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 Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Le dernier sang versé [Terminé] /! Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyMar 10 Juil - 12:59:39

La nuit tombait peu à peu sur le domaine, mais on ne discernait aucune étoile, ce soir là. Le ciel lui-même semblait prêt à faire écho à la soirée funeste qui se préparait. Tout au long de la journée, Aïlin était demeuré calme, presque paisible, mais à présent qu'il était seul dans la salle de bain, une serviette accrochée autour de la taille, il se sentait nerveux, fébrile. Tuer un homme n'avait rien d'anodin, même lorsque les meilleures raisons du monde justifiait le geste. Il s'apprêtait à commettre un crime. Un crime prémédité. Il l'avait planifié de longues semaines durant, rassemblant méticuleusement toutes les informations qui lui étaient nécessaires, calculant les risques afin d'être certain de ne pas être inculpé. Le moment de vérité était venu. En serait-il capable ? Il en doutait presque à présent, mais il lui suffisait d'un regard posé sur le portrait de l'homme, que Lynn lui avait dessiné, pour se convaincre que face à lui, il n'hésiterait pas une seconde à lui trancher la gorge de ses propres mains.
Mikhaïl Dmitriev, qui l'avait assisté afin de localiser l'homme et de lui tendre le piège mortel, avait proposé qu'un de ses hommes de main s'en charge à sa place, mais Aïlin voulait venger sa sœur lui-même. Plus encore que sa sœur, c'était son nom, sa famille, son père qu'il vengeait. C'était lui même qui se réclamait justice, pour les mensonges et les horreurs qui s'étaient perpétrées au sein même du manoir, à cause des pulsions abjectes de cet homme et de l'esprit pervers de Torin. Aïlin ne pouvait pas prendre sa revanche sur son frère. Il ne restait qu'un seul homme en vie pour être victime de la fureur qu'il gardait précieusement en lui.

D'un coup de baguette, fit apparaître sa petite boite de fer et glissa quelques paillettes de drogues sous ses narines. Il les aspira puis ferma les yeux. En quelques secondes, le chaos de son esprit se transforma en une lucidité presque surnaturelle. Il se tourna vers le pendoir où attendait l'une des robes que lui avait laissé Lynn, et l'effleura du bout des doigts, avant de revenir vers la vasque, près de laquelle attendait patiemment le flacon de polynectar.
Aïlin préférait s'occuper de piéger Carpenter plutôt que de laisser Lynn s'en charger. Compte tenu du passif de l'homme, le jeune Lord désirait éviter de prendre le moindre risque. Si Lynn faiblissait devant lui, s'il l'agressait et qu'elle se trouvait incapable de se défendre, leur projet virerait à la catastrophe. Il ne voulait laisser aucune chance à Carpenter de s'en sortir. Aussi Aïlin s'était-il fait livrer le flacon de polynectar, en faisant appel à diverses mains, jusqu'à ce que, finalement, il le récupère à une adresse qui ne permettait pas d'établir le moindre lien avec lui.

Une mèche de cheveux de sa sœur, rassemblée par un ruban de tulle, s'étalait à côté du récipient de cristal. Aïlin s'en empara puis en glissa une partie dans le flacon. L'alchimiste observa avec une espèce de fascination la potion cristalline virer lentement au rouge pur, particulièrement chatoyant. Il attrapa la potion et en versa une partie dans un verre, qu'il avala d'une traite.

Les courtes minutes de métamorphose furent particulièrement désagréables. Aïlin sentait le moindre de ses os fondre, ses muscles se distordre, sa peau s'étirer, s'assouplir ou se rétracter douloureusement. Il avait la sensation que son corps entier était sur le point d'imploser, mais rien de tel ne se produisit. Il vit ses mains rapetisser, s'affiner. Sa chevalière glissa de son annulaire et chuta dans le lavabo, tandis qu'un gémissement à la tonalité difforme s'extirpait de ses lèvres. Les quelques centimètres qu'il perdit constituèrent l'instant le plus douloureux. Enfin, il sentit ses cheveux de jais tomber sur ses épaules et sa serviette glisser sur ses hanches affinées. Il la rattrapa d'un geste sec et la rabattit sur sa poitrine qu'il sentait se gonfler sous son bras. C'était peut-être la sensation la plus surprenante, bien plus encore que d'observer le visage de Lynn dans la glace plutôt que le sien. Il avait pris possession du corps de sa sœur, et cela avait quelque chose de dérangeant, d'impudique. Aïlin se vit nouer avec empressement la serviette sous ses aisselles pour se cacher la nudité de sa sœur. Il fallait bien, pourtant, qu'il y soit confronté, il ne pouvait pas rester ainsi, une serviette autour du corps, parce qu'il était gêné à l'idée de découvrir une parcelle de peau de sa sœur qu'il n'aurait jamais dû apercevoir de sa vie.
C'était presque ridicule, pensa-t-il, et un rire cristallin s'échappa de sa gorge. Il fut surpris d'entendre la réplique exacte de la voix de sa sœur dans sa propre bouche. Le polynectar avait été particulièrement bien préparé, pour que même ses cordes vocales aient subi le changement. C'était tout bonnement bluffant, Lynn n'allait pas en revenir.

Un sourire amusé vint se poser sur son visage, et il fit quelques pas dans la salle de bain pour tester son nouveau corps. Aïlin se sentait gauche dans un corps de femme. Son équilibre s'était modifié, et il lui faudrait quelques instants pour retrouver une certaine aisance. Ce n'était pas tant cela qui l'inquiétait, mais plutôt sa propre gestuelle, qui se devinait encore derrière ce déguisement particulièrement réussi. Son attitude était encore trop masculine, son regard et ses expressions n'avaient rien de celles de sa sœur. L'idée de travailler sa démarche lui semblait humiliante, mais il n'avait pas le choix. Il ferait bien d'adopter une attitude féminine s'il désirait tromper Carpenter.
Aïlin préféra néanmoins repousser ce laborieux exercice à plus tard, et attrapa plutôt la trousse à maquillage que lui avait laissé sa cadette. Sa main n'était pas aussi experte que pouvait l'être celle d'une véritable femme, mais il se débrouilla pour se maquiller convenablement. Il glissa du fard noir sur ses paupières, peignit ses cils de rimmel et souligna ses yeux gris d'un trait de crayon khôl. Lorsqu'il observa le résultat, il s'en trouva satisfait. Cela conférait au visage de sa sœur quelque chose de ténébreux, d'envoûtant, qui ne déplairait certainement pas à l'homme qu'ils comptaient prendre dans leur filet. Cette pensée le révulsa, bien que ce fut à dessein qu'il avait choisi un tel maquillage.

Il était temps, à présent, de s'habiller. Aïlin se dirigea vers le tas de vêtements préparé à cet effet et attrapa une petite culotte féminine, qu'il enfila sous sa serviette, en prenant soin de toucher le moins possible cette peau qui ne lui appartenait pas. Non, définitivement, Aïlin n'avait jamais rien vécu d'aussi gênant de toute sa vie. L'aspect incestueux de la chose lui donnait des frissons de dégoût. Peu désireux de tenter de s'habiller seul, il passa la porte de la salle de bain et s'engouffra dans la chambre où l'attendait sa sœur, tout en prenant soin de ne pas faire tomber sa serviette au moindre mouvement. Ses grands yeux gris, un peu choqués, se posèrent dans ceux de sa cadette, tandis que sa main demeurait accrochée à la poignée de la porte.


« Je n'ai jamais rien vécu d'aussi bizarre de toute ma vie... »

Souffla-t-il. Il se mordit la lèvre, puis osa prononcer la question la plus effroyable qu'il n'ait jamais eu à poser de toute son existence.

« Lynn... Tu veux bien m'aider à mettre ton soutien-gorge, s'il-te-plaît ? »


Dernière édition par Aïlin Bower le Mar 18 Sep - 23:12:46, édité 2 fois
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyDim 15 Juil - 6:36:40

Lynn contemplait le jardin du manoir, le regard perdu dans le soleil couchant. La nuit serait sombre, à l'image de l'acte qu'ils allaient commettre. Mais Lynn n'était pas anxieuse, elle était même d'un calme presque inquiétant au vu de ce qui l'attendait.
Cela faisait des semaines qu'Aïlin et elle, avec l'aide précieuse de Monsieur Dmitriev, réglaient les détails de la mort programmée de Carpenter. Si Lynn n'avait pas flanché depuis qu'ils avaient pris cette décision, elle le devait surtout à son frère.. Lorsqu'il lui avait fait le serment de la venger, il lui avait insufflé une énergie nouvelle.
Ce nouveau souffle était exactement ce dont elle avait besoin. Une chance de tourner la page, d'oublier le passé.
Elle devait prendre la vie de son violeur pour pouvoir enfin commencer le sienne.
Elle réalisait à quel point toute cette histoire était affreuse, mais elle n'avait plus peur.
Sa mine amaigrie et faiblarde des derniers mois était derrière elle. Même s'il lui arrivait encore souvent de cauchemarder, elle avait repris des couleurs et des formes, son sourire et ses éclats de rire réchauffaient à nouveau le manoir et les couloirs de Poudlard.
Oui, elle revivait, mais cette seconde naissance ne serait définitive que lorsqu'elle verrait s'éteindre la dernière étincelle de vie dans le regard cet abject pédophile.
Mais il ne devait pas mourir trop vite, non… il devrait souffrir autant qu'elle avait souffert. Aïlin lui avait promis. Elle le méritait, et elle exigerait ce tribut, peut-être même de sa main.
Le plan avait été longuement réfléchi. Aucune trace ne devait les mener à eux. Le piège était parfait. Lynn avait hâte de voir son visage lorsqu'il comprendrait ce qui lui arrivait et à qui il avait affaire.
Une fois tous les détails réglés, il avait suffit d'une opportunité. Et elle avait lieu ce soir. Un grand gala de charité.

Lynn avait soigneusement choisi la tenue qu'elle porterait. Enfin qu'Aïlin porterait en se faisant passer pour elle. Même si elle avait assuré pouvoir s'en occuper, elle était maintenant soulagée qu'il le fasse. Bien qu'elle ai vu, avec lui, des photos plus récentes et qu'elle ai appris, avec horreur, qu'il continuait de jouir de sa position pour satisfaire son goût des petites filles et des femmes consentantes ou non, elle n'était pas certaine de sa réaction lorsqu'il serait à côté d'elle. Lorsqu'elle entendrait son souffle et sentirait son odeur, lorsqu'elle croiserait son regard, Merlin seul savait comment elle réagirait. Rien que cette idée pouvait lui soulever le cœur et elle savait que rien ne la guérirait à part sa mort.
A priori, Carpenter n'était pas difficile en matière de femme. Un joli décolleté, de longues jambes, un regard aguicheur et un sourire sibyllin ne pouvaient que lui plaire. Pour un peu qu'on lui résiste un peu, et il devenait dingue, ivre de pouvoir.

Lynn inspira profondément et sursauta presque quand la porte de la chambre s'ouvrit.
Peut-être n'était-elle pas aussi calme qu'elle le croyait.
Elle se retourna pour plonger son regard d'acier dans la réplique exacte de celui-ci.


« Je n'ai jamais rien vécu d'aussi bizarre de toute ma vie... »

Lynn retint presque son souffle tant la situation était étrange et s'apprêtait à lui répondre qu'il en était de même pour elle mais elle fut vite sortie de ses pensée quand son frère, avec sa voix à elle, lui demanda de l'aide pour son soutien-gorge.

Alors un sourire effleura ses lèvres et elle jeta un regard compatissant à son frère, qui se cachait dans le corps de la jeune femme en fasse d'elle.

Elle ne put retenir un éclat de rire malgré ses efforts mais elle vint immédiatement à sa rescousse.

- Voilà, c'est fait ! Il est vrai que ca requiert un certain savoir faire… sourit-elle. Allez, enlève cette serviette, je vais chercher la robe.

Elle revint avec le morceau de tissu qu'elle avait choisi et remarqua qu'Aïlin n'avait toujours pas retiré sa serviette ou perdu son air gêné. Enfin son air gêné à elle. C'était troublant. Elle ne s'était jamais vu rougir.

- Pour l'amour de Merlin, Aïlin, je me suis déjà vue nue, je te rappelle !
Le sermonna-t-elle gentiment en continuant à rire. Enlève ça, lève les bras et regarde le plafond si ça peut t'aider à penser à autre chose que le miroir à pied sur ta gauche !

Il ne lui fallut que quelques minutes pour ajuster la robe et elle recula légèrement pour admirer son ouvrage. Elle l'abandonna encore quelques instants pour aller chercher des bijoux et termina la tenue. Il ne manquerait plus que les chaussures, mais elle gardait cette dernière épreuve pour un peu plus tard.

- Tourne-toi, s'il te plaît. Demanda-t-elle en faisant des petits tours avec son doigt pour lui demander de lui montrer toutes les coutures de la tenue.

Aïlin semblait moins gêné maintenant qu'il ne risquait plus de se, enfin la, voir nue et Lynn resta un instant stupéfaite devant son double.

Elle effleura la joue de son double avec les doigts avant de faire glisser une mèche de cheveux derrière son oreille.


- Tu es si belle… tu ne peux pas être moi ! Ajouta-t-elle d'une voix amusée mais où l'ont sentait un léger trouble. J'arrive pas à le croire… c'est… perturbant ! Mais incroyablement bien réussi !

Elle n'avait pas l'impression de se voir dans un miroir, contrairement à ce qu'elle aurait cru. A cet instant, Aïlin ressemblait davantage à ce qu'elle aurait pu être dans une autre vie. D'une beauté froide, cruelle, glaciale, à faire brûler de désir les hommes les plus intrépides. Une femme sûre d'elle, une prédatrice, à mille lieux de ce qu'elle était avant, et encore très différente de celle qu'elle était à présent.

Elle fit pivoter son double pour qu'elle se trouve face au miroir, et l'une à côté de l'autre, cette fois, elle vit la ressemble. Malgré les quelques différences, notamment de maquillage et de posture, on aurait cru des jumelles.


- Alors, comment tu me trouves ? Demanda-t-elle en souriant.
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyDim 15 Juil - 15:56:33

Par Merlin, y avait-il situation plus cocasse que celle qui vivaient à l'instant Aïlin et sa sœur ? Non, certainement pas. Enveloppé dans sa serviette, engoncé dans un corps qui n'était pas le sien, Aïlin se sentait passablement ridicule. Lynn, d'abord stupéfaite, éclata de rire lorsque son aîné lui demanda de l'aide, et un sourire finit par se ficher sur les lèvres de celui-ci. L'amusement de Lynn avait quelque chose de contagieux. Depuis quelques jours, la jeune femme avait recouvré la joie de vivre qu'il lui avait connu à Poudlard, et ses marques de bonne humeur n'étaient pas rares. Plutôt que de l'assombrir ou de la terrifier, leur projet criminel lui donnait de la force, attisait le feu de son tempérament. Elle semblait heureuse, joyeuse, comme s'ils s'apprêtaient à vivre un moment qu'ils avaient toujours attendu et qui les réjouissaient comme un enfant se réjouit à l'approche des fêtes. Ils avaient toujours attendu le moment où, enfin, ils pourraient véritablement se venger, c'était vrai. Néanmoins, il n'aurait pas imaginé que cela inspirerait tant de plaisir à la jeune femme, qui autrefois, avait en horreur la violence. Lynn cachait certainement bien son jeu, elle n'était pas aussi innocente et douce qu'elle ne le paraissait. Il y avait en elle un peu de ce sang noir des Bower, contaminé par les affres de leurs passions et de leurs haines. Peut-être se l'était-elle enfin avoué, et peut-être que cet aveu l'avait libérée.
Lâchant enfin la clenche de la porte, Aïlin se laissa approcher par celle dont il avait revêtit l'apparence, et lui tendit du bout des doigts le sous-vêtement qu'il n'osait accrocher lui-même autour de sa poitrine. Fermant les yeux, Aïlin laissa glisser légèrement son unique vêtement, si tenté que l'on puisse nommer cela ainsi, afin que Lynn puisse s'exécuter. C'était particulièrement étrange que de sentir sa sœur l'assister pour se vêtir, que de sentir les doigts de cette dernière effleurer sa peau dénudée, cette peau qui n'était plus vraiment la sienne. Dans ce corps, c'était comme s'il lui appartenait.
Sa remarque sur la mise en place d'un soutien-gorge tira néanmoins un nouveau sourire à Aïlin. Il retint derrière ses lèvres bien closes l'unique réponse qui lui venait à l'esprit, cependant. Inutile de sombrer dans l'humour potache, bien que la situation s'y prêtait. En revanche, lorsque Lynn s’éclipsa en lui demandant de lâcher la serviette, Aïlin ne put s'y résoudre. C'était hors de question. Il n'avait aucune envie de s'apercevoir en petite tenue dans le corps de sa sœur, et il était d'ailleurs soulagé que celle-ci prenne les devants et s'occupe personnellement de la fastidieuse étape de l'habillement. Il se sentait gêné, mais dans cette enveloppe, c'était une sensation étrange. Ses joues s'embrasaient, il les sentait s'échauffer légèrement. Il ne s'appartenait définitivement plus.
Aïlin se retourna, légèrement surpris, lorsque la voix claire, presque chantante, de sa sœur le gronda gentiment, se moquant de la pudeur excessive dont il faisait preuve.


« Si tu t'es déjà vu nue, je te rappelle que ceci n'est pas mon cas. »

Rétorqua-t-il avec hauteur, une pointe d'exaspération dans la voix. Sa désinvolture l'agaçait un peu, Lynn donnait l'impression qu'elle ne se formalisait absolument que son frère puisse la voir à demi nue.

« N'as-tu donc aucune pudeur ? »

Demanda-t-il d'une voix plus douce, et qui le fit tiquer. À présent qu'il avait la voix originale pour comparer, il se rendait compte que les intonations qui s'échappaient d'entre ses lèvres avaient quelque chose de différent. Sa voix était légèrement plus rauque, plus suave lorsqu'il abordait ses phrases avec une légère touche d'humour froid. C'était troublant, de s'entendre de cette façon. Sa voix était plus mature, plus langoureuse que la véritable voix de Lynn, comme s'il restait finalement encore quelque chose de son tempérament à lui dans les vibrations de sa gorge. Cette constatation le détendit légèrement, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. C'était peut-être, tout simplement, que cela le rassurait. Il laissa tomber la serviette à ses pieds et se tourna, mais son regard fut néanmoins attiré par le miroir lorsque Lynn lui en parla. Il poussa un soupir contrarié, et leva les yeux au plafond, en glissant les bras dans la robe que lui faisait passer sa sœur.

« Lynn, je t'en prie, cesse d'attirer mon regard sur ta nudité ! »

Fit-il semblant de râler, tout en lissant les pli de la robe qui le gênait. Lorsque la véritable Lynn eut achevé d'attacher la robe, il s'avança légèrement puis se tourna pour faire face à la Gryffondor.

« Alors ? »

Demanda-t-il, mais pour toute réponse, Lynn exigea qu'il se laisse observer sous toutes les coutures. Il se tourna lentement sur lui-même, plus détendu maintenant qu'il avait quelque chose de convenable sur le dos. Certes, la robe était assez courte, et assez moulante pour qu'il devine toutes les formes de sa sœur à travers le fin tissu noir, aux reflets pourpre, mais cela n'avait absolument rien à voir avec le fait de l'apercevoir en petite tenue.

« Je comprends pourquoi certaines femmes rechignent à porter des robes, j'ai l'impression que le moindre mouvement risque de dévoiler plus que je ne le désirerais. »

Rit-il en laissant sa sœur toucher son visage avec fascination. Il rabattit sa longue chevelure en arrière, avant de laisser retomber sa main contre sa hanche. Son regard se fixa dans sa réplique exacte, alors que Lynn lui faisait part de son trouble.

« Et pourtant... C'est bien toi que tu as en face des yeux. Allons, Lynn, ne sois pas aussi modeste, il est bien tant que tu te rendes compte que tu es une jeune femme splendide... »

Susurra-t-il d'une voix lascive, avant d'éclater de rire, d'un rire un peu nerveux, néanmoins. La voix d'une femme était un outil merveilleux. La moindre intonation, savamment dosée, le moindre changement de ton était un véritable envoûtement pour l'homme qui en était la victime. Cette arme, qu'il adorait deviner dans la bouche des femmes qui l'attirait, il l'avait en sa possession. Il devrait l'utiliser avec soin et prudence, pour manipuler le monstre abject qu'ils comptaient mettre hors d'état de nuire.

« Vous avez cet avantage sur les hommes, vous les femmes. Votre voix est un véritable éventail de mélodies auxquelles nous ne pouvons résister, lorsque vous veillez à ce qu'elle ne trahisse pas ce qui, véritablement, vous passe à travers l'esprit. En la matière, je crois pouvoir dire sans peur de me tromper que nous vous sommes infiniment inférieurs. »

Aïlin suivit Lynn, et les deux, l'un à côté de l'autre, s'observèrent sans retenue. Aïlin arrangea légèrement sa robe ainsi que ses cheveux, et s'envoya un regard de braise dans le miroir, avant de rire franchement. Lorsque Lynn lui demanda comme il la trouvait, il se fixa dans les yeux avec amusement.

« Merveilleusement envoûtante. Ce monstre n'aura d'yeux que pour toi, avant que je les lui crève. »

Murmura-t-il, carnassier.

« Crois-moi, l'envie de s'en prendre à de petites-filles lui passera bien avant qu'il n'expire son dernier souffle. ...Mais il manque encore quelque chose. Des bas seraient les bienvenus, et je pense qu'une touche de rouge à lèvre ne serait pas de trop. Ne bouge pas, je vais me charger de ramener cela, cela m'entraînera à marcher comme une femme. »

Sourit-il en tournant la tête vers sa sœur. Il se détourna de son reflet et marcha sur la pointe des pieds en direction de la porte, s'amusant à balancer ses hanches.

« C'est bien comme ça, n'est-ce pas, que vous vous mouvez ? »

Il adressa un large sourire à sa sœur et s'éclipsa, pour revenir quelques instants plus tard avec les dernières affaires dont il devait s'habiller.

« Je pense que je peux m'en occuper tout seul. ...Toute seule, devrais-je plutôt dire, si je veux m'habituer à mon nouveau rôle. Peux-tu vérifier dans le sac, au pied du lit, si toutes nos affaires sont prêtes ? Oh, et j'aimerais que tu m'apportes la baguette que m'a conçue James, je voudrais vérifier qu'elle m'obéit toujours aussi bien. Elle se trouve dans sa boîte, dans le tiroir de mon bureau. »

Demanda le jeune lord en avisant du menton le bureau qui siégeait dans la chambre.

« Nous prendrons la calèche, cela sera plus pratique pour transporter nos bagages, et pour l'amener jusqu'à l'entrepôt que nous a prêté Dmitriev. Une fois là-bas, nous n'aurons plus à nous soucier de rien. Des hommes à lui viendront effacer les dernières preuves, si jamais nous en laissons derrière nous. »
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyLun 16 Juil - 19:24:01

« Si tu t'es déjà vu nue, je te rappelle que ceci n'est pas mon cas. N'as-tu donc aucune pudeur ? »

Lynn haussa les épaules, sans se départir de son sourire. Bizarrement, elle avait vraiment du mal à réaliser qu'il s'agissait effectivement de son corps à elle. Voir ce double nu ne lui donnait pas l'impression d'être nue elle-même:

- Ce n'est pas moi, qui suis nue. C'est toi ! Et tu m'as déjà vue en maillot de bain !


Peut-être pas récemment, mais quand bien même, elle n'avait pas tant changé !
Aïlin ne pouvait sûrement pas comprendre, mais elle avait subi bien d'autres regards autrement plus dérangeants. Elle ne voyait pas son frère comme un prédateur ou une menace et le fait qu'il essaye justement d'éviter tout contact visuel la confortait dans cette idée.
Elle préféra garder cette pensée pour elle et rit encore lorsque son regard fut attiré vers le miroir quand elle l'évoqua.

Une fois la tenue complète, ou presque, et offrit une expression mutine à son frère lorsqu'il avoua sa peur de trop en montrer :

- Mais c'est là tout le secret, ne jamais trop en montrer, mais juste assez pour faire s'emballer même les esprits les plus sages !

Mais tandis que cette phrase mourrait sur ses lèvres, elle se surprit à se retrouver hypnotisée par son propre regard.
Le compliment d'Aïlin l'étonna et la fit retrouver ses esprits, elle lui sourit, flattée :


- Merci. J'espère que tu as raison.
Fit-elle en réajustant légèrement le décolleté de son double. Cela pourrait nous être utile à l'avenir…

Elle pensait avant tout à ce soir, où ses atouts devraient jouer un rôle majeur dans leur machination, mais il y avait plus. Ce qu'Aïlin faisait pour elle ce soir là, ce qu'il avait déjà fait, pour leur famille, leur nom, elle s'était promis qu'elle s'évertuerait à lui rendre la pareille. Elle n'était pas assez idiote pour ne pas réaliser qu'elle était jolie, même si elle ne savait sûrement pas réellement à quel point. Elle savait aussi qu'un joli visage, d'autant plus assorti d'un joli sourire et de quelques bons mots, était une arme redoutable en politique. Aïlin voulait redorer le blason familial et elle serait un outil inestimable pour cela. Le nouveau visage des Bowers dans les cercles privés. Le frère et la sœur, les orphelins, unis, régnant sur la fortune de leur ancêtre avec bienveillance. Elle savait déjà quel rôle elle allait jouer sur leur vie sociale. Aïlin avait besoin d'elle. Il avait déjà fait beaucoup, mais malgré tous ses efforts, il lui manquerait toujours ce que seule Lynn pouvait lui apporter. Le désir des hommes. Les plus jeunes voudront la courtiser, les plus vieux attirer son attention. Les femmes, par jalousie, voudront faire d'elle une amie plutôt qu'une ennemie. Sa douceur et sa gentillesse naturelle compenseraient la dureté de son frère. A eux deux, personne ne pourrait leur résister bien longtemps. Et même si elle n'aspirait plus qu'à un peu de normalité après sa jeunesse déjà trop longue et trop compliquée, elle était prête à remplir ce rôle, pour honorer son protecteur de toujours. Ce soir était l'occasion de lui montrer. Pas maintenant, dans la chaleur rassurante d'une chambre coquette. Mais ce soir, dans cet entrepôt, face à l'homme abject qui l'avait violée, souillée, détruite, elle lui montrerait qu'elle était forte.

Les deux Lynn, identiques et pourtant si différentes se firent face dans le miroir et Aïlin sourit lorsque Lynn lui demanda comment il la trouvait.
Sa réponse lui plu et elle sut qu'il tiendrait sa promesse. Elle sut qu'il déverserait toute sa haine contre Carpenter. Et elle ne pouvait s'empêcher de se réjouir à cette idée. Elle avait accepté le fait qu'elle était une Bower, elle avait accepté son héritage. Cette vengeance était tout ce qu'elle s'autoriserait jamais de haine pure, elle le savait, mais elle profiterait de chaque seconde.
Elle acquiesça quand il suggéra ajouter des bas à la tenue et partie en roulant exagéremment des hanches :


- Je ne marche pas comme ça ! Arrête de te moquer ! Fit-elle en riant alors qu'il s'éclipsait. Je ne ferais pas le malin, si j'étais toi, Monsieur je ne sais pas mettre un soutien-gorge !

Lorsqu'il revint, Lynn s'empressa de vérifier une énième fois le sac d'affaire et lui apporta sa baguette de substitution.

- Il n'y a vraiment aucune chance qu'ils remontent à nous avec cette baguette ? Redemanda-t-elle les yeux plongés dans ceux de sa copie. Tu ne risques rien, n'est-ce pas ?

Elle connaissait la réponse, mais elle avait besoin de l'entendre une dernière fois. C'était étrange de s'inquiéter pour lui alors qu'elle n'avait aucun remord sur ce qu'ils allaient faire subir à Carpenter. Cela la rassurait pourtant, elle n'avait pas l'impression d'avoir perdue son humanité pour autant. Elle aimait, elle souffrait, elle haïssait, elle respirait, elle s'inquiétait. Oui elle était toujours humaine.

Elle acquiesça quand il affirma qu'on viendrait effacer leurs traces.


- Bon, et bien il ne reste plus qu'à régler un détail…

Elle disparue une seconde et revint avec une paire d'escarpin.

- Enfile-ça. Tu devrais t'asseoir pour les mettre. Je vais te montrer comment on marche cette fois. Pour de vrai.
Ajouta-t-elle avec un clin d'œil.

Il s'exécuta et elle lui tendit la main :

- Lève-toi doucement et essaye de faire quelques pas… juste un conseil : n'essaye pas d'aller trop vite…
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyVen 20 Juil - 21:34:14

Un meurtre particulièrement sanglant se profilait. D'ici moins d'une heure, Lynn et Aïlin auraient Carpenter au bout de leur baguette et pourtant, ils s'amusaient tous deux de la situation, riaient de l'expérience pour le moins étrange qu'ils vivaient, loin, bien loin de l'angoisse que le jeune lord avait ressentit avant de boire le polynectar. Être une femme le temps d'une heure était une expérience assez rare et intense pour en oublier, au moins un court instant, le but véritable de la démarche.
Mais bientôt, les jeunes gens revinrent à la réalité, et par là-même, à leurs sombres projets. Méthodique, Aïlin fit le tour de la liste qu'il avait mentalement dressée, et donnait les instructions à sa sœur, sûr de lui, déterminé. À présent qu'il n'était plus seul, il ne craignait plus l'échec. Aïlin devait cela à sa sœur.
Ne pas venger l'honneur de cette dernière lui apparaissait comme une incommensurable preuve de lâcheté. Malgré l'éducation rugueuse et injuste qu'il avait eu, Aïlin avait été élevé avec des valeurs. Celles du sang, notamment. Et cette pureté du sang qui avait tant d'importance dans les familles de sorciers n'était pas dépourvues de vertus. Aucun sang-pur digne de ce nom n'aurait livré en pâture l'un des siens, ou du moins, pas chez les Bower. D'une certaine façon, et assez paradoxalement, chacun des Bower s'était protégé l'un l'autre, jusqu'à ce que la mort les sépare, à leur grand soulagement. Malgré leur haine, malgré leurs différences, ils s'étaient unis dans le secret. Rien ne sortait du manoir Bower, nul n'avait jamais su ce qu'il s'y était véritablement déroulé. Tout au long de sa scolarité, Aïlin avait gardé un visage lisse, sans aspérité, un pur masque de commedia dell'arte, réhabilitant le nom des Bower au sein de Poudlard en même temps qu'Ultan outrepassait les frontières de la décence, insultait les bonnes et pacifiques mœurs sorcières. Si Ultan avait eu la pire des réputations, Aïlin était resté le jeune homme mystérieux, sombre mais discret et peu désireux de profiter du privilège de son nom. Cela avait été un avantage pour les Bower, bien qu'à l'époque, le concerné n'en avait pas eu conscience. Ceux qui n'avaient pas connu Torin, ni n'avaient conscience des affiliations de la famille, pouvaient légitimement penser qu'Ultan n'était rien d'autre qu'un jeune homme en quête d'identité, même si, lorsque l'on y jetait un regard attentif, il apparaissait clairement que cette conclusion était absolument fausse. Plus tard, le Serdaigle avait couvert les agissements de son frère aîné, et la crainte des conséquences d'une éventuelle rébellion n'avaient pas été le moteur de cette décision. Aïlin avait toujours gardé la tête haute face à Torin. La seule véritable raison de ce choix n'était autre que son dégoût à l'idée que les affaires du manoir sorte du domaine.
Lynn, elle, n'avait jamais déposé de plainte contre son père, alors même que les occasions n'auraient pas manqué. Ultan était demeuré fidèle à leur père et, quant à Torin, il avait malgré lui protégé son plus jeune frère d'un aller sans retour à Azkaban. Les liens qui les unissaient, fragiles mais intenses, allaient au-delà de leur propre conscience. Ils étaient le moteur de leur survie, de leurs passions, mais aussi de leur noirceur, de l'aspect morbide de leur personnalité respective.

Même s'il l'avait encore haït, Aïlin n'aurait pas pu laisser sombrer sa sœur, l'abandonner à son sort et à son malheur. Seul un Bower était en droit de faire souffrir un autre Bower. L'importance de leur nom, du sang et du mal qui les unissait s'élevait bien au-dessus d'eux. Il s'agissait plus que d'honneur et plus que de sentiments. C'était un nœud complexe, dans lequel il n'y avait pas de place pour toute institution extérieure. C'était ce pourquoi ils étaient là aujourd'hui, dans cette chambre, tous deux parfaitement semblables et encore si différents, tous deux s'apprêtant à se souiller les mains du sang d'un monstre plutôt que de le livrer à la Justice. Ils avaient leur justice, ils avaient grandi sans qu'aucun magenmagot, sans qu'aucun individu extérieur à leur lignée ne se mêlent de leurs affaires. De toute leur histoire, c'était cela qu'il restait. Faire la justice seuls, ne compter que sur eux-mêmes. La prison, quels que soient le nombre d'années auxquelles aurait été condamné Carpenter, aurait de toute façon été une punition trop douce pour un pareil criminel. Il avait brisé la vie de Lynn en lui volant sa pureté, et Aïlin ne doutait pas qu'elle n'avait pas été la seule, et que l'individu n'avait jamais cessé ses frasques. L'idée que demain, cet homme s'en prenne à une autre jeune femme ou à une petite fille lui était insupportable. Il ne pouvait le laisser faire, car s'il fermait les yeux, c'était aussi son honneur, son humanité, qu'Aïlin salissait.

Perdu dans ses pensées alors que Lynn exécutait les ordres qu'il lui avait donné, Aïlin réalisa avec une seconde de retard la question que lui adressait sa cadette. Il releva sur elle son regard d'acier, qui n'avait rien de la douceur de l'original. Celui-ci semblait lointain, mais dur, sombre, empreint de détermination. Il resta un court instant immobile, avant d'hocher la tête en signe de négation.


« Il n'y a aucun risque. » répondit-il en prenant la baguette dans sa main droite. « Je la détruirai après m'en être servi, et aucun charme, de toute façon, ne permet d'identifier celui qui a utilisé une baguette. Néanmoins, le fait qu'elle soit identique à la mienne est un risque non négligeable. C'est pourquoi il faudra la démonter entièrement et la détruire morceau par morceau, de sorte qu'il soit impossible de la reconstituer si jamais il en retrouve des débris. James n'a aucune idée de ce à quoi elle va servir. Il a certainement eu ce genre de commande par le passé, et n'a pas eu l'air de se formaliser de ma demande. De toute façon, il sait très bien qu'il est inutile de me poser la moindre question lorsque je me refuse à donner le moindre détail. Et, bien sûr, la commande n'a été notée dans aucun historique. »

Aïlin eut un sourire, puis agita souplement la future arme du crime. Une gerbe d'étincelles cobalts s'échappa de celle-ci, crépitant en douceur en direction du plafond avant de s'éteindre en silence. La baguette le reconnaissait toujours. Néanmoins, Aïlin préférait s'en assurer plutôt deux fois qu'une. Il ferma les yeux un instant, rassemblant le souvenir qui lui permettait de lancer le sortilège élaboré qui lui était venu en premier à l'esprit. Sa voix se répercuta dans la chambre, tandis qu'il l'accompagnait d'un geste ample mais précis du bras.

« Spero patronum. »

Aussitôt, une vive lumière blanche s'extirpa de l'arme et libéra la silhouette musculeuse et puissante d'un lynx. L'animal s'élança dans un bond au milieu de la pièce, puis s'immobilisa. Il libéra quelques secondes une intense mais agréable lumière blanche, puis s'évapora lorsqu'Aïlin mit fin au sortilège.


« Je réalise que j'ignore à quoi ressemble ton patronus. »

Constata l'alchimiste avec surprise. Il adressa un regard vaguement amusé à sa sœur qui disparaissait hors de la chambre, puis abaissa complètement sa baguette. De nouveau perdu dans ses pensées, Aïlin ne prit en compte les mots de sa sœur que lorsqu'elle revint, avec entre les mains une paire de chaussures qui, au vu des talons, promettaient d'être une véritable torture pour ses pieds. Il accompagna la découverte d'une moue désappointée, qui en disait bien long sur son enthousiasme.

« Je sens que je vais chérir d'autant plus mes derbys, après cela... »
Murmura-t-il en s'asseyant sur la chaise de son bureau.
« Pourquoi n'ai-je pas pensé à ces détails, quand cette brillante idée de prendre ta place m'est venue à l'esprit ? J'espère que tu me seras à jamais reconnaissante de ce que je m'apprête à endurer pour toi... ! »

Aïlin adressa un regard malicieux à sa sœur, puis se décida enfin à glisser ses jambes dans les bas qu'il avait demandé, et à attraper enfin les escarpins que sa soeur lui tendait. Un soupir au bord des lèvres, il les plaça de sorte à y glisser les pieds, ce qu'il ne fit pas sans mal. Engoncé dans ces chaussures trop étroites, Aïlin crut qu'il ne parviendrait jamais à se relever. Il jeta un regard suppliant à sa sœur, mais celle-ci se contenta de lui conseiller d'aller doucement. Comme s'il pouvait faire autrement ! Pensa-t-il en levant les yeux au ciel pour souligner l'évidence de la chose. Prenant son courage à deux mains, Aïlin se dressa sur ses jambes, tout en restant appuyé d'une main sur le dossier de la chaise afin de trouver son équilibre.

« Plus que jamais, je suis heureux d'être un homme. »

Soupira-t-il, avant d'oser quelques pas qui n'avaient plus rien du déhanché d'auparavant. Juché sur des talons qui lui apparaissaient comme un appui terriblement précaire, il se sentait pareil à un lanceur de couteaux qu'on aurait envoyé par erreur sur le fil d'un équilibriste chevronné. Par chance, les escarpins étaient de très bonne facture, et leur équilibre était parfait. Néanmoins, il sentait qu'il aurait besoin de s'exercer quelques temps avant de trouver la confiance qu'il lui manquait pour marcher convenablement. Présentement, il se sentait parfaitement ridicule.

« Ma chère sœur, il est temps pour toi de me montrer comment se meut une femme digne de ce nom... cependant, soit gentille. Je sais que toutes les femmes rêveraient de faire subir ce genre de torture à un homme, mais bien que je ne sois pas exemplaire, je ne crois pas être encore assez mauvais pour endurer un châtiment trop rude. »

Murmura-t-il en concluant sa supplique d'un clin d'oeil amusé.
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyMar 24 Juil - 17:42:51

Lynn se sentit rassurée quand son frère lui affirma à nouveau que la baguette ne serait pas un problème.

Aïlin avait toujours dégagé une force tranquille qui l’apaisait. Elle savait pourtant que sous son masque impassible bouillonnait parfois les émotions les plus virulentes et elle l’avait rarement vu perdre le contrôle. Ces moments-là, elle s’en souvenait avec une tristesse persistante même si elle essayait de s’en détacher. Certains de ses souvenirs les plus pénibles étaient liés à ces moments-là, et pour être honnête, Lynn n’avait jamais vraiment été épargnée par les évènements. Elle ne se souvenait que trop des doloris lancés par son frère alors qu’il était sous l’imperium de Devin, lui-même sûrement manipulé par Torin. La mort de leur père, par sa faute, était sûrement l’un des souvenirs les plus effrayants de la perte de sang-froid d’Aïlin. Leurs dernières disputes résonnaient encore à ses oreilles. Sa voix avait alors perdue toute chaleur, toutes émotions. Depuis peu, cela commençait à changer. Il faisait des efforts et elle lui en était reconnaissante.
Elle cherchait désespérément à oublier les mauvais moments et à se concentrer sur les bons.
Car oui, ils avaient partagés de bons moments. Elle les chérissait d’autant plus maintenant qu’ils n’étaient plus entachés par les sombres manipulations de Torin. Depuis que la mémoire lui était revenue, elle avait redécouvert de nombreux détails sur leur relation et sur le rôle qu’Aïlin avait eu dans sa vie. La façon dont les choses s’étaient envenimées entre eux était l’un de ses plus grands regrets. Elle avait cru prendre la meilleure décision mais elle n’en était plus aussi sûre désormais. Cela avait été chèrement payé. Probablement trop. Torin était mort finalement, et il n’aurait pas vécu assez longtemps pour empoisonner la vie de Léan comme elle l’avait tant craint… mais le passé était le passé.
Depuis, Aïlin n’avait plus jamais perdu son calme devant elle. Ho bien sûr, il avait été agacé et elle avait même parfois sentit sa haine s’enrouler autour d’elle comme une ombre malfaisante, mais sa sécheresse était devenu sa carapace et elle savait qu’elle ne serait plus jamais en mesure de la pénétrer. Pas tant que quelqu’un d’autre n’aurait pas apprivoisé son âme, adoucit sa culpabilité et comprit son mal-être. Lynn n’avait pas ce pouvoir mais elle espérait sincèrement que quelqu’un l’aiderait. Elle avait découvert ses addictions, par hasard, sans le vouloir, mais n’en avait rien dit. Elle se sentait étrangère à son nouveau monde et n’était plus en position depuis longtemps de le faire changer d’avis ou de l’aider. Mais elle souhaitait ardemment que quelqu’un le puisse. Cette Tanya, son assistante, pourrait peut-être faire quelque chose pour lui, mais elle n’osait l’envisager.

Peut-être que cette soirée, ce meurtre, était finalement tout ce dont ils avaient besoin. Se faire justice. Réparer les torts qu’on leur avait faits. Cela leur serait d’autant plus bénéfique qu’ils le feraient à deux, main dans la main. Une façon de tisser encore plus profondément les liens de sang des Bowers, ces secrets familiaux qui faisaient qu’ils ne pourraient plus jamais vraiment se détacher l’un de l’autre. Ils étaient les seuls survivants de leur clan, les descendants d’une famille ancestrale et ils avaient cette responsabilité.
Ces instants leurs permettaient de retrouver un peu de leur complicité d’antan.

Il était finalement beaucoup facile d’être bourreau que victime et Lynn avait mis quelques temps à se faire à cette idée. Il ne servait à rien de luter ou de se mentir. Elle avait besoin de ça.

Elle eut une pensée pour Alan, qui ignorait tout de son passé et de ce qu’elle s’apprêtait à faire. Elle ne pourrait jamais être totalement honnête avec lui et elle se rendit compte qu’elle avait déjà inconsciemment décidé de rompre.

Elle fut tirée de ses pensées par les étincelles bleue qui sortirent de la baguette de son frère.
Puis, inspiré, il lança le sort du patronus et un magnifique Lynx apparu, bondissant dans la pièce avant de s’immobiliser pour fixer Aïlin avant de disparaître dans un intense éclat de lumière.


- Très joli, commenta-t-elle avec un sourire. Un lynx… je n’y aurais pas pensé, pourtant cela te va bien.

« Je réalise que j'ignore à quoi ressemble ton patronus. »
- A vrai dire, moi aussi… avoua-t-elle après une seconde d’hésitation. Je n’ai encore jamais réussi à former un patronus corporel.

Elle avait beau savoir que beaucoup d’adultes étaient incapables de le faire, car il s’agissait, après tout, d’un acte de magie très avancé, elle ne pouvait s’empêcher d’être embarrassée de ne pas y arriver et curieuse de connaître le résultat. Mais quelque chose lui disait que ce mystère serait bientôt résolu. Dès le lendemain, la période noire de sa vie serait derrière elle.

- Il semblerait que je manque de souvenirs heureux… !
Ajouta-t-elle avec un sourire amusé en sortant de la pièce chercher son premier outil de torture de la soirée.

Elle revint, fière d’elle avec sa paire d’escarpins et sourit à la remarque de son frère :

- Tu ne crois pas si bien dire !


« Pourquoi n'ai-je pas pensé à ces détails, quand cette brillante idée de prendre ta place m'est venue à l'esprit ? »

- Mon très cher frère, tu es pragmatique dans bien des domaines, mais la mode féminine n’en fait pas partie !

« J'espère que tu me seras à jamais reconnaissante de ce que je m'apprête à endurer pour toi... ! »

Elle lui rendit son regard et posa une main sur son cœur, faussement solennelle, un sourire espiègle flottant sur ses lèvres :

- Je te fais la promesse que je n’oublierai jamais ce moment…

Ho non, Aïlin portant des talons hauts, même sous une autre forme, elle ne risquait pas de l’oublier. Le reste non plus, mais elle préférait garder le ton détendu qu’avait pris la conversation.

Elle regarda son double mettre ses bas avec relativement peu de grâce et grimacer en glissant difficilement son pied dans les escarpins. Elle vit son visage, sous l’ordre d’Aïlin, lever les yeux au ciel quand elle lui conseilla d’y aller doucement et son corps se redressa, agrippant la chaise en tremblotant pour garder l’équilibre.

« Plus que jamais, je suis heureux d'être un homme. »

Lynn lui sourit, cette fois avec compassion et le regarda évoluer avec une démarche, qui si elle n’était pas vraiment bancale, manquait franchement d’assurance.

« Ma chère sœur, il est temps pour toi de me montrer comment se meut une femme digne de ce nom... cependant, soit gentille. Je sais que toutes les femmes rêveraient de faire subir ce genre de torture à un homme, mais bien que je ne sois pas exemplaire, je ne crois pas être encore assez mauvais pour endurer un châtiment trop rude. »

- Ne t’inquiète pas, tu sais bien que je suis un ange !

Elle enfila rapidement une paire de chaussure identique et fit quelques pas dans la pièce. Lynn avait un équilibre et une démarche parfaite. Juste ce qu’il fallait de déhanchement pour mettre chacune de ses courbes en valeur sans en faire trop.
Elle donna quelques conseils à son frère sur la façon de répartir son poids et de placer ses pieds et le regarda faire quelques allers retours.


- C’est mieux, mais ne regarde pas tes pieds. Fixe une ligne à l’horizon, et avance un pied devant l’autre, sans te presser. Les hommes marchent pour aller d’un point à un autre, donc ils essayent de le faire de la manière la plus rapide et la pratique qui soit. La démarche des femmes est un peu différente, elle sert aussi à attirer les regards. Tu dois avancer lentement, mais pas trop, comme si tu prenais ton temps, que tu flânais. De temps en temps tu peux t’arrêter quelques secondes pour qu’on admire mes jolies jambes !

C’était assez amusant d’expliquer cela à son frère alors qu’elle-même ne le faisait que très rarement. Elle avait appris tout ça de Lavande. Quelques années en arrière, elle aurait bien été incapable de connaître la moindre technique d’approche. Maintenant, elle en connaissait plus sur la drague qu’elle ne l’aurait souhaité, mais cela pouvait s’avérer utile !

-Juste au cas où, j’ai prévu des chaussures de rechange pour l’entrepôt et ta paire de derby la plus confortable pour quand tu auras retrouvé ton corps. J’ai même une solution miracle si vraiment tu ne supportes pas les talons ! Je te laisse t’entraîner un peu, je vais me changer, moi aussi.

Il ne lui fallut qu’une dizaine de minute pour réapparaître, copie conforme de son double, même robe, mêmes chaussures, même coiffure, même type de maquillage. Aïlin et elle avaient décidé de laisser leurs cheveux détachés mais elle prenait de quoi se les attacher quand cela deviendrait salissant. Elle ignorait encore quelle part active elle aurait ce soir, mais mieux valait tout prévoir.

- Tu apprends vite ! Fit-elle en l’observant depuis l’embrasure de la porte. Tu n’as pas trop mal aux pieds ? Ca ira ? Sinon, tu n’as qu’un mot à dire et je mettrai au point une petite illusion de mon cru !

Il n’était pas si difficile que ça de faire passer des ballerines pour des escarpins quand on savait de quoi on parle et un profane serait bien incapable de voir la différence.

Elle s’avança d’une démarche légèrement chaloupée et tourna sur elle-même :

- Voilà à quoi tu ressembles ce soir, mon frère. Enfin... à quelques minuscules différences près…

Même sans la démarche, Aïlin était plus sexy qu'elle, il ferait un appât de choix. Elle lança un regard à l’horloge de la chambre et plongea son regard acier dans celui d’Aïlin :

- Alors, à ton avis, est-ce qu’on est prêt ?
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyVen 27 Juil - 15:13:34

Marcher convenablement n'avait jamais paru aussi difficile au jeune Bower. Le moindre de ses pas semblait savamment calculé pour ne pas riper et, dans un premier temps, la grâce n'était vraiment pas au rendez-vous. Observant les conseils et les démonstrations de sa sœur, il s'évertua à prendre confiance néanmoins, et à marcher d'un pas plus direct, plus naturel. Après tout, la plupart des femmes parvenaient à marcher avec des talons à force d'un peu d'entraînement. Il parvenait à transmuter des pierres avec des procédés complexes, il pouvait bien parvenir à marcher avec des escarpins ! Aïlin força son regard à demeurer droit devant lui, imitant du mieux qu'il le pouvait l'allure de sa cadette. Leur démarche, quoi qu'il fasse, n'étaient pas semblables, mais cela n'avait pas tant d'importance. Ce qui importait était qu'il parvienne à maîtriser assez sa gestuelle pour que l'illusion fonctionne.
Aïlin se sentait légèrement stupide à arpenter la chambre sans autre but que de marcher, mais il ne pouvait pas réchapper à cette étape. Tandis que sa sœur filait se changer, il continua jusqu'à ce qu'enfin, il se sente plus à l'aise. Ce n'était finalement pas si terrible, lorsque l'on cessait de se concentrer uniquement sur ses pieds. Le jeune homme pivota sur lui-même, plutôt fier d'être parvenu à maîtriser aussi simplement de pareils engins de torture, juste à l'instant où Lynn passait le pas de la porte. Un sourire satisfait se percha sur ses lèvres lorsque sa sœur le complimenta.


« Je crois que je m'en sortirais. Je n'ai pas l'habitude de porter des chaussures aussi serrées, mais en théorie, je n'aurais pas à les garder très longtemps. Je survivrai. »

Le lord adressa un clin d'oeil à la Gryffondor, puis apprécia la tenue et l'élégance de sa sœur, à présent prête. De véritables jumelles se tenaient l'une en face de l'autre, que seule la nature de leur caractère éloignait. L'une dégageait autant de douceur que de chaleur, l'autre majestueuse et glaciale, avait quelque chose de plus sauvage, inaccessible. Aïlin se jeta un dernier regard dans la glace, légèrement pensif.

« Je n'avais jamais fait attention... Tu as les yeux de père. J'ai l'impression de voir son regard, lorsque je me regarde. Il sera avec nous, ce soir... »

En effet, ces yeux gris, associés à l'expression de regard du jeune lord, avait tout pour rappeler Devin. Aïlin garda les yeux rivés sur son reflet, pensif, mais Lynn le rappela bien vite sur terre. Ils étaient désormais prêts, et il n'y avait plus une minute à perdre s'ils ne voulaient pas louper le rendez-vous qu'ils avaient fixé à Carpenter.
Un intermédiaire avait servi pour établir le contact. Un homme de Mikhaïl Dmitriev, qui s'était fait passer pour le proxénète d'une maison close aux mœurs sordides. Une maison inventée de toutes pièces, mais le mensonge avait été assez convaincant pour enthousiasmer le pervers qu'ils s'apprêtaient à attraper dans leurs filets. L'homme s'attendait à ce qu'une femme vienne le chercher à quelques pas de chez lui, afin de l'amener dans cet endroit où les femmes répondaient à tous les fantasmes des hommes. Car, en plus d'exercer sa domination sur les enfants, Carpenter adorait user de son pouvoir sur les femmes, surtout celles qui, dotées d'un fort caractère, feignaient de se défendre de ses assauts.


« Allons-y. »

Murmura Aïlin en attrapant leur bagage, qu'il souleva du sol avec un peu plus de difficultés qu'à l'accoutumée. Il glissa sa baguette magique dans l'un de ses bas, et pris la main de Lynn, pour quitter la chambre et, bientôt, le manoir.
Les deux jumelles montèrent dans la calèche et Aïlin rangea, bien caché sous le siège, le sac qu'ils avaient emportée. D'un coup de baguette magique et d'une adresse prononcée dans un murmure, la voiture s'ébranla et parcouru l'Irlande puis l'Angleterre à une vitesse tout bonnement hallucinante.
Il ne leur fallut que quelques instants pour se retrouver dans une rue malfamée de Londres, où était censé attendre Carpenter. La voiture s'immobilisa, et Aïlin adressa un long regard à sa sœur en glissant une main rassurante dans ses longs cheveux d'ébène. Il l'embrassa sur le front, et sa main qui s'était perdue dans ses cheveux s'envola jusque les doigts de la jeune femme, qu'il serra tendrement.


« Tiens toi prête, garde ta baguette magique en main. N'oublie pas que tu dois lui ligoter les mains dès qu'il montera en calèche. Je m'occupe du reste. Tout se passera bien. »

Sur ses mots, Aïlin lâcha la main de sa sœur et sortit de la calèche. Le lord, paré du corps de sa sœur, s'enfonça dans la rue avec un déhanché légèrement appuyé, tout en faisant claquer avec régularité ses talons sur le bitume. Sa main droite effleurait sensuellement la courbe de sa hanche, mais plus qu'un geste de séduction à l'attention de l'homme qui s'extirpait, au loin, de son immeuble, il était prêt à dégainer sa baguette magique au moindre geste suspect.
Un lampadaire éclaira le visage de Carpenter. Cet homme, pas très grand, à la musculature amollie par la quarantaine et un manque d'exercice physique, avait un visage abject, repoussant. Des rides disgracieuses parcourait son faciès au teint de craie. Ses cheveux, bruns et raides, tombaient sans élégance sur un front carré. Leur regard se croisèrent, et Aïlin transforma avec difficulté le rictus qui menaçait de se glisser sur ses lèvres en sourire enjôleur. Il avait un regard de hyène, avec ses yeux noirs sous ses paupières tombantes, gonflés par l'alcool qu'il avait certainement ingurgité tout au long de la soirée. Sa bouche avait pris le pli d'un rictus méprisant, sadique, cruel. Cet homme ne devait sourire que lorsqu'il jouissait du mal qu'il faisait. La haine que lui renvoyait l'image de ce monstre força Aïlin à accélérer le pas. Il l'aurait volontiers tué maintenant, sur place, d'un unique et mortel sortilège, mais il ne pouvait pas se permettre de prendre un tel risque. Et puis... il fallait qu'il souffre. Qu'il souffre au moins autant que sa sœur et lui avaient souffert.


« Bonsoir, Monsieur Carpenter...
Murmura langoureusement la brune voluptueuse qui s'arrêtait devant le quadragénaire, une main sur la hanche. Pour toute réponse, Aïlin eut le droit à un soupir appréciateur, tandis que l'ogre qui lui faisait face se caressait avidement la pointe du nez.
— Encore mieux que ce que j'espérai... Dis-moi ma beauté, et si j'avais changé d'avis ? Je te prendrai bien tout de suite, dans la petite ruelle, là-bas. Si tu es sage, tu auras le droit à un supplément.
L'homme s'était approché de la fausse prostituée, et ses doigts avaient glissé sans vergogne de ses fesses jusqu'à la cambrure de son dos. Aïlin réprima un frisson de dégoût, tandis que l'haleine fétide du monstre caressait la pulpe de ses lèvres.
— Allons Monsieur... Vous savez bien qu'on ne change pas les règles une fois la commande passée... Et puis... mon patron m'a demandé de vous préparer une surprise que vous apprécierez sans l'ombre d'un doute...
— Mais on a toute la nuit, petite. Allez, laisse-moi un peu voir ce qu'on a là.
Le sorcier plaqua celle qu'il croyait être une jeune femme contre le mur, sans prendre la peine de faire montre d'élégance. Aïlin sentit avec horreur l'odeur de vin, de bière et de gin qui exhalait de la peau de son assaillant, ses lèvres moites happer avec avidité son cou. Il ferma les yeux, révulsé, priant Merlin pour ne pas perdre son sang-froid. Mais Carpenter lui attrapa sans vergogne la cuisse, et ce fut le geste de trop. D'un mouvement rapide et puissant, Aïlin le repoussa et lui glissa sa baguette magique juste sous le menton, avant de le plaquer à son tour contre le mur. Sa main libre agrippait férocement la chevelure du pervers, tandis que son regard, noyé par la haine, le fixait d'un air redoutable. Cela ne dura qu'une fraction de seconde, puis le lord réalisa son erreur. Il lâcha l'homme et fit quelques pas en arrière, avec un sourire faussement amusé. Jouer la comédie ne lui avait jamais parut aussi difficile qu'en cet instant, et il espérait que l'homme n'avait rien vu de l'éclat de son regard.

« Vous êtes un vilain garçon, mon cher... Je me demande si vous méritez ma surprise... mais une promesse est une promesse, et j'ai bien d'autres façons de vous punir. Suivez-moi je vous prie, une voiture nous attend, et il me tarde de profiter du voyage pour satisfaire votre curiosité... »

L'homme, vaincu, ignorant du sort qui l'attendait, se laissa entraîner, marchant néanmoins à un bon mètre derrière la femme qui le guidait. Bientôt, ils atteignirent la calèche, et Aïlin ouvrit la porte.
« Après vous... »
Susurra-t-il alors que l'homme parvenait à sa hauteur. Leurs corps s'effleurèrent, et l'index de Carpenter glissa sur les lèvres d'Aïlin, mais il se laissa faire malgré le dégoût qu'il éprouvait de se faire toucher de la sorte par un homme et, qui plus était, un homme de ce genre. Il avait la sensation de profaner le corps de Lynn, et, dans la ruelle, il avait ressentit cette impuissance que Lynn, autrefois, avait dû ressentir. Il regarda avec une haine féroce l'homme grimper dans la voiture, et le suivit en prenant soin de fermer la porte sans le quitter du regard.
Carpenter se figea en découvrant la femme qui se tenait face à lui, bien assise, sa baguette brandie sur lui. La jubilation manqua presque de supplanter la surprise, quand un sortilège de ligotage le fit tomber dans le fauteuil, pieds et poings liés.


« Ma sœur, Carpenter... C'est elle, ma surprise. Désirable, n'est-ce pas ? Elle a toujours été magnifique, même lorsqu'elle était enfant... Mais vous devez le savoir, puisqu'en vérité, vous vous connaissez tous deux très bien. »

La baguette d'Aïlin s'appuyait maintenant sur la gorge de l'ogre, et sa voix sensuelle détonait avec l'attitude menaçante, prédatrice, avec laquelle il abordait le criminel.

« Qu'est-ce que c'est que ça ? Détache-moi, sale pute ! Tu vas voir, quand on y sera, vous prendrez comme jamais vous n'avez pris de votre vie, bande de salopes !
— Un geste, Carpenter, et je t'égorge comme le porc que tu es.
Vociféra Aïlin.
— En route, Lynn, tu connais l'adresse. »
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptySam 28 Juil - 8:24:19

[Attention -18 violence]


En route, Lynn, tu connais l'adresse.


La voiture se mit en route et Lynn serra sa baguette entre ses doigts pour se rassurer.
Voir son propre corps ainsi plaqué contre le mur dans cette ruelle sordide par cet individu abjecte lui avait fait bien plus peur qu'elle ne l'aurait imaginé. Revoir son visage, déformé par l'âge et les excès, lui avait fait un choc.
Heureusement qu'Aïlin lui avait encore assuré quand ils étaient partis que tout se passerait bien. Il s'occupait de tout.
Elle bénissait Merlin qu'il ait prit les choses en main. Cela avait rendu bien plus facile sa propre contribution. Le ligoter n'avait pas été compliqué et voir son frère malmener un peu Carpenter l'avait aidé à prendre sur elle et à ne pas montrer son trouble. Si leur victime décelait une faille chez elle, il s'y engouffrerait et Lynn refusait d'être responsable de leur échec.
Il n'y aurait pas d'échec.
Au moins pouvait-elle être sûre de cela car le même sang bouillonnait dans les veines de son frère et jamais il ne laisserait Carpenter s'échapper vivant.

Je considère que ce qu'il reste de notre famille est une institution sacrée que plus personne ne viendra ébranler

Le serment d'Aïlin résonna dans son esprit, lui procurant l'apaisement dont elle avait besoin.

Il lui avait juré que Carpenter disparaitrait et il lui permettait maintenant de participer à sa vengeance. Si Lynn croyait bien en quelque chose, c'était à la loyauté de leur sang et à l'union des Bowers. Il lui avait fallu du temps pour comprendre, mais finalement, elle y était enfin parvenue et avait accepté son rôle et sa place dans cette famille.
Depuis, elle se sentait en paix, même si les évènements de ce soir mettaient un peu à mal son sang-froid.
Cette pourriture allait mourir après avoir souffert comme jamais et le monde ne s'en porterait que mieux après cela.

Elle croisa le regard d'Aïlin derrière son propre reflet. Il avait raison, elle n'y avait jamais fait attention jusqu'à maintenant, mais elle avait effectivement les yeux de leur père. Ce fait l'aurait probablement horrifiée plusieurs mois auparavant, mais maintenant qu'elle connaissait la vérité, elle y trouvait presque du réconfort. Sûrement n'avait-elle jamais fait le rapprochement, car il manquait à son propre regard, la dureté de celui d'Aïlin. Elle savait que son père avait fini par perdre l'esprit suite aux manipulations de Torin, mais elle imaginait qu'à une époque lointaine, ses yeux avaient pu avoir un peu de la douceur de ceux Lynn. Bien avant que les évènements ne dégénèrent il avait sûrement aimé sa famille, ou du moins ses enfants. Il avait eu de grandes ambitions pour eux. Et quelque chose lui disait qu'il aurait été fier de voir ses deux cadets se soulever, main dans la main, pour laver l'affront fait à leur ancestrale famille.

Elle se surprit à sourire tandis qu'ils arrivaient devant l'entrepôt.

C'était un bâtiment en pierre, en partie souterrain, au milieu de nulle part, protégé par un sortilège repousse-moldu pour éloigner les curieux.

La calèche s'arrêta et les deux Lynn se levèrent à l'unisson, empoignant chacune un bras de Carpenter pour le traîner à l'intérieur, le menaçant de leur baguette.
Le plafond était haut et les fenêtres à ras du sol, empêchant quiconque de voir ce qu'il pouvait bien se passer à l'intérieur. Un sortilège d'insonorisation avait également complété le dispositif. Au milieu du bâtiment désert trônait une chaise sur laquelle les deux demoiselles jetèrent sans ménagement leur prisonnier.
D'un nouveau geste de sa baguette, Aïlin modifia les entraves de Carpenter pour qu'il ne puisse plus bouger de son siège.
Il était maintenant à leur merci.

Les yeux exorbités de colère, Carpenter vociférait, exigeant qu'on le libère et promettant aux deux sœurs les pires infamies.

Lynn lança un regard amusé à son frère et continua leur petit jeu :


- Je crois qu'il n'a pas compris, le pauvre.

Elle approcha son visage du sien, comme pour se prouver qu'elle pouvait affronter son regard et susurra d'une voix pleine de promesses :

- Nous ne travaillons pas pour votre ami. Et nous n'avons pas l'intention de vous relâcher…Nous avons un bien meilleur programme n'est-ce pas, ma sœur ?

Son rictus obscène la fit frissonner et elle ressentit le besoin de le faire disparaître. Elle lui lança son poing dans le visage, d'une façon magistrale pour une jeune femme qui ne s'était jamais vraiment battue. Un craquement caractéristique retentit quand le nez de cette ordure se brisa, une gerbe de sang maculant son visage et éclaboussant Lynn. Elle recula, satisfaite, tandis que Carpenter beuglait sous la douleur.

Elle se massa la main et fit jouer ses phalanges, peut habituée à user de la violence. Pourtant, cela lui faisait du bien. Et la douleur de sa main lui donnait l'impression de vraiment agir, même si Aïlin serait plus à même de s'occuper de cette partie quand il aurait retrouvé son propre corps.

Le regard fiévreux, brûlant de haine du Magistrat dansa d'une fille à l'autre :


- PUTAIN mais vous êtes qui, sales garces ?

Lynn ne s'étonna pas de la question, après tout, il avait du profiter de plus d'une enfant sans défense. Cette idée la révolta et elle se jura à nouveau qu'il brûlerait en enfer pour cela !

- Vous vous souviendrez peut-être davantage du nom de notre frère. Torin Bower. Vous lui rendiez service en échange de quelques heures avec sa petite sœur. Cette petite sœur c'était moi. Dit-elle d'une voix dure.

Elle vit la surprise passer dans le regard de leur captif, mais cela ne dura qu'un instant. Il devait se demander comment elle pouvait bien se souvenir de tout ça alors que Torin lui avait garantie la sécurité et l'oubli.

Son regard avide passa d'une Lynn à l'autre et une nouvelle grimace se dessina sur ses lèvres :

- Aucun souvenir, mais si j'avais su qu'il y en avait une deuxième, j'aurais fait un prix de gros. C'est pour ça que t'es là ? Demanda-t-il en ricanant à Aïlin. T'es jalouse, tu veux ta part ? Ta sœur a tellement aimé qu'elle t'a refilé l'adresse ? Je les préfère un peu plus jeune mais je peux faire une exception pour toi, petite salope !
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptySam 4 Aoû - 18:10:54

Le langage châtié de cet homme était tout bonnement admirable. Il était l'archétype même du pervers vulgaire, dépourvu du moindre remord et scrupule. La remarque de Lynn à propos de l'inconscience de Carpenter lui tira un sourire forcé, tandis que ses yeux cruels passaient de leur captif à sa cadette. La main sur la hanche, l'autre tenant fermement sa baguette, Aïlin observa la scène qui se déroulait sous ses yeux en spectateur. Même le coup de poing magistral qu'envoya Lynn en plein dans le nez du captif ne le fit pas cligner des yeux. Il observait avec une sorte de fascination sa sœur, comme s'il la découvrait pour la première fois. Il n'aurait pas imaginé qu'elle ose à ce point s'approcher de l'homme, et encore moins que ce soit elle qui lance les hostilités. Il l'aurait volontiers laissé faire, car à présent, il ne doutait pas de la détermination de la Gryffondor. Elle le tuerait, cela ne faisait aucun doute. Aïlin lui laisserait l'honneur du coup final.
Ensanglanté et gémissant, Carpenter n'eut pas même la possibilité de s'essuyer le visage. Ses liens retenaient fermement ses bras derrière son dos. D'un geste discret de son arme, Aïlin renforça le sortilège de sorte à ce que la corde qui le retenait s'enfonce un peu plus dans sa chair. L'autre grogna, et un sourire qui n'avait rien d'amusé passa sur le visage du lord.


— Putain, mais vous êtes qui, sales garces ?
Lynn garda les choses en main, sans flancher une seule seconde lorsqu'elle révéla son identité. Ah, enfin les choses allaient être véritablement intéressantes. La surprise passa une seconde sur le visage du pervers, mais elle se résorba bien vite au profit d'une expression qui ne suggérait absolument aucun regret, ni aucune crainte. Courageux ou inconscient ? Peut-être Carpenter doutait-il que les deux femmes face à lui puissent lui faire véritablement le moindre mal. Après tout, les femmes n'étaient pour lui que des objets, des êtres inférieurs et sans défense. Il l'avait prouvé pendant bien des années, par la façon dont il les avait traité. Même l'innocence d'un enfant ne valait rien à ses yeux. Il n'était qu'un rebut de la société, une créature sans âme qui ne méritait qu'une mort pathétique et douloureuse.
Rien d'autre qu'une haine froide n'éclairait le regard d'Aïlin lorsque Carpenter tourna la tête vers lui, pour lui envoyer au visage ce qu'il considérait encore comme une proposition alléchante. Aïlin glissa sa langue sur ses dents tandis qu'un rictus déformait ses lèvres.


« C'est exactement cela, Carpenter. Je viens réclamer ma part. »

Rétorqua-t-il d'une voix grondante, avant de s'approcher de quelques pas. L'homme ricana. Un rire vulgaire, insupportable. Aïlin brandit son bras armé et entama des gestes secs, rapides, qui firent exploser dans une gerbe d'étincelles orange le sol de part et d'autre de la chaise. Carpenter ferma les yeux en tentant de s'échapper de ses liens, mais ils étaient bien trop serrés pour qu'il ne puisse faire davantage que de se tortiller en faisant branler la chaise. Le dernièr coup lui arriva en plein dans la tempe, moins violent, mais particulièrement douloureux. Il poussa une sorte de plainte entre le hurlement et le grognement, mais Aïlin n'y prêta aucune attention. Le grondement de douleur de l'homme s'écrasa en même temps que son larynx tandis que la corde s'allongeait et s'enroulait autour de son cou. Tandis que Carpenter étouffait, l'aîné s'approcha et se pencha sur lui, pour planter ses ongles dans son visage, aussi profondément qu'il le pouvait.

« Dis moi, Carpenter ? Tu aimes ça ? »
Murmura-t-il en rappel à ce qu'il avait dit à sa soeur, tout en laissant ses doigts glisser. Un sillon de sang et de peau arrachée se dessinèrent sous les ongles d'Aïlin jusqu'aux commissures de ses lèvres.

« La douleur t'excite toujours autant ?
— Et t..oi, t'... t'aimes ça s...ale pute ? »
Aïlin fronça les sourcils, mimant un air doucement réprobateur, puis écrasa lentement son poing contre la glotte de Carpenter. Un sourire vicieux aux lèvres, il s'appuya de tout son poids, jusqu'à ce que les yeux de sa victime se révulsent de douleur, que son visage se crispe, rougisse, que ses rides prématurées tressautent de tics d'agonie. Alors seulement, il se redressa et laissa à contre cœur la corde sur sa gorge se desserrer.

« Mais t'es qui toi, putain ?! »
Finit par vociférer Carpenter lorsqu'il se fut remis du manque d'oxygène. Il y avait la surprise dans ses yeux. De la surprise et de la haine, mais encore aucune peur. Il ne craignait pas pour sa vie, et sa souffrance n'était pas encore assez violente pour qu'il se mette à prendre vraiment peur. Cela viendrait, Aïlin se le promettait.
L'héritier Bower jeta un rapide coup d'oeil à sa sœur puis se tourna avec nonchalance en direction du sac qu'ils avaient emporté avec eux. Il se baissa, l'ouvrit sous les questions et les injures du captif, et en tira une fiole qu'il avala cul sec. Un frisson le parcourut, et attrapant le sac, il s'éloigna derrière une étagère en bois massif, chargée de poussière et de débris de verre.
Lorsqu'il entra de nouveau dans son champ de vision, Aïlin avait retrouvé son apparence. Il s'était rhabillé d'un simple jean noir et d'une chemise blanche et avait essuyé le gros du maquillage dont il s'était peint le visage. Des cernes irrégulières de khôl noir soulignaient son regard d'un bleu vif, glacial. Dans son autre main, celle qui ne tenait pas sa baguette, brillait la garde du couteau de Devin. À peine Carpenter aperçut-il Aïlin qu'une pointe d'inquiétude commença à émerger.

« Devin ? C'est quoi ce bordel ?! T'es censé être mort ! Qu'est-ce que vous m'avez fait, qu'est-ce que vous m'avez filé ? hurla-t-il à qui voulait l'entendre, postillonnant à chaque syllabe.
— Je ne suis pas Devin, mais l'amalgame est fort à propos. Je compte bien te réserver le traitement qu'il rêvait de t'administrer.
— Oooh ! Mais c'est le petit dernier ! Tu comptes faire quoi ? Supplier le fantôme de ton père de te donner la force de me tuer ? Torin m'a toujours dit que tu étais un mollasson incapable, chialant sur le sort de ta putain de sœur. Si tu savais, tout ce que je lui ai mis, comme elle hurlait alors que tu étais à côté ! Je l'ai...
— Endoloris ! »

Aïlin mis une longue seconde à se rendre compte que le sortilège impardonnable avait jaillit de deux baguettes. Carpenter se révulsa, hurla, parcouru de spasmes incontrôlables. Son agitation, malgré ses liens, fit balancer la chaise qui s'effondra de côté, laissant l'homme dans une position ridicule, sur le flanc. Chaque parcelle de son visage était écarlate, il semblait être sur le point d'imploser. Aïlin dû faire un effort surhumain pour arrêter son geste. Lorsqu'il releva sa baguette, Lynn, elle, continuait, des larmes au bord de ses yeux gris, exorbités par la haine. Le jeune homme s'approcha vivement et releva la baguette de sa cadette, en lui adressant un regard entendu. Si elle continuait ainsi, Carpenter ne serait plus qu'un légume, et il était convenu qu'il devait souffrir bien plus longtemps que cela. Il devait la supplier, lui demander son pardon qu'elle ne lui accorderait que dans la mort.
Le regard glacé de Bower s'arrêta sur le magistrat haletant, bavant contre le sol poussiéreux. Il n'arrivait à éprouver aucune pitié pour lui.


« Je crains que mon frère ait omis de te dire que je ferais tout pour protéger, venger et laver l'honneur de ma sœur ainsi que de ma famille. Peut-être aussi a-t-il oublié de t'avertir que le mensonge dont vous aviez convenu pour vous couvrir m'a conduit à tuer mon propre père sans la moindre hésitation. Mon propre père, Carpenter... Imagine ce que tu vas encore endurer ce soir, avant qu'on ait la pitié de t'abattre. »
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyMar 7 Aoû - 16:34:40

La vulgarité de leur victime rebutait Lynn et elle fut soulagée quand son double prit les choses en main. Elle ne bougea pas quand les explosions retentirent autour d’eux, le regard rivé sur Aïlin et Carpenter. Elle était fascinée par la façon dont son frère utilisait son corps, toute la menace et tous les sous-entendus qu’il était capable de transmettre avec ses lèvres et ses yeux.

Elle regarda Carpenter continuer à défier son bourreau jusqu’à ce qu’il soit à deux doigts de l’étrangler. Une partie d’elle brûlait de le voir crever comme un chien, là, immédiatement. Elle fut presque déçue quand son frère daigna le laisser à nouveau respirer, mais elle savait que la mort était un châtiment bien trop doux pour cette ordure.

Une haine semblable à celle de son frère brillait dans ses yeux. La sienne était peut-être plus vive encore car outre avoir profané son corps il avait également détruit leur famille et menacé l’équilibre de son frère. Il n’y avait plus personne pour prendre le blâme de ce qui leur était arrivé. Tous les protagonistes de cette sordide histoire avaient maintenant disparus. Il ne restait plus que Carpenter et il allait payer pour tous les autres.

Pour l’instant, il ne ressentait rien si ce n’était de la surprise et de la colère. La graine de la peur n’avait pas encore commencé à germer dans son esprit, probablement car il ne considérait pas les deux « sœurs » comme une menace. Il était peut-être temps pour Aïlin de se montrer sous sa véritable apparence.

Comme s’il avait lu dans ses pensées, Aïlin lui jeta un regard et elle acquiesça, un petit sourire sur les lèvres.
Tandis que Carpenter vociférait, il s’éloigna.

Lynn en profita pour lancer un sortilège qui resserra les liens du captif. Ils s’enfoncèrent dans sa chair, incisant la peau un peu plus à chaque mouvement.


- On a une autre petite surprise pour vous… dit-elle tandis qu’Aïlin réapparaissait, majestueux.

Elle le regarda s’avancer avec fierté. Son frère était devenu un homme puissant, cultivé, séduisant et déterminé. Rien ne pourrait l’arrêter. Et cette certitude la faisait vibrer toute entière.
Ils allaient enfin obtenir leur vengeance.
Elle ne put s’empêcher de voir leur père à travers lui mais cela n’évoquait plus aucune peur en elle. Bien au contraire. Elle était heureuse de retrouver ce lien bafoué qui avait été tant perverti par Torin. Ils avaient été une famille heureuse, une éternité auparavant. Et même s’il ne restait guère plus qu’Aïlin et elle pour faire vivre ce souvenir, Devin vivait à travers eux. Les traits d’Aïlin, les yeux de Lynn. Les Bowers ne pouvaient nier leur héritage.

Carpenter crut voir un fantôme mais cela ne lui apprit pas pour autant les bonnes manières.


Oooh ! Mais c'est le petit dernier ! Tu comptes faire quoi ? Supplier le fantôme de ton père de te donner la force de me tuer ? Torin m'a toujours dit que tu étais un mollasson incapable, chialant sur le sort de ta putain de sœur. Si tu savais, tout ce que je lui ai mis, comme elle hurlait alors que tu étais à côté ! Je l'ai...

- Endoloris !

L’horreur de ces mots avait eu raison de sa tempérance. Le sortilège impardonnable avait fusé si vite et si naturellement que Lynn aurait juré avoir fait ça toute sa vie. Elle n’avait même pas eu besoin d’y penser. Aucun scrupule, aucune culpabilité. Il n’avait que ce qu’il méritait.
Ses yeux se remplir de larmes de rage alors qu’elle regardait son ancien tortionnaire se tordre de douleur. Elle se perdit dans l’observation de son corps déformé par la peine et la souffrance si bien qu’elle tressaillit lorsqu’Aïlin releva sa baguette et lui jeta un regard équivoque.

- Merci… parvint-elle à dire après s’être repris, secouant légèrement la tête. C’était plus grisant que je ne l’avais imaginé.

Elle n’aurait sûrement fait cet aveu à personne d’autre. Mais elle était convaincue qu’il comprendrait. Elle n’obtiendrait paix et vengeance que dans la souffrance de son violeur. Ils avaient toute la nuit pour lui faire regretter le jour de sa naissance.
Il aurait été dommage de le tuer tout de suite. Il ne méritait pas tant de clémence.


« Je crains que mon frère ait omis de te dire que je ferais tout pour protéger, venger et laver l'honneur de ma sœur ainsi que de ma famille. Peut-être aussi a-t-il oublié de t'avertir que le mensonge dont vous aviez convenu pour vous couvrir m'a conduit à tuer mon propre père sans la moindre hésitation. Mon propre père, Carpenter... Imagine ce que tu vas encore endurer ce soir, avant qu'on ait la pitié de t'abattre. »

La jeune femme sourit d’un air inquiétant face aux mots de son frère qui reflétaient tant son propre état d’esprit. Plus que jamais elle avait l’impression d’être en harmonie avec lui, comme les deux faces d’une même pièce. Différents mais complémentaires. Au final, rien ne pouvait les séparer.
Elle se rapprocha d’Aïlin et passa un bras autour de sa taille, la tête appuyée contre son épaule, regardant avec mépris Carpenter qui gisait au sol telle la loque qu’il était :


- Je n’aurais pas mieux dit, mon frère…

D’un geste brusque de sa baguette, elle redressa la chaise et quitta l’étreinte de son frère pour se rapprocher de Carpenter, glissant sa baguette sous son double menton pour qu’il croise son regard aussi tranchant que de l’acier :

- Tu as quelque chose à dire, Carpenter ?

Le vouvoiement n’était plus de mise. Il n’était plus qu’un moins que rien qui ne méritait même pas qu’elle s’adresse à lui. Elle le traiterait comme il l’avait traité jadis, sans douceur, sans compassion, sans pitié.
Le prisonnier toussa et cracha du sang avant de rendre à Lynn un regard sombre, monstrueux et contre toute attente, il se mit à rire:


- Ca y est, je me souviens de toi… la petite Lynn… comme j’ai pris mon pied avec toi, quand tu gémissais mon nom… « Auguste… Auguste, pitié, non, je vous en supplie laissez-moi » imita-t-il en geignant avant de se lécher les lèvres. J’en bande encore rien que d’y penser !

Lynn n’eut pas besoin de baisser les yeux pour voir qu’il disait vrai et elle fit un pas en arrière, écœurée, sentant malgré elle les battements de son cœur s’affoler. Avant qu’elle ne perde le contrôle de ses émotions ou de la situation, elle s’écria :

- Sectum Sempra !

De profondes entailles se dessinèrent sur le corps du magistrat dont le sang se mit à jaillirent, imbibant ses vêtements et éclaboussant ceux de Lynn.
Elle n’attendit qu’une poignée de secondes, avant qu’il ne se noie dans son propre sang, pour lancer un autre sortilège qui referma les plaies.


- Tu bandes encore après ça ? Demanda-t-elle avec colère, reprenant ses propres mots.

- Il faudra que je perde plus de sang que ça pour que tu arrêtes de m’exciter, sale chienne !

- Il suffit de demander… murmura-t-elle avant de lancer à nouveau : Sectum Sempra !

A nouveau, elle referma les blessures, se promettant qu’elle ne le laisserait pas mourir pour avoir perdu trop de sang. Il ne s’endormirait pas paisiblement pour un repos éternel. Jamais !

Malgré son état pitoyable il dévisagea Lynn avec obstination et grogna :


- Je te baiserai ! Je te baiserai comme une pute et quand je t’aurai fait avaler tout mon foutre je te trancherai la gorge, pétasse !

Lynn se fit violence pour ne pas répliquer et se contenta de se détourner de lui pour se rapprocher d'Aïlin. Elle avait besoin de quelques instants. Alors qu'elle rejoignait son frère, plongeant son regard dans le sien pour retrouver un peu de sérénité, elle remarqua que la boucherie qu'elle venait de perpétrer avait tâché sa chemise:

- Tu n'aurais peut-être pas dû choisir une chemise blanche... dit-elle sur le ton de la conversation, un petit sourire amusé aux lèvres. C'est tellement salissant...

Carpenter semblant incapable de la fermer, elle jeta un regard ennuyé à l'héritier Bower:

-.. tu n'aurais pas une idée pour le faire taire ?

Elle s'installa quelques pas plus loin pour avoir une vue imprenable sur leur victime et fit tournoyer sa baguette dans ses doigts.


- A ton tour, amuse-toi un peu. Je te fais confiance. Après tout, on a toute la nuit...
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyMar 7 Aoû - 22:26:28

« C'était plus grisant que je ne l'avais imaginé... »
Ces paroles résonnèrent étrangement dans l'esprit du jeune lord. Elles étaient étranges, oui, et inquiétantes. Morbides, malsaines, à des lieues de ce timbre de voix presque angélique qui les prononçait. À cet instant, Aïlin eut comme un sursaut de conscience, malgré le speed qui courait à toute allure dans son sang, faisant redoubler les battements de son cœur, malgré le sang qu'il s'apprêtait à répandre presque froidement. Il avait eu tout le temps de réfléchir à leurs actes, mais il ne l'avait pas fait. Il n'avait pas cherché d'autres solutions parce qu'elle semblait être la seule qui leur fut accessible, la seule qui puisse les soulager tous deux. Mais voir Lynn sombrer dans les tréfonds les plus obscurs de son âme n'avait finalement rien de soulageant. Un coup de poing était une chose, mais un endoloris acharné était bien plus grave, bien plus révélateur de la violence qu'il avait déclenché en elle. Lui, où cet homme sur lequel ils s'acharnaient. Néanmoins, Lynn aurait-elle été capable de procéder à de tels actes seule ? Aïlin était certain que non. C'était lui qui lui donnait la force, c'était lui qui l'emmenait dans ces recoins sombres où se transforment les innocents en meurtriers.
Et lorsqu'elle se lova contre lui, qu'il sentit ses cheveux effleurer sa nuque tandis qu'elle reposait la tête sur son épaule, Aïlin s'en voulut terriblement. Il n'était plus certain d'avoir fait le bon choix. Et cette frustration, qui commençait à naître dans son cœur crispé, douloureux, trouva son paroxysme lorsque sa cadette se transforma en tortionnaire et s'acharna sur l'être vulgaire qu'ils avaient capturé. Une éclaboussure de sang s'écrasa contre sa poitrine, et le jeune homme détourna le regard. Ce n'était pourtant que justice. Mais il ne put s'empêcher de se rappeler la dernière fois où il avait pensé une telle chose, pour se rassurer. Son père n'avait pas mérité la mort. Tout aurait pu se passer autrement.
Mais cet homme-là, lui, la méritait. La prison était bien trop douce, maintenant qu'il n'y avait plus de détraqueurs pour transformer la vie des prisonniers en purgatoire. Rien n'aurait pu l'arrêter, d'ailleurs. Certainement pas la véritable Justice. Il était magistrat, il était corrompu. Il n'était certainement pas seul, et Aïlin savait que ces gens là trouvaient les meilleurs comparses pour se défendre et éviter de faire face aux conséquences de leurs actes. Il se croyait intouchable, même dans la douleur que le frère et la sœur infligeaient à sa chair. En témoignait ses airs bravaches et ses insultes incessantes. Il ne méritait rien d'autre que l'agonie et le trépas, mais pourtant, Aïlin eut une hésitation. Ils n'auraient jamais dû avoir à faire cela. La morbide fascination qu'il éprouvait à observer sa sœur torturer était sale, malsaine. Cela l'angoissait, le mettait en colère et paradoxalement, le rassurait. S'il était fou, il n'était pas le seul. Si elle n'avait pas de scrupule, c'est qu'il n'y en avait pas à avoir. Et si elle était capable d'autant d'acharnement dans la violence, c'était que la fatalité dirigeait leur vie plus que leurs ambitions et leurs désirs personnels. Leur nom, irrémédiablement, semblait les conduire, toujours, à la violence. Ce nom était comme une malédiction, qu'ils portaient sans avoir le choix, tantôt l'assumant, tantôt le supportant avec dégoût.

Dans cette spirale d'émotions, Aïlin ne sut plus qu'écouter dans les pensées nombreuses qui circulaient dans son esprit. Il se sentait perdre pied, et l'ultime insulte lancée à Lynn acheva de le faire exploser. Il sentit quelque chose éclater dans son ventre, irradier son estomac, sa gorge, et son poing se crispa sur le manche sculpté de sa baguette. Il n'y avait plus de décence, plus de sentiment. Seulement cette rage qui ne demandait qu'à se déverser. Carpenter faisait un parfait cobaye. Après tout, il avait veillé à ce que cet écart soit sans conséquence. Après tout, personne n'en saurait jamais rien. Cela ne resterait qu'un dérapage dont on ne parlerait plus jamais, un ultime secret partagé avec sa petite sœur, l'une des rares à connaître les passions noires et fulgurantes qui animaient parfois le jeune héritier.

Sur un mot d'elle, il se décida à laisser ses instincts de vengeance s'émanciper. Il s'avança, réalisant que Carpenter ne le regardait pas encore, trop occupé à se gorger de la silhouette de la Gryffondor, qu'il apercevait de dos. Alors, Aïlin brandit le poignard de son père et lui enfonça d'un coup sec et précis dans l'oeil gauche. La garde ne s'enfonça pas assez pour toucher son cerveau, mais le sang se répandit par flots sur ses mains et ses bras. Bientôt, même le tissu épais de sa chemise fut trop gorgée d'hémoglobine pour en retenir l'afflux, qui s'écrasa en grosses gouttes sur les deux hommes. Carpenter hurlait, s'agitait, et chaque mouvement dans sa nuque ne faisait que creuser davantage la chair autour de l'orbite, tandis que la lame y était encore enfoncée. D'un mouvement souple du poignet, Aïlin fit tournoyer la dague dans la cavité, accentuant la hauteur des cris du magistrat.


« Je t'interdis même de l'effleurer du regard... »

Cracha Aïlin, féroce. Il retira d'un coup sec l'arme de l'oeil éclaté de son captif, entaillant, au passage, l'arête de son nez déjà bien abîmée.

« Désire-tu encore nous faire démonstration de ta grande loquacité ? 
Se gaussa le lord, méprisant, alors qu'il essuyait du bout des doigts la lame étincelante de son couteau.
— Ç...ça suffit... relâchez-moi... relach...et je me tairais...
— Nous ne pouvons pas nous permettre une telle mansuétude, vois-tu. Nous n'avons pas la naïveté, nous, de croire qu'une victime relâchée dans la nature n'est pas un danger potentiel. C'est trop tard pour toi, Carpenter. Fais face à tes actes.
— N... Non... Pitié... j'ai une femme, une famille... j'ai une petite fille...
Aïlin tourna un regard circonspect à sa sœur.
— Permet-moi de ne pas y croire une seule seconde.
— Dans ma poche... mon portefeuille... regardez... »

D'un geste agacé, Aïlin envoya un accio en direction de l'endroit cité par Carpenter et son portefeuille atterrit presque aussitôt entre ses doigts, qui tenaient encore sa baguette. Il la fit changer de main et s'employa à ouvrir le contenant de cuir, sans prendre la peine de poser ses armes. Ce n'était que partie remise, car il ne croyait en aucun cas à une telle possibilité. Il fit quelques pas distraits dans la pièce, puis se figea un instant, lorsqu'il vit une série de photos se déballer sous ses yeux surpris. C'était impossible, pensa-t-il. Mais pourtant, il avait un presque charmant trio réuni sous ses yeux. Une petite fille à l'air pas très futée mais souriante, enlacée par une blonde frêle, à l'air fragile, attendrissante. Carpenter apparaissait sur certaines photographies, le sourire aux lèvres, l'air tantôt fier, tantôt paternel. Mais dans ses yeux, l'on reconnaissait cette absence propre à ceux qui aspirent en secret à autre chose, cette étincelle qui cachait les noirceurs les plus tétanisantes.
Aïlin referma le portefeuille d'un geste sec, sans remarquer le sourire presque triomphant qui avait doucement émergé sur le visage de Carpenter. Le lord jeta le bout de cuir au sol et le détruisit d'un incendio avant de daigner reposer le regard sur le captif.


« Et alors ? » Demanda-t-il tout d'abord, hautain. « Comment peux-tu être tel que tu es, comment peux-tu te regarder dans une glace alors que tu as des proches à protéger ? Laisse-moi deviner... Ce n'est en vérité qu'un alibi, n'est-ce pas ? Une merveilleuse petite tenue de camouflage pour protéger tes secrets les plus sordides ? On ne me prendra pas avec une ruse aussi faible. »

Il s'approcha près, tout près du visage de Carpenter, pour lui murmurer d'une voix grondante :

« Je parie même qu'elles ont toutes les deux été les victimes de tes pulsions... Mais cette enfant dont tu dois brandir la photo à qui le veut bien, elle criait, elle aussi ? T'es-tu lassé de ses plaintes, de la vue des plaies que tu lui avais infligé ? Non Carpenter, tu peux te cacher sous tous les masques que tu veux, nous n'aurons aucune pitié pour autant. »

Aïlin se recula de quelques pas et brandit de nouveau sa baguette magique, cette fois, pour le défaire de ses liens. L'homme tomba lourdement sur la face, se retournant un poignet qui craqua sous son poids. D'un geste vif, Aïlin informula un nouveau sortilège qui lui brisa les tibias.

« Tu ne peux plus fuir, ce soir. »
Déclara-t-il d'une voix blanche. Puis, totalement fermé, l'air calme malgré son cœur qui palpitait douloureusement sous sa cage thoracique, Aïlin releva les yeux sur sa sœur.

« Finissons-en. Fais-ce que tu veux de lui d'abord, mais tue-le. »
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyMer 8 Aoû - 16:52:02

Lynn tressaillit quand la dague de son frère s’enfonça dans l’œil de Carpenter mais elle ne bougea pas et ne détourna pas les yeux. Ce qu’ils faisaient, ce qu’ils vivaient à cet instant précis, ils devaient le partager tous les deux. Elle ne le laisserait plus jamais subir les conséquences pour elle. Cette nuit les lierait à jamais dans un ultime secret morbide. Après cette nuit, enfin, ils pourraient commencer une nouvelle vie. Elle était une Gryffondor, sa baguette contenait une plume de Phoenix. Il fallait qu’elle soit courageuse et elle renaitrait de ses cendres.

La mutilation de Carpenter eut l’effet escompté. Ses insultes bravaches disparurent et la peur enfin perça le regard de son unique œil valide.
Sa voix flancha et il demanda qu’on le relâche, promettant qu’il se tairait. Mais la réponse d’Aïlin fusa, sans espoir. Il avait raison. Ils étaient la preuve vivant que laisser ses victimes en vie était une très mauvaise idée…
En revanche, la réponse du magistrat les prit tout deux par surprise.
Elle jeta un regard inquiet à son frère. Il ne semblait pas plus au courant qu’elle.
Comment était-ce possible ? Comment un monstre pareil pouvait avoir une famille ?Allaient-ils vraiment faire une veuve, des orphelins ?
Elle se rapprocha de l’héritier Bower alors qu’il ouvrait le portefeuille et ses yeux s’agrandirent sous le choc en voyant les photos de famille de son ancien bourreau.


- C’est impossible… murmura-t-elle en agrippant la manche du Lord.
Le doute s’immisça soudain en elle, bref, furtif et son cœur s’affola. Heureusement, le commentaire d’Aïlin lui permit, à nouveau, de reprendre son calme. Il avait raison. Cette famille n’était qu’une mascarade, un alibi, un mensonge pour couvrir ses arrières.


« Je parie même qu'elles ont toutes les deux été les victimes de tes pulsions... Mais cette enfant dont tu dois brandir la photo à qui le veut bien, elle criait, elle aussi ? T'es-tu lassé de ses plaintes, de la vue des plaies que tu lui avais infligé ? Non Carpenter, tu peux te cacher sous tous les masques que tu veux, nous n'aurons aucune pitié pour autant. »


Ces mots achevèrent d’apaiser la culpabilité de Lynn qui n’en fut pas moins bouleversée. Elle ne se souvenait que trop bien que pendant des années, elle avait cru être la victime des pulsions de son père. L’incompréhension, la honte et la terreur qu’elle avait attribuée à Devin résonnaient encore en elle. Elle avait crié, elle avait supplié, pour apprendre, bien trop tard, que c’était finalement cette loque humaine qui lui avait fait subir ça. L’idée qu’il ait pu faire la même chose à sa propre famille, son propre sang la révoltait en la plongeant dans de trop sombres souvenirs.
Son regard se voila et elle regarda, sans le voir, Carpenter s’effondra sur le sol. Le craquement de ses jambes brisées la ramena à la réalité et elle frissonna quand elle croisa le regard de son frère.


« Finissons-en. Fais-ce que tu veux de lui d'abord, mais tue-le. »

Elle ne voulait plus jouer. La satisfaction de le voir à ses pieds n’était pas suffisant pour justifier davantage de tortures. Elle était épuisée, écœurée et elle voulait en finir.
Baguette serrée dans la main, elle dévisagea Carpenter avec dégoût.
Elle ne comprenait pas ce sous-homme qui était incapable du moindre regret ou de la moindre compassion.
Il sembla croire qu’elle attendait quelque chose de lui car malgré son état il essaya de se redresser :


- … j’arrêterai… je me ferai soigner… jamais plus je ne toucherai à la moindre femme… je … je.. je vous donnerai de l’argent.. beaucoup d’argent ! Ne me tuez pas… pitié… ne me tuez pas…

Elle secoua la tête. Il ne la suppliait pas de l’achever, comme tout homme de raison le ferait mais suppliait encore pour sa survie. Il voulait de l’indulgence, il voulait de la clémence…
Lynn pointa sa baguette sur le monstre dont l’œil valide s’écarquilla d’angoisse.


- Pitié ! S’écria-t-il entre deux quintes de toux. Pardonne-moi… aie pitié ! Je changerai, je le jure !

- Ta parole ne vaut rien… tu as fait trop de mal pour être pardonné…


- Ne fais pas ça… pitié…!
Gémit-il en essayant cette fois de reculer hors de portée de la jeune femme.

Lynn chercha le regard d’Aïlin alors que sa main tremblait. Elle avait peur. Elle savait que cela changerait tout, à tout jamais, qu’elle ne pourrait jamais oublier, jamais revenir en arrière… mais n’avait-elle pas déjà franchi le point de non-retour ? Elle devait le faire. Elle ne laisserait pas Aïlin faire cela à sa place. Elle ne pouvait pas lui faire ça. Elle devait le faire. Il avait tué leur père pour elle. Elle devait tuer le responsable de tout ce gâchis pour lui. Pour elle bien sûr, mais avant tout pour lui.
Les deux iris bleus de son frère lui donnèrent le courage qui lui manquait et sa main se crispa sur sa baguette
.

- Pitié… non… non… pitié ! Ai Pitié !

- Jamais… murmura-t-elle en plongeant son regard dans le sien. Avada Kedavra !

Le sort jaillit et un éclair vert heurta de plein fouet la poitrine de Carpenter qui s’effondra comme un vulgaire pantin.
Lynn resta immobile quelques instants, fixant le cadavre comme si elle ne le voyait pas.

Elle était libre.

Puis avec un hoquet de surprise, elle recula et lâcha sa baguette comme si elle l’avait brûlée.
Sous le choc elle s’éloigna du corps et s’adossa contre le mur avant de se laisser glisser sur le sol, des larmes silencieuses glissant sur ses joues.


- C’est fini…

Cette constatation lui procura un immense soulagement et elle laissa échapper un petit rire nerveux avant d’éclater en sanglot, la tête entre les mains.
C’était trop d’émotions d’un coup. Il fallait qu’elle évacue tout ce stress, toute cette fatigue.
Elle avait ôté une vie. Elle avait tué. Elle avait utilisé des sortilèges impardonnables. L’un deux avait donné la mort. ELLE avait donné la mort.
Elle se sentait mal, sale, honteuse. Et elle s’en réjouissait.
Elle savait que ce serait le cas. Elle l’avait espéré et elle était soulagée de constater que c’était le cas. Elle n’était pas un monstre. Son humanité en avait pris un coup, certes, mais elle n’était pas devenue un monstre.
Elle avait eu peur de se sentir différente, elle avait eu peur de devenir un être assoiffé de sang et de souffrance, mais toute sa colère, sa haine et sa peur avaient disparues avec le dernier souffle de Carpenter.

Elle était libre…

Elle releva la tête en sentant son frère approcher et essuya ses larmes, honteuse de pleurer devant lui alors qu’elle avait tant essayé de rester forte :


- Je suis désolée…excuse-moi…

Elle inspira profondément et se releva, remettant un peu d’ordre dans sa tenue souillée. Tout cela avait été bien plus éprouvant qu’elle ne l’avait imaginé. Elle était extenuée.

- Je suis juste… soulagée que ce soit enfin fini...

Elle savait que lorsque l’effroi de cette soirée et de ce qu’elle avait fait lui apparaîtrait sous un angle différent à la lumière du jour. Elle aurait un peu de mal à l’accepter. Mais elle y parviendrait. Elle n’avait finalement fait qu’embraser la destinée familiale.
Son côté sombre avait pris le dessus, elle l’avait laissé la contrôler, la dominer. Mais c’était maintenant terminé. L’ombre des Bowers n’était pas une fatalité. Son âme était maintenant tâchée d’une trace indélébile mais elle savait que cela lui permettrait de continuer le chemin qu’elle s’était choisie. Elle avait eu besoin de cela. C’était sa punition et son absolution pour avoir involontairement causé la perte de leur père et le déclin d’Aïlin.
Elle s’en remettrait. Elle savait que c’était la seule chose à faire, que personne ne regretterait Carpenter et que sa famille ne s’en porterait que mieux, sans lui. Le torturer avait été nécessaire pour faire son deuil. Le deuil de son enfance, de son innocence. Tout cela était maintenant derrière elle.


Elle était libre !

Comme un baume, la proximité d’Aïlin lui fit du bien. Ils avaient scellé un pacte ce soir-là. Ils ne reparleraient plus jamais de ce qui c’était passé. Ils partageaient désormais non pas un mais deux secrets familiaux. Ils allaient s’en sortir. Ils iraient bien.
Elle voulut le remercier mais cela lui parut déplacé. Au lieu de ça, elle serra sa main dans la sienne, espérant que dans son regard troublé, il comprendrait la gratitude qu’elle éprouvait pour lui de ne pas l’avoir laissée seule affronter son démon personnel.


- Je suis libre maintenant…
murmura-t-elle d’une voix qui tremblait encore légèrement, comme pour s’en convaincre elle-même.

Puis elle se détourna et prit quelques affaires pour aller rapidement se changer. Elle revint les cheveux attachés, vêtue d’un jean, d’une chemise noire et d’une paire de basket en toile. Si on oubliait l’ombre dans ses yeux, c’était comme si rien ne s’était passé :


- Tu veux bien que je dorme au manoir, cette nuit ?

Elle n’avait pas envie d’être seule dans son appartement.
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyVen 17 Aoû - 16:57:22

Aïlin regarda le corps inanimé étalé sur le sol comme un vulgaire tas de chair molle. Carpenter n'était plus, c'était fini. Son corps n'était plus même le reflet de ce qu'il avait été, ainsi privé de la fragile étincelle qu'était la vie, les os brisé, le sang renvoyant ses derniers rejets sur le sol, avant que les battements éteints de son cœur ne stabilise le flux. Bientôt, ce sang coagulerait. Ses veines bleuiraient. Son teint jaunirait, puis blanchirait, et toute impression de vie aura définitivement disparu. D'un léger coup de pied, Aïlin regarda le cadavre gigoter mollement. Il n'en voulait plus à cette enveloppe vide. Il était épuisée, vidé. La vie rependrait son cours, sans Carpenter, sans même lui laisser la grâce de demeurer dans le souvenir de cette funeste soirée.
Sans un mot ni un regard pour sa sœur, qui s'était effondrée contre le mur, Aïlin s'avança de quelques pas et ramassa l'arme du crime. Il posa les deux baguette et le poignard près de leur bagage, puis s'approcha d'un pas lent de sa sœur, qui venait à présent de céder aux larmes.


« Ce n'est rien, je comprend. »

Répondit-il lorsqu'elle s'excusa. Pour sa part, aucune larme ne lui venait, ni aucune émotion particulière. Il se sentait seulement comme une coquille vide, lasse devant une situation grossière, inepte. Nul soulagement. Nul apaisement. L'un deux, au moins, semblait avoir été sauvé.
Aïlin aida sa cadette à se remettre sur ses jambes, en lui adressant un sourire qui n'avait rien de vrai, bien qu'il le laissait croire. Il embrassa son front avec la douceur d'un baiser volé, puis la laissa s'en aller, tandis que ses derniers mots tournaient dans l'esprit du lord. Elle était libre. Pourquoi lui ne parvenait-il pas à sentir cette sensation grisante l'assaillir ? Pourquoi demeurait-il aussi insensible ? Le regard d'Aïlin se tourna vers le cadavre. Il ne s'était pas vengé. Il avait lavé l'honneur de sa sœur. Mais il ne s'était pas vengé du mal que Torin lui avait fait. Il n'avait pas eu le véritable responsable. Il n'avait pas éradiqué la graine de mal qui germait dans son âme. Il était l'unique responsable. Il était un meurtrier et avait transformé sa sœur en ce qu'il était. D'un mot, d'une promesse, il avait fait de Lynn ce que chaque membre de sa famille avait tenté de faire d'elle pendant des années, sans y parvenir. Il était bien plus dangereux, bien plus vicieux et manipulateur que l'avaient été ses frères. Parce qu'il n'utilisait pas la violence, mais les sentiments. Parce qu'il avait compris à quel point le pathos était une arme formidable pour modeler les cœurs. C'était ce pourquoi Torin s'était tant méfié de lui. Il avait flairé l'adversaire avant même que le cadet ne se soupçonne la force de le surpasser.
Il avait voulu que sa sœur assume enfin son nom, il avait voulu ne pas être le dernier Bower sali par le sang d'autrui. Et il y était parvenu, sans l'ombre d'un doute. Un soupir lui échappa, et il reprit sa fausse baguette pour transformer le cadavre en un unique qu'os, qu'il fit disparaître en fumée. Il lança des récurvites dans la pièce pour nettoyer du sang qui demeurait, fit brûler la chaise, la moindre fibre de tissu, de corde, la moindre trace qui pourraient parler à celui ou celle qui poserait les yeux dessus. Puis d'un geste sec, il brisa son arme en deux, en extirpa le ventricule qu'il écrasa sous ses doigts. Il utilisa la baguette de Lynn pour brûler le bouleau qui avait servi à la conception de l'arme, puis nettoya les cendres, pour enfin lui faire subir le même sort.
Tandis que Lynn reparaissait, Aïlin sortait de leur valise un sac de lin dans lequel il plaçait les cœurs des baguettes, ainsi que sa chemise souillée de sang, dont il s'était défait. L'alchimiste récupéra enfin sa véritable baguette et la rangea dans la poche de son pantalon. Il se redressa et braqua ses yeux bleus vifs sur Lynn lorsqu'il perçu le son de sa voix.


« Bien sûr que tu vas dormir au manoir, ce soir. Je ne veux pas te savoir toute seule. »

Rétorqua le jeune Bower d'un air entendu. Il s'approcha d'elle mais s'arrêta avant de la prendre de ses bras lorsqu'il réalisa tout le sang qui s'étalait encore sur sa peau. Ses yeux s'arrêtèrent sur son poignet bruni par le sang à peine séché et il se sentit sale. Aïlin se recula et fit jaillir un jet d'eau de sa baguette, s'arrosant les bras jusqu'au coude pour faire disparaître toute trace d'hémoglobine. Il essuya de la même manière le tracé rouge pâle qui avait marqué son torse malgré sa chemise, et ne se sécha que lorsqu'il fut sûr qu'il ne demeurait plus une trace de sang sur lui. Alors, il lança un dernier sortilège de nettoyage sur le pavé et alla chercher une chemise propre, qu'il revêtit.

« Rentrons, maintenant. »

Murmura-t-il en prenant la main de sa sœur. Il attrapa la valise et quitta l'entrepôt. Les quelques lumières qui avaient éclairé leur crime s'éteignirent lorsque la porte claqua derrière eux.
La bise froide de la nuit le frappa de plein fouet, mais cela ne le revigora pas. Il se sentait toujours aussi mal, et l'aigreur, doucement, repoussait le néant qui avait submergé son intellect. Sans un regard en arrière, Aïlin s'avança jusqu'à la calèche, où il fit monter Lynn avant de s'installer à son tour. Il pris les commandes de la voiture, qui s'en alla d'un claquement de sa baguette. Mais au lieu de s'arrêter dans la cour du manoir, le véhicule s'arrêta sur la rive du lac le plus proche.


« Tu peux rester ici, je n'en ai pas pour longtemps. »

Déclara Aïlin en sortant de la valise le sac qui contenait les derniers éléments capables de les compromettre. Il sortit et s'avança d'un pas vif jusqu'à la rive, où il s'arrêta. L'eau noir du lac brillait sous l'éclat blanc de la lune, presque pleine, et des nombreuses étoiles qui dessinaient le ciel. Les nuages s'étaient dissipés, à moins qu'ils n'aient simplement investi le cœur du jeune homme qui se tenait sous la voûte céleste. Un scella d'un sortilège la corde du petit sac et le jeta vers le milieu du lac, où il coula. Il était difficile de détruire de tels objets magiques, mais personne ne viendrait les chercher ici. Il faudrait des heures de recherches, l'étendu noire était trop vaste pour être passée au crible. Mais Aïlin ne se sentait pas soulagé pour autant. Ce n'était pas les risques qu'il avait pris qui le perturbaient, mais bien cet absence de satisfaction. Il n'avait aucun regret, mais il n'éprouvait pas le sentiment de liberté qui avait saisi Lynn. Sa vengeance avait le goût âcre de la cendre. Il était comme un spectre affamé, incapable de parvenir à satiété. Il était seul, car même les agitations du cœur de sa sœur, en des circonstances pourtant similaires, différaient des siennes. Il resta là, immobile, profitant du vent qui rabattaient ses cheveux en arrière et caressait son visage, profitant de la solitude. À ne pas penser. À oublier. À revenir doucement dans la réalité, ou plutôt, dans cette réalité où le monde n'avait plus de prise sur lui, cet endroit réconfortant de son esprit, qu'il avait appris à former dans son apprentissage avorté de l'occlumancie. Puis, lorsque le vide évinça les dernières biles qui brûlait son cerveau, Aïlin se détourna du lac et revint à Lynn, pour prendre la route du manoir.

Ils passèrent le couloir, main dans la main, comme si rien ne s'était produit, comme s'ils n'avaient fait que se promener, ou s'être livrés à quelque occupation propre aux jeunes gens. Aïlin fit transplaner ses affaires dans sa chambre, puis laissa s'échapper un soupir de fatigue. Pourtant, il ne se sentait pas encore l'envie de se laisser prendre par le sommeil. Il laissa courir ses doigts sur le clavier du piano, puis s'assit sur le tabouret, dos à l'instrument.


« La chambre d'amis est prête, si tu la préfères à la tienne. Mais peut-être souhaites tu manger quelque chose avant d'aller te reposer ? »
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyLun 20 Aoû - 9:44:25

« Bien sûr que tu vas dormir au manoir, ce soir. Je ne veux pas te savoir toute seule. »

Lynn acquiesça, soulagée. L’héritier Bower s’approcha d’elle comme pour la prendre dans ses bras mais il stoppa son geste en avisant sa chemise tâchée. Il se recula pour se nettoyer méticuleusement et alla se changer.
La jeune femme se laissa faire lorsqu’il la prit par la main et ils quittèrent, ensemble, les lieux du crime.

Elle se sentait nauséeuse et légèrement fiévreuse. Elle était reconnaissante à Aïlin d’avoir nettoyé derrière eux, elle n’était pas sûre qu’elle aurait pu le faire elle-même.
Elle se sentit mieux une fois dans la calèche, alors qu’ils s’éloignaient enfin de l’entrepôt, comme s’ils pouvaient laisser derrière eux ce qu’ils avaient fait. C’était le plan bien sûr, et ils n’auraient rien à craindre, mais ce n’était pas pour autant facile.
Lynn posa la tête contre la fenêtre et se frotta les bras pour se réchauffer, regardant défiler le paysage nocturne. Elle n’avait pas vraiment froid, mais elle avait toujours l’impression que ses os étaient glacés.

La voiture ne s’arrêta pas devant la maison mais continua sa route jusqu’à la rive.
La jolie gryffondor acquiesça lorsqu’Aïlin l’invita à rester à l’intérieur et elle le suivit du regard alors qu’il s’approchait de l’eau noire de Leitrim.
Si la mort de Carpenter l’avait apaisé elle, elle n’était pas certaine qu’il en aille de même pour lui. Elle le regarda jeter à la mer les dernières traces de leur méfait et contempler l’immense étendue d’eau à ses pieds. Elle ne pourrait jamais comprendre les tourments qui l’assaillaient. Elle ne pourrait jamais l’aider comme lui l’avait fait pour elle.
C’était probablement son plus grand regret.

Elle ne parla pas quand il revint, mais ils rentrèrent main dans la main dans la demeure familiale. Elle suivit Aïlin au salon où après avoir laissé courir ses doigts sur le clavier du piano, il tourna le dos à celui-ci en s’installant sur la banquette.


« La chambre d'amis est prête, si tu la préfères à la tienne. Mais peut-être souhaites tu manger quelque chose avant d'aller te reposer ? »

- Merci, ma chambre conviendra parfaitement, répondit-elle-même si elle se sentait incapable de trouver le sommeil pour l’instant. Je ne pourrai pas manger quoi que ce soit… en revanche, j’aurai bien besoin d’un verre…

Ou de quelque chose de plus fort, mais elle ne voulait pas dire ça à voix haute, car cette pensée la dérangeait.
Les évènements de la soirée avaient aiguisé ses sens et ses émotions et elle voulait maintenant les réduire au silence. Elle sentait venir un début de migraine et elle ne désirait rien de plus que d’arrêter de penser pour quelques heures.

Elle crut percevoir une certaine hésitation dans le regard de son frère, mais il finit par lui préparer une boisson et lui tendit. Elle s’avança pour lui prendre des mains et quand il retourna s’asseoir près du piano, elle l’imita, à l’exception qu’elle s’installa face aux touches. Elle fit tournoyer le liquide ambré dans son verre quelques instants, comme elle l’avait vu faire si souvent, avant d’y tremper les lèvres. La boisson était robuste et âpre pour elle qui n’avait jamais rien bu de plus fort qu’une bierreaubeurre. Néanmoins elle savoura la brûlure que le liquide fit naître dans sa gorge et le goût amer qu’il laissa sur son palais. Son corps sembla enfin se réchauffer un peu. Elle grimaça mais but une deuxième gorgée qui lui sembla moins désagréable avant de faire apparaître un dessous de verre sur le piano et d’y déposer son breuvage.


- Tu te souviens que père nous faisait apprendre le piano ? Demanda-t-elle en glissant distraitement ses doigts sur le clavier. Je détestais faire mes gammes… tu te mettais dans son fauteuil près de la cheminée et tu restais là pendant des heures à me regarder. Tu m’encourageais ou tu me taquinais selon ton humeur du moment. Tu pouvais être impitoyable avec mes fausses notes. J’ai dû te casser les oreilles plus d’une fois !

Elle marqua une pause, essayant de retrouver l’enchaînement de note qu’elle avait appris à maîtriser des années auparavant.

- J’avais oublié tout ça. Avec les manipulations de Torin, j’avais oublié qu’on avait presque eu une enfance normale…

Presque. Enfin, normal pour une famille de sorcier de noble lignage.
Elle inspira profondément et but une nouvelle gorgée. A chaque fois, la brûlure semblait plus supportable. Enhardie par la brûlure de la boisson, elle osa demander :


- Est-ce que tu as… parlé au portrait de père depuis que nous en avions discuté ? Je pense que nous pourrions…enfin…j’aimerais le voir. Serais-tu d’accord ? Accepterais-tu de m’accompagner ?

Elle avait pris cette décision quelques semaines auparavant alors qu’ils mettaient encore leur plan au point. Elle voulait revoir son père, même si c’était à travers une peinture qui ne contenait qu’une partie de sa défunte conscience. Elle avait besoin de cela pour apaiser un peu sa culpabilité. Si Aïlin avait lancé le sortilège mortel, elle était, au final, plus responsable que lui. Elle avait beau savoir que seul Torin était vraiment coupable, elle ne se sentait pas mieux pour autant. Tout ce qu’elle avait lu dans le journal de leur père lui faisait entrevoir un autre homme, un homme qui malgré sa situation, avait été heureux, à sa manière, d’avoir des enfants. S’il n’avait pas aimé son épouse, il avait sûrement eu de l’affection pour sa progéniture. Elle avait besoin de le revoir avec des yeux neufs maintenant qu’elle connaissait la vérité. Mais elle n’était pas sûre d’y arriver seule. De plus, quel que soit le contenu de cette conversation, elle serait peut-être profitable à son frère.

Elle avait enfin compris que contrairement à ce qu’ils avaient cru, Torin ne la surveillait pas pour père mais pour lui-même. Devin le surveillait, lui. S’il avait ordonné à Ultan de tout lui rapporter c’était en partie pour la protéger. Mais Ultan ne savait rien de ce qui se tramait et de son côté, son comportement violent envers les deux cadets avait probablement été encouragé par Torin. Ce dernier avait déjà commencé à faire germer les graines de la folie dans l’esprit de son père. Quand Devin avait fait subir l’Imperium à Aïlin, il n’était déjà plus lui-même, c’était Torin qui s’exprimait à travers lui, ne rendant que plus crédibles tous les souvenirs horribles qu’il avait implanté en eux. Quand il avait ramené Lynn au manoir lors de cette funeste soirée, il faisait toujours croire à Devin que c’était lui qui décidait, mais ce n’était plus le cas depuis longtemps…
Lynn se doutait qu’Aïlin avait encore de nombreux souvenirs erronés et d’autres probablement enfouis, mais il ne semblait pas prêt à faire les démarches nécessaires pour les récupérer. Elle ne pouvait pas lui en vouloir.


- Comment était-ce ? Est-ce qu’il t’a semblé… « lui-même » ? Je suis inquiète à l’idée de me retrouver face à cette version de lui fou à lier qui a hanté mes cauchemars pendant des années… J’ai beau savoir qu’il n’était pas comme ça…

*j’ai peur…*

- …je ne suis pas rassurée. Mais il faut que je le fasse. C’est important.

Comme ceci, la boucle serait bouclée. Elle voulait faire ça au plus vite. Dès ce soir, si Aïlin y consentait.
Comme pour finir de se donner du courage, elle vida le reste de son verre d’un trait, espérant que cela engourdirait suffisamment son esprit pour qu’elle se sente un peu mieux et son corps pour qu’elle cesse définitivement d’avoir froid.

Elle reposa son verre sur le piano et se tourna vers son frère, son regard d’acier plongeant dans ses prunelles bleues.
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyLun 20 Aoû - 19:04:37

Un sourire glissa sur les lèvres d'Aïlin lorsqu'il tourna le dos à sa sœur pour faire apparaître une bouteille de whisky sur la table basse. D'un coup de baguette, il fit sortir deux verres de l'armoire vitrée, puis servit. C'était bien la première fois que la Gryffondor lui demandait de l'alcool, mais cela ne pouvait que lui faire du bien. Tandis que Lynn prenait la place qu'Aïlin avait investit un peu plus tôt, le jeune homme avala son verre cul sec. Il grimaça, parcouru d'un frémissement tandis que la brûlure de l'alcool traçait un chemin dans sa gorge, puis se servit à nouveau, cette fois pour pour boire avec davantage de parcimonie. Il installa l'un des fauteuils non loin du piano et s'assit, pour regarder d'un air absent Lynn et l'instrument. Le souvenir qu'elle évoqua raviva une image ancienne et fragile en lui. Il se passa quelques secondes avant que le souvenir ne lui revienne partiellement, puis, peu à peu, se fasse plus précis. L'ombre d'un sourire passa sur le visage du lord.

« Ah oui, je m'en souviens maintenant... Père aussi détestait apprendre ses gammes, il passait son temps à soupirer et à s'impatienter lorsqu'il te faisait la leçon, en maugréant qu'on ne le laisserait jamais en paix avec cet instrument du diable. Quant à moi, il se contentait de coup de baguette sur les doigts lorsque j'écorchai une mélodie. »

Répondit Aïlin d'une voix lente. Cela lui revenait à mesure qu'il parlait. Il se souvenait de la fois où il avait découvert le piano dans le grenier, encore joliment aménagé à cette époque. Il avait appris avec les livres de théorie qu'il avait découvert au pied de l'instrument, jusqu'à ce que son père le surprenne. Il lui avait déclaré qu'il jouait de façon rude et viscérale, et qu'il n'y avait rien de plus laid à écouter. Alors, il l'avait poussé et pris place au piano pour jouer une sonate que le jeune homme n'avait encore jamais entendu. Lorsque le fils lui avait demandé le nom de cette œuvre, son père lui avait seulement répondu : « Eireen. ». Il s'était alors levé et était parti, en refusant de la lui apprendre, prétextant qu'Aïlin devrait trouver lui-même l'ode qui ravirait ses oreilles.
Quelques semaines plus tard, le piano avait été descendu dans le salon. Il avait laissé Aïlin apprendre seul et se contentait de remarques désobligeantes sur sa façon de jouer, jusqu'à ce que le cadet finisse par prendre note de ses propos et appliquer les conseils camouflés de son père. Le piano n'avait quitté le salon que quelques années plus tard, peu avant que Lynn rentre à Poudlard.


« En effet, tu me cassais les oreilles. »

Ricana-t-il en lui adressant un regard malicieux. Il avala une petite gorgée de whisky puis se leva pour poser son verre. Il s'approcha de Lynn et plaça les mains de la jeune femme sur les touches, pour lui indiquer les premières notes de la mélodie qu'elle cherchait.

« Mais ce n'était pas trop désagréable, lorsque tu oubliais tes mains et que tu te mettais à jouer vraiment. »

Il adressa un petit regard supérieur à sa sœur alors qu'il se reculait, mais un sourire vint vite effacer la moquerie de son visage.

« Il était rare qu'il nous cède un peu de son temps, mais père était rarement au manoir. On ne peut pas non plus dire qu'il aimait ces choses-là. »

Rétorqua finalement Aïlin, assombri par la mention de Torin. Son seul nom lui était insupportable. Il fit quelques pas dans le salon, sans autre but que celui de se déplacer. Les sursauts de drogue dans son organisme l'empêchaient de rester vraiment en place. Ajoutés aux souvenirs tronqués de son enfance, il n'éprouvait plus la moindre envie de s'assoir.
La question de Lynn le força cependant à s'immobiliser. Il tourna le regard vers elle, un peu étonné. S'il se doutait que la jeune femme désirerait un jour voir le tableau de leur père, il n'imaginait pas que ce fut ce soir. Avant même qu'elle ne le demande, Aïlin l'avait compris. Il acquiesça, mais ne se détourna pas d'elle, attendant avec une légère appréhension la requête de sa sœur.


« Et bien... Si tu t'en sens la force, je veux bien t'accompagner. Cela ferait peut-être beaucoup d'émotions pour ce soir... mais après tout, pourquoi pas. »

Lynn enchaîna, le questionna sur le tempérament que dégageait l'oeuvre, arguait que malgré ses inquiétudes, elle éprouvait le besoin de s'y confronter maintenant. Aïlin hésita, puis finit par céder. Elle savait mieux que lui ce dont elle avait besoin, et ce qu'elle avait la force ou non de faire. C'était à elle de faire ce choix, et il ne pouvait pas l'en empêcher. Il craignait, cependant, qu'elle cherche à se complaire dans une représentation de leur père qui n'était pas la réalité. Une image qui n'était pas la vie elle-même, seulement un souvenir. Car il était vrai que, face au tableau représentant leur père, il était difficile de ne pas se laisser abuser.

« Il était... clairvoyant. » s'amusa le jeune homme, malgré son air sombre. « Ne t'attend cependant pas à trouver un père ému et aimant, ce n'est vraiment pas son genre. »

Ces seuls mots signifiaient qu'il consentait à accéder à sa demande. Il lui fit signe de le suivre et s'engagea dans les escaliers qui menait à la mezzanine du salon, pour s'enfoncer dans les profondeurs du manoir. Il monta un second escaliers en pierre blanche vêtue de velours émeraude, et encore un dernier, bien plus exigu, caché derrière une porte ouvragée. Une nouvelle porte les conduisirent à la salle du grenier qui contenait le tableau.
Le rideau était encore ouvert et Aïlin se rappela la dernière fois qu'il était entré dans cette pièce. Il avait l'impression que cela était hier, tant son souvenir était clair. À l'autre bout de la pièce, juché sur son autel, Devin était immobile, dans la même position, ou presque, que la fois où ils s'étaient quitté. L'une de ses jambes était nonchalamment rabattue sur sa cuisse, et il s'était servi un verre de vin rouge comme le sang. Son visage, émacié, fermé, demeurait vif et alerte malgré qu'il donnait l'impression d'être pris dans une rêverie. Lorsque les pas de ses enfants firent craquer le plancher, il eut un léger mouvement, puis tourna son regard d'acier sur eux. Aïlin parvint à sa hauteur sans ralentir, et lui rendit son regard.


« Bonsoir, père. »

L'homme s'installa très confortablement dans son fauteuil fétiche, celui dont Aïlin prenait possession aussi, la plupart du temps.

« Mais qui m'amènes-tu là ? » ricana le père en voyant s'approcher Lynn. « Te voilà de nouveau dans ces lieux que tu as fui, finalement. Le seul qui n'a jamais tenté de t'y conduire est aujourd'hui celui qui te fait prendre conscience de ta place. Du moins j'ose l'espérer. »

Ses fins sourcils se froncèrent et il se leva soudain, pour s'approcher, comme il l'avait fait la première fois, du rebord de son cadre.

« Mais je le vois sur vos visages... Cette chose dans vos yeux... »

Son regard inquisiteur se braqua sur Lynn, non sans un léger rictus.

« Aurais-tu enfin décidé de faire honneur à ton père ? »
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyLun 20 Aoû - 20:20:30

Lynn sourit, amusée par ce souvenir commun et les taquineries de son frère.
Il est vrai que Devin n'appréciait pas particulièrement ces moments en famille, mais il y en avait eu. La majorité de ces souvenirs se situaient après l'entrée d'Ultan à Poudlard quand il ne restait plus qu'Aïlin et Lynn à la maison. L'année où Aïlin avait à son tour quitté le manoir avait été le début d'une longue descente aux enfers dont Torin était le seul responsable.


- Par chance, j'étais bien meilleure lorsqu'il nous a appris la valse !


L'agitation de son frère l'inquiéta mais sa question le força à s'arrêter et à la regarder. Sa requête l'avait surpris mais il acquiesça néanmoins.

- Justement… on est plus à une émotion près. Sourit-elle bravement, soulagée qu'Aïlin accepte de l'accompagner.

Elle l'écouta répondre à ses interrogations et acquiesça:

- Aimant et ému n'est pas ce à quoi je m'attends, rassure-toi.


Il lui fit signe de le suivre et, le ventre noué, elle l'accompagna docilement jusqu'au grenier où trônait le portrait du défunt propriétaire.
La ressemble avec Aïlin la frappa à nouveau tandis qu'ils s'approchaient et que ce dernier saluait la représentation de leur père.
Assis dans son fauteuil, un verre à la main, il ricana en reconnaissant Lynn.

« Te voilà de nouveau dans ces lieux que
tu as fui, finalement. Le seul qui n'a jamais tenté de t'y conduire est
aujourd'hui celui qui te fait prendre conscience de ta place. Du moins
j'ose l'espérer. »


Lynn échangea un regard avec son frère pour se donner du courage. Devin disait vrai. Aïlin avait réussi où tous avaient échoués. Cette pensée la perturba plus qu'elle ne l'aurait imaginé, mais elle reporta son attention sur le tableau et se fit violence pour ne pas reculer lorsqu'il s'approcha.
Elle tressaillit quand il évoqua ce qu'il voyait dans leurs yeux et elle plongea son regard dans celui sans pitié de son géniteur.

« Aurais-tu enfin décidé de faire honneur à ton père ? »

- Je le crois… je l'espère du moins… Nous nous sommes vengés.

Elle secoua la tête avant de se reprendre :

- JE me suis vengée…avec l'aide d'Aïlin. Nous avons lavé l'honneur des Bowers… je sais où est ma place désormais.


Elle hésita mais continua néanmoins:

- Je n'aurais pas dû mettre si longtemps à revenir. S'excusa-t-elle, sans pour autant prononcer ces mots que Devin prendrait pour de la faiblesse. Nous avons été dupés… chacun d'entre nous.
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyMer 29 Aoû - 18:36:25

La scène qui se déroulait sous ses yeux et dont Aïlin n'était pour l'instant que le spectateur était particulièrement étrange, surréaliste. Cela faisait bien des années que le jeune homme n'avait plus vu son père et sa sœur face à face. En vérité, la dernière fois avait été fatale pour le patriarche. Sombre, crispé, Aïlin restait en retrait tandis que Devin jaugeait la jeune femme qu'il avait devant lui et qui reconnaissait implicitement ses torts. Il vit son sourire sarcastique, amer, frôler ses lèvres tandis que Lynn lui avouait à demi mots ce que frère et sœur venaient de commettre. Était-il satisfait ? Il était difficile de lire quoi que ce soit sur ce visage. Malgré toutes les découvertes qu'Aïlin avait faites au sujet de son père, il demeurait un personnage obscur, cerné de mystères.
L'homme détourna bientôt le regard pour observer son verre de vin, qu'il fit tournoyer entre ses doigts habiles. Aïlin remarqua avec une légère surprise que, contrairement à leur dernière entrevue, le père ne portait plus la chevalière caractéristique du maître de maison, celle-là même qui était à l'annulaire droit de son fils. Si cela était un consentement au destin de son dernier fils ou un abandon, Aïlin l'ignorait presque. Les derniers mots que lui avaient adressé cet ersatz de père lui étaient resté gravés, ultime conseil d'un homme déchu, qui avait l'inquiétude et l'espoir de voir son successeur se dépasser là où lui avait échoué. Mais il était ardu de savoir ce que pensait vraiment un tel homme, d'autant plus que ce qui restait de lui n'était rien d'autre qu'une image.


« Tu n'aurais jamais dû quitter le manoir. Quelles que soient les raisons, qu'importe ta souffrance, tu n'aurais jamais dû abandonner ta place. J'espère que tu n'oublieras plus, désormais, que tu n'es pas la fille de monsieur tout le monde. Tu as déjà le malheur d'être une femme... ne cède pas à la médiocrité. »

Cette dernière sentence, qui sonnait comme l'ultime preuve de la misogynie de son père, résonnait comme un conseil avisé et réaliste aux oreilles d'Aïlin. Lynn n'était qu'une femme. Même si elle avait été l'aînée de la famille, elle n'aurait jamais pu être l'héritière. Les valeurs, l'enseignement, les codes, la morale qu'elle avait reçu, elle les emporterait avec elle pour les incorporer à une autre famille, où ils se dilueraient finalement avec une légère incidence sur la génération suivante, et caetera. En cette fin de XXème siècle, il demeurait encore dans le regard qu'on portait sur la femme une impression de faiblesse, de passivité certes fictionnelle, mais culturelle. Et cet élément, ce préjugé issu de la culture avait bien plus d'incidence que la réalité, tant sur le regard que l'homme portait sur la femme, que le regard que la femme s'adressait à elle-même.
Lynn était du sexe faible, et ses erreurs, inlassablement, seraient interprétées comme des preuves de sa fragilité, de sa féminité. Elle se devait être d'autant plus forte, inébranlable, rigoureuse et digne qu'elle représentait le beau sexe. Dans la famille Bower, cela n'était pas un moindre rôle, puisqu'elle était l'unique femme qui demeurait dans la famille, la seule de qui l'on pourrait contempler le visage pendant des années, peut-être.


« Père a raison, s'entendit déclarer Aïlin. Tu n'as plus le droit à l'erreur, maintenant. »

Le regard d'acier de leur géniteur bifurqua de Lynn à l'héritier, qu'il jaugea d'un coup d'oeil presque amusé.

« Et en ce qui te concerne, je te vois bien sûr de toi. J'espère que ce n'est pas seulement ta tendance à te montrer présomptueux... Bref ! »
Soupira Devin en se détournant pour retourner à la contemplation de sa fenêtre.
« J'ose espérer que vous n'estimez pas la vengeance comme une fin en soi. Ce chien ne méritait rien d'autre que cela, néanmoins, j'ose encore nourrir l'espoir que vous, vous valez plus. »

Son regard s'abaissa une dernière fois sur Lynn.
« J'escompte bien que la prochaine fois que tu me rendras visite sera pour m'annoncer tes épousailles avec l'homme qui convient à ta lignée. J'imagine bien que tu ne décevras pas ton frère, ni ne le déshonorera, d'un banal mariage sans relief. Vous êtes souillés par votre affreuse cracmole de mère, mais vous demeurez de sang-pur. »
Ses yeux d'un gris métallique se durcirent et ses fins sourcils se froncèrent.
« Tu viens de me prouver que tu n'es pas si idiote que tu me l'as fait croire pendant toutes ces années. Je pense donc m'être bien fait comprendre... »
Murmura Devin sur un ton désinvolte.

« Nous avons bien assez de temps devant nous pour ces choses-là. »
La défendit Aïlin, bien qu'il n'en pensait, en vérité, pas moins que son père. Il ne tourna pas les yeux vers sa sœur, afin d'éviter qu'une pensée mal cachée ne vienne le trahir.
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyVen 31 Aoû - 15:55:46

« Tu n'aurais jamais dû quitter le manoir. Quelles que soient les raisons, qu'importe ta souffrance, tu n'aurais jamais dû abandonner ta place. J'espère que tu n'oublieras plus, désormais, que tu n'es pas la fille de monsieur tout le monde. Tu as déjà le malheur d'être une femme... ne cède pas à la médiocrité. »

Lynn aurait pu s'indigner de ces propos mais elle ne le fit pas. Elle avait élevée sur ces principes. Elle n'était qu'une femme. Elle savait qu'elle devrait se battre deux fois plus pour avoir la reconnaissance qu'elle méritait.
Au sein d'une famille comme les Bower, elle n'était que quantité négligeable jusqu'au jour où elle se marierait pour prendre le nom d'un autre et servir ainsi les intérêts politique et personnels du chef de famille. Jusque là, elle devait avant tout éviter de jeter l'opprobre sur son nom.
C'est sûrement la façon dont elle aurait été élevée, et la façon même dont elle penserait, si Torin n'avait pas tout fait basculer. Son père aurait prit en main son éducation pour qu'elle devienne une parfaite femme de la haute société et probablement n'aurait-elle pas eu grand-chose à dire quant au choix de son futur époux. C'était exactement ce que lui avait dit Aïlin lors de leurs retrouvailles quelques mois auparavant lorsqu'il avait sous-entendu qu'il pourrait reprendre ce rôle.
Ce souvenir la fit frissonner mais elle ne détourna pas le regard de celui de son père.
Retrouver ses souvenirs et se débarrasser des peurs que les manipulations de Torin avaient provoquées en elle, lui avaient fait réaliser tout ça. Elle ne pouvait plus se détourner d'eux.


" Je l'ai enfin compris. Je ne fuirai plus."
Assura-t-elle d'une voix déterminée.

Car il avait raison.
Elle n'était pas la fille de n'importe qui. Elle n'était pas n'importe qui. Alors qu'elle avait haït son nom et avait rejeté ses racines pendant si longtemps, elle comprenait maintenant qu'être une Bower la caractérisait. C'était une part d'elle, au même titre que le sang qui coulait dans ses veines, au même titre que cette part de noirceur qu'elle avait si douloureusement rejetée. Elle ne pouvait pas ignorer cela. L'accepter rendait tout bien plus facile.

En ces murs, malgré elle, elle était à sa place.

Lynn tourna la tête vers son frère quand celui-ci confirma les propos de leur défunt père et elle acquiesça:


"Je le sais bien, crois-moi."

Elle n'avait plus le droit à l'erreur. Elle se devait d'être irréprochable. Pour effacer ses erreurs du passé et leurs conséquences, elle devait faire honneur aux Bowers, honneur à son père et honneur à son frère.

C'était une tâche titanesque, mais elle s'évertuerait à y parvenir, de n'importe quelle façon.

Les propos suivants de Devin surprirent la jeune femme qui le prit comme un compliment tout autant que comme une bénédiction.
Oui, ils valaient plus. Ils valaient mieux. Cette vengeance n'était qu'un commencement, un nouveau départ. L'évènement qui avait finalement ramenée Lynn auprès des siens.


« J'escompte bien que la prochaine fois que tu me rendras visite sera pour m'annoncer tes épousailles avec l'homme qui convient à ta lignée. J'imagine bien que tu ne décevras pas ton frère, ni ne le déshonorera, d'un banal mariage sans relief. Vous êtes souillés par votre affreuse cracmole de mère, mais vous demeurez de sang-pur. Tu viens de me prouver que tu n'es pas si idiote que tu me l'as fait croire pendant toutes ces années. Je pense donc m'être bien fait comprendre... »


Aïlin répliqua qu'il n'était pas nécessaire de précipiter les choses et elle lui en fut reconnaissante. Elle n'avait que 17 ans ! Elle savait pourtant que dans les cercles de la haute société sorcière, ce genre de détails n'avait pas d'importance. Seul comptait les alliances que les mariages scellaient entre ces puissantes familles. Elle avait déjà décidé, avec une grande tristesse, mais sans aucun doute, qu'elle allait rompre avec Alan. Pour l'instant, elle n'imaginait pas une seconde se lancer dans une nouvelle relation et par chance, le milieu avait tout de même évolué. De moins en moins de jeunes sorciers acceptaient de se marier par intérêts. Si elle les côtoyait comme son nouveau rôle l'impliquait, elle avait toutes les chances de faire une rencontre et de se marier tout de même par amour, sans que cela ne vienne gâcher les intérêts familiaux. Du moins, c'est ce qu'elle se disait pour se rassurer.
Car dans tous les cas, elle savait déjà ce qu'elle allait faire.

Elle trouva donc la force et le courage de répondre, d'une voix qui ne tremblait pas :


"Je pense vous avoir prouvé aujourd'hui que c'était bel et bien votre sang qui coulait dans mes veines et je n'ai pas l'intention de m'arrêter là. Je reprends dès aujourd'hui ma place au sein de notre noble famille. Et puisque telle est votre volonté, je suivrai les conseils de mon frère en tout domaine, y compris celui-ci."

Il ne fallait pas voir ces propos comme une preuve de soumission -d'ailleurs rien en elle ne rappelait la petite fille craintive qu'elle avait été- mais bel et bien comme l'acte déterminé d'une jeune femme qui s'affirmait enfin.
Elle avait finalement compris comment tout cela fonctionnait : elle ferait ce qu'on attendait d'elle sans que cela soit incompatible avec ce qu'elle désirait. Car elle était bien décidée à faire ce qu'elle voulait. Elle ne renoncerait pas à sa vie. Quel que soient les souffrances qu'elle subirait à l'avenir, elle les aurait choisies, elle s'en était fait la promesse.

Elle croisa le regard d'Aïlin qui avait tourné la tête vers elle, visiblement surpris par la teneur de ses propos.


C'était un sacrifice considérable mais également une incroyable preuve de confiance.
En s'en remettant à son frère, elle laissait sa vie entre ses mains. Elle lui confiait la tâche la plus intime, la plus personnelle et la plus délicate qui soit.
Elle qui aurait dû avoir le droit de choisir la personne avec laquelle elle voulait finir sa vie et avoir des enfants, elle laisserait à son frère la possibilité de lui proposer les candidats potentiels.
Néanmoins, elle se réserverait le droit de refuser. Car si elle était une Bower, elle n'avait plus l'intention de se laisser imposer des choix qui ne lui convenaient pas. Elle ferait ce qu'il faut pour sa famille, mais cela ne voulait pas dire qu'elle était obligé de le faire à leur manière.

Elle serait digne de son nom.

Elle regarda son frère, qui ressemblait chaque jour un peu plus au portrait qu'ils avaient sous les yeux, avant de plonger à nouveau son regard d'acier dans les prunelles quasi identiques de son géniteur. La révélation des manipulations de Torin avait provoqué en elle un tumulte d'émotions contradictoires qu'elle avait eu du mal à maîtriser. Maintenant qu'elle était en paix avec elle-même, il lui fallait ajouter une dernière chose à l'adresse de Devin :


" Père, j'ai été, malgré moi, l'instrument qui à conduit à votre mort et je le regrette sincèrement. Même si je vous ai haït trop longtemps pour que ce sentiment disparaisse un jour complètement, à présent que je connais la vérité, j'ai enfin pour vous le respect qu'une fille doit à son père. Alors, je ne m'éloignerai plus du chemin que vous aviez tracé pour moi. Je ferai honneur à notre nom, vous avez ma parole."

Aïlin et elle y veilleraient. Plus personne ne se dresserait sur leur chemin.
Malgré les chaînes de cette vie qu'elle choisissait d'embraser de son plein gré, à présent, elle était vraiment libre.
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  • Aïlin Bower
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyMer 12 Sep - 16:23:48

Aïlin observait avec surprise l'aplomb que manifestait sa sœur devant le portrait de leur père. Elle semblait, soudain, métamorphosée. L'enfant fragile et terrorisé par le regard sévère du patriarche avait laissé la place à une jeune femme déterminée, qui savait ce qu'elle désirait, et ce qu'elle comptait faire. L'alchimiste éprouva pour elle une bouffée d'affection et d'admiration. Il aimait la voir ainsi, la sentir forte et sûre.
Lorsqu'elle consentit, sans la moindre condition, à se plier à ses conseils et ses suggestions, Aïlin lui retourna un regard où se mêlait saisissement et fierté. Il comprenait bien que la jeune femme ne lui laisserait pas guider sa vie dans le moindre détail, et ce n'était d'ailleurs pas ce qu'il attendait d'elle. Néanmoins, elle lui avouait la confiance sans borne qu'elle lui offrait à nouveau, elle consentait à l'épauler, le suivre dans ses idéaux et ses objectifs. C'était tout ce qu'il désirait, et lui entendre dire l'apaisait. Devant son père, il ne se permit pas, néanmoins, d'en sourire, ou même d'avoir pour elle un geste qui lui montrerait qu'il comprenait les paroles qu'elle prononçait. Son regard, cependant, signifiait un accord tacite.

Père et fils demeurèrent silencieux, laissèrent la jeune femme confirmer ses promesses, se les approprier, y croire, renforcer sa détermination. Elle scellait par les mots un pacte qu'elle se faisait à elle-même, ce pacte qui lui avait été mainte fois suggéré mais qu'elle avait craint comme une énième prison. Chaque destin que l'on embrassait, chaque objectif, chaque fois était une forme d'isolement et d'emprisonnement. Sa vie, sa naissance, tout ce qu'elle n'avait pas choisi et qui la caractérisait pourtant étaient ce qui la différenciait du reste du monde, et chaque personne, de grande naissance ou non, portait ce fardeau et cette identité sur les épaules, sans qu'il n'ait la possibilité de s'en défaire. Les origines rattrapaient toujours celui ou celle qui les fuyait. C'était au-delà de l'individu. C'était ainsi. Ne pas l'accepter était se vouer à de plus grands malheurs encore, de plus cruelles désillusions. Il était important que Lynn en prenne conscience, et qu'elle l'ait fait maintenant rassurait son frère. Il le fallait, c'était nécessaire. Autrement, il la perdrait. Ou pire encore. Elle se perdrait elle-même.
Les mêmes pensées semblaient avoir traversé l'esprit de Devin, car celui-ci acquiesça gravement, sans rien répondre d'abord aux propos qu'avait tenu sa fille. Il se détourna et chuchota quelques mots qui, à n'en pas douter, scellaient d'un point final cette étrange conversation.


« Tiens du mieux que tu le peux ta parole, et tu réussiras. »

D'un geste indifférent, Devin leur fit signe de prendre congé. Aïlin prit la main de sa sœur en lui adressant un regard et fit demi-tour, l'entraînant avec elle.
Ils descendirent jusqu'au rez-de-chaussée, et s'accordèrent une pause dans le petit salon coquet, adjacent à la salle d'étude. Aïlin s'installa dans le sofa, puis fit signe à Lynn de l'y rejoindre. Le jeune lord laissa un court silence s'installer, puis glissa finalement son bras autour des épaules de sa sœur.


« Je suis touché par la confiance que tu m'accordes. C'est étrange... Je ne pensais pas que nous nous retrouverions ainsi, un jour. »

Aïlin sourit pour lui-même, tout en adressant un regard à sa soeur, qui tanguait entre l'amusement et la gravité.

« Nous avons la chance d'être libres de choisir le destin que nous voulons embrasser, à présent. Je ne te forcerai pas à t'unir à un homme qui te déplaît, tu peux me faire confiance. Je n'ai aucune envie de te forcer à quoi que ce soit de ce côté là. Je ne peux qu'être ton conseiller. »

Un rire étrange, comme impulsé par la surprise, s'extirpa de sa gorge. Il se redressa en lâchant sa cadette et sortit sa baguette magique de sa poche.

« Cette conversation est surréaliste. »

Murmura-t-il sans vraiment s'adresser à elle. Il fit apparaître sa boîte de fer et, pris d'une impulsion soudaine, faisant fi du regard de sa sœur, ouvrit l'étrange écrin et en extirpa un cachet rond et brun, qu'il avala tout rond. Il se laissa tomber en arrière et ferma les yeux en soupirant tandis que la drogue glissait dans son œsophage.

« Je suis désolé, mais je ne tiens plus. J'ai besoin d'arrêter de penser. Je suis épuisé par tout cela... De toute façon, tu le savais depuis un moment déjà, n'est-ce pas... ? »

Ses yeux, encore clairs et vifs, mais plus pour longtemps, se tournèrent vers Lynn et l'observèrent avec une sorte de placidité ou de résignation.




Désolé pour la qualité médiocre, j'ai eu un peu de mal avec la transition mais je ne tenais pas à te faire attendre davantage.
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  • Lynn Bower
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyVen 14 Sep - 16:44:52

Citation :
« Tiens du mieux que tu le peux ta parole, et tu réussiras. »

Lynn acquiesça sans un mot, tandis que cette bénédiction mettait fin à leur entrevue.
Les doigts d'Aïlin se glissèrent dans les siens et la guidèrent jusqu'au salon où elle s'installa près de son frère.
Son étreinte lui rappela de nombreux souvenirs.
Elle était rassurée de constater qu'il avait compris ses mots, qu'il respectait la confiance qu'elle avait en lui.
C'était étrange, il est vrai, de retrouver cette complicité et cette unité qu'ils avaient longtemps égarée.
Après tout ce qu'ils avaient vécu, elle se sentait finalement beaucoup plus proche de lui aujourd'hui qu'elle ne l'avait jamais été à une époque moins glorieuse.
Parce qu'elle était comme lui, parce qu'ils étaient si semblables dans leurs douleurs et dans leurs doutes.
Oui, c'était étrange de voir qu'ils s'étaient retrouvé lorsqu'elle avait versé le sang de Carpenter. Comme si par cet acte, l'âme souillée de son frère avait trouvé un écho dans la sienne

Ils étaient libre de choisir leur destin oui. Et porter volontairement les chaînes de cette vie rendait les choses bien plus facile. Même si elle suivait le chemin que sa famille traçait pour elle, elle avait toujours bien d'autres choix à faire. Elle n'avait pas vraiment perdue cette liberté. Elle l'avait juste achetée en en sacrifiant une modeste partie. Elle était gagnante. Le nom des Bowers, sa gloire, sa fortune, lui ouvrirait toutes les portes qui la mènerait au succès.
C'était une aubaine, elle en était consciente à présent.

Elle lui sourit lorsqu'il lui assura ne pas la forcer à un épouser un homme qui lui déplairait et serra sa main dans la sienne:


- Je sais. Merci. Dit-elle avec un sincère soulagement. Je me fie à ton jugement. Je l'ai toujours fait… Ensemble, nous trouverons celui qui me convient. A la fois, bon pour moi et bon pour notre famille.

Elle sourit quand son frère laissé échapper un rire.

- S'il n'y avait que cette conversation… fit-elle remarquer, à la fois amusée et désabusée.

Rien n'était jamais simple chez eux.

Elle regarda, avec une certaine curiosité, son frère faire apparaître une boîte en fer.
Son cœur manqua un battement lorsqu'il en sortit un cachet qu'il avala immédiatement avant de se laisser tomber en soupirant contre le canapé.


- Aïlin…
murmura-t-elle, incertaine.

Citation :
« Je suis désolé, mais je ne tiens plus. J'ai besoin d'arrêter de penser. Je suis épuisé par tout cela... De toute façon, tu le savais depuis un moment déjà, n'est-ce pas... ? »

Lynn acquiesça sans un mot, encore trop surprise par le détachement avec lequel il s'était exprimé sur l'évènement dont elle venait d'être témoin.
Cela faisait plusieurs mois maintenant qu'elle se doutait de quelque chose. Depuis qu'elle était revenue au manoir et que ses visites s'étaient multipliées. Avec l'alcool déjà, mais elle avait sentit, elle avait su, sans vouloir l'admettre consciemment, qu'il y avait plus.

Elle lui prit doucement la boîte des mains et l'ouvrit pour en découvrir le contenu.
Combien de fois avait-elle souhaité arrêter de penser ? Tout oublier, ne serait-ce que pour quelques heures ?
Combien de fois aurait-elle tout donné pour ne plus avoir conscience du monde autour d'elle ?
Oublier sa famille, oublier sa vie, tout laisser derrière elle… comme cette pensée était intrigante, attirante, obsédante même !

- Alors, C'est ça que tu prends ? Demanda-t-elle d'une petite voix en prenant entre ses doigts l'un des nombreux type de comprimés de la boîte. Est-ce que c'est ça qui t'aide à garder la tête hors de l'eau alors que nos vies sombrent chaque jour un peu plus dans la folie et l'horreur ?

Etait-ce sa façon de surmonter les révélations toujours plus difficiles, toujours plus incroyables ? Sa façon de noyer sa culpabilité, de ronger son désespoir ?

- Parce que si c'est ça, je crois que j'ai le droit de me sentir mieux, moi aussi…

Elle tourna les yeux vers lui, le regard interrogateur, une lueur d'espoir dans ses iris argenté.
S'il y avait une chance, rien qu'une seule, de pouvoir s'évader un peu de sa vie, qui le méritait plus qu'elle ?

Après la soirée qu'ils avaient vécus, après les derniers mois éprouvants, après toutes ces années de souffrance, n'avait-elle pas le droit, elle aussi, à un peu de répit ?
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyLun 17 Sep - 19:16:08

Aïlin eut un sourire désabusé et émit un petit rire court, étouffé, aux propos de sa sœur. S'il n'y avait que cette conversation... Elle avait raison. Rien n'était normal, rien n'avait même l'apparence d'un certain conformisme, dans leur existence. Comme si tout, résolument, les amenaient vers des situations dignes d'une pièce cornélienne, d'une tragédie qui commençait a avoir le goût de frelaté. Il laissa sa petite sœur s'emparer de sa main, et, lorsqu'il eut avalé un comprimé de sa drogue, il s'adossa contre le dossier du canapé, s'appuyant légèrement contre l'épaule de Lynn pour chercher sa chaleur, sa présence.
« Alors, C'est ça que tu prends ? Est-ce que c'est ça qui t'aide à garder la tête hors de l'eau alors que nos vies sombrent chaque jour un peu plus dans la folie et l'horreur ? »
Aïlin ne répondit pas. C'était sa façon d'acquiescer. La drogue le libérait, la drogue le désinhibait. Ses songes troublés n'avaient plus tant d'impact, dès lors qu'ils étaient enfermé dans l'étau cotonneux que formait la drogue autour de son esprit. Déjà, le cachet fondait dans son estomac. Déjà, chacun de ses membres lui semblaient plus légers. Il avait particulièrement bien réussi cette substance. Elle avait un effet quasi immédiat, et même à la première prise, si les doses étaient respectées, elle ne conduisait pas à un de ces affreux états où l'on se sent obligé de passer le reste de la nuit auprès de la cuvette des toilettes. Le flash, et l'hébétude. L'envie de se laisser aller, de s'enfoncer dans le canapé comme dans un nuage tendre et moelleux.
Aïlin comprit l'appel. Il tourna les yeux sur le visage interrogateur de sa sœur, et lui prit en douceur la boite des mains et la posa sur la table basse, pour finalement tendre la main sous celle de sa soeur, celle qui tenait encore le comprimé. Lorsque le cachet tomba dans sa main, il la referma un instant, puis retira son bras gauche de l'épaule de sa soeur pour couper la drogue en deux. Il resta immobile quelques secondes. Pourtant, il n'hésitait pas. Si elle le désirait, cela ne lui posait pas le moindre problème, qu'elle le fasse aussi. Il était là avec elle. Auprès de lui, elle était en sécurité. Aïlin préférait que Lynn s'essaie aux vices de son aîné auprès de lui, et pas dans le secret, au risque de mal prendre les substances et de prendre le risque d'y laisser sa peau. Ou pire encore, auprès de gens qui pourraient abuser de son état. Le jeune lord tendit la moitié de comprimé à Lynn, en la regardant dans les yeux.


« Ne te bats pas contre ce que tu ressentiras. Laisse-toi aller... »

Murmura-t-il en unique conseil. Il se cala de nouveau contre le canapé et la regarda faire, tandis que son cœur à lui s'allégeait. Ses émotions n'étaient plus qu'un étrange film dissous, duquel il n'était que le spectateur. Il avait seulement envie de s'allonger, de regarder le plafond et d'y voir tout ce qu'il ne pouvait pas regarder au fond de lui sans se faire de mal. Une seule sensation demeurait bien vive, bien à lui. Une sorte d'extase aigre-douce, qui s'emparait en douceur de son esprit. Sa tête n'était plus compressée dans l'étreinte sauvage de ses remords et de sa frustration. Il était seulement bien. S'allonger, et ne plus bouger.
Aïlin se laissa tomber en arrière, contre l'accoudoir du canapé. Mais contrairement à tous les soirs, cette fois-ci, il entraînait sa sœur tout contre lui, un bras autour de sa poitrine, sa tête bientôt posée sur son épaule. Alors seulement, il releva les yeux sur le plafond qui l'appelait. Qui l'appelait à penser, sans penser. L'appelait à rêver, à voyager, tout en demeurant résolument immobile et sans passion. Ses yeux ne voyaient plus, son cœur ne battait plus ou, du moins, il ne le sentait plus. Il était comme mort. Son corps en entier semblait s'être éteint, et il ne demeurait plus de lui même que cette sensation légère et tranquille d'être présent quelque part, à l'abri de tout, sans attache ni douleur.


« Je regrette d'être comme je suis, Lynn... Un jour, tout ira mieux. »

Entendit-il ses lèvres prononcer, sans vraiment se rendre compte qu'il était la seule impulsion de cette confidence, qui semblait resurgir du tombeau. Jamais plus, depuis ses quatorze ans, Aïlin n'avait prononcé cette phrase. Jamais plus il n'avait fait de promesse de bonheur, d'apaisement. Car il était persuadé que cela était faux, à moins qu'ils acceptent parfaitement la noirceur qui les entouraient, cette obscurité trop épaisse pour être balayée par la simple et fragile lueur des derniers espoirs, ceux qu'ils nourrissaient encore, ceux par lesquels ils vivaient, toujours.

« Ça va déjà mieux. »

Murmura-t-il dans un souffle, alors que ses doigts se refermaient doucement sur la main fraîche de Lynn. Il ne bougea plus, ni ne prononça un seul mot. Il en aurait été incapable. Son corps n'était plus. Il lui reviendrait bien assez tôt, plus vite, certainement, qu'il ne le pensait. Les sensations revenaient toujours plus rapidement, à mesure qu'il multipliait les prises. Mais pour l'instant, il allait bien, et s'il n'était pas heureux, au moins n'était-il plus accablé. Demain serait un autre jour. Un jour où il se serait fait la promesse que cette fois, le dernier sang avait été versé.
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MessageSujet: Re: Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence   Le dernier sang versé [Terminé] /!\ Violence EmptyMar 18 Sep - 18:14:51

Aïlin lui prit doucement la boite et tendit la main pour qu’elle y dépose le comprimé.
A contrecœur, elle obéit et le regarda d’un air surpris couper le cachet en deux avant de lui donner.


« Ne te bats pas contre ce que tu ressentiras. Laisse-toi aller... »

Lynn n’hésita qu’une seconde. Elle avait besoin de faire le vide, besoin d’oublier, même si ce n’était que pour quelques heures. Elle méritait un peu de calme dans le tourment de ses pensées. Aïlin était là, il ne l’abandonnerait plus. Ils étaient à nouveau une famille et elle pouvait compter sur lui. Peut-être comprendrait-elle mieux ce qu’il vivait en partageant ce vice avec lui. Après l’avoir retrouvé dans la souffrance et la mort, elle souhaitait le rejoindre dans la quiétude et l’apaisement. Elle avala le demi-comprimé et fut surprise de ressentir une détente presque immédiate. Elle se laissa entraîner contre Aïlin tandis qu’il s’étendait dans le canapé. Elle sentit tout son corps lâcher prise et les sombres nuages qui envahissaient son esprit commencèrent à se dissiper tandis qu’elle regardait dans la même direction que son frère. La tête reposée contre son épaule, elle écouta sa confidence et sa promesse, remerciant l’effet de la drogue d’en atténuer déjà la douleur.
Lynn se serra davantage contre lui, profitant de la douce chaleur qui émanait de lui comme pour essayer de réchauffer ses os et son âme glacés. Certaines pensées lui venaient encore à l’esprit dans un ordre chaotique et elle n’arrivait à se concentrer sur aucune d’elle. Alors, elle cessa d’essayer, et elles semblèrent flotter au loin, la laissant enfin en paix, dans un calme et un silence qu’elle n’espérait pas pouvoir atteindre un jour.

Elle entendit les derniers mots d’Aïlin à travers un épais brouillard et sentit sa main serrer la sienne. Oui, tout allait beaucoup mieux à présent.
Elle ne trouva pas même le courage d’acquiescer. Elle ferma les yeux et se laissa porter par ce sentiment d’abandon si reposant.

Quand Lynn se réveilla plusieurs heures plus tard, le jour commençait tout juste à se lever.
Pendant quelques instants, elle se demanda où elle était et ce qui s’était passé.
Puis elle sursauta et se redressa brusquement au souvenir des évènements de la nuit précédente.

Elle regardait son frère qui dormait paisiblement et écouta un moment son souffle lent et régulier. Il semblait si paisible lorsqu’il dormait, à mille lieux des soucis qui lui barraient le front habituellement.
La drogue lui faisait peut-être du bien finalement.
L’expérience qu’elle avait vécue la veille était incroyable et elle se demandait pourquoi elle n’avait jamais pensé à essayer auparavant. Elle s’était sentie partir, sans peur, sans regrets, comme une petite mort, comme la mort qu’elle avait tant imaginé et si ardemment souhaité lorsqu’elle n’était encore qu’une enfant. Une mort qui apportait enfin la paix. La fin des souffrances.
Le retour à la réalité n’en était que plus difficile mais au moins, elle savait maintenant qu’un peu de répit était possible. La drogue qu’il lui avait donné lui semblait plus ressembler à un calmant ou à un anesthésiant, car c’était l’effet qu’elle avait ressentie : celui de noyer ses pensées et ses émotions, comme enfoui dans du coton, ne laissant qu’un vide réparateur, silencieux. Qu’il était agréable de ne plus penser, de ne plus ressentir. Plus de souffrance, plus de peine, plus rien.
Mais elle se doutait bien qu’il possédait d’autres types de drogues, celles qui l’aidaient à tenir des rythmes effrénés dans son laboratoire, celles qui lui faisaient vivre ses plus grands fantasmes et sûrement bien d’autres. Elle se doutait qu’il ne se contentait pas seulement de devenir insensible à l’extérieur. Il ne pouvait pas se le permettre. Il devait y avoir d’autres choses…

Elle se pencha vers lui et caressa doucement sa joue, une douleur sourde lui étreignant le cœur alors que lui revenait les paroles qu’il avait prononcé juste avant qu’elle ne perde pied elle aussi. Aïlin était si malheureux… il fallait qu’elle fasse de son mieux pour l’aider. Quel que soit les sacrifices qu’il lui demanderait, elle les ferait. Il méritait qu’elle s’investisse corps et âme dans l’héritage de leur famille retrouvée.


- Nous avons vaincus… murmura-t-elle sans savoir si c’était pour lui ou pour elle. Nous avons survécus… tout ira mieux maintenant, je te le promets. Je ferai tout ce qu’il faut pour ça.

Elle déposa un baiser sur son front et alla discrètement récupérer son manteau et son sac. Mais sur le pas de la porte, elle hésita et fit demi-tour. Elle ouvrit doucement la boîte qui traînait sur la table et y prit quelques comprimés marron identiques à celui qu'Aïlin lui avait donné la veille, ainsi que la moitié non utilisée. Elle les plongea dans sa poche et quitta les lieux après un dernier regard triste à son frère endormi. Oui, les choses allaient changer, en mieux.
Lynn n'était pas une Bower pour rien. Elle allait reprendre les choses en main et elle obtiendrait ce qu'elle voulait. Elle protégerait sa famille. A n'importe quel prix, même si pour ça, elle devait un jour, à nouveau, verser le sang. Le sien ou celui d'un autre…
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