérie française élitique et très fermée, dans laquelle on suit une formation visant à faire de nous des mercenaires, ou des assassins, une discipline bien à part, à la limite de la maltraitance, qui nage dans le secret et la discrétion. Je suis restée chez eux ces deux années. Et maintenant que le rite a été effectué, je réintègre en couverture l’UMA, pendant que je cherche avidement qui a assassiné Lucius. Je vais le traquer, le trouver, et le tuer. Qu’il soit Mangemort, Auror ou membre de l’Ordre, je n’en ai que faire. Je veux aussi retrouver tous les Mangemorts rescapés, car ils sont tous autant qu’ils sont, responsables de la mort de Lucius. Quant à mon œil, j’ai réussi à synthétiser un remède provisoire qui lui permet de rester en vie, malgré qu’il souffre d’une apparence morbide. Seulement ce remède a des effets secondaires. J’ai trouvé un palliatif mais, il ne fait que repousser l’échéance. Si je ne trouve pas très vite une solution, je vais mourir. »


Mégane reprit son souffle. Jamais, de souvenir de sorcier, elle n’avait autant parlé, et ce aussi ouvertement.

« Une mort prochaine, et un massacre. Voilà ce qui m’attend, et voilà ce que tu trouveras si tu restes dans mes parages. T’en as vraiment envie, Bower ? »
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MessageSujet: Re: Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé]   Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé] EmptyDim 16 Sep - 16:18:06

Aïlin était un jeune homme ambivalent. Il aurait tout donné pour ses proches, sans rien attendre en retour. Se salir les mains, pour sauver une proche amie, une sœur, une amante des dangers et des souffrances qui l'entourait ne lui faisait pas peur. Il se fichait de lui-même, capable de foncer comme un véritable bélier en mettant son intégrité en danger, si quelqu'un s'avisait de toucher un cheveu d'une personne qu'il aimait. Il avait protégé pendant longtemps sa sœur cadette et cette attitude protectrice, ce fond de grand frère dévoué avait laissé sa trace dans son caractère.
Mais à côté de cela, l'ancien Serdaigle était capable de blesser une personne, aussi chère lui était-elle, et en éprouver à la fois douleur et plaisir. Il était presque fier de voir Mégane flancher, parce qu'enfin, il avait sous les yeux le reflet de sa propre douleur. Tu m'as blessé, je te blesse. Il ne se rendait pas compte que la jeune femme qu'il avait devant les yeux avait désiré voir le meilleur aspect de lui-même et faire fi des côtés les plus sombres, les plus glauques de sa personnalité. Elle l'avait aimé pour ce qu'il avait de bon, et malgré toute son intelligence, il était incapable de se rendre compte qu'elle l'avait seulement mal exprimé, qu'elle n'avait pas désiré le rabaisser comme l'avaient fait Torin et Ultan pendant toute son enfance et son adolescence. Il en était venu à voir sa gentillesse, ses élans du coeur, comme des marques de faiblesse. À force, cela était entré en lui, s'était gravé au fer rouge sur son âme. « Regarde-moi, Mégane ! Je ne suis pas faible, bien au contraire. Je suis capable du pire, moi aussi, puisque c'est ainsi que cela fonctionne, c'est ainsi que l'on devient crédible. Tu as mal, Mégane ? Mais n'est-ce pas tout ce que tout le monde a toujours souhaité de moi ? Oui, je suis mauvais, et j'en éprouve une satisfaction morbide. » Et la drogue attisait les pires facettes de son caractère, la drogue le rendait plus vindicatif, méfiant et rancunier. Bien qu'il n'en prenait plus, ou pour être tout à fait exact, qu'il en prenait moins, elle avait elle aussi laissé son empreinte, avait altéré sa représentation du monde, au point qu'il en éprouvât une terrible colère contre tout ce qui l'entourait. Le monde et ses désillusions, la vanité qui régissait l'existence, tout lui devenait parfaitement insupportable. Il avait cru qu'en se vengeant sur le dernier sorcier vivant qui avait été l'un des acteurs de la déchéance de sa famille, ces sentiments s'apaiseraient. Mais il n'en était rien, et il ne s'en sentait que plus amer, plus malheureux. Parfois, il avait seulement envie de voir le monde imploser, que tout disparaisse dans des torrents de lave. Il avait mal, et rien n'apaisait sa douleur.

Alors, quand Mégane lui fit comprendre toute sa déception, lorsqu'elle lui renvoya aigrement la monnaie de sa pièce, un morne sourire parut sur son visage. Ses yeux étincelaient, mais ce n'était pas de la douleur de son amie qu'il se réjouissait, c'était bien de la sienne.


« On ne va pas contre son propre sang. C'est un combat dont on ressort perdant. »

Rétorqua-t-il avec un calme qui détonnait complètement avec ses élans d'un peu plus tôt. Il ne sentit pas le regret pointer derrière l'aigreur qui l'animait, lorsqu'une larme coula sur la joue de Mégane. Il l'avait perdu, et pendant tout ce temps où elle n'avait plus été là, Aïlin avait changé, avait empiré, s'était étoffé, blindé. Il mettait un point d'honneur à détruire les dernières fausses images que Mégane se faisait de lui, et qui le retenait dans le passé, à cette époque où il n'était encore qu'un aimable Serdaigle torturé, pour mieux reconstruire l'amour qu'il avait pour elle. Et tant pis si cela leur faisait mal à tous deux. Tant pis, car cela était nécessaire. Il ne supportait plus cette image trop naïve que l'on s'était faite de lui, il ne le supportait plus, car il pensait qu'alors, on ignorait tout le mal qui pourrissait en lui, qu'on se refusait à voir toute la douleur qu'il retenait, cette envie pure et simple de disparaître dès lors qu'il cessait de planer, ou que son esprit n'était plus occupé par les calculs complexes d'alchimie. Il n'était, au fond, encore qu'un enfant qui voulait crier à la face des autres son propre désarroi.

Il ignorait même ce qu'il attendait de Mégane. Quelle réaction il voulait lui voir, quels mots pourrait calmer ses troubles. Se croyant faire montre de ses forces, il ne faisait que prouver l'extrême fragilité dans laquelle il se trouvait en ce moment. Les mots qu'elle lui lança eurent certainement l'effet auquel elle s'attendait. Doucement, la dureté et l'aigreur qui crispait son visage s'évapora, et, pendant un instant, son regard s'agrandit, signe qu'il rendait les armes. Bower se rendit doucement compte que ce dont il était persuadé reposait sur leur incapacité commune à se parler, à accepter la tendresse qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. Là où il avait vu chez Mégane une faculté à voir seulement ce qu'elle voulait voir venait en fait, au moins en partie, de son propre fait. Il s'était persuadé qu'il en était ainsi pour ne pas avoir à se révéler lui-même. Peut-être, finalement, l'aurait-elle écouté et compris s'il lui avait révélé ce qu'il cachait depuis toutes ces années. S'il lui avait laissé la moindre chance de se révéler, elle aussi. Mais Aïlin avait pris pour habitude de ne pas se confier, d'encaisser en silence, et d'agir dans l'ombre. Il n'aurait pas pu faire tout cela, à cette époque. Il était inutile d'y revenir, de vouloir refaire ce qui avait déjà été fait, mais pourtant, il savait qu'il lui devait une réponse. Il bu le reste de son whisky pour trouver le courage de parler.

« Je ne pouvais pas... Tu n'imagines pas ce qu'était la vie au manoir. Rien de ce qui s'y passait n'en sortait, et c'est dans le respect de cette règle que j'ai agis. Et ne crois pas que je n'étais pas voué à me salir les mains, comme tu le dis. Je ne pouvais pas être épargné, je l'ai toujours su. »

Répliqua-t-il sans plus cacher sa désolation. Il se tut alors qu'elle avalait une mixture qu'elle gardait en fiole autour de son cou, sans la quitter du regard, pour l'inciter à parler à son tour. Alors, Mégane se livra à son tour. Comme il l'avait fait avec elle, elle mit sur le tapis tous ses secrets.
Aïlin en resta scotché. Et lorsque le mot fatidique tomba entre eux, ce fut à son tour d'éprouver une sensation de chute, la promesse que d'un instant à l'autre, il risquait de s'effondrer. Aïlin resta muet de longues secondes, incapable d'accepter la gravité du maléfice qui défigurait Mégane. Il venait tout juste de la retrouver, et celle-ci lui apprenait qu'une mort prochaine l'attendait. Cela était tout bonnement hors-de-question.
Faisant fis de l'ivresse qui, sournoisement alliée à son trouble, commençait à engourdir ses membres, il se servit un énième verre, le bu, et se leva. À présent, le jeune homme ne regardait plus son interlocutrice. Il se contentait de fixer un point imaginaire devant lui, les sourcils froncés, le regard obscur.


« Je ne peux pas t'empêcher de le faire, je suis bien placé pour le savoir. Cependant, tu te rendras vite compte que la vengeance est vaine, lorsque tu l'auras accomplie. Cela n'apaisera ni ta colère, ni ta douleur. Tu peux me croire. Oh, j'aimerais te le souhaiter, te dire que tu as certainement une chance d'embrasser la lumière avant de mourir, parce que tu auras vengé celui qui t'était si cher, mais ce serait être hypocrite envers toi. Tu te retrouveras juste complètement seule, et vide. Tout ce que tu embrasseras en laissant exploser la haine que tu éprouves, ce sera le néant. »

Murmura l'irlandais avec douceur. Il baissa lentement les yeux dans ceux de Mégane, et eut un petit sourire désabusé.

« Autant que tu sois prévenue, non ? »

Sur ces mots, Aïlin s'approcha de la jeune femme et se pencha sur elle, pour glisser une main sous son menton. Il lui tourna légèrement la tête, de sorte à voir la cicatrice qui rongeait son profil.

« Sais-tu quel est ce sortilège ? Je n'ai jamais rien vu de tel, mais je ne te laisserai pas mourir. Je refuse que tu réapparaisse dans ma vie pour mieux mourir sous mes yeux. Et si seul je ne trouve pas de solution pour guérir ton mal, je connais d'autres personnes. Une experte en potions, qui n'hésitera pas, si je le lui demande, à user de ses talents pour te guérir. Les médicomages sont forts efficaces pour bien des choses, mais toi et moi savons que leur code déontologique les empêchent de remplir leurs fonctions jusqu'au bout. Sainte Mangouste n'accepterait jamais qu'on use de potions composées d'ingrédients illicites, mais les véritables sorciers de talents, eux, savent que la magie noire peut sauver une vie là où la blanche ne ferait qu'accélérer la dégénérescence jusqu'à la mort. »

Le regard de l'irlandais bifurqua de la cicatrice aux yeux de Mégane, mais il ne la lâcha pas pour autant. Sa main restait inclinée sous son menton et son pouce effleura tendrement la peau fraîche de la vipère.

« Si je ne te suivrai pas dans tes projets de massacre, je mettrai tout en œuvre pour te sauver. »

Lui promit-il pour la seconde fois, avec dans les yeux une lueur qui semblait clairement dire : « et ne t'avises pas de m'en empêcher ».
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MessageSujet: Re: Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé]   Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé] EmptyJeu 20 Sep - 0:54:17

« Je ne peux pas t'empêcher de le faire, je suis bien placé pour le savoir. Cependant, tu te rendras vite compte que la vengeance est vaine, lorsque tu l'auras accomplie. Cela n'apaisera ni ta colère, ni ta douleur. Tu peux me croire. Oh, j'aimerais te le souhaiter, te dire que tu as certainement une chance d'embrasser la lumière avant de mourir, parce que tu auras vengé celui qui t'était si cher, mais ce serait être hypocrite envers toi. Tu te retrouveras juste complètement seule, et vide. Tout ce que tu embrasseras en laissant exploser la haine que tu éprouves, ce sera le néant. »

Au fond d’elle, Mégane savait qu’il avait raison. Elle était d’ailleurs fortement peinée de sentir cette pointe de vécu qui perçait dans le discours de son ami. Peinée, et même un peu fâchée. Il avait eu l’avenir devant lui. Il avait eu une chance de suivre le droit chemin, enfin Mégane l’avait cru tout du moins. Il avait sacrifié cette chance. La moindre des choses aurait été qu’il en soit récompensé un minimum. Au lieu de ça, ça n’avait fait que l’enfoncer.

Mais, comme toute personne en pleine crise émotionnelle, Mégane restait persuadée que cette règle ne s’appliquerait pas à elle. C’est un peu comme suite à une rupture. Tout le monde nous dit « ça passera, tu trouveras quelqu’un d’autre » mais non, non, c’était lui et uniquement lui, jamais plus on ne pourra aimer quelqu’un ainsi, jamais on ne l’oubliera, « mais si, je me disais la même chose moi aussi et finalement c’est passé ». Oui, c’est valable pour les autres, mais pas pour sois. Jamais pour sois. C’est une loi à laquelle personne n’échappe, et Mégane s’y pliait merveilleusement bien.


« C’est sans doute parce que tu n’es pas aussi sombre que tu penses et prétends l’être. Il te reste une part d’innocence, et c’est une bonne chose. Moi c’est… différent. »

Un dialogue d’handicapés des sentiments. Voilà ce à quoi on pouvait assister dans ce petit salon confiné de l’arrière boutique. Deux jeunes gens, qui s’opposaient mutuellement pour une seule raison, qui au final les réunissait : l’incapacité chronique et la plus totale à s’exprimer. Ou tout du moins, à s’ouvrir l’un à l’autre étant donné les véritables joutes verbales qu’ils avaient plaisir à s’échanger et qui, pour le coup, n’étaient absolument pas significatives d’une incapacité quelconque à s’exprimer : ça ils le faisaient remarquablement bien. Pour parler familièrement, on pourrait employer le terme « amour vache ». Si une cinquième maison à Poudlard avait été créée afin de réunir toutes les bêtes à cornes, sans aucun doute ces deux là s‘y seraient retrouvés.

Ils auraient pu partager dès le début leurs projets respectifs, s’informer au fur et à mesure de l’avancement de ceux-ci, se donner un coup de main pourquoi pas, s’écrire durant ces deux dernières années ou au pire des cas, avancer une explication immédiate agrémentée d’excuses ici et là, mais non. Non, on s’insulte, on se bouscule, on se provoque, et c’est uniquement après avoir avalé quelques verres d’alcool qu’on commence enfin à percer l’abcès dans les larmes et le mélodramatique. Bref : nos deux sorciers n’étaient pas sortis de l’auberge. On pourrait croire aussi qu’à force de se côtoyer et qu’en prenant en considération leur propre façon de faire, ils arriveraient à décoder chacun le comportement de l’autre, mais même pas. Non, obtus jusqu’au bout, ils continueraient à se rentrer dans le lard. Parce que. D’abord.

Mais peut-être pas ce jour là. Car cette fois-ci, un élément de taille était venu à leur rescousse : le salvateur whisky. Aussi, après avoir bu à grandes gorgées le énième verre servi par Aïlin, Mégane se sentait étrangement emprise à une légèreté qui ne lui était pas familière. Pour peu que le sujet de la conversation eût été positif, elle se serait même sentie particulièrement joyeuse. Et après avoir vidé son sac d’un coup, la demoiselle était à présent détendue.

Une détente qui ne dura néanmoins pas longtemps. En effet, la jeune fille eut un petit sursaut de surprise lorsque son compagnon s’approcha soudainement d’elle, et frissonna lorsque ce dernier lui saisit le menton. Aussi loin qu’elle s’en souvienne, jamais elle n’avait eu autant de proximité avec quelqu’un, en dehors bien entendu des quelques privilégiés qu’elle avait tabassé.

Ses joues de porcelaine se teintèrent de rose lorsque ses yeux croisèrent le regard d’Aïlin. Il était si proche qu’elle pouvait sentir son souffle lui chatouiller le visage. Elle fixa un long moment le jeune homme avant de répondre d’une voix bien moins assurée qu’à l’accoutumée :


« Un éclair blanc. D’après mes recherches, mais je ne peux pas le confirmer pour l’instant bien que les statistiques approchent les 99%, il s’agirait d’un maléfice de nécrose, habituellement fatal. Il a du ricocher ou celui qui l’a lancé n’a pas dû y mettre toute la puissance de sa haine car, par chance, il ne s’est pas répandu à la vitesse généralement associée à ce type de maléfice. Un sort perdu, comme tant d’autres. Magie noire. J’en conclus donc que c’est là le travail d’un Mangemort, ou d’un stupide sorcier qui aurait voulu jouer avec des sorts dépassant ses capacités pour se donner contenance, va savoir… »

A présent qu’ils étaient si proches, Mégane se demanda comment elle n’avait pas remarqué plus tôt à quel point il avait grandit. Ses traits avaient gagnés en maturité, son regard était franc, assuré. Et malgré les signes d’épuisement qui marquaient son expression, il n’en demeurait pas moins séduisant. Terriblement séduisant même.

Mégane toussa nerveusement, troublée par cette révélation. Où était donc passé le petit gamin au visage si juvénile de ses souvenirs ? Elle avait quitté un enfant, et elle retrouvait à présent un homme.

Une nervosité accentuée par le regard que lui lança Aïlin. Aha ! voilà néanmoins quelque chose qui n’avait pas changé chez lui. Son entêtement.


« Voilà un regard que je connais bien, Bower. T’es indécrottable quand tu t’y mets ! Et j’ai un souvenir assez clair de la dernière fois où j’ai tenté d’aller contre ce regard. Alors, j’accepte ton aide à une condition. Bah oui mon grand, tu te doutes bien, depuis le temps, qu’avec moi c’est donnant-donnant. Y’a des limites à ma magnanimité… »

Ce fut à son tour de poser des doigts glacés sur la peau d’Aïlin, effleurant les cernes du jeune homme. Elle s’approcha encore de quelques centimètres afin de plonger entièrement son regard dans celui de son ami.

« Je veillerai, et de très, très près, à ce que tu cesses de prendre cette drogue qui te pourrit de l’intérieur. Je t’accompagnerai, et te soutiendrai. S’il faut que je te mette mon pied aux fesses, je le ferai. S’il faut que je t’enferme et que je t’attache, je le ferai aussi, et tu le sais. Et si ça ne marche pas et que je dois en arriver à m’empoisonner davantage en en prenant aussi afin de te faire culpabiliser… je le ferai. »

Et si dans les yeux d’Aïlin on avait pu lire « ne t’avises pas de m’en empêcher », dans ceux de Mégane était clairement inscrit « et tu sais que j’en suis parfaitement capable… ».

Sur ces mots, elle se laissa tomber dans le fond de sa chaise et se servit un nouveau verre de whisky -il lui fallait bien ça pour digérer les évènements récents- qu’elle bu cul sec. Mais ce fut sans doute le cul sec de trop.

Mégane avait bien des ressources cachées, voir insoupçonnées, mais celle la ne figurait pas parmi les capacités de la sorcière : elle ne tenait absolument pas l’alcool. Ce fut comme si les effets de la boisson avaient bu à leur tour Mégane cul sec. Une Mégane dont les joues étaient de plus en plus roses et viraient au rouge. Une Mégane qui se sentait flotter dans ce fauteuil si moelleux. Une Mégane qui offrit à Aïlin son plus magnifique sourire béat… niarkhéhé

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MessageSujet: Re: Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé]   Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé] EmptyJeu 20 Sep - 17:35:03

« Mais moi... c'est différent. »
Bien sûr, on croyait toujours que chez soit, ce serait différent. On était persuadé que l'on ne fonctionnait pas de la même façon que son prochain, que l'on était un individu singulier qui n'agissait pas selon des principes propres à l'humain, que rien d'autre que soi et son caractère gouvernaient ses émotions. Il n'en était rien, en réalité. Aïlin aussi avait cru que, pour lui, cela serait différent. Il n'ajouta rien cependant. Il savait que c'était vain.
Mégane se pensait certainement plus sombre que l'était Aïlin. Elle se l'était toujours imaginé innocent, et quoi qu'il dise, cette envie de le voir ainsi subsistait. Pourtant, Mégane n'avait rien d'une tueuse aguerrie. La preuve en était : elle se croyait toujours capable de ressentir du soulagement dans la vengeance. Si cela n'était pas une preuve qu'il demeurait aussi en elle une part d'innocence, Aïlin n'était plus un Bower. Jamais Mégane ne l'admettrait, cependant, et le jeune lord ne voulait pas s'engager sur ce terrain glissant, qui découlerait certainement sur une nouvelle confrontation. Il était trop épuisé pour tenir tête à Décircée, d'autant plus qu'il savait que cela aurait été inutile.

Non, mieux valait oublier pour l'instant les joutes ainsi que les « moi j'ai raison » et profiter du calme qui succédait à l'orage de leurs émotions. Aïlin parviendrait bien, avec un peu de chance, à la convaincre du bien fondé de ses propos avec le temps, mais pour le moment, tout ce qui l'intéressait était de trouver un moyen efficace de soigner Mégane.
Comme tout homme qui se respecte, Aïlin fut parfaitement inconscient du trouble qu'il suscita en Mégane alors qu'il se penchait au-dessus d'elle et approchait son visage de celui de la jeune femme. Il ne remarqua pas ce petit sursaut, et ne vit pas cette lueur étrange s'immiscer dans ses yeux, ni encore le fard qui montait à ses joues. Il observait uniquement la cicatrice qui abimait sa peau, la détaillait, concentré, énumérant dans son esprit tous les maléfices qu'il connaissait pour en trouver un capable d'engendrer une telle marque. Quant à l'hésitation dans sa voix, Aïlin l'imputa à une gêne d'une toute autre nature. Parler du maléfice devait être pénible à Mégane, et il s'imaginait que c'était le complexe que cela suscitait en elle qui donnait ces trémolos si étonnants – oui, quand on la connaissait comme Aïlin la connaissait, c'était tout de même étonnant – à sa voix.
Ce n'était pas qu'Aïlin était un imbécile, ou qu'il était aveugle. Il voyait clair dans les yeux d'une éventuelle conquête, la plupart du temps. Il y avait des attitudes, des troubles, des regards qui ne trompaient pas et Aïlin était un garçon observateur. Il savait déchiffrer les appels que les corps se lançaient. Mais pas avec Mégane. Si un petit farfadet s'était posé sur son épaule pour lui dire que si Mégane rougissait, c'était parce que le charisme qui se dégageait aujourd'hui de lui ne l'avait pas laissée indifférente, il aurait tout bonnement éclaté de rire. Cela ne lui avait jamais paru envisageable, et il aurait certainement fallut qu'on le lui mette sous le nez, avec preuves à l'appui, pour qu'il songe à prendre une telle hypothèse au sérieux.

Quelques années auparavant, Aïlin aurait peut-être recherché avec plus d'attention ce genre d'indices sur le visage de Mégane. Sûrement même l'avait-il fait, sans vraiment y croire, tant leur caractères s'opposaient, tant ils avaient passé le plus clair de leur temps à se chamailler comme des gamins. Pourtant, après le meurtre de son père, après qu'Aïlin ait rejeté Clarisse et que les deux apprentis occlumens s'étaient mis à passer presque l'intégralité de leurs soirées à travailler sur un même domaine, une même passion, le jeune homme avait parfois éprouvé l'impulsion subite et étonnante de l'embrasser. Ils avaient le même amour pour les magies rares ou marginales, et le Serdaigle l'avait toujours trouvée brillante et envoûtante lorsqu'elle osait une hypothèse ou s'essayait à un exercice souvent peu orthodoxe, mais ô combien efficace et astucieux. Elle avait cette sorte de vivacité, d'énergie qu'Aïlin, plus mesuré et cérébral, ne possédait pas. Et pour être tout à fait simple, on ne pouvait pas demander à un garçon de quinze ans, aussi avancé était-il pour son âge, de ne pas céder à ce genre de sentiment quand le jeune homme en question passait des heures durant à faire ce qu'il aimait avec une fille de son âge (et je parle toujours de l'occlumencie, bande de sauvages). D'ailleurs, s'ils avaient été assez matures à l'époque pour s'en rendre compte, ils auraient compris que leur façon de réfléchir et de travailler étaient complémentaires. Là où Aïlin apportait de la mesure et de la minutie, Mégane ajoutait sa spontanéité et son originalité.

L'adolescence et ses émois passés, Aïlin avait bon espoir d'obtenir de meilleurs résultats en travaillant à un remède avec Decircée qu'à l'époque où ils ne savaient pas faire autre chose que de faire montre de susceptibilité dès que l'autre trouvait une solution à un problème où le premier avait échoué.
L'adolescence et ses émois passés, il ne pensa pas une seconde à mal lorsque la jeune femme se rapprocha tout près de lui et caressa sa joue. Son cœur amoureux d'une autre ne le lui permettait pas. En revanche, la promesse que lui fit Mégane le réchauffa plus qu'il ne l'aurait imaginé. Clarisse lui avait promis son soutien, mais il ne voulait pas lui infliger ça. La seule idée qu'elle le voit dans des états lamentables lui était exécrable. Il ne pouvait pas, après tous les malheurs qu'il lui avait déjà fait, lui imposer son sevrage et les conséquences de celui-ci. Il le savait maintenant : lorsqu'il arrêterait définitivement, il deviendrait exécrable. Les nuits promettaient d'être longues et les jours pénibles.
Un sourire amusé s'était glissé sur ses lèvres lorsque Mégane l'avait qualifié « d'indécrottable » et, à présent, c'était un rire qu'il dût étouffer lorsqu'il vit clairement la menace étinceler dans les yeux de la vipère. Il ne doutait pas une seconde de la détermination de l'ancienne Serpentard, ni de sa capacité à gérer une telle situation. Elle était certainement l'amie idéale dans ce genre d'épreuve.


« Oh, je te crois sur parole... »

Commenta-t-il, rieur, alors qu'elle se laissait tomber en arrière et emportait avec elle la bouteille de whisky. Aïlin y jeta un coup d'oeil et remarqua que celle-ci avait déjà sévèrement diminué. Ils avaient bu pour se protéger, ce bien plus que de raison. D'ailleurs, cet ersatz de protection avait été tout bonnement inutile, ils ne s'étaient jamais plus exposés qu'aujourd'hui.
Aïlin eut bien vite la confirmation de leur abus quand Mégane acheva son verre. Ses joues piquèrent un tel fard que l'évolution de sa teinte était discernable à l'oeil nu, parcelle de peau par parcelle de peau. Ç'aurait été très drôle à voir s'ils n'étaient pas en train de se vider une bouteille de whisky aux frais de la princesse au beau milieu du salon privé d'un apothicaire qui était l'un des fournisseurs les plus importants de l'alchimiste. Il ne put s'empêcher de sourire plus largement, cependant, quand Mégane lui adressa un sourire qui sentait à plein nez le choc éthylique. Il était temps d'arrêter les frais. Aïlin attrapa les mains de Mégane et la tira vers lui pour la remettre sur ses jambes.


« Allez viens, tu restes au manoir ce soir. Et laisse cette bouteille avant que Charley n'exige une cargaison pleine en réparation. »

Déclara-t-il sur un ton qui interdisait toute négociation. Lui même ne se sentait plus vraiment frais, s'il l'avait déjà été aujourd'hui. Entre la potion, la rechute de la veille et les verres qu'il venait d'enchaîner le ventre vide, il sentait l'engourdissement caractéristique de l'ivresse l'assaillir au moindre geste. Tiens, d'ailleurs... Depuis combien de temps n'avait-il pas mangé ? Et Mégane ? Qu'elle ait faim ou pas, il était grand temps qu'ils dînent.
La main dans celle de Mégane, Aïlin se dirigea vers la sortie du salon, mais il se ravisa avant de passer la porte. Il se tourna vers la jeune femme, sourcils froncés, et baissa les yeux sur sa cape.


« J'espère que tu ne comptes pas partir sans le payer, tout de même ? Ne me dis pas que tu ne l'as pas sur toi, je suis sûr que tu l'as. »
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MessageSujet: Re: Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé]   Ma Vipère bien aimée [Meg' - Terminé] EmptyDim 23 Sep - 0:11:01

Etait-ce la proximité nouvelle entre Aïlin et Mégane, ou bien les effets du whisky ou encore juste la météo qui donnaient ainsi cette impression à la sorcière qu’il faisait ma fois bien chaud soudainement dans ce petit salon confiné ? Mégane n’aurait su le dire, toujours était-il qu’elle commençait à souffrir de la température ambiante, cette dernière devenant de moins en moins supportable.

Il vous faut comprendre que jamais encore jusqu’à présent la demoiselle n’avait eu l’occasion de voir Aïlin sous un angle différent du petit Aigle qu’elle avait toujours connu. Jamais, Ô grand Merlin jamais elle n’avait ne serait-ce qu’une fois appréhendé de caresser l’hypothèse qu’un jour, éventuellement, pourquoi pas, Aïlin aurait pu lui plaire ou apparaître à ses yeux autrement que sous les traits d’un ami, amitié qu’elle n’avait jamais assumé d’ailleurs, bien qu’elle fut sincère et profonde. Aujourd’hui non plus, pour être honnête, cette éventualité n’était pas d’actualité. Mégane était tout bonnement incapable de voir l’ancien Serdaigle autrement. Néanmoins, c’était seulement à cet instant qu’elle réalisait que, si les choses avaient été différentes, dans un autre contexte, effectivement ce jeune homme aurait tout eu pour lui plaire. Le trouble provoqué par le contact physique n’avait rien d’ambigu. Pour être tout à fait honnête, Mégane était à des années lumière, loin, loin, quelque part à gauche à côté de Tatooine, d’envisager une quelconque romance, peu importe avec qui. Ca n’était absolument pas dans ses priorités, bien trop occupée à planifier des plans de vengeance, des enquêtes, des traques, travailler sans relâches sur ses potions, ses sortilèges, s’entraîner, s’entraîner, encore et encore, jusqu’à l’épuisement total. Oui, on peut se le dire : Mégane ne vivait pas. Et, avant ce jour, le seul petit instant de « détente » qu’elle s’était autorisée en près de cinq ans n’avait été autre que cette fugue fort mouvementée à Sainte Mangouste, quelques jours plus tôt, en compagnie d’Alan qu’elle avait prit le risque personnel de prendre en considération et même, de le trouver sympathique (oui, vous pouvez applaudir). Un risque personnel puisqu’à ses yeux, toute distraction, quelle qu’elle soit, l’éloignait de la route qu’elle s’était tracée : Lucius.

Ah ça, du Lucius, vous allez encore en bouffer un certain temps. La faute au joueur, d’abord.

Elle accueillit la réponse d’Aïlin suite à ses menaces forts sympathiques au sujet de son addiction à la drogue avec un petit sourire entendu. Oh que oui, elle en était capable. Mégane, comme précisé précédemment, fonctionne ainsi : tu me respectes, je te respecte. Tu me fais mal, je te fais mal. Si son petit Aigle persistait à lui imposer de se gâcher la vie, alors elle ferait de même. « Tu tiens à moi ? Parfait. Tu en prends, j’en prends. Tu arrêtes, j’arrête. » On fait bien souvent l’éloge du courage et de la hardiesse des Gryffondor, de la fidélité hors normes des Poufsouffle. La notion de sacrifice étant un savant mélange des deux, il n’était pas question de l’approprier aux viles délinquants Serpentard. Et pourtant, preuve était que la malice et la ruse n’étaient pas forcément dissociables du sacrifice. Ce n’était, après tout, qu’une ruse de plus.

Le décor sembla bouger de façon dangereuse, ce qui arracha un petit « huuuu » aérien à la française, qui réalisa après seulement qu’il s’agissait d’Aïlin qui la remettait sur pieds. Oui, décidément, il était temps de tirer sa révérence et de s’en aller tant qu’un minimum de dignité habitait encore la jeune femme qui commençait sérieusement à succomber aux effets de l’alcool. Dans une vaine tentative de se donner contenance, Mégane fit un nouveau sourire banane à Aïlin tout en déposant délicatement (avec grand fracas, donc) le reste de la bouteille de Whisky sur la table, non sans regret ceci dit. Avec un regard emplit de nostalgie, elle fit des adieux silencieux et déchirants à la dite bouteille, avant de répondre d’une voix lointaine à son ami :


« Elle va me manquer… »

Un peu plus brusquement qu’elle ne l’aurait voulu, elle remit sa chaise en place et entreprit de suivre son ami, un rire de petite fille le soir de Noël lorsqu’Aïlin lui saisit la main.

« J'espère que tu ne comptes pas partir sans le payer, tout de même ? Ne me dis pas que tu ne l'as pas sur toi, je suis sûr que tu l'as. »

Un rire qui s’étrangla vite dans la gorge de Mégane qui enchaîna avec un sifflement innocent, se balançant d’avant en arrière en observant un point imaginaire en haut à droite. Damned. C’est qu’il ne lâchait jamais l’affaire celui-ci ! Elle jeta un regard débordant de chasteté à Aïlin, puis s’apercevant que sa tentative de diversion était vaine, sorti en soupirant le livre de sous sa cape et grogna sur un ton qui lui ressemblait bien :

« Ca t’arrive jamais de baisser les armes juste quelques secondes, histoire de? Non ? Tsss… Non mais pour qui tu me prends, sournoise, d’accord, mais voleuse, pas encore. Je ne suis pas un petit Aigle qui s’amuse à subtiliser les livres de la bibliothèque au nez et à la barbe des autres, moi, d’abord… »

Si Mégane ne tenait pas la boisson, en revanche on pouvait lui reconnaître cette faculté de savoir donner l’illusion, à toute épreuve, d’une sobriété exemplaire lorsque la situation l’imposait. Illusion seulement, n’abusons rien. Aussi, lorsqu’ils quittèrent le salon confiné, c’est avec une assurance convaincante (ou presque) qu’elle déposa sur le comptoir une somme sans doute supérieure à la valeur du grimoire avant de suivre le jeune homme vers la sortie, conservant précieusement le livre contre elle d’une main, serrant celle de son compagnon de l’autre.

Est-ce qu’Aïlin s’apercevait qu’il venait de faire s’écrouler un mur dans le quotidien de Mégane, en la conduisant à s’autoriser durant quelques heures à quitter son mode « mission » pour profiter un temps de sa jeune vie, comme n’importe quelle sorcière de son âge ferait ? Sans doute pas. Et pourtant… En cet instant, l’amitié qui unissait nos deux sorciers venait de passer un cap Mégane et Aïlin : lvl up !. Ce lien qui, bien que solide, demeurait fortement pudique chez la jeune femme, apparaissait à présent comme une évidence. Une délivrance. Et l’alcool aidant à délier la langue de notre petite albinos butée comme un âne, cette dernière déclara sans vraiment s’en rendre compte, les mots emprunts d’une grande sincérité s’échappant seuls et naturellement de sa bouche, simplement :


« Merci. »

… Un autre jour Ferrié à ajouter au calendrier.
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